C’est officiel : la France envisage d’enfreindre les Droits de l’Homme

La France a écrit au Conseil de l’Europe pour l’alerter qu’elle risque de déroger à la Convention européenne des Droits de l’Homme.

C’est officiel : la France envisage de déroger aux Droits de l’homme, dans le cadre de l’état d’urgence décidé après les attentats. Le gouvernement a lui-même envoyé un courrier au Conseil de l’Europe pour l’en informer. « Les autorités françaises ont informé le Secrétaire Général du Conseil de l’Europe d’un certain nombre de mesures prises dans le cadre de l’état d’urgence […], mesures qui sont susceptibles de nécessiter une dérogation à certains droits garantis par la Convention européenne des droits de l’homme », peut-on lire sur le site du Conseil. Une procédure nécessaire pour se prémunir d’un éventuel procès auprès de la Cour européenne des Droits de l’homme (CEDH).

L’article 15, où la possibilité d’une dérogation. La Convention européenne des Droits de l’Homme, dont le Conseil de l’Europe est le garant, oblige ses signataires à respecter une liste de droits fondamentaux : droit à la vie, interdiction de la torture, interdiction de l’esclavage et du travail forcé, droit à la liberté et à la sûreté, droit à un procès équitable, pas de peine sans loi, droit au respect de la vie privée et familiale, liberté de pensée, de conscience et de religion, liberté d’expression, liberté de réunion et d’association, droit au mariage, droit à un recours effectif ou encore interdiction de discrimination.

Mais l’article 15 de cette convention prévoit aussi une possibilité de déroger à certains de ces droits. Les pays signataires peuvent ainsi « prendre des mesures dérogeant aux obligations prévues par la présente Convention, dans la stricte mesure où la situation l’exige […] et ce uniquement en cas de guerre ou en cas d’autre danger public menaçant la vie de la nation ».

La France a fait une demande officielle. Pour éviter tout procès devant la CEDH, la France doit, pour déroger à ses obligations, faire une déclaration qui motive ses raisons. En clair, elle doit officiellement se déclarer en guerre ou expliquer quel est le « danger public » qui menace « la vie de la nation ». Ce qu’elle a fait dans un courrier du 24 novembre : « la menace terroriste en France revêt un caractère durable, au vu des indications des services de renseignement et du contexte international (…) De telles mesures (celles de l’état d’urgence ndlr) sont apparues nécessaires pour empêcher la perpétration de nouveaux attentats terroristes. Certaines d’entre elles […] sont susceptibles d’impliquer une dérogation aux obligations » de la CEDH. C’est on ne peut plus clair : la France informe officiellement qu’elle risque d’enfreindre certains Droits de l’Homme avec les mesures récemment votées pour lutter contre le terrorisme. Et même qu’elle l’a déjà fait.

LA SUITE SUR EUROPE1

Union Européenne : la dérive fascisante

Bernard GENSANE

Ne soyons pas alarmistes mais lucides.

Récemment, les États-Unis, le Canada et l’Ukraine, ont voté contre une résolution de l’ONU condamnant la glorification du nazisme. Les membres de l’Union européenne se sont abstenus.

La passivité de l’Union européenne face aux nazis, aux cryptos nazis et aux sympathisants nazis quand ils tiennent le haut du pavé ne doit pas surprendre. Un tropisme d’extrême droite s’est installé sur un vieux continent dont on aurait pu penser qu’il était vacciné contre la barbarie fasciste. Parmi les signes qui ne trompent pas, la création d’une force d’intervention militarisée de 3 000 hommes destinée à réprimer brutalement toute contestation populaire ne laisse pas d’inquiéter dans un ensemble qui compte des dizaines de millions de chômeurs et de pauvres.

Le rapport de forces mondial est malheureusement très clair. En mai 2013, la banque JPMorgan Chase – qui, comme Warren Buffet, sait qui a gagné la guerre des classes – pouvait se permettre dedemander l’abrogation des constitutions démocratiques établies en Europe après 1945. La banque enjoignait l’Europe d’éradiquer les droits sociaux, les droits des travailleurs, leur liberté d’expression en particulier.

La « mondialisation libérale », c’est aussi cela. Supprimer l’expression démocratique pour que les grandes banques, les fonds d’investissements puissent spéculer et engranger. L’austérité n’est pas une fatalité ou une douloureuse nécessité mais une arme pour faire taire les oppositions à l’hyperbourgeoisie.

Pour que l’ordre règne, pour que le capitalisme puisse mener sa guerre en paix, l’Union européenne s’est donc dotée d’une force d’intervention militarisée de 3 000 hommes, une gendarmerie européenne plus connue sous le nom de EuroGendFor. Elle est basée en Italie, à Vicence. Sa langue de travail est la langue des Parties mais, dans les faits, le Wall Street English.

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