L’histoire cachée des FEMEN

Olivier Pechter

Cette enquête, qui aurait pu s’appeler « le poids des mots, le choc des photos » raconte l’histoire des FEMEN à la lumière de leurs alliances politiques et de leurs nombreux dérapages, souvent passés sous silence. Une gageure.

Communistes et rouge-bruns, les premiers alliés.

Cette première partie est consacrée à FEMEN…avant FEMEN.

Les politologues ukrainiens considèrent unanimement FEMEN comme un projet politico-commerciale et ne se sont jamais véritablement penchées sur le sujet. A force d’incohérences, le mouvement « caméléon » a lassé leur pays, avant d’être fatalement discrédité.

En France, il a su rebondir, bénéficiant de soutiens jusqu’au Parti de gauche.

De leur côté, les médias nous ont inondé du story-telling « Féméniste ». Jusqu’à ce qu’éclate le scandale de la Biennale de Venise, qui révéla la personnalité machiste de Viktor Sviatski, qui a longtemps dirigé FEMEN au côté d’Anna Hutsol. L’image du mouvement s’est brouillé. Son étoile pâli. Un contre-récit s’imposait.

Les photos exclusives que je révèle rendent le propos difficilement contestable :

Né dans le creuset communiste et antifasciste ukrainien, FEMEN ne s’en est pas moins associé, de façon répétée, à des mouvements réactionnaires, voire ultranationalistes. Avant de se réfugier en France, grâce à la bienveillance d’une certaine mouvance néoconservatrice. Démonstration.

En Ukraine s’opposent depuis longtemps, sans besoin d’être caricatural, deux camps. L’Est du pays, russophile et « antifasciste », incarné par l’alliance d’une partie de la droite avec le Parti communiste. Et l’Ouest du pays : nationaliste et occidentaliste. Les figures de cette dernière tendance nous sont bien connues : Viktor Ioutchenko,Ioulia Timochenko… Or, il y a quelques années de cela, on a vu les fondateurs des FEMEN passer brusquement d’un camp à un autre. Un revirement qui signe l’imposture. Ce qui a valu aux FEMEN d’être qualifié de « political technology » par les spécialistes ukrainiens. Dans cette première partie, je m’attèlerai donc à une histoire des alliances politiques des FEMEN et par la même occasion à une généalogie de leur positionnement xénophobe.

FEMEN, une « Political technology » ?

Political technology, kezako ? Il s’agit de la manipulation politique poussée à son extrême. Les outils pour ce faire nous sont familiers : storytelling, désinformation, « triangulation »… Mais l’usage étendu et intensif qui en est fait dans les pays d’ex-URSS, où il s’agit d’une véritable petite industrie, nous est inconnu. Dans la plupart des cas, il s’agit de manoeuvres d’un pouvoir autoritaire pour se maintenir en place, via la tromperie. FEMEN est depuis longtemps considéré comme prestataire de ce type de service. Mais dans leur cas, elles auraient fait évoluer leurs positions au gré des médias et de leurs soutiens financiers/politiques du moment. Il serait donc faux d’affirmer que FEMEN aurait été créé par un marionnettiste dont elles auraient défendues les intérêts tout le long. Elles ont avant tout défendues les leurs. Néanmoins, nous révélerons quelques accointances politiques/financières jamais mentionnées jusque là, à même d’éclairer d’un jour nouveau certaines de leurs prises de positions.

[Un exemple de political technology présumé : la mise sur orbite, il y a quelques années, par des médias proches du président Ianoukovitch d’un de ses opposants politiques, Vitali Klitschko. Une ex-vedette sportive que rien ne prédestinait à la politique. Diviser pour régner…]

FEMEN avant FEMEN : dans le giron du parti communiste et du camp russophile

La figure FEMEN la plus connue du public français est Inna Shevchenko. Mais la véritable chef des FEMEN estAnna Hutsol, en duo avec son vieux camarade Viktor Sviatski. Présenté comme un « publicitaire », ce dernier est surtout un professionnel de la politique.

Originaires de la ville de Khmelnytsky (300 000 habitants), le livre autobiographique FEMEN (qui sera mentionnée dans la suite de cette article par « cf. FEMEN« ), rapporte la rencontre d’Hutsol avec Sviatski au début des années 2000, au sein d’un « cercle de rue marxiste » dont il est le « mentor ». Romantique. L’ouvrage passe sous silence leur engagement commun au sein du « komsomol« , le mouvement de jeunesse du Parti Communiste.

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Oksana Chatchko (co-fondatrice FEMEN) avec les jeunesses communistes (Khmelnytsky)

Partis du Komsomol, Hutsol et Sviatski partent fonder de leur côté deux mouvements étudiants, fin 2005 : le Centre de perspectives de la jeunesse (un syndicat) et Nouvelle Ethique (organisme de femmes préfigurant FEMEN). Ils sont lancés de façon opportune sous les auspices d’Olga Ivanovna Ugrak, qui est alors la candidate du Parti communisteaux élections municipales. C’est elle qui héberge le Centre de perspectives. Quant à Nouvelle éthique, c’est chez Sviatski qu’elle trouve refuge (cf. autobiographie FEMEN) La création de ces organismes permettent vraisemblablement à la communiste de rajeunir l’image du Parti et d’élargir le soutien groupusculaire qu’aurait constitué les jeunesses communistes. Anna Hutsol sera directement partie prenante de la campagne de la communiste (cf. FEMEN).

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Au centre et côte à côté, la communiste Olga Ivanovna et Viktor Sviatski . A gauche Anna Hutsol. Soirée de nouvel an du Centre de perspectives de la jeunesse

Cette campagne municipale marque un tournant : Sviatski et Hutsol arrêtent la politique « sérieuse », illustrée par leur passage au sein des jeunesses communistes, pour faire de la politique un commerce (médiatique).

Au service d’un parti « rouge-brun »

Après l’issue désastreuse de la campagne du Parti Communiste (3% des voix), il faut se trouver un nouvel allié pour Hutsol et ses amis. Ce sera le tout nouveau mais bien pourvu « Grande Ukraine« . Les dirigeants du Centre de perspectives (http://translate.googleusercontent.com/translate_c?depth=1&rurl=tr…Sviatski, Golenshin,Alexandrovich) deviennent des cadres du parti et Nouvelle éthique un satellite. Grande Ukraine est dirigé par l’énigmatique Igor Berkut. Ex-espion autoproclamé, ce millionnaire est un ancien propriétaire de banques au Kazakhstan et en Russie. Il passe lui aussi pour un « mercenaire » de la politique et son parti se voit accuser de relever de la « political technology ». Il a signé un livre relayant les thèses de son « frère » Poutine.

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De gauche à droite : Drapeaux Grande Ukraine, Viktor Sviatski (Centre de perspectives/Grande Ukraine), Sasha Shevchenko (qui dirige alors Nouvelle éthique, future co-fondatrice des FEMEN), Igor Berkut (Grande Ukraine) 10/2007
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Viktor Sviatski à des manifestation de Grande Ukraine, dont il est alors un cadre (2008)

Grande Ukraine, parti « social-patriotique » vaguement de gauche appartient donc à l’instar du parti communiste au camp pro-russe. Son soutien extensif à la peine de mort lui vaut d’être médiatisé et ses préconisations anti-immigrés (qui comprend le positionnement à la frontière de « clubs militaro-patriotiques ») un certain intérêt sur les forumsd’extrême-droite. En 2010, il se déclarera (très sérieusement) en faveur d’une « bonne dictature démocratique »…

C’est vraisemblablement à son contact qu’Hutsol et Sviatski découvrent le business des « political technology ». On verra ainsi Sviatski et Grande Ukraine organiser, de façon étrange pour des syndicalistes étudiants, une action en défense des intérêts…viticulteurs.

Durant ces années, de 2006 à 2008, le mouvement de femmes Nouvelle éthique expérimente de son côté les coups d’éclats médiatiques à base de flashmobs.

Exemple en avril 2008, avec un lâcher de ballons. Sasha Shevchenko témoigne alors :

« Nous étions sur Internet, à la recherche de quelque chose d’intéressant et sommes accidentellement tombés sur la Journée de la femme »

Les prémisses des FEMEN sont posées.

Avant de passer à la naissance en tant que tel de FEMEN (ici), il est intéressant de révéler une dernière photo, tant elle illustre d’où le mouvement est issu et combien la présentation qui est généralement faite des FEMEN comme de l’enfant naturel de la Révolution Orange (présentée comme pro-occidentale et donc faisant partie du « camp du bien ») est erronée. Elle montre Anna Hutsol en juin 2008, posant fièrement à une rassemblement anti-OTAN organisé par leParti socialiste progressiste , organisation orthodoxe « panslave » (pour une intégration Russie/Biélorussie/Ukraine).

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Banderole anti-OTAN et anti-Bandera (figure historique « controversée » du nationalisme ukrainien)

Immigration, peine de mort, alliés néofascistes…

Cette deuxième partie est consacrée à la naissance et au développement de FEMEN. Leurs alliances, leurs soutiens, leur positionnement…

Dans un contexte politique ukrainien aussi tendu que confus, les FEMEN se livreront à toutes les alliances et amitiés. Jusqu’à faire héberger leur site internet par un ancien leader skinhead (ci-dessus) ou manifester avec le parti d’extrême-droite Svoboda.

Débuts FEMEN : xénophobie et néo-atlantisme

Quand FEMEN est lancé sur Kiev, au printemps 2008, André Kolomiets (« Andrew Kolomyjec »), un des cadres deGrande Ukraine (mouvement rouge-brun sont issues les FEMEN, cf. première partie) rentre rapidement à son Conseil d’Administration. Il sera l’un des « soutiens financiers les plus constants » des activistes. « Pour s’assurer de leur indépendance », dit-il très sérieusement… ajoutant que le mouvement « n’était jamais tombé dans le racisme ». A voire…Mickael Orlyuk, autre cadre du parti, est lui de toutes les manifestations FEMEN.

Un certain nombre de thèses défendus par Grande Ukraine sont repris à leur compte par les FEMEN. Surl’immigration : la dispense de visas pour les Européens visitant l’Ukraine étant une catastrophe, il faut fermer les frontières. Grande Ukraine dénonce les « centaines de milliers d’immigrants clandestins [qui] nous menacent », FEMENs’opposant de son côté, grippe aviaire aidant , « à l’entrée des étrangers dans notre pays. ». De la xénophobie ? « Peut-être » répond Anna Hutsol. A l’instar de Grande Ukraine, FEMEN est favorable à la peine de mortpour les « sadiques ».

