« Elle » fait bander les critiques ; il est à gerber

« Elle » de Paul Verhoeven, sorti à Cannes et sur nos écrans cette semaine, explose les scores du box-office, bénéficie d’un plan com’ bien rôdé et d’une déferlante de critiques dithyrambiques. Le secret du succès ? Surfer sur la vague malheureusement bien connue de la culture du viol.

Il est génial ce film, il permet aux journalistes pourfendeurs de la bien-pensance de dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas : les femmes, au fond, elles aiment quand on les force. Ça les fait mouiller, ça les fait jouir, voire même, il n’y a que ça qui les excite : quand les hommes les frappent, les mettent à terre, les empêchent de se débattre, les insultent et jouissent en 3 secondes avant de repartir vaquer à leurs occupations. Ça, c’est le fantasme des femmes. Et heureusement que quelques cinéastes courageux et révolutionnaires osent le montrer. Y’en a marre de cette dictature du consentement et du plaisir féminin, franchement !

Breaking news : dans une société patriarcale où la plupart des discours sont produits et relayés par les hommes, même les femmes ont fini par croire qu’elles fantasmaient sur les violences dont elles sont victimes. Le patriarcat reste un système malin, sournois, et encore très performant en 2016, qui permet à la misogynie la plus crasse d’être intériorisée par les femmes. Mais malgré ce qu’ils essaient de nous faire croire, le viol est d’abord le fantasme de ces hommes qui écrivent et qui filment.

Alors « Elle », film « jouissif », « subversif », « jubilatoire » ? « Thriller érotique » (20minutes.fr) à propos d’une « violente agression » (joli euphémisme de L’Express) ? Plutôt une apologie du viol comme on en a rarement vue, en mode « voilà ce qu’attendent toutes les quinquas sexy dans leurs maisons bourgeoises ». Non seulement elle aime ça, mais elle en redemande, elle entre dans une relation presque affective (carrément !) avec son violeur qui est un chic type « à l’âme torturée » et dont l’épouse remerciera l’héroïne de lui avoir donné ce dont il avait besoin ! [Attention, on vous spoile et on s’en cogne]

La suite à lire ici ! vu sur le site de FièrEs

SEPTEMBRE 2014 AU RÉMOULEUR (BAGNOLET)

LOCAL AUTO-ORGANISÉ DE LUTTE ET DE CRITIQUE SOCIALE

Le Rémouleur
106, rue Victor Hugo
93170 Bagnolet
(M° Robespierre ou M° Gallieni)

https://infokiosques.net/le_remouleur
Mail : leremouleur@@@riseup.net
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Horaires des permanences (avec accès à l’infokiosque, à la bibliothèque et aux archives) :
le mercredi de 16h30 à 19h30
et le samedi de 14h à 18h.

Entrée libre et gratuite.

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Vendredi 5 septembre, à 16h30
Café des CAFards
Rendez-vous le 1er vendredi de chaque mois, de 16h30 à 19h30. _ 
Nous sommes des centaines de milliers, rien qu’en Ile-de-France, à dépendre des institutions sociales, pour nos revenus, pour le logement, bref pour vivre. Et nous sommes des centaines de milliers à être considérés par la CAF, Pôle-Emploi, ou la Sécu, comme des fraudeurs en puissance, des mauvais pauvres à rééduquer, et à ce titre, contraints de nous soumettre à des contrôles, des humiliations, à l’arbitraire, pour conserver nos maigres allocations. 
Au chômage comme dans l’emploi, la culpabilisation, la peur de se faire radier ou virer tend à neutraliser par avance toute forme de défense collective. C’est pour s’opposer à cette politique que les CAFards, collectif de chômeuses et précaires, proposent un rendez-vous ouvert à tous une fois par mois pour échanger nos expériences, débrouiller ensemble des dossiers litigieux, s’organiser pour partager les moyens de se défendre sur les lieux de gestion de la précarité. Pour affirmer d’autres valeurs que celles du travail et du mérite, d’autres désirs que ceux que cette société voudrait nous faire intérioriser. Là où ils voudraient nous enfermer dans la peur et l’isolement, il nous faut inventer de nouvelles formes de lutte et de solidarité !

