Pour la liberté : tous et toutes dans la rue le 30 Janvier !

Le 30 janvier a lieu une grande mobilisation unitaire pour la levée de l’état d’urgence. Dès le début de cette mesure nous craignions tous que la liberté soit mise à mal. Nous avons été servi. Perquisitions à la pelle,assignations à résidence, mesures policières sans précédent contre des militants écologistes ou des musulmans, répression des manifestations contre la COP21, répression contre les manifestants qui osaient braver l’état d’urgence… Toutes ces pratiques sont le lot d’un régime autoritaire. Un régime qui veut conserver son pouvoir coûte que coûte, qui ouvre la voie à une démocratie à la Poutine…
Contre cet état de fait, ne nous résignons pas : manifestons le samedi 30 janvier à 14h30 à République !.
Manifestez dans le Pink Bloc, dans le cortège de soutien à la Zad, dans le bloc anarchiste, avec la CGA ou ailleurs, mais ne restez pas chez vous !

A lire aussi : le guide juridique spécial « état d’urgence. »

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Paris, place de la République : « J’ai déposé des bougies… Puis je les ai lancées »

Témoignage inédit d’un jeune révolté, à l’issue de la manifestation interdite contre la Cop21. Alternative libertaire publie ce récit entre émotion post-attentats et dégoût de l’ordre injuste qui y répond.

Pourquoi j’ai déposé des bougies
sur la place de la République

Déjà c’étaient mes semblables, donc c’est différent, encore plus proches que Charlie et l’Hyper Casher pour lesquels je n’avais rien ressenti en janvier dernier. Et puis c’est des potes que je remercie pour une fois de leurs éternels retards, des connaissances qui sont blessées, des copains de fac qui habitent dans le quartier, des noms de rues et de bars qui évoquent des souvenirs, des habitudes, des « putain j’étais là hier », des « ouf, j’ai failli aller à ce concert », des mauvaises nouvelles qui s’amoncellent comme des cadavres sur un trottoir, les yeux des potes qui racontent les horreurs qu’ils ont vu. Bref c’était chez moi et c’était les miens !

Pourtant, comme pour les tueries de Charlie Hebdo en janvier dernier, au début je n’ai rien ressenti. Mes yeux étaient secs, mon cœur insensible, c’était trop gros, pas palpable, irréel, j’étais pas là, je n’ai rien vu des mes propres yeux. Mais l’addition s’est salée de jour en jour. La succession des mauvaises nouvelles, le pote d’une pote, le frère d’un pote puis 7 amis d’un coup. Là c’est sorti d’un coup. J’ai chialé comme un gosse, un vrai gros chagrin, une tristesse pleine, insondable, une tristesse d’enfant qui se demande pourquoi, coi devant l’incompréhension.

Alors oui j’ai été déposé des bougies place de la République, comme beaucoup de gens, parce que ça fait du bien, parce que ça me fait chié qu’on puisse se faire buter comme ça, parce que c’était des gens que je connaissais ou qui me ressemblaient, parce que ça me touche.

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Après les attentats du 13 novembre à Paris, un mémorial a spontanément vu le jour au pied de la statue de la place de la République
cc Roberto Maldeno

Puis vient la rage, pourquoi ici, pourquoi chez nous, pourquoi pas à la Défense, dans le VIIe ou dans le XVIe, là où il y a sûrement plus de responsabilité au mètre carré. Et puis on en parle, on réfléchit et on se rend compte que notre génération est sur une ligne de crête. Okay c’est génération précaire… mais avec encore quelques trucs à perdre pour certains et ça fait toute la différence.

D’ailleurs c’est le peu qui nous reste et que tout le monde n’a pas qui a été attaqué : faire la fête, se noyer dans la musique, les rires, les soirées de fin de semaine, l’alcool et autres drogues de synthèse. Mais dans cette même génération il y a celle que chante Rhoff et IAM, la génération sacrifiée pour qui « demain c’est loin ». Les morts avaient encore des possibilités de lendemain en tête, les terroristes je ne crois pas, sinon on ne devient pas kamikaze.

Et là je me rappelle de l’après-Charlie, de toute cette symbolique jamais analysée. Qui a été marcher ? Derrière qui ? Et en quel nom ? Toute la France n’a pas été marcher. Les 30% les plus aisés sûrement, ceux qui ont quelque chose et qui se sont sentis attaqués. Et ils ont accepté de marcher derrière les plus grands terroristes de la planète, ceux qui font des milliers et des millions de morts et qui restent en vie sans jamais se mouiller, pas des types qui se font péter et qui heureusement dépassent rarement les dizaines de morts.