Enfin, il y a les Turcs, avec lesquels Igor Berkut (dirigeant de Grande Ukraine) considère qu’une guerre est inévitable . Les FEMEN de leur côté en ont longtemps fait un ennemi prioritaire, au nom de la lutte contre le tourisme sexuel.

Une des toutes premières actions FEMEN s’est d’ailleurs déroulé devant l’ambassade de Turquie.

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Drapeau ukrainien au vent…
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…et feintant le lynchage d’un touriste turc. (En arrière-plan Anna Hutsol)

En 2010, à l’occasion d’un match de foot opposant le Karpaty (Lviv) au Galatasaray (Istanbul) les FEMEN feront une campagne remarquée pour que l’on interdise d’entrée la « horde » des « machos » turcs.

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Photo blog FEMEN

Ce qu’il convient d’appeler de la xénophobie prit même un accent anti-juif. En 2009, les FEMEN avaient accusé(avant de se rétracter ), les juifs orthodoxes faisant un pèlerinage annuel de représenter une menace pour la sécurité des filles ukrainiennes et de mépriser l’Ukraine :

« L’Ukraine est célèbre pour son hospitalité…Mais toute tentative de saper notre culture devrait être combattue…. [Il faut] éviter que les Ukrainiens deviennent otages dans leur propre pays »

Issues de la mouvance communiste, les FEMEN multiplieront bientôt les clins d’œil au camp occidentaliste.

Le manifeste dont elles se dotent évoque ainsi parmi ses objectifs : « construire une image nationale de la féminité, de la maternité et de la beauté basée sur l’expérience du mouvement des femmes euro-atlantique ». L’expression « euro-atlantique » est loin d’être neutre dans le contexte ukrainien et appartient aux partisans de l’OTAN et de l’UE. Brouillage de pistes. Et façon de ménager certains sponsors. En 2007, Anna Hutsol fut en effet invitée aux Etats-Unis par un organisme dépendant du Congrès américain, l’Open World Leadership Institute , dont elle est qualifiéed’alumna (« élève »).

Par ailleurs, les FEMEN n’ont jamais caché le soutien reçu (jusqu’en 2011) de Jed Sunden , magnat des médias ukrainiens d’origine américaine.

Néofascistes, intégristes, activistes violents…des alliés encombrants

En 2010, FEMEN élargit son champ d’action. Et après le Parti Communiste et Grande Ukraine fait place à de nouveaux alliés. Nationalistes et franchement ancrés à droite, ils sont solidaires des FEMEN. Au nom de la lutte contre la « dictature » des Ianoukovitch, Poutine et autres Loukachenko (Biélorusse)…Le groupe se coupe définitivement de ses racines idéologiques, renvoyant dos à dos fascisme et communisme et diffusant une propagande antirusse caricaturale.

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De gauche à droite : Poutine (Président russe), Ianoukovitch et Azarov (Président et 1er ministre), Cyrille (Patriarche orthodoxe de Russie)

Voilà les organisations et quelques unes des personnalités radicales dont se rapprochent alors les FEMEN.

    • La « Coalitions des partis des la révolution orange ». Organisation nationaliste, mais surtout « projet commercial imitant la société civile, menant des actions de rue rémunérées », selon le chercheur Pavel Klymenko, contacté.
    • La Confraternité de Saint Luc. Un groupuscule actionniste d’extrême-droite, qui s’est fait connaître pour avoir profané un monument en mémoire des combattants soviétiques ayant lutté contre le nazisme.
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Yaroslava Pougacheva, une des responsables de la Confraternité, tête de fil d’une manifestation FEMEN (03/2012)
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Inna et Sasha Shevchenko tenant par la main Darya Stepanenko, autre figure médiatisée de la Confraternité (05/2012)

La Confraternité de Saint-Luc est un mouvement identitaire se battant pour une « révolution orthodoxe mondiale » (cf entretien accordé au média néofasciste molotoff.info). Tout comme le parti dont elle est une émanation, Bratstvo (« Fraternité »), qui diffuse ce genre de propagande sur Facebook.

Une amitié surprenante pour celles qui ont drapé leur islamophobie derrière le féminisme et l’athéisme militant.

  • Les FEMEN se sont également affichées au côté du « Comité Noir », petit mouvement d’extrême-droite présent dans toute l’Ukraine. Certains de ses militants les plus exaltés ont été condamnés pour avoir mis le feu à une résidence d’étudiants africains et attaqué un centre social juif.
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    De gauche à droite : L’ultra-droitière Anna Sinkova (chef de la Confraternité de Saint-Luc), Sasha Shevchenko, Anna Hutsol, une militante FEMEN et Bogdan Titsky (chef du Comité Noir) – A la sortie d’un interrogatoire de police (08/2013)

    FEMEN cache à peine sa proximité avec ces différents groupuscules. Dans un billet de blog, elles remercient ainsi « les membres de la Coalition orange et du Comité noir pour leur campagne de solidarité ».

  • Enfin, sachant que le mouvement FEMEN a officiellement dit son soutien à une alliance politique comprenant le parti d’extrême-droite Svoboda, on sera peu étonné de retrouver, à l’occasion, les « féministes » au coté du dit parti. A un rassemblement contre le régime biélorusse en janvier 2011, par exemple, où une militante ira jusqu’à tenir une affiche de Svoboda :
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    « Vive la Biélorussie indépendante . Vive l’Ukraine libre », « Non à la terreur rouge »
  • Egalement présent ce jour là Viktor Sviatski, et l’organisation ultra-nationaliste et antisémite UNA-UNSO
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    Le drapeau rouge et noir de l’ UNA-UNSO flottant au dessus d’Inna et Sasha Shevchenko. Viktor Sviatski veillant au grain, en arrière-plan.

    Non loin d’Inna et Sasha Shevchenko, une figure skinhead, Edouard Iholnikov

    Pas un inconnu. Un mois plus tôt (mai 2011), il fut impliqué dans l’attaque d’une cérémonie en mémoire de la victoire sur le nazisme …Une agression dont il sera question jusqu’en France.

    En outre, Iholnikov est un des chefs de fil jeunesse de Svoboda à Kiev

    Un an plutôt (juin 2010), Iholnikov et Sasha Shevchenko s’étaient déjà retrouver à l’occasion d’une manifestation. Au nom de la lutte contre la « censure ».

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    Iholnikov effectuant le signe de ralliement de Svoboda. Shevchenko celui de FEMEN.

    Les liens sont parfois plus personnels entre l’extrême-droite et FEMEN. En 2012 le site FEMEN fut ainsi hébergé sur le site de leur « ami bloggeur voland14 ». Voland14, pseudonyme de Sergey Didkovsky. Côté pileDidkovsky est un « spindoctor » et éditorialiste dans Playboy (!). Côté face, blogger néonazi (14, une référence hitlérienne transparente ) ; païen ; et chroniqueur médiatique évoquant les « Européens de souche que l’on mène à l’abatage ». Celui qui diffuse aujourd’hui des vidéos sur « Eurabia » fut un animateur de la scène néonazie ukrainienne dans les années 2000 (sous les pseudonymes, justement de voland14 ou voland ratybor)…Sur la photo suivante, il s’illustre parmi les supporters de foot du club de Lviv, avec son « Parti national-travailliste d’Ukraine »…Foot et racisme : on se souvient de la campagne menée par les FEMEN contre l’entrée des supporters turcs à l’occasion d’un match…contre Lviv, précisément.

    Les FEMEN diffusent à l’occasion la prose de Didkovsky/Voland14. Comme le texte raciste « FEMEN et les envieux », qui évoque la « dégradation du patrimoine génétique ukrainien ». Un texte dont nous avons fait une sauvegarde.

    Didkovsky est donc un « ami blogger », hébergeur et certainement, selon nos informations, un partenaire « commercial » des FEMEN…mais son rôle exacte reste à préciser. Il est en tout cas un soutien de la première heure, et fait parti du « premier cercle » de l’organisation. Sur le réseau social le plus populaire en Ukraine et très prisé par les FEMEN, vk.com, Didkovsky ne cache pas ses accointances avec l’ultra-droite (cf une capture parmi d’autres). De même que son blog, vers lequel les FEMEN renvoient.


    Cliquer sur la photo pour l’afficher en grand
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    De gauche à droite : « Voland14 », « Sergey Didkovsky » et « Voland Ratybor » parmi les hooligans
    Didkovsky a bien hébergé l’accueil du site FEMEN…et sur son propre espaceLe site WaybackMachine permet de consulter l’archive d’un site.
    Lorsque l’on veut consulter l’archive de la page d’accueil du site des FEMEN, on est renvoyé vers le site de Didkovsky (pour la période du 1/02/ au 16/06/2012)

    Enfin, au sein même de l’équipe FEMEN, on note la présence de proches de la mouvance nationaliste radicale :

  • Yaroslav Yatsenko, leur avocat historique, s’affiche sur son blog comme un supporter de Roman Choukhevytch et affiche sur Facebook un intérêt exclusif pour le parti d’extrême-droite Svoboda
  • Courant 2012, Maria Popova, directementa href=sl=uk issuea href= d’une organisation ultra, devenait l’attachée de presse du mouvement

« Rien ne peut justifier la coopération avec la droite radicale »

Les alliances sulfureuses des FEMEN témoignent de la confusion à l’oeuvre dans la société et la politique ukrainienne. La lutte contre l’influence russe, qui étouffe depuis des décennies l’émergence d’une nation ukrainienne souveraine, légitime de toute part l’alliance avec un parti d’extrême-droite directement issu du néonazisme (Svoboda fut longtemps appelé « Parti social national d’Ukraine ») et la réhabilitation de mouvements nationalistes ayant collaboré avec le nazisme.

Néanmoins, cette stratégie d’alliance ne fait pas l’unanimité. Que ce soit au sein de la communauté juive, de la mouvance antifasciste et libertaire ou encore parmi les intellectuels (politologues, historiens…). Interrogé par nos soins, le chercheur Anton Shekhovtsov déclare ainsi :

I don’t think that anything legitimises cooperation with the radical right, and I signed a letter urging the mainstream politicians to stop cooperating with the radical right-wing Svoboda party –

http://www.day.kiev.ua/uk/article/den-ukrayini/tyagnibok-za-i-proti

Unfortunately, many mainstream politicians and activists in Ukraine do not understand the danger of alliances with the radical right. Sometimes, it does seem like a necessary evil, but – in the long-term perspective – all these alliances are really harmful to Ukraine’s democratic development.

