Si on ne veut pas « mourir à trente ans »…

so-en-marche-webUn article du site de la commission antifasciste du NPA (et oui…), qui revient sur la spectaculaire manifestation antifasciste du 21 juin 1973 qui a débouché sur une centaine de flics blessés, un meeting fasciste assiégé, puis la dissolution de la Ligue Communiste et d’Ordre Nouveau. Parce qu’à l’époque, ils savaient y faire! Cet évènement majeur des années 70 avait déjà été évoqué ici; un récit « de l’intérieur » est donc toujours intéressant pour compléter. Et puis, si ça peut faire réfléchir les modérés…

Raymond Marcellin, le ministre de l’intérieur, dit Raymond la matraque était à l’offensive contre tout le mouvement social issu de mai 1968. Répression tout azimuth, lois anti casseurs, lois anti immigrés, il mettait en place un dispositif juridique répressif pour contenir les mobilisations. Et il encourageait sans vergogne les forces d’extrêmes droites, le GUD, Ordre Nouveau. En 68, le pouvoir avait eu une grande peur , il cognait pour se prémunir d’une nouvelle irruption de la jeunesse, de la classe ouvrière.

Il s’était déjà tenu un meeting de l’extrême droite à la porte de Versailles en 1971 qui avait donné lieu à une contre manifestation spectaculaire. La police avait déjà protégé le meeting qui, sans cela, n’aurait pu se tenir.

L’annonce de ce meeting de l’extrême droite, à la Mutualité, en plein Paris, en plein quartier latin, « contre l’immigration sauvage », a été perçu largement comme insupportable et la décision de la contre manifestation a été vite prise.

Nous avions amené le matériel sur les lieux de la manifestation dans la semaine qui a précédé. Des caisses de chantier avaient été confectionnées, en bois, peintes en gris, 1,5×0,5×0,5 m, avec des logos d’entreprises du bâtiment. Remplies de barres de fer et de cocks, cadenassées, elles ont été déposées aux carrefours de regroupement de la manifestation, qui étaient entre les Gobelins et Censier-Daubenton. La livraison en camionnette de location, s’est faite dans les jours précédents (3 ou 4 jours), en milieu de journée. Nous étions en tenue de travail. Les groupes de service d’ordre sont donc venus les mains vides sur place, avec seulement les casques. Pour l’anecdote une caisse n’a pas été utilisée lors du regroupement (je ne me souviens plus pourquoi). Nous ne l’avons jamais récupérée mais on l’a surveillée pendant un ou deux mois ensuite jusqu’à ce qu’elle disparaisse…

Tant qu’il le faudra! – Suite en lien

[Égypte] L’armée n’a jamais quitté le pouvoir et les Frères ont collaboré avec l’armée, qui aujourd’hui les rappelle à l’ordre…

ÉGYPTE (un dernier point nécessaire) – L’ARMÉE N’A JAMAIS QUITTÉ LE POUVOIR ET LES FRÈRES ONT COLLABORÉ AVEC L’ARMÉE, QUI AUJOURD’HUI LES RAPPELLENT À L’ORDRE, MEME SI CELA FAIT DU MAL À CERTAINS – ÉDITO CHRONIQUE – (…) La Chronique remet les points sur les I en 7 choses à se rappeler !

1) L’armée n’a pas cédé le pouvoir en juin 2012. Le Conseil Suprême des Forces Armées (SCAF en anglais) ne s’est jamais dissous et est ainsi devenue une institution parallèle toujours ausi puissante et dominante.

2) Les généraux n’ont jamais perdu le pouvoir en juin 2012 : le départ à la retraite du maréchal Tantawi était prévu de longue date. Mohamed Morsi (et l’armée) ont fait une mise en scène sur son possible départ forcé… Que la Chronique n’a jamais cru. Les autres généraux sont toujours et ont toujours été les maîtres du pays, via le Conseil.

3) Les Frères Musulmans ont collaboré avec l’armée dès l’époque de Moubarak, quand celui-ci a débuté un desserrage de boulon dans les années 2000, permettant l’entrée des Frères au parlement (ne pas l’oublier… même s’il y a eu la reprise de la répression à la fin des années 2000, période durant laquelle les Frères continuaient à siéger…). Ne pas oublier les accolades et rires entre Mohamed Badie des Frères Musulmans, qui siégeait alors, et les cadres du PND de Moubarak…

4) Les Frères Musulmans ont appelé l’armée en janvier 2011 : fait oublié, ce sont les Frères Musulmans… qui ont appelé l’armée à prendre de facto le pouvoir le 31 janvier 2011 dans une déclaration officielle ! Plus important, c’est Mohamed Morsi qui menait les négociations entre les cadres des Frères et… les cadres du régime d’Hosni Moubarak, dont Omar Suleiman !

5) Les Frères Musulmans ont soutenu la sanglante répression par le Conseil des Armées d’octobre-novembre 2011 contre les salafis, les laïcs et les indépendants de l’Islam politique.

6) Les généraux ont obtenu de Mohamed Morsi et des cadres des Frères Musulmans une Constitution où leurs pouvoirs ont été… RENFORCÉS ! Ne jamais l’oublier : les généraux, en plus de leur Conseil tout puissant, ont vu leurs pouvoirs agrandis avec la nouvelle Constitution de 2013 (arrestations arbitraires, détentions, etc…).

7) Les généraux se sont vu offrir par Mohamed Morsi et les Frères Musulmans la domination sur la politique étrangère, la défense et même le ministère de l’Intérieur. De même qu’ils conservent le contrôle de 60 % de l’économie du pays. Chose non remise en cause par les cadres des Frères Musulmans !

L’armée ne fait donc pas de coup d’État, puisqu’elle est au pouvoir ! Les Frères Musulmans n’étant que leurs supplétifs temporaires. Les généraux veulent juste une évolution des choses : non pour l’Égypte, non pour les laïcs, mais pour, encore une fois, sauvegarder leur pouvoir ! Un pouvoir si bien défendu, préservé et même renforcé… par les Frères Musulmans !

Chronique du printemps arabe sur Facebook, 2 juillet 2013

Antisionisme : quand l’extrême-gauche se fait (encore) piéger par l’extrême-droite.

Drapeau d'IsraelCet article traite de ce que certains qualifieraient de détail, mais qui reflète une situation devenue tristement courante. Car force est de constater que la mouvance dite conspirationistegagne du terrain depuis des années notamment chez la gauche, usant de subterfuges parfois bien ficelés pour parvenir à ses fins. Aujourd’hui c’est une simple petite photographie partagée sur les réseaux sociaux qui a mis le feu aux poudres chez moi, reflet d’un constat amer ancien et encore bien vivace. Ou quand l’illustration d’un exemple d’une dure réalité saute aux yeux, où mes plus proches camarades alternatifs et antifascistes servent (malgré eux) la soupe à l’extrême-droite.

Hier soir, je tombe sur une énième photographie partagée par de nombreux contacts y compris chez mes camarades les plus progressistes et éclairés. Tout le monde acclame unanimement en légende et commentaires ces Juifs antisionistes, et moi-même à première vue j’en suis heureux. Sauf que personne ne se demande pourquoi cette position et qui sont finalement ces gens, et c’est à partir de ces interrogations que le panneau pris dans la gueule apparait. Ces manifestants font très distinctement partie de la communauté ultra-orthodoxe, c’est-à-dire des intégristes. Ceux-là même qui par exemple se rassemblaient et crachaient (au sens propre) sur les petites filles israéliennes car elles osaient aller à l’école primaire en « tenue incorrecte » (c’est-à-dire en jupes) et ce devant les établissements [le Figarole MondeFrance 24…, 28 décembre 2011], ou caillassent de temps en temps les voitures qui roulent pendant le Shabbat en plein Jérusalem – pour les extrémistes il est interdit d’utiliser un véhicule ce jour là – [le Figaro, 20 août 2007] et font parler d’eux à de nombreuses autres occasions. Ce sont aussi la plupart de ces idiots qui se retrouvent en France dans les spectacles de Dieudonné à l’acclamer dans son rejet antisémite, un amour réciproque surprenant mais qui prend racine dans une lutte commune.

Antisionistes Juifs

La photographie en question, vraisemblablement aux États-Unis (contexte et date exactes inconnus).

Car ils vomissent le sionismepuisque pour eux tant que le Messie n’est pas revenu, reprendre la Terre sacrée est blasphème ; une idéologie parmi un dogme complet, mais dont les autres points sont d’un obscurantisme délirant les poussant aux atrocités susmentionnées. Un pseudo-amour de Dieu et de la liturgie la plus effrénée si forts que les bouffonneries de l’humoriste tragique et autressoraleries deviennent donc un fer de lance, servant également l’autre côté sur un plateau d’argent pouvant ainsi se dédouaner en apparence de ses démons car s’illustrant désormais avec des fidèles [Michel Briganti, la galaxie Dieudonné]. Traquenard qui fonctionne potentiellement, car une fois l’amitié gagnée sur ces ultra-orthodoxes contre Israël, de fil en aiguille les accointances de ceux-ci avec le milieu conspi sonne pour certains comme la preuve d’une moralité irréprochable. Bien que la réalité soit donc toute autre, la dérive est pourtant déjà constatée chez une part non-négligeable des (anciens) adhérents de la gauche devenus ce que l’on nomme des « rouges-bruns. »

Alors chouette, des gens à la kippa défilent contre la politique actuellement menée ayant en effet comme base ce nationalisme religieux à la sauce meurtrière (qui n’est au passage bien sur pas soutenu par l’ensemble des israéliens, des Juifs, et même des sionistes), mais pour prôner à la place une société parmi les pires fondamentalismes main dans la main avec les cryptofafs les plus ignobles. Ce que l’on croit gagner avec cette photographie, on le perd d’autant plus cruellement quand on prend la peine d’y réfléchir vraiment. Il faut en effet faire attention, un simple cliché orienté ne suffira jamais à tirer des enseignements et peut au contraire nous piéger en beauté ; c’est pour cela qu’il faut se fier à son seul instinct pour l’analyse de faits mêmes présentés (dans ce cas naïvement) par des amis antifascistes. Et oui, il y’a tout cela dans une diffusion à priori banale. Les masques tombés, ce que certains ont cru être des alliés solides trouvant grâce par un machiavélisme sordide, se transforment en une des formes de fascisme qu’ils ont toujours objecté mais n’apparaissant pas comme tel. Lumière est désormais à présent faite, j’espère que chacun en tirera les conclusions qui s’imposent.

Bien que je sois moi aussi un fervent opposant au sionisme, je n’approuverais jamais ni les intégristes ni les antisémites quels qu’ils soient. Les ennemis de nos ennemis ne sont en effet pas forcément nos amis. Car si ce combat d’apparence noble se retrouve dans leurs programmes, il ne faut toutefois pas oublier que derrière se cache également tout un délire de haine incompatible avec nos idéaux d’amour et de liberté que nous nous acharnons à semer dans ce monde déjà gangrainé par tant de vermines. Encore combien de temps des personnages comme Alain Soral avec Égalité et Réconciliation, Thierry Meyssan avec le Réseau voltaire, François d’Asselineau avec l’Union populaire républicaine, Jacques Cheminade avec Solidarité et Progrès, Etienne Chouard, Michel Collon, le Cercle des Volontaires, le projet Apache, et j’en passe pas mal, ou de pages déclarant lutter contre les Illuminatis, le Nouvel ordre mondial, la désinformation, ou soutenant feux Mouammar Kadhafi et Hugo Chavez, ainsi que Bachar El-Hassad et Mahmoud Ahmadinejad, d’ailleurs relais des premiers pseudos-théoriciens, continueront eux aussi leurs petits jeux obscures pour rallier à leur cause nauséabonde des gens de chez nous qui n’ont toujours pas ouvert les yeux ? Un exemple parmi tant d’autres des effets insidieux de la nébuleuse d’extrême-droite et de la simplicité militante de quelques collègues aux effets dévastateurs, qui doit accentuer plus que jamais notre devoir de vigilance.

http://www.toufik-de-planoise.net

« Amour libre » vraiment ? Et après ?

  anarchylove « Le couple et la cohabitation sont aussi aliénants pour les hommes que pour les femmes mais  [les hommes] ne le savent pas encore parce que leur aliénation est celle du maître dont la survie – en tout cas le confort quotidien – est liée à l’esclave […] On leur a appris depuis l’enfance que si le couple et le foyer sont la place naturelle des femmes, leurs véritables territoires sont ailleurs, au travail, au parti, à la guerre. En partant accomplir les tâches nobles qui leur sont attribuées, ils croient fuir l’aliénation du foyer mais ils ne font que quitter une aliénation pour une autre et les deux se renforcent mutuellement, l’existence du couple et celle de l’entreprise sont indissolublement liées et la réforme de l’un s’appuie sur la libéralisation de l’autre. […] Ce n’est peut-être que lorsque les femmes seront parties, (…) lorsqu’ils perdront leur base de repli, leur résidence secondaire où ils refont leur force de travail, que les hommes prendront profondément conscience, dans leur corps et pas seulement en théorie, de leur aliénation globale et qu’ils remettront concrètement en cause la notion de travail forcé ”

Evelyne Le Garrec, « Un lit à soi », 1979.

« Ce n’est pas la situation actuelle de la famille qui est inacceptable, c’est son existence même. […]   Il n’y a pas à transformer la structure parentale, car l’égalité vécue […] ne pourra exister et engendrer un bouleversement total des rapports sociaux que dans une société sans classes, décentralisée, techniquement autogérée […]. Il va sans dire que ce type de société ne peut que se fonder sur un renversement total des rapports entre les sexes et sur la disparition de la cellule familiale. 

[…]Pour résumer : la famille est la courroie de transmission entre le Pouvoir, quel qu’il soit, et le futur citoyen, prolo, cadre, patron, enfant. C’est la famille et l’école qui font d’un enfant un “ adulte ” par la violence. Mais le Pouvoir exerce également sa contrainte sur les parents (surtout la mère par l’intermédiaire de l’enfant ; l’enfant est son otage, son chantage). Toute personne qui n’a à vendre que sa force de travail – 99% des gens -, sitôt qu’il devient père ou mère est obligé de se soumettre. Il doit travailler, et travailler à n’importe quoi, pour n’importe quel prix. »

François d’Eaubonne, « L’hiver du patriarcat »,

Article, in Revue “ Autrement ” n. 3, Automne 1975.