Le 13 si, c’est triste. Mais les manifestants, bien sages, biens tristes du 11 janvier, obéissant à l’injonction présidentielle de commémorer les chantres de la liberté d’expression n’ont pas voulu voir que certains n’ont pas manifesté, que certains ne se sont pas sentis attaqués parce que Charlie et la république ne les ont jamais défendu.

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En somme, mon cas s’aggrave tout seul…

 » Bonjour le bilan carbone ! – une assignation à résidence en Ariège –

Le 26 novembre, à 17h30, les trois gendarmes de mon patelin sont venus chez moi pour me signifier mon assignation à résidence.
On m’a laissé un papier, signé du ministre de l’intérieur. Le texte « légal » invoqué le plus ancien a dix jours, autant dire que c’est du tout frais.

Donc il faut « assurer la sécurité de la conférence des Nations Unies sur les changements climatiques dite COP 21 » ; et, étant donnée « la gravité de la menace terroriste », des « mesures particulières » s’imposent. Et voilà (ce sera la seule justification).
Il ne faudrait tout de même pas que des écologistes fous et sanguinaires ne viennent à « détourner » les « forces de sécurité » (forces répressives) qui sont tant et tant occupées à « lutter contre la menace terroriste », c’est à dire, en réalité, à perquisitionner n’importe où et assigner n’importe qui à résidence.

Bon, passons sur les détails. En tous cas je dois pointer, trois fois par jour, à 18 km de mon domicile, jusqu’au 12 décembre inclus : soit 1 728 km.
Bonjour le bilan carbone !
Le reste du temps je ne peux pas quitter mon village. Et mon domicile, de 20 h à 6 h.

Il faut encore montrer que moi, j’en suis un, d’écologiste fou et sanguinaire. Pas de problème, allons-y : « Considérant que M. X (…) envisage de rejoindre la région parisienne pendant le déroulement de la COP 21 ». Alors ça c’est tout de même quelque chose. Envisage ! Et c’est tout, pas de preuve, pas d’indice, rien.
Puis vient l’énumération de quelques anciens délits mineurs, déjà jugés ; après quoi on évoque mon milieu : « la mouvance contestataire » (sic) ; sans bien sûr oublier que je fais « partie d’un groupe d’individus » (sic).

Il faut bien dire que l’assignation à résidence, et le contrôle judiciaire trois fois par jour, c’est une peine. Ce n’est pas une mesure préventive, c’est une mesure punitive. Ça s’apparente à une peine d’enfermement ; en fait c’est à peu près comme le port d’un bracelet électronique.

Cette peine est prononcée sans instruction, sans jugement, sans preuve, et même sans infraction. On punit un profil (le mien en l’occurrence), c’est-à-dire qu’on ne me sanctionne pas pour quelque chose que j’aurais fait, mais pour ce que je suis (ou ce que je suis supposé être). C’est comme toujours : ces faits mentionnés, ils ont déjà été jugés. On me condamne donc une deuxième fois. Et la prochaine fois, sur le papier, y aura-t-il écrit, en plus : « l’intéressé a fait l’objet d’une mesure d’assignation à résidence du tant au tant » ? En somme, mon cas s’aggrave tout seul…

Un recours au tribunal administratif est possible : la réponse arrive, en moyenne, selon mon avocat, après un an et demi. Donc pour les grossières erreurs de procédure de mon assignation à résidence (par exemple, la contradiction entre l’interdiction de quitter ma commune et l’obligation d’aller pointer dans une autre), je ne peux me « plaindre » à personne : il s’agit d’une sanction sans appel.

Entendons-nous bien, il ne s’agit pas ici de clamer mon innocence. On le sait, que définir des « innocents » justifie la répression des autres, les « coupables ». Il n’y a pas de coupables, ni d’innocents, et ça n’est pas une parole creuse : quand je pointe à la gendarmerie, il y a d’autres personnes qui sont là aussi, qui ont des barbes, des fichus sur la tête. Je me fous, à ce moment précis, de leur « profil » ; je ne peux voir que la brève condition commune qui nous est faite, à savoir que nous sommes réprimés. La répression ne doit pas nous diviser en coupables et en innocents, mais au contraire être l’occasion de témoigner une solidarité minimale, que ce soit avec les « militants écologistes » ou avec les milliers de musulmans qui subissent un enfer permanent.
Si mon cas semble ubuesque, ou arbitraire, ou fou, que dire des centaines de personnes arrêtées, humiliées, assignées, perquisitionnées, enfermées, licenciées, depuis le début de l’état d’urgence ? Et encore, pour moi, ça ne devrait durer que seize jours, mais pour d’autres, l’assignation est sans limite de temps !