=> FEMEN déclarait dès 2009 vouloir devenir un phénomène européen. La France sera la base arrière de ce développement. Pour se faire, quelles furent leurs alliances ? leurs relais politiques ? leur inspiration « idéologique » ? C’est ce que nous tenterons d’établir dans une dernière partie.

[Merci aux chercheurs qui m’ont éclairé sur la question. Ils ne peuvent bien sûr être tenus pour responsable du contenu de cet article. Thank you : Pavel Klymenko, Anton Shekhovtsov, Ann-Sofie Dekeyser, Alexander Wolodarsky…]

Islamophobie et réseaux néoconservateurs.

Cette dernière partie est consacrée à l’internationalisation des FEMEN

Dès 2009, les FEMEN entendent devenir le premier mouvement féministe européen. Elles en sont loin. Néanmoins, elles ont réussi à faire parler d’elles au niveau mondial (à la Biennale de Venise par exemple). En France elles ont été reçues avec les honneurs (2012) et inspireront même le nouveau timbre Marianne (2013).

Leur libertarisme de façade associé à des positions géopolitiques (objectivement) atlantistes et islamophobes leur ont néanmoins permis de s’attirer de solides soutiens au sein d’une partie de nos élites, à défaut de faire l’unanimité dans le reste de la population. Signe de l’opportunisme de l’organisme, en s’implantant en France, il abandonnera ses positions les plus réactionnaires (restriction de l’immigration, rétablissement de la peine de mort), au profit d’un combat facile contre l’Islam et l’Église, ou encore en faveur du mariage gay. Une thématique qu’elle n’avaient jamais traitées dans leur pays d’origine, allant jusqu’à pactiser avec des ultraconservateurs, comme démontré dans une première partie.

Caroline (Fourest) ange-gardien

Au sein de la gauche française, FEMEN a su s’attirer des soutiens auprès des Verts, du Parti de Gauche mais aussi du PS. Il faut dire qu’en s’installant à Paris, elles ont fait de l’extrême-droite catholique un adversaire médiatique.

Pourtant, c’est sur fond d’islamophobie qu’elles ont en commun avec ces intégristes qu’elles susciteront leurs plus solides soutiens. En particulier dans la mouvance pro-américaine. Figure de ce courant, Caroline Fourest, véritable ange-gardien. Au carrefour des milieux associatifs, journalistiques et politiques, c’est un allié de poids. L’avocat des FEMEN ? c’est le même que celui de la journaliste (Patrick Klugman, figure du Parti Socialiste parisien tendance pro-Israël). Quand Inna Shevchenko obtenait en 2012 le statut de réfugié politique c’est notamment grâce à la journaliste et un de ses soutiens dans la mouvance diplomatique : Pascal Brice. Pour cet atlantiste en diable qui dirige l’organisme en charge du droit d’asile (OFPRA), celui (d’asile) offert en un temps record à l’Ukrainienne constitue « un grand de motif de fierté ». C’est ce qu’il déclarait dans une émission de radio de…Caroline Fourest qui lui était consacré (France Inter, « Ils changent le monde »).

Un an plus tôt, c’est un autre membre du « réseau Fourest », le très néoconservateur François Zimeray, ex-Ambassadeur des droits de l’homme, qui se montrait particulièrement bienveillant envers Shevchenko. Ce n’est pas tout, la parution d’un ouvrage d’entretien entre la militante et la journaliste est imminente. Il ne s’agit pas d’un coup d’essai. Dès 2012 France 2 diffusait un documentaire de Fourest à la gloire du mouvement. L’experte reconnue de l’extrême-droite française s’y montrait complaisante vis-à-vis de son alter ego ukrainienne…

Dans le documentaire, il est en effet question, avec empathie, d’une « réunion de l’opposition » contre les résultats d’une « élection législative jouée d’avance ». On aperçoit alors distinctivement dans la foule les drapeaux bleu et jaune du parti d’extrême-droite Svoboda. Il s’avère qu’à la tribune ce jour là se trouvait aussi le leader de l’extrême-droite ukrainienne Oleh Tyahnybok, celui-là même qui dénonçait dans les années 2000 la « racaille juive »….

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Contre-champ : Oleh Tyahnybok à la tribune de la réunion de « l’opposition »

Le journal politique/commercial Charlie Hebdo dont est issu Caroline Fourest est un des grands relais militants des FEMEN au sein de la gauche.

L’occasion de rappeler que Charlie Hebdo est depuis plus de dix ans un allié plus ou moins constant des intérêts néoconservateurs. De Philippe Val à Charb.

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A gauche : Mohamed Sifaoui, Philippe Val, Caroline Fourest et un Danois, le très néoconservateur Flemming Rose (2006)
A droite : Elisabeth Lévy, fondatrice du mensuel pro-israélien (et propriété d’un « magnat » d’extrême-droite) Causeur avec Charb (Photo Causeur, 2012)

La revue La Règle du Jeu, dirigée par Bernard-Henri Lévy (administrateur de la maison Grasset et par là même éditeur de Caroline Fourest, il incarne, à l’instar de la journaliste, une « gauche » anti-totalitaire et pro-israélienne), a été à la pointe dans la défense du mouvement.

Enfin, l’association « FEMEN France » a elle-même a été fondée par une proche de Caroline Fourest, Safia Lebdi. Elle est issue de Ni Putes Ni Soumises, à qui l’on doit l’introduction dans le débat français de l’expression « fascisme vert ». Elle finira par claquer la porte . Trop indépendante pour subir le diktat de la direction ukrainienne. D’autres militantes rejoignent le mouvement. Moins formées politiquement, aux idées parfois troubles.

« Nous ne sommes pas dans un Etat islamique »

Qu’on en juge ce texte, au sujet de violences sur fond de religion et de racisme à Trappes. Il est signé par « Andromak », la tatoueuse attitrée du groupe :

« C’est bien qu’ils brûlent leur ville, ça nous évite d’avoir à le faire. Nous ne sommes pas dans un état islamique […]Ces personnes n’aiment pas leur pays, ces personnes ne sont pas patriotes, ces personnes ne respectent pas la république. Ils usent de certaines de nos lois libertaires pour nous entrainer vers des conceptions liberticides qui demain leur permettrons de créer des lois répressive a l’égard de la république […]N’oublions pas que les extrêmes ne sont JAMAIS bénéfiques, et que même si un ras le bol générale laisse à penser pour certains que la solution serait de voter l’extrême aux prochaines élections, sachez que se ne serait prendre le même chemin que ceux que nous critiquons […]si chaque citoyen arrête de tourner la tête, de baiser les yeux au nom du syndrome colonial, nous avons une chance d’arriver à vivre ensemble« .


Capture écran Twitter FEMEN / Photo Profile Facebook Andromak

Quand Inna Shevchenko plagie un auteur ultrasioniste

Un dérapage logique. Le discours officiel lui-même se « décomplexe ». Anna Hutsol utilisant l’expression « mentalité arabe » comme synonyme de « mentalité patriarcale ». Sasha Shevchenko comparant le voile…à un camp de concentration. Et Inna Shevchenko donnant dans un néoconservatisme digne du bushisme triomphant. Face aux accusations d’islamophobie, elle écrit dans le Huffington Post :

« Nous sommes en guerre. Une guerre entre deux époques . Une guerre entre une mentalité rétrograde qui appartient au Moyen-Âge et une mentalité progressiste bien ancrée dans le 21ème siècle . Une guerre entre la liberté et l’oppression . Une guerre entre la démocratie et la dictature. Une guerre entre ceux qui traitent les femmes comme des chiens et celles qui crient ‘nous sommes des femmes, nous sommes des êtres humains !’. Une guerre entre ceux qui croient aux superstitions et ceux qui ont l’esprit clair .’

Une rhétorique calquée sur celle de Wafa Sultan, enfant chérie de l’extrême-droite pro-israélienne, depuis un fameux « dérapage » relayé par MEMRI :

« Le conflit auquel nous assistons n’est pas un conflit de religions ou de civilisations. C’est un conflit entre deux opposés, entre deux époques . C’est un conflit entre une mentalité qui appartient au Moyen-Âge et une autre qui appartient au 21ème siècle . C’est un conflit qui oppose la civilisation au retard, ce qui est civilisé à ce qui est primitif, la barbarie à la raison . C’est un conflit entre la liberté et l’oppression, entre la démocratie et la dictature . C’est un conflit entre les droits de l’Homme d’une part, la violation de ces droits de l’autre. C’est un conflit qui oppose ceux qui traitent les femmes comme des animaux à ceux qui les traitent comme des êtres humains..[…] Ce sont les musulmans qui ont déclenché le conflit des civilisations. »

A l’époque, le premier média français à avoir relayer la « VF » des propos de Sultan n’est autre que le site de la revue de…Caroline Fourest. Le plagiat d’Inna Shevchenko a quant à lui été publié par le Huffington Post, plateforme qu’elle partage avec une certaine …Fourest Caroline.

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Wafa Sultan et la bloggueuse pro-israélienne d’extrême-droite Pamela Geller / Sultan et deux collaborateurs de C.Fourest : Irshad Manji et Mohamed Sifaoui / Sultan et Geert Wilders

Au sujet d’Israël, justement , la position des FEMEN ? Une forme de complaisance paradoxale. Les FEMEN ont fait de l’ouverture d’une branche à Tel-Aviv, qu’elles qualifient de « capitale démocratique européenne », un « rêve » . Ils’agirait pour elles d’une sorte de plateforme avancée pour atteindre le monde arabe. Pas de quoi calmer les accusations de « deux poids deux mesures ».

Relents colonialistes

Il y a les dérapages verbaux mais aussi les actes. FEMEN a multiplié les mises en scène ridiculisant les croyants musulmans. Il y eut la très médiatisée « Topless jihad day », organisée en solidarité avec la FEMEN tunisienne Amina Sboui. Et une protestation aux JO de Londres, contre l’autorisation faite à des athlètes voilées de concourir. La vidéo de cette dernière opération – orchestrée depuis Kiev, cf FEMEN – que nous avons retrouvée dans le « deep web », fut peu relayée, on comprendra pourquoi.

D’aucuns répondront que FEMEN s’attaque également à des symboles chrétiens. Certes. Mais quand par exemple elles attaquent le Vatican, c’est pour le dénoncer comme un « caillot » au sein de la « civilisation du progrès ». A savoir l’Occident. Autre preuve de la hiérarchisation des cultures et des religions à laquelle elles se livrent, leur volonté affichée de « pousser le monde civilisé à boycotter les pays qui pratiquent des traditions islamiques barbares » (cf.FEMEN). Une rhétorique empreinte de colonialisme.

