Suite aux succès des interdictions de manifester, le gouvernement les multiplie à l’infini

Comme les 130 interdictions de manifester n’ont pas découragé des centaines de milliers de personnes de défiler contre la loi travail, de s’en prendre aux banques, assurances et autres commerces, de ne pas se laisser tabasser, gazer, nasser par la police sans réaction, le gouvernement a décidé cette fois d’interdire totalement les manifestations. Il était donc juste de voir dans ces premières interdictions la tentation d’empêcher à terme toute forme de contestation et de lutte contre la loi travail et son monde.

Dans ce contexte, la lutte continue.

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Ça pue, camarades sexistes

La manif du 14 juin m’a laissé un goût amer, pas seulement en raison des violences policières et de la manipulation médiatique qui s’en est suivie, mais également parce qu’elle a constitué pour moi une piqûre de rappel de la vivacité de la culture du viol dans nos milieux militants.

Mardi 14 juin, je suis allée manifester contre la loi travail, comme des centaines de milliers d’autres personnes. Arrivée un peu tardivement place d’Italie, en route pour rejoindre deux camarades déjà parti.e.s avec le cortège de tête, je me sens galvanisée par les drapeaux s’agitant à perte de vue dans tous les boulevards confluant sur la place, elle-même noire de monde et rouge d’éclats de rire, le cortège dense, interminable. Au bout de quelques minutes, un slogan vint me cingler les tympans et entamer mon enthousiasme :

C’est Julie qu’il faut baiser, pas les salariés ! [1]

Non contents d’avoir, dans un élan viriliste nauséabond, traité en chœur la ministre du travail de « salope », ou encore d’avoir appelé au viol punitif à son encontre lors de précédentes manifestations [2], ils appellent désormais à s’en prendre également aux femmes « qui couchent avec l’ennemi ». Fantastique. Eh dites, on leur rasera le crâne à la « Libération » aussi ?

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Contre la facilité : Sur l’attaque des vitres de l’Hôpital Necker

« Il y a mille raisons de s’attaquer à un hôpital quelconque et à celui-là en particulier, et l’envie brute de se passer de raisons en est une.

Après tout, peu importe que cet hosto porte le nom de Jacques Necker, banquier de profession, puis successivement conseiller des Finances, directeur général du Trésor Royal, directeur général des Finances, Premier ministre des Finances de Louis XVI et j’en passe. Peu importe que ce brave homme se soit remarqué dans son rôle de contre-révolutionnaire en 1789, lorsque les casseurs détruisaient la Bastille pierre par pierre. Peu importe qu’au même moment, il ait repris à son compte toutes les méthodes imaginables pour calmer la populace en furie.

Après tout, peu importe que l’hôpital soit un symbole de l’oppression médicale et de ce que le pouvoir scientifique se permet de faire subir. Peu importe que des milliers de femmes soient traitées comme des machines à reproduire derrière ces grandes baies vitrées, peu importe que des personnes intersexuées soient mutilées à la naissance derrière ces si charmantes plaques de verre. Peu importe que l’hôpital nous arrache chaque année des proches, des compagnon-ne-s en les psychiatrisant et en les internant. Peu importe que les laboratoires pharmaceutiques prolifèrent sur le dos de nos maladies et de celles de nos enfants en profitant de la manne financière de la Sécurité Sociale. Peu importe également que les internes profitent de l’anesthésie de patients et de patientes endormies pour tester sur eux et elles tout un tas de pratiques sans leur consentement.

Après tout, peu importe que l’hôpital soit un lieu de collaboration principal du pouvoir, dans nos mouvements comme tout le reste de l’année, qui balance les individu-e-s qui s’y rendent en croyant obtenir du soin, et qui en sortent avec des menottes. Peu importe qu’il soit également l’endroit où se retrouvent par alternance avec la prison celles et ceux que l’État veut anéantir. »

pour un autre son de cloche que l’unanime condamnation des trois éclats dans la façade de Necker, l’article en intégralité sur NONFIDES

 

Ce que j’ai vu à la manifestation du 14 juin

Quelques conclusions :
- Les flics voulaient nous faire vraiment mal. Ils avaient ordre de nous défoncer.
- Un million de personnes dans la rue et les médias nous parlent des vitres d’un hosto
- Nous étions déterminés, forts et solidaires et ce malgré une violence complétement délirante de la part des flics.

