« À bas l’armée et toute autorité ! » – j’ai fait mon service militaire dans la France des années 1970

20 ans. Il y a exactement deux décennies, Jacques Chirac, pris d’une crise de lucidité passagère, annonçait la mort du service militaire, cet engagement chronophage – et bien évidemment obligatoire – des jeunes Français au sein de l’armée nationale. Alors que l’on croyait le cercueil scellé et les derniers sacrements évanouis, le contexte actuel d’attentats réguliers a poussé certains candidats à l’élection présidentielle à défendre son rétablissement. Pour ne prendre que les deux finalistes, on peut rappeler qu’Emmanuel Macron et Marine Le Pen militent pour sa remise en place partielle. Mais savent-ils réellement ce qu’une telle décision pourrait impliquer pour des millions de jeunes gens, pas forcément désireux de perdre de un à trois mois de leur vie auprès de militaires professionnels ?

De l’avis de Patrick Schindler, non. Ce militant de la Fédération anarchiste et du Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire (FHAR) a été dans l’obligation de rejoindre l’armée de l’air en 1974, peu de temps après avoir signé l’« appel des Cent », un manifeste défendant la fin de la conscription. Un libertaire pris au piège d’une institution autoritaire : la rencontre ne pouvait être que désastreuse, et elle le fut. Grève de la faim, séjours réguliers au mitard : Patrick Schindler aura tout connu, luttant au quotidien contre une hiérarchie liberticide et des appelés indifférents. C’est de cette expérience qu’il tirera un journal intime au long cours – journal devenu aujourd’hui Contingent rebelle, un livre paru récemment aux éditions L’échappée.

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