COKE ET CAPITALISME

Extra pure, le nouveau livre du journaliste Roberto Saviano, menacé par la Camorra depuis qu’il a publié le best-seller Gomorra, est dédié à tous les carabiniers qui ont assuré sa protection rapprochée et « aux trente-huit mille heures passées ensemble et à celles qui viendront ». Peu de chances en effet que Saviano se réconcilie avec ses ennemis, en emmenant le lecteur dans ce « voyage dans l’économie de la cocaïne ».

Pour l’occasion, la vénérable maison d’édition qu’est Gallimard n’a pas hésité à sortir une couverture digne d’un tabloïd, bien adaptée aux tournures emphatiques de l’auteur et aux effets de manche d’une écriture qui se regarde déployer les contours d’un objet sulfureux. Mais il serait dommage de rechigner devant le ton parfois sensationnaliste et pompeux de Saviano, comme face à son équilibre parfois confus entre « style et vérité ».

D’une part, parce que le « voyage » qu’il propose demeure saisissant, moins par le nombre d’informations inédites qu’il livrerait que par le dessin d’ensemble qu’il forme. Et de l’autre, parce que la thèse qu’il soulève, nouant capitalisme financier post-2008 et essor de la cocaïne, est dérangeante.

À travers des parcours d’individus et une vraie puissance d’incarnation, Roberto Saviano nous emmène dans un Gomorra à l’échelle mondiale, même si sa situation personnelle le contraint à s’approcher moins près des mafias elles-mêmes, et à travailler davantage avec les rapports et les confidences des polices, que dans son précédent livre.

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