Penser le processus révolutionnaire

 

Après les soulèvements populaires doit s’amorcer un processus révolutionnaire pour empêcher toute forme de retour à la normale.

 

Depuis trois ans, des révoltes embrasent le monde. Il n’en faut pas moins aux éditions La Fabrique pour reprendre le ton insurrectionnaliste du best seller L’insurrection qui vient. Cette fois-ci, c’est Éric Hazan lui-même qui tient la plume, accompagné d’un mystérieux Kamo. Pourtant, ce nouveau livre reprend la recette qui a fait le succès du Comité invisible. Un format court et un style vif.

« Ce texte se propose humblement de rouvrir la question révolutionnaire », présentent Éric Hazan et Kamo.

Ce projet ambitieux semble néanmoins mal engagé avec un inventaire dans lequel les conseils ouvriers côtoient la dictature du prolétariat. Donc deux conceptions radicalement opposées de la politique entretiennent la confusion autour du terme « révolutionnaire ». Mais le livre permet de s’extraire d’une tradition contestataire désormais incontournable : le programme politique avec ses réformettes bien ficelées.

Ce texte pose des questions indispensables. « Quels moyens mettre en œuvre afin de devenir ingouvernables et, surtout, de le rester ? Comment faire en sorte qu’au lendemain de l’insurrection la situation ne se referme pas, que la liberté retrouvée s’étende au lieu de régresser fatalement – en d’autres termes, quels ont les moyens adéquats à nos fins ? », interrogent Éric Hazan et Kamo. La pertinence de ses questions s’éclaire d’autant plus au regard de l’effondrement des révoltes dans les pays arabes et ailleurs.

 

 

Premières mesures révolutionnaires

La rupture avec l’existant

 

Kamo et l’auteur de LQR attaquent les concepts qui maintiennent l’ordre social. La démocratie ne peut s’appuyer que sur l’affirmation du suffrage universel comme seule légitimité. Les « marchés », désormais personnalisés, imposent une vision du monde en faveur de la finance et des possédants. La collusion entre l’État et les marchés semble incarnée par les inspecteurs des finances, ses hauts fonctionnaires qui n’hésitent pas à se mettre au service des entreprises. La crise s’apparente également à un discours qui permet de renforcer le pouvoir des patrons. « Or, ce que l’on appelle crise est un outil politique essentiel pour la gestion des populations aussi bien productives que surnuméraires », observent Éric Hazan et Kamo. Les bureaucrates et le « personnel politique » se contentent de gérer l’ordre existant et de faire accepter les décisions au peuple.

La gauche et l’extrême gauche se gardent bien d’attaquer le capitalisme démocratique. L’oppression marchande doit être seulement régulée et encadrée pour devenir plus vivable et plus morale. « Nulle part il n’est question de lui faire subir le même sort qu’on connu par le passé bien des régimes d’oppression, de lui donner une bonne fois congé, et pour toujours », déplorent Éric Hazan et Kamo. Les partis et les intellectuels refusent toujours d’évoquer une perspective de rupture révolutionnaire.

Le texte devient plus contestable lorsqu’il relativise l’importance de l’aliénation et de la destruction des relations humaines. Il reprend le refrain de la deuxième partie de L’insurrection qui vient pour prophétiser une onde de choc qui devrait inéluctablement embraser la planète. Ce discours sympathique estime qu’il suffit de parler de révolution pour la faire advenir. Mais les auteurs insistent pertinemment sur l’indispensable analyse des échecs historiques. « On ne se dirige pas dans une époque sans avoir appris des échecs révolutionnaires, ceux qui ont entraîné les défaites et plus encore ceux qui ont suivi les victoires », soulignent Éric Hazan et Kamo.

 

Dans l’histoire de France comme dans les pays arabes les révolutions populaires sont suivies de gouvernements provisoires et d’élections qui visent à enterrer la révolte.

C’est l’idée d’une période de transition qui enterre toute forme de révolution. Lorsque la machine bureaucratique continue de fonctionner, la révolte se retrouve étouffée. Mais une autre démarche peut émerger. « Ce dont il s’agit ici n’est pas de rédiger un programme mais de tracer des pistes, de suggérer des exemples, de proposer des idées pour créer immédiatement l’irréversible », précisent Éric Hazan et Kamo. C’est souvent la peur du chaos et de l’inconnu qui favorise le retour à la normale. Dans un processus de révolution, le fonctionnement de la bureaucratie doit être paralysé. Les réunions doivent être bloquées. « Nous couperons leurs lignes de communication, leur intranet, leurs listes de diffusion, leurs lignes téléphoniques sécurisées », proposent Éric Hazan et Kamo. Il ne faut pas prendre les lieux du pouvoir mais les bloquer.

 

 

L’abolition de l’ordre marchand

 

La révolution passe par une abolition du travail. D’ailleurs, plus personne ne croît aux discours creux sur la ré-industrialisation ou le retour au plein emploi. Mais la transformation sociale doit surtout réinventer tous les aspects de la vie. « Une situation révolutionnaire ne se résume pas à une réorganisation de la société. C’est aussi, c’est surtout l’émergence d’une nouvelle idée de la vie, d’une nouvelle disposition à la joie », soulignent Éric Hazan et Kamo. L’activité humaine ne doit plus reposer sur la contrainte du travail mais sur le désir et le plaisir.

« Ce qui peut, ce qui doit être fait au lendemain de l’insurrection, c’est disjoindre travail et possibilité d’exister, c’est abolir la nécessité individuelle de « gagner sa vie » », soulignent Éric Hazan et Kamo. Cette nouvelle manière de vivre doit sortir des rapports sociaux capitalistes, avec l’argent comme intermédiaire des relations humaines. Les moments de révolte, sur la place Tahir ou en Mai 68, dessinent cette nouvelle possibilité d’existence. Ce sont ses mouvements de lutte, à la base, qui doit construire la nouvelle société. « L’abolition de l’économie n’est pas quelque chose qui se décrète, c’est quelque chose qui se construit, de proche en proche », précisent Éric Hazan et Kamo.

L’abolition de l’argent passe surtout par la généralisation de la gratuité, à commencer par la nourriture et le logement. L’appropriation devient alors inutile et ridicule lorsque les besoins essentiels deviennent accessibles à tous. La fausse bonne idée du revenu universel, prônée notamment par Toni Negri, ne remet pas en cause l’ordre social et ne fait qu’aménager la misère existentielle. « Il maintient cela même que le processus révolutionnaire doit abolir : la centralité de l’argent pour vivre, l’individualisation du revenu, l’isolation de chacun face à ses besoins, l’absence de vie commune », analysent Éric Hazan et Kamo. L’économie, dès ses origines, permet d’asservir les individus à la puissance matérielle du souverain. L’économie s’apparente à une science de contrôle des esclaves. La valeur marchande n’est que le moyen de cet asservissement pour quantifier et contrôler l’activité des esclaves. Le règne de l’évaluation et de la quantification révèle l’emprise du capitalisme jusque sur nos corps et sur nos vies. L’économie ne doit donc pas être régulée ou encadrée mais supprimée. « L’abolition du capitalisme, c’est avant tout l’abolition de l’économie, la fin de la mesure, de l’impérialisme de la mesure », soulignent Éric Hazan et Kamo.

 

Le travail demeure une activité vide de sens et aliénante, qui dépossède les individus de la conduite de leur vie. Les activités indispensables ne doivent pas se faire dans la contrainte, mais dans le plaisir de la rencontre et de la vie collective.

« La fin du travail obligatoire, la fin de la dictature de l’économie auront pour conséquence quasi mécanique la fin de l’État », soulignent Éric Hazan et Kamo. Pendant les moments révolutionnaires, la vie s’organise sans la nécessité d’un État ou d’une quelconque direction centrale. L’appareil d’État ne sert à rien, sinon à sa propre reproduction. La priorité des politiciens demeure leur réélection. Surtout, l’État éloigne le peuple de la prise de décision. Les intérêts des politiciens convergent avec ceux des capitalistes pour maintenir le bon fonctionnement de l’ordre social.

Le pouvoir central doit disparaître au profit d’assemblées. Mais ses organisations doivent se défaire des tares du parlementarisme et de la politique bourgeoise. En revanche, les exemples donnés par le texte semblent peu convaincants. Le « bar-épicerie » de Tarnac, petite entreprise de pseudo-contestation, et la bureaucratie « autogérée » de Marinaleda, avec son « maire réélu sans discontinuer depuis trente ans », sont présentés comme des modèles. L’autogestion du capitalisme et de la misère existentielle ne sont évidemment pas des solutions acceptables. L’abolition des relations marchandes n’est d’ailleurs pas clairement envisagée dans ses « modèles ».

 

 

Réinventer la vie

 

La révolution ne doit pas craindre le désordre et le conflit pour expérimenter de nouvelles manières de vivre. Cette démarche s’oppose à la dépossession de la conduite de nos vies. « L’irréversible, c’est de restaurer la prise que les humains ont perdu sur leurs conditions immédiates d’existence », soulignent Éric Hazan et Kamo. La satisfaction des besoins ne peut s’organiser qu’à l’échelle locale. Le processus révolutionnaire ne peut pas se limiter à une simple « appropriation collective » des moyens de production. Ce sont tous les aspects de la vie qui doivent être réinventés.

Internet et les réseaux sociaux doivent également être critiqués. Les sites de rencontres révèlent également l’isolement et la misère existentielle. Pour Éric Hazan et Kamo, « jamais un tel système ne remplacera la palabre, le contact avec les yeux et les mains, les verres bus en commun, l’enthousiasme et les disputes, les véritables « rapports sociaux » qui ne sont pas du domaine de la sociologie mais de l’amitié ».

Le processus révolutionnaire doit permettre, contre la culture conformiste et standardisée, une libération de la créativité.

 

Un nouveau fascisme émerge dans une Europe en crise. Les idées racistes se banalisent. Mais l’antifascisme relève de l’imposture car, sous couvert de lutter contre l’extrême-droite, il semble défendre la démocratie libérale. « C’est la poussée révolutionnaire, l’éveil fraternel de toutes les énergies comme dit Rimbaud, qui renverra les apprentis fascistes à leur néant », tranchent Éric Hazan et Kamo.

Les auteurs appellent à l’organisation pour permettre aux révoltes de se coordonner et de se radicaliser. Cette organisation est évidemment différente de la forme Parti qui ne fascine encore que les débris du bolchevisme. « S’organiser, c’est faire évoluer des groupes en constellations subversives par le jeu des amitiés, des espoirs partagés, des luttes menées en commun, de proche en proche », précisent Éric Hazan et Kamo.

 

 

Ce livre semble plus accessible que L’insurrection qui vient. Surtout, il semble plus précis sur le processus de rupture révolutionnaire. Il propose des pistes de réflexion qui vont au-delà du constat. Sur ce point, il semble plus précis que le Comité invisible qui se contente d’un blanquisme relooké. Ce texte permet d’ouvrir un indispensable débat sur les perspectives révolutionnaires.

Cependant, les références historiques du texte d’Éric Hazan et Kamo ne sont pas toujours très libertaires. La Révolution française, et son jacobinisme frelaté, demeure la référence majeure. Les mouvements libertaires et le communisme de conseils ne sont pas évoqués. Ses Premières mesures révolutionnaires n’attaquent donc pas clairement les dérives bureaucratiques et autoritaires des révoltes sociales.

Ses quelques pistes de réflexion se révèlent trop souvent déconnectées des luttes sociales et des expériences d’auto-émancipation du prolétariat. Tarnac et Marinaleda demeurent les seuls exemples concrets et se révèlent pourtant très limités. Ses lieux ne font que se confectionner un nid douillet à l’intérieur de la société marchande.

Pourtant, ce texte va également au-delà des pleurnicheries gauchistes. Il évoque la perspective d’une rupture révolutionnaire. Surtout il s’attache à un processus de transformation qualitative de la vie. La force du Comité invisible réside dans sa description de l’atomisation des relations humaines. Éric Hazan et Kamo prennent en compte cet aspect, toujours délaissé par les gauchistes de tous bords.

La révolution doit permettre de transformer le monde pour changer la vie.

 

Source : Éric Hazan & Kamo, Premières mesures révolutionnaires, La Fabrique, 2013

 

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Créer des communautés contre le capitalisme

La grève illimitée, une ouverture des possibles

 

 

Pour aller plus loin : 

 

Un entretien audio d’Alternative Libertaire avec Eric Hazan : Dialogue autour de « Premières mesures révolutionnaires » par Théo Rival (AL Orléans), Jean-Yves Lesage (AL 93) et Guillaume Davranche (AL Montreui), publié sur le site d’Alternative Libertaire le 7 octobre 2013

Radio : émisson Là-bas si j’y suis du 2 octobre 2013

Vidéo : « Eric hazan et l’insurrection, d@ns le texte« , diffusée sur le site Arrêt sur image le 5 mai 2009

Vidéo : Camille Polloni et Aurélie Champagne, Eric Hazan : « La révolution n’est pas terminée », publié le 9 septembre 2012 sur le site Rue 89 (Vidéo intégrale de l’entretien)

J.-C. Martin, « De la révolte comme d’un art appliqué aux barricades / Hazan, Kamo, Zizek, Horvat« , publié sur le site Strass de la philosophie le 6 septembre 2013

Simon Labrecque, « Critique de Premières mesures révolutionnaires« , publié sur le site Trahir le 8 septembre 2013

Conversation avec Eduardo Colombo, « Lorsque le projet n’existe pas, le geste de la révolte devient répétitif« , publié le 16 mai 2013 sur le site de l’Organisation communiste libertaire (OCL)

vu sur http://zones-subversives.over-blog.com

La théorie du genre (djendeure).

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Mais pour avoir la réponse à cette question, il faudrait pouvoir disséquer un militant de La Manif Pour Tous, et vous savez que je suis résolument opposée à la vivisection. D’ailleurs il manque encore quelques signatures pour l’Initiative Citoyenne Européenne contre la vivisection, dépêchez-vous d’aller la signer avant le 1er novembre, ou vous aurez la mort de millions de chiots et chatons sur la conscience:

 

http://ec.europa.eu/dgs/secretariat_general/citizens_initiative/images/logo.png

 

Articles à lire sur la théorie du genre, le sexisme…

Petits rappels sur le genre

D’une théorie du genre qu’ils font semblant de mal comprendre…

Le sexisme, ça se soigne

Sexismes

lu sur http://insolente0veggie.over-blog.com/

 

 

Tournoi de boxe populaire

Date – 02/11/2013
17:00 – 23:59

2013-11-02_Bagnolet_Transfo_TournoiBoxeTournoi de boxe populaire au Transfo’ occupé
Samedi 2 novembre 2013, de 17h à 1h

Nous avons décidé, à quelques un(e)s, d’organiser un tournoi de boxe populaire en soutien à la caisse de défense collective de Paris.

On s’inspire des traditions italienne, espagnole et allemande qui ont développé une pratique autonome de la boxe et organisent depuis plus de 10 ans des tournois antifas au sein de lieux auto-organisés.
Nous pensons que le sport en général, et les sports de combats en particulier, sont des moyens beaucoup plus que des loisirs détachés de toute réalité sociale et politique. Ce sont des moyens d’auto-défense individuels et collectifs, des moyens d’expression, là où parfois le langage pourrait être un obstacle, des moyens de se rencontrer et par extension de s’organiser, des moyens de réagir face aux attaques sexistes, racistes ou homophobes.

À la différence du sport tel qu’il se pratique actuellement dans les clubs et en compétition, nous n’identifions pas l’adversaire comme l’ennemi. Notre démarche n’est pas de développer une performance individuelle qui aurait pour but de dominer l’autre. Notre ennemi est avant tout nous-même, comme on dit, et vivant dans un monde capitaliste, il est aussi tout ce qui symbolise et personnifie notre remise au pas en tant qu’individu isolé, passif et normé. Maîtriser physiquement des techniques de combat ne signifie pas rentrer dans le cliché du mâle viril qui cherche tout le temps la baston. Au contraire, la pratique physique permet de se sentir armé(e) pour affronter un quotidien, un enfermement physique ou mental et instaurer une confiance en soi et en l’autre. Quant à la violence exercée en combat, elle n’est que le reflet d’un rapport de force subi. Choisir le combat, c’est se réapproprier cette violence et y déjouer les pièges de la domination.

La caisse de défense collective que nous soutenons se situe dans la même lignée de réappropriation de moyens et de stratégies, mise en commun, afin de se défendre face à la justice. En mettant en place un système de paris, nous parodions la pratique de compétition marchande. Toutes les thunes vont à la caisse.
En ce qui concerne le lieu, le Transfo’ n’est pas un choix par dépit pour organiser cet événement. C’est un espace occupé qui met en place des pratiques de luttes collectives.

On aurait pu ne pas désigner de gagnant à l’issue des combats. La victoire ou la défaite restera symbolique et on espère moteur de transformations sur soi et ce monde.

Pour finir, un dernier point et pas un des moindres : à tous les schmits, militaires, agents de sécurité, vigiles, fachos qui s’exercent aux mêmes techniques que nous et remplissent les salles de sport : on est de l’autre côté de la barricade.

LUTTE DE CLASSE * BOXE * RÉVOLUTION

[transfo@@@squat.net]

Lutte des classes et urbanisme à Paris

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Une étude sur la gentrification à Paris analyse la lutte des classes qui traverse l’espace urbain.
 

L’embourgeoisement des centres-villes des métropoles semble bien connu. Des magasins bios, des cafés « branchés » et des galeries designs permettent d’augmenter les prix du logement dans les quartiers populaires. Une nouvelle population, la petite bourgeoisie intellectuelle, remplace les classes populaires qui habitent depuis longtemps dans les vieux immeubles réhabilités des centre-villes. Ce phénomène s’observe dans de nombreuses villes, comme à Montpellier. Mais, en France, Paris apparaît comme le laboratoire de ce phénomène de gentrification. 

