C’est à vous de voir ce que vous faites maintenant!

Surveille ton langage !

Une société de dominations

Nous vivons dans une société (ou un agglomérat de sociétés connectées) qui baigne dans les oppressions diverses et variées : racisme, sexisme, homophobie, biphobie, lesbophobie, transphobie, classisme, validisme… Depuis notre naissance, selon notre milieu et notre parcours, de nombreux facteurs influencent notre façon de penser, parler, agir : éducation familiale et scolaire, culture (livres, cinéma, chansons, télé-poubelle ou télé-qualité, patrimoine…), publicités, rencontres, administrations publiques et privées, compositions et ambiances de nos lieux de travail et de loisirs, hasards de la vie. Hors tous ces facteurs sont eux-mêmes inscrits dans le contexte des dominations évoquées plus haut. La publicité (pour prendre un exemple classique) est pleine de clichés sexistes et souvent aussi racistes, hétéro-centrés et classistes. De même la façon dont les administrations fonctionnent (façon dont les formulaires sont rédigés par exemple) sont à l’image de ces dominations. D’une façon générale, le langage courant, et encore plus le langage familier regorgent d’expressions sexistes, racistes, homophobes, etc… Les « Fils de Pute », « Enculé », « grognasse », « vierge effarouchée », « couilles-molles/sans-couilles/petites bites », « petites pisseuses », « salope », fleurissent quotidiennement autours de nous, dans des contextes très différent (véritable insulte, « plaisanteries de comptoirs », intervention ennervée du patron sur nos lieux de travails et parfois « slogans politiques »). Certaines de ces expressions sont largement ancrées dans le langage courant, et ne font presque pas (ou trop peu) tiquer quand elles déboulent : « Il est devenu la vraie tête de Turc de ses camarades » (rappelons nous juste l’origine de cette expression qui sent bon la France des colonies). Ce langage, ces propos, ces images, on les a tous-tes intégré à différents niveaux. C’est comme ça. Maintenant voyons ce qu’on en fait.

LA SUITE SUR BRASIERS ET CERISIERS

Qui sème la hoggra, récolte l’intifada.

par Mathieu Rigouste, Docteur en Sciences Sociales

Nuit du 22 juin 2013, Toulouse, France.

Au pays qui forgea l’Etat-nation à partir de la monarchie absolue, en le fondant sur l’esclavage et le génocide des femmes, à travers la colonisation, toutes les exploitations et une suite presque ininterrompue de guerres impérialistes. Dans une région qui fabrique des gaz et des poudres pour des polices et des armées engagées dans le monde entier contre les peuples qui gênent le règne du capitalisme.

Avec quelques ami.e.s, nous tentons de calmer une bagarre à Arnaud Bernard, un des derniers quartiers populaires du centre ville. Pour accélérer sa transformation en quartier chic, les autorités y déploient la police en permanence. Des CRS en journée et la BAC la nuit. Ces bandes de virils franchouillards sont payées pour assurer un «nettoyage socio-ethnique» du quartier en pourrissant la vie des damnés de la terre qui y galèrent. Ils sont formés et payés pour maintenir le socio-apartheid. Pour cela, ils exécutent des démonstrations de guerre et mènent des chasses aux pauvres durant lesquelles ils jouissent ensemble de maltraiter leurs proies.

Une bande de types colériques et mal sapés, tout à fait dans leur style, surgit hors de la pénombre d’où ils devaient comploter. L’un de ces ratonneurs compulsifs attrape le plus « Nord-Africain » d’entre nous comme ils continuent à dire, et le colle dans un mur par la gorge. Nous comprenons qu’ils sont en fait de valeureux fonctionnaires de police en civil lorsque trois d’entre eux m’attrapent et m’écrasent au sol. Le premier me comprime la cage thoracique en m’enfonçant la colonne vertébrale avec son genou. Pendant ce temps un second me serre les menottes jusqu’à l’os. Tandis qu’un troisième me maintient les pieds. Je ne peux pas me débattre, je suffoque en suppliant qu’on me laisse respirer. Le catcheur-fou resserre alors l’étreinte, je suis au bord de m’évanouir. Une trentaine de personnes assistent à la scène, certaines demandent qu’on me laisse respirer et reçoivent des coups et des insultes.

Elles ont témoigné par écrit qu’à ce moment-là, juste avant mon arrestation, j’avais bien la tête et le corps d’un mec qu’on n’a pas encore tabassé dans le couloir principal d’un commissariat central. L’un de ces beaufs suant la testostérone et régulièrement humiliés par des enfants dans nos quartiers, se reprend pour l’inspecteur Harry et mentraîne par la chaîne des menottes, passées dans le dos, sur plusieurs mètres jusque dans un véhicule de la Police Nationale.
Cette vénérable institution qui, trop humble pour s’en vanter, s’illustrait dans l’histoire de l’humanité en déportant systématiquement et sans broncher juifs et communistes avant de torturer et de faire industriellement disparaître tous les colonisés et les révolutionnaires qui gênaient l’Etat et le nationalisme français, il y a quelques dizaines d’années.

Menotté dans le dos et face contre terre, cette technique fait peser tout le poids du corps sur les poignets. J’ai hurlé et mon poignet gauche s’est cassé à ce moment-là. Un an plus tard, j’ai encore les marques des menottes autour des poignets et une grande cicatrice pas trop swag en travers.

On m’a ensuite enfoncé dans la voiture en me cognant la tête contre le bord de la carrosserie ; une convention dans le milieu. Un policier pas vraiment créatif m’a extrait de la même manière en tirant encore sur la chaîne des bracelets. Arrivés dans le couloir principal du commissariat central de l’Embouchure, l’une de ces « personnes dépositaires de l’autorité publique dans l’exercice ou du fait de ses fonctions » a placé sa main derrière ma nuque et a envoyé de toutes ses forces ma tête contre un mur. Puis un autre ou le même – je ne sais pas, on m’a toujours frappé par derrière et menotté – a écrasé ma tête avec sa main contre de lourdes portes battantes qui ne lui avaient rien fait non plus. Il a utilisé ma tête pour ouvrir des portes. Je l’écris en souriant car je sais que Dieu
pardonne peut-être, mais pas le prolétariat.