Enfin, il faut noter qu’à la rentrée 2013, le double langage (qui consistait par exemple à proclamer « mort à la sharia »en russe… rien qu’en russe) craquait définitivement, l’islam en tant que tel étant désigné comme adversaire : « L’islam n’est pas source de vertu. L’islam est source de violence et d’oppression » (statut Facebook).

FEMEN de demain ?

A l’été 2013, Anna Hutsol et Viktor Sviatski demandaient l’asile politique…à la Suisse. La rentrée du groupe fut marquée par trois axes de lutte : la dénonciation de l’islam en tant que telle, de la prostitution et enfin, comme sortie de nulle part…une défense de l’immigration (sur fond d’anti-frontisme). Il n’est pas sûr que celle-ci en demandait autant. FEMEN a d’ailleurs été catalyseur de nouveaux groupuscules d’extrême-droite tels Hommen et Antigone.

Le manque de transparence du mouvement couplé à l’autoritarisme de ses dirigeants est un véritable frein à son expansion. Les branches Brésil et Belgique ont ainsi été dissoutes. Les membres historiques de FEMEN France ont quitté le mouvement.

Leurs positions islamophobes et occidentalistes leur ont assuré des soutiens. Mais celles-ci semblent aller à l’encontre des nouveaux rapports de force internationaux et d’un certain changement d’ambiance, avec par exemple une certaine banalisation des Frères Musulmans. En outre, l’année passée aura été marquée par un début de reconnaissance du phénomène islamophobe en tant que tel, jusque dans la mouvance antifasciste. En décembre 2012, les FEMEN étaient tout bonnement « évacuées » d’une manif pour le mariage pour tous !

Un article paru en Belgique l’été dernier soulève la question d’une dérive sectaire. A titre d’exemple : la journaliste Ann-Sofie Dekeyser, infiltrée dans le mouvement, souligne la pression qu’elle a ressentie pour se faire tatouer le corps, et la peur. Il s’agissait de se faire inscrire le mot liberté en ukrainien…soit « Svoboda » (ce qui provoqua quelques remous, il s’agit du nom du parti d’extrême-droite ukrainien).

Enfin, un repliement sur l’Ukraine semble exclu. Le tronçonnage d’une croix en aout 2012 y a achevé leur isolement.

En France, leurs provocations contre l’Eglise, à la veille d’élections municipales dont on sait combien elles sont empreintes d’électoralisme, a fragilisé leur position au sein du PS ; mais dans le même temps redonné du grain à moudre à leurs meilleurs ennemis : l’extrême-droite catholique. La susceptibilité de cette mouvance constitue peut-être un de leurs derniers espoirs pour ne pas retomber dans un certain oubli. La victimisation est en effet un des ressorts essentiels de leur développement.

Olivier Pechter

LU SUR http://www.legrandsoir.info/

Jour de colère, la grande messe de l’extrême droite

Le Huffington Post a réalisé un Pearltrees autour de la nébuleuse "Jour de Colère" (cliquez pour y accéder)

Le Huffington Post a réalisé un Pearltrees autour de la nébuleuse « Jour de Colère » (cliquez pour y accéder)

Ras l’Front Isère a publié un article(sur lequel nous nous sommes permis de faire quelques petits ajouts et modifications pour apporter les quelques précisions qui pouvaient manquer) autour de la manifestation du 26 janvier prochain à Paris, qui brasse large et devrait réunir la fine fleur de la réaction et du nationalisme français, dans un œcuménisme révélateur d’une volonté forte de former un front commun : islamophobes et antisémites main dans la main, solidaristes et ultralibéraux bras dessus bras dessous, « anti-système » et partis électoralistes, tous dans la rue contre l’égalité des droits ! Pas question en ce qui nous concerne de soutenir le gouvernement socialiste : mais notre colère est dirigée contre la violence et le racisme de l’État, contre l’arrogance et l’iniquité du système capitaliste, quand celle des nationalistes de tous poils rêve d’établir un ordre fondé sur la discrimination et l’exploitation.

Qui se cache derrière la manifestation baptisée « Jour de colère », qui est annoncée pour le  26 janvier à Paris ?  Des groupes réacs et groupes fachos réunis, qui s’affublent de diverses étiquettes et déguisements. Ainsi que le Front national, le parti-vitrine de l’ extrême droite.

Parmi ces mouvements, le « Printemps français », la nébuleuse des opposants les plus radicaux au mariage homosexuel qui réunit militants d’extrême droite, catholiques traditionalistes et identitaires.  Forte présence des obsédés islamophobes de « Résistance Républicaine », plus connu sous le nom de « Riposte (prétendument) Laïque » et de leurs grands amis identitaires. À la manœuvre aussi, les catholiques intégristes de « Civitas, » divers groupes anti-islam (comme le « Comité Lépante »). On aura également les anti-avortements comme ceux de « SOS Tout-Petits », regonflés par la régression mise en œuvre par le gouvernement très à droite en Espagne et les lobbies catho-franquistes.

Et on ajoute à tout ça une  forte tonalité et démagogie « antifiscaliste » . Ainsi de prétendus  « Bonnets rouges » de plusieurs départements (et vrais faux-nez des identitaires), alors que le mouvement officiel des Bonnets rouges annonce ne pas participer à la manif. Et encore d’autres « collectifs »,  opposés au “matraquage fiscal des patrons », opposés en réalité à toute redistribution des richesses et à toute solidarité sociale.

Soutien aussi de Dieudonné, s’alliant donc aux islamophobes, dans une apparente contradiction : mais la haine et le racisme, les idées les plus réactionnaires, partagés en commun, sont un ciment suffisant à l’ensemble des mouvances de l’extrême droite. Il a en effet appelé ses fans à participer au rassemblement en partageant l’évènement sur sa page Facebook. On peut parier sans risque que son compère en démagogie antisémite et complotiste, Alain Soral,  de la bien mal nommée et bien trompeuse « Egalité et Réconciliation », va entrer dans la danse. Les fascistes revendiqués de L’Oeuvre Française / Jeunesses Nationalistes ( Yvan Benedetti et Alexandre Gabriac),  pourtant en principe « interdits » depuis  juillet, seront également de la partie. Eux ne craignent pas de s’afficher tout autant anti-juifs qu’anti-arabes, sans oublier d’autres détestations comme l’homophobie par exemple.

FN_Vaucluse_JourdeColère

Le FN appelle à la manif…

On verra  sans doute aussi la participation de  divers  lepénistes et umpistes, plus ou moins déguisés eux aussi. Ainsi, le FN du 84 (Vaucluse), la fédé de Marion Le Pen,  appelle ouvertement à cette manif  de toutes les extrêmes-droites. De plus, il se charge de la coordination des troupes FN : dans un billet datant du 18 décembre, on apprend que des responsables chargés de la comm’ pour cette manif  ont déjà été nommés dans les sections départementales du FN en Saône-et-Loire, dans les Hauts-de-Seine, dans le Doubs, dans l’Allier, dans l’Oise, dans le Calvados, en Moselle, dans la Marne, en Seine-Maritime et même en Belgique. Depuis, la liste s’est certainement étoffée…

Sources :

Un article sur Slate.fr : Jour de colère: l’alliance des poussettes, des bonnets rouges et de la quenelle

Un article du Huffington Post :  Jour de Colère : qui se cache derrière la manifestation du 26 janvier contre le gouvernement

lu sur http://lahorde.samizdat.net/

Une entreprise menace un squat pour « vol de marque commerciale »

Le 9 décembre dernier, nous recevions par courrier, ainsi que par mail l’injonction suivante de la part de l’entreprise Dilengo.com :

Madame, Monsieur,

Notre société est propriétaire de la marque Dilengo qu’elle exploite commercialement.

Vous utilisez cette marque déposée sur votre site : https://squatdilengo.wordpress.com

Nous considérons que votre utilisation du terme Dilengo sur votre site constitue une contrefaçon de notre marque et nous porte préjudice. C’est pourquoi nous vous enjoignons de cesser l’utilisation du terme Dilengo dans les plus brefs délais.

A défaut d’une réponse positive et d’un engagement précis sous 7 jours, nous serons contraints de transférer le dossier à notre avocat, avec pour mission de défendre nos droits par tous les moyens qu’il jugera nécessaires, y compris celui de saisir les tribunaux.

Veuillez agréer, Madame, Monsieur, nos salutations.


L’équipe Dilengo
1047 Route des Dolines

Allée Pierre Ziller / Télécom ParisTech 
06560 Valbonne / Sophia Antipolis – France
Tél : + 33 4 92 91 14 27
E-mail : contact@dilengo.com 
Site internet : www .dilengo. com

Comme de bien entendu, nous avons souhaité répondre à cette menace. Nous publions donc notre réponse, pour qu’en toute transparence, chacun sache quel est notre point de vue :

Madame, Monsieur,

Vous nous évoquez l’exploitation de la marque Dilengo par votre enseigne et usez de menaces pour nous enjoindre à cesser l’utilisation de ce nom pour notre projet collectif.

Sachez que le lieu que nous occupons depuis le mois d’août est justement opposé aux logiques commerciales ineptes qui caractérisent le monde dans lequel nous vivons et qui vous amènent à saisir la justice pour une ridicule histoire de marque.

Sachez également que le terme « Dilengo » a une signification en langue romanès, signification que vous ignorez certainement. Dilengo signifie en effet « les fous » ou « maison des fous », terme que nous avons choisi en solidarité avec les roms. Notre projet de vie collective est en effet porté également par deux familles roms sans logement.

Auriez-vous la prétention de vous arroger des mots de la langue romanès pour le seul profit de votre commerce ?

Par vos procédés mesquins, tout à fait à l’image de l’économie capitaliste dont vous dépendez, c’est vous qui nous portez préjudice et non l’inverse.

Le nom de notre squat n’est pas une marque de fabrique. Et nos activités ne sont pas commerciales.

Dans le monde dans lequel nous aimerions vivre, les logiques qui sont les vôtres n’auraient pas droit de cité, tant elles sont contraires à nos désir d’humanité et de partage.

Sur ce, vous aurez compris que nous vous opposons une fin de non recevoir.

Les occupantEs du Dilengo

Jouissance émeutière et révolte érotique

 

Les nouvelles érotiques de Lilith Jaywalker permettent de s’immerger dans l’autonomie désirante. Mais la révolution sexuelle reste à accomplir. 