Samedi 6 septembre, de 14h à 18h
Permanence “Sans-papiers : s’organiser contre les expulsions”
Chaque 1er samedi du mois, lors des permanences vous pourrez discuter et rencontrer des personnes ayant participé à la brochure “Sans-papiers : s’organiser contre les expulsions. Que faire en cas d’arrestation ?”. Il s’agit d’un guide pratique et juridique, écrit à partir d’expériences de luttes de ces dernières années, pour s’organiser contre les expulsions.
Entre 16h et 18h, une discussion collective sur les papiers aura lieu avec le collectif Baras (régularisation, travail, AME, asile, domiciliation…).

Mercredi 10 septembre, de 16h30 a 19h
Rendez-vous du collectif “Prenons la ville”
Des projets de transformation du Bas-Montreuil et du quartier des Coutures à Bagnolet sont en cours. Des centaines de personnes seront obligées de quitter leur logement. Le collectif “Prenons la ville” propose un moment de rencontres, d’échanges et d’organisation le 2e mercredi de chaque mois. Cette réunion permettra de faire ensemble le point sur l’avancée du projet et des problèmes qu’il entraîne ; de lutter contre la hausse du coût de la vie, des loyers, contre le départ forcé des quartiers où nous habitons…
Contact : degage-onamenage@@@riseup.net

Samedi 13 septembre, à partir de 19h sur la place de la Fraternité, à Montreuil (à deux pas du local)
Repas de solidarité + rassemblement contre les expulsions + projections de films (par le collectif “Prenons la ville” et le collectif Baras).
Rassemblement, puis repas à prix libre. Et à la nuit tombée, il y aura deux projections : un épisode des “Barbapapas” et “Le Pigeon”, une comédie italienne (en VF).

Mercredi 17 septembre, à 19h30
Assemblée du collectif “Cadecol”
Quand on participe à des luttes ou à des mouvements sociaux (sans-papiers, mal logés, chômeurs, travailleurs…) on est souvent confronté à la répression. Face à elle, on ne se retrouve pas tous dans la même situation. La justice fonctionne comme le reste de la société : dans un rapport de classe. La caisse d’autodéfense juridique collective est un outil pour élaborer ensemble un discours public permettant de continuer à défendre les raisons de la lutte, se réapproprier les stratégies de défense et ne pas les laisser exclusivement aux spécialistes du droit, mutualiser les moyens de défense (contacts avocats, argent pour les premières dépenses), partager nos expériences et débattre sur la justice, le droit et la manière de réagir face à la répression.
Chaque 3e mercredi du mois. Contact : cadecol@@@riseup.net

Vendredi 19 septembre, à 19h
Projection du film “Le Sel de la Terre”, d’Herbert J. Biberman (1954, 1h32, VOST)
Bien qu’il date de 1954, « Le Sel de la Terre » évoque des problématiques très contemporaines, notamment sur l’importance de réussir à relier entre elles des luttes apparemment différentes ou qui semblent parfois incompatibles.
Il s’agit au départ d’une grève de mineurs mexicano-américains de l’État du Nouveau-Mexique, aux États-Unis, luttant pour l’amélioration de leurs conditions de vie. Le conflit social est raconté par Esperanza Quintero (Rosaura Revueltas), 35 ans, enceinte de son troisième enfant et mariée à Ramon, employé à la mine depuis 18 ans. Les deux revendications principales des grévistes sont l’égalité des salaires avec les ouvriers américains et la suppression du travail en solitaire. Les épouses des mineurs, cantonnées au travail ménager, veulent inscrire une revendication supplémentaire : la fourniture d’eau chaude courante dans les maisons louées par la compagnie (sachant que les foyers américains en bénéficient déjà). Cette dernière revendication ne se fait pas sans friction entre hommes et femmes…
Le film montre comment, à partir des rapports de force entre patronat et ouvriers, entre Américains et immigrés, et entre hommes et femmes, les luttes anticapitalistes, antiracistes et antipatriarcales peuvent se rejoindre…
Film réalisé presque sans acteurs professionnels, « Le Sel de la Terre » a été considéré à sa sortie comme subversif et blacklisté par la politique maccarthyste de censure des oeuvres « communistes ». Le film de Biberman a été « boycotté » par presque toutes les salles de cinéma des États-unis jusqu’en 1965.

