Violences policières : “L’objectif n’est plus de repousser un groupe, mais de blesser des individus”

A Nantes le 3 mai 2016, lors d’une manifestation étudiante contre la « loi travail » (Stephane Mahe/Reuters)

Depuis le début des mobilisations contre la “loi travail”, la répression contre les manifestants s’accentue, et les blessés se multiplient. Pour Pierre Douillard-Lefevre, auteur de L’Arme à l’œil, ces violences sont le fruit d’une “militarisation de la police”. Entretien.

La liste des éborgnés et des blessés graves suite à des tirs de Flash-Ball et des grenades de désencerclement s’allonge depuis le début des mobilisations contre la “loi travail”. “Au rythme où on va, quelqu’un va mourir parce que la violence est à chaque manifestation un peu plus élevée”, s’inquiétait Jean-Luc Mélenchon suite à la manifestation du 1er mai. Pierre Douillard-Lefevre, diplômé en histoire et sociologie, a lui-même perdu l’usage d’un œil en 2007 suite à un tir de Flash-Ball. Engagé depuis aux côtés d’autres blessés contre la militarisation des forces de l’ordre, il vient de publier L’Arme à l’œil, Violences d’Etat et militarisation de la police. Entretien.

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Tout ça pour une voiture ?

Ciu9Fs5WsAExhPs.jpg large Retour sur une manif mouvementée.

On entend tout et n’importe quoi en ce moment sur la journée du 18 mai, et au sujet de cette fameuse bagnole de flics. Que les journaleux de tout bords en fassent leur beurre, tant mieux ou tant pis, cela ne nous concerne plus tellement. Le souci est que certains, qui étaient paraît-il là pour les mêmes raisons que nous, contribuent à la confusion au moment où des personnes subissent la répression. Je vais donc raconter ce que j’ai vu de cette journée.

A LIRE SUR PARIS LUTTES

sinon des news sur la répression en cours sur le monde:

Voiture de police incendiée : les avocats dénoncent un dossier « vide »

Lettre ouverte à ceux qui se sont indignés que la CGT puisse dénoncer les violences policières (Cazeneuve, Cambadélis, Philippot, Ciotti, la SCSI-CFDT, … qu’importe leurs noms)

La CGT publie une affiche-com’ sur les violences policières et cela provoque un petit émoi médiatico-politique. Ah l’insignifiance ! Si une affiche plutôt banale peut être jugée assez « immonde » pour qu’on veuille la traduire en justice, qu’en sera-t-il de ces mots ? Voici une petite réponse à la lettre ouverte de Bernard Cazeneuve et aux autres déclarations …

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Vous qui alimentez sans cesse la colère, vous osez vous indigner d’une petite affiche de la CGT. Vous êtes donc bien susceptibles. Comme je vous comprends, vous n’avez toujours vécu que dans des bureaux et sur des estrades. C’est pour cela que vous êtes plus aptes à vous émouvoir d’une image sur tweeter ou face à des caméras que dans ce qu’il vous reste de vie quotidienne. Vous ne connaissez que cela : des images. Ainsi, Monsieur Cazeneuve, vous affirmez que ce visuel met « gravement en cause la police nationale ». Mais pensez-vous réellement qu’elle avait besoin d’une petite affiche pour être gravement mise en cause ?

Si je vous écris, c’est pour répondre à vos constants appels à la haine. Ne soyez pas en colère, ce ne sont que des mots. Ils sont moins violents que vos forces de l’ordre, que les résultats de vos aveuglements idéologiques, que votre arrogance et qu’Indiana Jones IV.

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SAINT-DENIS : RUE DE LA RÉPUBLIQUE Comment survivre à un assaut antiterroriste

Le 18 novembre dernier, le monde entier a pu suivre en direct l’assaut de la police contre un immeuble de Saint-Denis. Deux personnes liées aux attaques du 13 novembre y mourraient, ainsi qu’un membre de leur famille. Immédiatement, l’opération fut décrite comme hyper-violente, on parlait de 5000 balles tirées par la police. Il fallu par la suite sécuriser l’immeuble pour éviter qu’il ne s’écroule. Après quelques semaines, le récit officiel et dithyrambique des exploits du RAID prenait un coup dans l’aile lorsque les premières expertises établirent que les policiers s’étaient principalement tirés les uns sur les autres pendant de longues heures. [1] Au détour de quelques articles de journaux, nous apprenions aussi que des voisins avaient été blessés par la police, d’autres placés en garde-à-vue antiterroriste, et certains en centre de rétention [2]. Si les journaux noircissent encore des pages et des pages à propos des survivants du Bataclan, les habitants de Saint-Denis qui se sont retrouvés à la rue après avoir subi un assaut de plusieurs heures ainsi qu’un certain nombre d’humiliations n’intéressent pas grand monde. Des lecteurs de lundimatin sont allés les rencontrer.

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COP 21 : les renseignements font la tournée des squats du 94

Ce jeudi 19 novembre au matin, un agent du renseignement est venu toquer à la porte de plusieurs squats d’Ivry, en vue de la COP 21.