 

La littérature érotique d’aujourd’hui se révèle très souvent dépolitisée. Les niaiseries de Cinquantes nuances de Grey donnent le ton de la littérature sado maso la plus ringarde. Pourtant la littérature érotique peut aussi s’opposer aux contraintes sociales pour privilégier le plaisir. Cette démarche s’oppose donc radicalement à l’ordre social. Mais le milieu militant actuel se révèle très souvent puritain et préfère se référer à l’idéologie plutôt qu’à la vie. L’antisexisme et le postmodernisme coincé ne font que renforcer cette séparation entre plaisir et politique.

Mais il existe quelques exceptions. Lilith Jaywalker, dans le bien nommé Emeutia Erotika, associe désir d’insurrection et plaisir sexuel. Son recueil de nouvelles se révèle très original.

 

L’autonomie désirante pour érotiser la vie

Dans « Plat du jour », une lycéenne vit avec un étudiant dans un petit appartement. La jeune femme se révèle être une militante maoïste originale. « Le matelas au sol, recouvert d’un imprimé indien, était surplombé d’un poster de Mao affublé des moustaches de Dali », décrit la narratrice. Les maoïstes luttent surtout pour loger des familles et n’hésitent pas à occuper un bel immeuble. Mais l’autonomie désirantefréquente également le quartier. Cette tendance du mouvement autonome s’attache à politiser la vie quotidienne. Le désir devient le moteur de la révolution, mais aussi de la vie.

La narratrice décrit un homme de trente-cinq ans, amant d’une lycéenne, après avoir été l’amant de sa mère. Les trois personnes déjeunent ensemble, sans la moindre jalousie. La narratrice se joint aux deux amants pour une révision du baccalauréat particulièrement érotique et ludique. « Il déplora que Fourier ne soit pas étudié et continuait à philosopher quand je m’aperçu qu’elle lui peloter les couilles », décrit la narratrice. Elle se réjouit quand le couple l’invite dans son squat, et songe à ses désirs pour chacun d’eux. Mais elle doit abandonner ses fantasmes lorsque le jeune couple préfère alors dormir. « Adieu couilles, bites, chattes et nichons, je me retrouvais seule sur le palier avec toutes mes envies », déplore la narratrice frustrée.

Toujours dans le squat, elle rentre dans une pièce. Un homme pour lequel elle n’a aucun désir la déshabille. Elle se laisse faire. Même si cet homme la répugne elle savoure son baiser. « Long et délicieux », précise la narratrice. Elle s’abandonne alors au plaisir. Son dégoût pour ce corps vieux et rachitique ne l’empêche pas de jouir, bien au contraire.

 

La nouvelle « Emeutia Erotica » évoque la manifestation des sidérurgistes à Paris de 1979. La narratrice participe au cortège des autonomes, partisans de l’affrontement avec la police. Certes les sidérurgistes défendent leur travail et ne critiquent pas toujours l’oppression du salariat. Mais ces prolétaires s’affranchissent des bureaucraties syndicales pour privilégier l’action directe.

Cette manifestation du 23 mars 1979 débouche vers une émeute. Des vitres explosent dans l’obscurité des gaz lacrymogènes. Face aux forces de l’ordre, les manifestants doivent s’échapper dans la confusion. « A peine quelques encablures séparait mon crâne nu des premières matraques, dont j’entendais les coups pleuvoir », décrit la narratrice. Mais c’est lorsqu’elle se précipite dans un immeuble bourgeois avec d’autres manifestants que l’action devient la plus intéressante. Lorsqu’un jeune émeutier demande à la narratrice de l’essuyer, un frisson érotique se déclenche. Dans l’obscurité elle ne peut que céder à qon désir, de manière gourmande et sensuelle. «Ivre de foutre et de sang, je sentis monter en moi une folle envie de jouir », décrit l’émeutière. Elle évoque ensuite une scène de plaisir intense.

Les deux amants retrouvent ensuite le cortège de la manifestation. Les ouvriers vivent l’alignement des magasins de luxe comme une provocation et détruisent les vitrines. Cette vision d’émeute ne fait que renforcer le désir érotique.

 

 

Dans « Aux aguets », Sandra rejoint Paris dès ses dix-huit ans. Mais elle est rapidement déçue par l’atomisation et la séparation des individus qui règne dans la capitale. « Espérant trouver la liberté dans cet anonymat, jusqu’ici elle n’y avait rencontré que l’ennui », décrit la narratrice. Mais elle rencontre des squatteurs avec lesquels elle se lie. Elle pratique le vol en compagnie de Minty, une femme longiligne. Lorsque la police semble les surprendre, les deux filles s’embrassent sensuellement. Mais Minty, la femme qui a passionnément étreinte Sandra, se révèle être un homme.

Dans « Paris Vision », la narratrice est une femme de trente ans. Elle pensait pourtant mourir jeune. « Seulement, le jour fatidique vint et avec lui la même furieuse envie de jouir et d’en découdre, s’accommodant mal du néant éternel », exprime la narratrice. Avec Sean, elle entretien un amour fidèle et libre. « L’équation fut simple à résoudre : la fidélité des corps n’ayant rien à voir avec celle du cœur, nous ne nous cacherions rien et nous nous permettrions tout », décrit la narratrice. Cette relation permet de sortir de l’urgence sexuelle et de la séduction permanente pour mieux satisfaire ses désirs. La narratrice peut vivre une relation intense avec Yoann, qui en revanche exige l’exclusivité amoureuse. Cette relation amoureuse repose sur le désir, la sensualité et la spontanéité contre le culte de la performance et des manuels techniques desmagasines féminins. « Yoann était un de ses rares amants à savoir que technique et plaisir ne font pas bon ménage. Oublieux des performances, il avait l’intelligence des situations et se montrait toujours merveilleusement inspiré », se réjouit la narratrice.

 

 

La révolution sexuelle est une guerre en cours

Les nouvelles de Lilith Jaywalker tranchent avec le conformisme du petit milieu militant et autonome. Ses récits peuvent choquer les antisexistes et autres gauchistes puritains qui associent le désir et le plaisir à un simple rapport de domination. Au contraire, cette littérature érotique associe l’amour à la liberté. Toutes les normes et les contraintes sociales volent en éclat. L’ambiance insurrectionnelle attise le désir. Le cadre du couple, avec son enfermement et sa routine, est joyeusement démoli. Contre la sexualité marchande, mécanique et formatée, c’est un érotisme sensuel qui s’exprime librement.

Ses récits semblent d’autant plus jubilatoires que le mouvement autonome d’aujourd’hui, loin de l’autonomie désirante héritière des années 1968, s’attache à unedéfense acharnée de l’ordre moral. Le couple et le patriarcat deviennent des remparts les plus solides contre la domination masculine selon ses gauchistes antisexistes. Les anarcho-citoyennistes refusent d’évoquer la moindre perspective de révolution sexuelle. Ils préfèrent aménager le patriarcat en dénonçant la domination masculine, comme d’autres s’indignent de la gloutonnerie de certains patrons. Ils refusent de remettre en cause le couple, la famille, l’école et toutes les institutions patriarcales qui répriment les désirs. Les autonomes font même de l’amour libre une cible politique à combattre.

Ses idéologues gauchistes adoptent les bonnes vielles manœuvres staliniennes et réactionnaires d’un Clouscard ou d’un Michéa. Ils font semblant de vivre dans un monde d’orgie permanente, alors que la morale sexuelle demeure enracinée, pour proposer un retour au puritanisme. Un petite minorité de traders et de petits bourgeois, et apparemment de petits chefs autonomes, peut vivre effectivement une libération amoureuse. Mais pour le prolétariat, c’est la misère affective et sexuelle qui prédomine.

La révolution sexuelle reste donc à réaliser. Une sexualité conformiste diffuse les normes de compétition et de performance. Ses nouvelles formes d’inhibitions s’ajoutent à celles de la société patriarcale et de l’ordre moral qui reste bien ancrées malgré l’étalage du spectacle pornographique. C’est sans doute la limite des récits de Lilith Jaywalker. La frustration n’est jamais durable et ne fait qu’attiser le désir. Ses nouvelles ne parlent pas de la répression sexuelle toujours présente. En revanche, Lilith Jaywalker ravive le souvenir d’une autonomie désirante qui place le plaisir au centre de la lutte et de la vie.

 

Source : Lilith Jaywalker, Emeutia Erotika. Six nouvelles, Sao Maï, 2013

 

Articles liés :

Lutter et vivre dans l’autonomie italienne

Insurrection des désirs dans l’Italie des années 1970

Contre l’ennui militant

La littérature érotique de Pierre Loüys

Guillaume Apollinaire et le plaisir érotique

Contrôle des corps et misère sexuelle

 

Pour aller plus loin :

Blog de Lilith Jaywalker

Sébastien Schiffres, « L’Autonomie désirante« , issu d’un mémoire sur La Mouvance autonome en France de 1976 à 1984

Vanina, Réflexions autour de la « libération sexuelle », publié dans le journal Courant alternatif le 20 janvier 2011

 

LU SUR http://zones-subversives.over-blog.com

Le CRIF et l’extrême-droite

Le CRIF est une structure communautaire qui se veut l’unique interlocuteur des juifs de France auprès des pouvoirs publics et de la société. Créé à la Libération, il a peu à peu dérivé à droite, en se faisant notamment le défenseur inconditionnel d’Israël. Le CRIF prétend représenter les juifs français sans que sa représentativité et son influence réelles au sein des juifs de France ne soient ni questionnées ni prouvées. Son influence vient du fait qu’il regroupe des personnalités introduites dans différents cercles de pouvoir (économiques, politiques ou médiatiques) et non du fait qu’il est une organisation de masse. Il est le regroupement d’une partie des élites juives vivant en France.

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Excluant tout autre voix juive ne se soumettant pas à sa ligne politique, le CRIF se transforme en tribunal communautaire et condamne les opposants en les affligeant du stigmate de la « haine de soi » – c’est-à-dire en les accusant de trahir l’identité juive.

Les discours des dirigeants du CRIF reflètent les évolutions de leur vision politique et les stratégies qui en résultent. Ainsi, lors de l’accession de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle en 2002, Roger Cukierman, alors président du CRIF, déclare à un journal israélien que cette victoire politique de l’extrême-droite servirait à réduire l’antisémitisme musulman et le comportement anti-israélien en France. Le score du FN est alors analysé comme un message adressé aux musulmans de France leur indiquant de se tenir tranquille.
Cette simple phrase condense l’analyse politique dominante au sein du CRIF : l’extrême-droite ne représente plus un danger pour les juifs de France mais uniquement pour les musulmans de France.
Jean-Marie Le Pen n’est pourtant pas connu pour sa sympathie envers les juifs, c’est même sa patine anti-juive qui lui a fait perdre le soutien d’associations juives américaines lors des présidentielles de 1988.
Pour le CRIF, le Front National apparaît cependant comme une digue de défense face à un supposé danger islamique. Dans cette perspective, le CRIF et le FN deviennent des alliés objectifs, malgré l’antisémitisme déclaré de Jean-Marie Le Pen et la présence au sein du FN de cadres dont le négationnisme n’est un secret pour personne.