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L’Etat relance une série d’interdictions de manifester pour la manif du mardi 14 juin 2016

Attention, l’État retente le coup, plusieurs personnes participant au mouvement social contre la loi Travail se sont vu notifier samedi par les forces de l’ordre des interdictions d’être présent à la manifestation du 14 juin et dans le quartier de République. Ces décisions « individuelles » vont sûrement continuer à être distribuées dans les jours prochains, à Paris comme en province. Elles sont basées sur l’article 5-3° de la loi sur l’état d’urgence.

Plus précisément il est interdit aux personnes concernées d’être présentes dans les 5e, 6e, 7e, 13e, 14e et 15e arrondissements de Paris entre 10h et 20h mardi 14 juin et sur la place de la République aux alentours de 18h à 7h le lendemain matin.

Important : cette fois, les flics refusent de remettre la décision aux gens concernés, ce qui empêche de faire le recours. Pour pouvoir attaquer la décision devant la justice administrative, il faut impérativement en avoir une copie. Or, les flics font signer l’arrêté mais ensuite refusent de remettre la copie aux intéressé-e-s !

Il faut donc refuser de signer tout papier s’ils ne sont pas en deux exemplaires dont une copie pour vous.

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Manifestation devant la tour Bolloré contre l’accaparement de terres en Asie et en Afrique

Plusieurs dizaines de militants ont perturbé vendredi l’assemblée générale du groupe Bolloré, à Puteaux, près de Paris. Il souhaitaient dénoncer l’accaparement de terres en Afrique et en Asie par la Socfin, une holding dont le groupe est actionnaire.

Objectif : profiter d’une assemblée générale pour faire entendre leur cause. Plusieurs dizaines de militants dénonçant l’accaparement de terres en Afrique et en Asie par une holding dont Bolloré est actionnaire ont perturbé vendredi 3 juin les arrivées à l’assemblée générale du groupe, à Puteaux, près de Paris.

« Bolloré voleur, actionnaires complices », ont scandé depuis avant 8H00 les manifestants, une centaine selon la police – militants de diverses ONG ou de la Confédération paysanne – alors qu’arrivaient, à pied ou en navette électrique, des dizaines d’actionnaires du groupe.

en intégralité sur france 24

Liberté pour les inculpés du 18 mai et pour tou.te.s les autres !

 

« Nous sommes des manifestant.e.s contre la loi Travail. […] Nous écrivons ce texte en défense des personnes interpellées suite au feu de joie du mercredi 18 mai, dans lequel une voiture de police a disparu. […] Si nous écrivons ce texte, ce n’est pas pour nous adresser aux juges de ce pays mais à vous que nous croisons tous les jours un peu partout. Méfiez-vous du prétendu bon sens des flics, des ministres et des médias. »
Ce texte est une tribune libre en soutien aux inculpés du 18 mai. Il est la propriété de celles et ceux qui s’y reconnaissent.

Liberté pour les inculpées du 18 mai et tou.te.s les autres !

Nous sommes des manifestant.e.s contre la loi Travail. Nous sommes des syndicalistes. Nous sommes des profs, des intérimaires, des précaires, des chômeuses, des étudiants… Nous nous sommes croisé-e-s au boulot, en réunion de collectifs variés, en terrasse d’un bar, en manif. Nous sommes celles et ceux qui ont crié des slogans et tenu des banderoles à vos côtés. Nous sommes aussi celles et ceux que vous croisez parfois en train de distribuer des tracts ou de partager du sérum phy quand « ça pète ». Il arrive que vous ne nous reconnaissiez pas quand nous protégeons nos visages et nos corps des caméras indiscrètes et surtout des armes de la police. Dans ces moments-là, une minorité d’entre nous lance des projectiles variés sur la police, brise des vitrines de banque ou redécore les murs trop gris de nos villes. Ce n’est pas notre activité principale, vous le savez bien, et nous ne voulons pas y être réduit.e.s. Nous considérons que ce n’est pas à l’État de décider pour nous de nos méthodes de lutte et nous faisons simplement en sorte de pouvoir continuer à agir comme nous l’entendons et de la façon qui nous paraît la plus juste. D’autres ont des avis divergents de nous et nous pouvons critiquer leurs actions mais dans le feu des évènements, notre priorité est surtout de freiner, voire même d’empêcher le sale boulot de l’État et de sa police. Parce que notre ennemi principal ne sera jamais un manifestant avec une stratégie différente de la nôtre mais bien les institutions qui nous exploitent et qui prétendent régir nos vies.

