Les vautours

Toulouse Antifasciste

Le cadavre de notre camarade était encore tiède alors que les vautours se jettent dessus.

Les récupérateurs, tout d’abord. Qui est un récupérateur et qui ne l’est pas? C’est assez simple, Clément étant un militant antifasciste et libertaire, ses camarades proches et les membres des organisations dans lesquelles il a milité sont évidemment plus légitimes pour lui rendre hommage que les sociaux-démocrates. Honte à tous ces élus socialistes et ces bureaucrates du Front de gauche et de ses satellites. Honte à vous pour votre indécence! Vous qui ne pouvez pas imaginer faire un cortège de deuil sans amener vos drapeaux, qui ne savez pas faire un tract sans y coller votre logo. Vos mensonges ont tellement tourné qu’on nous sort parfois que Clément était « proche du Parti de gauche »! En répandant de telles rumeurs, vous crachez sur ses convictions, sur sa mémoire. Mais nous ne nous attendions pas vraiment à mieux de votre part. Au moins, de nombreuses personnes dégoutées par cette récupération ont rejoint les cortèges des camarades de Clément, laissant les républicards seuls avec leurs drapeaux et leurs slogans légalistes. Voilà pour l’aspect positif, même si les larmes de crocodiles versées par les socialistes ont eu pour effet pervers de faire croire que ces gens là étaient du côté des antifas. Rien n’est plus faux: le gouvernement en place et le parti au pouvoir sont des ennemis irréductibles de la cause antifasciste, nécessairement révolutionnaire.

Honte aussi aux médias, de gauche comme de droite, ouvrant leurs plateaux télés aux chefs des groupuscules fascistes qui y font leur publicité librement, comme d’habitude, ayant en plus le culot de se prétendre « anti-système » alors que toute la presse les courtise pour un reportage « choc ». Quand la foule en deuil pleurait, chantait et manifestait, les caméras étaient là, attendant qu’une amie proche éclate en sanglots ou qu’un jeune horrifié par le crime passe sa colère sur un élu. Reportages à la con sur la « nébuleuse antifa », condescendants et mensongers, s’intéressant pour quelques jours à un combat qu’ils trainent dans la boue le reste de l’année, calomnies, raccourcis faciles… Les charognards ont tout fait pour surfer sur la vague, allant jusqu’à harceler la famille du défunt. Et que dire des présentateurs télé commentant les rassemblement de deuil comme un match sportif… Comme si cela ne suffisait pas, on a aussi eu droit aux milliers de commentaires, tous à peu près pareils sur les différents journaux en ligne. La saloperie concurrençait la lâcheté, avec les habituels propos sur « les extrêmes qui se valent » (on attend toujours le Anders Breivik libertaire pour nous débarrasser de ces merdes humaines), les « c’est bien fait », ou encore les suppositions douteuses sur les conditions de la mort, la vie du jeune homme, son engagement, son physique…

Enfin, les fascistes. Il était évident qu’ils nous présentent le néonazi Esteban Morillo, repris de justice armé, comme un innocent jeune homme poétique ayant bêtement trébuché. Le pire, c’est qu’ils semblent y croire. Mais on aurait eu du mal à imaginer jusqu’où pouvait aller la perversité et l’ignominie de ces gens là. Rappelons que différents médias nationalistes (Zentropa, AMQC, des pages facebook…) annonçait avec un culot incroyable que contrairement aux « rouges », eux respectaient la mort du jeune homme. « Il y a, bien au delà des différences idéologiques, une césure fondamentale et à jamais infranchissable entre fascistes et antifascistes, c’est celle de cette forme d’honneur et de dignité qu’est le respect des morts », nous disaient ils. Alors, que penser des messages d’insulte ou de calomnies envoyés aux antifascistes et à la famille du défunt (!), des nombreux communiqués mensongers de la nébuleuse nationaliste, des articles « d’humour » sur le drame (I like your style, etc…), bref des milliers d’insultes à la « mémoire du mort » qu’ils ont fait? Même sur Feu de prairie, nous avons reçu ce genre de message se moquant de l’évènement. Si les droitards sont traumatisés par les articles antifascistes les appelant à « faire comme Venner » en se flinguant, qu’ils commencent par balayer devant leur porte. C’est dans leur mouvance qu’on a trouvé les articles d’insulte à Venner les plus gratinés (La Flamme, ClE, etc). La poutre et la paille! Bref, voici le camp de « l’honneur » et de la « dignité » dans ses œuvres: un ramassis de charognards n’assumant même pas un crime politique et pissant sur la tombe d’un jeune de 18 ans lynché par une bande de lâches. Belle vision du courage chevaleresque…

Oui, nous avons la haine contre tous ces gens là. Des claques se perdent, et pas que ça, face à ces hordes de vermine ressassant inlassablement les mêmes arguments miteux, les mêmes ricanements indécents. Des gens médiocres vivant par et pour le mensonge, en somme. Mais notre haine est constructive, elle nous pousse à nous organiser mieux, à développer nos liens. Nous sommes de ceux qui ne croient pas en la république des bâtards, qui a depuis longtemps mis les antifascistes dans le même camp que leurs ennemis, malgré les beaux discours. Nous laissons la « liberté d’expressiooon » et les belles valeurs démocratiques à ceux qui les prêchent: c’est à dire, à ceux qui sont au pouvoir et ceux qui à droite rêvent de les remplacer. La sociale-démocratie ouvre la voie au fascisme. Nous sommes par contre de ceux qui croient que la bonne solution au problème a été trouvée en 1945, et qu’elle implique un mur et quelques cartouches pour les terroristes fascistes.

Heureusement, les réseaux antifascistes autonomes ont été à la hauteur de l’enjeu. Partout des mobilisations réunissant des milliers de personnes ont été organisées dans l’urgence la plus totale. Dans toutes les grandes manifestations les récupérateurs ont dû céder face aux exigences légitimes des antifascistes. La solidarité internationale a aussi été formidable et très émouvante avec de belles actions partout en Europe et de très nombreux communiqués de soutien. Car si le fascisme avance en France, la révolution se prépare ailleurs, et elle balaiera les charognards… En montrant leurs vrais visages, l’extrême droite comme les libéraux et les républicains ont fait bouger les lignes. A Lyon, le maire Gérard Collomb (PS) veut ainsi mettre en procès… Les antifas! Il en est de même ailleurs, prouvant contre la propagande mensongère que la récupération n’est pas bienvenue. Des personnes se sont interrogées, la mort a eu un grand écho dans le peuple. Nous sommes encore une poignée seulement, une petite minorité intransigeante face au mouvement de masse réactionnaire qui avance pour étouffer dans l’œuf le changement social. Mais nous nous structurons, nous resserrons nos liens, nous nous organisons. Nous savons que nous n’avons rien à attendre de cet État, de ce système, et des fausses alternatives parlementaires qu’il propose. L’antifascisme tout comme la révolution est une lutte violente. Violence populaire contre barbarie réactionnaire. Il est légitime de se battre avec rage, car c’est une question de vie ou de mort. La destruction finale du système en place et de ses défenseurs nationalistes dépendra de cela, tout comme la construction du monde nouveau que nous souhaitons.  Pour honorer nos morts – Mettons toute notre énergie dans le combat, vers la victoire!