👁️‍🗨️détournement, punk et hip hop, une histoire commune, extrait de l’apériodique n°1📰

extrait du numéro 1 de l’apériodique coutoentrelesdents dispo gratuitement ici

Si lecatégories permettent de rendre intelligible la réalité, elles séparent et distinguent bien souvent des formes et processus bien plus liés qu’on ne fini par le croire. Il en est de même pour les catégories musicales, qui émergent au gré des fantaisies humaines et dont bien des expériences sonores floutent systématiquement les contours. C’est le cas du punk et du hip-hop qui paraissent aujourd’hui appartenir à deux univers bien distinct,et qui pourtant partagent de nombreux points communs et connexions depuis leurs origines.

 

Le capitalisme occidental d’après la seconde guerre mondiale devient celui de la société de loisirs et de consommation. Loin de disparaître, les rapports d’exploitation sont difficilement masqués par la mise sur le marché de mille promesses de plaisirs qui remplissent à peine leurs fonction de divertissement. Au contraire elles ouvrent de vastes brèches de frustration dans les existences, tel un supplice de tantale moderne… Des processus entamés bien avant le début du siècle s’accélèrent, et à mesure que la culture bourgeoise s’étend, les phénomènes contre-culturels dérivent lentement des avants-gardes politico-artistiques à des mouvements massifs irrigués par des pratiques et désirs de subversion, de refus des contraintes, de jeu, de partage, d’invention, et notamment de détournement comme l’entendaient les situationnistes. De 1957 à 1972 l’internationale situationniste posa les bases de ses analyses et stratégies révolutionnaires pour changer le monde et bouleverser la vie quotidienne. Son action a irrémédiablement marqué cette organisation de la vie qu’elle avait nommé la sociétéspectaculaire marchande.

 

Les années 70 voient l’émergence du punk et du hip-hop aux confluences d’une multiplicité  de facteurs, notamment l’arrivée dans les foyers de technologies musicales massivement diffusées. Dans le sillage et en opposition avec les mouvements contre-culturels précédents (mods, hippie, rasta, etc), de nouvelles pratiques sonores accompagnent de nouvelles manières de vivre, exprimant un désir de distinction et de réalisation individuelle et collective à contre courant des injonctions et propositions dominantes. A contre-courant certes, mais n’hésitant pas s’approprier les codes et les outils imposés ! Si il est compliqué de dater précisément la naissance de ces mouvements sociaux, ils se caractérisent par des usages particuliers dont le détournement sauce situ s’avère être une pierre angulaire. Dans le n°1 de la revue Internationale situationniste paru en juin 1958, le détournement est défini ainsi : « S’emploie par abréviation de la formule : détournement d’éléments esthétiques préfabriqués. Intégration de productions actuelles ou passées des arts dans une construction supérieure du milieu. Dans ce sens il ne peut y avoir de peinture ou de musique situationniste, mais un usage situationniste de ces moyens.» . Utiliser une production pré-existante dans le but d’exprimer sa subjectivité radicale, de faire la critique en acte d’un monde mortifère pour jouir sans entrave, voilà en quoi le punk et le hip-hop ont pu être situationniste !

 

 

L’arrivée des instruments rock dans les foyers permet de rejouer les chansons des stars, mais aussi d’ouvrir la brèche annonçant leur dépassement. « Apprend 3 accords et forme un groupe » sera l’une des idées punk mise en pratique par des millions de gens jusqu’à aujourd’hui, tordant les classiques du rock’n’roll en poussant la distorsion, frappant rageusement les fûts, beuglant des paroles existentialistes, loin des musiques et attitudes dominantes. Une pléthore de hits célèbres sont passés à la moulinette keupon, et à mesure qu’il se fait intégré au monde de la marchandise le mouvement s’autonomise et se radicalise. Le son est poussé dans ses extrémités, et le détournement des technologies sert de nouvelles interactions tournées vers l’émancipation.

