PONT-DE-BUIS, OCTOBRE 2015. On y va ensemble, on rentre ensemble.

Voilà deux semaines que nous annoncions la tenue d’un festival contre les armes de la police à Pont-de-Buis, petite bourgade du Finistère. Voilà plusieurs années que la police blesse ou mutile régulièrement des manifestants ou de simples badauds lors d’opérations de sécurisation de l’espace public. Qui ne connait pas un cousin éborgné par un tir de flashball « maladroit » ? En France, c’est (entre autres) l’entreprise Nobelsport qui élabore et vend ces armes. « Bon vivant rimant avec prévoyant », ce week-end d’octobre, des manifestant ont pris les devants. Des lecteurs de lundimatin [1] nous racontent.


Les douze voitures bardées de caravanes, barnums et cantines s’enfoncent dans la nuit. Il s’agit d’atteindre un champ qui surplombe le Colisée de la Douffine, sur les hauteurs de Pont-de-Buis. 15 km et 3 pannes plus loin le cortège s’arrête, la nuit est calme, il faut maintenant monter le camp.

Nous sommes le 22 au soir, au fond du Finistère, aux abords de NobelSport, principale usine d’armement de la région. Demain on marche sur l’usine pour bloquer sa production. Le défi est posé et la préfecture le relève, elle décide de nous empêcher d’approcher du site. Au même moment à 800 km de là, la famille de Rémi Fraisse, tué par les gendarmes un an plus tôt sur la zad du Testet, essuie une série d’offenses publiques et d’interdictions préfectorales. Impossible pour elle de rendre hommage à Rémi sans être accompagnée par ceux-là même qui lui ont pris la vie. Le cadre est posé, cette date anniversaire doit passer inaperçue : la police tue, le calme règne.

Vendredi 23 octobre 2015

À Pont-de-Buis, le vendredi matin, l’infoline circule. Objectif : atteindre le point de rassemblement au milieu du village. La gendarmerie a barré tous les accès à l’exception de l’entrée sud. Pendant deux heures, les manifestants contournent le dispositif pour arriver sur la place. Il est 16h, nous sommes près de 500 et, en contrebas, les canons à eau précédés par des grilles bloquent les deux ponts d’accès à l’usine.

Le piège est tendu comme un an avant dans les rues de Nantes, une grille antiémeute comme seul réceptacle à la détermination des manifestants, un écran blanc pour réduire la colère en spectacle. Dès cet instant la foule masquée et partiellement équipée pour le combat est mise face à ses propres contradictions. Subir ou choisir le lieu et le moment de l’affrontement. Tenir un point de cristallisation ou foncer la tête baissée dans un mur. Autant de questions irrésolues dans nos stratégies de lutte. Il existe des surgissements assez conséquents pour percer des dispositifs de la sorte, rien ne justifie pourtant de s’y acharner lorsqu’on est sûrs de perdre.

Une prise de parole publique de l’assemblée des blessés par la police permettra d’éviter le flottement indésiré et de charger de sens notre présence. La manif repart pour tenter sa chance ailleurs, après que le camion des bleus a été maculé d’un orange éclatant. Quelques conseils bien placés d’habitants du village nous conduisent ensuite devant une passerelle gardée par un dispositif beaucoup moins lourd. Une charge plus loin, les manifestants prennent possession de la passerelle avant de faire demi-tour. Un extincteur rempli de peinture pour inonder les visières des gendarmes, quelques pierres pour accompagner leur retraite et nous étions presque de l’autre coté de la rivière. Mais l’enjeu au fond n’était pas là. Notre but n’était pas de nous introduire dans l’usine, il nous reste à découvrir les gestes qui permettraient d’y faire autre chose que précipiter la catastrophe. Notre objectif était de la rendre visible et de bloquer sa production, ce qui était le cas ce vendredi.