Qui sème la hoggra, récolte l’intifada.

La répétition de ces gestes et l’absence de réaction de tous les policiers présents dans le commissariat indiquent leur banalisation et leurs caractères habituels, normalisés dans cette enceinte dirigée alors par le commissaire divisionnaire Laurent Syndic. J’ai enfin été jeté à terre, en avant, menotté dans le dos, sur le carrelage de ce couloir de garde-à-vue où l’on m’a laissé jusqu’à l’aube étalé, toujours menotté et hurlant de douleur. Quelques-uns de ces justiciers errants m’ont aussi placé de petits coups de pieds mesquins dans les côtes, en passant. J’aurais pu être en train de mourir, aucun policier n’est jamais venu s’inquiéter de mon état, pas plus qu’ils n’ont protesté lorsque leurs collègues brutalisaient des briques avec mon crâne. Il sont tous responsables.

C’est bien la police qui m’a fait ça.

All Cops Are Brutal.

Photos prises le 22 juin 2013 à l’hôpital Purpan

10408048_10152471653355256_1327133374174136403_n

J’ai été largué à l’hôpital Purpan par des agents en uniforme à 6h du matin. J’avais la tête violette par endroits, la lèvre ouverte, une main explosée, une cheville défoncée, des bleus sur tout le corps. Ils sont partis vers 9h en m’indiquant que « la garde-à-vue » était levée.

J’étais rassuré. Vu qu’on avait omis de m’en parler, j’avais cru qu’une milice de nationalistes armés m’avait défoncé, enlevé, cogné dans des murs, laissé KO par terre puis refilé à une autre bande pour me déposer aux urgences. J’ai passé trois jours à l’hôpital, on m’a opéré le poignet (fracture et luxation). On y a posé une vis que je garderai toute ma vie et qui m’handicape. On a soigné les multiples ecchymoses et plaies sur toute la
tête et les côtes. Les super-Dupont m’avaient aussi percé le tympan comme l’a relevé le médecin légiste qui m’a ausculté à la sortie de l’hôpital.

On m’a reconnu 60 jours d’ITT à l’hôpital, transformés en 3 jours « au sens pénal du terme » par la médecine « légale ».

Avec mes proches, nous avons d’abord hésité à porter plainte car nous savions trop bien que la Justice couvrirait la police puisqu’elle le fait toujours, même chaque fois que la police tue. Et la justice n’a pas besoin d’être corrompue. Elle applique normalement les lois faites par les dominants pour protéger les dominants. Il ne sert à rien de s’indigner face à la violence d’Etat. Il est tout à fait normal qu’un Etat opprime le peuple ainsi que celles et ceux qui lui résistent. C’est son boulot. Et c’est la lutte des classes. Nous pensons qu’il vaut mieux s’organiser collectivement pour arracher les racines de ce carnage. Mais le tribunal du maître est tout de même un champ de bataille.

Alors nous avons décidé de porter plainte en juillet 2013, pour tenter de fissurer un peu ce sentiment d’impunité des milices d’Etat au pays des droits de l’homme blanc et riche. Pour contre-attaquer, en accusant non pas quelques policiers mais l’Etat. Car la violence des shtars c’est bien lui qui la fabrique. Et c’est aux classes dominantes qu’elle profite.

Nous l’accusons de gérer un système d’exploitation, d’humiliation, de contrôle et d’oppression, de brutalisation, d’incarcération et de meurtre dans les quartiers et contre les classes populaires pour maintenir l’ordre capitaliste et la ségrégation socio-raciste. Car cette férocité est érigée en industrie rationalisée et quotidienne dans les cités de France comme dans tous les ghettos et les favelas du monde. L’Etat harcèle, brutalise et mutile aussi de plus en plus férocement celles et ceux qui prennent part aux luttes, aux mouvements sociaux et aux mouvements révolutionnaires.
Bien conscient de tout ça, le procureur Michel Valet a tabassé aussi notre plainte en février 2014, jugeant que ” l’examen de cette procédure ne justifie pas de poursuite pénale au motif que les plaintes ou les circonstances des faits dont vous vous êtes plaint n’ont pu être clairement établis par l’enquête. Les preuves ne sont donc pas suffisantes pour que l’affaire soit jugée par un tribunal“.

Malgré les pages de blessures fournies par le médecin légiste – assermenté par l’Etat luimême – les photos, les récits des témoins, malgré le fait que la police ne nie pas m’avoir déposé elle-même à l’hôpital à l’aube, la Justice ne veut pas avoir à vérifier publiquement si des policiers font réellement à Toulouse ce dont nous les accusons. C’est que le proc la connaît la vérité lui, et comme eux, il sait que la férocité fait partie intégrante du boulot des condés. Ce n’est pas un enlèvement avec séquestration et actes de barbarie, c’est le travail de la police, parce que c’est fait par des policiers. L’institution judiciaire valide ainsi elle-même ce dont nous l’accusons : elle est chargée par l’Etat de couvrir la police et ses violences, elle n’a rien à voir avec aucune notion de justice, elle a pour fonction de maintenir l’ordre capitaliste-raciste-patriarcal en punissant les opprimé.es, en réprimant les révolté.e.s et en remplissant les prisons d’un nouveau genre d’esclaves.