Mercredi 24 septembre, à 16h
Ciné-goûter “Ernest et Célestine” (2012, 1h20, VOFR)
Projection et goûter à partager, pour les enfants du quartier et d’ailleurs !
Dans le monde conventionnel des ours, il est mal vu de se lier d’amitié avec une souris…

Samedi 27 septembre, à 14h, place Gambetta, Paris XXe
Manifestation pour la régularisation des sans-papiers et des logements pour tous !
Organisée par le collectif Baras. Départ de la place Gambetta, à Paris (arrivée à Gallieni-Bagnolet en passant par porte de Montreuil). Le collectif Baras, composé d’environ 300 personnes, lutte pour la régularisation de tous ses membres et au-delà. Pour le moment, le collectif squatte deux bâtiments – un à Montreuil et l’autre à Bagnolet – qui sont tous les deux menacés d’expulsion.

Vendredi 3 octobre, à 16h30
Café des CAFards

Samedi 4 octobre, de 14h à 18h
Permanence “Sans-papiers : s’organiser contre les expulsions”

Samedi 11 octobre, à 19h, à la Parole errante, à Montreuil
Concert de soutien au Rémouleur
Avec Jabul Gorba (gypsy ska punk), Cap’s Crew (ska punk cuivré) et Emma Pils (punk hardcore).
Entrée, repas, boissons non-alcoolisées et infokiosque à prix libre. Boissons alcoolisées à prix fixe.
À la Parole errante, 9 rue François Debergue, à Montreuil (métro Croix-de-Chavaux).

Noir et punk

Ca fait quoi d’être noir et punk ? C’est un des questions abordées dans le film de James Spooner « Afropunk : the rock n’ roll nigger experience« , un documentaire qui donne la parole à des punks afro-américains, et m’aura presque défrisé la tignasse.

Les joies de l’organisation. Partis des vastes plaines de l’Ouest de Chicago, e-tinéraire en main, Katie et moi nous débrouillons pour arriver presque pas en retard à notre destination : une intersection, 33ème et Union. C’est là que doit être projeté le film documentaire de James Spooner, « Afropunk : the rock n’ roll nigger experience« . Tout un programme.

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James Spooner

Découvert par hasard, le documentaire semble être un chouchou des festivals cinématographiques nord-américains, ce qui n’est strictement gage de rien, sinon du succès de ce documentaire, autoproduit dans le plus pur esprit DoItYourself de la scène qu’il décrit. James Spooner s’est endetté à filmer des figures noires dans cet océan de blancheur qu’est la scène punk hardcore. A priori, plutôt une bonne idée, et pas seulement parce que le documentaire pose notamment une question que vos humbles serviteurs se sont aussi posé : qu’est-ce qu’une musique noire [1] ?

La réponse était affichée en grosses lettres sur les quelques t-shirts vendus à une table par le très sympathique bassiste et le beaucoup moins sympathique chanteur de Cipher, groupe hardcore newyorkais très présents dans le docu : Punk is black musicFuck Sid, Jimi was vicious, et mon favori, Minority Threat, ainsi que quelques livres de bell hooks, entre autres.

A Chicago, personne ne t’entend hurler

LA SUITE SUR MELANINE

LE FILM EN ENTIER

300, LA NAISSANCE D’UN EMPIRE : L’USINE A FANTASMES

Le premier film 300 était le récit d’un événement historique dont les scénaristes avaient choisi de ne raconter qu’un des aspects pour en faire une légende raciste et virilisteun récit par omissionLe deuxième film, intitulé La naissance d’un empire, qui n’est cette fois pas tiré d’une bande dessinée de Franck Miller, pour sa part, transforme et manipule complètement les faits historiques. Ainsi, 300, la naissance d’un empire,n’est pas un simple film de divertissement, c’est un outil servant à faire passer des convictions idéologiques et politiques.