A la veille de deux jours de discussions et d’action il fallait éprouver une certaine intelligence collective. Le slogan no tav « si parte, si torna, insieme » (on y va ensemble, on rentre ensemble) gagne progressivement l’ambiance du week-end. Après cette démonstration, nous remontons vers le camp et le temps d’une nuit de fête nous célébrons cette première journée.

la suite sur lundi.am

Mort de Rémi Fraisse : l’Etat a bien menti, selon Mediapart

Dimanche 26 octobre, quelques heures après la mort de Rémi Fraisse sur le site du futur barrage de Sivens, « l’Etat sait déjà tout ou presque du drame, mais va choisir de feindre l’ignorance et de minimiser pendant 48 heures », affirme Mediapart (articleà lire ici). Selon son journaliste, Michel Deléan, qui a reconstitué le drame après avoir pu prendre connaissance de « plusieurs témoignages de gendarmes présents sur place » et « recueillis dès le lendemain pour les besoins de l’enquête judiciaire », « les gendarmes n’étaient pas en danger » et c’est bien une grenade offensive, une arme militaire datant de la guerre de 1914-18, qui a été lancée sur le jeune homme. Plusieurs gendarmes ont reconnu l’« avoir vu tomber » et « avoir compris immédiatement ce qui venait de se passer ».

« Très vite, en tout cas, vers 2 heures du matin, la zone a été éclairée au projecteur, et le corps de Rémi Fraisse récupéré, poursuit notre confrère. Et en langage militaire, il a été “rendu compte” immédiatement au commandant d’escadron, et donc au préfet, au procureur, puis aux ministres de tutelle (Intérieur et Justice). »

Pour justifier de l’existence d’un « mensonge de l’Etat », Mediapart fait état d’une information inconnue jusqu’ici. Un premier examen médico-légal a été pratiqué sur Rémi Fraisse « deux heures à peine après sa mort dans une morgue d’Albi », affirme le site d’information, qui soutient également que celui-ci a « conclu immédiatement à un décès provoqué par une explosion ». Un constat pleinement confirmé par le rapport de sept pages des médecins légistes de Toulouse, que notre confrère cite longuement et résume ainsi :

« Le jeune homme a eu une partie de la colonne vertébrale et de la moelle épinière arrachées par l’explosion, et il est certainement mort sur le coup. »

Révélation après révélation, le pouvoir apparaît bien « comptable de ce drame ».Les demandes de démission du ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, n’en paraissent que plus fondées.

lu sur POLITIS

Mort de Rémi sur la Zad du Testet, réactions et rassemblements dans toute la France

Le dimanche 26 octobre aux alentours de 2 heure du matin, Rémi Fraisse, 21 ans semble avoir été touché mortellement par un projectile policier durant des accrochages entre flics et opposant au Barrage de Sivens. Si la situation est encore floue, la responsabilité des flics est évidente. Suivi des infos, rendez-vous, témoignages et communiqués.

Lundi 27 octobre

- 14 h : un article dans Le Monde laisse entrevoir la version policière en préparation, sous-entendant que le sac à dos de Rémi a pris feu :

Des éléments matériels pourraient contredire la version des manifestants. À l’heure du décès de Rémi Fraisse, une seule grenade offensive aurait été lancée par les militaires et les types de lésions que ces grenades occasionnent ne seraient pas compatibles avec les blessures de la victime. Enfin, les gendarmes s’interrogent sur le contenu du sac-à-dos du défunt. Les restes carbonisés du bagage seraient en cours d’analyse.

- 14 h : Un reportage de Vice sur place précise l’importance des dégâts commis par les grenades assourdissantes.

L’équipe médicale des opposants compte une quinzaine de blessés, la plupart à cause d’éclats de grenades assourdissantes dans les jambes et les bras. Des blessures qu’elle a déjà vues sur une autre ZAD, celle de Notre-Dame-des-Landes. Elle relève deux blessures à la tête qu’elle impute à des tirs de gaz lacrymogènes. D’autres blessures seraient le fait de tirs de flash-balls.(…) « Les forces de l’ordre ont utilisé tout l’arsenal des armes habituelles : flash-balls, grenades assourdissantes et désencerclantes, lacrymos… La totale. »

- 14h : la liste des rassemblements de ce soir mise à jour sur le site du collectif local Tant qu’il y aura des bouilles