Nous écrivons ce texte en défense des personnes interpellées suite au feu de joie du mercredi 18 mai, dans lequel une voiture de police a disparu. Nos avis divergent sur la portée stratégique de cet acte dans le contexte actuel et recoupent probablement les vôtres. Dans tous les cas, même celles et ceux d’entre nous qui ont des critiques à faire n’iront jamais pour autant pleurer pour de la tôle cramée, et encore moins si cette tôle appartient à la flicaille. Ce qui nous intéresse bien plus, ce sont toutes ces vies que la police et son corollaire judiciaire détruisent. Les yeux crevés par les flashballs, les traumatismes physiques et psychiques des grenades de désencerclement et des coups de tonfa et les milliers d’heures de privation de liberté, que ce soit par des interdictions de manifester, en garde-à-vue, en détention provisoire ou en prison. Et, en l’occurrence, nous nous sentons beaucoup plus concerné.e.s par les cinq personnes qui risquent de perdre leurs plus belles années en taule que par une voiture en feu.

LA SUITE SUR PARIS LUTTES

Tout ça pour une voiture ?

Ciu9Fs5WsAExhPs.jpg large Retour sur une manif mouvementée.

On entend tout et n’importe quoi en ce moment sur la journée du 18 mai, et au sujet de cette fameuse bagnole de flics. Que les journaleux de tout bords en fassent leur beurre, tant mieux ou tant pis, cela ne nous concerne plus tellement. Le souci est que certains, qui étaient paraît-il là pour les mêmes raisons que nous, contribuent à la confusion au moment où des personnes subissent la répression. Je vais donc raconter ce que j’ai vu de cette journée.

A LIRE SUR PARIS LUTTES

sinon des news sur la répression en cours sur le monde:

Voiture de police incendiée : les avocats dénoncent un dossier « vide »

Qui sont les « insiders » ?

Quelque soit l’issue de la mobilisation en cours, il est probable que la loi El Khomri ait au moins un héritage : celui d’avoir d’avoir rajouté les expressions « insiders/outsiders » au vocabulaire politique courant. Au moins d’un certain côté du spectre politique, même si ce côté commence à prendre une sacrée place. Dans la foulée, notamment, d’Emmanuel Macron, les promoteurs de cette Loi Travail ont eu à coeur en effet de se présenter comme les défenseurs des « outsiders, pauvres jeunes en contrats précaires, contre les méchants « insiders », ces privilégiés en CDI qui s’engraissent sur le dos des précaires. Abaisser la protection des seconds seraient la condition pour que les premiers accèdent au Graal de l’emploi à durée indéterminée. L’importation de cette distinction née dans l’économie des marchés du travail n’est pas innocente, et ne s’est pas faite sans pertes et fracas. Après m’être replongé, ces dernières semaines, dans la littérature consacrée à l’analyse de la segmentation des marchés du travail, je ne peux que me désoler de l’écart entre la finesse des outils d’analyse qu’elle propose et ce qu’en a finalement retenu le débat public. Surtout lorsque cela peut permettre de retrouver des oppositions plus anciennes, mais finalement plus intéressantes.

[…] Ce qui est intéressant, c’est que ce modèle, dans sa forme idéale, exclut tout autre acteur que les seuls travailleurs, placés dès lors en conflit – l’Etat n’étant alors qu’un instrument au service du pouvoir des outsiders… Les entreprises, elles, sont complètement absentes, ou du moins inactives. Au-delà des mérites scientifiques de la théorie, sa reprise politique et l’évidence avec laquelle elle est utilisée, comme si insiders/outsiders était une grille de lecture allant de soi, limite sérieusement ce qu’il est possible de voir ou de discuter. On s’en doute, cette importation est loin d’être innocente – de toutes façons, personne n’est innocent comme disait l’autre. Le souci de certains pour les plus démunis est finalement d’autant plus fort qu’il exclut la responsabilité des employeurs dans l’affaire…

[…] Lire la suite sur Une heure de peine