 

Combien de fanzines édités en faisant la perruque, la photocopieuse patronale servant à imprimer de séditieuse paroles en catimini, et combien de cassettes copiées et échangées, traversant le monde pour former un vaste réseau basé sur l’entraide et l’échange ? Si l’esthétique musicale puise dans les classiques du rock pour les détourner, on retrouve aussi la technique sur le plan visuel avec les collages qui se répandent et consistent à découper des images et les associer pour en produire d’autres. La société capitaliste idéalisée dans les magazines finit malmenée et critiquée à travers de chimériques assemblages tirés de reportages et de publicités. Des vignettes de comics dont les situationnistes ont changé le texte en passant par les collages punk, jusqu’aux memes qui nous amusent en ligne, le xxème siècle a été le théâtre de plusieurs tentatives de réappropriation de la culture visuelle dominante à des fins subversives… mais c’est une autre histoire!

 

Combien de fanzines édités en faisant la perruque, la photocopieuse patronale servant à imprimer de séditieuse paroles en catimini, et combien de cassettes copiées et échangées, traversant le monde pour former un vaste réseau basé sur l’entraide et l’échange ? Si l’esthétique musicale puise dans les classiques du rock pour les détourner, on retrouve aussi la technique sur le plan visuel avec les collages qui se répandent et consistent à découper des images et les associer pour en produire d’autres. La société capitaliste idéalisée dans les magazines finit malmenée et critiquée à travers de chimériques assemblages tirés de reportages et de publicités. Des vignettes de comics dont les situationnistes ont changé le texte en passant par les collages punk, jusqu’aux memes qui nous amusent en ligne, le xxème siècle a été le théâtre de plusieurs tentatives de réappropriation de la culture visuelle dominante à des fins subversives… mais c’est une autre histoire!

 

 

A travers l’histoire du punk et du hip-hop on a toujours pu voir leurs protagonistes se fréquenter et s’influencer mutuellement. Ce n’est pas exclusif, et les deux styles sont résolument tournés vers d’autres scènes musicales plus ou moins émergentes comme par exemple le reggae ou l’électro. Une attitude d’ouverture partagé et une curiosité inhérente qui jette des ponts entre de multiples styles qu’on essaiera plus tard de nous vendre comme antagonistes. Les clash rencontrent fab five freddy, malcolm mac laren a sorti plusieurs disques de scratch au cours des années 80, les beastie boys ont commencé en jouant du punk hardcore, et que dire du perfecto, des bracelets et du collier à clous de grand master flash dans le clip de the message ? Dès le départ et jusqu’à aujourd’hui il y a eu de nombreuses réalisations hybridant les deux « styles », mais aussi un dialogue constant des esthétiques et des pratiques de productions et de diffusions.

 

L’un et l’autre des mouvements furent confrontés très vite à la question de leur récupération par le même monde contre lequel ils s’étaient construits. Dans cette guerre qui voit s’affronter les aspirations d’autonomies et de joie à la société de contrôle et d’exploitation, le punk et le hip-hop auront été tout autant les derniers gadgets à la mode qu’une menace pour la société, mais ceci, aussi, est une autre histoire !

pour l’œil et l’oreille:

-johnny b. goode/road runner (sex pistols)

-the great rock’n’roll swindle (julien temple)

-lipstick traces (greil marcus)

-hip hop family tree(ed piskor)

-la rappers delight (sugar hill gang) puis

good times (chic), ou inversement

-can’t stop won’t stop (jeff chang)

-dawg (zillakami x sos mula)

-la société du spectacle (guy debord)

-mode d’emploi du détournement (guy ernest debord/ gil j. wolman)

-dialectique peut elle casser des briques (rené viénet)

 

🔖Infokiosque : 🐄 Entretien avec une militante antispéciste et anarchiste brésilienne 🌽

Pendant cette période, même entouré.e.s de gens convaincu.e.s par les problématiques environnementales et critiques des différentes formes hiérarchiques, quand on est végétalien.ne.s et antispéciste, j’ai l’impression qu’on est nombreux.es à traverser un petit moment de solitude  ; d’où mon envie de partager la lecture de ce texte.