Pour ne rien lâcher, nous portons maintenant plainte avec constitution de
partie civile auprès du doyen des juges d’instruction. C’est tout aussi systématique, lorsque la police brutalise quelqu’un, c’est elle qui s’empresse de porter plainte pour outrage, rébellion et parfois violences, ce qui permet de couvrir les agents et qu’ils s’octroient par la même occasion des vacances en jours d’ITT et parfois des primes à la sortie des tribunaux qui les cajolent. En plus du refus d’ouvrir une affaire concernant ma plainte, j’ai eu l’honneur de recevoir une convocation à comparaître pour “violence aggravée et outrage” à mon encontre, lors d’une quarantaine d’heures de garde-àvue « cadeau », fin avril 2014, presque un an après les faits. La GAV, c’est l’abolition de l’espace et du temps, dans un cachot puant la merde, où il faut essayer de dormir sous un projecteur et une caméra, sur un lit en pierre avec une couverture dégueulasse, où l’on vous jette une mixture déjà vomie et des brimades régulières comme seuls contacts humains.

La police a failli me tuer en me tabassant, la justice a classé ma plainte sans même ouvrir de procédure et les deux m’accusent ensemble de « violences ». Selon le Brigadier Anthony Capdecomme de la BAC, qui a joué un rôle de premier plan dans cette affaire, je serais apparu, j’aurais crié “La BAC fils de pute, bande de facho, allez niquer vos mères, allez vous faire enculer” puis j’aurais sauté “les deux pieds en avant ” sur le brigadier de la BAC
Stephane Lecoq, je me serais ensuite relevé et l’aurait frappé au visage, tout ça sans motif et sans John Wu.
De mon côté, je tiens à affirmer que je ne traite jamais les mères, les putes et les homosexuels, c’est une vieille conviction. Toutes leurs dépositions sont pleines de contradictions. D’ailleurs le policier Lecoq, prix spécial au festival du rire de Montréal, indique que Capdecomme s’est fait un lumbago et une hernie dans le dos en me passant les menottes.
Stéphane Normand, le troisième policier qui témoigne contre moi, m’aurait arrêté en « me posant la main sur l’épaule ». Ces trois-là doivent avoir une idée sur l’identité de ceux qui m’ont défoncé contre les portes et les murs du commissariat.

Mais c’est bien moi qui serait jugé en février 2015. Et nous disons que tout est dans l’ordre des choses. Le système a fonctionné normalement, nous ne voulons pas le réformer, ni le réparer, ni l’améliorer, nous disons qu’il faut en changer complètement et définitivement. Pendant que l’armée massacre à l’extérieur au profit des capitalistes, la police mène la guerre sociale à l’intérieur contre le peuple. Il existe une continuité de pouvoirs et de profits entre les guerres de la bourgeoisie française en Afghanistan, au Mali, ou en Centrafrique et celles qu’elle mène contre les classes dominées en métropole, dans le cadre de la restructuration urbaine notamment. Il n’y a pas de « bavures », l’Etat opprime et assassine les pauvres méthodiquement, et en particulier les non-blancs. Il écrase de manière encore plus insidieuse et invisible les femmes pauvres et encore plus intensément les non-blanches. Il n’est pas une solution mais une partie du problème. L’Etat est à l’émancipation des peuples, comme un SS à Treblinka, un Para au Rwanda, Tzahal à Gaza.

Nous disons que cette pyramide où les riches et les puissants sont assis sur le peuple en chaînes et lui font élire ses maîtres parmi des bourreaux, devrait être remplacée par quelque chose d’autre. Il est possible d’abolir tous types de relations sociales basées sur la
hiérarchie. On peut imaginer des formes de communes libres, autonomes et solidaires où les peuples s’auto-organisent horizontalement, c’est-à-dire sans chefs et sans rapports de domination, où ils partagent ensemble les activités créatrices, les richesses et les décisions sur leurs propres vies, où chacun.e peut s’émanciper dans l’entraide, la liberté et l’égalité réelles et concrètes. On peut imaginer des assemblées de maison, de quartier et de communes associées où toutes celles et ceux qui sont concerné.e.s s’organisent et coopèrent ensemble. Il n’est pas difficile de faire mieux que le désastre actuel mais pour cela il faut rompre collectivement les structures qui le produisent.
Nous pouvons forcer les tribunaux à cesser de nous humilier en rendant des non-lieux ou des sursis pour les policiers assassins.

Non-lieu en octobre 2012 pour les policiers qui ont tué Ali Ziri, ce retraité décédé à la suite d’une suffocation provoquée lors de son interpellation par la police à Argenteuil.

Non-lieu en décembre 2012 pour les policiers qui ont tué
Mohamed Boukrourou dans un fourgon à Valentigney en 2009.

Non-lieu encore, en octobre 2012, pour les meurtriers de Mahamadou Marega, décédé après avoir été gazé et tazé 17 fois à Colombes en 2010.

Enfin, non-lieu en septembre 2012, dans le cas d’Abou Bakari Tandia, tombé dans le coma pendant sa garde à vue, fin 2004, à Courbevoie.

La cour d’appel de Versailles a confirmé trois de ces ordonnances de non-lieu ces derniers
mois.

Un non-lieu vient aussi d’être rendu dans l’affaire Lamine Dieng tué dans un fourgon de police à Paris en juin 2007.

Soutenons sans faille les révoltes populaires et soyons présent.e.s massivement, déterminé.e.s et offensi.ve.s dans et devant les tribunaux, pendant les marches et les
rassemblements contre la violence d’Etat et l’impunité judiciaire de la police. Ce sont des bases pour nous rassembler et nous renforcer, nous coordonner, mettre en commun nos stratégies, nos analyses et nos pratiques. Car ce n’est pas un Tribunal mais bien la force et la volonté collective de celles et ceux d’en bas qui peut changer nos conditions de vie.

En mémoire de tou.te.s les victimes de la police, de la justice et de l’Etat, en soutien à leurs familles, à leurs proches, et à tou.te.s les réprimé.e.s, prisonnier.e.s et martyr.e.s de la guerre sociale, continuons à nous auto-organiser sans rémission face toutes les formes de domination.

Coordonnons nos forces et formons des alliances dans l’intérêt des plus dominé.e.s. De la solidarité entre les luttes contre toutes les formes d’oppression, découlent les conditions de nos libérations respectives. La révolution a déjà commencé en Afrique et se répand en criant « Ash-shaab yurid isqat an-niddam ». « Le peuple veut la chute du système ».

