[Flics, porcs, assassins] Vérité et justice pour Youcef Mahdi

Melun : la police visée par une plainte après la noyade d’un jeune homme

Il y a un an, Youcef Mahdi se noyait dans la Seine en tentant d’échapper à un contrôle d’identité. Ce mardi, sa mère a annoncé avoir porté plainte contre la police.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/03/33.jpgTÉLÉCHARGER L’AFFICHE

Il s’est noyé sous les yeux de la police. La mère d’un jeune homme de 24 ans, qui s’était noyé dans la Seine à Melun il y a un an en voulant échapper à un contrôle d’identité, a indiqué mardi avoir déposé une plainte avec constitution de partie civile visant la police, après une procédure classée sans suite.

Yamina Mahdi a porté plainte contre X pour “omission de porter secours” à son fils Youcef. Selon elle, les policiers ont tardé à appeler les pompiers, demandant d’abord des renforts, et ils ont empêché ses amis de plonger pour le secourir. Youcef “a sauté parce qu’il avait très peur de retourner en prison” s’il était mis en cause pour sa consommation de cannabis [Comme dab’, la presse et la police rendent coupable la victime et la discréditent devant l’opinion publique… – Liste de discussion du réseau Résistons Ensemble, 12 juin 2013 à 15h43], a-t-elle raconté.

Recherché pour violences conjugales

“Les policiers se sont moqués de lui” lorsqu’il était dans l’eau au lieu de lui porter secours, et ses amis ont dû pousser l’un des agents dans l’eau pour qu’il tente de le secourir, a-t-elle ajouté.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/0611.jpgMelun (Seine-et-Marne), le 6 juin 2012. Des amis de Youcef étaient venus lui rendre hommage le lendemain du drame.

Une enquête confiée à l’époque à la brigade criminelle de la police judiciaire de Versailles, pour vérifier notamment “si les conditions du contrôle (d’identité) et de l’intervention du service de police (…) étaient régulières” a démontré “que la victime s’était jetée volontairement dans la Seine”, a expliqué de son côté le procureur de la République de Melun, Bruno Dalles.

Le jeune homme était recherché [Faux et mensonge… – Liste de discussion du réseau Résistons Ensemble, 12 juin 2013 à 15h43] dans une procédure de violences conjugales, et pouvait craindre que les policiers “ne fassent le rapprochement” s’il était emmené au commissariat, selon lui.

Délai d’intervention des pompiers

Selon l’enquête, le policier qui a tenté de sauver Youcef dans la Seine s’y est “jeté volontairement”, mais les conditions dans l’eau et le courant le mettaient “lui-même en danger”, a poursuivi M. Dalles, ajoutant que le délai d’intervention des pompiers avait aussi été “vérifié”.

Plusieurs témoins, dont un jeune faisant partie du groupe contrôlé, ont déclaré que c’était le frère de Youcef, qui n’a pas été inquiété à l’époque, qui avait “incité” Youcef à fuir à la nage alors qu’il aurait encore pu regagner la berge, a relevé le magistrat.

Aujourd’hui, ce frère “doit se sentir lui-même responsable en partie de ce qui est arrivé”, a ajouté le procureur. À l’époque des faits, ce frère avait refusé de répondre à la police, faisant “obstruction à l’enquête”, selon le procureur. De son côté, Mme Mahdi explique que le frère de Youcef, très choqué, n’était alors pas en état de témoigner, et elle juge l’enquête insuffisante.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (LExpress.fr, 11 juin 2013)

Ruairí Ó Brádaigh, présent!

beir buaTrès beau texte d’hommage de nos camarades de Libération Irlande à un grand révolutionnaire irlandais.

Nous apprenons ce soir [le 5 juin] le décès de Ruairí Ó Brádaigh, survenu hier à l’hôpital de Galway. Il y a peu de temps, nous avions publié une photo de ce grand sage et grand révolutionnaire à l’occasion de son 80è anniversaire. Nous aimions et respections énormément cet homme. Nous ne voulons pas résumer ici son oeuvre au service de la libération de l’Irlande et de son peuple, et au service de l’émancipation humaine en général, mais elle a été immense, courageuse, sincère, ininterrompue pendant 60 ans.

Nous qui écrivons ces lignes avions eu l’occasion de le rencontrer lors de la conférence annuelle de Républican Sinn Féin en automne 2010, nous avions échangé quelques mots et l’avions aidé à écrire le mot « Québec » avec l’accent qu’il ne savait pas placer, alors qu’il dédicaçait son livre Dílseacht sur Tom Maguire pour des camarades québécois. Nous avons été charmé par son sourire et sa bonhommie. Il est et reste pour nous un modèle d’engagement, d’humanité et de vertu.

C’était un patriote ardent, un démocrate conséquent et un internationaliste sincère, un citoyen et un soldat de la Irish Republic qui n’a jamais abandonné ses principes et qui a toujours visé sa victoire. Le genre de révolutionnaire très ancré dans sa réalité nationale, celui qu’on appelle une vieille lune et qui est coincé dans les marges, mais qui persévère à contre-courant et qui irradie comme une torche dans la confusion et le manque d’espoir. Le mouvement de libération national irlandais lui doit énormément, car il incarnait sa continuité.