La première décision sous l’état d’urgence a été d’interdire les manifestations « revendicatives » (sic) ; mais on maintient les matchs de football, les centres commerciaux restent ouverts, et « de très nombreux chefs d’État » vont se pointer au Bourget. Il s’agit de montrer au monde que tout va bien, ici (en France), que la conférence sur le climat va tout régler, le sort du monde et le reste d’ailleurs, et qu’il ne va rien se passer.
Il s’agit d’un glissement (pour protéger les « libertés », on les abolit ; le « pays des droits de l’homme » décide de « déroger à la convention européenne des droits de l’homme » ; etc.) qui fait passer du supposé « état de droit » à sa version totalitaire et arbitraire, c’est à dire dépourvue de droit (il n’y a aucune exagération). En tous cas, tout ce qui est possible doit nécessairement être essayé, c’est le propre du fonctionnement administratif. Ceci ne veut pas dire qu’il y a des stratégies très élaborées, ou précises, etc., de la part de l’État, c’est même plutôt le contraire qui est vraisemblable.

En tout état de cause, cette logique extensive de la répression est connue. Qu’on se souvienne qu’à l’origine, les prélèvements d’A.D.N. étaient prévus pour les seuls pédophiles, et qu’à présent ils s’appliquent à tout délit. La répression ne peut rester spécifique, elle a toujours vocation à être générale. Qu’on se souvienne que le plan Vigipirate était prévu pour durer quelques mois, et qu’il n’a jamais cessé. La répression ne peut rester temporaire, elle toujours vocation a être permanente.

Il ne resterait plus qu’à dire que, depuis que des centaines de musulmans ont été arrêtées, il n’y a pas eu d’attentat : ce qui prouve bien qu’il s’agit d’une mesure efficace !

Ne nous habituons pas à la répression. Manifestons. Soyons solidaires.

À bas l’état d’urgence !

signé : un assigné

Au Mas d’Azil, le 29 novembre 2015  »

En prison chez moi pendant trois semaines

Ce 26 novembre 2015 à 14h30, des agents de la police politique se sont présentés chez moi pour m’assigner à résidence sur toute la durée de la COP 21.

Je me suis construit depuis dix ans au sein d’un milieu politique qui porte des valeurs sincères, qui se préoccupe du monde dans lequel il vit et œuvre de manière infatigable pour plus de justice sociale. Et quand j’utilise le mot « justice », je ne parle pas de cette justice portée par les institutions, de cette justice qui aujourd’hui m’assigne à résidence. Celle-là n’a de justice que le nom.

Je me suis entouré durant toutes ces années d’êtres humains qui détestent le mensonge, qui prennent en main leur existence, s’inquiètent de l’évolution du monde et croient en plus d’égalité entre toutes et tous. Tout est discuté collectivement, soumis à la critique. On pense aux autres, on s’écoute, on se respecte, on se soutient. On combat toutes les formes d’injustices. Nos vies sont une lutte, et notre sincérité donne à cette résistance toute sa radicalité. Rien de laid dans tout ça, ni rien de méprisable. Toutes nos idées sont belles.

Ce que je vis depuis dix ans ne ressemble en rien aux récits qu’on fait de nous et aux caricatures ineptes que véhiculent les articles de presse et les émissions de télévision. On nous y décrit comme des hordes écervelées, une espèce dégénérée et sale, mue par l’amour de la violence, dévoyée, stupide et manipulée. Chaque fois que l’on parle un tant soit peu de nous, c’est pour nous prêter des mauvaises intentions. Nos écrits, nos chants, nos modes de vie, nos certitudes, n’intéressent personne. L’esprit de liberté qu’ils contiennent fait peur.

Tout est dans ces mots que je me répète depuis une semaine : ils ont peur de la liberté.

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Recensement des joies (ou pas) de l’état d’urgence en France

Avertissement

Cette page contient des liens, des situations et des récits comportant de l’islamophobie et faisant état de violences policières.

Objectifs de cette page

  • Recenser les articles de presse qui parlent de possibles abus / dérapages liés à l’état d’urgence. Il sera utile notamment lorsqu’on aura à traiter la modification constitutionnelle annoncée par le gouvernement pour une extension / pérennisation de l’état d’urgence.
  • Les faits relatés touchant au numérique nous intéressent particulièrement.