Sandra, qui a vécu au Brésil où elle est née, appelle dans cet entretien à un véganisme «  populaire  », que je qualifierai peut-être plus de «  politique  » (même si tout est politique!), en contraste avec un véganisme plus bourgeois et déconnecté des problématiques sociales. Elle expose la situation agricole de son pays d’origine et ses conséquences sur l’accès à la nourriture, mais aussi sur la survie de la majorité de la population. Il en ressort que de très gros exploitants produisent de la viande et en inondent le marché local, rendant la viande moins chère que les légumes et les céréales, pendant que la production vivrière végétale est limitée par l’accès au terres.

La lutte des paysan.ne.s sans terres brésilien.ne.s qui dure depuis des décennies fait écho aux luttes contre la tendance mondiale à l’accaparement des sols par une minorité capitaliste qui vise toujours plus de profit, quand la majorité peine à subvenir à ses propres besoins en eau, nourriture et logements. Des activistes antispécistes rejoignent le mouvement des paysan.ne.s sans terres, en opposition avec les éleveurs industriels qui dominent la production alimentaire du pays.

Cet entretien est d’autant plus intéressant qu’il permet de faire le lien entre la consommation mondiale de viande et son impact désastreux sur les populations qui occupent les territoires dévastés par la déforestation où le bétail est élevé, dans le but principale d’être exporté. Alors c’est sûr, d’autres produits alimentaires qu’on peut qualifier de «  post-coloniaux  » comme le café, le chocolat, l’avocat, les bananes… sont inscrits dans un schéma productif qui ruinent les terres et empoisonnent des populations, et d’autres brochures abordent cette question, mais la spécificité de la production de viande au Brésil est le rapport social qu’elle entraîne entre géants industriels et production vivrière ( = destinée à la consommation locale).

Bonne lecture ! En téléchargement libre ici ou sur le site des éditions Cafarnaüm, les éditions anarchistes, antispécistes et intersectionnelles qui ont produit cette brochure !

– Chamade –

Personne n’a le temps, nous non plus

LA HONTE

ou Pourquoi l’injonction à ne pas culpabiliser les autres nous entrave

ça fait des années que je consacre une bonne partie de mon temps à de l’agitation politique. Je dessine, je discute, j’organise des événements, je participe à des manifestations et des actions contre les injustices de ce monde de merde.

parmi toutes les choses que j’ai du apprendre à ne pas faire, à cause de considérations stratégiques, il y a le fait de ne pas « culpabiliser » les gens auxquels je m’adresse, ou dont je parle.

la rengaine que j’entends depuis des années, c’est « les véganes, les féministes, les gauchistes » iels sont pas marrants et trop extrémistes parce qu’iels sont culpabilisant.e.s, et c’est à cause de ça qu’iels ne font pas tellement parler d’elleux.

pourtant, la majorité des véganes que je connais ne sont pas prosélytes : iels ne consomment rien d’origine animale, mais n’en parlent pas tellement, ne disent pas aux autres qu’iels devraient l’être, iels ne jugent pas les gens qui mangent de la viande, iels ne leur disent même pas ce qu’iels en pensent pour ne pas les froisser. Chaque végane a peur d’être vu.e comme un.e relou.e qui fait des difficulté lors des repas communs, et est prêt.e à prendre sur soi s’il y a un peu de lait ou d’oeufs, malgré le fait qu’iels désapprouve le fait d’en consommer. Pourtant, impossible d’échapper aux blagues sur le cri de la carotte, aux moqueries, aux attaques déplacées de la part de proches comme de parfait.e.s inconnu.e.s. Les véganes, même quand iels ferment leur gueule, sont vues comme des trouble-fête, comme des individu.e.s culpabilisateur.e.s en soi : montrer qu’il est possible de vivre sans consommer de produits d’origine animale est culpabilisant.e.s pour toute personne qui consomme de la viande mais ne veut pas associer ça a l’idée que des animaux sont tués pour elleux. Je suis moi-même devenue végane parce que j’ai culpabilisé d’être si peu cohérente dans mon rapport à la nourriture et aux animaux non-humains : en allant au salon de l’agriculture, j’ai réalisé que si je désapprouvais les conditions d’élevage et le massacre organisé du bétail, alors je ne pouvais me reposer dessus pour m’alimenter. Je pense que si l’on ne fait pas certains choix, c’est souvent par manque d’informations sur la question, plus que par ignorance, que par indifférence. Continuer la lecture de « Personne n’a le temps, nous non plus »