Ce processus semble très souvent décrit, y compris dans les grands médias. En revanche, la gentrification semble rarement analysée. La géographe Anne Clervalpropose une analyse de la gentrification dans la capitale dans un livre récent. Cette universitaire s’inspire de la géographie radicale anglo-saxonne et notamment deNeil Smith, ancien élève de David Harvey. Ce mouvement intellectuel renouvelle les analyses marxistes pour les appliquer à l’urbanisme. Ce courant « fait le lien entre les mutations contemporaines du système capitaliste mondial et la gentrification des centres-villes », précise Anne Clerval. 

L’organisation de l’espace correspond à la division du travail social. Les centres-villes abritent les entreprises de la « nouvelle économie » avec ses cadres de la communication et de la création. Inversement, les usines se situent dans les espaces périurbains. Pourtant, les employés ou les immigrés doivent rester dans les centres-villes pour travailler. « Plutôt qu’en simple déclin, les classes populaires sont en pleine recomposition depuis les années 1960 et la gentrification des quartiers populaires n’est pas un processus qui va de soi », analyse Anne Clerval. 

 

                                 

Embourgeoisement et désindustrialisation de l’espace urbain

 

La gentrification semble plus tardive en France que dans les pays anglo-saxons. L’histoire de Paris semble traversé par des rapports de classe. 

Le centre urbain attire les flux de populations et de richesses. L’industrialisation permet le développement de la capitale. Des quartiers populaires émergent. Pourtant, les classes populaires ne semblent pas homogènes. Ensuite la bourgeoisie habite dans le centre-ville et se méfie du peuple, associé à la misère et à la révolte. Éric Hazan évoque le « Paris rouge » avec ses soulèvements populaires violemment réprimés. 

De 1853 à 1870, le préfet Haussmann impose des aménagements urbains avec des objectifs politiques réactionnaires. Ses transformations visent à renforcer l’autorité de l’État et l’efficacité économique. « Hier comme aujourd’hui, la modernisation n’est pas neutre et a d’abord pour but de satisfaire les intérêts des dominants », observe Anne Clerval. Les grands boulevards et les monuments luxueux permettent d’imposer le spectacle et la marchandise dans les centres-villes. « Une fois que la ville est représentée uniquement comme un spectacle par le capital, elle ne peut plus être que consommée passivement, plutôt que créée activement par le peuple à travers la participation politique », analyse le géographe David Harvey. L’haussmanisation permet surtout de ramener au centre-ville les bourgeois et les commerçant effrayés par l’agitation populaire. Les transformations urbaines doivent empêcher de nouvelles explosions d’émeutes, alors favorisées par des rues étroites. 

 

A partir des années 1950, la désindustrialisation favorise l’embourgeoisement de la capitale. Des zones industrielles sont créées en périphérie. 

Pour Neil Smith, la mondialisation se caractérise surtout par le renforcement de la puissance économique des centres de commandement du système capitaliste et par le maintien dans la pauvreté des périphéries. Quelques métropoles contrôlent les flux de capitaux et la production de biens et de services à l’échelle internationale. Saskia Sassen étudie ses villes mondiales qui deviennent les centres de la finance internationale. 

A partir des années 1980, les emplois de cadres et professions intellectuelles se développent fortement à Paris. De nombreuses professions très diplômées se concentrent dans la capitale. Une classe intermédiaire, entre bourgeoisie et prolétariat, exerce des fonctions d’encadrement à travers l’enseignement la culture, la communication. Selon Jean-Pierre Garnier, son rôle permet d’imposer l’idéologie dominante, avec l’ordre moral républicain et les dogmes néolibéraux, pour assurer la paix sociale. 

 

L’État organise l’aménagement urbain de Paris. Les institutions favorisent la modernisation de la capitale avec le développement du secteur tertiaire. Ensuite, l’État permet à Paris de consolider son rôle de moteur économique de la France. Depuis les années 1960, l’État impose la capitale française comme l’un des centres majeurs de l’économie mondiale. La construction de quartiers d’affaires, de nouvelles voies de circulation, la rénovation de l’immobilier et le développement de centres de consommation illustrent cette politique. L’orientation sociale de la population est également transformée. La petite bourgeoisie intellectuelle remplace les classes populaires. Le Centre Georges Pompidou incarne cette culture branchée pour attirer la nouvelle petite bourgeoisie. 

Les pouvoirs publics ne font pas de la gentrification leur objectif principal. En revanche, l’État s’attache à la modernisation et à la désindustrialisation de Paris. Les quartiers ouvriers sont réhabilités et les loyers augmentent. Les cafés et lieux de sociabilité ouvrière disparaissent. 

Le logement demeure une marchandise appropriable et échangeable. Dès lors l’accès au logement devient toujours plus difficile. « C’est donc bien la propriété privée du logement et son utilisation pour accumuler du capital qui posent problème et empêchent de loger tout le monde, et non le contrôle des loyers », observe Anne Clerval. Mais la déréglementation des loyers relance la spéculation immobilière. 

 

            

Colonisation de la ville par la petite bourgeoisie intellectuelle

La géographie urbaine permet d’observer une division sociale de l’espace parisien. Chaque quartier abrite une classe sociale spécifique. Par exemple, l’ouest de Paris semble bourgeois tandis que l’est semble plus prolétaire. Des quartiers de la rive gauche abritent la petite bourgeoisie intellectuelle. La rive droite semble davantage occupée par la bourgeoisie d’affaires. 

La capitale subit un embourgeoisement généralisé. Cadres et chefs d’entreprise colonisent Paris. Les boîtes branchées et les boutiques de luxe remplacent les librairies. Les vieux quartiers sont réhabilités. Les cadres et ingénieurs du privé remplacent les cadres du public. L’embourgeoisement s’impose donc dans tous les quartiers. 

 

Des vieux quartiers se gentrifient lorsque des anciens bâtiments peuvent être achetés en raison de leur faible prix. Ses immeubles attirent des propriétaires qui apprécient le style architectural du XIXème siècle. Ensuite, la gentrification se développe lorsque les centres villes se vident des emplois ouvriers et de ses cafés pour devenir un centre de consommation pour cadres. 

Des individus, davantage que les pouvoirs publics, impulsent le processus de gentrification. Des artistes réhabilitent un bâtiment vétuste et loué à bas prix pour en faire leur atelier. L’arrivée des artistes dans un quartier attire une nouvelle population avec leur public de la petite bourgeoisie intellectuelle. 

Les entrepreneurs, comme les patrons de bar, participent activement à l’imposition de nouveaux lieux de consommation. Leurs terrasses privatisent l’espace public au détriment des jeunes des classes populaires qui ne peuvent plus s’installer sur la place nouvellement aménagée. 

Les promoteurs immobiliers savent se faire moins visibles mais accélèrent ce processus de gentrification. « Si les artistes et les ménages sont le plus souvent des acteurs involontaires de la gentrification, les patrons de cafés à la mode et, plus encore, les différents acteurs de l’immobilier témoignent d’une réelle volonté de transformer les quartiers populaires, en s’appuyant sur les premiers », résume Anne Clerval. 

La gentrification s’impose à travers le développement de nouveaux loisirs. Des quartiers bercés par la contre-culture deviennent des lieux branchés pour artistes à la mode. Des espaces de consommation culturelle se multiplient pour attirer la clientèle de la petite bourgeoisie intellectuelle. Les cinémas MK2, à l’origine maoïstes et contestataires, deviennent des centres de consommation pour cadres branchés. 

 

 

Les quartiers en voie de gentrification sont présentés comme des modèles de mixité sociale. Pourtant, il semble important d’évoquer les rapports sociaux entre les différentes classes sociales dans ses quartiers. 

Les habitants plus aisés développent de nouveaux modes de vie et de nouveaux modes de sociabilité. La gentrification provient de la petite bourgeoisie intellectuelle qui comprend les professions culturelles et les cadres du privé. Cette population ne se distingue pas par ses hauts revenus, certes plus élevés que la moyenne, mais surtout par son capital culturel. 

Les gentrifieurs s’attachent à la centralité pour leur domicile et leur travail. Ils adoptent un mode de vie qui associe travail et loisirs. Leur quotidien se limite à leur logement et à leur quartier avec ses bars et ses restaurants. Les gentrifieurs imposent une sociabilité urbaine centrée autour de la cour intérieure de leur copropriété. Ils installent des équipements de loisirs, des plantes et organisent des repas entre voisins. Mais lorsque la population s’embourgeoise de plus en plus, les habitants aspirent au calme et à l’ordre. Les gentrifieurs vivent dans leur bulle et, lorsqu’ils s’ouvrent au quartier, ils ne cherchent à rencontrer que leurs semblables. Patrick Simon évoque une « sociabilité autocentrée » qui se caractérise par une très forte proximité sociale. 

Les gentrifieurs font l’apologie de la mixité sociale. Pourtant, ils évitent de côtoyer les immigrés des classes populaires. Ils privilégient les magasins bios aux boucheries halal. Leur dégoût des épiceries arabes exprime une distance sociale. «Les discours valorisant la mixité sociale masquent mal une interaction limitée avec les autres classes sociales », observe Anne Clerval. La mixité sociale se réduit à un décor exotique au regard de cette nouvelle petite bourgeoisie. «Aujourd’hui les gentrifieurs ne participent toujours pas à la sociabilité de quartier avec les anciens habitants, mais ont développé leur propre sociabilité de quartier avec leurs semblables », résume Anne Clerval. 

 

A partir de 2001, la gauche est élue à la mairie de Paris. Ce qui est loin d’être un paradoxe car le Parti socialiste s’appuie sur la nouvelle petite bourgeoisie comme base électorale.

La gauche évoque davantage la mixité sociale que la lutte contre l’embourgeoisement ou la gentrification. La construction de logements sociaux s’inscrit donc dans cette promotion de la mixité sociale. Mais les logements sociaux sont surtout réhabilités ou détruits. Leur nombre n’augmente donc pas. L’accès au logement dans la capitale demeure toujours plus difficile pour les classes populaires. De plus, tous les logements sociaux ne sont pas destinés aux classes populaires. 

La gauche valorise les artistes et le spectacle à travers l’ouverture de lieux de consommation branchée. Le Point P, occupé en 2003 par des chômeurs et des sans papiers, est devenu un lieu à la mode pour la jeunesse de la petite bourgeoisie intellectuelle. « Le lien social tant prôné par la municipalité est censé se faire dans le divertissement, pas dans l’action politique, surtout quand celle-ci est extraparlementaire », ironise Anne Clerval. La géographe évoque d’autres lieux qui incarnent une culture consumériste et standardisée, destinée à la nouvelle petite bourgeoisie. La créativité ne doit pas devenir émancipatrice mais doit demeurer aseptisée. « A une conception militante de l’art et de la culture comme contre-pouvoir, la municipalité de gauche préfère la culture-spectacle, celle qui est montrée dans le cadre bien balisée des institutions culturelles », analyse Anne Clerval. Les évènements ridicules de la « Nuit blanche » ou de « Paris Plages » incarnent cette politique. La ville se réduit à un espace de consommation et de loisirs, à un décor qui renforce l’artificialisation de la vie. Cette politique ne remet pas en cause le pouvoir de classe de la culture légitime mais fabrique un Paris de carte postale touristique bien clinquante. 

La mixité sociale élude les antagonismes de classe et ne s’oppose pas à la gentrification. « En effet, la « politique de la ville » s’apparente à un dispositif de pacification sociale sans remise en cause des racines des rapports de domination, et dans un contexte politique qui accentue l’inégale distribution des richesses depuis des décennies », analyse Anne Clerval. 

 

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Lutter contre la gentrification

Les classes populaires qui sont restées à Paris subissent des conditions de vie particulièrement dures. Des oppositions s’observent au sein même de cette catégorie sociale en raison de l’affaiblissement de la conscience de classe. Ceux qui sont nés en France stigmatisent les immigrés. L’idéologie libérale et individualiste, renforcée par la religion, imprègne également les populations immigrées. 

Pourtant la gentrification, phénomène peu expliqué, génère une dépossession de l’espace public. Les quartiers populaires sont radicalement transformés, y compris leur ambiance et leurs liens de solidarités. En France, la gentrification demeure un processus lent et progressif qui ne semble pas immédiatement perceptible. Les résistances à ce phénomène restent donc peu nombreuses.

Des anarchistes s’opposent à l’embourgeoisement à travers des occupations de logements vides pour dénoncer « l’épuration commerciale ». Pourtant ce type de lutte rencontre peu d’écho dans la population. La résistance des classes populaires se traduit par la lutte pour le droit au logement ou contre les expulsions de sans papiers. Une solidarité s’organise contre les arrestations d’immigrés dans des quartiers comme Belleville. Mais ses résistances demeurent minoritaires et ne remettent pas en cause directement l’embourgeoisement. 

L’opposition à la gentrification passe surtout par des pratiques quotidiennes. Par exemple des jeunes des classes populaires se retrouvent dans des quartiers embourgeoisés.

 

 

Les réflexions d’Anne Clerval permettent de rompre avec le discours militant. Ceux qui luttent contre la gentrification attaquent surtout les pouvoir publics et les sociétés d’économie mixte qui réhabilitent les quartiers. En revanche, ils n’osent pas critiquer les spectacles culturels et encore moins les magasins bios qui arborent un autocollant « Sortir du nucléaire ». 

La domination de la nouvelle petite bourgeoisie, qui dirige les organisations d’extrême gauche, semble rarement remise en cause. « Ce sont principalement les ménages de la petite bourgeoisie intellectuelle en pleine expansion qui ont investi ses quartiers, en y devenant propriétaire et en contribuant à la transformation des logements, des commerces et de l’espace public », observe Anne Clerval. 

Cette universitaire s’appuie surtout sur les travaux de la géographie urbaine qui connaît un réjouissant développement aux États-Unis. Inspiré par un marxisme critique, ce courant de pensée permet de remettre en cause la gentrification, mais aussi l’État et le capitalisme. Mais, aux États-Unis, l’embourgeoisement des villes semble beaucoup plus visible. Les pouvoirs publics participent ouvertement à ce phénomène, comme à New York. La critique radicale et la lutte contre la gentrification semble donc plus évidente qu’en France. 

Le discours de la mixité sociale et du « vivre ensemble » permet de masquer la brutalité sociale des politiques municipales. Les rapports de classe et les intérêts antagonistes sont dissimulés. « La ville petite bourgeoise est un décor de spectacle, un objet de consommation, le tout dans un univers de plus en plus sécuritaire. Les quartiers populaires ne sont presque plus qu’un décor pour café branché, loin du creuset de mobilisation et d’émancipation qu’ils ont pu être », décrit Anne Clerval. 

Cette universitaire observe bien que la dénonciation des politiques municipales semble limitée. Pour lutter contre la gentrification il faut remettre en cause le mode de production capitaliste de la ville. « La réappropriation de la ville supposerait le réinvestissement d’un champ politique plus large que la seule action publique telle qu’elle est définie par la démocratie libérale », analyse Anne Clerval. 

Cette étude universitaire révèle ici également sa limite. Anne Clerval se place dans les pas d’Henri Lefebvre pour ouvrir la réflexion. Mais cet intellectuel marxiste ne se contentait pas d’observer uniquement les dernières évolutions de l’espace urbain. Comme les situationnistes, il développe une critique radicale de l’urbanisme et de l’emprise de la logique marchande sur la vie quotidienne. Le Groupe d’Action pour la Recomposition de l’Autonomie Prolétarienne (Garap) analyse la limite des travaux universitaires sur la ville. Cette analyse de la gentrification demeure une critique partielle et limitée. L’urbanisme participe à la séparation et à la destruction des relatiosn humaines. La lutte contre la gentrification et l’urbanisme doit alors directement remettre en cause tous les aspects de l’existence. 

 

Source : Anne Clerval, Paris sans le peuple. La gentrification de la capitale, La Découverte, 2013

Extrait du livre publié sur le site de la revue Contretemps

 

Articles liés :

L’ordre règne à Montpellier

La gauche au pouvoir pour servir le capital

Les situationnistes dans la lutte des classes

Michèle Berstein et la vie des situationnistes

Pour aller plus loin :

Texte et recherches d’Anne Clerval
Vidéo : Anne Clerval, « La « gentrification » : une lutte de classes dans l’espace urbain ? »Séminaire Marx au XXIème siècle, samedi 12 novembre 2011
Vidéo : Anne Clerval, « Ville et capitalisme », Colloque Penser l’émancipation
Son : Anne Clerval, « L’embourgeoisement des quartiers populaires : l’exemple de la gentrification à Paris », Cours public 2012-2013 : la ville de demain, Wikiradio UEB
Mathilde Caron, « La mixité sociale à Paris est une notion hypocrite », entretien avec Anne Clerval publié dans Les Inrockuptibles le 12 septembre 2013
Julie Clarini, « La prise de l’Est parisien », publié dans Le Monde des livres le 25 septembre 2013
Damien Augias, « L’Est parisien, nouveau visage d’une ville bourgeoise« , publié sur le site Nonfiction le 2 octobre 2013
Ainhoa Jean, « Marx au XXIème siècle : la gentrification, une lutte des classes dans l’espace urbain« , publié sur le site Nonfiction le 01 décembre 2011
« Note de lecture de l’ouvrage de Jean-Pierre Garnier« , publiée sur le site du Groupe d’Action pour la Recomposition de l’Autonomie Prolétarienne (GARAP)
Groupe Fabien Bon, « L’urbanisme sert à faire la guerre », Et alors ? n°6, 2010
« Montpellier : au sujet de l’appel du 17 décembre contre l’urbanisme capitaliste« , publié le 14 novembre 2011 sur le site squat.net 
Rubrique « Urbanisme, mixité sociale et gentrification » sur le site Non Fides
Rubrique « Urbanisme » sur le site Infokiosques
Rubrique « Critique urbanisme » sur le blog Laboratoire Urbanisme Insurrectionnel

Ces apprentis James Bond qui espionnent la gauche et les écologistes

Combien d’espions sur la zad ???