300 usine fantasmes

 

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Séance du dimanche : Makhno, paysan d’Ukraine

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À l’heure où Vladimir Poutine, ex-colonel du KGB, ressuscite la bonne vieille Sainte Russie impériale en annexant (pour l’instant) la péninsule de Crimée,  ses gisements de gaz naturel et ses bases militaires sur la Mer Noire, un petit rappel en images sur la situation de l’Ukraine au XXème siècle. Ce n’est pas la première fois que l’Ukraine se retrouve prise entre deux feux, entre l’Europe de l’Ouest et la Russie mais l’alternative n’a pas toujours été entre l’ultralibéralisme de l’Union Européenne et l’impérialisme « eurasiatique » inspiré à Poutine par l’idéologue d’extrême droite Alexandre Douguine.

Dans la Révolution russe initiée en février 1917, les bolcheviques ont pris une part active, mais ils étaient très loin d’être les seuls et très loin également d’avoir été les plus actifs. Seule leur prise du pouvoir en octobre 1917, leur installation à la tête d’un État ultra-centralisé et autoritaire, la répression de toutes les composantes du mouvement révolutionnaire ne rentrant pas dans le rang et une politique de propagande particulièrement efficace a pu installer et matraquer une vision  bolchevisée de la Révolution.

En Ukraine, les forces révolutionnaires, celles qui ont organisé les soviets et lutté contre les colonnes des Russes Blancs contre-révolutionnaires armés et financés par les pays capitalistes n’étaient pas bolcheviques. Elles étaient anarchistes, communistes-libertaires et organisée dans un mouvement à la fois urbain et rural, à l’image de l’Ukraine de l’époque. Ce mouvement, « l’armée révolutionnaire insurrectionnelle ukrainienne », plus connu sous le nom deMakhnovtschina, s’est constitué d’abord contre l’abandon aux forces Austro-allemandes de l’Ukraine par la paix de Brest-Litovsk de mars 1918 (paix signée entre le pouvoir bolchevique et le Reich allemand) et pour la poursuite de la révolution. Son leader, Nestor Makhno, qui avait lutté contre le pouvoir tsariste auparavant en participant aux activités illégalistes de redistribution au sein de l’« Union des laboureurs pauvres »  organise les soviets –des conseils ouvriers et paysans– à partir de sa région d’origine, Houiliaïpole, au sud-est de l’Ukraine, avec une forte implantation en Crimée. Dans un premier temps allié à l’Armée Rouge pour chasser les colonnes blanches du maréchal tsariste Denikine puis de Wrangel en 1919-1920, le mouvement makhnoviste finit logiquement par s’attirer l’hostilité du pouvoir soviétique russe. Trotski –qui était encore très en cour à Moscou et dirigeait l’Armée Rouge- ordonna les opérations militaires pour écraser le mouvement populaire ukrainien, de même qu’il supervisa la répression sanglante des marins de Kronstadt, autre faction essentielle des forces révolutionnaires en 1917, qui contestait l’autoritarisme bolchevique.

Dès 1921, Makhno, défait, doit s’exiler. Il passe les dernières année de sa vie à Paris, travaillant comme ouvrier chez Renault à Boulogne-Billancourt et participe aux principaux débats du mouvement ouvrier en marquant le courant communiste-libertaire jusqu’à sa mort en 1934. Comme pour bien d’autres révolutionnaires, Makhno fut la cible de campagnes de calomnies venues des relais communistes français des normalisateurs staliniens : bandit de grand chemin, aventuriste et, surtout, antisémite. Une accusation qui a la vie dure, puisqu’on l’entend encore aujourd’hui jusque dans les rangs libertaires. Sur ce point, on renverra à ce qu’en dit Voline, dans La Révolution inconnue. Compagnon de route de Makhno, organisateur de la Confédération d’Organisations Anarchistes d’Ukraine (Nabat), qui avait rejoint laMakhnovtschina et ne peut être soupçonné de complaisance vis-à-vis des organisateurs de pogroms de l’époque.

http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=JS255bOrckA

 

VU SUR http://quartierslibres.wordpress.com/