Les habitants des quartiers, les immigrés et leurs descendants peuvent avoir n’importe quelle orientation politique, y compris celles qui nuisent objectivement à leurs intérêts.
Ils peuvent donc voter PS, UMP ou encore FN.
Pour beaucoup de gens de ce pays la couleur de peau où l’origine sociale des gens serait une immunité contre la haine ou la trahison. La confusion actuelle qui rend n’importe quel discours équivalent à un autre n’aide pas à faire un tri dans ce qui est proposé par les partis politiques.
Ce flou a pour origine les renoncements de la gauche parlementaire et l’absorption du discours et des thématiques du FN par l’ensemble des partis politiques de gouvernement.
François Hollande part en guerre contre la finance lors de sa campagne et fini par donner des milliards en cadeau aux entreprises, et, pour donner le change, de Manuel Valls au FN, tout le monde s’attaque aux Rroms et s’agite sur la proportion de personnes d’origine non européenne sur le sol français.
Au final, cela donne l’impression que toutes les formations politiques se valent. Tout se résume en technique de communication, tout est relativisé. Le fond est évacué, place à la course au buzz.
On peut donc trouver des personnes qui militent dans des organisations qui vont à l’encontre des intérêts du groupe social auxquels ils appartiennent. Cette stratégie du « chacun pour soi » peut se révéler payante pour une promotion personnelle.
Le fait d’appartenir à une minorité peut servir à grimper les échelons au sein du Parti et parfois d’évincer la concurrence. Ces dernières années, alors que les discriminations racistes n’ont cessé d’augmenter, on a assisté à un défilé de responsables politiques de tous bords issus de la « diversité ». Alibi et caution morale pour Le Parti, ils servent à grapiller quelques votes sur des bases communautaires que leurs partis dénoncent.
Leur ascension dans le Parti est une possibilité de tisser un réseau hors du Parti.
Pire, ils sont devenus des défenseurs d’un France forteresse dont il faudrait non seulement respecter les lois mais embrasser les coutumes et un folklore présentés comme un sésame pour être toléré sur le territoire, (parce qu’il est de notoriété publique les bons français sont plus respectueux des règles que les autres !).
A ce jeu, l’UMP s’est montré plus forte que ses concurrents ces dernières années. Il est vrai que la droite propose une réussite individuelle en accord avec un modèle de compétition sociale et d’individualisme absolu, hégémonique en France.
Le PS a longtemps joué la carte paternaliste avant de commencer à laisser la place à certains militants issus de l’immigration. Le FN, lui, est désormais prêt à soutenir n’importe quel candidat afin d’accéder rapidement à des postes de responsabilités politiques.
Le point commun entre ces deux partis, est de proposer un programme visant à conserver le niveau d’une partie seulement de la population, sans changement du fonctionnement économique de la société mais en y sacrifiant les quartiers populaires et l’immigration :
– étouffement silencieux et navré par le PS, qui lorsqu’il arrive au pouvoir s’empresse de faire des cadeaux économiques à ceux qui ont voté contre lui ;
– agressivité et véhémence pour le FN qui derrière des lignes économiques politiques à géométrie variable et contradictoires, affirme une volonté « re-franciser » l’hexagone.
Dans cette configuration, il est facile pour n’importe qui ayant l’envie de réussir de passer du PS au FN : même intérêts économiques, parfois même haine etmépris de classe. Et vu les circonstances, une ascension des plus rapide. Le racisme honteux et inconscient du PS est brandit comme un phénomène naturel de manière agressive par le FN. Plus besoin d’en débattre, il suffit de l’assumer. C’est d’ailleurs sur ces bases que certains ont basculé.
Les plus naïfs pourront s’étonner qu’un candidat comme celui que le FN présente en Isère défende un programme qui ferme la porte aux réfugiés politiques et met à l’index ceux qui ont un parcours identique au sien.
Pourquoi une personne appartenant aux « classes moyennes » serait-elle différente des autres vivant la même situation dans ce pays ? Parce que née au Congo, réfugiée politique et noire ? Le choix de cette personne confirme que ce qui détermine les choix politiques, en dernière instance, sont les conditions économiques et matérielles plus que les discours sur la « race » ou la « culture ».
On pense ce que l’on mange : certaines personnes mangent bien et ne veulent pas partager ou changer de régime alimentaire pour que tout le monde puisse manger convenablement.
Même si les questions culturelles, de genre, ethniques, religieuses ont une grande importance et ne peuvent être évacuées, la classe sociale déterminée par la condition économique est fondamentale.
Le Front National n’est pas antisystème, il est juste un moyen de conservation des privilèges sociaux en sacrifiant les classes populaires, en maintenant un rayonnement de manière agressive autour de ses frontières et en tentant de ranimer ce qui reste de son imaginaire colonial.
Celui qui a connu l’exil et le déclassement suite à des persécutions politiques a la possibilité de continuer la lutte ou de refaire sa vie et de chercher la réussite personnelle. Le Congo est le pays de Lumumba, Mulele mais aussi de Tshombéhomme de paille des européens qui a financé les militants d’extrême droite dont Duprat (l’homme qui a inventé le Front National) dans les années soixante.
Il n’y a pas de couleur pour se ranger du côté des dominants, pas de couleur pour trahir, pas de couleur pour haïr.
LU SUR http://quartierslibres.wordpress.com/