Préparons-nous pour ne plus jamais revenir en arrière.

Une société d’émancipation est en train de naître aux croisements de nos luttes.

Et nous sommes capables de lui donner vie.

Avec tendresse et rage.

Mathieu Rigouste
Toulouse, le 22 juin 2014

Le docteur Michel Rongieres qui m’a opéré au service de traumatologie
certifie et décrit les lésions suivantes :

1-une fracture trans-scapho-peri-lunaire
au niveau de son poignet gauche.
2- Une contusion cheville droite.
3-Un traumatisme facial avec hématome de l’hemi-face droite.
4- Oedème peri-orbitaire.
5- Une plaie quasi-transfixiante de la lèvre inférieure.

Il a certifié que ces lésions entrainaient
-une incapacité temporaire totale de 60 jours
– une incapacité provisoire partielle de 8 jours,
« sous réserve de complications ».

Le médecin du service de Médecine légale (médecin légiste) à l’hôpital
Rangueil, Dr M. Minier, consulté à ma sortie de Purpan, le 24 juin 2013,
atteste : « aucun antécédent médical ne pouvant interférer avec les faits».

A l’examen clinique, elle note :

*extrémité céphalique :
-région temporale droite : lésion ecchymotique érythémateuse
ovalaire de 3 cm de diamètre,
– sur la paupière inférieure et supérieure de l’oeil droit :
visualisation d’hématome violacé, débutant à l’angle interne et se
terminant à l’angle externe avec présence d’une hémorragie
sous-conjonctivale dans le quadrant externe de l’oeil droit,
– pommette gauche : plaque parcheminée horizontale, rectangulaire,
mesurant 5 cm de long x 1,5 cm de haut,
– oreille gauche, sur l’ensemble du cartillage de l’oreille et sur
la face postérieure de celle‐ci : visualisation de multiples lésions
à type d’hématomes violacés,
– une perforation du tympan gauche,
– au cuir chevelu, en région occipitale gauche : lésion
ecchymotique érythémateuse de 5 cm de diamètre,
– lèvre branche supérieure droite de l’extrémité distale :
visualisation d’une plaie oblique vers le bas et la gauche sur laquelle
sont positionnés des points de suture. A noter une contusion de l’ensemble
de cette lèvre.

*membre supérieur gauche :
– le patient présente le bras en immobilisation par une attelle
thermoformée antérieure,
-visualisation d’un pansement sur la face dorsale du poignet et
de l’extrémité inférieure de l’avant-bras que nous ne retirons pas pour
les besoins de l’examen,
-présence d’un oedème diffus sur l’ensemble de la main.

*membre supérieur droit :
– en regard de la face dorsale du poignet : un liseré érosif,
croûteux, linéaire de 8 cm de long,
-sur la face dorsale de la main, en regard des têtes des
articulations des IVème, IIème et IIIème rayons de la main : visualisation
de lésions croûteuses infracentimétriques. Ces mêmes lésions sont
présentes en regard des articulations interphalangiennes proximales des
IIème, IIIème, IVème et Vème rayons.

*région dorsale :
– en région lombaire gauche, à 15 cm de la ligne médiane :
importante plaque érythémateuse avec des érosions croûteuses punctiformes
s’étendant sur une zone de 10 cm de diamètre, compatibles avec un
mécanisme de production par griffure.

*membre inférieur droit :
-présence d’un volumineux hématome en regard de la maléole interne
et externe, visualisation d’un hématomeérythémateux débutant
audessus du talon et s’étendant jusqu’au tiers moyen de la face
latérale latero externe du pied.
– sur le sur le tiers distal de la face externe de la jambe droite
: volumineux empattement avec présence d’un hématome verdâtre oblique vers
le bas et la gauche, mesurant 15 cm de long X 5 cm de haut,
— la marche est réalisée avec des douleurs à l’appui. Le pied peut être
posé en totalité.

JUILLET-AOÛT 2014 AU RÉMOULEUR (BAGNOLET)

LOCAL AUTO-ORGANISÉ DE LUTTE ET DE CRITIQUE SOCIALE

Le Rémouleur
106, rue Victor Hugo
93170 Bagnolet
(M° Robespierre ou M° Gallieni)

https://infokiosques.net/le_remouleur
Mail : leremouleur@@@riseup.net
S’inscrire à la lettre d’info du local

Horaires des permanences cet été (avec accès à l’infokiosque, à la bibliothèque et aux archives) :
chaque samedi de 14h à 18h.

Entrée libre et gratuite.

**************************************************************************************************************************************************

Vendredi 4 juillet de 16h30 à 19h30
Permanence-CAFé des CAFards

Samedi 5 juillet de 14h à 18h
Permanence « Sans-papiers, s’organiser contre les expulsions » avec le collectif des Baras (à partir de 16h).

Samedi 5 juillet à 18h
Projection du documentaire « Lucio, anarchiste, braqueur, faussaire, et aussi… maçon », d’Aitor Arregi et José Maria Goenaga (2007, 1h33, VOST).
« Des révolutionnaires il y en a eu et il continue d’y en avoir de par le monde. Ceux qui ont dû commettre des actions illégales ou se lancer dans la contrebande pour la cause sont nombreux. Il n’y en a qu’un qui, avec d’autres, a réussi à escroquer la banque la plus puissante de la planète en falsifiant des traveller-chèques pour un montant de 20 millions de dollars … tout en continuant son travail de maçon ». Histoire de Lucio Urtubia et de son engagement anarchiste et de solidarité internationale aux côtés ou pour de nombreux groupes activistes ou de prisonniers.