La ZAD serait-elle devenu un nid d’espions ? Le débat aux AG semblerait n’avoir jamais été abordé… comme par hasard ! Cette interrogation mérite d’être posée en urgence…

Considérée comme un haut lieu de “l’ultra gauche” par les gouvernements capitaliste s: la ZAD de Notre Dame des Landes est surveillée de très près par les polices européennes.

Infiltrés sur la ZAD depuis plus de trois ans, ils ont déjà gagné une bataille : diviser pour mieux régner, en se rapprochant de certains militants afin de mieux les manipuler.

Soyons vigilants, restons sur nos gardes !

Collectif de lutte contre l’aéroport de Notre Dame des Landes, 7 octobre 2013

 

Ces apprentis James Bond qui espionnent la gauche et les écologistes

Mouvements écologistes et anticapitalistes sont surveillés de près par les polices européennes. Et tous les moyens sont bons, y compris l’infiltration. Vol d’identités d’enfants décédés, relations sexuelles avec leurs « cibles »… Au Royaume-Uni, les infiltrés et leurs supérieurs ne reculent devant aucun cynisme. Certains policiers ont même eu des enfants avec les militants qu’ils espionnent. Décryptage de ces détestables pratiques qui font l’objet de virulentes critiques, et échappent à tout contrôle parlementaire ou judiciaire.

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Leurs défenseurs les comparent à des sortes de James Bond, qui fréquenteraient squats et lieux autogérés plutôt que des casinos huppés, qui participeraient à des « camps climat » ou à des actions de résistances passives plutôt qu’à de spectaculaires courses-poursuites. Ces espions au service de sa majesté, ce sont les policiers infiltrés au sein des mouvements écologistes ou anticapitalistes. Ces méthodes d’infiltration font l’objet de virulentes critiques au Royaume-Uni, depuis qu’elles ont été révélées par l’affaire Mark Kennedy. Ce policier s’est infiltré entre 2003 et 2010 au sein de groupes de la gauche radicale européenne, dont le collectif militant de Tarnac, avant d’être démasqué. Les informations transmises par Kennedy ont notamment été utilisées par la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur) pour monter son dossier contre « les neuf de Tarnac ». Depuis, les affaires impliquant des infiltrés se sont multipliées.

Leurs noms sont révélés au gré de scandales, de procès ou de plaintes qui défraient la chronique outre-Manche : Lynn Watson, une agent de police basée à Leeds, a infiltré plusieurs groupes écologistes, anticapitalistes et pacifistes entre 2003 et 2008. Simon Wellings demeure quatre ans au sein du réseau anticapitaliste Globalise Resistance, avant de se griller par un coup de fil accidentel alors qu’il transmet infos et photos dans un commissariat. Jim Sutton, infiltré au sein du mouvement Reclaim the Streets – un mouvement de réappropriation de l’espace public – à la fin des années 90, finit par avouer qu’il est policier à sa compagne militante… avec qui il a eu deux enfants ! Le couple divorce en 2009. Bob Robinson (ou Bob Lambert) et John Baker intègrent Greenpeace dans les années 80 et 90. Tous deux ont des relations amoureuses durables avec une de leurs « cibles »… Une version « réalité » de James Bond, où la subversion anticapitaliste et écologiste est combattue avec les mêmes moyens que ceux utilisés pour démanteler un réseau terroriste ou de trafic de drogue.

Un service très spécial

Le Royaume-Uni dispose d’une solide expérience en matière d’infiltrations des milieux activistes, pacifistes, écologistes ou anarchistes : 40 ans exactement. Tout commence en 1968. En pleine période de contestation et de manifs contre la guerre du Vietnam naît le « SDS » (Special Demonstration Squad), un « Service spécial des manifestations ». Il sera dissous en 2008. Ses pratiques font désormais l’objet de demandes d’investigations de la part de parlementaires et d’avocats après une succession de révélations plus détestables les unes que les autres.

« Quelles sont les critères pour autoriser une infiltration ? Construire une relation avec des “cibles”, y compris avoir des enfants avec elles, fait-il partie des politiques officielles de l’État ? Dans quelle mesure ces opérations d’infiltration sont-elles coordonnées au niveau européen ? », interroge le centre de recherche indépendant Statewatch, basé à Londres, qui regroupe avocats, chercheurs ou journalistes travaillant sur la question des libertés publiques [Dans le numéro du mois d’août de son journal].

Quand l’État vole les identités d’enfants décédés

En février, le quotidien The Guardian révèle que, pour mener à bien ses infiltrations, la police britannique « a volé les identités d’environ 80 enfants décédés pour établir des faux passeports à leurs noms ». À l’exemple de « Peter Daley », infiltré au sein de mouvements antiracistes dans les années 90, qui utilise comme couverture l’identité d’un enfant de quatre ans mort de leucémie. Le vol de l’identité et du certificat de naissance facilitait l’élaboration de couvertures crédibles.

Le procédé, dévoilé sur la place publique, est qualifié de « macabre », « irrespectueux » et « odieux » par la commission parlementaire chargée de suivre les affaires intérieures [Dans un rapport publié en mars]. La police britannique assure aujourd’hui que de telles pratiques n’ont plus cours et a lancé une enquête interne. Jusqu’à cet été, ses chefs n’avaient toujours pas daigné entrer en relation avec les familles concernées. James Bond n’est plus un gentleman.

Des conjointes et épouses abusées

La recherche des responsables tarde. « Il n’existe pas un fichier poussiéreux rangé quelque part au sein de Scotland Yard qui nous apportera toutes les réponses. Mais plus de 50’000 documents, papier et électronique, que nous devons passer au crible », précise la Commissaire adjointe, Patricia Gallan, en février 2013, auprès des parlementaires membres de la commission d’enquête sur le sujet. Une manière de prévenir : les réponses risquent bien de ne jamais être divulguées. D’autant que les enquêtes resteront internes.

Une autre affaire se retrouve quasiment classée « secret défense ». En décembre 2011, après les premières révélations sur les policiers espions, huit femmes annoncent poursuivre en justice la police britannique. En cause : l’infiltration de cinq officiers au sein de « groupes promouvant la justice sociale ou environnementale ». Des agents qui, tout en cachant leurs véritables motivations, étaient devenus leurs conjoints. Les relations intimes ont duré entre sept mois et… 9 ans ! Les plaignantes s’appuient sur les articles de la Convention européenne des droits de l’Homme qui protègent la vie privée et familiale, et interdisent des traitements dégradants et inhumains. Mais, début 2013, la Haute Cour stipule que l’affaire sera traitée à huis clos, dans le secret du « Tribunal spécial sur les pouvoirs d’investigation de l’État » (Investigatory Powers Tribunal), chargé de contrôler les activités de surveillance et d’infiltration menées par la police et les services secrets britanniques.

La jurisprudence James Bond

Pour justifier le recours à cette législation spéciale, le juge Michael Tugendhat, n’hésite pas à se référer au fameux héros de Ian Fleming : « James Bond est le plus célèbre exemple fictif d’un membre des services de renseignement qui utilise ses relations avec les femmes pour obtenir des informations ou accéder à des personnes et des biens. (…) Ian Fleming ne s’attarde pas sur la manière dont son héros utilise la tromperie, et encore moins sur le préjudice psychologique que ces relations pourraient provoquer. Mais bien que fictif, cet exemple accrédite la vue que les services de renseignement et de police déploient depuis de nombreuses années des hommes et des femmes officiers dans le but de nouer des relations personnelles de nature intime afin d’obtenir des informations. (…) De mon point de vue, chacun, dans sa vie, doit assumer le fait que les services secrets et la police doivent, de temps en temps, déployer des officiers infiltrés, que ce soit à tort ou à raison. » Ces cas de tromperies, de manipulations, de mensonges et d’humiliations, au service de la sécurité de l’État, seront donc traitées en toute discrétion. Grâce à un roman.

« Nous sommes indignés que la Haute Cour permette à la police (…) de garder le secret de leurs opérations abusives et manipulatrices. En comparaison, la vie privée des citoyens espionnés par la police secrète ne dispose d’aucune protection, ce qui est contraire à tous les principes que nous pourrions attendre d’une société démocratique », ont répondu les huit plaignantes. « Il est inacceptable que des agents de l’État puissent cultiver des relations durables et intimes avec des militants politiques afin de collecter de soi-disant renseignements sur les mouvements politiques. Nous avons l’intention de poursuivre ce combat. »

Quand l’infiltration se retourne contre la police

Même les élus se voient retourner une fin de non-recevoir. Jenny Jones, vice-Présidente de la commission sur la sécurité londonienne, et élue verte de la capitale, a critiqué « l’obstruction délibérée » de la police suite à ses demandes d’informations répétées sur les opérations d’infiltration. Malgré les remous, l’opaque rideau qui recouvre ces barbouzeries ne se déchire pas.

L’une des opérations d’infiltration menée par Mark Kennedy avait abouti à la plus grande rafle d’activistes écologistes de l’histoire britannique. 114 militants, suspectés de préparer une action contre une très polluante centrale au charbon près de Nottingham, ont été arrêtés préventivement en avril 2009. Parmi eux, 20 activistes sont poursuivis puis condamnés à de courtes peines d’emprisonnement ou des amendes. Ces condamnations sont finalement annulées car l’accusation n’avait pas communiqué l’ensemble de son dossier à la défense… dont les informations recueillies par la taupe. D’autres militants écologistes pourraient faire appel dans des affaires similaires, dont les dossiers à charge sont basés sur les informations de policiers infiltrés.

L’Europe envahie de taupes

Ces scandales ne se cantonnent pas au territoire britannique. Ils s’étendent au-delà des frontières du royaume, à l’Europe continentale. Pendant ses sept années d’infiltration au sein de la gauche radicale, Mark Kennedy a ainsi été « déployé » dans onze pays différents, dont la France, lors d’une quarantaine d’évènements militants (rencontres, manifestations…). Ces opérations sont coordonnées au niveau européen par un groupe spécial (European Cooperation Group on Undercover Activities, ECG), créé en 2011. L’ECG regroupe Interpol, plusieurs services de police des États membres de l’Union européenne et du Conseil de l’Europe, dont… la très démocratique Russie. L’ECG fait elle-même partie d’un groupe de travail international (IWG [International Working Group on Police Undercover Activities]) avec les services états-uniens ou israéliens.

« Lorsque les forces de police et les services de renseignement s’engagent dans la coopération internationale, le grand perdant est le contrôle parlementaire. L’importance croissante des réseaux de policiers en civil rend cette situation bien plus critique », alerte en 2012 le député de gauche allemand Andrej Hunko. L’affaire des infiltrés britanniques a fait des vagues jusqu’à Berlin. Des députés du Bundestag questionnent à plusieurs reprises le gouvernement d’Angela Merkel sur le niveau d’implication de la police allemande, et des polices européennes, dans ces opérations secrètes. Le ministère de l’Intérieur précise alors qu’il n’autorise pas ses agents, y compris les agents étrangers opérant sur le sol allemand, à avoir et à entretenir des relations sexuelles dans le cadre d’une enquête.

Les élus n’en apprendront pas beaucoup plus, « pour des raisons de confidentialité. » « L’infiltration des mouvements de gauche européens illustre cette coopération policière menée en l’absence de tout contrôle parlementaire. On ne sait toujours pas sur ordre de qui l’enquêteur infiltré opérait pendant les années de son activité », rappelle Andrej Hunko. En France, les opérations d’infiltration sont censées être réalisées sous le contrôle d’un procureur ou d’un juge d’instruction (voir le Code de procédure pénale). Mais aucun cadre juridique ou démocratique n’existe au niveau européen pour contrôler ces pratiques. Les barbouzes chargés d’espionner les mouvements de contestation ont de beaux jours devant eux.

Ivan du Roy, avec Statewatch – Basta !, 30 septembre 2013

Poitiers 12-13 octobre 2013 4e forum antirépression

Comité Poitevin Contre la Répression des Mouvements Sociaux ANTIREP 86

Comité Poitevin Contre la Répression des Mouvements Sociaux ANTIREP 86

Après le 1er forum des 5-6 décembre 2009 (réponse à la répression de la manifestation anticarcérale du 10 octobre), un 2e forum s’est tenu à Poitiers les 13-14 novembre 2010, puis un troisième les 26-27 novembre 2011. Ce fut chaque fois l’occasion d’échanger des expériences et de débattre sur l’évolution de plus en plus répressive de notre société avec divers acteurs/militants poitevins, mais aussi avec des collectifs venus d’un peu partout du Grand Ouest.

De « la ville aux cent clochers » de la droite traditionnelle, Poitiers la « socialiste » est devenue la ville aux cent procès contre celles et ceux qui entendent contester l’ordre établi, réclamer leur droit au logement ou à ne pas être expulsés, ou tout simplement à manifester dans la rue.

Cela fait maintenant seize mois que la gauche est au pouvoir au niveau national, et nous savions que cela ne changerait rien ! Le gouvernement socialo-écologiste mène sans coup férir une politique de modernisation des outils répressifs à l’égard de pans entiers de la société, qu’il s’agisse des salariés, des immigrés ou de tous les secteurs qui tentent de réagir contre l’offensive généralisée du capital et de l’Etat.

C’est pourquoi nous invitons tous les collectifs de Poitiers et d’ailleurs qui se sentent concernés par ce constat à participer à deux nouvelles journées de discussions contre la répression et le contrôle social les samedi 12 (à partir de 14 heures) et dimanche 13 octobre à l’auberge de jeunesse de Poitiers, 1 allée Roger-Tagault.

Chacun apportera son expérience lors des différents débats indiqués sur le programme ci-joint, et le dimanche matin une table ronde entre les différents collectifs et individus luttant contre la répression clôturera ce forum où nous espérons vous voir nombreuses et nombreux.

Affiche Forum Antirep du 12 et 13 octobre 2013

ENEDEKA MASKA, NOUVELLES DE SEPTEMBRE,A QUAND LE DOOMSDAY?

Radio Klandestine Permanente # 30 Extrait du Street CD à venir à écouter en bas de page

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SEPTEMBRE 2013

« UN PEUPLE SANS HAINE NE PEUT TRIOMPHER D’UN ENNEMI BRUTAL »

 

« Ce sera une lutte longue sanglante, dont le front se trouvera dans les abris des guerillas,dans les villes, dans les maisons des combattants, – où la répression cherchera des victimes faciles parmis leurs proches – dans la population paysanne massacrée,dans les villes et les villages détruits par les bombardements ennemis »

Netshaiev

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A QUAND LE DOOMSDAY?

« Dans ce pays nous vivons dans une affreuse angoisse en raison de la manière dont la révolte […] a éclaté, carelle a réellement jaillis comme un incendieIl n’y a pas, je pense, de village ou de vile ou la torche ne brûle pas en secret. Ils prêchent la communauté de biens, si bien que tout ceux qui n’ont rien arrivent en foule. »

Ecrit à Erasme par un Erudit au sujet de la révolte des Anabaptistes , 1534 , in. L’Incendie Millénariste ed. Os Cangaceiro

 

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Un nouveau camarade assassiné par les fafs en Grèce … De nouvelles « émeutes urbaines ».

Une France qui s’émeut du sort d’un bijoutier qui tire dans le dot d’un braqueur , arguant la légtime défense, quand le mec abattu était entrain de s’tailler.Mais qui s’interroge sur ce qui peut bien nous amèner à risquer nos vies à braquer un bijoutier dans une société qui te ferme toutes ses portes tout en te répètant pourtant que « quand tu veux tu peux« ?

8 ans plus tard, certains s’accrochent encore à  l’espoir qu’entre les murs d’un Tribunal justice soit faites pour Zyed et Bouna en renvoyant devant les juges ceux qui les ont laissé crevé…Mais même si on ne se fait aucun leurre sur l’issu d’un procés pré-écris pour redorer l’honneur de ses fonctionnaires qui auraient « fait le maximum » si un jour on pouvait réellement juger ces porcs,  bien sûr qu’on ne se contenterait pas de mettre au pilori les derniers pions d’un mécanisme bien plus vaste qui les a  amené inexorablement à pousser des mômes à prendre le risque de crever simplement pour ne pas se faire pécho… et par la suite à les regarder mourir en se permettant en plus d’en rire…

Car derrière cette chronique macabre de ce début de millénaire dans les quartiers occupés en France, c’est tout un mécanisme, toute une logique de terreur ,c’est  une main invisible qui lève le poing qui frappe, qui leur insuffle cette énergie malsaine, celle là même qui les qui les pousse à chasser des gosses , qui en plus n’ont rien fait- mais quand bien même!! – et qui les conforte ensuite dans ce sentiment d’impunité quand ces gamins meurent en tentant de leur échapper, caché dans un transformateur électrique. C’est ce sentiment qui leur est inculqué depuis des années d’avoir à faire à une sous-classe – pour ne pas utiliser un autre terme appartennant soi-disant au passé – , une sous-classe qui ne mérite pas dêtre traité comme leurs « citoyens lambda » ( ceux là même pourqui ils rédigent leur « protocole d’acceuil » dans les commisseriats ; leur soi-disant code de bonne conduite -à lire menotté au raditeur quand on se retrouve en GAV – écrit pour ceux qu’on traitera en « victimes » quand les autres ne peuvent être – avant même tout jugement-  que « coupables »: coupables de ne pas être né du bon cotés du périph, ou tout simplement dans le bon quartier, avec la bonne couleur de peau, la bonne religion, le bon sexe…etc..etc.