Au fil des rencontres, des discussions et des lectures et autres réflexions sur « L’amour libre » ou le « polyamour » dans les milieux anarchistes, anti-autoritaires ou dit « autonomes », avec un peu de recul on en vient assez vite à se demander si ces termes ont encore un sens. Et surtout s’ils ne sont pas aujourd’hui très galvaudés.  Ce sont des termes parfois vus comme un peu prétentieux. Parce qu’il y a dans certains milieux (« radicaux » ou pas) un prestige à dire qu’on est « en amour libre ». Ces termes « d’amour libre », d’amour pluriel ou de « poly-amour » produisent un effet. Termes qui sous entendent aussi implicitement qu’on est tellement plus libéré-e-s que les autres et qu’en plus on s’aime (ou pas). Mais quel que soit le mot qu’on utilise, il semble recouvrir un ensemble d’agencements et d’arrangements amoureux, amicaux, sentimentaux ou sexuels (ou un peu tout cela à la fois) qui n’ont souvent rien en commun les uns avec les autres sinon de ne « pas être un couple »… et encore.

Dans une partie des milieux révolutionnaires ou dit « anti-autoritaires », ces termes (ou d’autres synonymes) sont un peu à la mode ou font simplement force de « tradition ».

Mais force serait plutôt de constater qu’il existe un vide cosmique au niveau de la réflexion et de la critique concernant nos pratiques et les questionnements qui sont liés à cette question, ou presque.

Soit que ce n’est pas « subversif en soi », soit que c’est « l’affaire de chacun-e », soit que ce n’est pas « une pratique de lutte ». Bref, une bonne dose de libéralisme et de mauvaise foi pour cacher la misère et renvoyer les questions qui touchent à l’intime à la place que lui avait déjà assignée la société dans laquelle nous vivons : celle du « privé ».  Ou encore (autre solution cybernétique) en faisant de la question un problème de mauvaise gestion.  Le couple n’étant pas apte à « gérer les sentiments », on « collectivise » en présentant ainsi la question comme devant simplement être mutée de la « sphère privée » à la « sphère publique » sans questionner ni le pouvoir, ni la gestion, ni ces fausses séparations. Dans tous les cas, on est face soit à un refus d’aborder le problème de face, soit à une volonté d’y imposer des solutions toutes faites. Deux versants d’une même manière d’ignorer l’éléphant qui est dans le salon.

 

L’Unique et son intimité.

« La liberté intellectuelle dépend des choses matérielles. La poésie dépend de la liberté intellectuelle. Et les femmes ont toujours été pauvres, depuis le commencement des temps. Les femmes ont eu moins de liberté intellectuelle que les fils des esclaves athéniens. Les femmes n’ont pas eu la moindre chance de pouvoir écrire des poèmes. Voilà pourquoi j’ai tant insisté sur l’argent et sur une chambre à soi. »

Virginia Wolf, in « Une chambre à soi »

« Être dans la solitude, c’est là le difficile. Continuer à être, à garder le sentiment de sa propre existence — être, et non pas cesser d’être, quand l’autre n’est pas là — et conserver le sentiment d’identité — être soi, et pas les autres. Il est des gens pour qui la chose paraît simple. Ils sont convaincus que leur existence vraie ne cesse pas, mais peut-être même ne commence qu’à l’écart des autres. Ce retrait, ils le nomment, c’est selon, la vie privée, la table d’écriture, la chambre à soi. Pourtant, pour beaucoup, l’être se défait, s’altère quand l’autre manque. (Mais cet autre qui ne peut faire défaut sans que je sombre dans le néant, est-ce bien un autre ?) Ils ne sont que quand ils ne sont pas seuls (la promiscuité tient lieu de proximité). »

Michel Schneider, in « Glenn Gould piano Solo ».

3066894789_fc7dd8152a_oDans toutes les nouvelles sectes gauchistes new-age, comme dans toutes les tentatives désespérées de réanimer les cadavres encore chauds des vieilles idéologies révolutionnaires (post-situ et marxistes, etc…) -concernant les problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui dans nos vies- se révèlent non seulement inopérantes pour expliquer le monde qui nous entoure, et formuler leurs perspectives révolutionnaires, mais ont toutes en commun la négation pure et simple de l’individu.

Plus précisément, c’est cette fable de « l’individu immédiatement social » (le communisme ?) décliné à toutes les sauces qui revient régulièrement (ou sous d’autres formes), et raisonne comme une douce promesse. La solution est forcément collective, forcément une question de « luttes des classes » et de « rapports de production », et en bref ne laisse aucune place non seulement à l’individualité mais aussi aux questions qui touchent à l’intime et au domaine du sensible. Comme si d’ailleurs ces champs étaient exclus de tout rapport de force et de toute domination…

Or, dans cette vision l’individu n’est im-médiatement social (c’est-à-dire sans médiations) que dans le « monde idéal»,  une fois achevée l’abolition des classes, de « la valeur », de toutes les formes d’oppressions et de dominations…  et d’ici là, bon courage camarades !

Car de fait cette fable ne vaut pas dans la société dans laquelle nous vivons puisque l’individualité n’est conçue par ceux qui la « nient » que comme le produit finit d’un processus d’atomisation (ce qu’il est aussi en négatif) et comme un concept « bourgeois » ou libéral, ou comme simple produit de rapport de production ou d’échanges.  Ironie du sort, libéralisme existentiel et communisme littéraire se passent très bien du concept d’individualité ou d’individu.

Dans la perspective « communisante » précisément, comme dans la perspective qu’on pourrait qualifier de « tiqqunienne » (ou dans bien d’autres théories) le grand mouvement qui est à la fois sa perspective, sa méthode et son propre but, communise donc tout sur son passage : les chaussettes, les radiateurs, le pain et les affects.  Du moins il croit le faire. Ça c’est sur le papier évidemment.  Le problème c’est bien sur que les « affects », ou plus généralement les sentiments (et moins encore les individu-e-s) ne peuvent se résumer à des « produits du procès de production» (entre autres tautologie) ou à des marchandises interchangeables qu’on peut voler, auto-réduire et « se faire passer ».

Le problème c’est précisément que la rationalité capitaliste et autoritaire a imprimé cette idée sur son passage. Et qu’à défaut de penser la question, c’est la même rationalité de supermarché qui range au même rayon les boites de conserves, le papier toilette, la copine, le copain, « mes ex et mes futurs ». A tel point qu’on pourrait presque écrire sur la liste de courses et de choses à faire « trouver une autre relation ». C’est en général ce qui se fait sur les « réseaux sociaux », sur internet, par exemple.

Evidemment, en plus de témoigner d’une misère affective désarmante (et ce n’est pas rien de le dire),  cet « amour libre » là (sous ses diverses facettes) est le plus souvent un petit théâtre dérobé de la reproduction des formes de dominations hétéro-sexistes et patriarcales, souvent même de manière paroxysmique et caricaturale.

La plupart des « amour-libristes » revendiqués sont bien entendu des hommes hétérosexuels. On se demande entre hommes « comment convaincre sa copine de s’y mettre » sans se demander si on va vraiment le supporter (ou mieux, on lui interdit en se permettant toutes les libertés dans son dos). Et quand la « copine » trouve la clef des champs,  on se transforme en une espèce de Tartuffe machiste désabusé, la traitant de tous les noms, et on invente des mensonges incroyables pour se faire passer pour la victime auprès de tout le monde. On affiche son tableau de chasse devant ses potes et on explique qu’on est « blessé » ou qu’on se sent « abandonné » dès que la « copine » fait preuve d’un soupçon d’autonomie sentimentale ou sexuelle.  Ou pire donc : on cloitre, on isole.

« A elle le couvent, à moi la liberté ». On « fait le canard » devant « sa » copine attitrée, le fier devant ses potes et le malin avec les autres, pour montrer combien on est pas jaloux.

Evidemment, ces situations sont toujours transposables d’un sexe à l’autre ou dans des relations non-hétéro-normées qui se calquent sur le modèle et le style de vie du couple dominant. Ces attitudes (qui ne sont pas l’exclusive propriété des hommes) donnent simplement parfois l’impression d’être juste la norme : à la fois dans les couples traditionnels, dans les couples « réformés », et dans le cloaque « amour-libriste » (dans toute sa diversité) qui ne dit pas son nom mais est quand même très fier de ce qu’il prétend être.

Dans tout ça, il y a l’aspect irrémédiablement « précaire » de la vie collective, qu’elle soit le fait de collocations, de logements sociaux où on s’entasse ou de squats. Encore que ces derniers offrent au moins en puissance –et même temporairement- plus de potentialité : parce que plus d’espace.

Mais dans tous les cas, soit c’est le désert où l’intimité a été « abolie » ou « collectivisée » de force (ce qui dans l’esprit de secte de nombreuses personnes, signifie la même chose), soit c’est le couple comme refuge (et de ce point de vue là, on a pas toujours envie de lui en vouloir). Mais encore une fois, c’est de territoire partagé sous la contrainte qu’il s’agit. Une maison, un espace, une chambre, un lit. De toute évidence, il y a là toutes les raisons de ne pas s’interroger sur l’autonomie individuelle et même le consentement tant ces questions impliquent des réponses « dangereuses ».

Dangereuses pour la société en général, mais aussi pour un ensemble de milieux où le crime suprême dans la vie collective n’est pas de vouloir forcer les limites corporelles et intimes des autres mais bien plutôt de mettre un verrou à sa chambre. Là où il ne viendrait étrangement à personne l’idée de démonter celui des chiottes ou de la cave par exemple.

Et puisqu’on en parle : un ensemble de milieux qui a enterrée l’idée même d’une chambre à soi, voir même d’un lit à soi en même temps que toute possibilité d’autonomie individuelle -et donc d’individualité comme principe et comme tension – ne porte résolument pas grand choses.

Et il faut bien des renoncements pour y parvenir. Et d’abord celui à l’intimité.  C’est-à-dire à la possibilité –même ponctuelle- de s’isoler, d’être parfaitement seul lorsqu’on en a envie, de garder certaines choses pour soi, de ne pas partager toutes nos expériences avec la terre entière.

Du reste, la volonté manifeste et systématique de « collectiviser l’intime » (c’est-à-dire en fait de le détruire) s’apparente plus qu’autre chose à une volonté de pouvoir et d’emprise collective (souvent par un petit groupe ou quelques individu-e-s) sur les relations inter-individuelles. Bien entendu, le « privé » est politique. Mais l’intime n’est pas nécessairement « privé ». Il est une tension entre soi et les autres. Il est ce mince fil qui permet d’exister par soi-même avec les autres.

On peut disserter sur l’idéal que représenterai le fait de vivre –comme certains anarchistes naturistes de la belle époque par exemple- en communauté totale dans un Eden retrouvé, qu’on en ferait pas disparaitre pour autant l’irrépressible besoin d’intimité. L’intime est en fait bien plus que le besoin d’être seul ou le « lien particulier qu’on partage avec d’autres », il est aussi la distance raisonnable dans laquelle on les maintient. Il est cette bienveillance avec laquelle on rappelle à l’autre qu’on n’est pas lui ou elle. Il est aussi la force avec laquelle on repousse nos propres fantasmes de fusion, dans tout ce que ceux-ci comportent d’autoritarisme, de vampirisme affectif, d’appropriation du corps de l’autre, et donc aussi d’hétéro-sexisme, et même de cannibalisme social (au moins dans l’étrange légèreté avec laquelle on considère les corps comme simples aliments de nos « besoins »). En lieu et place de la liberté ou de l’émancipation, c’est bien un libéralisme qui ne dit pas son nom qui domine la plupart du temps. Celui du « j’fais c’que j’veux et j’t’emmerde ».

Là encore –évidemment- le ressac patriarcal, et le ressac libéral et non anarchiste, comme projet contre-révolutionnaire s’exprime avec une aisance et une complaisancedésarmantes.

Sous toutes bonnes intentions, les volontés de faire disparaitre cette tension qu’est l’intime – à travers la généralisation du ragot ou la mise à disposition des corps- sont simplement d’excellentes méthodes de pacification et de contrôle, et bien entendu le retour à des formes ancestrales de privation, de contrainte et d’exploitation : tout particulièrement pour les femmes.

Evidemment, la tendance au ragot, ou le fait d’exposer en permanence les autres sans leur consentement ne doit pas être compris comme une critique de la solidarité nécessaire dans les  situations de violences ou d’abus, mais comme la norme qui consiste à se vanter de « ses relations », comme une autre forme de « capital social ».  Norme omniprésente dans les relations de couples et hétéro-normées. Ou plutôt du couple hétéro traditionnel comme modèle relationnel unique et de référence.

Ouvrir la boite de pandore, et laisser nos illusions s’envoler.

« nous savons bien que malgré nos conceptions nous sommes encore jaloux, menteurs, propriétaires, autoritaires. Et comment, du jour au lendemain, ces tares que nous nous reconnaissons pourraient-elles s’effacer chez tous? (…) Constatons simplement l’effet certain d’améliorations que peuvent amener en les individus l’application des idées anarchistes, mais soyons assez lucides pour ne pas espérer supprimer instantanément les tares et en particulier les souffrances de la jalousie »

Anna Mahe, in « Jalousie »,                                                                                                   l’anarchie, 21 février 1907, n° 98

comicsCe « communisme » d’opérette-là (celui cité plus haut), sous toutes ses facettes, ne fait que singer les pires fantasmes « biopolitiques » de caserne et de panoptique en termes de relations sentimentales comme dans la vie quotidienne. Il s’apparente d’une certaine manière à la « maladie communautaire » décrite par Bonnano dans son texte du même nom. Une véritable politique à lui tout seul justement.  S’il y a une analyse critique à porter sur ce qu’il est encore convenu d’appeler « l’économie »,  c’est aussi contre nos propres pratiques oppressives et autoritaires qu’elle doit s’orienter. Car une des bases du capitalisme (et par extension de toute oppression et domination) n’est pas juste l’accumulation, ou même le processus de valorisation mais bien l’appropriation, et conséquemment la force et la contrainte qu’elles supposent.