Samedi 12 juillet 2014 à 18h
Projection / rencontre sur les occupations de terre urbaines à Buenos Aires : « Manzana 30 » du collectif Ojo Obrero (documentaire, 2008, 0h45, VOST).
Loida Diosnel et Rosario vivent à la Villa 20, l’une des plus grandes « villas miserias » (quartier informel équivalent aux bidonvilles) de Buenos Aires, où ils sont confrontés au quotidien aux loyers indécents, au travail précaire, à la pollution, à l’absence d’infrastructures et de services minimaux, de logements salubres et d’un hôpital. Devant l’absence de solution malgré un plan d’urbanisation promis par la mairie, ils décident d’occuper un terrain adjacent utilisé comme cimetière de voitures par la Police Fédérale. C’est là qu’ils ont construit leurs maisons en 2007, dans la nouvelle Manzana 30 (c’est-à-dire « bloc 30 »).
Discussion avec Alejandro, qui participe depuis 2001 au MTD Norberto Salto (Movimiento de Trabajadores Desocupados) sur les occupations de terre dans l’agglomération de Buenos Aires. Aujourd’hui, à la villa 20 et ailleurs, de nouvelles occupations sont en cours… Dans les bidonvilles et les quartiers auto-construits, les habitants s’organisent sur une base territoriale pour le logement et la lutte quotidienne. Le FOL (Frente de Organizaciones en Lucha) dont fait partie le MTD NS, après avoir été l’un des quartiers du MTD de Solano, participe à des occupations qui créent de nouveaux quartiers où l’on s’organise en assemblée, autour de cantines, d’ateliers et de coopératives. La revue Tierra Para Vivir parle de ces occupations et des problématiques liées à l’habitat. Ce sera aussi l’occasion de revenir sur l’expérience des mouvements piqueteros autonomes (MTD) ou non, et plus largement sur les luttes en Argentine.

Samedi 19 juillet à 18h
Projection de « Cocorico ! Monsieur Poulet » de Dalarou (pseudonyme pour Damouré Zika), Lam Ibrahim Dia et Jean Rouch (1974, 1h33, VOFR).
Dans une 2 CV bringuebalante, Lam, surnommé M. Poulet, s’en va en brousse chercher les poulets qu’il vendra à Niamey. Assisté de Tallou, son apprenti, et de Damouré, embarqué en chemin, il espère faire des affaires juteuses. Mais les imprévus s’accumulent, les poulets sont introuvables et le fleuve Niger difficile à traverser sans passer par le pont surveillé par la police. Et une diablesse ne cesse de jeter des sorts !

Samedi 26 juillet à 18h
Projection de « Petit à Petit » de Jean Rouch (1971, 1h36, VOFR).
C’est l’un des films les plus cocasses de Jean Rouch et de ses partenaires africains. Damouré Zika, venu à Paris pour voir « comment on peut vivre dans des maisons à étages » s’y livre à une étude ethnologique inversant colonisé et colonisateur, découvrant ainsi des habitudes et des mœurs qui lui semblent bien curieuses, prenant les mensurations et inspectant les dentitions des Parisiens, enquêtant sur les marchés et bien d’autres choses encore ; dont il rend compte dans des lettres envoyées au village, à la manière des Lettres persanes. Évidemment, au village, on le croit fou et on envoie un autre observateur…

Samedi 9 août à 18h
Présentation-projection-discussion « 15 ans de SHAC, 10 ans de répression ».
Présentation par un camarade de l’Anarchist Black Cross du Royaume-Uni, de l’histoire de la campagne globale pour la fermeture du plus grand laboratoire européen de tests sur les animaux (Huntingdon Life Sciences). Agrémentée de petites vidéos, la présentation se focalisera sur les tactiques de lutte utilisées pour attaquer cette multinationale, la menant jusqu’à 120 millions de dollars de déficit, ainsi que sur la répression, au Royaume-uni et aux USA, totalisant 96 années de prison pour les 19 militant-e-s impliqué-e-s dans « Stop Huntingdon Animal Cruelty » (SHAC). La soirée est organisée en soutien aux prisonnier-e-s de Blackmail 3 et SOCPA 7.

Samedi 16 août à 18h
Projection de « À l’origine », de Xavier Giannoli (2009, 2h10, VOFR).
Paul est un escroc, ex-taulard, qui vit d’abus de confiance et de petites combines sous la fausse identité de Philippe Miller. Il se fait passer pour un patron de BTP et est accueilli comme le messie susceptible de relancer le chantier local d’un tronçon d’autoroute arrêté depuis deux ans. Le tout se déroule dans le nord de la France, région frappée durement par le chômage. L’engouement collectif pour ce projet questionne les rôles sociaux de chacun, la place du travail. Le film s’inspire d’un fait divers qui a eu lieu dans la Sarthe en 1997.

Samedi 23 août à 18h
Projection de « Paradis pour tous » d’Alain Jessua (1982, 1h50, VOFR).
Le docteur Valois, inventeur d’un procédé de « flashage » révolutionnaire, rend la joie de vivre à un dépressif suicidaire et à sa famille. La nouvelle mode du bonheur flashé se répand dans la ville et le pays à la vitesse grand V…

Samedi 30 août à 18h
Projection de « On achève bien les chevaux » de Sydney Pollack (1969, 2h, VOST).
En pleine crise des années 1930 en Californie, un marathon où les candidats dansent jusqu’à épuisement pendant des jours pour gagner de quoi manger et une prime pour les vainqueurs est organisé pour divertir les puissants. On achève bien les chevaux quand ils sont blessés… Ici ce sont les pauvres, accablés par le chômage, qu’on écrase une dernière fois en faisant de leur misère un spectacle terrifiant que les plus riches aiment regarder pour se rappeler qu’ils ne sont pas de la même classe… Ce film est inspiré du roman homonyme de Horace McCoy.

**************************************************************************************************************************************************

Permanences des collectifs cet été

La permanence « Sans-papiers » aura lieu les samedis 5 juillet et 6 septembre. Celle des « CAFards » aura lieu le vendredi 4 juillet.
Les collectifs « Cadecol » et « Prenons La Ville » reprendront leurs réunions en septembre.