Si certains croient encore que l’argent n’a pas d’odeur c’est qu’ils n’ont visiblement pas constater l’évidence. L’évidence de l’odeur putride de la domination qui colle à chaque liasse. L’évidence avec laquelle le système politico-économique a totalement intégré les vieux relans racistes et sexistes pré-exitant à ‘exploitation capitaliste pour justifier d’autant plus cette « différence de traitement » qu’il porte comme sacro saint fondement. Pas de capitalisme sans exploitation de l’homme par l’homme. Pas d’exploitation sans le rapport de dommination qui va immanquablement de paire avec ce rapport d’exploitation – cette supériorité efficiente de l’exploiteur sur l’exploité. Ce système ne peut exister que par ce rapportIl ne peut exister sans engendrer ces rapports  et/ou se réapproprier ,en l’intégrant à sa mentalité, des rapports de dominations pré-existant à l’instauration par la force de son processus économique .

Peu importe si pour s’exporter à travers le monde, l’un de ses arguments massus, son « cheval de bataille », était de soi-disant prétendre  quasi-scientifiquement que la mise en place d’une « démocratie » ne semblait pouvoir avoir lieu qu’en parallèle d’une « libéralisation » de l’économie du pays concernésMais quelle démocratie? Une démocratie « libérale« ? Et que signifie « libéraliser » l’économie? Si ce n’est ne la laisser toujours plus sous le contrôle ceux qui concentrent déjà entre leurs mains la majeur partie des richesse de la planète(richesse monétaire et richesses naturelles privatisées).Quelle ironie aprés tout! Tant de mot semblant dériver du mot « liberté » pour ne nous imposer en tout et pour tout que la dictature du capital et de ses lois.

Ils aiment à se présenter comme les descendants des soi-disantes démocraties de la Grèce antique telle la « Démocratie athénienne ». Or celle-ci ne profitait qu’à une minorité,  qui pouvait d’autant mieux discourir sur la politique de la cité et de grande idées telle que « la liberté »  qu’il existait pour satisfaire ses besoins vitaux une caste d’esclaves privés de tout droit, forcés de travailler « gratuitement » pour nourrir ceux qui pouvaient ainsi se consacrer aux dignes palabres de la politique et à la philosophie.Des esclaves capable de réaliser matériellement tout les grand travaux fixé par la politique – la vie de la cité ; pour caricaturer : des eclaves qui faisaient vivre la cité de manière efficiente quand les discours politiques ne faisait que la théoriser.On peut donc effectivement constater ce qui les relie à leur modèle : il n’en sont finalement pas si éloignésLa démocratie sous un régime capitaliste reste un tout relatif « pouvoir au peuple »: c’est tout d’abord le pouvoir à celui qui en a le moyen.Le pouvoir politique d’un citoyen semble tout bonnement relatif à la part du capital national dont il dispose – ne reste qu’à rappeler le pouvoir et les passe droits dont disposent les Tapis, Bettancourt, Dassault et autre Bolloré . Quand il ne se contente pas de peser sur la politique ou d’être reçu sous les dorures de l’Elysées comme n’importe quel dictateurs qui se respectent, certains s’amusent même à se faire élire tel Dassault cumulant les roles de patron et d’élus. Tendance à la concentration des pouvoirs entre les mains de quelque uns qui ne fait que s’accélérer dans des technocraties ou le pouvoir comme toute chose est affaire de « spécialistes » : on a donc des « spécialistes du pouvoir ». Résultat assez élogné de « ses représentants du peuples » dont rêvaient nombres de ces révolutionnaires qui sont mort l’arme à la main pour établir « la République » ou même de ces résistants franc tireur partisan qui rêvaient d’une France libéré de ses occupants et de ses injustices sociales… Combien d’ouvrier siègent à l’assemblée ou juste?Quels sénateurs peut-on considérer comme étant issu du peuple?

Oh bien sûr…Rien de nouveau ici…

On n’apprendra pas grand chose à quiconque en ne répétant ainsi que ce qui ne s’avèrent plus qu’être que des évidences…Des évidences parmis tant d’autres qui ne cessent pourtant de nous faire hurler tant elles continuent d’exister.Comme on va vite à s’habituer au pire.D’autant plus lorsque les mass-media se font les hauts parleurs d’une classe dominante qui ne cesse de nous chanter le refrain de la fin de la lutte des classes. Alors que leur seule existence est à celle la preuve la plus indiscutable de l’existence concrète d’un sysème de classe. Alors que leur comportement – telle cette lithanie sur la fin de la lutte des classes sous entendant la fin de l’existence des classes même – est à lui seul la plus brillante demonstration de l’antagonisme qui ne peut qu’exister quand cohabitent deux classes aux intérêts divergent; deux classes qui ne se définissent d’ailleurs que par la logique qui les amène à s’opposer. Car l’une ne peut vivre qu’en vampirisant la vie de l’autre. Mais de toute manière pourquoi s’époumoneraient-t-ils donc tant à nous répéter que tout est finis si on en était effectivement là…

Dans ce cas n’aurions nous pas juste à le constater?

Dans ce cas chacun n’aurait-il pas qu’à ce réjouir d’une liberté et d’une égalité entre tous  qui se serait d’aprés eux miraculeuseument réalisé d’elle même avec  la chute du Mur du Berlin – symbole de la chute du Bloc de l’Est qui n’a pourtant jamais représenté autre chose que lui même. On a du mal à voire le lien de cause à effet et effectivement il n’y en a pas. L’écroulement d’une dictature là-bas ne garantie l’efficience d’une démocratie ici ( Les américains ont fait le même coups avec l’Irak, dénoncer la dictature de Saddam Hussein n’était qu’une grossière manoeuvre tendant à faire entendre à chacun qu’il n’existe pas de meilleur système que le leurs – peu importe les millions de travailleurs pauvres qui crèvent à tenter de survivre dans la première puissance mondiale).Nous n’avons aucune réelle nostalgie vis à vis de l’Union qui n’avait de « Soviétique » que le nom ( Les soviets étant – pour ceux qui ne le savent pas – les conseils d’ouvrier et de soldat sensé être à la base d’un Etat communiste).Brandissant la notion de « communisme » pour ne faire survivre pendant des décennies qu’un capitalisme d’Etat qui n’était pas plus la réalisation du travailleur desaliéné que le camps d’en face n’était la réalisation d’un « monde libre« . Une classe defonctionnaires bureaucrates  au service de ce Capitalisme d’Etat jouant là bas le rôle de classe dominante que jouent toujours ici la bourgeoisie – l’ensemble des capitalistes  qui se partagent le pouvoir économique « privé » .La chine illustre parfaitement ce faux paradoxe, en assumant totalement de ne garder son vernis de « folklore communiste » que pour conserver l’autoritarisme politico-économique du parti unique qui lui permet le plus grand contrôle sur cette maxi entreprise nationale qu’est la République Populaire de ChineUne approche quelque part plus franc du collier que le folklore des démocraties libérales, systèmes politiques dont les multiples partis  poursuivent finalement tout autant le même but : la pérennité du système capitaliste. En d’autres termes l’enrichissement continue d’une minorité se partageant les actions du capital mondiale par l’exploitation d’une majorité de travailleurs n’ayant pour vivre que la vente de leur force de travail.L’élection degouvernement de gauche et de droites n’étant que l’alternance de manoeuvre politique visant à ménager suffisament l’opinion soit en camouflant le cannibalisme effectif du système capitaliste par des mesures censé en adoucir les effets, soit par l’augmentation des mesures coercitives poussant chacun à rentrer bien gentiment dans le rang.L’alternance des deux tactic poursuivant toujours cette seule et même stratégie montre finalement qu’ils n’ont toujours rien trouver de mieux que l’alternance du batton et de la carotte pour faire avencer  entre les clous l’âne bâtté que nous sommes pour eux.

Que ceux à qui nous parlons d’insurrections visant le capital et l’Etat qui sont les deux machoires assassines de ce système et/ou de communisation cesse donc de nous parler de l’URSS.Nous n’avons jamais douté qu’ on ne gagnerait jamais rien à troquer une former d’aliénation pour une autre…

Mais toute la pourriture du pseudo communisme qu’on tentait  de nous vendre hier ne nous fera jamais oublier la merde du capitalisme dans lequel nous vivons toujours aujourd’hui.Si on a bien pu constater qu’une parodie de communisme ne faisait en rien disparaitre le noeud de rapports de domination qui constitue les systèmes de classe ( car ce que nous a finalement appris l’URSS c’est bien que le système de classe pouvait avoir plusieurs visages, quite à se calfeutrer outrageusement derrière le masque mortuaire de Karl Marx, qui restera tout de même celui qui l’a le plus scrupuleusement décrit), on ne cesse de constater la réalité que cache mal la soi-disante l’ « amélioration globale du niveau de vie  » que nous aurait apporté un capitalisme à l’ère du libéralisme mondialisé : des pseudos « apports » pour les uns (quelques tours de passe-passe de la société spectaculaire marchande, ou le « paraitre » ne cesse de triompher sur l’ « être »tout cela toujours payé par l’exploitationde travailleurs/euses ,exploitation toujours plus massive mais délocalisé loin des yeux des « consomateurs heureux » de manière à ce que ce système « paraisse » toujours moins lié à cette exploitation sans laquelle il ne peut pourtant exister.Faut-il attendre qu’un immeuble d’effondre au Cashmire ou en Birmanie écrasant les centaines de couturières qui y sont exploitées pour que le consomateur occidentale découvre que dans ce système le pseudo bien être des uns ne se paye que par le sueur des autres?Pfff…Le pseudo sursaut morale que constitue l’idéologie bobo du bio et de l’équitable nous ramène inéxorablement à cette dictature du paraître.Tout le monde le sait bien.Pas besoin d’avoir fait de grande étude pour faire la différence entre être libre et paraitre l’être. Même si on parle de commerce et de capitalisme on préfère tout de même que celui-ci paraisse équitable.Un petit logo suffira.Une photo de quelques paysans paraissant heureux et bien propre sur eux fera doublement l’affaire.Mais toute les paillettes des vies de substitution qu’ils nous offrent à regarder ne nous feront jamais oublier la médiocrité des rapports que pronent ces mêmes programmes d’abrutissement généralisé.On l’oubliera d’autant moins que cette médiocrité du « faux » monde de la télé réalité ne cesse d’imprégné le « vrai » monde de notre réalité sans télé.
Ainsi non seulement on se complait dans le rôle voyeuriste de spectateur de mise en scène de la vie des autres mais chacun peut avoir l’impression de se faire une place sous les spots light du spectacle 2.0 par blog interposé puisque la seule chose qui s’est réellement démocratisé c’est la capacité à mettre sa vie en scène . Une page Facebook, des photos de vacances, des goûts et des amis et ça y est…On peut même devenir son propre spectateur, ou du moins le spectateur de ce à quoi on aurait voulu que notre vie ressemble ( quite à retoucher deux trois détails sur photoshop).Mais seulement voilà… cette cyber life n’a aucune prise directe avec notre réalité…

La vrai vie commence quand les caméras s’éteignent. Quand les « gens » ne sont plus des « rôles » mais des « êtres », des êtres réels pris dans les antagonismes réels de ce système.

Poser devant la voiture de rêve dont on a toujours rêvé ne change rien à l’affaire.

Quoi qu’ils en disent même si les « hommes politiques » leur rendent visite quand les grèves sont si violentes ou si spectaculairement révelatrice de l’arnaque de base du soi-disantpacte républicain qu’ils craignent que cela détaigne sur le résultat de leurs prochaines élections, La vie d’un pauvre ne vaudra jamais celle d’un riche.

Quoi qu’ils en disent même s’il daignent faire semblant de les écouter quand ils s’organisent en lobby capable re représenter un certain pouvoir économique ou du moins un pouvoir politique qui prendra la forme d’un potentiel réservoire de voix quand il faudra rejouer le cirque deu « pouvoir au peule » , pour eux la vie d’un noire ne vaudra jamais celle d’un blanc, celle d’un musulman, celle d’un chrétien ou celle d’une femme celle d’un homme.

Et tout ça s’additonne et se multipie dans la misère de nos existences.Accumulation de « clichés » qui n’en sont pas moins vrai et la femme prolétaire lesbienne noire et musulmane cumule a elle seule toute les raisons d’être mal traité dans ce système.Même dans notre malheur face à la disparition de nos camarades, on ne peut encore que constater la différence de traitement dont bénéficiera un jeune homme blanc faisant ces études à science po comparé à celle de tous les jeunes de quartiers, fils ou petit-fils d’immigrése qui tomberont dans des rixes entre jeunes ou sous les balles de la police mais dont on ne connaitra pas même le nom. Tout au plus connaitra-t-on un chiffre, l’arme du crime et le quartier d’origine.Une indifférence générale qui s’exhibe avec les artifices spectaculaires de l’époque; l’artifice des chaines d’infos-continue – en réalité chaine de pub continue entreocupé d' »infos » à tel point qu’on ne sait plus quand commence l’un et ou s’arrête l’autre ;l’artifice de ces formules chocs et réductrices qu’on pourra répéter au comptoire ou face à la boulangère aprés les avoir lu à la une du Parisien. « Un coup d’kalash de plus dans les quartiers nord de Marseilles »…

Les circonstances sont différentes mais si d’un cotés le caractère politique est brandis dés le début par les protagonistes dans l’autre cas même dénié par l’ensemble des observateurs la violence des quartiers et l’image de ces jeunes sur le carreaux n’illustre pas moins les conséquences de situations économiques, politiques et sociales particulières…Celles des réalités d’un système dans lequel on ne peut survivre que de certaines manières dés lors qu’on déambule dans ses marges…La réalité de sa misère ( sa véritable misère, pas celle mis en scène dans certains lieux où on peut encore se jouer de l’exotisme d’une clochardisation à effet et  durée limité ). La misère dans la désintégration des rapportsdans l’atomisation des individus…jusqu’au chacun pour soi. Brandis même comme une profession foi dans les textes de rap des morceaux les plus écoutés.Ce « chacun pour soi » qui semble même parvenir à s’ériger au de là de la logique de bande,là ou celle-ci a remplacé depuis longtemps la solidarité de classe, au moins dans le vocabulaire – tant tout a été fait pour qu’on en oublit  le sens même lorsqu’on faitencore preuve de « solidarité de classe » .La misère des rapports c’est aussi cela : leur rétrecissement. On se battait pour sa classe, puis pour sa « communauté », pour sa bande ou son coin de rue…à la fin on ne se bat que pour soi. C’est l’atomisation. Rêvé par le système car seule sa généralisation la plus complète est capable d’empêcher une juste, logique et légitime réponse constructive à un problème qui ne cessera jamais d’être « collectif ».

D’ailleurs les policiers se frottent les mains, des jeunes de quartiers qui se tirent dessus, c’est selon leurs propres mots « la racaille qui fait  leur boulot à leur place ». Car beaucoups ne s’en cachent même plus, pour la bonne survie du système capitaliste ,et de la classe dominante qui en tire les ficèle, en ramasse les marrons du feux et lache quelques miettes à ses serviteurs zélés, le but est bien l’anéantissement social pure et simple des « irrécupérables »…la taule, l’H.P., le suicide, le cachetonnage et sa mort cérébrale, les élever les un contre les autres qu’ils s’annihilent eux-mêmes...l’éloignement, la réclusion, la  disparition sociale, physique, mentale ou économique. Tout est bon pour oter toute « volonté de puissance » et toute « puissance de la volonté » à ceux qui leur apparaisse comme « les classes dangereuses » – tous ceux qui ,à juste titre, n’ont comme seul intérêt que d’être des dangers immédiats pour ce système qui ne leur promet que l’annihilation.

Les jeunes anarchistes et/ou antifa assassinés  cumulent eux des caractéristiques qui au yeux de la logique dominantes font d’eux des traîtres en puissance. Une cinquième colonne. Le plus souvent blanche, issue des classe moyennes ou élevées, elle a fait le choix de se battre contre ceux qui entendent bien profiter des privilèges que leur offre un système classiste, sexiste et raciste. Le vers dans la pomme.Bref l’ennemi se désolent tout juste de n’avoir pas réussi à les remettre sur le bon chemin, pour ceux qu’ils considèrent parfois comme des brebis égarés ( puisque tout de même né avec les caractéristique de celui « à qui tout doit réussir »). Puis une fois qu’ils se rendent à l’évidence qu’il n’y a plus rien à en tirer, ils aiment à répéter « qu’ils ne valent pas mieux qu’eux« . Eux? Qui? Les unter-menschen de la République…Et ils seront traité comme tel…

Alors qu’avons nous à attendre d’une telle société, D’un tel système, D’un tel monde? Nous ne sommes que le fruit maudis de son incontinence… Des erreurs psycho-pathologiques passé à travers les mailles du filet des eugénismes médico-socio-éducatif…

Des petites bombes à retardemant, qui s’entrechoquent les une contre les autres, jusqu’à l’implosion, quand les responsables de notre déperdition existe bel et bien..Tous à l’école des martyrs…Collé sous surveillance par les flics, les services sociaux ou la DCRI , en attendant la brimade de trop, l’humiliation qui fait déborder le crâne… Ce qui leur fait craindre le fameux « passage à l’acte »…Mais depuis combien de temps  passe-t-on à l’acte envers et contre nous?

Car il existe bien un nous, si chacun vie individuellement les attaques du système, ceci ne résulte pas moins d’une stratégie de grande ampleur visant à tous nous atteindre tout en nous éloignant les uns des autres.L’ennemi commun se désigne de lui même dans sa perséverance à nous condamner à l’impuissance à tous les étages de notre existence.

