Le cortège de la jeunesse marche vite et dépasse ceux des syndicats, qui les regardent passer, mi inquiets mi rassurés par ces centaines de personnes qui viennent à point nommé renforcer l’effectif de la manifestation. Pour ma part, je suis plutôt content : l’après-midi s’annonce moins déprimante que prévue, moins morose, moins plan-plan. Les lycéens sont motivés : ils balancent des slogans avec enthousiasme, ils font voleter quelques drapeaux avec énergie. Certains se moquent aussi des flics, et notamment des types de la BAC, qui déploient beaucoup de violence depuis quelques semaines, le gouvernement cherchant très clairement à briser par la peur la dynamique naissante de mouvement social. Dans une ruelle, un passant qui veut rejoindre la manifestation passe devant trois flics en civil : un lui balance un grand coup de pied au cul, comme ça, gratos, tandis qu’un autre lui retire des mains la cannette qu’il portait, avant de le laisser retrouver les manifestants, en l’insultant.
Devant le cortège qui ouvre la manifestation, les flics gazent ; mouvement de foule, de recul, on en a tous plein les yeux, la bouche. Ça tousse, ça pleure, on sort les sérums. On se retrouve au niveau du premier cortège CGT et, rapidement, une ligne de mecs se forme, composée de gros bras badgés CGT. Bah oui, voilà le fameux service d’ordre (SO) de la centrale de Montreuil de sortie ! Le chef des flics, en civil, vient leur parler, ensemble ils font copain-copain ; c’est dégueu.
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