Une analyse anarchiste de la Théorie du Privilège

Une analyse anarchiste et de lutte des classes de la Théorie du Privilège
Par l’assemblée de femmes de la Fédération Anarchiste

Traduction: groupe Regard Noir
texte original: http://www.afed.org.uk/blog/state/327-a-class-struggle-anarchist-analysis-of-privilege-theory–from-the-womens-caucus-.html

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But et définitions
Le but de ce texte est de présenter une analyse anarchiste et de lutte des classes de la Théorie du Privilège. Nous sommes nombreux à penser que le terme “privilège” est utile pour parler de l’oppression liée à la classe économique. Mais il peut aussi nous aider à comprendre comment diverses oppressions affectent nos relations sociales et le croisement de nos luttes au sein du prolétariat. Cette analyse est le fruit du travail de l’assemblée des femmes de la Fédération Anarchiste (du Royaume uni).
Ce texte ne représente pas tous nos points de vue et fait partie d’une discussion en cours au sein de la FA.
Qu’entendons-nous – et que rejetons-nous– avec cette notion de « privilège » ? Le privilège implique que quelque soit l’endroit où il existe un système d’oppression (tel que le capitalisme, le patriarcat, la suprématie blanche, l’hétéronormativité) il y a un groupe opprimé, mais aussi un groupe privilégié qui bénéficie de l’oppression que le système met en place 1. Le groupe privilégié n’a pas besoin de soutenir activement le système d’oppression, ni même d’en être conscient pour en bénéficier. Les privilégiés tirent profit du fait d’être perçus comme la norme et subvenir à leurs besoins est considéré comme naturel, alors que le groupe opprimé est considéré comme « les autres », et leurs besoins seulement à « prendre en compte ». Parfois le groupe privilégié bénéficie du système de manière évidente, matérielle, comme quand on attend des femmes qu’elles fassent la plupart ou toutes les tâches ménagères, et que leurs partenaires masculins tirent un avantage de ce travail non rémunéré. En d’autres occasions, les bénéfices sont plus subtils et invisibles, et impliquent qu’on se focalise moins sur le groupe privilégié; par exemple, les jeunes noirs ou asiatiques ont 28% plus de chance d’être arrêtés et fouillés par la police que les jeunes blancs2. Il ne s’agit pas ici de dire que les jeunes blancs ne sont jamais inquiétés par le harcèlement policier ou qu’être un prolétaire ou un européen blanc immigré ne suffit pas pour être davantage harcelé par la police. Cependant, le fait est qu’un nombre disproportionné de noirs et d’Asiatiques sont ciblés par rapport aux blancs, ce qui signifie concrètement que si on a de la drogue sur soi et qu’on est blanc, on a beaucoup plus de chances de s’en tirer que si on était noir. Au Royaume-Uni les blancs sont aussi ceux qui risquent le moins d’être arrêtés, envoyés en prison, ou d’être victimes de crimes.3 Les Noirs font face à un taux de chômage encore plus important au Royaume-Uni qu’aux Etats-Unis.4  Nous ne citons pas ces chiffres pour défendre l’idée que les personnes de toutes origines et de toutes ethnies devraient subir les mêmes injustices – mais parce que nous voulons créer une société au sein de laquelle personne n’aie à en souffrir. Mais pour arriver à cela il faut déjà comprendre comment les systèmes d’oppression fonctionnent, ce qui passe par reconnaître que, si les noirs et les minorités ethniques ont plus de chance de pâtir de ces désavantages alors logiquement les blancs ont moins de risque d’y être confrontés. Cela signifie qu’ils ont un avantage, un privilège, qui comprend également celui de ne pas avoir besoin d’être conscients de l’étendue du problème.

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