Permanence « Résister à la psychiatrie »

Le collectif parisien de « Sans Remède » n’existe plus. De ce fait, il n’y a plus de permanence « Résister à la psychiatrie » au Rémouleur. Cependant, la revue « Sans remède » continue son bonhomme de chemin. Le prochain numéro sera bientôt dispo dans l’infokiosque du Rémouleur.

LA COURNEUVE : UN SQUAT VIOLEMMENT ATTAQUÉ PAR UN PROMOTEUR IMMOBILIER

Un squat installé depuis plusieurs jours rue des Francs-Tireurs à La Courneuve (93) a été violemment attaqué par un promoteur immobilier, à deux reprises, vendredi 30 et samedi 31 mai.
Les garde-à-vue des deux habitants ont été prolongées à 48h. Rassemblement dimanche 1er à 14h devant le commissariat de La Courneuve pour exiger leur libération (51 rue de la convention - tram  T1 Hôtel de ville de La Courneuve ou RER B La Courneuve-Aubervilliers)

Un squat installé depuis plusieurs jours rue des Francs-Tireurs à La Courneuve (93) a été violemment attaqué par un promoteur immobilier, à deux reprises, vendredi 30 et samedi 31 mai.

Le gérant de la société Histoire et Patrimoine qui se dit propriétaire du lieu, accompagné d’hommes de main et de responsables de l’entreprise ont une première fois attaqué le squat vendredi. Plusieurs personnes ont pénétré dans l’arrière-cour, alors que l’entrée était tenue par des gros-bras et les flics qui laissaient faire. L’un des responsables de la boite est sciemment resté caché à l’intérieur, appelant la police et prétendant s’être fait séquestré. Les flics complices, et au courant du stratagème espéraient pouvoir pénétrer « légalement » dans les lieux. Le type s’est fait sortir par les habitants.

Deux des habitants sont actuellement en garde-à-vue, pour séquestration et violence contre agent dépositaire de l’ordre public.

Samedi, entre 14h et 15 : Le gérant, Alexandre Mauret, des hommes de main et le même type qui se prétendait séquestré sont revenus, cette fois accompagnés de la BAC. Les policiers ont à nouveau demandé à voir les preuves d’habitation, puis sont partis, laissant les gérants le champs-libre pour attaquer. Ils ont sortis plusieurs marteaux, disqueuse et outil et on tenté de pénétrer dans le bâtiment.

L’arrivée de personnes en soutien les a fait fuir. Ils ont ensuite été aperçus causant tranquillement avec des policiers en uniforme.

Les flics, complices, se félicitaient, la veille, des résultats des élections européennes à La Courneuve : le FN était en tête – « Le vrai changement, c’est maintenant ».

Vidéo de l’agression de samedi :

Un squat installé depuis plusieurs jours rue des Francs-Tireurs à La Courneuve (93) a été violemment attaqué par un promoteur immobilier, à deux reprises, vendredi 30 et samedi 31 mai.
Les garde-à-vue des deux habitants ont été prolongées à 48h. Rassemblement dimanche 1er à 14h devant le commissariat de La Courneuve pour exiger leur libération (51 rue de la convention - tram  T1 Hôtel de ville de La Courneuve ou RER B La Courneuve-Aubervilliers)

Un squat installé depuis plusieurs jours rue des Francs-Tireurs à La Courneuve (93) a été violemment attaqué par un promoteur immobilier, à deux reprises, vendredi 30 et samedi 31 mai.

Le gérant de la société Histoire et Patrimoine qui se dit propriétaire du lieu, accompagné d’hommes de main et de responsables de l’entreprise ont une première fois attaqué le squat vendredi. Plusieurs personnes ont pénétré dans l’arrière-cour, alors que l’entrée était tenue par des gros-bras et les flics qui laissaient faire. L’un des responsables de la boite est sciemment resté caché à l’intérieur, appelant la police et prétendant s’être fait séquestré. Les flics complices, et au courant du stratagème espéraient pouvoir pénétrer « légalement » dans les lieux. Le type s’est fait sortir par les habitants.

Deux des habitants sont actuellement en garde-à-vue, pour séquestration et violence contre agent dépositaire de l’ordre public.

Samedi, entre 14h et 15 : Le gérant, Alexandre Mauret, des hommes de main et le même type qui se prétendait séquestré sont revenus, cette fois accompagnés de la BAC. Les policiers ont à nouveau demandé à voir les preuves d’habitation, puis sont partis, laissant les gérants le champs-libre pour attaquer. Ils ont sortis plusieurs marteaux, disqueuse et outil et on tenté de pénétrer dans le bâtiment.

L’arrivée de personnes en soutien les a fait fuir. Ils ont ensuite été aperçus causant tranquillement avec des policiers en uniforme.

Les flics, complices, se félicitaient, la veille, des résultats des élections européennes à La Courneuve : le FN était en tête – « Le vrai changement, c’est maintenant ».

Vidéo de l’agression de samedi :

Plus d’infos sous peu et sur PARIS LUTTES INFOS

BadKids 4 – Mai 2014 est disponible !

Pour vous annoncer, avec un peu de retard, que le numéro 4 de BadKids est disponible!

UNE Badkids N°4

Au sommaire de ce numéro :

– L’internationale de l’austérité avec un article sur le travail gratuit suivis d’une réflexion sur les TIG et le maintient de l’ordre.

– Un article sur l’opération Sangaris.

– Qu’est-ce qu’un drone

– Une analyse du rôle politique des “comité de quartiers”.

– Des class N’ casse.

– Une disquette de l’économie : la plus value absolue et relative.

Pour obtenir le numéro en version papier tu peux :

– Nous écrire et on fera passer.

– Aller l’acheter au Kiosk (lundi et vendredi à partir de 17h, 3, rue Escoussières Arnaud-Bernard ) ou à Terra Nova, Floury frères…

Tu peux aussi le lire sur le net ICI

Hésitez pas à le diffuser et à nous écrire pour toute critique, contribution…

L’équipe BK

vu sur badkids.noblogs.org

Soirée de soutien au journal L’Autre-ment

Soirée de soutien au journal L’Autre-ment le samedi 31 mai 2014 au centre social autonome L’Attiéké à Saint-Denis.