Il était le garant de la pensée républicaine irlandaise traditionnelle : celle de l’école démocratique-révolutionnaire, celle de l’orthodoxie impeccable, celle des républicains anti-traités des années 1920, celle de ceux qui sont fidèles à la ligne, contre vents et marées. Pour notre groupe, Libération Irlande, il représentait un point d’ancrage à la fois théorique et « affectif » dans notre rapport à distance à cette idéologie révolutionnaire. Il faut que dans les esprits des francophones, le républicanisme irlandais soit symbolisé par son nom qui n’est pas si connu, et plus par celui des renégats qui l’est trop. Nous adressons nos condoléances à son épouse Patsy et à toute sa famille.

Au camarade bien aimé et infiniment respecté, Ruairí Ó Brádaigh, un salut fervent
An Phoblacht Abú!

Georges, pour Libération Irlande.

Réinventer la politique face à la gauche

Crédit photo: mag14.com

 

Dans le contexte de la faillite de la gauche au pouvoir, des intellectuels présentent leur conception de la politique.

 

Des intellectuels critiques s’expriment dans le numéro 41 de la revue Lignes. Ils livrent leur analyse et leur sentiment sur la situation politique, notamment de la France. En mai 2013, la gauche est au pouvoir depuis un an. Mais François Hollande mène la même politique que la droite, avec la chasse aux immigrés et la servilité au patronat. C’est surtout un contexte qui se caractérise par des politiques d’austérité, partout en Europe. En France, le droit du travail est à nouveau attaqué pour renforcer le pouvoir des patrons dans les entreprises. Mais l’Accord national interprofessionnel (ANI) et les autres mesures d’austérité peuvent facilement s’imposer face à l’apathie du mouvement social.

Face à ce sinistre bilan, la revue Lignes interroge des intellectuels proches de la gauche radicale pour leur demander ce qu’il reste de la politique : de sa parole, de sa promesse, de son action.

 

 

                       couverture de CE QU'IL RESTE DE LA POLITIQUE

 

Le gouvernement de gauche : un désastre annoncé

 

Des contributions se penchent sur le gouvernement socialiste. François Hollande n’a pas véritablement suscité d’enthousiasme et n’a pas déchaîné les espérances de changement. Il se contente aujourd’hui de mener une politique d’austérité.

 

« Je ne suis ni déçu ni surpris par les accomplissements ou les manquements de François Hollande depuis son élection en mai 2012, car tous ses faits et gestes étaient inscrits […] dans l’ADN du parti socialiste », admet Jean-Loup Amselle. Loin de trahir des espérances, la gauche se contente toujours de gérer la capitalisme. Léon Blum assumait déjà que les socialistes s’apparentent à des « gérants loyaux du capitalisme ». Mais cette gestion n’est pas plus douce que sous la droite. Les socialistes mènent la politique du Medef et déroulent leur politique d’austérité. « Le gouvernement entend ainsi abaisser le niveau de vie du peuple en alourdissant les impôts de façon à alléger les charges des entreprises et restaurer leur compétitivité », résume Jean-Loup Amselle.

 

Philippe Hauser estime que l’arrivée de la gauche au pouvoir ne change rien. Le PS demeure un parti d’État, surtout composé de bureaucrates. « Faire tomber un gouvernement, gagner une élection, n’entament en rien l’existence de l’État, sa vie régulière été ordonnée », analyse Philippe Hauser. Guerre au Mali, répressionantiterroriste, expulsions de sans papiers : le gouvernement de gauche s’attache au contraire à affirmer la puissance de l’État.

 

Plinio Prado n’éprouve aucune déception face au gouvernement de gauche. Cette élection ne suscitait pour lui aucun espoir. Ceux qui sont au postes de commandement se ressemblent tous, à travers leur milieu social et à travers les politiques qu’ils mènent. « Ce sont réellement des fondés du pouvoir du capital, comme l’eût dit Marx », observe Plinio Prado. Seul le discours évolue, mais pour habiller les mêmes pratiques. La politique se réduit à une gestion technique du système capitaliste. Toute perspective de rupture révolutionnaire semble désormais disparaître. Aucun projet d’émancipation ou de société alternative ne se dessine.

 

Au-delà du gouvernement actuel, c’est toute la société moderne qui semble agoniser. La civilisation marchande et la gestion bureaucratique vident la politique de tout véritable sens.

 

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Gestion de la marchandise et vide politique

 

Gérard Briche observe la domination de l’économie. Pour lui, le capitalisme consiste à réduire la production au calcul économique et à la quantification. « Réduire le producteur à n’être qu’un producteur, réduire la chose produite à n’être qu’un produit proposé sur un marché, et plus généralement tout réduire à n’être qu’une marchandise, c’est-à-dire quelque chose qui a un prix, qui peut se vendre et s’acheter, c’est une originalité du capitalisme », analyse Gérard Briche. La croissance, travailler, produire, vendre, et la valeur ne créent pas de richesses mais uniquement un monde d’inégalités et de pauvreté.

 

Olivier Jacquemond observe que la politique s’apparente à un carnaval. Les discours enflammés et le renversement momentané des valeurs permettent surtout de conforter l’ordre établi. Pendant les campagnes électorales, tout le monde semble pouvoir accéder au trône. Mais après cette récréation rituelle vient l’inévitable retour à l’ordre. La communication et le marketing politique révèlent la dimension non subversive des campagnes électorales. Les élections ne peuvent alors déboucher que vers la frustration.