Combien faudra-t-il de morts, de prisonniers, d’internés, de reclus, d’amis suicidés, camé, auto-médicamenté aux drogues dures ou cachetonné sous benzodiazépine  – avec assistance médicale pour rejoindre les champs de légumes sur patte qui fleurissent dans le métro et les jardins de leurs « maisons de repos« –  combien d’êtres dits « sensibles » poussés à travers les portes de la folie dans les puits sans fond de la démence, réduits à l’éternelle solitude de l’asociabilité programmée, combien faudra-t-il de pétages de plombs…pour que tout ça leur pète définitivement à la gueule?

A encore combien de derniers jugements devront nous faire face pour que eux connaissent notre Jugement Dernier?

Qu’on exhibe enfin  fièrement ces damiers qui nous servent encore de sourire pour leur souhaiter un ultime et assassin « Joyeux Doomsday » avant de pisser nos dernières pluies acides sur les ruines fumantes de ce tas d’immondice qu’ils appellent civilisation…

Crève pourriture crève

S’ils sont la civilisation, soyons la barbarie! Et nique leur civilisation!Ses mensonges, ses rêves insipides et cette fosse commune qu’ils appellent société!

Brûle Pourriture Brûle!

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 « il se fît un violent tremblement de terre,et le soleil devint aussi noir qu’une étoffe de crin, et la lune devint toute entière comme du sang, et les astres du ciel s’abattirent sur la terre comme des figues avortées que projette un figuier tordu par la bourrsque, et le ciel disparut comme un livre qu’on roule, et les monts et les îles s’arrachèrent de leurs places. (…) Car il est arrivé le Grand jour de la Colère, et qui donc peut tenir? »

RADIO KLANDESTINE #30

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DOOMSDAY

 

Instru: ENO KAES 2013 / Lyrics: Enedeka Maska

Enregistrement Avril 2013 Paris XXe Unikogree @ Eno Kaes HomeStudio

Pétage de plomb, y a pas de plan B

Cervelle plombée pour le Doomsday!

ANARCHO CRUNK / KLASS WAR MUSIC

Arnako-punk / Refrain 2pique

Anarchocrunk refrain épique

anarcho punk : Doomsday Graphic

Le train de la vie , moi je l’ai fraudé, toi je t’ai vu j’té ton ticket parterre

C’est vrai que y a de quoi être frustré par l’exploitation hebdomadaire

Sept jours à se faire baiser pour le Week End s’envoyer en l’air

je crois bien qu’un jour je vais me tailler m’arracher vers d’autres atmosphère

les laisser s’entretuer dans un grand Doomsday nucléaires

DOOMSDAY nucléaire

Un jour ça va méchament charcler déjà que le quotidien c’est la guerre

le quotidien c’est la guerre

ça fait longtemps que j’ai choisis mon camps que j’ai dit à ceux d’en face d’allez se faire!

le quotidien c’est la guerre – de classe

le quotidien c’est la guerre- cannibale!

Il bouffe ses propre enfant qui ne demande quà s’en sortir

Parle d’intégration en les excluant, tous, tous, tous à l’école des martyrs

à l’école des martyres!A l’école des martyrs!

Tous à l’école des martyrs

tous tous tous à l’école des Martyrs!

Pas besoin de finir salafistes

pour savoir que ce monde est sale fils

400 000 nouveaux Millénaristes

qui voient ce monde courir sur la piste

du DOOMSDAY planétaire!!

Tous produit de l’enfance atomique

dégénerescence de la course au fric

du Doomsday planétaire (bis)

tu voulais avoir ce dont tu rêves

ils t’ont fait rêvé de ce que t’as

travailler jusqu’à ce que tu crèves

pour faire de toi un zombie de l’achat

zombie de l’achat (bis)

un zombie de l’achat (bis)

il faut bien rentabiliser cette putain de semaine à trimer

ici on rêve tous d’atomiser oui ce système fait pour nous brimer

ce système fait pour nous brimer

système fait pour nous brimer

ta-ta-ta-taliban de l’antifrance

banlieusard des ban de l’anti-monde

on compte plus les siècles de souffrance

on entend plus que la colère qui monte!

plus qu’La colère qui monte! (bis)

Va-z-y ramène tes collègues immondes

écouter la colère qui monte

la colère qui monte (bis)

putain y a plus rien qui t’appartient

ton seul plaisir la marque de tes pompes

tu te demandes bien pourquoi tu tiens

il est temps de sortir le fusil à pompe!

Pétage de plomb, y a pas de plan B

Cervelles plombées pour le DOOMSDAY

ANARCHOCRUNK KLASS MUSIC

ANARKOPUNK REFRAIN EPIK

ANARCHOCRUNK KLASS MUSIC

ANARKOPUNK H-WAR MUSIC

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Chose promis chose due,  aprés quelques 15 000 visiteurs perdus nous voilà à fêter la 30eme Radio Klando Permanente dans un vibrant appel à l’Apocalypse de nouveaux Millénaristes débarassés de Dieux mais tout aussi prés à se réaliser… Morceau exhibé également à l’occasion de l’imminente sortis de I RAP II KLASS, ce maxi qui n’en est peut-être plus un mais qui reste un Street CD  Violemment Antagoniste et Klassiste, du son pure sang Anti-France Anti-porc des entrailles de l’Armée des 400 000 vomis à la gueule de ce monde de merde…

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Tout ça devrait voire définitivement le jour en Octobre 2013, du Enedeka Maska, sur des instru Eno Kaes et de Unik Ogree enregistré par Shai Hulud avec un couteau entre les dents et les moyens du bords, tout çe bien sûr illustré par TWK, avec des feat. de Eretik, Unik Ogree et Shai Hulud en attendant la Radio Klandestine volume 4.On ne change pas la recette d’un cocktail qui pète…

I RAP II KLASS (play list)

1) Intro: I RAP II KLASS

2) II COUPS DE BAGUETTES I PAIN DE PLASTIK

3) DOOMSDAY

4)A L’OUEST RIEN DE NOUVEAU ( This is Class War Part.1)

5)LA VIE DES ENCRIERS

6)CARTE A GRATTER

7)DIRECTE ACTION ( This is Class War Part.2)

8)S.K.P. (Squatteur Kasseur Paris)

9)400 000 EST MON ARMEE

10)RK4 (le teaser) feat. ERETIK, UNIKOGREE ( H.WAR Kollektif)

11) OUTRO: BOULLE NOIRE feat. SHAI HULUD

 

Rendez-Vous le Moi prochain avec Un nouvel indédit digne de ce nom.

PS: Enedeka Maska tient à remercier tous les gens rencontré lors des deux derniers concerts au pays des Breizh Brûlantes à Tremargat avec la Rakaï Anarchist Party (le 07/09/13) et à Bovel (Concert Enedeka Maska le 14/09/13). Ciùer pour l’accueuil et tout c’était chanmé. Dédicace à Sylavin,Armand Insolite et sa Compère, Sticky Snake – Alerte Rouge et toute la bande, Fred Fémure, Malaise…etc et tout ceux qu’on a croisé!!

– Cette page est encore en cours de réalisation si vous lisez ces lignes, des problèmes « techniques » font que le texte n’est sans doute pas encore tapé et corrigé complètement et que le morceau n’est sans doute pas encore mis en ligne n’hésitez pas à revenir checker, l’ensemble devrait être terminer avant le 25 septembbre 2013 –

 

A LIRE: L’incendie Millénariste, Yves DELHOYSIE – Georges LAPIERRE, OS CANGACEIROS 1987

lu sur http://enedeka.e-monsite.com/

Les ouvriers bloquent des rues et mettent le feu

Des dizaines de milliers d’ouvriers du textile ont bloqué des rues, mis le feu à des usines et se sont heurtés à la police lundi, exigeant un salaire mensuel minimum équivalent à 100 dollars.

Jusqu’à 200.000 ouvriers ont manifesté lundi pour le troisième jour consécutif, selon Abdul BAten, chef de la police du district de Gazipur, près de la capitale Dacca, où plusieurs centaines d’usines textiles sont implantées.

Quelque 300 usines ont été fermées pour prévenir toute attaque d’usines de la part de manifestants, a précisé son adjoint, Mustafizur Rahman. «La situation est très volatile. La police a tiré des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes pour disperser les ouvriers incontrôlables», a-t-il ajouté, précisant que plusieurs dizaines d’ouvriers et quelques policiers avaient été blessés.

Les manifestations contre les faibles salaires et les mauvaises conditions de travail ont secoué le secteur de l’habillement du Bangladesh depuis l’effondrement en avril du Rana Plaza, qui a tué plus de 1.100 personnes. Dans le faubourg de Savar, où l’immeuble s’est effondré, des ouvriers en colère ont mis le feu à au moins deux usines, a déclaré Reaz-Bin-Mahmood, vice-president de l’association des fabricants et exportateurs de vêtements du Bangladesh.

Le pays exporte pour Walmart, H&M et Carrefour

Le Bangladesh est le deuxième exportateur de vêtements au monde, fournissant notamment des grands noms tels que l’américain Walmart, le français Carrefour ou encore le suédois H&M. Pilier de l’économie, le secteur avec ses 4.500 usines représente 80% des exportations annuelles s’élevant à 27 milliards de dollars.

Mais la grande majorité des 3 millions de travailleurs ne gagnent qu’un salaire de base mensuel de 3.000 taka (38 dollars) – soit un des plus bas au monde – suite à un accord tripartite entre les syndicats, le gouvernement et les fabricants signé en août 2010.

En juin, le gouvernement avait mis en place un groupe de travail spécial pour examiner les salaires et les syndicats ont demandé un salaire mensuel minium de 8.114 taka (100 dollars). Les propriétaires d’usine ont rejeté la demande, affirmant qu’ils pouvaient augmenter les salaires de seulement 20%, à 3.600 taka, en raison de la conjoncture économique mondiale morose.

tiré surhttp://www.20min.ch/

lettre ouverte d’un anarchiste indigène à un anarcho-colon

Pour en finir avec le communautarisme majoritaire et le suprémacisme européen

par Karim Ramadan
14 août 2005

La loi sur le voile n’a pas seulement dévoilé de force des adolescentes qui n’avaient rien demandé. Elle a aussi dévoilé, au sens figuré, la gauche et l’extrême-gauche française. Elle a notamment montré à quel point des « athées » militants, des « laïcards » et des « anti-cléricaux » farouches pouvaient se révéler pieux et soumis au nouveau Clergé que constitue la Télévision ; à quel point des adversaires proclamés de « l’intégrisme » ont promu l’adoration intégriste d’une « Laïcité » mythifiée, allant jusqu’à forcer des adolescentes à se découvrir ou à se déscolariser. Elle a enfin dévoilé les libertaires [1] : au lieu de défendre le principe inaliénable de la liberté de conscience et le droit à l’éducation pour tou-te-s, la majorité des « anarchistes » ou « libertaires » français a accepté [2] (et parfois même approuvé) une loi répressive qui frappait des femmes, pour la plupart pauvres et victimes du racisme. Ils ont accepté par la même occasion que ce soit l’Appareil d’État qui mène le combat anti-religieux, traditionnellement dévolu, dans la tradition anarchiste, à l’individu et aux collectifs militants. Le texte qui suit, issu d’une liste de discussion anticolonialiste de la mouvance libertaire [3], s’en prend à cet anarchisme franco-français plus anti-religieux qu’anti-étatiste et plus autoritariste que libertaire. Il le qualifie de colonial, en des termes véhéments, mais qui nous paraissent hélas adaptés aux dérives qui se font jour jusque dans la mouvance libertaire française – on est tenté de dire franchouillarde…

Salut,

Ton intervention paternaliste [4] montre l’énormité du
travail a accomplir chez les anars francais et chez
les petits colons de gauche en général.
Ton monologue est basé sur une hystérie politique, sur
un intégrisme et un sectarisme politique abject.
De plus tes accusations ridicules montrent ton
ignorance des groupes et individus que tu calomnies.
Ma compréhension de l’éthique libertaire, c’est de
commencer par savoir de quoi et de qui on parle, de
fonder son commentaire sur une expérience personnelle
ou sur une communauté de vécu d’une situation. (Sans
avoir besoin pour autant d’être un spécialiste)

Visiblement, certains colons de gauche, de la secte FA [5]
à la secte LO, ont une éthique à géométrie variable.
La violence machiste dans certains congres de la FA
devrait pourtant amener une réflexion sur les
pratiques et les discours face au patriarcat puis, qui
sait, rêvons toujours, peut-être un jour sur le
racisme…

Mais je ne perdrais pas une seconde a répondre aux
accusations proférées et aux amalgames [6]. Simplement, je te souhaite de relire quelques mots que
tu as tapé sur ton clavier : « liberté de conscience ».

Des réactions racistes et arrogantes sur cette liste [7],
aucune n’offre de critique argumentée du texte de
Sadri Khiari [8].

Idem, aucune argumentation pour étayer les accusations
dégueulasse et policières envers l’Appel, envers
l’UOIF ou envers Tariq Ramadan – qui sont en plus
amalgamés, ce qui est une autre pratique journalistique
et policière qu’endossent volontiers les colons de
gauche quand il s’agit de fermer sa gueule au
bougnoule qui-n’a-pas-son brevet-d’universalisme.
Pourtant, les élites françaises sont maîtres dans l’art
de la production intellectuelle strictement « négative »
(élaboration d’un discours centré uniquement sur la
déligitimation de toute tentative de modification de
l’ordre social, politique ou culturel).

On voit le résultat dans cette France minée par le
cynisme, l’Apartheid, et secouée épisodiquement par un
activisme citoyenniste et corporatiste des classes
moyennes appauvries de la communauté dominante et des
fonctionnaires de l’état colonial.

D’ailleurs, un colon libertaire français s’est essayé
récemment à cet exercice d’éditorialiste à gages, du genre
Philippe Val, contre l’appel des indigènes.
Son argumentation était prévisible : l’appel serait un
sursaut du tiers-mondisme marxiste (allié au complot
islamiste).
Au moins a-t-il essayé de rationaliser son refus de
confronter ce qui fait de sa posture celle d’un petit
colon et d’un nouvel « antisémite-islamophobe » :
endoctrinement eurocentriste, narcissisme identitaire
de la communauté dominante, culture chrétienne
refoulée et « laïcisée », richesse de la praxis libertaire
figée dans le sectarisme de la pensée-slogan.

La pensée-slogan devrait pourtant être le domaine réservé de
la publicité, de l’État, des rituels religieux et de
leurs messages autoritaires. Mais on le sait, elle
remplace souvent la pensée autonome et critique,
surtout lorsque le militant « de gauche » ou « libertaire »
réveille en lui le colon et l’éducation suprémaciste
dans laquelle il baigne depuis sa naissance – et de
laquelle il pense s’absoudre magiquement par
l’activisme « antifasciste », par le paternalisme
« antiraciste » ou encore par le tiers-mondisme
léniniste-populiste. Chez le libertaire, c’est souvent
pire, puisque le non-autoritarisme formel peut
renforcer la rigidité du discours et le refus de
mettre à l’épreuve son propre regard sur les réalités
sociales.

Par contre, je ferai suivre ta lettre de petit colon à
quelques ami-e-s indigènes, qu’ils-elles n’oublient pas ce
qu’ils savent déjà : les ennemis politiques les plus
hypocrites et fanatiques sont à gauche, des caviards
PS aux prêcheurs laïcistes, léninistes ou
« anarchistes ».
Je met parfois des guillemets parce que je ne me
résouds pas, en tant qu’anar, à limiter l’anarchisme
et ses diverses réalités mondiales au seul discours
sclérosé de quelques militant-e-s français.

Les indigènes ne peuvent compter que sur eux-mêmes et
ne s’attendre à aucune solidarité militante, sauf
celle bourrée d’arrières-pensées électorales de quelques
zombies rescapés du trotskysme électoral ou des
Verts.

p.-s.

Site des indigènes de la République : www.indigenes-republique.org

notes

[1] Par « les libertaires », nous entendons les trois grandes organisations qui se disent libertaires : la Fédération Anarchiste, la CNT et Alternative Libertaire. Cette dernière se distingue par une prise de position contrela loi anti-foulard, mais elle n’a pas plus que les autres pris part à la mobilisation contre cette loi. L’OCL (Organisation communiste Libertaire) a également pris des positions contre cette loi. Seuls quelques militants de l’OCL et de la CNT, minoritaires au sein de leur organisation, se sont engagés contre cette loi et pris part à la dynamique Une école pour tou-te-s. Certain-e-s ont aussi signé l’Appel des indigènes de la République.

[2] Au sens où ils n’ont opposé aucune résistance, n’ont pris part à aucune des mobilisations organisées contre la loi anti-foulard. Ils n’ont notamment pas rejoint le Collectif Une école pour tou-te-s, pourtant mobilisé sur des bases libertaires. Cf. la Charte de ce collectif, et P. Tévanian, Tentative de cartographie (textes en ligne sur www.lmsi.net)

[3] Nous reproduisons ci-dessous le message auquel répond Karim Ramadan. Il est paru sur la liste de discussion « néocolonialisme_france », une liste d’orientation libertaire consacrée à la dénonciation de la « Françafrique ». Il est signé par un militant de la Fédération anarchiste, dont nous avons choisi de ne pas mentionner le nom, l’important n’étant pas de stigmatiser un individu mais de critiquer un discours. Voici son contenu, entrecoupé de quelques commentaires :

« Ci-dessous, un article du « Monde libertaire » à
propos des « indigènes ».
Analyse que je partage. Je tiens à souligner qu’il
faut en finir avec les
tentatives d’intimidation qui consistent à traiter
de « colonisateur » et de
« raciste » toute personne tenant à défendre le
principe de laïcité et luttant
contre toute forme d’intégrisme religieux, qu’il
soit chrétien, musulman ou
autre. La laïcité est la vrai cible de cet appel
(qui soutient le voile). »

Remarque : cette dernière affirmation est un pur mensonge. La lecture de l’Appel en question montre que la laïcité n’est à aucun moment la « cible », pas plus que le voile n’est « soutenu ». Une phrase dénonce la loi excluant de l’école les élèves qui portent le voile, ce qui est tout à fait différent. Cette dénonciation vient au milieu d’une dizaine d’autres, portant sur des problématiques dans lesquelles le voile est totalement absent.