Gilles-William Godnadel, figure médiatique et politique du CRIF, constitue un trait d’union entre l’extrême-droite et certaines structures juives. Sa proximité avec Anne Kling, membre de la mouvance identitaire et auteur de la France Licratisé, est de notoriété publique. Par choix stratégique et compatibilité idéologique, des figures majeures du CRIF et une partie des droites radicales partagent ainsi la conviction que les populations arabo-afro-musulmanes issues notamment des quartiers populaires constituent désormais le principal danger pour la France.

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Pour d’autres fractions de l’extrême-droite, dont Alain Soral et Dieudonné sont les porte-voix, le danger prioritaire demeure juif. Leur objectif est d’utiliser les populations des quartiers populaires comme troupes de choc contre une communauté juive présentée comme omnipotente et cause de tous les problèmes. Enrôler des supplétifs : vieille technique qui rappelle l’armée d’indigènes du temps de l’empire colonial et dont le FN vante encore les mérites dans son nouveau programme.

Rien d’étonnant si Gilles-William Goldnadel rend service gratuitement à des personnes comme Anne Kling ou discute avec Marine Le Pen par l’intermédiaire d’Alain Soral. Tous travaillent dans le même objectif : renforcer un pouvoir basé sur des logiques culturelles et religieuses en France et en Palestine occupée.

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Le FN et les nationalistes n’aiment pas les juifs. Ils font toutefois parfois alliance face à des ennemis qu’ils estiment plus importants, comme le communisme ou l’islam. C’est pour combattre le premier que des personnes comme William Abitbol ont adhéré à l’organisation d’extrême-droite Occident.

peninque_natafC’est principalement pour combattre le second que des militants comme Jean Claude Nataf, le leader âgé de la « LDJ »,côtoient des gens comme Philippe Péninque, l’un des instigateurs d’Egalité et Réconciliation. Les identitaires et la LDJ ont participé ensemble aux assises contre l’islamisation de la France, aux côtés de Riposte Laïque qui estsolidaire de Troisième Voie.
Serge de Beketch, figure des nationalistes, compte parmi lesvolontaires pour défendre Israël lors de la guerre des 6 jours.
Plus récemment, maître Dassa Le Deist, premier avocat d’Esteban Morillo, lemeurtrier de Clément Méric, est l’avocat de l’association « vigilance halal ». Ses déclarations sont alors relayées par les réseaux russes, ceux-là mêmes qui constituent une tribune pour Alain Soral.

De nombreux nationalistes considèrent Israël comme un avant-poste occidental en Orient et une digue face aux masses arabes et musulmanes dans une perspective de guerre de civilisations.
Ce positionnement permet une double évacuation du racisme : on pousse les juifs à s’installer en Palestine occupée et on peut ensuite dire que les tensions en France entre les musulmans et le reste de la communauté nationale ne sont que le résultat de l’importation de la lutte palestinienne en France.
Cette ligne politique est commode pour les droites radicales et toutes les élites françaises car elle permet d’évacuer totalement du débat les dimensions économiques et sociales, tant sur la question palestinienne que sur les tensions sociales en France.

Pour les stratèges du CRIF, il est préférable d’avoir des antisémites sionistes que des antisionistes antiracistes : c’est dans ce cadre que se concrétise politiquement une même vision du monde partagée par le CRIF et l’extrême droite.
Ainsi, il n’est pas contradictoire de voire des leaders de partis européens dedroite radicale partir en voyage en Israël, bien qu’ils aient affichés des positions clairement antijuives par le passé.
Après tout, le sionisme est un nationalisme basé sur des mythes culturels et religieux qui se concrétisent par une colonisation : un pur produit de la pensée européenne en somme.

Cette vision exclut totalement la dimension économique et sociale. La violence qui s’est abattue sur les juifs en France sous Vichy et l’occupation a été possible en grande partie parce que beaucoup parmi celles et ceux qui l’ont subie étaient pauvres et immigrés. Leur arrivée récente en France depuis l’Europe de l’Est et leur précarité économique ne leur permettaient pas d’échapper à la violence par des réseaux de solidarité ou en s’assurant une protection par leur pouvoir économique.
Aujourd’hui, ce sont les immigrés des anciennes colonies et les Rroms, éternels pauvres, qui sont dans cette situation.
Comme l’explique Frantz Fanon, les crimes perpétrés en France ont marqué les mémoires parce qu’ils se sont déroulés sous les yeux des métropolitains. En revanche, les crimes coloniaux ont toujours été passés sous silence. A ce sujet, les défenseurs de l’empire colonial français et les sionistes peuvent tenir une position commune : affirmation du rôle positif d’une colonisation et reconnaissance des massacres de la Seconde Guerre mondiale. Cette posture permet de transformer les anciens bourreaux en résistants (on voit actuellement le FN récupérer le champ lexical de la Résistance en comparant la présence de musulmans en France à l’occupation nazie) et les actuelles victimes de discriminations en barbares (les immigrés musulmans sont décrites comme des hordes par le FN ou Soral, et assimilés à des terroristes tant par l’extrême droiteque les sionistes).

sticker FN

eurabiaDans ce cadre, les sionistes tentent d’imposer une adhésion à leurs positions politiques comme condition sine qua nond’appartenance au monde « civilisé ».
Les discours et la stratégie du CRIF aboutissent à la construction d’une spécificité juive, parce qu’il serait naturel que la République d’après 1944 soit un pouvoir politique qui ne puisse faire autrement qu’être leur protecteur face à une double barbarie : celle du nazi non républicain ou du musulman non compatible avec la démocratie.

Le CRIF néglige cependant totalement la possibilité que les pouvoirs publics puissent très bien passer d’une vision « positive » d’une minorité à une vision négative, et ce en très peu de temps. Considérer la République comme seule garante de la sécurité des juifs et autres minorités, c’est oublier rapidement que c’est dans le personnel politique, policier, économique et administratif de la Troisième République, que s’est forgée la colonne vertébrale du régime de Vichy – Maurice Papon, haut fonctionnaire, ayant continué ses œuvres après l’épuration. Aujourd’hui, une partie des élites françaises, pour se dégager de toute responsabilité concernant la crise économique, cherche des boucs émissaires. Le CRIF semble considérer que les juifs ne seront pas visés et qu’Israël constitue leur salut. Pour combien de temps encore ces deux options seront-elles valides ?

 

lu sur http://quartierslibres.wordpress.com

Pantin : contre l’expulsion du 2 rue Lakanal

L’ancienne gendarmerie de Pantin, laissée vide pendant près de deux ans, est squattée depuis quelques temps par quelques habitants. Son propriétaire, le Conseil Général de Seine-Saint-Denis a expédié l’affaire, faisant juger son expulsion au mois de décembre. Le texte qui suit relate l’affaire et donne quelques éléments sur le contexte d’une ville qui fait tout pour éloigner ses habitants au profit d’une faune plus friquée.

des lofts pour les uns, la rue pour les autres

Depuis quelques années, le long du canal et à Hoche, de (très) grandes entreprises, des banques et des industries de luxe et de communication se sont installées. Pour l’instant, leurs cadres ne viennent que pour travailler et passent directement du RER à leur boîte par des navettes privées. Ils restent derrière leurs grilles et craignent l’hostilité du « 9-3 ».

Mais ce n’est que le début : les aménageurs privés et la ville nourrissent de grands projets. Par exemple, « Newport », le prochain projet résidentiel de Nexity sur les bords de l’Ourcq. Les appartements s’y vendront à plus de 5500€ le mètre carré (avec port privé intégré), alors que le prix moyen pantinois était de 3400€.

Le maire PS de Pantin, Bertrand Kern, se vante de transformer Pantin en un « nouveau Brooklyn » : concrètement, cela veut dire passer d’un ancien quartier industriel et populaire à un nouveau lieu à la mode, avec des galeries d’art, des résidences pour cadres et des cafés hors-de-prix. Mais où iront les habitants actuels, dans cette nouvelle ville qui n’est pas faite pour eux ? Déjà, en 5 ans, les loyers ont augmenté de 18 %.

Nous sommes un groupe réunissant des mal-logés, des chômeurs ou des travailleurs précaires, des étudiants, etc.. Étant donné la difficulté de se loger en région parisienne et les loyers exorbitants, nous nous sommes regroupés et avons décidé d’occuper un bâtiment vide, au 2 rue Lakanal, à proximité du futur Newport et de la prochaine méga-agence publicitaire qui s’installera dans le « Paquebot » rénové.

Le lieu où nous vivons est une ancienne gendarmerie, laissée vide depuis plusieurs années par son propriétaire, le Conseil Général de Seine-Saint-Denis. Nous sommes expulsables depuis le 20 décembre. Nous avons été jugés en procédure d’urgence, sans avoir l’occasion de nous défendre, et déclarés expulsables sans délai en plein hiver. On nous a aussi dit que le fond du terrain pourrait soi-disant s’écrouler (comme toute la ville de Pantin) et qu’habiter ce lieu serait dangereux pour notre propre sécurité !

Nous bloquerions aussi le projet de vente à un promoteur immobilier. Il est prévu d’y construire, dans un avenir lointain, des logements destinés à la vente mais comptabilisés comme logements sociaux. En attendant, nous serons mis à la rue sans aucune proposition de relogement. L’État promet depuis longtemps des réquisitions de bâtiments inoccupés, et le Conseil général (PS) en a sous la main et préfère les garder vides ou les détruire.

Nous savons que nous ne sommes pas les seuls à être sur un siège éjectable. Dans toute la proche banlieue parisienne, de grands projets urbains sont en cours. Les prix de l’immobilier flambent, les petits propriétaires se font exproprier, les locataires n’arrivent plus à payer leur loyer et ceux qui n’ont pas les moyens sont totalement indésirables. La seule possibilité bon marché est l’offre HLM, mais elle n’est souvent pas accessible aux plus précaires. Résultat : tous doivent partir toujours plus loin. C’est ça le Grand Paris.