Nous ne défendons pas la nature – BD

Extraits de la BD Alessandro Pignocchi sur un garçon qui débarque à la ZAD de NDDL et découvre les coutumes de ses habitant.e.s d’un point de vue… »extérieur » (préjugés compris). On aurait préféré pouvoir la lire en entier mais ce sera pas pour cette fois..! Bonne lecture

Lu sur Terrestres

« Nos quartiers ne sont pas des déserts politiques »

Entretien avec Samir du Mouvement de l’Immigration et des Banlieues

paru dans lundimatin#93, le 14 février 2017

Depuis que les exactions des policiers d’Aulnay-sous-bois ont été rendues publiques, les émeutes nocturnes en banlieue parisienne ne semblent pas vouloir s’arrêter et ce malgré les appels au calme et les menaces de l’exécutif. Un lecteur de lundimatin a donc jugé pertinent de nous faire parvenir l’entretien qu’il a mené avec Samir, militant issu du Mouvement de l’immigration et des banlieues. Ce dernier revient sur sa politisation en banlieue dans les années 90, sur les émeutes de novembre 2005, sur le rôle des associations de quartier et nous donne son point de vue sur le mouvement actuel #justicepourtheo. Il livre ici une analyse particulière sur le prolongement de l’émeute dans l’action militante, voire politique et dans la jonction avec d’autres formes de luttes.

Bonjour Samir, peux-tu nous parler de ton parcours politique ? Tu as notamment fait partie du Mouvement de l’immigration et des banlieues (Mib) dans les années 90. Quelle était la particularité de votre démarche politique dans les quartiers populaires ?
Le conflit avec la police a commencé très tôt, dans les année 88-89. Mais ce qui m’a construit en tant que militant s’est produit le 17 décembre 97. Abdelkader Bouziane a été tué par la brigade anti-criminalité. On n’était pas encore politisés, mais on a organisé des émeutes sur plusieurs jours, suite à son meurtre d’une balle derrière la tête. On connaissait la police, c’est-à-dire qu’on savait qu’ils étaient là pour nous faire mal et pas pour nous aider. On s’est organisés de la manière qui nous semblait la meilleure et celle que l’on connaissait : l’émeute.

Par la suite, on a rencontré des gens extérieurs au quartier : ils étaient du Mib. Ils nous ont expliqué que l’émeute c’était bien – une forme d’acte politique, efficace sur un court terme – mais que la meilleure manière de nous défendre dans un quartier, c’était de nous organiser entre nous, les habitants. Ils nous parlaient de l’autonomie et de l’auto-organisation : les meilleurs moyens selon eux pour parvenir à rétablir la vérité sur des crimes policiers sans laisser les « arabes et les noirs de service » (qui à l’époque étaient de S.O.S racisme) faire leur sale travail. Pour les contrecarrer et éviter la récupération, il fallait raconter notre propre histoire sur ces violences. Ils nous ont expliqué qu’ils ne le feraient pas à notre place, mais qu’ils allaient nous former et nous apporter une aide pour nous auto-organiser et parler de nos problèmes (rénovation urbaine, violences policières et racisme ambiant) de ces trente dernières années. C’est ce qui nous a amené à devenir amis avec eux. Et puis ils n’ont jamais condamné les émeutes. Au contraire, ils nous ont soutenus en affirmant que c’était des actes politiques. Mais pour eux insuffisants : il fallait leur donner une suite en faisant de la politique dans nos quartiers par l’éducation populaire. Nos quartiers ne sont pas des déserts politiques, il y a toujours eu des luttes et des mouvements autonomes, mais toujours étouffés par les supplétifs du parti socialiste et de la droite.