« Elle est pourtant la seule façon de garantir la
liberté de conscience et
permet de croire ou de ne pas croire et de préserver
tout système collectif
des critères religieux. Songez à l’Irlande du Nord
par exemple qui souffre
toujours du manque de laïcité. Je suis libertaire,
donc « ni dieu ni maître ».
Les luttes pour l’émancipation s’opposent de la même
manière contre les
chrétiens anti-IVG que les islamistes comme Tarik
Ramadan et l’UOIF.
Renseignez-vous sur les discours sur l’homosexualité
des prédicateurs comme
les frères Ramadan et ceux de l’UOIF – c’est aussi
homophobe et écoeurant
que feu-Jean-Paul II et le pape actuel ! ! ! »

Remarque : cette affirmation est elle aussi mensongère. Tariq Ramadan a beau refuser de reconnaître une égale légitimité aux unions homosexuelles et hétérosexuelles, il a beau s’opposer à l’égalité des droits matrimoniaux et parentaux entre homosexuels et hétérosexuels, il n’a pas à notre connaissance tenu des propos haineux comme ceux de Jean-Paul II, reproduits sur ce site dans la rubrique « Etude de cas » (sous-rubrique : « Homophobies »). Quant à Hani Ramadan, peut-être a-t-il des positions plus violentes sur l’homosexualité, mais il n’est pas signataire de l’Appel des indigènes. Disqualifier un texte politique en invoquant les positions du frère de son 1300ème signataire, cela nous paraît très éloigné du rationalisme dont se réclame la mouvance libertaire…

« Le discours identitaire des « indigènes » rejoint
celui du Bloc identitaire.
Nous sommes selon leur logique avant tout des
« indigènes » ou des « français
de souche » et non plus tous des déscendants
d’immigrés. On cherche à creuser
un fossé héréditaire selon des origines que personne
n’a choisi. Où sont les
solidarités de classe là-dedans ? Ces logiques nient
toute problématique de
luttes sociales et anticapitalistes. Elles font donc
le jeu et le bonheur du
Medef. Cette logique, c’est la mort des solidarités
des salariés. »

Remarque : là encore, nous renvoyons à la lecture de l’Appel des indigènes, suffisante pour mesurer l’abjection de l’amalgame « Indigènes = Bloc identitaire ». Cet Appel ne creuse aucun fossé ; il constate l’existence d’un fossé, et l’indifférence générale que suscite son existence. Il appelle donc à une mobilisation pour le supprimer. Quant aux solidarités de classe, loin de les condamner à « mort », il y appelle dans sa conclusion.

« Derrière les « indigènes », il y a Ramadan (voir le
CMF – collectif des
musulmans de France), leur appel a été diffusé par
Oumma.com (site
pro-Ramadan). La lutte anti-coloniale – nécessaire
et légitime – est ici
instrumentalisée au service d’une idéologie des plus
exécrables – celle des
Frères musulmans – où la vision d’un islam
totalitaire cherche à dominer une
population dont ils s’autoproclament les
« propriétaires ». Les premières
victimes sont les femmes et les « indigènes » font du
voile une de leur
revendication. »

Remarque : tout cela est mensonger. Mensonger par omission pour ce qui concerne Tariq Ramadan (simple signataire) et le CMF (l’un des trente individus ou collectifs initiateurs de l’Appel) ; pure fiction pour ce qui concerne le voile : le port du voile n’est pas « revendiqué » par l’Appel des indigènes. C’est la liberté individuelle – un principe on-ne-peut-plus libertaire – qui est défendue : le droit de porter un foulard si on l’a décidé ainsi, sans risquer d’être stigmatisée, insultée, exclue et déscolarisée. Enfin, nous mettons au défi ce camarade de la FA de trouver dans l’Appel des indigènes la moindre trace d’une velleité d’ « Islam totalitaire ». Une lecture attentive montre au contraire que si l’on peut caractériser les sources idéologiques qui sous-tendent cet Appel, c’est l’anticolonialisme bien entendu, mais également l’idéologie libertaire !

« Comment ne pas voir dans ce voile
l’affichage de la
soumission de la femme à l’ordre patriarcal et
religieux ? »

Remarque : La réponse est évidente : on peut suspendre ce jugement (foulard = affichage d’une soumission à l’ordre patriarcal) tout simplement à partir du moment où une femme qui le porte nous dit le contraire : qu’elle a choisi de le porter pour de tout autres raisons, qu’elle refuse toute soumission à quelque homme que ce soit, et qu’elle combat l’ordre patriarcal. Dès lors, quelles que soient les autres dimensions du foulard, y compris les usages et significations patriarcales et sexistes qui s’y rattachent, les choses deviennent forcément plus complexes. À moins bien entendu de refuser toute valeur à la parole d’une femme portant le foulard. Ce qui n’est à notre sens ni très féministe, ni très libertaire.

« On peut aussi souligner à propos de l’histoire de la
colonisation que la
république n’a pas chercher à « laïciser » les
colonies. Le statut « personnel »
permettait très bien au musulman de vivre sous
juridiction musulmane – du
moins dans certaines colonies (Les Comores et,
jusqu’à récemment, Mayotte).
Dire que la laïcité est « néocoloniale » est donc une
manipulation
inadmissible. »

Remarque : nous sommes là encore dans le pur mensonge : l’Appel des indigènes – que, décidément, nous ne pouvons que conseiller de lire ! – ne prétend à aucun moment que la laïcité est néo-coloniale. Il dit tout autre chose : que le néo-colonialisme s’est manifesté dernièrement en se drapant de manière « frauduleuse » derrière la bannière de « la laïcité ».

L’article du Monde Libertaire (n°1396 – 28/4/2005)
:

« L’Appel… ou la voix des amis de Ramadan »

Par Georges Lecardinet – Groupe Sacco et Vanzetti de la
Fédération anarchiste

« Depuis quelques semaines, « l’Appel des indigènes »
circule. Il provoque de
nombreux remous dans les associations et partis
politiques. Les « intellectuels de solidarité », inévitables et
inconditionnels soutiens, ont
rapidement apposé leurs signatures. La lecture
attentive laisse apparaître
pourtant un texte d’instrumentalisation avec une
logique politico-religieuse. Nous avons affaire à une attaque contre la laïcité
et non à une juste
condamnation du colonialisme. »

Remarque : Nous sommes là encore dans le pur mensonge. La laïcité n’est nulle part attaquée dans l’Appel des indigènes. C’est vérifiable en lisant cet appel.

« De nombreux militants
refusent non seulement
de travailler pour l’UOIF, mais organisent la
riposte. »

Remarque : le mensonge implicite concernant la présence de l’UOIF dans la mouvance des indigènes de la République dénote non seulement une profonde malhonnêteté intellectuelle, mais aussi une ignorance crasse du champ associatif musulman. Car l’UOIF est non seulement absente de l’initiative des indigènes, mais plus que cela : antagoniste. Cette organisation adopte en effet de longue date une posture d’allégeance à l’État républicain. Elle est notamment partie-prenante du Conseil Français du Culte Musulman, monté par Nicolas Sarkozy… que critique l’Appel des indigènes !

« Tout le monde s’
accorde pour affirmer que
l’égalité des droits n’est toujours pas une réalité
malgré les belles
envolées républicaines, mais certains découvrent un
texte pour le moins pensé
et politique dès le départ. Partout les laïques font
face aux adeptes “une
laïcité ouverte aux religions”. Le comité national du
MRAP du 15 mars 2005,
après un débat houleux sur « l’Appel des indigènes
», arrive à déclencher
comme réaction, l’apparition publique (et pour la
première depuis sa
création) d’une tendance. Les laïques lassés des
prises de positions
religieuses de la direction se
regroupent et lancent un site
:http://avenirdumrap.over-blog.com/ Les Verts
se divisent sur la décision de leur direction de
rencontrer les initiateurs
de « l’Appel ». Des responsables du parti, A.
Lipietz, A. Boumediene, et S.
Coronado le signent dès le départ. A. Filippetti
estime
ouvertement que ce texte vise à « ethniciser les
problèmes sociaux » et que
« c’est un pas supplémentaire vers le
communautarisme » ; nombre de
militants alertés demandent que les Verts organisent
vite un débat « de
fond » sur le sujet, ce à quoi s’engage Y.
Wehrlingen faisant rapidement
savoir à l’AFP que les Verts « ne signent pas ce
texte et ne le signeront
certainement pas ». La LCR, de son côté, inquiète que
le parti se laisse
entraîner par les adeptes de combat type « une école
pour tous », réagit par
sa Direction Nationale. Le n° 2106 de Rouge publie
la position majoritaire
de la DN, critique envers « l’Appel ». L’Union
Départementale CGT, comprenant
l’enjeu de « l’Appel pour les assises de
l’anticolonialisme postcolonial »,
refuse de prêter les salles pour ces fameuses
assises qui devaient se tenir
à la Bourse du Travail de Paris, le samedi 16 avril. »

Remarque : il est amusant de voir un libertaire préférer des arguments d’autorité aux arguments sur le fond. Il est plus amusant encore de voir à quelle autorité il fait allégeance pour la circonstance : la minorité réactionnaire du MRAP (dont le site, auquel renvoie cet article, est d’une affligeante pauvreté, et n’a rien trouvé d’autre à opposer à l’Appel des indigènes que la publication en ligne d’un pamphlet national-républicain tiré de l’hebdomadaire Marianne !), les dirigeants de la gauche plurielle et de la LCR (la Commission Immigration et l’organisation de jeunesse de la LCR ayant, pour leur part, pris parti publiquement en faveur de l’Appel des indigènes) et la Direction régionale de la CGT (alors que des militants CGT sont aussi signataires – et même initiateurs – de cet Appel).

[4] L’auteur s’adresse à l’auteur du texte reproduit dans la note 1

[5] Fédération Anarchiste

[6] Les principaux amalgames ou accusations sont relevées et commentées par le collectif Les mots sont importants dans la note 1

[7] L’auteur fait allusion à la liste de discussion « anticolonialisme-france ». Il tient à préciser que tous les contributeurs de cette liste n’ont pas versé dans la diabolisation des indigènes de la république.

[8] Il s’agit du texte « L’indigène discordant » (en ligne sur le site www.lmsi.net), que Karim Ramadan avait adressé sur la liste de discussion « anticolonialisme-france »

lu sur http://lmsi.net

[Ile de france] Le “sourire du banquier”…

Ce que cache le “sourire du banquier” …     

Chronique de la chasse aux pauvres en banlieue nord-est

bankerCette expression, « le sourire du banquier » est le doux nom d’une pub plastifiée que les habitant-e-s de Bagnolet et Montreuil ont pu recevoir dans leurs boites aux lettres le mois dernier.

Et ce n’est même  pas une blague…

Une pub avec des fleurs qui sourient et qui proposent des partenariats avec la banque pour  devenir propriétaire…

La logique est imparable : « devenez propriétaire de votre logement » et donc « plus de problème » ! Sauf que l’ultime majorité des gens qui vivent dans les quartiers populaires de la banlieue parisienne n’ont évidemment pas les moyens d’investir dans la propriété (plus de 70% sont locataires rien que pour Bagnolet par exemple).

L’opération consiste donc à « offrir » un crédit. C’est le grand jeu du « tous proprios » (c’est  à dire « particuliers ») : en clair tous et toutes endettéEs…  Ce qu’il faut comprendre, c’est que cette opération vise à doublement endormir les locataires non-propriétaires. D’une part en leur faisant miroiter la fausse solution de propriété à crédit, et d’autre part en faisant croire aux plus pauvres que « tout le monde » peut « devenir proprio ». Ce qui est bien évidemment faux…

Le prix de la vie ne fait qu’augmenter. Les petits commerces locaux sont remplacés par des enseignes plus chères (souvent de type « bobo »), et dans les supermarchés, les prix augmentent aussi. A Bagnolet comme dans pas mal d’autres villes en banlieue, les propriétaires –de concert avec la mairie- font monter les prix de l’immobilier en faisant jouer la spéculation. Mais ce qu’on appelle la spéculation n’est qu’un rouage dans un processus beaucoup plus vaste. Processus qui va consister notamment à laisser les logements ou d’autres bâtiments vides pendant des années (moins de logement disponibles = rareté = augmentation des prix). Ainsi, dans le même temps, la mairie utilise les bâtiments et terrains qu’elle possède en posant des projets d’infrastructures qui correspondent à la nouvelle population qui s’installe progressivement sur le quartier telle que médiathèque, jardins particuliers, théâtres, etc. Infrastructures dont ne bénéficient évidemment jamais ou presque les quartiers les plus pauvres et dont le contenu marchand ou culturel est clairement à destination des riches.

Ou alors la mairie rachète de nouvelles friches qu’elle laisse vide. La nouvelle population est donc composée quasi-exclusivement de bourgeois qui sont les seuls à pouvoir racheter les nouveaux logements construits ou ceux rénovés après avoir été laissés délibérément vides pendant des années, et parfois même plusieurs dizaines d’années. C’est ce que la mairie appelle « la rénovation » -ou- «restructuration urbaine ». C’est ce que d’autres –comme nous- appellent la gentrification (même si ce terme ne résume pas l’ensemble du processus d’urbanisation et ses implications).

Mais ce phénomène n’est évidemment pas le fait du hasard, et repose aussi sur cette escroquerie qui consiste à faire miroiter aux pauvres l’accès à la propriété qu’ils n’auront jamais, ou pas les moyens de rembourser, du moins sans s’endetter sur des années.

Aussi, la carotte du crédit et l’illusion de la “maison à soi” ne font que participer à cette forme pernicieuse de domestication de classe. D’une pierre deux coups : il permet de dégager les plus pauvres d’un quartier en vue d’une espèce ségrégation sociale et spatiale (en les reléguant à des ghettos) tout en enchainant à un mode de vie “au dessus de leurs moyens” ceux et celles qui sont restés et ont cédé au chantage de l’ascension sociale.

Mais le slogan du “tous propriétaires” est bel et bien un mensonge.

Car en effet, si chacun-e “possédait” réellement son logement, il n’y aurait plus de propriété foncière, c’est-à-dire de propriétaires dont le « métier » est de gérer ses locataires (ou plutôt de percevoir leurs loyers…). Et à partir de là : à quoi servirai la propriété privée ?

Comme les prix ne sont évidemment pas les mêmes partout, les nouvelles populations plus aisées qui s’installent dans le quartier « restructuré » ne pourraient pas être là si elles étaient aussi pauvres que les autres. Souvent, une fois le quartier gentrifié, ce qu’on appelait autre fois « l’aristocratie ouvrière » (ourièr-e-s “cadres”, salarié-e-s un peu « parvenu-e-s », etc) constituent en général la population la moins aisée de ces quartiers « rénovés » une fois le processus achevé.

Car en plus des professions intellectuelles, culturelles et de commerces « huppés » (riches et branchés), beaucoup des nouveaux locataires ou propriétaires sont de jeunes rentiers, ou des « petits propriétaires » qui perçoivent des loyers de gens plus pauvres qu’eux, et qui vivent en marges du centre ville restructuré.  En définitive, sous le mensonge de la « mixité sociale » (qui n’est jamais que temporaire et toujours oppressive) le projet de « restructuration urbaine » (lorsqu’il réussit à atteindre ses fins) se traduit systématiquement par une chasse aux pauvres et leur éloignement vers la périphérie, et la constitution de nouveaux ghettos pour riches.

Car en effet, si la plupart des pauvres s’en vont généralement sous la contrainte de la cherté de la vie  vers des quartiers moins chers, beaucoup restent sur place en attendant les expulsions locatives (lorsque plus d’argent pour payer le loyer) ou même à la rue parce qu’ils ou elles n’ont nulle part où aller, sont hébergé-e-s de manière précaire par des ami-e-s, dans les centres dégueulasses du 115, ou à la rue.

Là aussi, à nouveau, la mairie entre en jeu. Dans certaines villes, on supprime les bancs en les remplaçant par d’épaisses barres de fer où il est impossible de s’allonger.

Ailleurs, on va utiliser des ultrasons ou un répulsif odorant pour chasser les sans-abris d’une cour, ou d’un lieu. A Montreuil, une milice (l’A.S.V.P) semi-spécialisée dans les expulsions a même été mise en place par la Mairie, et est devenue célèbre pour ses frasques, sa violence et ses expulsions improvisées.

En attendant, c’est sur, les proprios, promoteurs et banquiers gardent le sourire :

Ils comptent les billets.

Mais la maison est à celles et ceux qui l’habitent : détruisons la propriété privée !

Le Cri Du Dodo

lu sur http://lecridudodo.noblogs.org/

Spectacle et récupération de Guy Debord

http://juralib.noblogs.org/files/2013/03/1211.jpg

 

Avec une exposition à la Bibliothèque nationale de France, Guy Debord se réduit désormais à une pièce de musée. Le situationnisme, grimé en simple produit de luxe, devient inoffensif.

 

L’exposition Guy Debord à la Bibliothèque nationale de France (BnF) incarne la récupération de Guy Debord et du situationnisme réduit à une idéologie inoffensive. Certes, cet événement peut contribuer à rendre visible ce mouvement minoritaire et marginal qui semble oublié. Mais ce carnaval à grand spectacle permet surtout de fabriquer un produit de luxe pour bobos en mal de sensations fortes.