Non à l’expulsion du 2 rue Lakanal !
Pas d’expulsions sans relogement sur la commune !
Un logement, des espaces d’activités gratuits, du temps libre,
de quoi vivre dignement pour tous et toutes !

Les habitant.e.s de l’ancienne gendarmerie de Pantin
contact : electrochoc@riseup.net

[Bagnolet] Programme de janvier 2014 au Rémouleur

http://juralib.noblogs.org/files/2014/01/023.jpgTÉLÉCHARGER LE FLYER

Appel à soutien financier

Le Rémouleur est un lieu ouvert depuis trois ans pour se rencontrer, échanger et s’organiser. On peut s’y réunir, boire un café et discuter, lire, écrire des tracts, trouver des infos… S’organiser collectivement, hors des syndicats, des partis et des structures hiérarchiques. Pouvoir se donner des armes pour le futur par la diffusion d’idées et de pratiques, en discutant et en confrontant nos positions politiques. Apporter force et consistance aux luttes présentes et à venir. Parce que nous voulons transformer radicalement cette société, ni plus ni moins ! Tendre vers un monde sans exploitation ni domination, sans État ni frontière, sans argent ni propriété privée…

Dans un monde où l’argent règne encore en maître, nous avons encore besoin de payer un loyer. Nous avons choisi de louer un local avec pignon sur rue pour pouvoir y développer des activités pérennes, gratuites et accessibles.

Parmi ces activités, des projections, présentations de thèmes et d’ouvrages et des discussions sont organisées chaque mois. Des collectifs de lutte se réunissent régulièrement au Rémouleur et y organisent des permanences : Sans remède, autour de la résistance à la psychiatrie ; Cadecol, Caisse de défense collective ; Prenons la ville, concernant la restructuration urbaine ; Les Cafards, quant aux différentes institutions comme la CAF et Pôle Emploi ; et une permanence Sans papiers, s’organiser contre l’expulsion.

Le local contient une bibliothèque dont la plupart des livres peuvent être empruntés. Des films sont également accessibles. Des tracts, brochures et affiches ainsi qu’un fond d’archives sont à disposition. Les brochures et les livres d’éditeurs indépendants diffusés au Rémouleur sont à prix libre, et l’argent récolté est réinvesti dans l’achat de livres et brochures payés à leur prix de revient et dans quelques dépenses courantes du local.

Reste le problème du loyer. Les moyens que nous nous sommes collectivement donnés pour trouver de l’argent (concerts, apéros, etc.) ne suffisent pas. Nous lançons donc un appel à soutien financier sous forme de dons uniques ou répétés.

• Par chèque à l’ordre de “Plumes” à déposer aux permanences ou à envoyer à l’adresse suivante : Le Rémouleur, 106 rue Victor Hugo, 93170 Bagnolet ;

• En liquide, aux permanences ;

• Par virement, en venant aux permanences ou en envoyant un mail.

Le Rémouleur

Bas les pattes sur Résistons Ensemble ! (3)

Cités interdites ?

Le 16 décembre dernier, Natacha membre du syndicat Sud Éducation 92, Ivan et Janos, membres du Réseau Résistons ensemble contre les violences policières et sécuritaires, diffusaient le dernier numéro de notre bulletin mensuel intitulé “Crimes policiers, crimes racistes, 30 ans après rien n’a changé”. Ils s’étaient placés à la sortie du métro Les Courtilles (ligne 13) faisant face à la Cité du Luth à Gennevilliers (92).

Très rapidement, 4 agents de la BAC sont venus les arrêter, direction le commissariat de Gennevilliers. Le 15 avril dernier Ivan et Janos avait déjà subi cette même agression, interpellés pour les mêmes raisons à l’intérieur de la cité du Luth (à ce jour toujours sans suite). Pour cette première les flics étaient plus nombreux. À chaque fois les copains ont été menés sous la contrainte au commissariat de Gennevilliers et placés en cellule avec l’interdiction de téléphoner puis conduits devant un OPJ pour ce qu’il leur a été présenté comme des « auditions libres ». C’est alors que leur a été signifiée l’accusation d’avoir diffusé le bulletin du réseau dont le contenu serait considéré par la police comme diffamatoire. Cette fois les empreintes et photos de Natacha ont été relevées alors que celles de Ivan et Janos l’avaient déjà été lors de leur arrestation précédente.

Le commissaire très virulent leur a expliqué qu’il voulait les voir disparaître du quartier, leur promettant des poursuites. Certains policiers n’ont pas hésité à affirmer que leur action était en représailles des critiques formulées dans le bulletin.

Deux arrestations en 8 mois alors que le petit journal du réseau Résistons ensemble est diffusé régulièrement, et ce depuis ses débuts (en 2002 !) dans ce même quartier du Luth SANS jamais avoir été saisi. Décidément on fait mieux sous la gôche que sous la droite.

À l’occasion de chacune de ces deux arrestations, les flics refusent de restituer les 700 exemplaires du bulletin qu’ils ont saisis, et interdisent ainsi matériellement sa diffusion, avec la promesse d’un harcèlement. Ces agissements de la police conduisent donc à empêcher la distribution du bulletin tout particulièrement dans une de ces cités mises au ban. Ainsi cette attaque vise plus largement le réseau, dans sa nature, son expression nécessaire dans les quartiers populaires.

Quartiers de relégation, destinés par les gouvernements successifs au chômage, à la précarité, au racisme, à la répression … ces arrestations sont-elles le signe qu’un nouveau pas serait franchi, cherchant aussi à exclure de ces zones, notamment des ZSP, l’expression de toute critique radicale ?

Appel à témoins
Peut-être avez-vous eu connaissance d’une action policière du même type cette année ? Dans les zones de sécurité prioritaires (ZSP) ? Ou en dehors ? Ou bien s’agit-il d’une initiative locale du commissariat de Gennevilliers ? Envoyez-nous votre témoignage.

Communiqué après la 1re arrestation
et suite au 16 décembre.

Résistons Ensemble n° 126, janvier 2014

La Sulfateuse : le BestOf, version remasterisé avec bonus et inédits

 

 

click une image pour télécharger le best of de la sulfat’

 

La Sulfateuse n’est pas un de ces torchons de droite crapuleusement planqué derrière des prétentions apolitiques.

La Sulfateuse n’est pas un torchon d’extrême droite insidieusement masqué derrière un apparent refus d’étiquette.

La Sulfateuse n’est pas un torchecul de gauche essayant de brader les derniers souvenirs d’ex- URSS sous des couleurs un peu plus bariolées.

La Sulfateuse n’est pas une merde progressiste sociale- démocrate qui va vous enfoncer sa grosse bite de building La- Défense dans votre petit gazon touffu de jardin écolo.

 

La Sulfateuse n’est ni de la droite réac’ ni de la droite libérale décomplexée, elle n’est pas davantage de la gauche social- démocrate complexée ou de l’extrême gauche marxiste- léniniste- qui- pue- la- charogne, elle ne se réclame pas non plus de l’anarchisme aux drapeaux noirs et A cerclés de festivals, ni du punk- totoïsme- qui pue la bière.

 

La Sulfateuse n’est rien d’autre que ce qu’elle écrit ou fait.

Elle ne donnera aucun mot tiroir ou fourre tout qui réussirait à la mettre sous une étiquette.

Ceux qui ne comprennent pas n’auront aucune explication.

La Sulfateuse est simplement venue chercher la merde et elle va la trouver.

 

Dans son entreprise radicale de critique, de sabotage et de destruction de ce qui l’empêche de vivre, à commencer par ce monde moisie, la Sulfateuse reconnaîtra elle- même ses complices, comme eux la reconnaîtront sans peine, comme elle saura reconnaître ses ennemis.

 

A tous ceux qui veulent la faire travailler, obéir, voter, consommer, se syndiquer, se soumettre ou soumettre son prochain ; aux politiciens, syndicalistes, profs, flics, juges, chercheurs, religieux, travailleurs, artiste, pacifistes ; au Travail, à l’Etat, à la Démocratie, à la République, à la France, à la Patrie, à la Droite, à la Gauche  … la Sulfateuse réponds « Nique ton père et nique ta mère, bâtard, grosse pute, ta bite, ta chatte, ta chatte, TA CHATTE ! »

 

La Sulfateuse reconnaît fréquemment ses complices dans les petites bourgeoises, les scatophiles de mauvais goût, les connasses de son espèce, les casseurs, les démolisseuses,  les haineux, ceux et celles qui « niquent tout » ou veulent « tout niquer », les branleurs, les feignasses, ceux qui auraient préférés rester dormir ce matin, les bâtardes, les saoûlards, les vicieuses, les pervers, les gros dégueulasses, les vieux garçons rabougris qui éjaculent leur petit sperme frustré derrière leurs écrans de P.C, les vieilles crasseuses poilues qui se tripotent en regardant David Hasselhoff dans « Alerte à Malibu », les lâches, les crapules, les menteurs, les voleurs, les ringards, les sodomites pauvres, les sales beaufs, les gens biens, ceux qui boivent pas, fument pas et font du sport, les propres- sur- eux, … et à tous les gens sympas et aux autres enfants de salauds :

 

Spéciale dédicace la famille !