En réalité, la seule philosophie qu’on puisse réaliser dans ces conditions sans s’attaquer au problème de l’autorité et des diverses formes de pouvoir, institutionnelles comme celles dans la vie quotidienne, reste un « communisme de la survie ». Et c’est un principe qui se vérifie aisément : la survie ne pousse pas les gens à se révolter, à s’auto-organiser ou à lutter. Elle pousse au mieux à se replier sur soi, et plus généralement à s’entredévorer et à se familiariser avec une sociabilité de charognards.

On peut donc d’autant moins se payer le luxe d’ignorer la question de la liberté dans les relations amoureuses, sentimentales ou amicales (et de comment éviter de trop séparer tout cela) que la situation actuelle dit quelque chose du désastre ambiant : du ressac patriarcal et des comportements de prédateurs, du racisme rampant et institutionnel, de la dégradation généralisée des conditions de la survie, des relations de pouvoir et de la violence dans les relations amoureuses, affectives ou « de couple ». Et au milieu de tout cela, de la possibilité d’établir des relations sociales libérées. La situation dit aussi quelque chose de notre incapacité à lier notre éthique et nos pratiques dans la vie quotidienne à celles que nous prônons dans nos luttes. Si nous n’en parlons pas, si nous ne nous regardons pas en face : alors les mêmes causes produiront les mêmes effets.

De la même manière qu’on ne peut pas tout réduire au lieu de travail, on ne peut pas tout réduire à « l’économie », et on ne peut pas d’un côté parler à qui veut l’entendre de « commun » en enterrant systématiquement tout ce qui sort du champ du « social » et de ses « mouvements » au sens le plus restreint des termes.

Ironie du sort, la seule chose qui fasse encore consensus à propos de « l’amour libre » c’est que ce n’est même pas un sujet de débat. Après tout, c’est Emma Goldmann qui demandait « Comment l’amour pourrait-il être autre chose que libre ? ».  On devrait se demander aujourd’hui : comment pourrait-il l’être vraiment ?

Les discours convenus sur « l’amour qui est à réinventer » ou « à détruire »  ne nous apportent rien ou pas grand-chose. Les gens continuent de tomber amoureux/ses en prétendant que ce n’est pas le cas et se font toujours aussi mal voir plus.  Comment pourrait-il en être autrement ? L’amour est-il un problème en soi ou est-ce seulement la manière de l’envisager ? Ou n’est-ce pas plutôt un problème plus général où les sentiments et les affects continuent de pâtir soit de leur exclusion du champ d’analyse critique, soit de leur soumission à des modèles « révolutionnaires » préconçus.

Toutes ces questions restent en suspens.

Autonomie sentimentale et clandestinité amoureuse.

« L’émancipation de la femme est, selon moi, très mal posée chez les anarchistes. La femme n’est guère envisagée que comme épouse ou amante, que comme complément de l’homme et incapable de vivre sa vie pour et par elle-même. (…) La femme est donc prédestinée à l’amour, légalisé chez les gens comme il faut, « libre » chez les anarchistes »

Sophia Zaïkowskain « Feminisme » ,

La Vie anarchiste, 1er mai 1913

 

On peut se raconter des berceuses ou prétendre que tout n’est qu’une question de « conditions matérielles » (sur lesquelles on a donc peu de prise, c’est donc « la faute à personne ») ou même de « bonne volonté » (c’est donc « la faute à tout le monde ») et on en perdrait presque de vue la puissance de l’idéologie. Du fait que nous avons été conditionné-e-s à penser que « l’amour c’est papa et maman ». Que c’est pour la vie. Que c’est une romance et une histoire à deux uniquement. Ou bien que c’est « moi et mon cheptel » (version « prince proxénète »). Même lorsque ce n’est pas ce qu’on a vécu dans son enfance et moins encore ce qu’on voudrait vraiment pouvoir désirer.

Les désirs en disent d’ailleurs généralement plus sur  ce que nous avons été conditionné-e-s à penser que sur ce qui nous rend véritablement heureuses/eux.

Mais une chose est sure, sans chambre à soi, sans lit à soi, sans intimité : quelle type de relation libre est encore possible ?

La misère sentimentale et la vulnérabilité affective rendent possibles les pires actes et attitudes autoritaires et hétéro-sexistes en matière de rapports sociaux sentimentaux. Pire, elles en sont une conséquence inévitable. Cessons de faire comme si la violence –même psychologique- dans les rapports amoureux ou sentimentaux n’était qu’un accident de parcours ou seulement « la faute au couple ». Car cette misère et cette vulnérabilité, cette exposition rendent aussi possible le couple comme refuge et comme mouroir. Et tout cela est profondément lié à l’absence d’intimité (ou son contrôle strict, par un individu ou le collectif) et au fait de ne pas pouvoir se retourner sur soi, de réfléchir et se questionner, pour se reposer, ou pour toucher son propre corps et jouir enfin seul. Ce n’est pas  un hasard si ceux et surtout celles qui en ont été privées sont pris-e-s d’insomnies chroniques ou atteint-e-s de procrastination et d’apathie. Précisément, ce n’est aussi pas un hasard si cette condition d’absence d’intimité (ou d’intimité contrôlée) est déjà –à divers degrès- celle de la plupart des femmes dans les sociétés dans lesquelles nous vivons.

Ironie du sort : l’injonction « immédiate » à la société contenue dans la conception dominante « d’amour libre » (ou de « camaraderie amoureuse » – pour reprendre un autre concept douteux) ne fait en fin de compte qu’étendre l’exigence marchande et patriarcale de mise à disposition des corps.

Il n’y a donc pas qu’une manière, mais une infinité de façons de rompre avec cette condition. De s’y attaquer. Qui correspondent aux désirs, aux problèmes, et aux spécificités oppressives de chacun-e-s.

Et que nous devrions le voir comme une aubaine et non une contrainte.

En effet, il y a quelque chose de puissant dans cette tension qui lie la nécessité première d’être « unE » aux désirs et aux besoins d’être « plusieurEs ». Et l’unE ne peut pas aller sans l’autre. L’analogie est aussi bien transposable aux sentiments, à la lutte des classes ou aux rapports sociaux de sexe qu’à la question de l’auto-organisation. Et toutes ces questions ne font que se recouper en permanence.

Sans en faire l’alpha et l’oméga de toute théorie -et quoi qu’on en dise-, l’élément de base, celui qui n’est pas compressible, qui ne peut pas être « dissout », qui se révolte, qui respire, qui ressent et qui se débat de toute ses forces contre tout assujettissement (d’autres disent de « subjectivation ») n’est ni le groupe, ni la secte, ni le parti politique, ni le milieu, ni la fédération : c’est d’abord l’individu-e.  Concept qui n’est ni intrinsèquement marchand, ni forcément libéral, ni même essentiellement « bourgeois » ou même contradictoire avec une analyse de classes.

Parce qu’il est le sujet sensible de tout pouvoir : parce que c’est le X de l’équation.

D’où la nécessité pour toute autorité ou tout esprit de secte de le transformer en citoyen, en « produit fini», en sujet d’analyse ou en quoi que ce soit d’autre, ou tout simplement de le nier : de faire comme si il n’existait pas.

L’idée d’autonomie sentimentale prise uniquement d’un point de vue « collectif » est une pure abstraction. Le sentiment de jalousie en dit d’ailleurs plus sur l’image qu’elle nous renvoie de nous-même que sur les autres. Elle dit quelque chose de notre besoin de contrôle et du soi-disant « instinct de propriété » – et de la peur de l’abandon qui les construisent socialement. Même si cette peur est parfois légitime : il faut apprendre à vivre avec, et à l’apprivoiser. Car elle dit aussi quelque chose de notre incapacité à éprouver de la joie à l’idée de savoir l’autre heureuse/eux sans nous. C’est-à-dire à éprouver l’exact contraire de la jalousie.

Mais tout ça n’est pas une mince à faire. Et si tout n’est pas non plus qu’une question de « volonté », alors il faut s’interroger sur les conditions qui rendent cette liberté possible. Et d’abord d’une absence de condition oppressive et autoritaire (de lois, de traditions, de classes, patriarcale, raciste, etc…). Ce qui nous mène inéluctablement sur le terrain de l’attaque et de la conflictualité avec cette même condition.

Et aussi sur celui d’une sorte de clandestinité amoureuse. Parce qu’en effet, dans un monde où la violence de la domination est omniprésente, toute intimité réelle est forcément un peu clandestine. Le stade suprême du soit disant “processus d’individuation” capitaliste et étatique en matière de relations sociales se traduit en réalité par un état où l’individu n’a plus ni “vie privée”, ni vie tout court.

C’est précisément pour ça que la communauté de vie ou de luttes sans intimités ne subvertie rien en termes affectifs. Pour le redire à nouveau, d’une autre manière : elle ne fait qu’étendre l’exigence policière de renseignement et celle de la disponibilité et de l’interchangeabilité marchande des corps à la sexualité dans un simulacre “d’économie sexuelle libérée” (triple oxymore ?) qui ne se maintient qu’au travers de sa perpétuelle mise en scène.

Ainsi, même si il s’agit parfois de quelque chose de « symbolique », dans un environnement hostile où « sexualité »  rime avec violence et prédation : savoir rester secret pour soi est un gage d’autonomie et pas nécessairement de possession, de jalousie ou « d’esprit petit bourgeois ». Ou simplement parce que : tout le monde n’a pas besoin de tout savoir sur tout.

C’est là toute la contradiction dynamique que portent en elles les réponses à la question de savoir si et comment nous pouvons vivre nos amours librement dans un monde qui ne l’est pas : et après ?

Le Cri Du Dodo

Quelques lectures, comme pistes de réflexion, en plus de celles citées dans le texte :

– “A propos d’autonomie, d’amitié sexuelle et d’hétérosexualité”, de Corinne Monnet.

– “Sous le tapis le pavé : Les violences sexistes dans les milieux militants qui se revendiquent anti-sexistes et anti-autoritaires”, Récit collectif et anonyme.

– “Amour libre, jusqu’où ?”, de Martine-lisa RIESELFELD

– “L’utopie de l’amour libre” , de José Maria Carvalho Ferreira, revue Réfractions.

– “Les milieux libres, vivre en anarchistes à la Belle époque”, Céline Baudet, éditions l’Echapée.

– Je t’aime… oui mais non, l’amour c’est mal … on en est où, là ?” anonyme

– “Complicated relationships : conversations on polyamory and anarchy”,Ardent Press edition (en anglais).

http://lecridudodo.noblogs.org/

PAGERETE TUTTI,ILS PAIERONT TOUS!

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– ni Oubli ni Pardon –

 

Clément restera à jamais dans nos cœurs, dans notre mémoire…la simple évocation de son nom nous serre encore le bide, celle des conditions de sa disparition nous plonge tout bonnement les viscères dans un bain d’acide. Si perdre un frère, un ami ou un camarade est toujours un épreuve. Apprendre qu’il s’est fait assassiné par ceux contre qui nous luttons  , par ce contre quoi nous avons toujours lutté ( la violence fasciste et l’idéologie qu’elle sert) nous renvoit face contre terre, percuté la réalité de ce monde dans lequel on vit…de cette société dans laquelle on crève…

 » Le béton est armé pourquoi pas nous? »

Nous avons respecté le temps de recueillement souhaité par sa famille et ses plus proches ami-e-s. Nous pensons bien fort à eux dans un tel moment …conscient qu’ aucun mot ne saurait calmer l’indescriptible douleur dans laquelle ils ont été plongé par l’arrachage violent à la vie d’un être cher.

L’émotion est vive, au de là même du cercle d’amis qui le côtoyaient régulièrement,  il est bien claire dans la tête de chacun, qu’il aurait pu s’agir de n’importe lequel d’entre nous, de nos proches,  des nos frères et sœurs, de sang, de vie et de combats et qu’il n’est pas besoin d’attendre que cela n’arrive pour que nous nous sentions nous même touché dans notre cher. Si personne n’est libre tant que tout le monde ne l’est pas. Il y a toujours ce sentiment que face à la répression réactionnaire et à la violence fasciste – négation même de cette liberté chérie par-dessus tout – lorsque on touche à n’importe lequel d’entre nous– ces « fanatiques amoureux de la liberté » comme dirait Bakounine –  c’est comme si on s’en prenait à chacun d’entre nous.

Lorsque Carlo ou Alexis tombèrent sous les balles de la police, aucune frontière ne nous empêché de ressentir que c’était aussi une part de nous qu’ils avaient assassiné…Il en va de même pour tous les anonymes tombés en Tunisie, en Egypte, en Turquie ou au Brésil et partout sur la planète car il s’agît bien d’une guerre civile mondiale…Nous sommes tous un peu mort à Gênes en 2001, en Grèce en 2008 ou à Paris en ce début de moi.

Aussi il ne fait aucun doute que le meilleur hommage que nous puissions rendre à quelqu’un qui avait pris fait et cause contre les forces réactionnaires qui gangrènent notre existence passe justement par notre détermination à ne rien lâcher dans cette lutte, et bien au contraire d’y insuffler toute la haine et la rage que nous ressentons en ce jour de colère pour que notre détermination n’en soit que décuplé et toujours plus incisive.

Qu’on nous traite d’ Ultra…aucune tolérance n’est possible. Tolérer ? Accepter l’inacceptable ? Devant quelle atrocité encore devrions nous rester des spectateurs impassibles le cul bien enfoncé dans leurs canapés le cerveau guimauve modelé sur mesure par les desseins du soi-disant bon sens démocratique. Cette insipide diarrhée verbale que nous ressert sans vergogne les hauts parleurs de la société spectaculaire marchande qu’ils soient hommes (marionnettes) politiques ou mass média. Ce même bon sens démocratique qui voudra renvoyer dos à dos « les extrêmes » , oui ceux qui luttent pour une société sans classe (donc libre et égalitaire pour tous et toutes) et ceux  qui rêvent de centre de rétention, de prison ou d’ HP pour ces voisins pallier selon si il estime que ces derniers sont soit  de dangereux envahisseurs migrants  ou  de monstrueux gauchistes traîtres à leurs nations.