  • Rassemblement ce lundi à la préfecture d’Albi à 14h
  • Rassemblement ce lundi à la préfecture de Nantes à 18h
  • Rassemblement ce lundi devant la préfecture de Gap à 10h
  • Rassemblement ce lundi devant la préfecture de Périgueux à 17h30.
  • Lundi 27 octobre16 heures, sous-préfecture de Forcalquier (Cf. tract)
  • Rassemblement lundi 27 octobre à 18h Place de la Liberté à Brest.
  • Marseille : lundi 27/10 à 17h30, au Vieux Port
  • Rassemblement lundi 27 octobre 2014 à 18h30 devant l’hôtel de ville de Poitiers.
  • Lundi soir à 18h30 devant la sous-préfecture de Redon.
  • Rassemblement lundi à 18h devant la préfecture à Rouen.
  • Rennes : rassemblement à 18h à la mairie.
  • Rennes : rassemblement à 18h à la mairie.
  • Lyon 19 h devant la préfecture
  • St Étienne 18 h préfecture
  • Devant la préfecture, ce lundi 27 à 18 heures, à Chambéry
  • Manifestation à Briançon ce mecredi 29/10 à 14h à Briançon devant la sous préfecture
  • A Nîmes : ce soir (lundi 27/10) rassemblement à 18h devant la Préfecture

- Un communiqué en anglais est disponible sur ContraInfo.

According to a statement from squatters in the ZAD of Notre-Dame-des-Landes, during the night between Saturday and Sunday the 26th of October 2014 a protester named Remi was killed in clashes that broke out after a rally against the construction of a dam along the Sivens forest in the wetland of Testet in the Tarn department (southern France).

- « Un pote est tombé » : dépêche AFP qui rapporte des témoignages confirmant l’usage de différents projectiles explosifs par la police.

- Reporterre [1] publie des témoignages qui rapportent que le décès de Rémi serait dû à l’explosion d’une grenade au niveau de la gorge. Un autre texte, publié hier soir sur le site de la Maison de la grève allait dans le même sens :La police assassine un manifestant sur la zad du Testet.

Selon les premiers témoignages c’est une grenade offensive ou une grenade assourdissante qui lui a explosé près de la gorge. Ce qui est sur c’est que la police a encore une fois bien fait son travail parce qu’a ce moment les flics ont gazé et chargé tant et si bien que personne parmi les centaines qui étaient présents s’en sont rendus compte directement. Et les flics ont continué pendant deux heures à jeter des grenades, des gaz (dont beaucoup en tirs tendus au niveau de la tête) et tirer au flashball.

- Hier soir des manifs ont eu lieu dans plusieurs villes, notamment à Toulouseet à Gaillac, où le rassemblement a été violemment dispersé par les flics. La presse locale titre carrément « Le centre-ville de Gaillac mis à sac hier soir ».

- Rassemblements prévus aujourd’hui :

  • Lyon, 19h devant la préfecture
  • Nantes, 18h devant la préfecture
  • Albi, à 14h devant la préfecture
  • Clermont-Ferrand, 19h devant la préfecture
  • Saint-Brieuc, 18h, Préfecture
  • Périgueux, 17h30 Préfecture
  • Saint-Étienne, 18h Préfecture
  • Rennes, 18h Mairie
  • Poitiers, 18h30 Hôtel de Ville
  • Marseille, 17h30 Vieux-Port (repris d’une page facebook)

Dimanche 26 octobre

Communiqué de la ZAD du Testet :

UN MORT.
Oui c’est confirmé.
Oui c’est grave.
Oui il y a eut des affrontements au Testet.
NON ON N’EN SAIT PAS PLUS.
Et contrairement à certains médias, on se refuse à faire passer des « informations » ne provenant que d’une seule source (la préfecture) et comportant énormément d’erreurs/manipulations…
Là, comme les ami-e-s sur place, c’est le choc, la tristesse, la désolation.
Le même choc qu’on a ressenti en découvrant l’étendue de la plaie béante dans la foret de Sivens.
La même désolation qu’on a ressentie quand on a vu les soldat bleus alors qu’il était annoncé qu’ils se feraient discrets.
… silence …
Il nous faut laisser les gens sur place se rassembler, parler ensemble, tenter de comprendre, affronter aussi leurs points de vue sur ce qui s’est passé et ce qui n’aurait pas du se passer.
Puis ils nous parleront.
Alors nous pourrons vous dire.
Mais pour l’instant le silence est la première des décences, pour pour ce jeune homme mort pour sauver une forêt.
Quel qu’ait été son choix de combat.
Nous pensons à toi.