Ce journal a publié différents articles pour insister sur la dimension révolutionnaire de la démarche de Guy Debord. Mais c’est alors la critique radicale de la vie quotidienne qui est alors mise en évidence. Les situationnistes demeurent indispensables pour critiquer les bureaucraties, mais aussi pour relier la politique à la vie.

 

Dans ce contexte d’embaumement, le témoignage de Patrick Vieilledent permet de rompre le consensus imposé par le situationnisme d’État. « Je suis un philosophe politique, mais sauvage, hors cadre. Je suis aussi un poète : j’ai distribué des poésies dadaïstes à l’anti-G8 de 2011 au Havre », se présente Patrick. Il est également marginalisé des milieux autonomes et libertaires car il perturbe les débats de propagande qui bercent le ronronnement militant. Il porte donc un regard critique sur ce situationnisme officiel.

Alice Debord et Patrick Marcolini collaborent à l’exposition de la BnF. Leur démarche permet d’illustrer ce situationnisme devenu idéologie célébrée par l’État. Cet article ne vise pas à lancer des attaques individuelles ou à participer à un quelconque règlement de compte. Mais ses deux personnes illustrent le phénomène bien plus vaste de la récupération marchande et institutionnelle.

 

Logo Champagne Louis Roederer

Alice Debord représentante de commerce 

« C’est une rencontre qui est catastrophique », lance Patrick pour évoquer une conférence avec Alice Debord. La veuve du situationniste est alors parrainée par des ministères pour présenter des œuvres de son mari. Cette rencontre se déroule à Cracovie, en Pologne, en 2007 dans un centre culturel bobo. Un colloque de deux jours est organisé avec des universitaires. Dans ce cadre étaient projetés des films de Guy Debord avec des sous-titres en polonais, notamment La société du spectacle et Critique de la séparation. Alice Debord présente alors les films de son défunt mari. Au cours de la présentation du colloque, une hôtesse distribue gratuitement des brochures luxueuses, en papier glacé, sur le situationnisme. Patrick refuse de prendre le prospectus.

« J’ai compris que c’était la présentation d’un produit de luxe, sans la moindre critique du capitalisme et de la société. Tout de suite, on le comprend. Je suis intervenu rapidement, au bout de dix minutes. J’ai compris qu’elle était conformiste et représentante de commerce », décrit Patrick. Son intervention perturbe le bon déroulement de la cérémonie. Il présente son point de vue, très critique à l’égard de cette démarche académique et institutionnelle qui vise à désamorcer la charge subversive des films de Guy Debord.

 

« J’ai dit que le situationnisme est alors une espèce de pièce de musée, sans vitalité ni  dynamisme, sans emprise sur la vie quotidienne. J’ai trouvé ça très artificiel, très France Culture, très académique », poursuit Patrick. En colère, Alice Debord quitte la salle. Pendant 5 à 10 minutes, des insultes fusent de part et d’autre. « Un gars, un organisateur, m’a traité de sale con », précise Patrick. De l’héritage situationniste, la pratique du scandale ne semble pas la plus acceptée. Au contraire, une simple intervention critique suffit pour perturber le bon déroulement de l’événement. Les organisateurs réduisent Guy Debord à la routine et l’ennui : pourvu qu’il ne se passe rien. Pourtant, les situationnistes s’opposaient de manière virulente, et bien plus violente, à ce type de cérémonie officielle.

 « Je connaissais un anarcho-syndicaliste polonais, rencontré à la librairie Empic, qui ne m’a pas soutenu », poursuit Patrick. Pourtant, ce militant libertaire a participé aux luttes lycéennes contre la dictature communiste en Pologne. Il a également écrit plusieurs ouvrages.

Peu de personnes semblent goûter à l’intervention impromptue de Patrick. Le situationnisme devient désormais un spectacle qu’il ne faut surtout pas égratigner. D’ailleurs, la démarche de Guy Debord, qui vise à perturber la routine du quotidien, devient une nouvelle routine inoffensive. « Dans La société du spectacle, il y a un écran noir pendant deux minutes. Cela doit permettre de se défouler, mais en fait il ne s’est rien passé », précise Patrick. La critique du spectacle devient elle-même un spectacle.

 

Patrick Marcolini et le situationnisme académique  

Patrick Marcolini, philosophe universitaire, contribue à présenter et à populariser la pensée situationniste. Certes, ses écrits permettent de synthétiser et de raviver la démarche des situationnistes. Ses travaux permettent également de rendre visible ce mouvement tombé en désuétude. Patrick Marcolini semble également proche du milieu libertaire. La mouvance autour de la librairie Quilombo et de l’Offensive libertaire et sociale, un groupuscule libertaire orthodoxe, le sollicite pour des interventions. Bien vu par l’ensemble du milieu militant, ce chercheur n’en participe pas moins à l’embaumement du situationnisme.

En juin 2012, Patrick Marcolini présente son livre à Paris, dans une petite librairie altermondialiste : le Flâneur des deux rives. « Je ne suis pas intervenu parce que j’étais écœuré, fatigué », précise Patrick Vieilledent. Il assiste pourtant à une présentation surprenante qui semble faire l’apologie de l’intégration dans le système universitaire. « Patrick Marcolini dit qu’il reprenait la démarche situationniste pendant ses études. Mais, au cours de ses recherches, il a adopté une posture universitaire, et il insiste sur cet aspect », souligne Patrick Vieilledent.

De fait l’approche de l’auteur devient très conformiste et largement déconnectée de la démarche initiale des situationnistes. Finalement Patrick Marcolini a présenté son livre comme un historien classique, ni plus ni moins. « La discussion était très intellectualiste, très France Culture. Seule la partie historique du mouvement situationniste était évoquée, sans le moindre lien avec les luttes actuelles et la réactualisation de la démarche situationniste », décrit Patrick Vieilledent.

 

La discussion a perduré 45 minutes après le départ de l’auteur au sujet du positionnement de Guy Debord. Le fondateur du mouvement situationniste semble avoir permis sa récupération. Une personne estime que Guy Debord se protège par l’ironie et ne semble pas dupe de cette récupération. Une autre personne considère que Guy Debord s’est enfermé dans son propre piège, pour finalement se donner en spectacle.

La présentation de Patrick Marcolini semble peu convaincante et s’assimile facilement à la grand-messe organisée à la BnF et à la muséification du situationnisme. Ce chercheur incarne d’ailleurs la séparation entre la politique et la vie. Il se veut libertaire mais inscrit pourtant sa réflexion dans le cadre du carcan universitaire et académique. « De nouveau, nous avons une dépolitisation extrême du contexte. La démarche de Guy Debord est déconnectée de la vie quotidienne. Guy Debord n’est plus rattaché à un contexte historique mais appartient à un musée », analyse Patrick Vieilledent.

 

La récupération du situationnisme

« Ses deux expériences là m’ont dégoûté et ont renforcé un sentiment d’extrême misérabilisme. Il y a une coupure entre les idées et la vie intime, la vie personnelle et la vie en général. Il y a un enfermement académique et théorique », déplore Patrick Vieilledent. Ainsi, loin de faire découvrir les idées et les pratiques situationnistes, la célébration de Guy Debord peut déboucher vers une forme de lassitude et de résignation. Même la critique la plus radicale de l’ordre social peut être récupérée par le capitalisme. « Pour Alice Debord, c’est même un produit d’exportation, un produit de luxe à la française. C’est un peu décourageant tout ça et ne donne pas envie d’approfondir, d’être avec les autres, de débattre, de lutter », souligne Patrick.

Mais il tente également de comprendre ce phénomène. Dans la société marchande, toute forme de mouvement devient un simple produit interchangeable. « Le capitalisme récupère tous les  phénomènes de mode importants. Le libéralisme peut relativiser, très artificiellement, la vie. Ce peut être une espèce de postmodernisme », estime Patrick. Ensuite, la pensée situationniste peut ne plus correspondre à la période actuelle. Leur critique de la société des Trente glorieuses, durant les années 1960, semble presque acceptée.

« Les situationnistes désirent se libérer de l’emprise de la hiérarchie et du conformisme industriel. A cette époque, la vie était axée sur le travail et la réussite. Aujourd’hui, le travail est remis en question par son inutilité et par le chômage. A l’époque tout le monde était inséré et avait une foi dans le productivisme ». La critique situationniste ne doit pas être célébrée et muséifié. Au contraire, il semble indispensable de reprendre la démarche de ce mouvement pour l’appliquer à la société actuelle.

 

Il semble important de revenir sur le traitement médiatique de l’exposition Guy Debord à la BnF, qui révèle le ton médiocre de la modernité marchande. De nombreux articles ont raillé l’exposition Guy Debord à la BnF. Ils s’attachent à souligner la ruse de l’histoire sur un ton moqueur et ridicule. Pire, dans la veine d’unMichel Clouscard, des journalistes estiment que l’esprit des situationnistes a préparé la barbarie libérale actuelle. Ce genre de délire reprend la thèse de la CGT et des bolcheviques en Mai 68. Ce gentil chahut étudiant ne serait qu’une rébellion d’enfants gâtés. La critique de la répression des désirs préparerait l’avènement de la société de consommation. Mais ses élucubrations rejettent surtout l’esprit libertaire de Mai 68, autant le désir de révolution sexuelle que l’insubordination des ouvriers qui rejettent les bureaucraties syndicales. Les Clouscard, Michéa et autres de Benoist véhiculent, de manière plus ou moins subtile, l’idéologie petite bourgeoise du retour à l’ordre.

Contre ses débris staliniens et nationalistes, il faut faire revivre la démarche des situationnistes. Il faut attaquer l’aliénation marchande qui colonise tous les aspects de la vie. Il faut lutter contre la répression, mais aussi contre le contrôle et l’orientation des désirs par le conformisme marchand. Il faut détruire l’État et le capitalisme pour enfin vivre pleinement.

 

Source :

Patrick Vieilledent dit Finfin : finfin@gmail.com

N’hésitez pas à réagir et à lui écrire, il sera ravi de répondre

 

Articles liés :

Les situationnistes dans la lutte des classes

Critiquer l’art pour passionner la vie

Michèle Bernstein et la vie des situationnistes

Le marxisme critique de Karl Korsch

 

Pour aller plus loin :

Entretien avec Patrick Marcolini le 12/07/2012 à Canal Sud autour de son livre sur l’histoire du mouvement situationniste, publié sur le site Sons en lutte

Vidéo de la conférence de Patrick Marcolini sur La société du spectacle, organisée le 13 avril 2013 à la Bibliothèque nationale de France

Entretien avec Patrick Marcolini dans l’émission Libertés sur paroles du 11 juin 2012, publié sur le blog de Kraken-art

Rubrique « Récupération spectaculaire marchande », sur le site Couto entre les dents

« Guy Debord est vivant et nous sommes morts », tract publié par Critique sociale le 29 mars 2009

« La révolution n’a pas eu lieu ! Pour une critique du concept de « libéralisme libertaire » chez Michel Clouscard », publié par Vosstanie le 3 octobre 2011

Patrick Vieilledent, « Les Processions antifascistes« , publié sur le site de la revueTemps Critiques en février 2003

vu sur http://zones-subversives.over-blog.com/

A propos du meurtre d’un jeune antifasciste parisien

Considérations sur l’assassinat de Clément Méric

“La lutte contre le fascisme ne peut être menée de façon efficace qu’en frappant les institutions politiques et économiques, dont il émane et dont il tire sa source. Les révolutionnaires, du reste, qui visent à la chute du capitalisme et de l’Etat, s’ils se laissaient attirer par le fascisme, comme un éclair par le paratonnerre, s’ils consacraient leurs forces et s’ils s’épuisaient à le combattre seul, rendraient un service aux institutions; institutions qu’ils souhaiteraient pourtant démolir”.

Luigi Fabbri, anarchiste italien,

in “La contre-révolution préventive”, 1922

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1370811384.jpgL’assassinat de Clément Meric, jeune antifasciste parisien, par ailleurs décrit comme anarchiste et vegan, n’est pas -comme on a pu le lire un peu partout- uniquement le fait de la “violence” des “groupes d’extrême-droite” ou le résultat d’une “rixe”, et moins encore un “fait divers”. C’est un meurtre avec une motivation politique, fruit d’un climat et d’une dynamique amorcée il y a déjà un moment. Climat qui est conforté par l’actuel gouvernement (et les précédents) qui premièrement laisse la part belle à des mouvements réactionnaires, hétéro-patriarcaux et fascisants du type “printemps français” ou de la “manif pour tous”, mais d’autre part cultive depuis des années une répression féroce contre toute initiative révolutionnaire, et un violence oppressive simplement “trop commune” contre les pauvres en général ou encore contre les immigré-e-s.

Mais qu’on ne s’y trompe pas : les mouvements du type “Manif pour tous”, “Printemps français”, et autres agitations réacs, catholiques intégristes et néo-fascistes ne sont pas le terreau sur lequel prospère la violence politique de type fasciste, mais bien un autre symptôme de ses symptômes. Symptôme de la nouvelle contre-insurrection préventive (puisque c’est bien en ces termes là que parlent les Etats et leurs institutions) amorcée en France au moins depuis les émeutes de 2005 et le mouvement du printemps 2006 (dit “Anti-CPE”), et un peu partout dans le monde ces dernières années, contre les efforts révolutionnaires et contre toute révolte contre les conditions de vie qui nous sont faites.

La mort tragique de ce camarade non seulement en appel malheureusement d’autres (puisqu’il n’y aucune raison – sinon temporaire – pour que les fascistes continuent d’agir comme ils l’ont toujours fait, et pire encore), mais doit emporter avec elles quelques illusions sur l’antifascisme : il ne peut pas, et ne pourra jamais se concevoir comme une lutte spécifique et séparée, ou menée par des spécialistes. Il doit s’inscrire dans la lutte contre toutes les formes de domination, contre le capitaliste, et contre l’Etat. Luttes et révoltes diverses auxquel-le-s certain-e-s antifascistes, comme Clément, ont pris part jusqu’à maintenant.

Sans quoi on se condamne à laisser intactes les racines de ce qu’on prétend combattre.

En effet, ce qu’on appelle le fascisme, ou toute autre forme de “contre-révolution préventive” (pour reprendre le nom de l’ouvrage de Luigi Fabri), ne s’incarne pas seulement, ni essentiellement dans les groupuscules nationalistes, nazis ou fascistes qui n’en sont que la queue de pan, ou le sommet de l’Iceberg (au choix).

Il s’incarne bien plutôt dans la violence du système étatico-capitaliste au quotidien, et la nécessité pour ce dernier de renforcer en permanence ses fondations, tout en produisant et laissant croître toutes formes de “violences illégales” et autres “initiatives citoyennes” qui le protègent et assurent sa pérennité, en particulier dans les moments de troubles.

Il s’agit, en dernier lieu et à tout prix, de préserver un certain type de rapport social.

Qu’on ne s’illusionne donc pas à ce sujet : la dissolution des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (si elle a bien lieu…) ou d’autres groupes nationalistes et fascistes non seulement ne changera rien au problème, mais n’est certainement pas une “victoire”. Car au delà de l’absurdité qui consiste à se reposer sur les décisions du ministère de l’intérieur, le terreau sur lequel prospère la violence autoritaire, oppressive et réactionnaire de ces groupes trouve ses fondements dans la réalité quotidienne de l’exploitation, de la domination, et de la violence du capitalisme et de l’Etat.

Autant les rafles de sans-papiers que les “veillées citoyennes” dans les halls d’immeuble, et l’intégration parfaite du Front National dans le jeu de la politique. Autant les cordons de CRS que les organisations “révolutionnaires” qui appellent au clame pendant les émeutes, autant les agressions et le bashing hétéro-sexistes revendiqués (ou pas) que l’assimilationnisme social-démocrate et ses mensonges, autant les “travailleurs sociaux” qui poucavent que les lois racistes, autant la psychiatrisation des soit-disant “déviants” qu’une population toute entière sous antidépresseurs, autant les milices privées utilisées dans les expulsions locatives que les vigiles d’entreprise, autant les briseurs de grève bénévoles que la police et les syndicats jaunes, autant le mépris de la vie animale que la cruauté envers les humains, autant les groupes catholiques intégristes que les journalistes aux ordres, etc.

Concernant, justement, le traitement médiatique et politique de cette “affaire” : elle s’est faite en plusieurs phases. D’abord, la première récupération social-démocrate du Parti de Gauche et du Front de Gauche qui se sont empressés de venir faire les charognards sur le cadavre encore chaud du camarade (et ce n’est malheureusement pas une image puisque le communiqué du P.d.G a été pondu dans l’heure suivant son décès) qui sera ensuite décrit par les médias comme “proche du front de gauche” (direct matin du 7 Juin), alors que rien n’est moins faux. Un parti qui ose venir nous parler de “république” et de “non-violence”, et se demandent pourquoi ils se font huer et insulter. Ensuite, la seconde récupération sociale-démocrate, celle du Parti Socialiste au gouvernement qui en même temps que ses ouailles se pavanent au rassemblement à Paris (même si ils s’en sont heureusement faits chassés), envoie sa police faire une rafle massive de sans-papiers dans le quartier de Barbès (voir communiqué ci-dessous).

Le traitement médiatique enfin, qui offre une tribune inespérée au dirigeant des J.N.R, le désormais tristement célèbre Serge Ayoub, qui en profite lui aussi pour “condamner la violence de l’extrême gauche” en jouant les victimes sur toutes les chaines qui lui tendent un micro et une caméra. On retiendra quand même (pour la rigolade) sa tirade sur “la grève générale et la non-violence” quand les journaleux lui demandent quelles sont ses armes.

Certains médias, type TF1BFM Tv, l’Express, le Figaro ou le Parisien (pour ne citer que les plus fameux), n’hésitent pas quant à eux à mettre sur le même plan les fascistes et leurs adversaires, renvoyant dos à dos les deux parties : qu’ils ne s’étonnent pas ensuite de faire des cibles remarquables.