 

« Notre deuil ce sera le fusil et le poignard »

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Nous n’avons rien à attendre de la parodie de justice que la Republique Bourgeoise nous tend comme un hochet sur lequel baver et s’exciter pour faire passer le temps, que la tension redescende au lieu que les esprits s’échauffent … tant qu’aux média on les aura vu nous servir avant l’heure leur propre parodie de cette parodie de justice. Ce monde de l’info ou tout doit aller  vite et si possible sentir le sperme, le sang ou le scoop pourvu que l’audimat suive, nous aura en tout cas confirmer dans toute son ignominie la gargantuesque boulimie du spectacle médiatique et sa monstrueuse capacité à tout ingéré, digéré. A intégré l’information tout en retirant sa « substantifique moëlle » pour n’en garder que cette forme scabreuse. Juste de quoi contenter la curiosité malsaine du badaud, tout en ayant tout fait auparavant pour motiver au maximum sa quête de perversion formaté.

Rien n’arrête les pantins de la société spectaculaire marchande. Ainsi on a pu voire  chacun d’entre eux tenter de tirer son bout de couverture de ce qui était devenu pour eux un évènement médiatique. Jusqu’à l’ignominie la plus crasse. Des portes paroles du front de gauche venu immédiatement faire leurs pub, la pointe des pieds sur le cadavre encore chaud de clément, dont le nom ne servait bientôt que de marche pied dans leur  quête d’ apparition sur la scène médiatique alors même que ceux qui le côtoyaient vraiment tentaient vainement de rappeler qu’il était justement critique avec nombre d’idée du front de gauche, on les entendait déjà le présenter comme « un proche de Jean luc Mélanchon » avec l’aide non dissimulé de journalistes prés à tous les raccourcis – l’idée étant de simplifier au maximum la réalité des évènements pour que ceux-ci n’apparaissent bientôt que comme l’expression du spectacle politique dans le réel. Le spectacle politico-médiatique ne fonctionnant que comme l’énonciation d’un  récit spectaculaire, un travestissement des faits consistant en quelques images tape à l’œil saupoudré de commentaire simplistes, l’assassinat de clément ne devenait bientôt pour eux que la transposition du duel théatral que nous joue Marine lepen et Mélenchon depuis quelques temps. Le course d’obstacle à l’indécence n’allait pas tardé à se trouvé d’autres champions élus UMP et PS osant ramené leur sales trognes alors qu’eux aussi faisaient partis intégrante du système contre lequel Clément Méric avait choisis de lutter. L’apothéose étant bien entendu atteind par l’invitation sur les plateaux de l’inénarable Batskin venu nous servir ses meilleurs imitations du Duce à coups de poses bustes en avant et menton levé pour salir la mémoire de notre camarade de tirade ordurière où comme d’habitude il s’agit de discrédité le  camps d’en face par des moqueries servis par un humour potache qui n’a plus rien de drôle quand il  de faire passer le meurtre d’un jeune de 19 ans pour une malencontreuse glissade.

Nous n’oublierons pas. Nous ne pardonnerons pas. Ni les assassins et le camps qu’ils défendent et représentent. Ni l’idéologie raciste et fascistoïde qui a armé le poing qu’ils ont dressé face à nos camarades. Ni les acteurs de ce système spectaculaire marchand qui n’ont vu dans cet évènement qu’un moyen de faire du buzz qu’ils s’agissent de faire parler d’eux, de faire monter l’audimat ou de guetté l’électorat. Batards, crevures et charognards…La place de vos gueules est bien sous nos semelles car vous ne valez pas plus que la merde qu’elles cotoient…

 

 ET CREVE LA VICTIMOLOGIE …

 

Et pour ceux qui cherchent à savoir qui en premier est venu chercher les autres…qu’ils ne s’y trompent pas. Face à ce genre de raclure, honneur à ceux qui ne lâche rien. Qui ne baissent pas les yeux. Qui appelle un chat un chat et un porc un porc, er qui le trâite comme tel lorsqu’il le croise. Qu’il s’appelle Esteban ou qu’il porte l’uniforme des forces de l’ordre réactionnaires. Qu’ils nous rêvent en centre de concentration ou qu’ils envoient nos frères dans des centres de rétention. La salope fasciste et policière a mille visage, il doit en être de même pour la résistance active qu’il faut lui opposer.

  COURAGE FORCE ET DETERMINATION

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Nous ne gagnerons rien durablement si on se contente d’accompagner les cortèges funéraires, d’envoyer des mandats au frères et sœurs au schtards…si il est indispensable d’afficher cette solidarité, il ne s’agit que du minimum que nous puissions faire. Et il faudra bien plus que le « minimum syndicale » pour contrer des ennemis qui  ne comptent ni leurs temps, ni leur énergie, ni leurs moyens.

Le meilleur hommage que nous pouvons rendre à Clément, comme à tous les anonymes qui tombent chaque jour dans cette guerre qui ne veut pas dire son nom c’est non seulement de faire preuve de la plus puissante  des déterminations mais aussi de leur opposer  la plus féroce des résistances armées de tous ce que nous pouvons lui apporté. De tous ce qui peut la rendre efficiente.

Et finalement c’est aussi ne pas seulement se contenter de résister, de garder les quelques acquis que nous devons à des siècles de lutte mais c’est aussi et tout d’abord trouver ou re-trouver le goût et l’énergie de l’offensive.

On trouvera ça et là, des donneurs de leçons, tueur de lutte, qui voudront nous renvoyer dos à dos avec ceux que nous combattons, qui nous opposeront que rien ne mérite qu’on meurt à 19 ans. Hors justement il faudrait déjà pouvoir vivre dans un monde ou personne ne meurent si jeune de manière si violente pour de telle raisons  pour qu’il en soit ainsi. Oh oui on aurait aimé que personne ne puisse crever à 19 ans sauf que le monde n’a pas attendu la mort de Clément pour connaître quotidiennement son lot de morts injustes…et rien ne semble ne nous détourner de cette voie dans un monde où rien ne semble pouvoir échapper à la sphère spectaculaire et marchande, et à la violence fasciste et policière qui l’a de tout temps accompagné – et ce, pour des raisons évidentesDes raisons évidentes dans un monde ou tout se calcule en terme de plus-value , enintérêts, que celui-ci prenne la forme de monnaie sonnante et trébuchante ou d’une « notoriété » synonyme de« pouvoir » dans une société où rien n’arrête l’expansion de l’importance du paraître… Plus nous ressentons la réalité morbide de ce système cannibale et plus nous avons des raisons de nous révolter, et plus les nervis de l’Etat ou ceux qui idéologiquement rêvent de nous voire en cendre pulluleront excité par un système qui les poussera toujours plus à passer à l’acte…

Si tant de monde s’époumone à nous rappeler que la vie n’a pas de prix c’est bien que chacun constate que tout semble prouver le contraire…et ça jusqu’à la nausée…

Pour nous c’est claire. Nous sommes en guerre. Nous n’avons rien à vendre. Rien à brader. Rien à acheter et tout à prendre. Aucun pardon n’est à monneyer. Nous n’avons rien à négocier. Pour l’instant on sert les dents et on hurle en silence…en murmurant qu’il faudra bien qu’il paye…

Conscient ceux qui pensent pouvoir tout acheter ne connaisse pas le prix du sang…

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Pour tous les notres qu’ils enferment

Pour tous les notres qui sont morts

 

 

RADIO KLANDESTINE PERMANENTE #28

 

idees-noires.gifEN CE JOUR DE DECEMBRE

 

FREE STYLE DECEMBRE 2011- PAROLES ENEDEKA MASKA -INSTRU ENOKAES

a l’intention de ces porcs de batards fascistes avec ou sans uiforme

En ce jour de décembre / Ici pas trop de galanterie, c’est plus Potere Operaio / depuis qu’le beat a ralenti n’importe quel pelo peut rapper yo/ Crise du isque ferment les labels ho…/les rappeurs mettent du labello / lèvres gersés / à force de sucer d’user des codes du New Jersey /t’es plutôt Jay-Z ou Jesse Jame, James et jessy / tu crois bander sur les bandits / le son d’la bande FM n’en est pas le produit / DOA ( dead on arrival) depuis la naissance / DIY ( Do it Yourself) j’draine comme une odeur d’essence…

Le matin j’ai des grosses cernes / matte mon reflet dans la seine / noircis jaunis par la pisse et l’ vomis / l’amboance malsaine des soirées parisiennes / Paris, j’aime quan ça saigne sur l’asphalte voil c’qu’il nous enseignent / Paris gêne, Les entend tu qui geignent? / Matte la galère sur notre enseigne…/ Ils en peuvent plus: reportages de peustu / sur le 93 ils donnent la parole aux teupus ./Loin des Koufahrs et des coups foireux / j’ai sentis le coups fourré / pas n de ces canassons qu’on ferre sans mettre un coups d’talon / un coups d’sabot bien ferme / de quoi faire taire donc la ferme! / Sans célébrité, célèbre l’idée de foncer au galop débridé / Pas besoin de lever les briquets on est des lanceurs de brique et / de pavés sur les brutes épaisses de la BAC et des CRS-SS / Est ce la peine de le préciser?/ Brise Lepen et ses idées pas qu’en temps de crise et prés à leur dire de fermer leurs bouches c’est anti-fascistes! /pas juste facile comme de dire que tu niquais Bush!

Moi j’nique l’arnouch c’est du sans retouche / demande à mon nouchma marlou mes p’tits garlouchas craignent le passage de l’arnoucha/ si tu parais louche ça / finit en gardav, en garre-ba grave grave gars / pas fait de cravmagga mais tu is grave de manga? / Gavé de Ken le survivant depuis la naissance…

Depuis que je suis vivant je draine avec moi comme une odeur d’essence

J’AIMERAI UN ACCEUIL DESCENT POUR LEUR PROCHAINES DESCENTES / QUITTE A LES DESCENDRE A LAISSER PARIS EN CENDRE

A FEU ET A SANG EN CE JOUR DE DECEMBRE

pour les fafs, pour les porcs

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J’AIMERAI UN ACCEUIL DESCENT POUR LEUR PROCHAINE DESCENTE / QUITTE A LES DESCENDRE A LAISSER PARIS EN CENDRE

en ce jour de décembre…

Villemomble : une femme perd un oeil après le tir de flash-ball d’un policier

Une femme a perdu un oeil après un tir de flash-ball à Villemomble (Seine-Saint-Denis) mardi. 

Une femme a perdu un oeil après un tir de flash-ball à Villemomble (Seine-Saint-Denis) mardi.  |(LP/S.F.)

Une mère de famille a été grièvement blessée à l’oeil mardi soir, après une opération de police qui a dégénéré à Villemomble (Seine-Saint-Denis), dans la cité de la Sablière.

Vers 20 heures, une patrouille de police a été alertée par la conduite acrobatique et dangereuses de pilotes de deux roues. <btn_noimpr>

Tous circulaient sans casque et dans un secteur très fréquenté. A l’arrivée de la police, ils sont parvenus à s’enfuir, sauf l’un d’eux qui a chuté au sol, facilitant son interpellation, rue Decauville.

Mais cette arrestation a été perturbée par l’interposition de jeunes qui ont encerclé lesfonctionnaires. Profitant de la diversion, le motard accidenté a réussi à s’échapper. La police est parvenue malgré tout à arrêter l’un des assaillants. C’est alors que le frère de ce dernier est intervenu à son tour. Une confusion qui a fait monter la fièvre dans la cité. Une cinquantaine de personnes se sont massées autour des policiers qui ont fait usage de leur flash ball et de gaz lacrymogène. L’un des projectiles a atteint une femme au visage. Il s’agirait de la mère des deux frères interpellés. Transportée à l’hôpital parisien des Quinze-Vingts, elle a perdu son oeil.

Les forces de l’ordre débordées

Débordées, les forces de l’ordre ont appellé des renforts. Vingt-cinq équipages (une soixantaine de policiers) ont convergé vers la rue Decauville, où la tension est encore montée. Des jets de pierre ont accueilli les renforts. Trois policiers ont été légèrement blessés et un véhicule endommagé.
Dans le quartier de la Sablière, le calme n’est pas revenu tout de suite. Deux véhicules seront incendiés dans la soirée. La tension ne retombera qu’à 1 heure du matin.

Ce mercredi, l’inspection générale des services (IGS), la police des polices, a été chargée de faire la lumière sur cette nuit de violences. Elle a commencé par entendre les deux frères, dont la garde à vue a été prolongée. Elle devrait poursuivre ses investigations en auditionnant les policiers et les témoins impliqués dans l’émeute. Parmi, eux un conseiller municipal, incommodé par les gaz lacrymogènes.

Patrice Calmejane, député maire UMP de Villemomble, s’est ému de ce lourd bilan : «Il est possible que l’ampleur de l’attroupement ait surpris les forces de police. Leur intervention a peut-être été disproportionnée», concède-t-il. Pour ramener la sérénité, les autorités ont jugé plus prudent de ne pas positionner des forces de police dans le quartier cette nuit.

Nathalie Revenu avec S.T. | Publié le 26.06.2013, 20h58 | Mise à jour : 27.06.2013, 06h22

Villemomble : pris pour un policier, un enseignant se fait agresser
Un enseignant a déposé plainte ce mercredi, après avoir été agressé dans la cité des Marnaudes, à Villemomble. Ce professeur surveillait des épreuves du Brevet des collèges, dans un établissement du secteur. A la pause déjeuner, il est sorti et c’est à son retour au collège qu’il a croisé plusieurs jeunes qui pensaient manifestement qu’il était policier, d’après ce qu’ils lui ont dit. Lui s’en est défendu, assurant être enseignant. Il n’a pas pour autant évité les coups. Il s’est fait dérober de l’argent. Il a pu prévenir les secours.
Cette agression intervient dans le quartier où l’opération de police avait dégénéré la veille.
Carole Sterlé

 

LeParisien.fr

Agen. Deux festivaliers agressés par sept skinheads

oncert prairie du pont-canal

Le site de la prairie du pont-canal, hier matin. L’agression aurait eu lieu non loin de là, avenue du Général-de-Gaulle. / Photo Morad Cherchari

Deux jeunes de 25 ans qui avaient participé en tant que spectateurs au festival rock de la prairie du pont-canal, samedi soir à Agen, ont été passés à tabac par sept individus (dont deux filles) issus de la mouvance d’extrême droite skinhead, ou identifiés comme sympathisants du groupuscule «Troisième Voie» pour certains.