Communiqué de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes :

Mort d’un manifestant au Testet – premier appel

Suite à la nouvelle de la mort d’un manifestant lors du rassemblement au Testet, nous avons reçu de premières nouvelles de camarades de la zad de Notre Dame des landes présent sur place. La mise en cause directe des forces de l’ordre dans la mort du manifestant semble se confirmer. Un communiqué donnant des précisions à ce sujet sera envoyé ce soir depuis la zad du Testet.

Dans l’attente de ce communiqué, les personnes rassemblées sur place lancent un appel à ce que partout en France s’organisent dès que possible des manifestations devant les lieux de pouvoir.

Localement, ils appellent à manifester ce soir dimanche à 18h devant l’hotel de police à Gaillac et demain lundi à 14h devant la Préfecture.

Nous ne pouvons laisser passer cette mort. Organisons nous ! Réagissons !</quote

Communiqué du collectif Tant Qu’il y aura des Bouilles, au Testet :

Rémi est mort cette nuit entre 2h et 3h à proximité des gendarmes et des CRS positionnés sur le chantier du barrage de Sivens à Lisle sur Tarn.
Nous souhaitons que toute la lumière soit faite sur les circonstances de ce décès, au plus vite.
Nous sommes sous le choc et présentons toutes nos condoléances à sa famille et amis-ies.
Ce soir, dimanche à 18h nous appelons à un rassemblement à Gaillac, place de la libération.
Un second rassemblement est d’ores et déjà prévu ce lundi à 14h à Albi, devant la préfecture.

Par ailleurs, toutes les personnes arrêtées lors de la manifestation ont été libérées.


Quelques vidéos sur le Testet :

- Vidéo datant du début de septembre, sur la répression spectaculaire sur le terrain, dans laquelle un vieil homme assène au flic « SI IL Y´A UN MORT ; CE SERA DE VOTRE FAUTE ! » (à 6 min).

2-Le conseiller général, l’arbre et le débat démocratique from Jolene White on Vimeo.

ZAD du Testet – 29 septembre 2014 from Tv Bruits on Vimeo.

- Les violences policières au Testet, c’est le quotidien, comme en témoigne cette vidéo récente :


Notes

[1Reporterre est par ailleurs critiqué pour son relais de certains membres de la complosphère.

LU SUR PARISLUTTESINFO

TÉMOIGNAGE SUR LA MORT DE REMI, FLICS=PORCS=ASSASSINS

Reporterre a recueilli les témoignages de personnes ayant participé aux événements de la nuit de samedi à dimanche sur la zone du Testet. Ils attestent que les gendarmes ont emporté le corps de Rémi Fraisse, qui est décédé cette nuit-là. Un témoin dit qu’il avait été touché par une grenade ou un flash-ball.


– Lisle-sur-Tarn, reportage

Dimanche 26 octobre, avant l’aube, dans la nuit, les affrontements se déroulaient sur le Testet, près du chantier où, après avoir terrassé la forêt défrichée, des engins devaient préparer la digue du barrage de Sivens. Parmi les groupes qui se confrontaient aux gardes mobiles, il y avait Rémi Fraisse, un étudiant toulousain de vingt-un ans. Il est décédé cette nuit-là, et son corps a été emporté par la police. L’autopsie aura lieu lundi après-midi.

Les affrontements ont commencé dans l’après-midi de samedi, vers 16 heures, au lieu-dit Les Bouilles. De nombreux camions de CRS et de gardes mobiles sont arrivés en renfort sur la zone. Les affrontements ont fait une dizaine de blessés, dont cinq ont été évacués vers l’hôpital. Parmi eux, une personne a reçu un tir de flash-ball dans la figure. Le SAMU, appelé par l’équipe de secours d’urgence des opposants, a refusé de venir sur place.

Après une accalmie vers 21 heures, les affrontements ont repris dans la nuit. Les gardes mobiles (GM) étaient positionnés au lieu-dit des Bouilles, derrière la grille.

À midi, ce dimanche, sur le lieu des affrontements de la veille, il n’y avait aucune présence policière et aucune sécurisation de la zone où aurait eu lieu le décès.

Témoignages recueillis dimanche matin. Les noms sont des pseudonymes. Voici leur récit. Une personne dit avoir vu M. Fraisse être touché par une grenade et tomber.

