BLACK MIRROR:Saison 2, épisode 9 : Early Reggae, Rude Boys et politricks

Le mot « Reggay » apparaît pour la première fois en 1968 dans un morceau des Maytals, comme une réponse au« Rocksteady » d’Alton Ellis deux ans plus tôt. Le Rocksteady aura été la musique des Rude Boys, ces petites frappes du ghetto dont les différends commencent à transpirer sur les sound-systems. Les partis politiques véreux de la Jamaique les enrôle pour conquérir par la force des fiefs électoraux et terroriser l’adversaire. Chaque nouvelle élection est marquée par des violences de rue meurtrières, la misère gagne du terrain, les armes inondent les « shanty towns ». Peu à peu les chansons d’amour vont laisser place à une critique sociale de plus en plus marquée. Le reggae naissant se fait « conscious », se tourne vers l’Afrique et ses rythmes de révolte qui ont survécu à l’esclavage, vers les racines, les « roots ». Les jamaicains pauvres ont posé les bases de leur musique, affranchie des USA, qui se nourrit de leur condition particulière, et sera bientôt indissociable, et pour longtemps, d’une religion qui leur est propre : Rasta.

L’émission : BCK MIR S.O2 EP.09
La playlist : BCK MIR S.O2 EP.09 PLAYLIST

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BLACK MIRRO RADIO: LE SALE AIR DE LA PEUR

Ce mois-ci dans le Sale air de la peur, on continue d’esquisser les contours de l’idéologie républicaine en essayant de réfléchir à deux de ses « grands » concepts, l’universalisme et l’assimilation. Sous couvert d’humanisme globalisant, l’universalisme a toujours servi à protéger les privilèges d’une seule catégorie de la population, l’homme bourgeois blanc, en excluant d’abord les femmes et les pauvres puis les personnes racisées. L’assimilation quant à elle sert à fabriquer une figure d’altérité négative : c’était l’espion prussien il y a plus d’un siècle, c’est l’homme musulman aujourd’hui. On s’est appuyé.e.s sur un livre d’Abdellali Hajjat, Les frontières de l’identité nationale, l’injonction à l’assimilation en France métropolitaine et coloniale. Il y fait l’histoire idéologique de l’assimilation et l’histoire sociale des colonies et de l’immigration en France en analysant les pratiques administratives d’accès à la naturalisation. On verra donc que l’assimilation n’est rien de plus qu’un outil de légitimation du pouvoir qui varie selon le contexte économique et politique, faisant le tri entre le bon étranger intégrable et le mauvais, non intégrable.

Podcast : Le sale air de la peur 7
Page de l’émission : Sale air

Saison 2, épisode 19 : James Brown, forever suffering

Dernier épisode de la série consacrée à James Brown. On revient sur ses dernières grandes années musicales, avant de se faire submerger par la version froide et édulcorée de la Funk qu’il avait défendue corps et âme. Entre 1968 et 1974, il creuse jusqu’à l’épuisement le sillon d’une musique rugueuse, sexuelle, sans concession.

Et puis il se perd, à tous niveaux. Il essaye de s’accrocher à son trône, mais perd peu à peu le soutien d’une partie du peuple des ghettos, par son ralliement à Nixon l’ennemi des pauvres et des Panthers, après avoir perdu celui d’une partie de son public blanc à cause du titre trop explicite « Say it loud ( I’m black and I’m proud). Le tyran est de plus en plus isolé, enchaîne les deuils et les défections, pour finir par sombrer dans la drogue, les violences conjugales, la prison.

On s’attarde pas trop sur sa déchéance dans cette émission, on préfère écouter les morceaux surpuissants qu’il a produit début 70, avec les immenses musiciens qu’il continue d’attirer et d’épuiser : Bootsy Collins, Fred Wesley, Pee Wee Ellis, Maceo Parker, Clyde Stubblefield etc. Et on parle un peu de son lien avec l’Afrique, où il tourne pour la première fois en 1969 et fait la connaissance d’un de ses dignes représentants, Fela Kuti, et où il met le feu en 74 pour le fameux combat Ali / Foreman (avant de jouer pour le sacre d’Omar Bongo…)

L’émission : BCK MIR S.02 EP.19
La playlist  : BCK MIR S.02 EP.19 Playlist

PLUS SUR BLACK MIRROR

BLACK MIRROR

Black Mirror, « L’émission hip hop de La Locale, des champs de coton aux ghettos de New York », fête déjà son dixième numéro. En partant du sample, on essaye de remonter l’histoire du hip hop, de retourner aux racines d’une musique qui regarde toujours vers son passé pour aller de l’avant. Et cette histoire est avant tout une histoire sociale, celle du peuple noir aux USA, déporté d’Afrique, réduit à l’esclavage pendant des siècles, puis soumis à la ségrégation, aux lois Jim Crow, aux lynchages. De la plantation au ghetto, de l’esclavage légal à l’esclavage salarié. C’est aussi l’histoire d’un soulèvement, des révoltes d’esclaves aux émeutes de Watts, des églises noires au Black Panther Party, du blues aux block-parties.

Des épisodes thématiques de deux heures, sur les work songs, les spirituals, Stagger Lee, Jim Crow, Strange Fruit, Stax records…On y écoute beaucoup de musique, on y apprend deux-trois trucs, on y partage l’amour de cette culture.
C’est tous les mercredis sauf le premier du mois, de 22h à minuit sur La Locale en Ariège, 97.3 FM. C’est rediffusé sur Radio Klaxon à la ZAD, tous les mercredis à midi, et le vendredi de 14h à 16h sur Canal Sud à Toulouse, 92.2 FM (on la capte à la prison de Seysses).