Les agresseurs présumés, en embuscade et alcoolisés, leur seraient tombés dessus avenue du Général-de-Gaulle.

Lorsque les deux jeunes ont quitté la manifestation, vers 3 heures, ils ont été interpellés par un membre du groupe qui leur aurait demandé s’ils sortaient du festival. À partir de là, ils se sont vu infliger des violences en réunion. Des injures racistes auraient également été proférées à l’encontre d’une des victimes, d’origine maghrébine, rappelant les traques et les heures sombres de la fin des années 70.

«Pas de place pour le racisme et la violence»
Le festival de la prairie du pont-canal, une institution, a été fondé par des bénévoles qui appartiennent au cercle d’études libertaires, un courant de pensée qui flirte avec l’extrême gauche et les mouvements «anar». Une sensibilité idéologique devenue, comme en témoigne le drame récent qui s’est conclu par la mort du jeune Clément Méric, une cible de choix pour les mouvances extrémistes. Les organisateurs du festival déploraient, hier matin, le fait que «depuis quatre ans, des agressions sont commises à la fin des concerts. Nous les condamnons. Voilà 40 ans que ce festival existe et il n’y a pas de place pour le racisme et la violence». D’autant que cette année, les faits ont franchi un seuil de gravité, si on se fie à la volonté affichée par les auteurs d’en découdre. Une plainte sera déposée par les membres du festival. Pour les bénévoles, la manifestation a de tout temps été prétexte à une fête populaire rassemblant des mélomanes, «mais avec le contexte actuel et comme en atteste la mort de Clément Méric, certains n’hésitent plus à frapper».

Les victimes ont subi des traumatismes à la face et au niveau des vertèbres, occasionnant jusqu’à 15 jours d’ITT.

Les sept agresseurs présumés, âgés de 22 à 30 ans, ont été interpellés par la police et placés en garde à vue. Gardes à vue prolongées hier soir pour un certain nombre. Selon les témoignages, un poing américain et une matraque auraient été exhibés lors de l’agression. L’heure était aux auditions, hier, pour tenter de connaître les motivations des auteurs. Certains sont «fichés» par la police. Mais la violence gratuite aux relents haineux avec un délit de faciès semblait privilégiée.

C.St-.P.
http://www.ladepeche.fr/

Meurtre de Clément : halte aux mensonges !

antifapCommuniqué de l’Action Antifasciste Paris / Banlieue, 25 juin 2013 :

Depuis ce matin, l’ensemble de la presse en ligne reprend une information de RTL, au sujet d’une vidéo de la mort de notre camarade et ami Clément, sans la vérifier. A l’instar des journalistes qui diffusent ces calomnies nous n’avons pu visionner cette vidéo. Nous rejetons toutefois formellement l’interprétation qui en est faite. Les camarades présents avec Clément le 05 juin maintiennent leur version :

-oui il y a eu des échanges verbaux à l’intérieur du magasin devant les messages ouvertement racistes et tombant sous le coup de la loi arborés par les skinheads

 

-l’agression physique survenue à l’extérieur du magasin est le fait des skinheads qui se sont approchés, ont encerclé nos camarades puis les ont agressés. Les militants néonazis étaient armés de coups de poing américains et ont tué Clément Méric.

Il est donc impossible que des images montrent Clément se précipiter vers son agresseur pour lui porter un coup dans le dos. C’est au contraire Esteban qui a quitté le centre de la rue pour se diriger vers Clément. Les militants d’extrême-droite eux-mêmes n’ont jamais prétendu que Clément se soit précipité vers eux pour les frapper par derrière.

Les mensonges relayés dans la presse ne font qu’ajouter à la douleur de ses proches.

Paris, le 25/06/13

Avis de tempête

blog fascismeVoici un article publié par un site internet (dont nous ne partageons pas la ligne politique) qui décortique assez bien le discours de JP Morgan Chase, une énorme holding financière américaine, théorisant une contre-révolution préventive pour mettre en place des régimes autoritaires (notamment en Europe) dans un contexte de crise économique. Le point de vue de l’ennemi, exprimé avec un culot révélateur.

Dans un document publié à la fin du mois de mai, le géant des banques d’investissement américain JP Morgan Chase réclame l’abrogation des constitutions démocratiques bourgeoises établies après la Seconde Guerre mondiale dans une série de pays européens et la mise en place de régimes autoritaires.

Le document de 16 pages a été réalisé par le groupe Europe Economic Research de JPMorgan et est intitulé « L’ajustement de la zone euro – bilan à mi-parcours. » Le document commence par faire remarquer que la crise de la zone euro a deux dimensions.

Pour commencer, il affirme que des mesures financières sont nécessaires pour garantir que les principales institutions d’investissement comme JPMorgan puissent continuer à engranger d’énormes bénéfices de leurs activités spéculatives en Europe. Ensuite, les auteurs soutiennent qu’il est nécessaire d’imposer des « réformes politiques » destinées à supprimer l’opposition aux mesures d’austérité massivement impopulaires qui sont appliquées au nom des banques.

Le rapport exprime sa satisfaction vis à vis de l’application par l’Union européenne d’un certain nombre de mécanismes financiers visant à garantir les intérêts bancaires. A cet égard, l’étude souligne que la réforme de la zone euro en est pratiquement à mi-chemin. Mais le rapport réclame aussi davantage d’action de la part de la Banque centrale européenne (BCE).

Depuis l’éruption de la crise financière mondiale de 2008, la BCE débloque des milliers de milliards d’euros en faveur des banques pour leur permettre d’effacer leurs créances douteuses et de redémarrer une nouvelle série de spéculations. En dépit d’une pression grandissante venant des marchés financiers, le chef de la BCE, Mario Draghi a déclaré l’été dernier qu’il ferait le nécessaire pour consolider les banques.

En ce qui concerne les analystes de JPMorgan, ceci n’est cependant pas suffisant. Ils exigent de la part de la BCE une « réponse plus spectaculaire » à la crise.

Les critiques les plus dures du document sont cependant formulées à l’égard des gouvernements nationaux qui ont mis bien trop de temps à appliquer le genre de mesures autoritaires nécessaires à l’imposition de l’austérité. Le processus d’une telle « réforme politique » précise l’étude, a « même à peine commencé. »

Vers la fin du document, les auteurs expliquent ce qu’ils entendent par « réforme politique. » Ils écrivent : « Au début de la crise l’on avait pensé que ces problèmes nationaux hérités du passé étaient en grande partie d’ordre économique, » mais « il est devenu manifeste qu’il y a des problèmes politiques profondément enracinés dans la périphérie qui, à notre avis, doivent être changés si l’Union monétaire européenne (UME) est censée fonctionner à long terme. »

Le document détaille ensuite les problèmes existant dans les systèmes politiques des pays de la périphérie de l’Union européenne – la Grèce, l’Espagne, le Portugal et l’Italie – qui sont au centre de la crise de l’endettement en Europe.

Les auteurs écrivent: « Les systèmes politiques de la périphérie ont été établis après une dictature et ont été définis par cette expérience-là. Les constitutions ont tendance à montrer une forte influence socialiste, reflétant la force politique que les partis de gauche ont acquise après la défaite du fascisme. »

« Les systèmes politiques autour de la périphérie affichent de manière typique les caractéristiques suivantes : des dirigeants faibles ; des Etats centraux faibles par rapport aux régions ; une protection constitutionnelle des droits des travailleurs ; des systèmes recherchant le consensus et qui encouragent le clientélisme politique ; et le droit de protester si des modifications peu appréciées sont apportées au statu quo politique. Les lacunes de cet héritage politique ont été révélées par la crise. » Quelles que soient les inexactitudes historiques contenues dans leur analyse, il ne peut y avoir l’ombre d’un doute que les auteurs du rapport de JPMorgan plaident pour que les gouvernements adoptent des pouvoirs de type dictatorial afin de mener à bien le processus de contre-révolution sociale qui est déjà bien avancé à travers toute l’Europe.

En réalité, il n’y avait rien de véritablement socialiste dans les constitutions établies durant la période d’après-guerre partout en Europe. De telles constitutions visaient à garantir le régime bourgeois dans une situation où le système capitaliste et ses agents politiques avaient été totalement compromis par les crimes des régimes fascistes et dictatoriaux.

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La gauche au pouvoir au service du capital

           

 

 

Jean-Pierre Garnier et Louis Janover  proposent une analyse critique du Parti socialiste. Les gouvernements de gauche adaptent la société au capitalisme moderne pour défendre les intérêts de la nouvelle petite bourgeoisie.

 

Il existe peu d’analyses critiques sur la gestion du pouvoir par la gauche. Depuis mai 2012, François Hollande et le Parti socialiste (PS) dirigent la France. Pour éclairer ce phénomène, les éditions Agone republient un ancien livre de Jean-Pierre Garnier et Louis Janover daté de 1986. Pour ses auteurs, la gauche n’a pas trahie lorsqu’elle est arrivée au pouvoir. Au contraire, les mutations du capitalisme exigent une gestion politique différente, par la gauche de la bourgeoisie. Leurs analyses, inspirées par Karl Marx, rejetent la critique moralisante de la gauche pour privilégier une analyse de classe.

Le PS n’est plus un parti social-démocrate avec une base de prolétaires. Au contraire, c’est un appareil de bureaucrates et de professionnels de la politique. François Hollande ne se présente même pas comme un socialiste réformiste, mais comme le meilleur gestionnaire du capital face aux excès de la droite de Nicolas Sarkozy.

 

 

 

deuxieme droite

 

Une nouvelle gestion de gauche du capitalisme

 

Jean-Pierre Garnier et Louis Janover, avec René Loureau et Alain Bihr, ont écrit une tribune dès 1981. Dans un contexte d’enthousiasme pour le retour de la gauche au pouvoir, ils dénoncent une fausse alternance qui ne modifie pas les structures du capitalisme. Au contraire, le PS s’attache à « associer à la gestion du système les nouvelles couches moyennes intellectuelles et techniciennes qu’il avait sécrétées », soulignent les auteurs. La bourgeoisie évolue et une petite bourgeoisie intellectuelle émerge. Les dirigeants du pays doivent être à l’image de ses nouvelles classes sociales. Des gestionnaires responsables doivent donc assurer la paix sociale. Les idées utopistes et révolutionnaires sont désormais congédiées pour se plier au réalisme froid de la gestion du capital. Le socialisme de la médiocrité incarne la voie médiane qui doit convaincre les classes moyennes. « Il fait de la reproduction du capital l’horizon indépassable de notre temps », observent les auteurs.

 

Le socialisme moderne provient du PSU, le parti de Michel Rocard proche de la CFDT. Dans l’après Mai 68, ce parti défend la grève générale et le socialisme autogestionnaire. Mais ses idées débouchent surtout vers une nouvelle forme de gestion du capitalisme, plus décentralisée et moins autoritaire. La critique de l’État par le PSU ne débouche pas vers le communisme libertaire mais vers un socialisme qui laisse davantage de place au marché. A défaut de gestion directe des travailleurs, les salariés peuvent participer aux délocalisations, aux fermetures et aux licenciements.

Ce socialisme moderne s’attache au juste milieu, au « ni, ni » et valorise l’économie mixte entre l’État et le marché. Les idées de cette « deuxième gauche », opposée à la planification étatique, irriguent le PS.

 

Les conservateurs s’attachent à ce que tout change pour que rien ne change. Dans ce sens, les socialistes apparaissent comme des parfaits conservateurs. Ils font l’apologie de la « modernisation » du capitalisme. Jean-Pierre Garnier et Louis Janover énumèrent les expressions de la novlangue socialiste : « restructurations économiques, innovations technologiques, réaménagements institutionnels, recompositions sociales, réajustements politico-idéologiques, rénovations culturelles… ». Tous les changements apparents visent surtout à sauver le système capitaliste.

Les dominés doivent désormais autogérer leur propre domination. Le capitalisme colonise tous les aspects de l’existence. Mais ses tendances ne sont pas nouvelles. « L’inclusion des loisirs, de la sociabilité ou même des sentiments intimes dans le champ du profit » est observée par les marxistes hétérodoxes qui critiquentl’aliénation. Karl Marx souligne déjà la capacité de la bourgeoisie à « révolutionner constamment les instruments de production » pour permettre d’élever ou de maintenir le taux de profit.

Ensuite, cette idéologie du socialisme moderne vise à éradiquer tout projet de société alternative. La rupture avec l’État et le capitalisme est désormais assimilée au totalitarisme, un concept creux devenu à la mode. Surtout, l’ordre social n’est plus qualifié de capitaliste. Dès lors, ceux qui s’en prennent à la modernité sont taxés d’archaïsme. « C’est qu’à défaut de transformer les monde, on peut toujours transformer les idées qui courent à son sujet ! », ironisent Jean-Pierre Garnier et Louis Janover. La gauche masque sa politique d’austérité en invoquant l’euphémisme de la rigueur.

Mais le PS s’attache à revaloriser les idées des capitalistes. Profit, argent, entreprise, compétitivité deviennent les nouvelles idoles de la gauche moderne. La pensée politique sur laquelle s’appuie le prolétariat est laminée.

 

 

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La politique de gauche pour adapter la société au capitalisme moderne

 

Le nouveau socialisme n’est pas vraiment moderne puisqu’il reprend la politique et le discours du vieux libéralisme. Mais la véritable nouveauté réside dans la communication. Les publicitaires diffusent les messages du gouvernement. Une intense propagande, désormais appelée pédagogie, doit faire accepter la politique d’austérité. « Pour évaluer la capacité à diriger un pays, les talents médiatiques importent plus que les aptitudes politiques », observent Jean-Pierre Garnier et Louis Janover.