– Baïk :

« Entre 2 heures et 3 heures du matin, il y a eu des tirs tendus de grenades lacrymogènes incapacitantes et explosives [grenades dites de désencerclement, NDLR]. La scène était éclairée par les lumières des phares des camions de GM. À un moment, après un lancer massif de grenades, un groupe de GM s’est avancé sur la dalle de béton, a attrapé une personne à terre et l’a porté près de la route. Cette personne était à deux/trois mètres du grillage, elle a pu recevoir une grenade en tir tendu. On pensait que c’était une interpellation. Les affrontements ont continué jusqu’à au moins 4 heures du matin. »


– C’est sur ce terrain, près de la digue projetée, que se sont produits les affrontements et qu’a eu lieu le drame. –

- Ju :

« À un moment, lors des affrontements nocturnes, il y a eu une grosse salve de grenades lacrymogènes et de grenades assourdissantes. Six GM ont ramassé un mec qui était au sol et l’ont traîné puis porté jusque sur la route. Quand je suis rentré au campement [à la Métairie, à 1,5 km du lieu des affrontements, NDLR], il était 5 h moins le quart, il y avait encore des tirs de grenades. »


– Impact au sol d’une grenade – assourdissante ou de désencerclement -, à quelques mètres du lieu où serait tombé Rémi. –

- Christian :

« J’étais sur le lieu des affrontements, devant, près des flics, sur la gauche, près de là où ça s’est passé. Entre deux et trois heures du matin, ils ont envoyé une grosse charge sur la gauche, gazé. Il y a eu un gros nuage opaque, puis dans les lumières des phares de fourgon, six ou sept gendarmes sont arrivés sur la dalle, ont attrapé quelqu’un au sol et l’ont porté à plusieurs. À la façon dont ils l’ont attrapé, le mec semblait inerte. J’ai crié : « Attention, ils embarquent quelqu’un. » On pensait qu’ils l’emmenaient en garde à vue. Environ vingt minutes plus tard, on a vu un gyrophare bleu. Ca semblait être des pompiers. C’était avant quatre heures du matin. »

- Bonnie :

« J’ai passé la soirée et la nuit sur le lieu des affrontements. Il y avait des tirs dans tous les sens. Vers 3 heures du matin, il y a eu une charge. Les GM se sont avancés sur dix mètres sur la route. Ils ont chargé à une vingtaine et tiré des lacrymos. C’était à droite, sur le lieu des affrontements. Sur la gauche, les flics se faisaient caillasser près du grillage sur la dalle en béton.

« Il y a eu des tirs de grenades, puis j’ai vu un gars au sol se faire traîner en arrière, tenu de part et d’autre par des flics. Après çà, il y a eu un écran de fumée, ils se sont retranchés, et les tirs de grenade se sont calmés. Plus tard, on a vu des lumières bleues d’ambulance. Il y a eu un blackout : les lumières des phares des camions de GM ont été éteintes (il y avait deux camions dont les phares étaient allumés). Puis ils ont recanardé un max. Plus tard dans la nuit il y a encore eu une énorme charge avec une vingtaine de lacrymo tirées. Ca a fait un gros nuage de fumée. Quand la fumée s’est dissipée, tous les camions de GM étaient partis. Au cours de la nuit, il y a eu plusieurs blessés, environ une dizaine dont cinq ont été évacués. À partir de trois heures avant la fin des affrontements, il n’y avait plus de sommations avant les tirs de grenades. »


– On voit le lieu où Rémi serait tombé, au deuxième plan. Le sang séché est cerclé de bleu. Au premier plan, à quelques mètres, l’impact au sol d’une grenade explosive. On observe dans le coin droit un bout de sangle de sac à dos. –

- Camille :

« Il était à trente mètres de moi sur ma gauche. Je l’ai vu se faire toucheralors qu’il y avait des explosions à côté. Ils ont envoyé des grenades explosives, des tirs de flash-balls. Après, cette personne s’est retrouvée à terre. Il y a eu une charge de flics, j’ai chargé aussi, mais je me suis retrouvé tout seul, du côté gauche. Mais tout le monde est arrivé trop tard, ils ont mis en joue ceux et celles qui arrivaient. J’ai vu ce gars à terre se faire trainer par les policiers et on n’a pas pu en savoir plus. »


– On voit la direction dans lequel le corps sanglant de Rémi aurait été emporté par les gendarmes. –


Source et photos : Isabelle Rimbert pour Reporterre.

Lire aussi : Drame au Testet : un mort. Premier récit.