Conseils aux participant -e- s

  • Les faits sont classés par ordre chronologique des faits dont il est question (et non pas la date de l’article).
  • Si vous avez le temps de mettre une petite description devant chaque lien, alors faites-le !
  • Pensez à vérifier que le fait relaté n’a pas déjà été évoqué en faisant une recherche ( Ctrl + f )
  • Histoire de garder une mémoire de tout cela, ajoutez les liens dans https://archive.is/ puis mettez le lien vers la sauvegarde après chaque URL.
  • Pour les contenus audio et vidéo, faites une copie en local (outil type Youtube-DL) et sauvegardez chez un autre hébergeur, de préférence dans un autre pays que celui d’origine.
  • Si vous trouvez un lien mort, merci de corriger l’URL grâce à votre moteur de recherche favori ! 🙂
  • Une liste d’autres compilations d’articles est présente en bas de ce fichier.

Merci d’essayer de rester dans l’objectif de cette page ! Ce fichier est constitué par vous, pour vous, et pourrait rapidement devenir un outil précieux. Merci à tous les contributeurs !

==> Crowdsourcing initial sur ce pad : https://pad.lqdn.fr/p/etatdurgence (à utiliser pour proposer des liens à ajouter sans avoir besoin de s’inscrire sur le wiki)

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WIKI.LAQUADRATURE.NET

C’est officiel : la France envisage d’enfreindre les Droits de l’Homme

La France a écrit au Conseil de l’Europe pour l’alerter qu’elle risque de déroger à la Convention européenne des Droits de l’Homme.

C’est officiel : la France envisage de déroger aux Droits de l’homme, dans le cadre de l’état d’urgence décidé après les attentats. Le gouvernement a lui-même envoyé un courrier au Conseil de l’Europe pour l’en informer. « Les autorités françaises ont informé le Secrétaire Général du Conseil de l’Europe d’un certain nombre de mesures prises dans le cadre de l’état d’urgence […], mesures qui sont susceptibles de nécessiter une dérogation à certains droits garantis par la Convention européenne des droits de l’homme », peut-on lire sur le site du Conseil. Une procédure nécessaire pour se prémunir d’un éventuel procès auprès de la Cour européenne des Droits de l’homme (CEDH).

L’article 15, où la possibilité d’une dérogation. La Convention européenne des Droits de l’Homme, dont le Conseil de l’Europe est le garant, oblige ses signataires à respecter une liste de droits fondamentaux : droit à la vie, interdiction de la torture, interdiction de l’esclavage et du travail forcé, droit à la liberté et à la sûreté, droit à un procès équitable, pas de peine sans loi, droit au respect de la vie privée et familiale, liberté de pensée, de conscience et de religion, liberté d’expression, liberté de réunion et d’association, droit au mariage, droit à un recours effectif ou encore interdiction de discrimination.

Mais l’article 15 de cette convention prévoit aussi une possibilité de déroger à certains de ces droits. Les pays signataires peuvent ainsi « prendre des mesures dérogeant aux obligations prévues par la présente Convention, dans la stricte mesure où la situation l’exige […] et ce uniquement en cas de guerre ou en cas d’autre danger public menaçant la vie de la nation ».

La France a fait une demande officielle. Pour éviter tout procès devant la CEDH, la France doit, pour déroger à ses obligations, faire une déclaration qui motive ses raisons. En clair, elle doit officiellement se déclarer en guerre ou expliquer quel est le « danger public » qui menace « la vie de la nation ». Ce qu’elle a fait dans un courrier du 24 novembre : « la menace terroriste en France revêt un caractère durable, au vu des indications des services de renseignement et du contexte international (…) De telles mesures (celles de l’état d’urgence ndlr) sont apparues nécessaires pour empêcher la perpétration de nouveaux attentats terroristes. Certaines d’entre elles […] sont susceptibles d’impliquer une dérogation aux obligations » de la CEDH. C’est on ne peut plus clair : la France informe officiellement qu’elle risque d’enfreindre certains Droits de l’Homme avec les mesures récemment votées pour lutter contre le terrorisme. Et même qu’elle l’a déjà fait.

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Et respirer, on a le droit ?

Deux jours après une manifestation parisienne hors-la-loi en soutien aux migrants et contre l’état d’urgence, convocations et gardes à vue se mettaient à pleuvoir sur ses participants présumés. Le message est limpide : on ne se moque pas impunément des garde-chiourme de l’union nationale. Il y avait pourtant quelques bonnes raisons de s’y mettre. Et peut-être même quelques raisons encore meilleures de recommencer.