La politique se réduit désormais à une « politique de communication ». Le divertissement et les débats télévisés rythment la vie politique. La démocratie représentative se réduit effectivement à une simple représentation. Le débat politique devient particulièrement médiocre et se focalise sur le dérisoire. Le projet socialiste disparaît au profit d’un produit marketing.

 

Les socialistes deviennent des bons gestionnaires du capitalisme. Les nationalisations permettent de relancer des secteurs industriels mal gérés par les patrons. Les entreprises nationalisées peuvent alors bénéficier d’importants investissements. Mais la structure hiérarchique des entreprises n’est jamais modifiée. « Placé bien en vue pour attiré l’œil, l’objectif social se trouvait en réalité subordonné à l’objectif économique », résument Jean-Pierre Garnier et Louis Janover. Les entreprises gérées par l’État doivent devenir rentables et compétitives. Le capitalisme d’État ne se distingue pas du capitalisme privé.

La décentralisation ne vise pas à affaiblir l’État central mais uniquement l’administration. Le PS s’attache surtout à faire évoluer la gestion étatique de la société. Cette réforme « tendait précisément à moderniser la gestion de l’espace hexagonal pour l’adapter aux besoins du capital », analysent Jean-Pierre Garnier et Louis Janover. La bureaucratie centrale laisse place en partie à l’autocratie municipale. La hiérarchie entre dirigeants et dirigés perdure à l’échelon local et la décentralisation se distingue fortement de l’autogestion de la vie quotidienne. « En somme, dans la démocratie locale comme dans la démocratie sociale, l’autogestion, c’est l’affaire des technocratie municipales ou des bureaucraties syndicales », observent Jean-Pierre Garnier et Louis Janover. Ses réformes permettent surtout la promotion politique d’une classe de cadres issue de la petite bourgeoisie intellectuelle. Cette nouvelle élite de gestionnaires intermédiaires s’interpose entre les gouvernés et les gouvernants.

Les lois Auroux visent à adapter l’entreprise au capitalisme moderne. La gestion centralisée et hiérarchique semble révolue. Les salariés doivent devenir autonomes pour davantage s’impliquer dans l’entreprise, devenir rentables et performants. Sur fond de christianisme social, de nouvelles formes de management peuvent émerger. L’humanisme catholique modernise l’exploitation. Toute forme de conflit social doit être éradiquée par le contrat et la concertation.

L’école et l’université doivent également se conformer aux besoins des entreprises. Des salariés dociles et adaptables doivent sortir du moule scolaire.

 

Sur le plan international, le pouvoir socialiste se range du côté des États impérialistes. Mitterrand défend l’Occident aux côtés des États-Unis de Ronald Reagan. Le président socialiste soutient les dictateurs africains et abandonne toute idée de pacifisme et de solidarité internationale. Mieux, les socialistes réhabilitent l’armée et valorisent le commerce d’armes.

Les intellectuels de gauche ne dénoncent pas les barbouzeries du pouvoir socialiste, notamment le torpillage du Rainbow Warrior, le bateau des écologistes de Greenpeace. Les intellectuels dénoncent surtout le totalitarisme, associé à la pensée de Marx. En Pologne, il soutiennent le syndicat Solidarnosc qui s’oppose à l’URSS mais qui s’attache surtout à contenir la colère ouvrière.

 

 

 

                   

 

La gauche et la nouvelle petite bourgeoisie

 

Les premières réformes des socialistes, avant le tournant de la rigueur, visent à rassurer les électeurs et à affaiblir le Parti communiste (PC). Mais les socialistes font rapidement l’apologie de la rentabilité, de la compétitivité et du profit. Les entreprises ne sont pas considérées comme des adversaires mais comme des partenaires. Seule la gauche peut mener une politique d’austérité sans susciter l’hostilité des syndicats et de la population. Le socialisme français n’a pas échoué ou trahi. Il s’inscrit dans sa logique de classe qui doit permettre le développement du capitalisme.

 

Le socialisme moderne correspond à l’émergence d’une nouvelle classe sociale : la petite bourgeoisie intellectuelle. Cette classe joue les intermédiaires entre dirigeants et dirigés. Les activités socio-éducative, culturelles, d’information permettent d’encadrer le prolétariat pour réguler le système social. La classe dirigeante délègue des fonctions de direction à cette nouvelle petite bourgeoisie.

L’importance numérique et surtout le poids culturel de cette classe intermédiaire ne cesse d’augmenter. Pourtant, la nouvelle petite bourgeoisie reste marginalisée dans le domaine politique. « Préposée par la division du travail aux tâches de conception, d’organisation, de contrôle et d’inculcation, elle entendait bien voir sa vocation médiatrice également reconnue et utilisée dans le champ politique », analysent Jean-Pierre Garnier et Louis Janover. L’opposition de la petite bourgeoisie se radicalise jusqu’à contester le capitalisme en Mai 68.

Dans les années 1980, l’ambition de ses travailleurs intellectuels devient plus modeste mais plus conforme à leur classe sociale. Ils ne veulent plus changer le monde mais adapter la société française aux mutations du capitalisme moderne. La bourgeoisie doit renouveler les formes de la domination et fait donc appel à la petite bourgeoisie intellectuelle. Cette classe sociale demeure « l’agent subalterne de la reproduction du système », observent Jean-Pierre Garnier et Louis Janover.

Mais l’intellectuel petit bourgeois refuse de paraître pour ce qu’il est. Il se distingue par la dénégation de sa propre classe sociale. « Il est aveugle, ou feint de l’être, sur le rapport entre son action ou sa réflexion et ses conditions concrètes d’existence », observent Jean-Pierre Garnier et Louis Janover. La nouvelle petite bourgeoisie se consacre à la mystification de l’ordre social. L’éducation et la culture, dont elle est l’agent, est censée permettre l’épanouissement individuel et non l’aliénation ou l’encadrement. Pour bien tromper le prolétariat, la petite bourgeoisie doit elle-même être aliénée et ne pas avoir conscience de son rôle social.

La petite bourgeoisie change alors d’idéologie. Les anciens gauchistes Roland Castro, Régis Debray ou Henri Weber deviennent les fidèles laquais du nouveau pouvoir. Ils abandonnent leurs idées révolutionnaires pour faire l’apologie de la modernité marchande. « Les affreux exploiteurs, vils profiteurs et autres extorqueurs de plus-value se sont transmués en animateurs, en créateurs de richesses, jeunes créateurs sympas », raillent Jean-Pierre Garnier et Louis Janover.

 

La petite bourgeoise semble fascinée par les révolutions dans les pays du tiers-monde. Elle s’identifie aux intellectuels qui dirigent le peuple, marquent leur empreinte dans l’histoire et accèdent à des postes de pouvoir.

Les cadres et professions intellectuelles n’aspirent pas à la rupture avec le capitalisme qui débouche vers l’abolition de leur classe d’intermédiaire. En revanche, cette catégorie sociale s’attache à une « voie moyenne » à travers un capitalisme étatisé. « La petite bourgeoisie intellectuelle, qui tire de l’État son existence, ses pouvoirs, ses ressources, ses privilèges fait de son père nourricier un deus ex machina », analysent Jean-Pierre Garnier et Louis Janover. Cette classe sociale aspire à moderniser le capitalisme, à travers l’intervention de l’État, et non à s’en débarrasser. La fétichisation du secteur public demeure l’une de ses caractéristiques. Michel Rocard, au PSU ou au PS, incarne cette petite bourgeoisie moderniste et son idéal. « En finir, non plus avec le capitalisme, mais avec l’irrationalité de son fonctionnement et l’immoralité de ses excès », résument Jean-Pierre Garnier et Louis Janover. La société marchande doit être régulée, aménagée et encadrée, mais surtout pas supprimée.

 

 

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Une critique radicale de la gauche

 

La petite bourgeoisie impose également une idéologie postmoderne. Contre « les grands récits émancipateurs », ce discours valorise la petitesse avec les micro expériences et les révolutions minuscules. Les minorités deviennent le nouveau sujet de révolutions qui ne peuvent être que moléculaires. L’immédiateté et l’action concrète priment sur les utopies lointaines. Le mondial est délaissé au profit d’une exaltation du local, de l’ici et maintenant. Évidemment, cet horizon limité refuse la perspective d’un au-delà du capitalisme.

Le rapprochement entre la gauche et la droite alimente la vacuité de la politique. La communication et le marketing priment sur l’élaboration des programmes. « Nul projet à l’horizon, sinon la reproduction perpétuelle de ce qui est », résument Jean-Pierre Garnier et Louis Janover. La politique se réduit toujours plus à la gestion. La compétence et l’efficacité à faire tourner la boutique France sont valorisées. Mais la politique devient vide de sens.

 

Ce livre peut faire l’objet de deux lectures. Une lecture rapide rejoint les thèses du Front de gauche, de la gauche de gauche et des lecteurs du Monde diplomatique. Selon ce courant, la gauche a trahi les espérances du peuple. Les socialistes ont dérégulé l’économie, bradé les services publics et ont imposé un néolibéralisme version française. Surtout, le PS est considéré comme une « fausse gauche », comme une « deuxième droite » pour reprendre ce mauvais terme. Cette lecture est évidemment favorisée par le titre de l’ouvrage qui alimente la confusion et l’imprécision.

Cette analyse basique est fausse. Le PS, loin d’avoir trahi le peuple de gauche, s’attache à défendre les intérêts de la nouvelle petite bourgeoisie. Dans ce sens, il s’attache à adapter la société au capitalisme moderne. Une vraie gauche, du type de celle de Mélenchon, conduirait la même politique une fois au pouvoir. Le Front de gauche et l’extrême gauche défendent les intérêts d’une fraction déclassée de la petite bourgeoisie. La défense de l’État rejoint les intérêts de classe des fonctionnaires et des salariés du secteur public.

Mais le Front de gauche ne défend pas les intérêts de la majorité des exploités. Ce cartel électoral refuse tout mouvement de rupture avec l’État et le capitalisme. Dans le livre de Garnier et Janover, ce n’est donc pas le jugement moral contre la « deuxième gauche » qui semble intéressant. Mais l’analyse de classe du socialisme français qui pourrais s’appliquer à l’extrême gauche étatiste et citoyenniste. Ce serait effectivement un moyen d’actualiser cette réflexion critique, mais avec des conclusions politiques moins consensuelles.

 

D’ailleurs cette extrême gauche n’hésite pas à s’associer au PS pour défendre ses intérêts de classe. Dernier exemple en date, les bureaucrates du Front de gauche ont dénoncé le « sectarisme » des antifascistes et des libertaires qui dénoncent larécupération politicienne  de la mort de Clément Méric. Ses politiciens nient la nature de classe du PS car, malgré une communication différente, ils défendent les mêmes intérêts et la même politique. Dans les luttes sociales, les libertaires doivent se tourner vers la majorité des exploités et non vers les organisations du mouvement social. Les syndicats, les partis, les associations défendent les intérêts de cette nouvelle petite bourgeoisie. D’ailleurs leur programme reste conforme au réformisme de la social-démocratie historique. Au contraire, seule l’auto-organisation des prolétaires ouvre la perspective d’une société sans classes.

 

Source : Jean-Pierre Garnier et Louis Janover, La Deuxième Droite, Agone, 2013 (Première édition : Robert Laffont, 1986)

 

 

Articles liés :

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Marx, penseur de l’anarchie selon Rubel

Élections : piège à moutons

 

 

Pour aller plus loin :

« La deuxième droite » avec Jean-Pierre Garnier (entretien vidéo), publié sur le site des Mutins de Pangée en mai 2013

La deuxième droite : comment le PS au pouvoir conforte le capitalisme mieux que ses prédécesseurs, entretien avec Jean-Pierre Garnier, émission Libertés sur paroles du 6 mai 2013

La « gauche » n’est pas une deuxième droite… c’est la gauche du capital, publié sur le site Voostanie le 29 mai 2013

Textes de Louis Janover sur le site du collectif Smolny

La chronique de Jean-Pierre Garnier sur le blog des éditions Agone

Textes de Jean-Pierre Garnier sur le site « Nouveau millénaire, Défis libertaires »

Articles de Jean-Pierre Garnier sur la revue en ligne Divergences

Articles de Jean-Pierre Garnier publiés dans Le Monde libertaire

http://zones-subversives.over-blog.com/

L’anticapitalisme d’Égalité & Réconciliation (ou comment dénoncer la finance sans toucher aux banques)

On connaît le valeureux combat mené par Alain Soral contre l’Empire talmudo-thalassocratique de la haute-finance, avec les risques énormes que cela comprend : en effet, on a tous bien conscience qu’il faut être sacrément viril pour dénoncer comme il le fait la lutte à mort de l’abstraction mathématique et du logos helleno-chrétien depuis au moins Clovis II.

Et, bien entendu, on en profite pour saluer l’infatigable travail de pédagogie qu’assure le Maître auprès de ses disciples, non seulement en les initiant chaque mois aux livres interdits par le système, mais en les leur vendant directement sur son site Kontre-Kulture (par chèque ou via Paypal).

(D’ailleurs, à ce propos, petit conseil aux soraliens fauchés qui trouveraient que la dissidence finit par coûter cher: Drumont, Bernanos, Toussenel et bien d’autres auteurs impitoyablement censurés que Soral vous vend déjà ou va bientôt vous vendre, se trouvent en fait gratos sur gallica.fr, l’interface numérique de la Bibliothèque Nationale. Plus malin la subversion !)

Par contre il reste visiblement pas mal de boulot à faire, et c’est en tout cas ce qu’on s’est dit en tombant sur la page d’E&R consacrée à « la manifestation antifasciste qui dégénère ».

Y est reproduit un article de la Croix – pas celle de 1900, « journal le plus antijuif de France », mais bien celle d’aujourd’hui avec toutes les pénétrations maçonniques que l’on sait ! –, article dans lequel le ministre Valls dénonce avec une indignation toute républicaine la dégradation de « nombreuses vitrines, notamment d’établissements bancaires ».