 

Jean-Paul Curnier observe que la politique se réduit à une routine bureaucratique et électoraliste. L’action et la réflexion collective disparaissent pour laisser place aux seuls enjeux de pouvoir institutionnel. « Ce qui a disparu des mœurs, c’est cette forme collective d’emploi de l’intelligence humaine qui seule peut qualifier un peuple comme assemblée démocratique, c’est la possibilité d’un peuple penseur de sa propre condition, de son devenir et des moyens de la construire », observe Jean-Paul Curnier. La politique se limite à un aménagement de l’exercice du pouvoir et à un simple maintien de l’ordre.

La société marchande fabrique un peuple de consommateurs passifs et infantiles. C’est l’indignation qui prédomine dans un contexte de vacuité intellectuelle et d’assèchement de toute réflexion critique. « L’indignation c’est la révolte sans pensée et sans politique, c’est l’insurrection à la portée des peluches », ironise Jean-Paul Curnier. Seule la désobéissance permet de rompre avec l’assujettissement au pouvoir. Désobéir permet de « rompre le pacte silencieux qui voit la passivité, l’immaturité et l’indifférence s’échanger contre les soi-disant bienfaits protecteurs du système », analyse Jean-Paul Curnier.

 

Face à ce constat accablant, la posture intellectuelle de contempteur du désastre ne suffit pas. L’action politique demeure indispensable pour transformer l’existant.

 

 

Hollande et Mélenchon, affiches électorales Sipa

 

La politique institutionnelle et ses limites

Le philosophe Etienne Balibar ressort le vieux refrain social-démocrate etcitoyenniste, incarné aujourd’hui par le Front de gauche. Il prétend aspirer à une « expropriation des expropriateurs » pour permettre une réappropriation de la chose publique par les citoyens. Mais, selon Etienne Balibar, ce projet passe par les institutions pour mettre en œuvre des réformes successives. Contrairement à ce discours à la mode, les mouvements de transformation sociale ne peuvent passer que par des mouvements de rupture, en conflictualité avec les institutions.

 

Dans la même veine, Véronique Bergen alimente les illusions réformistes. Dans un élan de naïveté, la philosophe estime que François Hollande a trahi ses électeurs, Le discours douteux de la philosophe l’amène à défendre les élections et les institutions contre le supposé règne de la finance. Véronique Bergen ignore que ce sont les États, les gouvernements et les institutions qui ont mené des politiques de dérégulation et de financiarisation de l’économie.

 

René Schérer rentre dans le rang, comme tous les intellectuels qui incarnent l’esprit de Mai 68. Cet ancien militant du Front homosexuel d’action révolutionnaire (FHAR) défend désormais le mariage pour tous. Ce fouriériste, partisan de la révolution sexuelle, attaquait toutes les normes et les contraintes sociales. Il fait désormais l’apologie de la famille, du mariage et du petit couple bourgeois. Le mariage homosexuel apparaît donc pour lui une avancée permise par le gouvernement socialiste. Mais c’est évidemment une imposture qui ne fait qu’intégrer encore un peu plus les homosexuels au conformisme bourgeois.

 

Le sociologue Eric Fassin observe l’évolution du débat politique. Cet intellectuel de centre-gauche est désormais assimilé à un ultra gauchiste. Il reste un électeur docile et discipliné, mais observe les limites de la gauche institutionnelle et d’un changement par les urnes.

 

La contribution de Gérard Mauger reflète la plupart des analyses des intellectuels de gauche. Le sociologue dénonce le PS qui mène une politique de droite, avec une idéologie social-libérale. Pour lui, il faut construire une gauche de gauche qui s’oppose à la gauche de droite du gouvernement. Mais cette gauche de gauche se distingue surtout à une gauche plus radicale et libertaire attachée à l’intensification des luttes sociales et à un renversement de société.

Pierre Sauvêtre annone le discours du Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon. Cette prétendue « vraie gauche » doit conduire les révoltes sociales vers le chemin balisé des élections et de la politique institutionnelle. Il s’agit d’une impasse qui réhabilite la vieille social-démocratie, remaquillée avec une couche verdâtre.

 

Mais la politique ne doit pas se réduire aux sphères institutionnelles et bureaucratiques. C’est dans les luttes sociales que de nouvelles pratiques émergent pour dessiner une autre société.

 

 

 

De nouvelles perspectives politiques

 

Au-delà su PS, Philippe Corcuff souligne l’apathie intellectuelle d’une gauche radicale recroquevillée dans ses vielles revendications étatistes et réformistes. Contre les avant-gardes, les experts et les politiciens, les opprimés doivent s’émanciper eux-mêmes. Contre le repli national, incarné par Mélenchon, un internationalisme de résistance peut émerger.

 

Mathilde Girard refuse la conception dominante de la politique, réduite à la gestion institutionnelle. Au contraire, la politique doit se réinventer dans les marges du pouvoir et des gouvernements. « Politique est alors le nom de ce qui s’exprime dans l’instant, dans la révolte, dans les expériences collectives, dans les singularités, les minorités – dans la souveraineté », précise Mathilde Girard.

 

Michael Löwy distingue deux formes de politiques. La politique institutionnelle se réduit à la gestion du capital et au maintien de l’ordre. Cette politique règne, gouverne et exerce le pouvoir d’État. Mais une autre conception de la politique vise à créer une communauté libre et égalitaire.

Les mouvements de révoltes à travers le monde réinventent la politique. « La force de ses mouvements vient tout d’abord de cette négativité radicale, inspirée par une profonde et irréductible indignation », observe Michael Löwy. Les luttes expriment une conflictualité avec l’ordre existant. Les révoltes traduisent une insoumission au pouvoir.