Car, en effet, médias, gouvernement, sociaux-démocrates de toute engeance, et Serge Ayoub (et donc les J.N.R), tous sans exception -avec plus ou moins de nuances- se retrouvent dans la condamnation morale de la violence révolutionnaire (ou même défensive d’ailleurs) lors même qu’il ne s’agit pas de ça à priori. Même et surtout quand les fascistes tuent, on s’empresse de rappeler dans une urgence paniquée qu’il faut s’en remettre “à la République et à la Démocratie” et ne surtout pas céder aux passions révolutionnaires…

Nous savons donc désormais mieux que jamais ce qu’il nous faudra, entre autres, assumer.

Action directe contre l’Etat et le capitalisme, contre la récupération et les discours moralisateurs. Contre la république, la social-démocratie et le fascisme.

Le Cri Du Dodo

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[Quelques communiqués et tracts avec lesquels nous sommes à peu près d’accord]

Les assassins de Clément Méric

Source : Panthères Enragées

Le gang fasciste qui a assassiné Clément Méric,  un camarade antifasciste, vegan et anarchiste, est composé d’Esteban Morillo et de sa copine Katia Veloso. Ces ordures avaient voulu créer un groupe de “Section défense animale” et étaient présents lors d’une marche anti-fourrure.

Nous avions dénoncé cette présence fasciste. Les organisateurs,  soutenus par la fondation brigitte bardot, n’avaient pas trouvé opportun d’exclure ces individus de cette marche. Pour nous, ces organisations ont du sang sur les mains et ils ont permis à ces assassins de venir faire du repérage des militants veganEs antifascistes. Une proche de ces assassins étaient venus provoquer les veganEs antifascistes à la marche d’Emagny contre la fourrure et les prendre en photo Info ici.

Nous publions les informations sur ces personnes que nous avons trouvé sur le net ;

Katia Veloso :

Membre de troisième voie et à l’initiative de la section défense animale.

Les membres de troisième voie à la marche contre la fourrure :

Le tueur Esteban sur la droite à coté de la militante Nath Animaliste (pseudo facebook) :

Katia Veloso à la même marche :

Serge Ayoub dénonçant les veganEs antifascites :

veganantifa

Nous, veganEs antifascistes demandons à chaque personne de la protection animale ou de la libération animale de prendre ses responsabilités face à ces individus. Ils doivent être chassés de tout nos rassemblements.

Nous avons dénoncé dans les rassemblements la présence de ces fascistes, nous savions que des personnalités de la protection animale connaissaient les opinions politiques de ces individus et qu’ils ont fermé les yeux.

NI OUBLI, NI PARDON !

Nous, veganEs Antifascistes, sommes opposéEs à ces individus et la libération animale comme lutte révolutionnaire antispéciste d’émancipation n’a rien à voir avec le fascisme !

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L’état et la démocratie ne seront jamais des remparts face au fascisme

vendredi 7 juin 2013

Source : Indymedia Paris

Jeudi soir, Clément Méric, militant syndicaliste et antifasciste a été assassiné par des néo-nazis à Paris. Nombreux sont celles et ceux qui, se reconnaissant dans son engagement, ont été saisi d’effroi par cette tragédie d’une vie brisée en quelques secondes. L’expression de la colère et de la douleur suscitée par sa mort ont du mal à se frayer un chemin au milieu du vacarme médiatique et des commentaires autorisés de toutes les crapules politiciennes. Les charognards sont de sortie qui se ruent sur le cadavre pour promouvoir la défense de leur sainte trinité : l’Etat, la République, la Démocratie.

Pour autant, la gauche de pouvoir est dans son rôle quand elle s’appuie sur une vision purement morale de l’antifascisme. Pour donner en exemple les temps bénis du présent, rien de mieux que d’agiter la menace du retour à un passé obscur et barbare. En désignant le fascisme comme ennemi principal, on aboutit logiquement à une conséquence : regrouper contre lui toutes les bonnes volontés à partir du plus petit dénominateur commun, sa contradiction fantasmée, la démocratie. On peut donc, comme Jean-Luc Mélenchon, faire de l’antifascisme tout en soutenant un programme social-patriote. On peut aussi, par exemple, vouloir comme Manuel Valls « éradiquer la violence d’extrême droite » le matin et faire rafler 150 sans-papiers à Barbès l’après-midi…

Alors bien sûr la mort de Clément Méric s’inscrit dans un contexte marqué par la résurgence de l’agitation des groupuscules nationalistes, par la campagne homophobe conduite ces derniers mois par les catholiques intégristes, par la stabilisation électorale du FN à un niveau élevé. Faits d’actualité face auxquels le « mouvement social » (feu la lutte des classes) s’est montré impuissant. Pour autant, le fascisme demeure en France une idéologie ultra minoritaire sans véritable impact. Il lui manque pour devenir une véritable force politique deux choses essentielles : une capacité à mobiliser autour de son projet par la violence et l’encadrement social et une fragilisation du consensus telle qu’il apparaisse à l’état et au capital comme le dernier recours pour leur sauvegarde. Le fascisme n’a jamais vaincu la démocratie dans une lutte à mort, il a toujours prospéré sur son épuisement.

La réaction unanime de la classe politique pour condamner le meurtre illustre d’ailleurs la marginalité de leurs auteurs. Arrêtés très vite, il y a fort à parier qu’ils seront condamnés de manière « exemplaire » et que quelques organisations de l’ultra droite seront dissoutes dans la foulée. Du point de vue de la riposte, nous n’avons rien à attendre de la justice et du ministère de l’intérieur. La demande pathologique formulée par les partis et syndicats d’une réponse ferme du pouvoir témoigne de leur faillite sur le terrain social à l’heure où partout en Europe l’état et le capitalisme approfondissent la guerre aux prolétaires.

Il y a en France des fascistes qui tuent au nom de leur idéologie fanatique. Face à eux, nous devons rendre coup pour coup et les empêcher de parader dans les rues afin de ne plus avoir à pleurer la mort d’un camarade de 19 ans. Mais n’oublions pas que ce que redoutent les immigrés, d’avantage que quelques crânes rasés, c’est la police républicaine. Que les roms ces derniers temps ont plus à craindre de leurs voisins citoyens à peine moins pauvres qu’eux et gagnés à l’idéologie sécuritaire et raciste que des partisans d’Adolf Hitler. Que même sans néo-nazis cette société révèle quotidiennement son visage de domination et d’exploitation.

L’état et la démocratie ne seront jamais des remparts face au fascisme

Pas de quartiers pour les nazis, pas de quartiers pour l’état, pas de quartiers pour le capitalisme

Contre la barbarie de ce monde-ci, et pour que le meurtre de Clément Méric ne trouve pas son ultime dénouement dans un tribunal, ranimons dans les luttes et dans la rue la lueur vacillante d’un futur révolutionnaire.

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Contre tous les fachos

vendredi 7 juin 2013

Source : Indymedia Paris

Contre les nazillons de service, les identitaires, les France aux français, les Soral, Ayoub, Gabriac, Dieudonné, et tous les adeptes du bras levé. Contre les racistes patentés, contre ceux qui ont la haine des reubeus, des renois, et contre l’antisémitisme bien installé, contre l’« islamophobie » galopante. Contre les patriotes et les apologistes de la Nation, contre toutes celles et ceux qui sont à la recherche de bonnes vieilles valeurs en ce temps de crise, du genre : le travail et la méritocratie, la famille et le mariage, la patrie et la France des terroirs. Contre le poujadiste « produire français » (qu’est-ce qu’on en a à foutre ?!). Contre la franchouillardise crasseuse et les populistes de gauche comme de droite. Contre tout ceux qui flattent ces bas instincts pour leur petit pouvoir…

Contre les chantres de l’ordre moral, qui voudraient nous dire avec qui, quand et comment on baise. Contre ceux qui nous disent qu’il faut pas être pédé car « c’est sale », car « la nature c’est papa dans maman », car « les homos au bûcher ». Contre tous ceux qui nous sermonnent, à coups de religion, de prières, de « y a écrit dans le bouquin », de « bidule l’a dit il y a X siècles », de « c’est péché, c’est mal »… et qui nous disent plus généralement d’accepter notre pauvre sort sans broncher.

Contre les fâcheux qui s’ignorent car ils sont de « gauche » : tout comme leurs voisins de « droite », ils n’aiment pas les rroms, ni trop les pauvres d’ailleurs, ni trop les gens ivres le soir dans la rue d’ailleurs, ni trop les racailles d’ailleurs, ni trop les prolos d’ailleurs… par contre ils aiment, sans trop l’avouer quand même, l’ordre et la sécurité, et bénissent ceux qui installent de la vidéosurveillance de partout, des flics à chaque coin de rue et de la sécurité aseptisante dans les moindres recoins. Contre tous les petits fachos à cheveux longs, contre tous les petits fachos bobos bien intégrés bien nourris bien démocrates bien branchés.

Contre la police. Contre la police sarkoziste. Contre la police socialiste. Contre les flics, les vigiles, les militaires.

Contre le réflexe fasciste et réac, malheureusement si facile à activer en temps de « crise », car on sait que ça toujours été l’instrument favori de ceux qui sont au pouvoir pour nous diviser (et pour mieux régner), nous autres les exploités, les galériens, les pauvres.

(A)

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Violences d’extrême droite, violences d’état [relayé pour info]

vendredi 7 juin 2013

Source : Indymedia Paris

Mercredi 5 juin 2013, un jeune camarade de notre union syndicale a été battu à mort par un fasciste. Le lendemain, à l’heure même où nous étions réuni-e-s en silence à l’endroit où Clément avait été tué, nous recevions des sms nous informant que le ministre de l’intérieur organisait une rafle massive de sans-papiers à quelques stations de métro de là, à Barbès.

Ceci n’est pas possible, nous vivons cela comme une insulte à la mémoire de Clément, de ses engagements. Le fascisme c’est un ensemble. Un gouvernement PS ne peut appeler à participer à un rassemblement contre la violence fasciste et dans le même temps organiser une rafle. Une époque ne se définit pas comme fasciste uniquement lorsque quelques individus extrémistes se sentant tout puissants tuent en plein cœur de la ville.

Quand un gouvernement rafle des personnes par centaines dans un quartier bouclé, cela participe d’un ensemble. La chasse aux rroms qui ont des papiers européens et aux africain-e-s qui n’en ont pas participe du même contexte politique que les manifs et discours homophobes et que les violences de rue des skinheads et groupes nationalistes fascistes. Le fascisme c’est un ensemble.

Face à la montée du fascisme, chacun-e se retrouve placé-e face à sa responsabilité. Appeler à des manifs ne suffira pas à dédouaner ceux qui ont fait le choix de la discrimination vis-à-vis des étrangers. Clément Méric (nous citons son prénom et son nom, car c’est ainsi qu’on parle d’un militant adulte et responsable) ne restreignait certainement pas son combat antifasciste aux seuls extrémistes au crâne rasé. Ce soir nous sommes en colère, nous sommes écœuré-e-s, et nous pensons devoir à sa mémoire de ne rien concéder ni sur les violences d’extrême droite, ni sur les violences d’état : les rafles organisées doivent cesser ! Liberté de circulation pour tou-te-s ! Le fascisme est une gangrène, soit on l’élimine soit on en crève !

Isabelle et Olivier, instits et syndicalistes

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Communiqué suite à la manifestation en hommage à Clément à Poitiers

Source : L’Epine Noire.

Le jeudi 6 juin à 18 h 30 a eu lieu à Poitiers comme dans de nombreuses autres villes une manifestation organisée à l’appel du groupe unitaire contre l’extrême droite de la Vienne à la suite de la mort de Clément Méric à Paris. Nous avons été agréablement surpris de l’ampleur de la manifestation organisée dans la journée même (entre 250 et 300 personnes), mais nous avons cependant quelques critiques à émettre et besoin de rappeler certains faits.

Nous nous étonnons que des cadres du Parti socialiste de la mairie de Poitiers soient venus sans honte se montrer en mémoire de quelqu’un qui les combattait politiquement. En effet, rappelons que Clément était certes un militant antifasciste mais qu’on ne saurait le réduire à cela. Il était révolutionnaire, et impliqué dans les luttes contre le capital et fatalement contre le gouvernement socialo-écologiste actuel. Antifasciste convaincu, il militait aussi contre toutes les formes d’exploitation et de domination : le sexisme, le racisme et l’homophobie…

Revenons à la manifestation poitevine, non déclarée comme le veut la tradition ici, et regroupant des individus (libertaires ou proches), encartés de gauche et d’extrême gauche et autres membres d’associations. Voilà bien longtemps que tout ce beau monde n’avait pas été réuni. En effet, le bras de fer entre la mairie socialiste et les associations, les anarchistes et surtout dernièrement le DAL 86 dure depuis plusieurs années, et la gouvernance de M. Claeys nous montre le véritable visage de la social-démocratie depuis.

Nous avons donc pu voir nos braves cadres locaux se retirer du cortège au niveau de la mairie alors que ce dernier évoluait vers la préfecture. Très bien, nous dirons-nous, mais cette manœuvre semble aussi avoir été tactique. Car, plus d’une heure après la fin de la manifestation, deux personnes ont été arrêtées et emmenées au poste pour « manifestation illégale » et « outrage aux forces de l’ordre » (des « Flics porcs assassins » s’étant glissés dans les slogans scandés). Ces deux personnes seront relâchées le lendemain et passeront en Comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC). Devant le procureur, donc. Mais le fait intéressant à noter ici est cette phrase lâchée par un conseiller municipal et conseiller de Grand Poitiers bien connu comme bureaucrate de la lutte (notamment au sein des MJS lors du mouvement anti-CPE) : « Ce n’est pas une manifestation, mais un rassemblement silencieux contre les violences de l’extrême droite ». Voilà, tout est dit. Vous vous êtes fait attraper ? Vous ne pouvez que vous en prendre à vous-mêmes. Il ne fallait pas faire de manif (ou du moins pas jusqu’au bout)… puisqu’il existe une pression de la préfecture vis-à-vis des manifestations non déclarées depuis environ un an, et relayée par son chien de garde édenté : la mairie.

Ici donc, les socialistes poitevins suivent la ligne dictée par l’Elysée et le taulier de la place Beauvau : s’émouvoir de manière hypocrite sur la violence et la dangerosité idéologiques des groupes fascistes bien connus. Alors que ce sont ces mêmes socialistes qui, de par leur politique, ne contribuent point à faire reculer les pratiques et idées de l’extrême droite ; bien au contraire, celle-ci s’en est servie à plusieurs reprises afin de gagner des élections, de promouvoir des politiques sécuritaires de la République (n’oublions pas que les centres de rétention, ces prisons démocratiques pour étrangers, datent de l’ère mitterrandienne). Par ailleurs, le jour même où Clément a été agressé, la police de Manuel Valls procédait à une grande rafle de sans-papiers dans le quartier populaire de Barbès à Paris. République, sacro-sainte République! Tel un chant incantatoire, ce terme sonnait creux pour Clément et ses camarades ! Alors, fichez-nous la paix avec cet appel à un front républicain chimérique.

La République n’est qu’un champ de bataille symbolique pour les aspirants au pouvoir, ça fait bien longtemps que son caractère attractif et magique n’opère plus ! Bref, nous nous opposons fermement à cette tentative de récupération étatique de la mort de Clément.

De plus, nous pensons que la dissolution de groupes fascistes ne changera pas la donne. Hormis leur caractère symbolique orchestré par le pouvoir et une partie de la gauche, l’Histoire nous a montré à plusieurs reprises que la dissolution de ces groupes est un leurre (des Ligues des années 1930 à Unité radicale des années 2000, en passant par Ordre nouveau des années 1970) : ils se sont toujours reformés, ils ont juste eu besoin de changer de nom. Mais nous n’appelons pas non plus à une « justice pour Clément ». Cette justice qui nous condamne aussi bien et que nous combattons tous les jours.

Soulignons que depuis plusieurs années les fascistes et autres nazillons ressortent dans la rue et souhaitent la reprendre, galvanisés par les scores de leurs homologues dans de nombreux pays en Europe (Grèce, Hongrie…) sur fond de crise économique. Nous ne découvrons rien, dans plusieurs villes les fascistes sont très actifs, et s’adonnent à des actions violentes et/ou symboliques : Lyon, Toulouse, Tours, Besançon, etc. Mais les dernières manifs contre le mariage homosexuel leur ont permis de se rencontrer, de recruter, bref d’avoir un nouveau souffle, avec la complicité des médias ayant offert leurs micros sur des plateaux d’argent à des mouvements réactionnaires de toutes sortes disséminant leurs discours haineux.

Par exemple, nous avons remarqué qu’ils sont de plus en plus présents sur Poitiers, du moins par leurs affiches et autocollants. Qu’ils soient à Méridien Zéro, au Mouvement Action Sociale, au Parti de France, à l’Œuvre Française ou au plus traditionnel Front National, les militants fascistes tentent de s’implanter localement et durablement. Ils se sentent même pousser des ailes. Pour preuve, début mai ont été découvertes des affiches, collées dans les rues de Poitiers, comprenant les photos de deux militants du NPA avec comme surtitre « Wanted » et cette légende : « Tags dégueulasses, gribouillis partout, panneaux sales, portes tatouées ? Assez ! La police s’en occupe pas on va s’en occuper ! ».

En mémoire de notre camarade Clément, nous souhaiterions que les bureaucrates politiques, membres du gouvernement et autres charognards de la presse fassent profil bas sur le sujet. Pour vous, fascistes, belek : une attaque contre un est une attaque contre tous.

 Dieu pardonne, pas le prolétariat !

 L’Épine noire

tiré du http://lecridudodo.noblogs.org/