Or, on trouve également sur cette page près de soixante commentaires de soraliens, tous bizarrement unanimes à joindre leurs plaintes à celle du ministre de l’Intérieur. Par exemple :

…comprenne en effet qui pourra comment Valls est devenu tout d’un coup si pertinent et les « Vitrines de Banque » si précieuses !

En fait, on aura surtout compris ce qu’est l’anticapitalisme selon E&R, avec son gourou qui aime tant les tenues de flic et de maton : « Ami dissident, combats sans relâche la Haute-Banque judéo-martienne mais surtout touche pas au distributeur ».

http://quartierslibres.wordpress.com/

Protectionnisme

billets eurosVoici un article de nos camarades du collectif Tantquil, décortiquant les arnaques protectionnistes, fausses solutions simplistes que certains à droite comme à gauche aiment ressortir en ces temps de crise. Il faudra encore le rappeler: le patriotisme économique des imbéciles et la mondialisation débridée ne sont que les deux faces de la même pièce. Face aux différentes formes de capitalisme, l’alternative est uniquement internationaliste et révolutionnaire. La suite de l’article est en lien.

Les idées nationalistes resurgissent en Europe. C’est qu’en temps de crise, le passé fait recette. Et on ne parle pas ici de mettre en avant la danse folklorique dans le Poitou et les plus belles chansons de Patrick Sébastien : Nos nouveaux Saint Louis et Jeanne d’Arc (ou Mireille, on sait plus) s’attaquent à l’économie. Alors voici un petit Kit de démontage de ces discours, qui font l’objet d’un quasi consensus sur l’échiquier politique, depuis l’extrême-droite version Soral, jusqu’à la gauche du PS.

De nos jours, un ouvrier tout jaune coûte moins cher qu’un ouvrier « made in France » (même s’il est tout jaune d’ailleurs… à vous dégoûter d’employer des français). Et comme dans la pub Duracell, un ouvrier chinois travaille carrément plus longtemps. Du coup, les patrons tendent à s’installer à Pékin plutôt qu’à Maubeuge.

Alors, depuis quelques années des discours protectionnistes se développent. Pour contrer les délocalisations, il faudrait « produire et acheter français ». Et si les gens préfèrent acheter chinois quand même : qu’a cela ne tienne, on taxe fortement les produits en provenance de Chine, et bing, ils valent super cher, et ne sont donc plus si compétitifs que ça.

Avec un bon coup d’intervention de l’État, un peu de stratégie industrielle de derrière les fagots, on se retrousse les manches, et au boulot les prolos !

En commençant la lecture, on pourrait se dire « mais ils sont tarés, si on intervient pas pour sauver l’emploi, alors les prolos du coin n’ont plus qu’a se faire virer sans rien dire» ?

Bien entendu que non. Simplement, le discours nationaliste qui tend à mettre en cause les pauvres bougres qui bossent à l’autre bout du monde, est une farce sinistre.

 RAPPEL : il n’y a pas de « fin de l’industrie ». En revanche une grande partie de la production industrielle est partie des pays du centre, ou le capitalisme est né, pour aller vers les pays de la périphérie. ( Par exemple la Chine, mais aussi l’Inde, le Vietnam…)

Si on parle de centre et de périphérie, c’est que ce sont des termes qui nous semblent plus clairs, moins confus que « pays riches» ou « émergents ».

Centre et périphérie renvoie ainsi a la manière même dont le capitalisme s’est développé : partant de certaines régions du monde (le centre) pour investir progressivement les pays alentours, puis l’ensemble du monde ( la périphérie). De plus, ces termes renvoient directement aux relations de puissances entre ces différentes régions du monde, relations issues du développement du capitalisme.

 Ainsi, si pendant toutes ces années (en particulier les dites « 30 glorieuses ») on a pu avoir un capitalisme qui bon an mal an, assurait un emploi plus ou moins pour tous ici, c’est parce qu’on fabriquaient et refourguaient des cercueils au reste du monde et avec leurs propres arbres en plus. A ce sujet, voir notre article sur l’industrialisation.

Arnaque N°1«  Il faut relocaliser la production »

(Entendre : il faut diviser par deux les salaires. »)

Comme on le disait donc, jusqu’au années 70, l’industrie dans les pays de la périphérie, c’était quasi que dalle. Maintenant les prolos des pays périphériques fabriquent eux-mêmes leurs cercueils (et les nôtres), et le chômage explose ici… Ça s’appelle faire jouer la concurrence entre les ouvriers.

Et la deuxième étape, c’est le chantage : OK on revient vous faire bosser, mais faut être moins gourmand les cocos. Bah oui, pour inciter les patrons à relocaliser, il faudrait encore que les prolos français soient rentables… Ce qui veut dire beaucoup moins payés.

C’est déjà le principe des « aides à l’embauche » ou des « aides à la préservation de l’emploi » : en général, il s’agit d’autoriser les patrons à ne pas payer « les charges », c’est à dire les salaires indirects. En somme, c’est donner aux patrons une partie de nos salaires pour qu’ils restent ! Et pourquoi pas des ONG « SOS Patrons » tant qu’on y est ?

 Car ne nous leurrons pas, pour être compétitifs dans la concurrence internationale, faut trinquer : sans même chercher hors d’Europe, le salaire minimum en Bulgarie, c’est moins de 200 euros. Et en Grèce, avec toutes les mesures qu’ils se sont pris dans la tronche, c’est 570 euros : y a de la marge !

C’est tout l’enjeu des accords-chantage à l’emploi qui fleurissent en Europe, de l’Espagne à l’Allemagne en passant par Dunlop en France : nous faire accepter la baisse des salaires, et avec le sourire en prime, c’est pour la Patrie!

Pourtant, et c’est là ou on voit que ces discours sont clairement de l’arnaque, même avec une baisse importante des salaires, les ouvriers, en France ou en Allemagne, ne sont pas prêt de se retrouver au niveau des Chinois.

Et c’est pas nous qui le disons, c’est Phillipe d’Arvisenet, chef économiste pour BNP Paribas:

« Le coût du travail en Chine est très inférieur à ce qu’il est dans les pays de l’OCDE. Si l’on prend comme référence des pays comme l’Allemagne, la France, les Etats-Unis d’un côté et la Chine de l’autre, on a un écart au niveau des salaires qui va de 1 à 20.

Pour dire les choses autrement, 10 euros de salaire horaire ici c’est ½ euro de salaire horaire en Chine. Cela n’épuise pas le sujet du coût du travail puisqu’il y a bien d’autres choses qui rentrent dans le coût d’un produit qu’on fabrique à partir du travail, notamment les gains de productivité.
Le niveau de productivité en Chine est très inférieur à ce qu’il est dans des pays comme la France, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne. Il y a un écart de 1 à 3, grosso modo, entre ces niveaux de productivité, ce qui vient relativiser énormément le coût du travail, et là on passe d’un écart de 1 à 20, selon la manière dont on voit les choses, à un écart qui est plutôt de 1 à 6 ou 1 à 7. »

En somme, même une fois calculé la productivité horaire, qui est trois fois plus importante en France ou en Allemagne à celle de la Chine (« écart de 1 à 3″), pour que les capitalistes puissent produire aussi peu cher ici qu’en Chine,  il faudrait encore couper les salaires en 8…

D’autant que là bas, les capitalistes sont déjà en train de penser que les ouvriers chinois coûtent trop cher, et veulent délocaliser…. On est pas sorti de l’auberge. Ainsi, en Chine, on parle depuis déjà plusieurs années de délocalisation dans l’intérieur du pays, ou vers l’étranger, ou les salaires sont encore plus bas.

En résumé, les patrons n’ont rien contre relocaliser la production : mais avec des salaires de galériensIls n’ont pas le choix, s’ils veulent maintenir leurs profit ! Ce n’est donc en rien une « solution » pour nous. Juste un mytho de plus pour justifier les attaques contre les prolos.

 Mais on entend déjà les partisans du protectionnisme avec leurs solutions miracle : si les gens du coin n’achetaient que les produits du coin, y aurait plus de problème de compétition avec les Chinois, non ? Et paf, plus de problèmes de pressions sur les salaires ? C’est ce qu’on va voir.

Collectif « Tant qu’il y aura de l’argent » – Article complet en lien

[Flics, porcs, assassins] Vérité et justice pour Youcef Mahdi

Melun : la police visée par une plainte après la noyade d’un jeune homme

Il y a un an, Youcef Mahdi se noyait dans la Seine en tentant d’échapper à un contrôle d’identité. Ce mardi, sa mère a annoncé avoir porté plainte contre la police.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/03/33.jpgTÉLÉCHARGER L’AFFICHE

Il s’est noyé sous les yeux de la police. La mère d’un jeune homme de 24 ans, qui s’était noyé dans la Seine à Melun il y a un an en voulant échapper à un contrôle d’identité, a indiqué mardi avoir déposé une plainte avec constitution de partie civile visant la police, après une procédure classée sans suite.

Yamina Mahdi a porté plainte contre X pour “omission de porter secours” à son fils Youcef. Selon elle, les policiers ont tardé à appeler les pompiers, demandant d’abord des renforts, et ils ont empêché ses amis de plonger pour le secourir. Youcef “a sauté parce qu’il avait très peur de retourner en prison” s’il était mis en cause pour sa consommation de cannabis [Comme dab’, la presse et la police rendent coupable la victime et la discréditent devant l’opinion publique… – Liste de discussion du réseau Résistons Ensemble, 12 juin 2013 à 15h43], a-t-elle raconté.

Recherché pour violences conjugales

“Les policiers se sont moqués de lui” lorsqu’il était dans l’eau au lieu de lui porter secours, et ses amis ont dû pousser l’un des agents dans l’eau pour qu’il tente de le secourir, a-t-elle ajouté.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/06/0611.jpgMelun (Seine-et-Marne), le 6 juin 2012. Des amis de Youcef étaient venus lui rendre hommage le lendemain du drame.

Une enquête confiée à l’époque à la brigade criminelle de la police judiciaire de Versailles, pour vérifier notamment “si les conditions du contrôle (d’identité) et de l’intervention du service de police (…) étaient régulières” a démontré “que la victime s’était jetée volontairement dans la Seine”, a expliqué de son côté le procureur de la République de Melun, Bruno Dalles.

Le jeune homme était recherché [Faux et mensonge… – Liste de discussion du réseau Résistons Ensemble, 12 juin 2013 à 15h43] dans une procédure de violences conjugales, et pouvait craindre que les policiers “ne fassent le rapprochement” s’il était emmené au commissariat, selon lui.

Délai d’intervention des pompiers

Selon l’enquête, le policier qui a tenté de sauver Youcef dans la Seine s’y est “jeté volontairement”, mais les conditions dans l’eau et le courant le mettaient “lui-même en danger”, a poursuivi M. Dalles, ajoutant que le délai d’intervention des pompiers avait aussi été “vérifié”.

Plusieurs témoins, dont un jeune faisant partie du groupe contrôlé, ont déclaré que c’était le frère de Youcef, qui n’a pas été inquiété à l’époque, qui avait “incité” Youcef à fuir à la nage alors qu’il aurait encore pu regagner la berge, a relevé le magistrat.

Aujourd’hui, ce frère “doit se sentir lui-même responsable en partie de ce qui est arrivé”, a ajouté le procureur. À l’époque des faits, ce frère avait refusé de répondre à la police, faisant “obstruction à l’enquête”, selon le procureur. De son côté, Mme Mahdi explique que le frère de Youcef, très choqué, n’était alors pas en état de témoigner, et elle juge l’enquête insuffisante.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (LExpress.fr, 11 juin 2013)

Ruairí Ó Brádaigh, présent!

beir buaTrès beau texte d’hommage de nos camarades de Libération Irlande à un grand révolutionnaire irlandais.

Nous apprenons ce soir [le 5 juin] le décès de Ruairí Ó Brádaigh, survenu hier à l’hôpital de Galway. Il y a peu de temps, nous avions publié une photo de ce grand sage et grand révolutionnaire à l’occasion de son 80è anniversaire. Nous aimions et respections énormément cet homme. Nous ne voulons pas résumer ici son oeuvre au service de la libération de l’Irlande et de son peuple, et au service de l’émancipation humaine en général, mais elle a été immense, courageuse, sincère, ininterrompue pendant 60 ans.

Nous qui écrivons ces lignes avions eu l’occasion de le rencontrer lors de la conférence annuelle de Républican Sinn Féin en automne 2010, nous avions échangé quelques mots et l’avions aidé à écrire le mot « Québec » avec l’accent qu’il ne savait pas placer, alors qu’il dédicaçait son livre Dílseacht sur Tom Maguire pour des camarades québécois. Nous avons été charmé par son sourire et sa bonhommie. Il est et reste pour nous un modèle d’engagement, d’humanité et de vertu.

C’était un patriote ardent, un démocrate conséquent et un internationaliste sincère, un citoyen et un soldat de la Irish Republic qui n’a jamais abandonné ses principes et qui a toujours visé sa victoire. Le genre de révolutionnaire très ancré dans sa réalité nationale, celui qu’on appelle une vieille lune et qui est coincé dans les marges, mais qui persévère à contre-courant et qui irradie comme une torche dans la confusion et le manque d’espoir. Le mouvement de libération national irlandais lui doit énormément, car il incarnait sa continuité.

Il était le garant de la pensée républicaine irlandaise traditionnelle : celle de l’école démocratique-révolutionnaire, celle de l’orthodoxie impeccable, celle des républicains anti-traités des années 1920, celle de ceux qui sont fidèles à la ligne, contre vents et marées. Pour notre groupe, Libération Irlande, il représentait un point d’ancrage à la fois théorique et « affectif » dans notre rapport à distance à cette idéologie révolutionnaire. Il faut que dans les esprits des francophones, le républicanisme irlandais soit symbolisé par son nom qui n’est pas si connu, et plus par celui des renégats qui l’est trop. Nous adressons nos condoléances à son épouse Patsy et à toute sa famille.