L’utopie renvoie à une autre forme de politique. Karl Mannheim évoque la « fonction subversive » du désir de rupture avec l’ordre établi. L’utopie ne renvoie plus à la simple rêverie mais au projet de bouleversement de l’existant. « Sans indignation, sans utopies, sans révolte et sans ce qu’ Ernst Bloch appelait  » paysage de désir « , sans image d’un monde autre, d’une nouvelle société, plus juste et plus solidaire, la politique devient mesquine, vide de sens, creuse », souligne joliment Michael Löwy.

 

Cette démarche utopique doit aussi alimenter une critique radicale de la vie quotidienne. Dans un contexte de désert existentiel, la démarche des avant-gardes artistiques peut s’actualiser pour ré-enchanter la vie.

 

                          

 

L’expérience de la revue Contre-Attaque

 

Michel Surya revient sur l’expérience de la revue Contre-Attaque. Union des intellectuels révolutionnaires, diffusée en 1935-1936. Ce mouvement réunit l’écrivain George Bataille et André Breton, figure du surréalismeContre-Attaque s’attache au marxisme révolutionnaire : lutte des classes, socialisation des moyens de production, internationalisme. La revue se distingue par une exaltation de la violence révolutionnaire et du peuple en armes pour s’opposer au fascisme. La théorie de Hegel sur la dialectique du maître et de l’esclave est retraduite. « Le temps est venu de nous conduire tous en maîtres et de détruire physiquement les esclaves du capitalisme », indique l’adresse inaugurale de la revue.

 

Contre-Attaque dénonce également l’ordre moral qui maintien l’ordre politique. La famille et la répression sexuelle sont vivement critiquées. « Seule cette morale turbulente et heureuse […] peut servir de principe à des rapports sociaux libérées des misères du système de production actuelle », souligne le texte  » La vie de famille « . La révolution sociale doit s’accompagner d’une révolution sexuelle pour permettre une véritable libération humaine. Pourtant les révolutionnaires ne cessent d’ignorer les questions sexuelles, considérées comme décisives par Contre-Attaque.

 

Mais la revue, qui se place sous la figure tutélaire du marquis de Sade, connaît aussi ses limites. Les analyses politiques ne sont pas toujours très fines. Par exemple la démocratie est assimilée au fascisme. Surtout, Contre-Attaque se caractérise par une exaltation de la violence la plus déchaînée. Seules la force, la violence et l’autorité doivent permettre un soulèvement des masses.

 

La rue, l’émotion, l’exaltation doivent guider l’insurrection. Certes, la révolution n’est pas un simple processus rationnel et renvoie au désir et à la passion. Mais les foules irrationnelles peuvent également alimenter la barbarie et la violence la plus arbitraire. Surtout, la révolution ne doit pas déboucher d’une démarche autoritaire mais doit surtout s’appuyer sur la spontanéité.

 

 

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Réinventer la révolution

 

Contre-Attaque s’attache à une critique radicale de la vie quotidienne. La politique révolutionnaire ne doit pas se limiter à la routine militante. Les individus se conforment à un vide existentiel et au confort de la passivité. « L’opium du peuple dans le monde actuel n’est peut-être pas tant la religion que l’ennui accepté », souligne la revue. La détresse et la résignation doivent être bousculées pour déboucher vers l’action révolutionnaire.

 

La revue dénonce la morale bourgeoise qui permet le développement du fascisme. « Père, Patrie, Patron, telle est la trilogie qui sert de base à la vieille société patriarcale et, aujourd’hui, à la chiennerie fasciste », indique la revue.

 

La critique radicale de la vie quotidienne semble indispensable pour réinventer la révolution. La lutte des classes doit permettre d’abolir le mode de production capitaliste. Mais une révolution poétique, esthétique, érotique doit également bouleverser tous les aspects de la vie.

Source : Revue Lignes n°41, « Ce qu’il reste de la politique. Enquête, Mai 2012-Mai 2013 », Mai 2013

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Le fer-à-cheval et les ânes médiatiques. Petites réflexions sur la « violence » et « les extrêmes »

extrémisme

Depuis le 6 juin et la mort de Clément Méric, la machine à braire s’est remise en route dans les médias. Il ne se passe pas une journée sans que dans les journaux, à la télé ou à la radio on ne dénonce les extrêmes-qui-se-rejoignent et la violence qui caractérise l’extrême gauche et l’extrême droite, renvoyées dos-à-dos. Au besoin, on convoque un sociologue à gage –comme Jean-Yves Camus dans le Figaro du 6 juin– pour apporter sa caution scientifique et expliquer que ce drame n’est pas du tout politique, qu’il est juste la conséquence malheureuse d’une culture de la violence atavique, qui fait partie du folklore commun aux nazillons et aux antifas, là aussi placés sur le même plan. Un «malheureux  fait divers » (Libération du 9 juin) en somme, pour reprendre les termes d’Alexandre Gabriac, tête de gondole de la boutique concurrente des JNR, les Jeunesses Nationalistes, qui s’y connait en matière de tabassage.

