« Bambi a froid » : Réponse à la « radicale mise au point » de la Fédération anarchiste sur l’anti-spécisme

J’ai été déçu d’apprendre que le texte anti-antispéciste publié dans Zoop n°11 émanait d’un groupe de la Fédération Anarchiste. Camarades ! un peu de discipline ! Faut-il vous rappeler la décision prise, après un débat houleux mais n’en doutons pas franc et ouvert comme toujours chez vous, par votre congrès de 1995, je crois, et qui stipulait que de l’antispécisme, à la FA, on ne parlerait plus ? Ni en pour ni en contre ?J’ai été déçu d’apprendre que le texte anti-antispéciste publié dans Zoop n°11 émanait d’un groupe de la Fédération Anarchiste. Camarades ! un peu de discipline ! Faut-il vous rappeler la décision prise, après un débat houleux mais n’en doutons pas franc et ouvert comme toujours chez vous, par votre congrès de 1995, je crois, et qui stipulait que de l’antispécisme, à la FA, on ne parlerait plus ? Ni en pour ni en contre ?

Depuis, les militantes de la FA qui se sentaient quelque sympathie pour l’antispécisme ont sagement fermé leur gueule ; puis vous ont pour la plupart quittées, dégoûtées par cette libertaire chape de plomb. Camarades : vous aussi êtes tenues, par la dite décision, à fermer votre gueule. Ou alors, luttez pour l’abroger, pour que chez vous comme ailleurs on accepte le débat. Contradictoire. Je suis, comme tant d’autres, à votre disposition pour une rencontre contradictoire sur le thème, quand vous le voudrez.

Venons-en à votre « radicale mise au point ». Son but est en effet de clore radicalement le débat, mais il faut noter que le seul argument qu’il avance est pompé sur le radicalissime Luc Ferry) » dit « Philosophe du Président » Chirac qui l’a lui-même pris à Kant, fidèle disciple sur ce point (comme sur d’autres) des Pères de l’Église, lesquels s’inspiraient largement d’Aristote, le très libertaire précepteur d’Alexandre le Grand et auteur de la thèse radicale selon laquelle les esclaves, surtout non grecques, l’étaient par nature parce qu’incapables de liberté.

J’ai aussi entendu ce même auguste vôtre argument dans la bouche de mon Papa, qui cause comme Le Pen mais vote De Villiers. Ceci n’est pas bien sûr un argument de fond ; cependant, face aux tentatives répétées des anti-antispécistes comme vous de nous confondre avec Hitler qui-était-végétarien (faux), et/ou avec les anti-IVG qui-respectent-les-embryons-donc-les-poulets (faux), il est quand même bon de noter en passant que tant du côté des fascistes que de Luc Ferry, de Jean-Paul II et de Chevènement on souscrit massivement à vos thèses anti-antispécistes, alors que zéro pour cent de ces gens-là sont d’accord avec nos thèses, qui sont, en un mot, que personne ne doit être l’esclave de personne.

Votre argument, c’est : l’« Homme » (masculin, singulier et majuscule de rigueur dans votre bouche) relève de la culture, de la liberté, alors que l’« animal » relève de la nature, de la non-liberté. Vous n’avez pas beaucoup progressé depuis Aristote.

Nous n’avons donc pas attendu votre « radicale mise au point » pour répondre à cet argument ; mais bien sûr, il ne s’agit pas pour vous de débattre avec les antispécistes et de tenir compte de ce qu’elles et ils disent, mais seulement de leur clore le bec par la répétition incessante de ces mêmes arguments que seuls deux mille ans de pilonnage platonico-chrétien ont fini par rendre crédibles.

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Une société de dominations

Nous vivons dans une société (ou un agglomérat de sociétés connectées) qui baigne dans les oppressions diverses et variées : racisme, sexisme, homophobie, biphobie, lesbophobie, transphobie, classisme, validisme… Depuis notre naissance, selon notre milieu et notre parcours, de nombreux facteurs influencent notre façon de penser, parler, agir : éducation familiale et scolaire, culture (livres, cinéma, chansons, télé-poubelle ou télé-qualité, patrimoine…), publicités, rencontres, administrations publiques et privées, compositions et ambiances de nos lieux de travail et de loisirs, hasards de la vie. Hors tous ces facteurs sont eux-mêmes inscrits dans le contexte des dominations évoquées plus haut. La publicité (pour prendre un exemple classique) est pleine de clichés sexistes et souvent aussi racistes, hétéro-centrés et classistes. De même la façon dont les administrations fonctionnent (façon dont les formulaires sont rédigés par exemple) sont à l’image de ces dominations. D’une façon générale, le langage courant, et encore plus le langage familier regorgent d’expressions sexistes, racistes, homophobes, etc… Les « Fils de Pute », « Enculé », « grognasse », « vierge effarouchée », « couilles-molles/sans-couilles/petites bites », « petites pisseuses », « salope », fleurissent quotidiennement autours de nous, dans des contextes très différent (véritable insulte, « plaisanteries de comptoirs », intervention ennervée du patron sur nos lieux de travails et parfois « slogans politiques »). Certaines de ces expressions sont largement ancrées dans le langage courant, et ne font presque pas (ou trop peu) tiquer quand elles déboulent : « Il est devenu la vraie tête de Turc de ses camarades » (rappelons nous juste l’origine de cette expression qui sent bon la France des colonies). Ce langage, ces propos, ces images, on les a tous-tes intégré à différents niveaux. C’est comme ça. Maintenant voyons ce qu’on en fait.

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