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Une pote sonne à la porte du Moulin. Je regarde par la fenêtre et j’aperçois avec elle un homme d’une quarantaine d’années, vêtu d’un imperméable. L’amie, gênée visiblement par sa présence, me demande de descendre.

Je descend ouvrir, prenant soin de refermer derrière moi, pour aller parler à notre invité surprise.

L’homme se présente tout de suite comme policier des renseignements. Avant même d’engager la conversation, je lui demande sa carte de visite, qu’il me tend après avoir également montré sa carte de police.

Laurent C., lieutenant au service territorial du renseignement du Val-de-Marne, enchaîne en demandant si le lieu prévoyait d’accueillir des gens pendant la COP 21 et si nous avions prévu d’y organiser des activités. On lui rétorque qu’on n’a pas l’intention de lui répondre, que nous n’avons aucune raison de lui donner des informations sur ce qu’il se passe dans notre domicile et que nous ne comprenons pas pourquoi le fait d’être un squat impliquait de devoir informer les forces de police sur notre volonté d’accueillir ou non des ami-e-s chez nous.

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Encore un mort dans un commissariat, à Saint-Denis cette fois

Cette fois, on n’aura pas appris le drame plus d’un mois après comme pour Amadou Koumé. Dans la nuit de samedi à dimanche, un homme est mort dans un commissariat de Saint-Denis apprend-on dans « Le Parisien« .

L’IGPN, l’Inspection générale de la police nationale vient d’ouvrir une enquête après la mort d’un homme dans la nuit de samedi à dimanche après une altercation avec des policiers au commissariat de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).

Le parquet de Bobigny a donné sa version :

« l’homme est reparti puis est revenu dans l’enceinte du commissariat. Il s’est énervé et l’un des policiers en faction l’a repoussé, ce qui a occasionné sa chute. Sa tête a heurté le sol. »

Il est mort quelques heures plus tard à l’hôpital. Faut quand même chuter sacrément durement pour mourir en se cognant la tête. En tombant de sa propre hauteur, ça paraît étrange.

Mais pour 20 Minutes par exemple, rien d’étonnant. D’abord, il l’avait bien cherché : « Il avait tenté d’entrer dans un commissariat », rien que ça !

Quant à l’explication, elle est simple pour nos fins limiers jamais à court d’explications pour excuser les meurtres policiers (y compris avec des grosses fautes). Aujourd’hui donc, cet homme qui avait commis le crime d’après 20 Minutes de vouloir entrer dans un commissariat est mort à cause… de la malchance :

L’homme, qui était « passablement énervé », a voulu s’en prendre à un des policiers en faction « qui l’a repoussé avec la paume de la main », ce qui a provoqué sa chute, a décrit une source policière. « Par malchance, ajouté celle-ci [sic], en tombant, sa tête avait heurté l’arrête du trottoir »

Une mort, qui comme toutes les autres qui impliquent des flics, risque une nouvelle fois de ne pas avoir d’explication. Même Amnesty se disait récemment,dans un rapport international, préoccupée par « l’impartialité et l’exhaustivité des enquêtes menées par les autorités judiciaires » concernant les violences commises par la police française.

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Le 18 mai pour Zyed et Bouna, Appel à mobilisation nationale

Le 27 octobre 2005 à Clichy-Sous-Bois, une dizaine d’adolescents qui sortent du foot sont interpellés par la police et prennent la fuite par peur d’un contrôle. Pris en chasse par plusieurs voitures de la BAC, Zyed, Bouna et Muhittin se réfugient dans un transformateur EDF. Vingt minutes plus tard, Zyed et Bouna meurent électrocutés. Muhittin, gravement brûlé, parvient à prévenir les secours.

Le 18 mai prochain, la cour d’appel rendra publique sa décision au sujet des deux policiers mis en examen dans cette affaire. Inculpés au départ pour mise en danger délibérée, la justice ne retient plus aujourd’hui que la non-assistance à personne en danger pour les deux seuls policiers mis en cause.

Après dix ans de batailles judiciaires et une relaxe confirmée une première fois en appel, quelque soit le verdict il ne sera jamais pleinement satisfaisant. Dans de trop nombreux cas les policiers mis en cause bénéficient d’une impunité judiciaire et sont traités comme des citoyens au-dessus des lois (Amnesty International, avril 2009).

Insultes, contrôles d’identité abusifs, brimades, mutilations, autant de pratiques qui constituent une violence quotidienne. Ali Ziri, Abou Bakari Tandia, Mohammed Boukrourou, Lamine Dieng… Nous ne parlons pas ici d’accidents ou de bavures, mais d’une violence d’Etat dont la justice se fait complice. Faut-il s’étonner des révoltes dans les quartiers populaires ?

Le 18 mai nous ne nous tairons pas ! Ces combats ne s’arrêtent pas aux portes des Palais de justice. Dans la rue, la lutte se construit et la solidarité s’organise.

Des familles et des collectifs se retrouveront
devant la cité judiciaire de Rennes à 14H30.

En île-de France, rassemblement à 19H devant
le tribunal de Bobigny, lieu de tous les non-lieux.

Rassemblons-nous devant tous les tribunaux de France
à partir de 19h pour montrer que nous n’oublions pas !

zyedbouna18mai@gmail.com