Pas un jour où ces bonnes âmes ne réclament non seulement la dissolution des JNR et de Troisième Voie, mais également celle des groupes « violents » de l’autre bord, pour faire bonne mesure. On n’en sort pas : c’est toujours « 15 mn pour les Juifs, 15 mn pour Hitler ». Et quand il y a un mort, c’est la faute à l’ « extrémisme ». Clément n’est pas mort sous les coups d’un nervi fascistoide, il a été victime d’une calamité naturelle (ou culturelle), l’« extrémisme ».

Outre qu’il est lamentable de devoir rappeler en France en 2013 que l’antifascisme n’est pas un extrémisme –il fut un temps où c’était même un reflexe normal et généralement partagé–, deux petites remarques s’imposent sur cette manière mécanique et imbécile de présenter « la violence ». On ne peut en aucun cas mettre sur le même plan les attaques de l’extrême-droite et la réaction –même radicale– contre ces attaques. Les agressions racistes, les profanations de tombes, les mesures d’intimidations physiques ou verbales contre les populations immigrées, les tabassages d’homosexuels menées par le genre d’individus qui ont tué Clément sont une attaque contre la société en général. Mettre sur le même plan les actions menées contre leurs auteurs est une manière de banaliser leurs pratiques et de les présenter eux aussi, comme de potentielles victimes d’un mal dépolitisé : l’« extrémisme » et la « violence ».

Cette explication, qui relève dans le meilleur des cas de la paresse intellectuelle et, dans le pire, d’un pétainisme diffus, est la même que celle qu’on a vue à l’œuvre dans l’explication de la violence d’Etat dans certains pays d’Amérique Latine. En Argentine, la « théorie des deux démons » a tenu lieu par exemple d’explication de la dernière dictature : c’est la violence des groupes de gauche qui aurait entraîné –là encore mécaniquement– le coup d’Etat militaire et la répression sanglante qui l’a suivi (30 000 disparus quand même). Le mécanisme est le même que pour le fer-à-cheval des opineurs professionnels français : on met les victimes sur le même plan que les massacreurs, puisqu’ils seraient égaux dans leurs pratiques violentes.

Alors rappelons-le : l’agression est toujours du même côté, et heureusement qu’il reste des gens pour ne pas tolérer sans broncher qu’on se promène dans les rues avec des vêtements siglés « White Power » ou « Blood and Honour », comme c’était le cas des skins croisés par Clément et ses camarades la semaine dernière, ou qu’on accepte la présence du discours et des pratiques de l’extrême droite dans l’espace public. La complaisance de la droite, très visible lors des manifs des derniers mois a largement banalisé cette présence, ce qui appelle une réaction politique. Elle peut légitimement être radicale.

http://quartierslibres.wordpress.com

Témoignages de sans papiers arrêtés lors de la rafle au faciès d’hier à Barbès (Paris)

endant les rassemblements contre les groupes d’extrème droite qui ont tué Clément .
Les sans papiers arrêtés passeront demain mardi 11 juin à 10 h. au TGI de Paris, métro Cité – entrée par la Sainte Chapelle.

Article mis en ligne le lundi 10 juin 2013

Un nouveau témoignage d’une personne sans papiers raflée jeudi 6 juin à Barbès.
Pour celles et ceux qui sont loin et ne peuvent pas se mobiliser concrètement avec nous, sous le témoignage je vous mets l’appel à fax et mail pour protester contre cette rafle auprès de la préfecture de police de Paris. Je vous remets également le lien sur la pétition qui il y a 1 an et demi avait été faite par le resf paris nord ouest (comprenant le quartier barbès) et qui appelait à se mobiliser contre les rafles et les contrôles au faciès.

Pour se rendre au JLD de Paris
Bd du Palais, entrée Ste Chapelle mais prendre l’entrée spéciale où on n’attend pas beaucoup, dans la cour avancer entre le préfa et la Ste Chapelle, prendre la porte Y (3 marches au fond à gauche) suivre le couloir, prendre sur la gauche l’escalier un peu caché à droite des grandes marches (T ?), 1 étage raide, travarser la galerie, escalier en face jusqu’au 3e étage.

Témoignage n°2, lundi 10 juin 2013

« Je descendais du métro Barbès avec mon cousin vers 15h30. La police m’a demandé un titre de transport, je le leur ai donné, et ensuite ils ont demandé les papiers. J’ai dit que je n’en avais pas. Ils m’ont mis les menottes et m’ont amené dans un car. Dans le commissariat [rue de Clignancourt] il devait y avoir 80 personnes arrêtées. On a passé 3 ou 4 heures dans une cellule à 20. il y avait une personne très malade qui se plaignait auprès des policiers mais ils s’en fichaient. Et puis quelqu’un a demandé d’aller aux toilettes et les policiers ont dit non. Les gens n’étaient pas contents. Alors des flics sont entrés dans la cellule et ils ont frappés 3 personnes avec les mains et les pieds. Dans la cellule, on avait ni ceinture ni lacets puis, 3 ou 4 flics sont arrivés et ils nous ont demandé de nous mettre tout nu, d’enlever les vêtements, d’enlever les slips ! On ne voulait pas, on a refusé ! Alors le chef est intervenu et a dit à ses collègues de laisser tomber.
Pour l’instant, à ma connaissance, personne de Barbès n’a été expulsé. Mais il y a des gens qui ne sont pas bien, ils ne veulent pas manger et ils ne veulent pas rester enfermés. »
Karim, sans papiers arrêté lors de la rafle et enfermé au CRA de Vincennes.