Soirée de soutien au journal L’Autre-ment le samedi 31 mai 2014 au centre social autonome L’Attiéké à Saint-Denis.

L’actualité vue d’en bas ! Voilà presque 5 ans que L’Autre-ment circule du côté du 93 et au-delà… Parti de l’initiative d’étudiants des universités de Villetaneuse et de Saint-Denis, ce journal s’inscrit dans une dynamique locale de résistance globale. Modestement mais sûrement, nous nous attachons à diffuser une autre information, et à analyser l’actualité d’en bas, celle de ceux qui luttent, qui valorisent la solidarité, dont on parle peu ou mal dans les grands médias…

Tiré du blog du journal L’Autre-ment 93

18H00 : Présentation du nouveau livre de Skalpel « Du bitume avec une plume »

De 20H00 à 00H00 : Concert avec Première LigneKash LeoneDon K.Sen etLatypik

Prix libre – Bouffe et boisson sur place

Centre social autonome L’Attiéké
31, boulevard Marcel Sembat
93200 Saint-Denis
Métro : Ligne 13 – Porte de Paris

affiche soirée de soutien à l'autrement

Féminisme, racisme et harcèlement de rue

J’ai reçu récemment un commentaire en réaction à mon article-témoignage sur le harcèlement de rue. J’ai hésité longtemps et finalement décidé de ne pas le publier car il va à l’encontre de mes critères de modération. Je le considère en effet comme raciste, mais ce racisme n’est pas évident pour tout le monde, donc je considère utile de m’expliquer sur ce sujet ici.

Le commentaire en question:

Je trouve incroyable que, par lâcheté intellectuelle, on ne mentionne pas l’origine culturelle des harceleurs en question. La jeune Belge qui a fait le fameux film en caméra cachée dont on a beaucoup parlé sur Internet a avoué du bout des lèvres que la très grande majorité d’entre eux étaient d’origine maghrébine. Ce phénomène n’existe pas en Pologne, en Russie, au Canada (trois pays dans lesquels j’ai vécu et où on peut se promener à moitié nue sans être insultée). Mais il est très présent en France, notamment dans certains quartiers… qui rappellent les images que l’on peut voir des foules masculines huant les femmes au Caire, à Alger ou à Tunis… Que ce dernier argument soit repris ad nauseam par des franges de l’extrême droite est une chose, l’occulter complètement comme vous le faites en est une autre…

 

On est donc en présence d’un phénomène social que beaucoup refusent d’analyser à sa juste mesure, et qui usent de circonvolutions pour ne pas nommer une réalité qui les dérange. Aussi parce que cela remet en cause leur doxa de bourgeois libertaires, adeptes tout à la fois de la « diversité culturelle », de la « libération sexuelle » et de « la déconstruction », sans réaliser que ces trois notions sont en contradiction les unes avec les autres.

La diversité culturelle, tant portée aux fonts baptismaux ces dernières décennies, c’est justement cela: des gens issus d’horizons culturels variés, qui n’ont pas nécessairement la même vision des rapports hommes-femmes, qui considèrent que l’espace public n’est pas un endroit pour les femmes, que l’homosexualité est un crime… Voilà ce que pensent la plupart des gens qui peuplent cette planète. Voilà le monde.

Vous ne pouvez pas, d’un côté, plaider pour la diversité et le multiculturalisme, et, de l’autre, vouloir que les individus issus de cultures non-européennes adhèrent spontanément à vos modes de vie de bourgeois occidentaux. On ne peut pas ériger nos valeurs de caste en loi de l’univers. Car nous sommes peu de choses: nous sommes avant tout déterminées par notre classe sociale, notre tribu, notre sexe, notre position au sein des rapports de production.

Donc par pitié les Bisounours, prenez conscience du tragique d’ici-bas. Il n’y a pas de douce harmonie entre gentils-bobos-ouverts-d’esprit-tous-unis-malgré-leurs-différences. Non. Il n’y a qu’une lutte incessante entre des groupes antagonistes aux intérêts (et aux valeurs, mais c’est la même chose) contradictoires, et qui s’affrontent perpétuellement, dans un rapport conflictuel incessant. Les harceleurs de rue vous en donnent un petit aperçu. Pour cela au moins, remerciez-les de vous rendre moins naïves.

Je ne mentionne pas « l’origine culturelle » des hommes qui m’ont harcelée ou agressée parce qu’il n’y a pas d’ »origine » systématique. La personne qui commente (une femme) sous-entend clairement, et l’explicite ensuite, qu’il s’agit d’hommes arabes ou noirs, « issus de l’immigration » comme on dit. J’ai été harcelée par des hommes blancs, des arabes, des noirs. Pas de systématicité, donc.

« Ce phénomène n’existe pas en Pologne, en Russie, au Canada (trois pays dans lesquels j’ai vécu et où on peut se promener à moitié nue sans être insultée). » Ah? Vraiment? Le projet Hollaback, qui vise à lutter contre le harcèlement de rue, existe en version polonaisebelge, dans trois villes canadiennes, et dans 26 pays en tout. Mais peut-être que le harcèlement de rue dérange plus certaines personnes quand il vient de non-Blancs.

« La diversité culturelle, tant portée aux fonts baptismaux ces dernières décennies, c’est justement cela: des gens issus d’horizons culturels variés, qui n’ont pas nécessairement la même vision des rapports hommes-femmes, qui considèrent que l’espace public n’est pas un endroit pour les femmes, que l’homosexualité est un crime… » Ce type d’arguments vise à faire de la misogynie et de l’homophobie une affaire de « culture » – entendre: d’autres cultures, et de défaut de civilisation. On respecte et protège NOS femmes, nous. Idem pour l’homonationalisme, qui repose sur l’idée que l’homophobie est chez nous une affaire du passé et est reservée aux étrangers, aux Arabes, aux Africains. Comme le dit cet article:

L’homonationalisme, impérialisme gay ou encore pinkwashing, est un phénomène aux facettes multiples, et c’est un des exemples de la domination blanche occidentale sur le reste du monde. C’est une forme de nationalisme qui prend appui sur l’accès des homosexuels à quelques droits et à une plus grande visibilité dans les pays du Nord, pour prouver une supériorité civilisationnelle de ces pays.