[Méfiez-vous des contrefaçons] Qu’est-ce que la démocratie directe ?

http://juralib.noblogs.org/files/2013/12/054.jpgTÉLÉCHARGER L’OUVRAGE

Dès sa parution à Paris aux premiers jours d’avril 2010, ce bref « manifeste » libertaire pour la démocratie directe (qui s’appuie sur la plus moderne historiographie de la Grèce antique, et parti­culièrement d’Athènes au temps de Périclès et de Démosthène, pour tracer pour la première fois un plan synthétique des institutions fondatrices d’une authentique démocratie sociale : assemblées populaires souveraines fédérées, rotation et contrôle permanents de délégués révocables, « justice des plus démunis ») a eu une influence déterminante, par l’ampleur des discussions et la cascade de réactions qu’il a suscitées chez ses premiers lecteurs, sur l’ensemble du spectacle « politique » en France (où dans une délirante surenchère populiste, la « démocratie directe » s’est vue soudain inscrite aux listes de fausses promesses d’une myriade de petits partis, depuis le NPA néo-trotskiste jusqu’au Bloc Identitaire néonazi, en passant par le Parti pour la décroissance, écologiste-puritain, l’ex-Modem, catholique-libéral, la Droite populaire, crypto-fasciste, et même une croquignolesque Alliance royale, monarchiste ; les partis dits « de gouvernement » étant restés les seuls à ne pas s’y risquer, quoique le sujet ait été âprement débattu au plus haut sommet du Front National, l’ambitieux parti des nostalgiques de l’ordre colonial et des délateurs anonymes), et sur le mouvement social en Europe et au-delà (où la démocratie directe est cette fois expérimentée dans la pratique quand elle n’est pas déjà explicitement revendiquée par la rue, comme en Grèce ou au Québec). Il n’y a pas lieu de s’étonner de ce double phénomène : là en effet où la base prolétarisée (et la jeunesse en particulier) ne peut que s’enthousiasmer à la perspective clarifiée d’une véritable « souveraineté populaire », fondée notamment sur le rejet du « système des partis » compris comme système d’illusions idéologiques et de mensonges démagogiques, tous ces partis ou fragments de parti ne pouvaient au contraire que s’en alarmer, et se convaincre de l’urgente nécessité de se porter sur le terrain même de la menace – qu’ils croyaient définitivement ensevelie dans la fosse commune des « idéaux de Mai 68 » – pour la combattre avec l’arme dont ils sont les experts incontestés : la « récupération », ce mélange de plagiat, de falsification et de dissimulation, cocktail détonant de provocation politique et de petit commerce, dont le chef-d’œuvre le plus abouti reste l’ignoble faux antisémite Les Protocoles des Sages de Sion, devenu modèle littéraire pour plusieurs générations d’écrivains ratés, universitaires, journalistes, petits profs, qui vivent en parasites des idées nouvelles qu’ils ont pour mission d’asservir et d’exploiter, comme on fait du prolétariat dont elles émanent nécessairement. On sait cependant que si l’enseignement moderne a multiplié la quantité de ces contremaîtres de la pensée, il est très loin d’en avoir amélioré la qualité ; de sorte que là où quelques truqueurs habiles suffisaient à enchaîner des millions d’esprits révoltés, mille récupérateurs diplômés ne suffisent plus aujourd’hui à détourner de son cours le nouveau mouvement révolutionnaire mondial, dont ce livre annonçait l’irruption imminente, en définissant aussi bien sa cause la plus immédiatement fédératrice (l’exigence d’une « démocratie réelle » et non plus illusoire et mensongère) que les conditions de sa victoire (« il faudra, pour vaincre, un mouvement international ou qui, commencé à un endroit, s’internationalise rapidement. Il faudra des armes, il faudra la complicité ou la passivité d’une partie des armées »). Rien n’est gagné, bien sûr ; mais déjà la réalité s’insurge partout contre la dictature de la représentation, avec pour seules premières armes les nouvelles technologies de communication, initialement forgées comme chaînes et comme mouchards. Divers fragments de ce livre avaient été très vite publiés sur Internet par quelques-uns de ses premiers lecteurs, sans qu’ils parviennent évidemment à enrayer les grandes manœuvres de tous ceux qui au contraire ont trouvé leur intérêt à en falsifier et/ou dissimuler le contenu ; et le fait que le texte intégral soit désormais offert gratuitement en ligne, dans une version rigoureusement conforme à l’original imprimé, ne saurait pas davantage y suffire : mais participe assurément de cette insurrection.

(Éditions Antisociales – Décembre 2013)

Manuel Valls est un homme dangereux

Faute de changement après la défaite de l’UMP aux élections présidentielles de 2012, on assiste à une réussite du clonage : Nicolas Sarkozy reprend vie au Ministère de l’Intérieur sous les traits de Manuel Valls. Les ritournelles et les cibles des forces répressives de l’Etat restent les mêmes. Les opérations de communication demeurent une constante.
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Manuel Valls n’a pas de solution à apporter aux problèmes sociaux et n’a pas vocation à le faire. Il se retrouve au poste de premier flic de France parce qu’il sait menacer et faire du chiffre. Son boulot, c’est de faire rentrer les gens dans le rang ou de les mettre au ban de la société.
Il gère le territoire et les populations. Il ne règle pas les problèmes, il soumet et sanctionne. Manuel Valls reste le garde barrière agressif d’une république dont les contours sont flous et la définition abstraite. Il dessine lui-même les frontières de ce qui est convenable ou non, légitime ou pas. A défaut de combattre les injustices, il désigne les ennemis qu’il prétend combattre au nom des valeurs républicaines.

Pour gagner un combat, il est avantageux de désigner un adversaire à sa portée. C’est ce que fait Manuel Valls. Il nomme ses adversaires :
Les sans-papiers, plus simples à combattre que les patrons qui les exploitent, dans la droite ligne du renoncement du Parti Socialiste des années 80.
Les Rroms, parce qu’il est toujours plus facile de s’en prendre aux plus démunis et de créer un consensus autour de la haine d’autrui que de combattre le racisme.
L’islam, en tant qu’ennemi intérieur et danger pour la fameuse laïcité républicaine…
Aujourd’hui, il désigne Dieudonné comme le nouvel ennemi public N°1.

Notre garde barrière ne fait pas cela au hasard. Il remet les clés de la protestation médiatique à une personne dont il ne craint rien. Le PS ne craint pas plus le FN diabolisé que Manuel Valls ne tremble devant Soral, Dieudonné & Cie. On peut même dire le FN et le PS ont un point commun : la volonté de s’adresser au peuple dans sa globalité en excluant les classes populaires de leur programme économique. Il y a aussi les liens d’affaires qui rapprochent parfois les deux partis : un trait d’union financier apparait entre Jérôme Cahuzac et les cadres ou conseillers du FN ; le PS et le FN ont trempé aussi  dans la françafrique après le déclin des réseaux Foccart.
valls jeune
Manuel Valls utilise la même technique que François Mitterand lorsqu’il a cherché à détruire toute contestation à gauche afin de cacher ses renoncements : transformer la colère sociale en racisme.
Ce jeu est dangereux. Parce qu’il ne fait pas disparaître la colère, ni les raisons de la colère. Bien au contraire. En faisant des discours fondés sur les tensions raciales et culturelles, Manuel Valls divise et permet le passage à l’acte àl’encontre des plus faibles. Il faut rappeler qu’avant d’être ministre, il était maire d’Evry. C’est lors d’un de ses mandats qu’il regrettait de ne pas voir assez de « blancs » dans un quartier de sa ville.

Pas assez de blancs pour dire trop de noirs. On peut aussi remarquer que lorsque Christiane Taubira a été attaquée par des racistes, Manuel Valls n’a pas mis trop de zèle à retrouver et sanctionner les fautifs. On constate également que les paroles islamophobes ou racistes des policiers se libèrent sur le net et se concrétisent sur le terrain, sans réaction franche de leur ministre.
En revanche, lorsqu’il s’agit de jouer avec l’Histoire et l’antisémitisme des années 40, sans qu’il y ait aujourd’hui de menace mortelle évidente pesant sur les juifs français, Manuel Valls assure le show. A cet endroit, il convient de rappeler que l’antisémitisme des années 40 était une doctrine promue par l’Etat Français. S’il n’est pas une doctrine officielle de l’Etat français actuel, le racisme à l’encontre des populations immigrées, musulmanes ou Rroms est aujourd’hui toléré, voire légitimé par les pouvoirs publics. Il reste aussi l’expression politique et publique de larges fractions de votants acquises au FN et à l’UMP.

Manuel Valls se positionne comme le défenseur de la communauté juive en danger. La défense d’une égalité à géométrie variable devient alors le privilège accordé par l’Etat à une communauté spécifique. Cette posture du ministre vise de toute évidence à provoquer un retour de flamme en sa faveur, et des associations comme la LICRA ou le CRIF, dupes ou complices, jouent le jeu. Peut-être pensent-elles ne pas être, in fine, les grandes perdantes des tensions sociales transformées par les renoncements de la gauche en tensions raciales et religieuses ?

En pratique, la méthode de Manuel Valls entérine le fait qu’il y a bel et bien une hiérarchie dans les discriminations. Cette vision n’est pas seulement celle de l’UMP et du FN, mais devient potentiellement recevable pour tout le champ politique, y compris à « gauche ».
Certaines discriminations sont tolérables parce que folkloriques, ancrées dans les mentalités ou résultant de lointains carnages coloniaux ; d’autres sont intolérables pour la « République » parce que plus récentes et perpétrées devant témoins. Il est plus difficile d’occulter à la population hexagonale la déportation par voie ferroviaire sur le territoire français que la déportation à fond de cale de l’Afrique vers le nouveau monde. En jouant avec le racisme et en exacerbant les distinctions, Manuel Valls rend crédible l’idée selon laquelle certains sont plus égaux que d’autres, non pas sur des bases économiques mais sur des bases raciales ou religieuses.

Toute la classe politique, du PS à l’UMP, s’est appuyée sur le FN pour détourner la colère sociale sur les immigrés et l’ennemi intérieur « musulman ».
Manuel Valls a passé un cap supplémentaire en faisant de l’antisémitisme, racisme reconnu et combattu par l’État, un miroir déformant pour la révolte des quartiers populaires.

Si on conteste, on devient antisémite. Ainsi, la lutte pour l’égalité devient un combat pour des intérêts particuliers, dans une hiérarchie bien établie. En haut, il y a les classes dominantes qui vivent tranquilles ; en bas et au milieu, la guerre fait rage, sur des critères raciaux et culturels qui évacuent les questions économiques et sociales.

L’action de Valls a pour objectif de préserver le déséquilibre économique qui existe en France en tapant sur les classes populaires et en les criminalisant au besoin. En faisant de Dieudonné (qui sert objectivement les mêmes intérêts économiques que le PS) l’incarnation de la révolte, il tente de tuer dans l’œuf toute perspective de révolte. La contestation sociale et la lutte ne peuvent dès lors être menées qu’avec une marque déposée à l’INPI.
valls vice président
Manuel Valls est dangereux. Il a décidé sciemment de mettre en scène un combat fictif avec un ennemi qu’il a désigné pour des raisons stratégiques. Lorsque l’Etat veut détruire un ennemi, il a les moyens de le faire discrètement. Mais Manuel Valls a préféré opter pour la médiatisation d’un combat truqué. Ce faisant, il nous étrangle en nous proposant deux alternatives lui laissant chacune toutes les cartes en main : se rallier sans conditions à sa vision de la société ou être désignés comme des racistes en puissance.
Le PS d’avant nous proposait la résignation du vote par défaut ; Manuel Valls nous propose la capitulation totale ou l’assimilation à l’une des rares formes de racisme combattue par l’Etat. Valls se sert du repoussoir Dieudonné pour tendre le nouveau piège de la « République ».

lu sur:quartierslibres.wordpress.com