Proposition de texte à faxer et mailer auprès de la préfecture et du ministère  ;

« Nous protestons contre la rafle organisée dans le quartier de Barbès jeudi 6 juin 2013 : pendant plus de deux heures, les rues ont été bloquées par les forces de l’ordre empêchant passants et riverains de sortir. D’après les témoignages receuillis, les policiers en uniformant et en civil ont réalisé des contrôles au faciès, ce qui est formellement illégal. Les personnes interpellées, pour le seul fait qu’elles étaient dépourvues de pièces d’identité ou de titre de séjour, ont été violemment menottées et conduites ainsi à travers les rues du quartier jusqu’à des bus de police. La Cour européenne de justice a récemment rappelée à la France que le défaut de titre de séjour n’était pas un délit !
Nous exigeons la libération de toutes les personnes arrêtées et actuellement enfermées au Centre de rétention de Vincennes et l’arrêt des rafles ! »

Préfecture de police de Paris
Fax cabinet du préfet : 01 53 71 67 23
Fax direction de la police générale : 01 53 71 57 10
prefpol.dpg-etrangers-secretariat@interieur.gouv.fr

Cabinet du ministre de l’Intérieur :
fax : 01.40.07.13.90
manuel.valls@interieur.gouv.fr

Ayoub, Les skinheads et l’extrême-droite de gouvernement

Avec le meurtre d’un jeune militant, la presse redécouvre les skinheads et s’horrifie de leur violence. Il n’y a pourtant rien de vraiment nouveau sous le soleil des crânes rasés : même égérie –empâtée– Serge Ayoub, connue dans ses folles années de jeunesse sous le nom de Batskin, même idéologie, mêmes modes d’actions.

Ce qui est plus nouveau, ce sont les contacts presque organiques noués entre la nébuleuse FN et les groupuscules que dirige ce même Ayoub, d’où viendraient ceux qui ont lâchement tué Clément dans une rue parisienne : Troisième Voie et son appendice les JNR.
La cinquantaine venant, Ayoub s’est établi comme limonadier et son bar, Le Local, s’est transformé en véritable buvette de l’extrême droite de gouvernement.

On connaissait le cas du délicieux Paul-Marie Côuteaux, ex-chevénementiste et désormais fidèle lieutenant de Marine Le Pen : invité presque permanent à la table d’Ayoub, il retourne fort aimablement l’invitation en ouvrant les ondes de Radio Courtoisie à son hôte.

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C’était au tour du sémillant Robert Ménard, candidat à la mairie de Béziers avec le soutien du FN, d’égayer la soirée du chef des skins le 15 mai dernier. Ménard aime bien les électeurs du FN, qui ne sont « pas tous fachos », dit-il.
Visiblement, la compagnie du chef des assassins ne lui coupe pas l’appétit : il en redemandait même le lendemain de son passage au Local en invitant le même Ayoub à s’exprimer sur son propre site.

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A ce niveau-là, il ne s’agit plus de porosité entre l’extrême droite radicale et le FN ripoliné, il s’agit de relations consanguines.
Pendant les législatives, Marine Le Pen jurait ses grands Dieux qu’elle ne connaissait pas « ce monsieur » Ayoub.
Elle connaît tellement peu Ayoub et sa bande de crânes d’os qu’elle avait engagé l’un d’entre eux pour assurer sa propre sécurité, ainsi que l’a rappelé La Horde il y a quelques jours, en citant des informations de REFLEXes.

Niort : Provocation néo-nazie lors de l’hommage à Clément

La Nouvelle République, 10 juin 2013 :

Un militant d’extrême droite est venu provoquer les 150 personnes rassemblées samedi matin en mémoire de l’étudiant de Sciences Po tué à Paris.

Une provocation isolée qui a profondément choqué les cent cinquante participants à la manifestation en mémoire de Clément Méric, samedi matin. A l’appel d’une quinzaine d’organisations, associations, syndicats et partis politiques, le rassemblement en hommage à l’étudiant de Science Po, jeune militant d’extrême gauche décédé, après avoir été frappé par des skinheads, mercredi à Paris, venait à peine de se former place de la Brèche.

 

La manifestation allait emprunter la rue Ricard lorsqu’un militant d’extrême droite, affichant ostensiblement son appartenance, a remonté le défilé sur un côté. Tenant à la main un exemplaire de « Mein Kampf », le bréviaire du nazisme, le jeune homme a provoqué la réaction immédiate de manifestants qui l’ont aussitôt pris à partie avant que le provocateur ne prenne la fuite.

La scène, fugitive, n’a retenu le défilé que quelques secondes. Mais profondément heurté tous les participants qui ont rapidement compris ce qui venait de se passer, renforçant leur détermination à dénoncer un comportement aussi odieux en scandant des slogans antifascistes aux oreilles du public qui ignorait tout de ce qu’il venait de se produire. A la hauteur de la mairie, Claude Juin, membre du manifeste Deux-Sèvres contre les idées d’extrême droite, l’un des initiateurs de cette action, après avoir entonné le « Chant des partisans », a lu une lettre, remise ensuite à la préfecture, appelant le ministre de l’Intérieur et la Justice à « la plus grande fermeté à l’encontre des groupes d’extrême droite et en premier lieu de leurs dirigeants […] ».

Louise, jeune étudiante à Science Po Paris, a lu un texte rédigé par sa promotion en mémoire de Clément Méric.

Paris : un homme blessé lors d’un contrôle de police au métro Châtelet

ARCHIVES.