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C’est une toute petite victoire, à peine une éraflure dans l’assommoir de l’état d’urgence, mais une victoire tout de même : le dimanche 22 novembre, quelques centaines de personnes ont bravé l’interdiction de manifester en dévalant au pas de course les deux kilomètres séparant les places de la Bastille et de la République. «  Bastille-Répu en dix minutes chrono, jamais de ma vie je n’avais manifesté aussi vite, s’amuse une militante chevronnée. Ça te rassure sur l’état de tes guibolles ! »
La joyeuse cavalcade a laissé dans le vent les forces anti-émeutes. Débordés, suant et ahanant dans leurs carapaces, les gendarmes pas si mobiles avaient cru pouvoir contenir la marée montante en la prenant de vitesse par les côtés, et en l’arrosant au petit bonheur de la chance de coups de tonfa et de gaz lacrymogène, mais peine perdue. Les manifestants étaient plus vifs, plus agiles, plus déterminés. « Solidarité avec les sans-papiers ! », « État d’urgence, État policier, on ne nous enlèvera pas le droit de manifester », s’époumonait le cortège en slalomant entre les matraques, les croche-pieds et les vapeurs asphyxiantes. La fluidité de la rue comme réponse à la lourdeur brutasse de l’appareil policier.

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A la veille de la COP21, répression, perquisitions et appels à manifestations

Quelques jours avant la COP 21, les flics ont sorti le grand jeu en effectuant une vague de convocations contre les gens soupçonnés d’avoir participé à la manif du 22 Novembre. Cette stratégie de criminalisation des mouvements sociaux est une pure volonté d’intimidation et de division.
En dépit de l’état d’urgence, plusieurs appels à manifester ont été lancés ici ou ainsi qu’une manifestation contre l’interdiction de manifester jeudi soir à République par plusieurs organisations.
Enfin, la mobilisation contre la COP 21 est maintenue, tout comme la manifestation de dimanche, Place de la république.

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Procès de Lucile : 3 mois ferme. Crève la justice !

La compagnonne Lucile, après 6 semaines de détention provisoire à Fleury-Mérogis, passait en procès ce mercredi 25 novembre au tribunal de Bobigny.

Lors d’une de ces mascarades spectaculaires que la Justice sait tellement bien préparer, Lucile a mangé 3 mois de prison ferme avec un maintien en détention.

Ce mercredi, la salle d’audience est comble, une cinquantaine de personnes sont venues soutenir la compagnonne. Les flics aussi sont présents en nombre, CRS casqués, bleus, civils avec mitraillette en bandoulière, et autres RG.

La juge, tout aussi acariâtre que lors du premier procès du 14 octobre, décide de nous prévenir qu’au moindre « débordement », elle n’hésitera pas à faire évacuer la salle comme la dernière fois.

Le procès commence, les conclusions de nullité sont soulevées par l’avocate — elles seront balayées d’un revers de main lors du délibéré. La juge lit les PV des flics, Lucile est poursuivie pour leur avoir dit, entre autres, « Vous êtes des putes, vous avez des uniformes de putes, bande de chiens » et avoir refusé de se soumettre à un relevé d’empreintes digitales. Elle répondra à la juge qu’elle n’utilise pas pute ou enculé comme des insultes, et qu’elle n’a rien contre les prostituées, au contraire des flics, mais que « larbins », ça oui elle l’a bien dit. Sur la signalétique, Lucile dira qu’elle n’avait aucune raison de donner ses empreintes vu que le contrôle était abusif, et que de toute façon elle s’y serait quand même opposé car elle est contre le fichage.

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COP 21 : les renseignements font la tournée des squats du 94

Ce jeudi 19 novembre au matin, un agent du renseignement est venu toquer à la porte de plusieurs squats d’Ivry, en vue de la COP 21.

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Une pote sonne à la porte du Moulin. Je regarde par la fenêtre et j’aperçois avec elle un homme d’une quarantaine d’années, vêtu d’un imperméable. L’amie, gênée visiblement par sa présence, me demande de descendre.

Je descend ouvrir, prenant soin de refermer derrière moi, pour aller parler à notre invité surprise.

L’homme se présente tout de suite comme policier des renseignements. Avant même d’engager la conversation, je lui demande sa carte de visite, qu’il me tend après avoir également montré sa carte de police.

Laurent C., lieutenant au service territorial du renseignement du Val-de-Marne, enchaîne en demandant si le lieu prévoyait d’accueillir des gens pendant la COP 21 et si nous avions prévu d’y organiser des activités. On lui rétorque qu’on n’a pas l’intention de lui répondre, que nous n’avons aucune raison de lui donner des informations sur ce qu’il se passe dans notre domicile et que nous ne comprenons pas pourquoi le fait d’être un squat impliquait de devoir informer les forces de police sur notre volonté d’accueillir ou non des ami-e-s chez nous.

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