ENTRETIEN AVEC KARIM HAMMOU, 1/4 : COMMENT ON ÉCRIT L’HISTOIRE… DU RAP

Le 5 mai 2015, Nycthémère a rencontré Karim Hammou, sociologueHammou histoire couvertureau CNRS qui a publié aux éditions La Découverte l’ouvrage Une histoire du rap en France en 2012, issu de son travail de thèse. L’ouvrage est disponible en version numérique sur le carnet hypothèse de Karim Hammou, Sur un son rap, notes sur le genre rap et ses usages.L’entretien fut long et très riche. En voici la première partie, consacré au parcours du chercheur, à la place du rap dans le champ académique et aux rapports entre la thèse et le livre.

Nycthémère : pour commencer, est-ce que vous pourriez nous résumer votre parcours en expliquant comme vous en êtes arrivé à faire du rap votre objet de recherche dans les années 90. 

Karim Hammou : Je suis tout bêtement un amateur de rap qui a fait des études de sociologie et qui au moment de sa maîtrise a eu envie de mêler l’utile à l’agréable. Je n’avais pas une vision très stratégique du monde de la recherche, donc je ne me suis pas du tout posé la question de la légitimité de l’objet. Je me suis simplement dit : je vais profiter de mon mémoire de deuxième cycle à Sciences Po pour travailler sur le rap. Et finalement je me suis doublement pris au jeu.

D’abord au jeu de la sociologie et des sciences sociales en général. Et puis je me suis pris au jeu du questionnement sur le rap : à l’issue de ce premier mémoire, je ne suis pas satisfait par l’état de mes réflexions, j’ai l’impression que je commence à peine à commencer à ne plus mal comprendre plein de choses. Lorsque se présente l’opportunité de faire un mémoire de DEA – équivalent du master 2 aujourd’hui – je conserve le rap comme sujet de recherche par intérêt scientifique et parce je n’ai pas le temps d’imaginer un autre sujet. Ce DEA je le fais à Marseille, alors que j’ai grandi en région parisienne et c’est à ce moment que je me prends vraiment au jeu. Je commence à avoir une vision de ce que signifie faire une enquête sociologique sérieuse sur un objet comme le rap.

Et à l’issue de ce DEA, je suis conscient que je suis encore loin du compte. J’ai alors la chance d’obtenir un financement de thèse auprès de la région PACA. Ça me permet d’envisager une comparaison sociologique entre le rap en région parisienne et à Marseille. On est en 2002, donc quelques mois à peine après le pic de succès commercial du rap français. Pourtant, et j’insiste beaucoup là-dessus dans le livre, c’est un moment où on parle beaucoup d’une crise du rap français qui aurait commencé au début des années 2000, comme s’il y avait eu un effondrement incroyable, alors que ce qui s’est effondré, ce sont des espoirs ou des attentes. C’est le moment où on comprend que la conquête du paysage et de l’économie musicale par le rap ne sera pas une croissance sans fin. Ce n’est donc pas un moment de chute des ventes de disques, c’est plutôt un moment de stabilisation. Cela, je ne le percevais pas à l’époque, j’ai commencé ma thèse en pensant que le rap allait devenir toujours plus grand, toujours plus gros.

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BERETTA/GOTHAM ET DES LARMES

berette

Bérétta est un groupe de rap Français, il se compose de deux chanteuses lead, M7Flow et L’animal C. Auteurs, compositeurs et interprètes, ce duo de choc affiche clairement leurs opinions dans leurs textes. Militantes pour l’égalité des droits, leurs thématiques tournent autours des faits de la vie quotidienne et des injustices à
travers le monde. Issue d’univers musicaux différents, leurs instrus portent des empreintes de rock, de
jazz et de fusion. Un certain nombre d’entre elles fut créer par le beat-maker «Tieu D», mais les filles n’hésitent pas créer elles-même leurs instrus ou à s’associer avec d’autres compositeurs.
Ces deux fortes personnalités se sont rencontrées en 2010, à travers leur militantisme et leur passion commune pour la musique, tout particulièrement leur passion du RAP. Leurs influences sont variées aussi bien dans le Punk , le Rock, le Ska, la Fanfare, le Jazz et l’Électro.
Lucides qu’au jour d’aujourd’hui le rap français est devenu un produit musical de consommation, elles revendiquent leur appartenance au rap Conscient et indépendant.

PARIS GRAND CAPITAL

À Ivry, Alain observe les pelleteuses, on détruit l’usine à côté de sa boulangerie. À Bagnolet, des immigrés sont expulsés d’un squat, ils font face aux CRS sous la neige. À Pantin, Monsieur le Maire fait visiter sa ville en bus, il vante ses réalisations aux futurs habitants. Une balade dans le chaos de la restructuration urbaine.GRAN PARIS

Le film Paris grand capital est dors et déjà terminé et sa diffusion commencera à la mi-septembre. Il a été réalisé de manière indépendante, sans boites de production, ni subventions.

Mais nous aimerions également le sortir en DVD. Il pourra alors être distribué en vente directe lors des projections et dès novembre prochain, en librairie par les éditions du bout de la ville.

Pour rendre possible la fabrication du DVD, du livret et des affiches du film, nous comptons sur une souscription. Par ailleurs, si nous récoltons assez d’argent (3000 euros) nous espérons pouvoir aussi réaliser le sous-titrage du film en anglais, en arabe, en espagnol, voire même en Chinois.

