Ce texte, rédigé par un héroïnomane, est né de la frustration, de la colère, de la peine de voir les toxicos invisiblisé-e-s au quotidien dans les milieux politisés comme partout ailleurs. L’auteur souhaite dénoncer la toxicophobie généralisée pour que chacun-e puisse déconstruire ses a priori et laisser de la place à celleux que la société à mise de côté.
Je n’ai pas vraiment écrit ce texte pour faire de la pédagogie, ça, ça viendra peut être plus tard. Je n’ai pas écrit ce texte pour accuser qui que ce soit car, de toute façon, il est trop tard pour d’hypothétiques excuses qui ne serviraient à rien. J’ai écrit ce texte car il m’est apparu comme le seul espace dans lequel je pourrais m’exprimer librement, pour crever cet abcès que vous ignorez mais qui nous étouffe. Je parle de ce que je vis, de ce que je connais, je n’ai pas vocation à représenter un groupe homogène. Chaque personne, chaque produit, chaque parcours est unique. Mais la toxicophobie, elle, s’applique à nous tou-te-s, les toxicos. Et elle s’exprime à travers vous.
À l’origine, la toxicophobie est le fait d’avoir peur des poisons, d’en ingérer ou même d’en faire ingérer à d’autres accidentellement. Aujourd’hui, il désigne le sentiment négatif que ressent une personne vis à vis des toxicomanies et, de fait, des toxicomanes. Cette hostilité peut avoir des conséquences plus ou moins graves (l’impact ne sera pas le même lorsque le / la toxicophobe est médecin, polici-er-ère, journaliste ou un-e ami-e…) et une intensité plus ou moins forte (cela peut aller du mépris à la haine).
Un des principaux effets de la toxicophobie est de faire éprouver aux toxicomanes une honte incroyablement tenace. Honte d’être ce qu’iel est. Tellement tenace que même au pied du mur, ce-tte dernier-e peut toujours nier sa consommation plutôt que d’avouer quelque chose d’aussi honteux aux yeux de la société. Pas facile dans ces conditions de mettre en place un parcours de soin efficace ou même de l’information sur la réduction des risques. Ça a au moins une conséquence et s’il n’y en a qu’une seule que vous devez retenir, c’est celle-ci : la toxicophobie tue.
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