C’est ainsi que des pays impérialistes comme les Etats-Unis ou la France peuvent se présenter comme plus « progressistes », quand bien même ils mèneraient des guerres impérialistes dans des pays du Sud, et quand bien même le racisme (et même l’homophobie…) gangrènent leurs sociétés. Bref, c’est toujours « moins pire » que-là bas DONC on n’a pas à questionner leur impérialisme, puisque les « progressistes », c’est eux.

« Donc par pitié les Bisounours, prenez conscience du tragique d’ici-bas. Il n’y a pas de douce harmonie entre gentils-bobos-ouverts-d’esprit-tous-unis-malgré-leurs-différences. Non. Il n’y a qu’une lutte incessante entre des groupes antagonistes aux intérêts (et aux valeurs, mais c’est la même chose) contradictoires, et qui s’affrontent perpétuellement, dans un rapport conflictuel incessant. Les harceleurs de rue vous en donnent un petit aperçu. » Le harcèlement de rue serait donc affaire de choc des civilisations, « nous » contre « eux ». Encore une fois, le harcèlement de rue est loin d’être l’apanage des non-Blancs. C’est une manifestation parmi d’autres, et une des plus visibles, de la domination masculine, qui est elle aussi bien portante dans notre société, merci pour elle.

Beaucoup de personnes soulignent la convergence très problématique qui s’opère parfois entre arguments féministes et arguments d’extrême-droite racistes et xénophobes. Je conseille à ce sujet la lecture de Les féministes blanches et l’empireque j’ai déjà évoqué sur ce blog. Judith Butler l’évoque dans Le pouvoir des mots au détour d’une analyse de la violence verbale dans la musique rap. Elle montre que les discours conservateurs qui rendent le « gangsta rap » responsable de l’humiliation des femmes empêche de réfléchir de manière plus approfondie à « l’appartenance raciale, la pauvreté et la révolte », mais aussi que « la violence sexuelle contre les femmes est comprise au travers de tropes raciaux: la dignité des femmes est censée être menacée non par l’affaiblissement des droits reproductifs ni par la diminuation générale de l’aide publique [elle parle du contexte américain mais cela s’applique aussi à la France], mais d’abord et avant tout par des chanteurs afro-américains » (p. 45).

De même, les arguments féministes tendent à être utilisés par l’extrême-droite raciste et xénophobe pour, d’une part, nier la permanence du sexisme au sein de la société française et, d’autre part, attribuer ses reliquats à la présence de populations « étrangères » qui seraient culturellement enclines à la misogynie. Ce détournement est inacceptable et doit pousser à réfléchir sérieusement à la manière dont le féminisme présente ces questions.

AC Husson

Références citées:

« L’homonationalisme: une définition simple », sur le blog Chronik de nègres invertis.
Stella Magliani-Belkacem et Félix Boggio Ewanjé-Epée, Les féministes blanches et l’empire, La Fabrique, 2012).
Judith Butler, Le pouvoir des mots. Discours de haine et politique du performatif, Editions Amsterdam, [1997] 2004.

LU SUR CA FAIT GENRE 

Paris 20e : solidarité de quartier, solidarité de classe – manifestation

Nous sommes plusieurs collectifs, associations et personnes qui militent, habitent ou travaillent dans le 20ème arrondissement. Nous développons au quotidien des actions de solidarité et nous nous organisons pour se réapproprier les biens et les espaces publics.
Manifestation samedi 31 mai 14h Belleville.

Nous sommes plusieurs collectifs, associations et personnes qui militent, habitent ou travaillent dans le 20ème arrondissement. Nous développons au quotidien des actions de solidarité et nous nous organisons pour se réapproprier les biens et les espaces publics.

Ce que nous faisons, vous l’avez peut-être déjà vu, ou vous en avez peut être entendu parler : une cantine populaire, un soutien aux mal-logés et aux sans-papiers rue des Pyrénées, une redistribution de nourriture et de vêtements à Ménilmontant, des luttes pour l’accès à l’avortement et aux droits des femmes devant l’hôpital Tenon, des concerts dans la rue pour l’accès à une culture populaire aux amandiers, de l’entraide scolaire sur des bases d’émancipation à Couronnes, de l’antiracisme de quartier, ou de l’autodéfense populaire un peu partout.

Notre objectif n’est pas de se limiter à faire de l’animation de quartier, mais de contribuer au quotidien à lutter contre le système capitaliste qui implique l’exploitation des travailleurs et des chômeurs, dans des conditions encore pire pour les femmes et les immigrés.

Nous organisons ce CONCERT/MANIFESTATION pour se rencontrer. La réappropriation de notre culture populaire au même titre que celle de la rue est un moyen pour parler de nos idées et échanger avec celles et ceux qui vivent et travaillent dans le quartier de tout ce qu’on pourrait faire ensemble. Dans cet esprit la manif ira à la rencontre de différent lieu de luttes passées et présentes

Occupation des logements vides ! Gratuité des soins ! Libre accès à la culture ! Réquisition de nourriture ! Transports gratuits !
Solidarité de quartier, solidarité de classe !

JPEG - 121.4 ko

Samedi 31 mai de 14h00 à 16h00 à Belleville

Premiers signataires : Do The Red ThingsLa Cantine des Pyrénées, Quartier Libre, Comités Syndicalistes Révolutionnaires, Les Mal-LogéEs RévoltéEs, Action Antifasciste Paris-Banlieue (AFA)