Plus que 2 jours pour la souscription pour le DVD :
https://www.touscoprod.com/fr/parisgrandcapital

et pour aller plus loin dans le travail du réalisateur, il existe un site et une chaine youtube avec ses productions documentaires:

http://acontrechamp.net/

kung-fu & cruauté

kung-fu & cruauté

Le wing chun est un art martial aux prises avec la cruauté, cette part inconvertible de la violence. Un art qui la réfléchit dans une négociation entre la force et le droit. Art de contrôle non pas seulement de la violence mais bien de la cruauté. Pas de contre-attaque efficace, sans un moment moral, intellectuel et politique d’anti-violence. À programmer dans la pluridisciplinarité des collèges, car nous avons besoin du wing chun comme nous avons besoin de philosophie.

« Pour civiliser l’esprit, il faut d’abord rendre le corps sauvage ».
— Mao Zedong, pour le journal révolutionnaire New Youth, à propos du rôle de l’éducation physique dans la société, 1917

« What’s your style ? »
— Wong Kar-Wai, The Grandmaster

1973. Bruce Lee, artiste martial au début de sa gloire, est fauché à 32 ans par une probable rupture d’anévrisme. Au-delà de son propre style de kung-fu, le jeet kune-do, qu’il invente, joue et enseigne à Hollywood, chacun des arts martiaux pratiqués par l’icône va alors bénéficier de son aura mondiale. À commencer par le wing chun, appris jeune à Hong Kong auprès d’un des grands maîtres de la discipline : Yip Man. Si le kung-fu ne désigne pas un art martial en particulier, mais une « excellence obtenue après un dur travail » — l’expression peut donc être employée dans tous les domaines (poésie, peinture, cuisine, etc.) —, il renvoie d’abord à l’art du combat. Comme tel, le kung-fu entretient immédiatement un rapport à la violence, la sienne propre comme celle de l’autre, force à maîtriser, rationaliser et utiliser, sans ignorer la possibilité du lynchage ou de la mort. Il a donc aussi affaire en même temps à un excès de violence, qui est comme son côté obscur : la cruauté.

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IL Y A 50 ANS, LES PROVOS

« Actuellement le Provo s’en tient, non
sans mérite, à la provocation de la police,
aux affrontements sur le Dam, aux pétards
dans les boites aux lettres. Demain, il devra
traiter la police comme un ennemi conscient,
donner l’assaut contre le palais du Dam, et
poser quelques bombes dans les boites
aux lettres du BVD. Car seules les masses
provocatrices des jeunes glandeurs sont
encore à incorporer dans le mouvement. Ce
sont elles qui constituent une opposition, et
non pas les soit-disant classes laborieuses
qui sont pieds et poings liés dans ce
système social. Les Provos sont la dernière
classe révolutionnaire des Pays-Bas et nous
reconnaissons comme Provos les beatniks,
les pleiners, les magiciens. »

 

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Pro sexe pro rien

Cet article parle principalement de relations hétérosexuelles.

Je me questionne beaucoup ces jours ci (comme c’est pédant de dire ca ahah) sur le féminisme pro-sexe, sur les films pornos « féministes etc. Ma réflexion est évidemment déclenchée par le documentaire d’Ovidie « A quoi rêvent les jeunes filles », qui a le mérite d’interroger la norme hetero patriarcale qui vient infiltrer nos initiatives les plus militantes. Je ne peux pas le regarder sans penser à cet article du photographe et modèle Dwam sur les Suicide Girls, qui explique clairement en quoi une entreprise qui se voulait féministe se transforme peu à peu en entreprise tout court, créant une nouvelle norme du queer ou du alternatif politiquement correct. Un peu comme les cheveux pastels sur les jolies filles cet été, ces teintures n’ont rien de transgressives, les crêtes des punks sont bien loin, on reprend les codes d’une contre culture militante pour l’édulcorer et la dissoudre dans la norme. Pas d’handicapé-es moteurs ou mentaux, pas de gros-ses, pas trop de racisé-es, dans les productions « féministes », les personnages identifiés comme féminins sont queer, tatoués et piercés, minces blancs et valides. Toustes présentent une sexualité débordante, baiser sans entraves, jouir partout, cupcakes vulves et ateliers de création desextoys « féministes », l’injonction à baiser pour exister toujours présente, il faut que le corps exulte, c’est comme ca qu’on se libère, voilà le message. C’est difficile de s’exprimer contre ce message, car il ravit tout le monde. Les féministes pro sexe se sentent validées par l’idée de la libération des femmes par le corps dénudés et l’activité sexuelle, et le patriarcat profite largement des productions photographiques ou vidéos comme outil masturbatoire, et  la libération des corps multiplie l’offre des partenaires et les sexualités ludiques à découvrir. Les femmes, elles, restent pourtant seules à assumer les conséquences de cette « liberté » à jouir et à se montrer : contraception, grossesse, avortement, « réputation », répression policière et systémique des travailleur-ses du sexe, etc. Et les autres, les femmes non belles, non normées, les gros-ses, les racisé-es, les moches, celles qui jouissent pourtant hors du champ de la caméra, dans la vraie vie, celle ci se retrouvent hors du féminisme une nouvelle fois. Et celles qui choisissent de ne pas jouir, de ne pas avoir de sexualité, celles qui lient sexualité et mariage, celles qui choisissent la modestie vestimentaire, celles qui portent le foulard, quelle place ont elles dans ce féminisme ?

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