Black Mirror, c’est aussi un blog qui regorge d’infos, de vidéos, et où vous pouvez retrouver toutes les émissions en podcast ainsi que les playlists téléchargeables :www.blackmir.blogspot.fr. Egalement une rubrique contact pour toutes vos questions, précisions, infos.

Emission du 26 Avril 2014 – Radio Vosstanie

 

Emission du 26 Avril 2014 de Radio Vosstanie. 

Invités 
La lutte des « redoutables » et la « trahison » syndicale.
A propos des dernières contributions: La Théorie critique pour penser la crise, Une histoire du mouvement punk rock, La vie low cost selon easyJet, L’imposture zapatiste au Chiapas, Le néo-zapatisme pour sortir du capitalisme, Félix Guattari, penseur de l’écosophie.
Discussion autour du texte le Néo-marxiste c’est l’Autre
et autres digressions…
Un coup « d’épée dans l’eau » chez les névropathes, Suite de « L’Echapée », Discussion autour du site Travail Contre Capital.
Et à l’écoute pendant 1 mois.

312 minutes d’émission. ! (ouf…)


Pendant l’émission quelques morceaux de l’album SamplObsession


Merci à Ben de la Médiapilation pour le visuels.
Message en fin d’émission d’un Camarade actuellement en Sicile.
Hier, Vendredi 25 avril et aujourd’hui, plusieurs personnes se sont réunies à Niscemi, en Sicile, répondant à un appel lancé par le mouvement No MUOS, dont l’activité et le nombre de militants a connu une baisse ces derniers mois.
Un des buts était de maintenir éveillée la lutte, à travers des rencontres, des réunions, et surtout la réactivation de la pratique de l’action directe.
Ainsi, hier, sous les yeux de la police italienne et de quelques soldats américains, les activistes ont découpé en plein jour les grillages de la base militaire américaine NRTF de Niscemi pour libérer un puits d’eau se trouvant à l’intérieur de la base. La police n’est intervenue qu’à la fin, au moment où les militants étaient en train de refermer le grillage de la base, laissant le puits à l’extérieur de celle-ci. Cette action, qui recouvrait surtout un caractère symbolique, a rapidement était anéantie durant la nuit, par les soldats de la marine américaine qui ont profité de l’absence d’activistes sur le terrain pour remettre en place le grillage.
Les réunions d’aujourd’hui (Samedi 26 avril), se sont appuyées sur cette action afin d’élargir les perspectives de cette lutte qui a dépassé, au moins en partie, l’objectif premier qui était celui d’empêcher la construction du MUOS (pour rappel, le montage des 3 antennes paraboliques du MUOS a été terminé fin janvier, mais le système n’est pas encore actif).
En effet, la lutte s’attaque aujourd’hui à plusieurs problématiques engendrées par le système capitaliste.
L’action pour la récupération du puits d’eau s’inscrit dans le combat d’une partie de population sicilienne aux problématiques d’eau potable. Il faut savoir que dans la ville de Niscemi, une ville d’environ 20000 habitants, l’eau est disponible tous les 15/20 jours, sans être forcément potable. C’est pourquoi la récupération du puits se veut une expression du refus de la population de laisser les militaires s’approprier des points d’eau alors que les civils n’en ont pas.
La solidarité théorique et pratique avec la lutte pour le droit des immigrés et pour la fermeture des centres de rétention en Sicile a été reconfirmée durant les réunions de ce week-end, qui ont vu l’intervention de plusieurs groupes actifs dans ce domaine.
De plus, la ligne antimilitariste a clairement été exprimée par la totalité des militants. Le combat contre le MUOS est donc aujourd’hui vu comme un combat contre l’armée et la militarisation des territoires ; les différentes actions directes ainsi que les communiqués vont et iront dans ce sens.
Enfin, le désir d’internationalisation de cette lutte, en multipliant, d’une part, les moyens d’information et, d’autre part, les connexions avec d’autres luttes en-dehors des frontières italiennes, est toujours très présent. D’ailleurs, l’organisation de futurs camps et rencontres au niveau international, dont les dates seront officialisées ces prochains jours, vont dans ce sens.
Ainsi, plusieurs luttes qu’on pourrait définir comme étant partielles sont menées en parallèle et élèvent le combat ainsi que la sensibilité de la population vers des objectifs plus globaux.
Cependant, la perspective de lutte des classes n’est actuellement pas abordée. Le discours anti-américain ou anti-occidental, avec le risque d’une vision du monde non pas classiste mais uniquement géopolitique, revient encore régulièrement, avec toutes les dérives de type maoïste que cela peut comporter (on peut notamment penser au communautarisme, au régionalisme ou au soutien potentiel à une bourgeoisie contre une autre).
En plus, la possibilité de solliciter les travailleurs des entreprises qui fournissent la base américaine en matériel (nourriture, eau, électricité, internet, gasoil, etc.) afin d’obtenir de leur part un sabotage de la production et, en conséquence, du fonctionnement de la base américaine semble encore ne pas retenir l’attention du mouvement.
Mais la lutte No MUOS est encore jeune et a déjà effectué une avancée remarquable en termes de réflexion et de pratique, ce qui laisse espérer des perspectives intéressantes. Les mois prochains nous diront dans quelle direction va évoluer ce mouvement qui doit continuer à grandir, l’antimilitarisme représentant une approche essentielle pouvant potentiellement permettre au mouvement de questionner les rapports de production capitaliste qui sont à la base de la militarisation croissante de l’ensemble de la planète.