Au camarade bien aimé et infiniment respecté, Ruairí Ó Brádaigh, un salut fervent
An Phoblacht Abú!

Georges, pour Libération Irlande.

Réinventer la politique face à la gauche

Crédit photo: mag14.com

 

Dans le contexte de la faillite de la gauche au pouvoir, des intellectuels présentent leur conception de la politique.

 

Des intellectuels critiques s’expriment dans le numéro 41 de la revue Lignes. Ils livrent leur analyse et leur sentiment sur la situation politique, notamment de la France. En mai 2013, la gauche est au pouvoir depuis un an. Mais François Hollande mène la même politique que la droite, avec la chasse aux immigrés et la servilité au patronat. C’est surtout un contexte qui se caractérise par des politiques d’austérité, partout en Europe. En France, le droit du travail est à nouveau attaqué pour renforcer le pouvoir des patrons dans les entreprises. Mais l’Accord national interprofessionnel (ANI) et les autres mesures d’austérité peuvent facilement s’imposer face à l’apathie du mouvement social.

Face à ce sinistre bilan, la revue Lignes interroge des intellectuels proches de la gauche radicale pour leur demander ce qu’il reste de la politique : de sa parole, de sa promesse, de son action.

 

 

                       couverture de CE QU'IL RESTE DE LA POLITIQUE

 

Le gouvernement de gauche : un désastre annoncé

 

Des contributions se penchent sur le gouvernement socialiste. François Hollande n’a pas véritablement suscité d’enthousiasme et n’a pas déchaîné les espérances de changement. Il se contente aujourd’hui de mener une politique d’austérité.

 

« Je ne suis ni déçu ni surpris par les accomplissements ou les manquements de François Hollande depuis son élection en mai 2012, car tous ses faits et gestes étaient inscrits […] dans l’ADN du parti socialiste », admet Jean-Loup Amselle. Loin de trahir des espérances, la gauche se contente toujours de gérer la capitalisme. Léon Blum assumait déjà que les socialistes s’apparentent à des « gérants loyaux du capitalisme ». Mais cette gestion n’est pas plus douce que sous la droite. Les socialistes mènent la politique du Medef et déroulent leur politique d’austérité. « Le gouvernement entend ainsi abaisser le niveau de vie du peuple en alourdissant les impôts de façon à alléger les charges des entreprises et restaurer leur compétitivité », résume Jean-Loup Amselle.

 

Philippe Hauser estime que l’arrivée de la gauche au pouvoir ne change rien. Le PS demeure un parti d’État, surtout composé de bureaucrates. « Faire tomber un gouvernement, gagner une élection, n’entament en rien l’existence de l’État, sa vie régulière été ordonnée », analyse Philippe Hauser. Guerre au Mali, répressionantiterroriste, expulsions de sans papiers : le gouvernement de gauche s’attache au contraire à affirmer la puissance de l’État.

 

Plinio Prado n’éprouve aucune déception face au gouvernement de gauche. Cette élection ne suscitait pour lui aucun espoir. Ceux qui sont au postes de commandement se ressemblent tous, à travers leur milieu social et à travers les politiques qu’ils mènent. « Ce sont réellement des fondés du pouvoir du capital, comme l’eût dit Marx », observe Plinio Prado. Seul le discours évolue, mais pour habiller les mêmes pratiques. La politique se réduit à une gestion technique du système capitaliste. Toute perspective de rupture révolutionnaire semble désormais disparaître. Aucun projet d’émancipation ou de société alternative ne se dessine.

 

Au-delà du gouvernement actuel, c’est toute la société moderne qui semble agoniser. La civilisation marchande et la gestion bureaucratique vident la politique de tout véritable sens.

 

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Gestion de la marchandise et vide politique

 

Gérard Briche observe la domination de l’économie. Pour lui, le capitalisme consiste à réduire la production au calcul économique et à la quantification. « Réduire le producteur à n’être qu’un producteur, réduire la chose produite à n’être qu’un produit proposé sur un marché, et plus généralement tout réduire à n’être qu’une marchandise, c’est-à-dire quelque chose qui a un prix, qui peut se vendre et s’acheter, c’est une originalité du capitalisme », analyse Gérard Briche. La croissance, travailler, produire, vendre, et la valeur ne créent pas de richesses mais uniquement un monde d’inégalités et de pauvreté.

 

Olivier Jacquemond observe que la politique s’apparente à un carnaval. Les discours enflammés et le renversement momentané des valeurs permettent surtout de conforter l’ordre établi. Pendant les campagnes électorales, tout le monde semble pouvoir accéder au trône. Mais après cette récréation rituelle vient l’inévitable retour à l’ordre. La communication et le marketing politique révèlent la dimension non subversive des campagnes électorales. Les élections ne peuvent alors déboucher que vers la frustration.

 

Jean-Paul Curnier observe que la politique se réduit à une routine bureaucratique et électoraliste. L’action et la réflexion collective disparaissent pour laisser place aux seuls enjeux de pouvoir institutionnel. « Ce qui a disparu des mœurs, c’est cette forme collective d’emploi de l’intelligence humaine qui seule peut qualifier un peuple comme assemblée démocratique, c’est la possibilité d’un peuple penseur de sa propre condition, de son devenir et des moyens de la construire », observe Jean-Paul Curnier. La politique se limite à un aménagement de l’exercice du pouvoir et à un simple maintien de l’ordre.

La société marchande fabrique un peuple de consommateurs passifs et infantiles. C’est l’indignation qui prédomine dans un contexte de vacuité intellectuelle et d’assèchement de toute réflexion critique. « L’indignation c’est la révolte sans pensée et sans politique, c’est l’insurrection à la portée des peluches », ironise Jean-Paul Curnier. Seule la désobéissance permet de rompre avec l’assujettissement au pouvoir. Désobéir permet de « rompre le pacte silencieux qui voit la passivité, l’immaturité et l’indifférence s’échanger contre les soi-disant bienfaits protecteurs du système », analyse Jean-Paul Curnier.

 

Face à ce constat accablant, la posture intellectuelle de contempteur du désastre ne suffit pas. L’action politique demeure indispensable pour transformer l’existant.

 

 

Hollande et Mélenchon, affiches électorales Sipa

 

La politique institutionnelle et ses limites

Le philosophe Etienne Balibar ressort le vieux refrain social-démocrate etcitoyenniste, incarné aujourd’hui par le Front de gauche. Il prétend aspirer à une « expropriation des expropriateurs » pour permettre une réappropriation de la chose publique par les citoyens. Mais, selon Etienne Balibar, ce projet passe par les institutions pour mettre en œuvre des réformes successives. Contrairement à ce discours à la mode, les mouvements de transformation sociale ne peuvent passer que par des mouvements de rupture, en conflictualité avec les institutions.

 

Dans la même veine, Véronique Bergen alimente les illusions réformistes. Dans un élan de naïveté, la philosophe estime que François Hollande a trahi ses électeurs, Le discours douteux de la philosophe l’amène à défendre les élections et les institutions contre le supposé règne de la finance. Véronique Bergen ignore que ce sont les États, les gouvernements et les institutions qui ont mené des politiques de dérégulation et de financiarisation de l’économie.

 

René Schérer rentre dans le rang, comme tous les intellectuels qui incarnent l’esprit de Mai 68. Cet ancien militant du Front homosexuel d’action révolutionnaire (FHAR) défend désormais le mariage pour tous. Ce fouriériste, partisan de la révolution sexuelle, attaquait toutes les normes et les contraintes sociales. Il fait désormais l’apologie de la famille, du mariage et du petit couple bourgeois. Le mariage homosexuel apparaît donc pour lui une avancée permise par le gouvernement socialiste. Mais c’est évidemment une imposture qui ne fait qu’intégrer encore un peu plus les homosexuels au conformisme bourgeois.

 

Le sociologue Eric Fassin observe l’évolution du débat politique. Cet intellectuel de centre-gauche est désormais assimilé à un ultra gauchiste. Il reste un électeur docile et discipliné, mais observe les limites de la gauche institutionnelle et d’un changement par les urnes.

 

La contribution de Gérard Mauger reflète la plupart des analyses des intellectuels de gauche. Le sociologue dénonce le PS qui mène une politique de droite, avec une idéologie social-libérale. Pour lui, il faut construire une gauche de gauche qui s’oppose à la gauche de droite du gouvernement. Mais cette gauche de gauche se distingue surtout à une gauche plus radicale et libertaire attachée à l’intensification des luttes sociales et à un renversement de société.

Pierre Sauvêtre annone le discours du Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon. Cette prétendue « vraie gauche » doit conduire les révoltes sociales vers le chemin balisé des élections et de la politique institutionnelle. Il s’agit d’une impasse qui réhabilite la vieille social-démocratie, remaquillée avec une couche verdâtre.

 

Mais la politique ne doit pas se réduire aux sphères institutionnelles et bureaucratiques. C’est dans les luttes sociales que de nouvelles pratiques émergent pour dessiner une autre société.

 

 

 

De nouvelles perspectives politiques

 

Au-delà su PS, Philippe Corcuff souligne l’apathie intellectuelle d’une gauche radicale recroquevillée dans ses vielles revendications étatistes et réformistes. Contre les avant-gardes, les experts et les politiciens, les opprimés doivent s’émanciper eux-mêmes. Contre le repli national, incarné par Mélenchon, un internationalisme de résistance peut émerger.

 

Mathilde Girard refuse la conception dominante de la politique, réduite à la gestion institutionnelle. Au contraire, la politique doit se réinventer dans les marges du pouvoir et des gouvernements. « Politique est alors le nom de ce qui s’exprime dans l’instant, dans la révolte, dans les expériences collectives, dans les singularités, les minorités – dans la souveraineté », précise Mathilde Girard.

 

Michael Löwy distingue deux formes de politiques. La politique institutionnelle se réduit à la gestion du capital et au maintien de l’ordre. Cette politique règne, gouverne et exerce le pouvoir d’État. Mais une autre conception de la politique vise à créer une communauté libre et égalitaire.

Les mouvements de révoltes à travers le monde réinventent la politique. « La force de ses mouvements vient tout d’abord de cette négativité radicale, inspirée par une profonde et irréductible indignation », observe Michael Löwy. Les luttes expriment une conflictualité avec l’ordre existant. Les révoltes traduisent une insoumission au pouvoir.

L’utopie renvoie à une autre forme de politique. Karl Mannheim évoque la « fonction subversive » du désir de rupture avec l’ordre établi. L’utopie ne renvoie plus à la simple rêverie mais au projet de bouleversement de l’existant. « Sans indignation, sans utopies, sans révolte et sans ce qu’ Ernst Bloch appelait  » paysage de désir « , sans image d’un monde autre, d’une nouvelle société, plus juste et plus solidaire, la politique devient mesquine, vide de sens, creuse », souligne joliment Michael Löwy.

 

Cette démarche utopique doit aussi alimenter une critique radicale de la vie quotidienne. Dans un contexte de désert existentiel, la démarche des avant-gardes artistiques peut s’actualiser pour ré-enchanter la vie.

 

                          

 

L’expérience de la revue Contre-Attaque

 

Michel Surya revient sur l’expérience de la revue Contre-Attaque. Union des intellectuels révolutionnaires, diffusée en 1935-1936. Ce mouvement réunit l’écrivain George Bataille et André Breton, figure du surréalismeContre-Attaque s’attache au marxisme révolutionnaire : lutte des classes, socialisation des moyens de production, internationalisme. La revue se distingue par une exaltation de la violence révolutionnaire et du peuple en armes pour s’opposer au fascisme. La théorie de Hegel sur la dialectique du maître et de l’esclave est retraduite. « Le temps est venu de nous conduire tous en maîtres et de détruire physiquement les esclaves du capitalisme », indique l’adresse inaugurale de la revue.

 

Contre-Attaque dénonce également l’ordre moral qui maintien l’ordre politique. La famille et la répression sexuelle sont vivement critiquées. « Seule cette morale turbulente et heureuse […] peut servir de principe à des rapports sociaux libérées des misères du système de production actuelle », souligne le texte  » La vie de famille « . La révolution sociale doit s’accompagner d’une révolution sexuelle pour permettre une véritable libération humaine. Pourtant les révolutionnaires ne cessent d’ignorer les questions sexuelles, considérées comme décisives par Contre-Attaque.

 

Mais la revue, qui se place sous la figure tutélaire du marquis de Sade, connaît aussi ses limites. Les analyses politiques ne sont pas toujours très fines. Par exemple la démocratie est assimilée au fascisme. Surtout, Contre-Attaque se caractérise par une exaltation de la violence la plus déchaînée. Seules la force, la violence et l’autorité doivent permettre un soulèvement des masses.

 

La rue, l’émotion, l’exaltation doivent guider l’insurrection. Certes, la révolution n’est pas un simple processus rationnel et renvoie au désir et à la passion. Mais les foules irrationnelles peuvent également alimenter la barbarie et la violence la plus arbitraire. Surtout, la révolution ne doit pas déboucher d’une démarche autoritaire mais doit surtout s’appuyer sur la spontanéité.

 

 

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Réinventer la révolution

 

Contre-Attaque s’attache à une critique radicale de la vie quotidienne. La politique révolutionnaire ne doit pas se limiter à la routine militante. Les individus se conforment à un vide existentiel et au confort de la passivité. « L’opium du peuple dans le monde actuel n’est peut-être pas tant la religion que l’ennui accepté », souligne la revue. La détresse et la résignation doivent être bousculées pour déboucher vers l’action révolutionnaire.

 

La revue dénonce la morale bourgeoise qui permet le développement du fascisme. « Père, Patrie, Patron, telle est la trilogie qui sert de base à la vieille société patriarcale et, aujourd’hui, à la chiennerie fasciste », indique la revue.

 

La critique radicale de la vie quotidienne semble indispensable pour réinventer la révolution. La lutte des classes doit permettre d’abolir le mode de production capitaliste. Mais une révolution poétique, esthétique, érotique doit également bouleverser tous les aspects de la vie.

Source : Revue Lignes n°41, « Ce qu’il reste de la politique. Enquête, Mai 2012-Mai 2013 », Mai 2013

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