Stéphane D., 24 ans, a passé ce lundi en début de matinée un scanner à l’Hôtel Dieu, à Paris, où il avait été hospitalisé dans la nuit à la suite d’une chute lors d’un contrôle de police. Le jeune homme souffre de multiples fractures du crâne. Alors que son pronostic vital était réservé jusqu’en début de matinée, il a repris conscience.<btn_noimpr>

Le drame s’est noué peu après 0h30, à la station de métro Châtelet. Une course poursuite avec une patrouille de police de la brigade des réseaux ferrés s’est soldée par la chute de Stéphane D. dans un escalier, et par l’usage d’un pistolet électrique Taser pour le maîtriser.

Selon les premiers éléments de l’enquête, et alors que l’Inspection générale des services (IGS) a été saisie, Stéphane D. entre dans le métro sans titre de transport, en enjambant le tourniquet. Apercevant alors des agents en faction, il fait demi-tour, et se débarrasse dans une poubelle d’un objet brillant qui s’avèrera être un couteau. Les policiers décident de le contrôler, mais l’individu prend la fuite. Celle-ci va durer de longues minutes. Commencée à l’entrée du métro, elle s’achèvera au niveau de l’escalier roulant donnant sur les quais du RER A..

A plusieurs reprises, les policiers tentent de maîtriser le fuyard. L’un des agents, notamment, parvient à le ceinturer deux fois. C’est à ce moment-là que les deux hommes seraient tombés dans l’escalier. Le policier impliqué a lui-même été légèrement blessé. Son collègue a utilisé un pistolet Taser pour immobiliser Stéphane D.

Connu pour des affaires de stupéfiants

S’il dit attendre les résultats de l’enquête en cours, Fabien Vanhemelryck, secrétaire national Paris du syndicat de police Alliance, soutient «les fonctionnaires impliqués» «Il sont sereins, rapporte le syndicaliste, et les nombreuses caméras de vidéo-surveillance disséminées dans la station ne devraient pas manquer de confirmer leur version des faits.»

Les bandes, saisies par l’IGS, vont être rapidement décortiquées. Pour Fabien Vanhemelryck, il faut aussi voir le contexte : «Le quartier sensible des Halles, au milieu de la nuit.» Ensuite, rappelle-t-il, «tout a été fait pour stopper le fuyard, mais dans ce genre de situation, plus il s’approche des quais, plus la situation est potentiellement dangereuse.»

Selon nos informations, Stéphane D. était connu des services de police, notamment pour des faits de violences et au moins une infraction à la législation sur les stupéfiants. 

 

LeParisien.fr

Pour Clément : La rage au cœur, ne jamais oublier, ne jamais pardonner

Mercredi 5 juin. Peu de jours ont passé et pourtant ils nous semblent une éternité : depuis la mort de Clément, nous sommes pris-es dans une effervescence qu’il est dur de maîtriser. Rien, sans doute, peut-être pas même les années et l’expérience que nous n’avons pas, ne peut préparer quiconque à enterrer un ami et camarade. Si le temps de recueillement et de deuil dont nous avons besoin ne nous est pas accordé, c’est que le meurtre de Clément est un meurtre politique. En tant que tel, il appelle une réponse politique. Ce monde ne s’arrête pas par égard pour nos larmes ; par respect pour Clément, pour ses luttes, nous ne pouvons pas baisser les bras, aujourd’hui moins que jamais. Il nous faut relever la tête, transformer notre douleur en colère, et notre rage, en force. Ce sont tout à la fois cette irrépressible douleur, cette irrépressible colère, rage, et force, qui habitent ces lignes par lesquelles nous voulons restituer à la mort de Clément le sens qu’il aurait voulu qu’on lui donne : un sens politique.

Dimanche 2 juin, trois jours avant l’assassinat de Clément, la Ligue de défense juive (LDJ), milice ultra-nationaliste pro-Israël, considérée comme une organisation terroriste et interdite sur les sols étasunien et israélien mais tolérée en France, a revendiqué l’attaque d’un jeune homme prénommé Mounir et de l’avoir plongé dans le coma. Mardi 4 juin, un couple de femmes est violemment agressé après un rassemblement de « veilleurs » anti-mariage : l’une d’elles, transportée en urgence à l’hôpital, reçoit 90 jours d’ITT. Jeudi 6 juin, Rabia, jeune femme portant le foulard, est violemment agressée par « deux individus au crâne rasé », portant des bombers et appartenant très vraisemblablement à l’extrême-droite. Alors qu’elle cherche à porter plainte, la police lui conseille de rentrer chez elle et de ne pas « ébruiter l’affaire ». Le même jour, alors que nous occupons les rues de Paris et d’ailleurs en hommage à Clément et à son combat antifasciste et que M. Valls gesticule dans tous les sens en parlant de dissoudre les JNR, une des plus grosse rafles de sans-papier-e-s des dernières années a lieu à Paris. Le 7 juin, nous apprenons la relaxe requise par le parquet pour le policier responsable de la mort de Muhsim et Lakamy à Villiers-le-Bel en 2007.

La liste est encore longue.

Clément n’a pas été assassiné seulement par une bande de fascistes. Il n’a pas été assassiné seulement par l’extrême-droite reconnue comme telle. Clément est plus largement la victime de la montée à grande vitesse des idées les plus nauséabondes et de leur banalisation, en France et ailleurs en Europe. Clément a aussi été tué par le racisme – et en particulier l’islamophobie –, la xénophobie, l’homophobie d’Etat. Nous avons vu l’homophobie défiler dans nos rues sans complexe pendant des mois. Cela fait des années que l’islamophobie occupe l’espace politique et médiatique, accompagnée de son lot de menaces, de vexations, d’agressions – de plus en plus violentes. La « bête immonde » ne naît pas seule. La confiance dont fait preuve l’extrême-droite est permise par et se nourrit des discours et des pratiques racistes, xénophobes, homophobes, provenant des institutions de pouvoir.

Clément était un homme, hétérosexuel, cisgenre, blanc, étudiant à Sciences Po. Il a été tué parce qu’il était militant antifasciste, libertaire. Il a été tué comme pourraient l’être les lesbiennes, bi-e-s, gays, trans’, qui auraient le malheur de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Il a été tué comme pourraient l’être les non-blanc-he-s, les immigré-e-s, indigènes, musulman-e-s, qui sont l’objet du racisme le plus décomplexé. Sa mort émeut l’opinion comme rarement la mort des victimes non-blanc-he-s des crimes policiers, des ratonnades et autres assassinats racistes ont ému l’opinion. Malgré le poids de la douleur, nous ne pouvons pas l’ignorer. Cela n’enlève rien ni à notre peine, et, si c’est encore possible, cela accroît notre rage et notre détermination à lutter. Clément était antifasciste : il se battait pour la défense d’une égalité radicale des droits, et aux côtés de tou-te-s celles et ceux que l’extrême-droite considère comme des ennemi-e-s à abattre – les minorités sexuelles et les trans’, les immigré-e-s, indigènes, musulmans, les militant-e-s politiques. Clément dénonçait sans relâche la banalisation voire l’institutionnalisation des idées et pratiques des droites extrêmes. Tant que, jusque parmi nous, jusque dans la gauche radicale voire révolutionnaire, nous ne purgerons pas notre discours des moindres vestiges de nationalisme, tant que nous ne combattrons pas constamment et durablement le racisme, l’islamophobie, les chasses aux Roms et aux sans-papier-e-s, l’homophobie, le sexisme, nous creuserons, nous aussi, le lit de la « bête immonde » que l’on voit grossir. C’est ce combat-là que nous devons continuer. Contre le fascisme, par tous les moyens nécessaires.

Vous croyez que ça n’arrivera pas ?

Vous croyez que « la menace fasciste n’est qu’un fantasme » (© Monsieur Schneidermann), et que ça n’arrivera pas ?

Regardez, c’est en France  :

jnr_1er_mai_1988

Les « JNR », 1er mai 1988

les JNR en tenue de gala

Les mêmes, en tenue de gala

Au "Local", à Paris

Dans leur fief, le « Local », à Paris

Récemment ...

et là, c’est tout frais, ce printemps…

Admirez la jolie croix gammée

Admirez la croix gammée sur le coude du lascar de droite

La belle équipe devant le "Local"

Devant le « Local »

Mais ces gens là sont devenus fréquentables. Partout, les « journalistes » ont tendu le micro à Serge Ayoub.

Marine La Pen est allée fêter la « French pride » au Local, même si elle prétend ne pas connaître les JNR…

2008-07_MLP_au_Local_French_Pride

C’était en juillet 2008

Landfried-chez-ayoub

Mais elle n’est pas la seule… Même les candidats « socialistes » sont allés faire des conférences au « Local ».

Une conférence sur « le communautarisme ». Celui des bougnoules, bien sûr, parce que pour les bourgeois consanguins qui se marient entre eux, on appelle ça « l’entre-soi ». C’est beaucoup plus élégant.

Vous croyez que ça n’arrivera pas ?

Regardez nos « journalistes objectifs »   :

 

Regardez la réalité :

 

Vous croyez que ça n’arrivera pas ? C’est déjà là.

Du grain à moudre :

Qui sont les JNR

Un verre avec les extrémistes de la réacosphère

Les amis d’Ayoub

Un JNR pour protéger Marine Le Pen

La triplette angélique

[Istanbul occupée] Six policiers turcs se sont suicidés depuis le début des émeutes, à en croire un syndicaliste policier

Six Turkish policemen commit suicide during Gezi protests, union head says

Six Turkish policemen have committed suicide since the Gezi Park protests started, according the police union Emniyet-Sen head Faruk Sezer.

Police forces have been targeted by heavy criticism over their excessive use of force and practices of brutality amid clashes, but Sezer claimed the forces too have been suffering extensively by being forced to work under severe conditions.

Policemen who have been drafted in from other cities have been sleeping on benches, shields or cardboard due to a lack of accommodation provided to them by state authorities, Sezer added.

“The violence you see at the end is the reflection of the violence suffered by the policemen. They are not just subjected to violence by protesters, but by 120-hour consecutive working periods, stale bread and food. The police are already subjected to violence within the establishment,” Sezer said.

Sezer said any disrespect toward policemen, chiefs and police force systems would naturally end when citizens see the policemen sleeping on the floor or on their shields.

“We burn inside when we see those pictures [of police sleeping in difficult conditions]. As a union, the first thing we will do once the Gezi protests end is to take those photos and the rest of the evidence to file a criminal complaint with the prosecutor. I tell you, to put the policemen in those conditions is the same as treason to the country,” Sezer said.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (HurriyetDailyNews.com, 9 juin 2013)