a lire intégralement sur LUNDI MATIN

Hommage aux luddites

[…] Tout a commencé un certain 12 avril 1811. En pleine nuit, trois cent cinquante hommes, femmes et enfants s’abattirent sur une filature industrielle du Nottinghamshire, détruisant les grands métiers à tisser à coups de masse et mettant le feu aux installations. Cet événement deviendra rapidement du folklore populaire. La manufacture appartenait à William Cartwright, fabricant de fils de médiocre qualité mais tout équipé de machines flambant neuves. En elle-même, l’usine était, en ces années, une nouvelle espèce de champignon poussant dans le paysage ; habituellement, le travail s’accomplissait dans de modestes ateliers. Soixante-dix autres métiers à tisser industriels furent détruits cette même nuit dans d’autres bourgades des environs. L’incendie accompagné de son bouquet de masses se déplaça ensuite vers les comtés voisins de Derby, Lancashire et York, au cœur de cette Angleterre du début du XIXe, point de gravité de la révolution industrielle. La traînée de poudre partie du bourg d’Arnold s’étendit de manière incontrôlée à tout le centre de l’Angleterre durant deux années, poursuivie par une armée de dix mille soldats commandés par le général Thomas Maitland. Dix mille soldats ? Wellington en commandait bien moins lorsqu’il entra en campagne contre les armées napoléoniennes depuis le Portugal. Plus de soldats que contre la France ? Cela s’explique : la France de Napoléon représentait une proche menace mais le fantôme qui hantait la cour d’Angleterre, c’était les assemblées. Il ne s’était écoulé qu’un quart de siècle depuis l’an I de la Révolution. Dix mille soldats ! Ce nombre est la preuve de l’immense difficulté à en finir avec les luddites. Sans doute parce que les membres du mouvement se confondaient avec la communauté même. Et cela dans les deux sens du terme : tout en comptant sur l’aide de la population, ils étaient cette population. Maitland et ses soldats ont désespérément cherché Ned Ludd, leur chef. Sans jamais le trouver. D’ailleurs, ils n’auraient jamais pu le trouver, Ned Ludd n’a jamais existé : il ne fut qu’un nom inventé par les gens du cru pour désorienter Maitland. […]

L’intégralité du texte sur La voie du jaguar

A propos des photos dans les manifestations

1. Pourquoi cette campagne ?
Suite à l’explosion de l’usage des appareils photo (smartphones, tablettes, drônes,…) par les manifestants, certaines personnes n’ont pas tout à fait conscience du danger qu’elles courent et font courir à d’autres en capturant des images et en les diffusant sur le net.

Un gréviste lançant un pavé (ou se tenant à côté d’un de ses camarades qui en ferait autant), une travailleuse qui aurait menti à son patron pour aller à une manifestation, des sans-papiers qui ne savent pas que l’Office des Etrangers tiendront leur activité politique en motif contre leur régularisation, un jeune manifestant qui s’est discrètement éclipsé face à des parents ou à des profs réactionnaires, militante antifasciste menacée par l’extrême-droite dans son quartier. Tous ces exemples, toutes ces « exceptions », nous les connaissons. Les manifestants prennent le danger de manifester face aux répressions policière, fasciste, patronale. Ils prennent le danger d’être fiché par la police et d’être filmé par des chaînes de télévision bourgeoises. Mais lorsqu’ils se retournent vers la manifestation, vers leurs camarades, ce sont certains manifestants qui le menacent, parfois sans même s’en rendre compte.coup de pied dans la banque

Certaines personnes argumentent que nous devons tous manifester à visages découverts dans les manifestations et que si les manifestants ne veulent pas être exposés aux yeux de tous, ils devraient se masquer, ayant ainsi le choix entre prendre un risque supplémentaire ou être interdit de manifestation. Dans d’autres cas, ce sont des gestes de rupture qui ne peuvent plus avoir lieu tant les téléphones et les perches à selfie sont omniprésentes. S’il est clair que les images des luttes doivent circuler et servir à partager les informations ainsi qu’à la propagande, le problème ne doit pas être retourné : la photographie doit rester un outil du mouvement social, et pas l’inverse. Trop souvent à présent, les manifestants sont devenus les modèles involontaires et forcés de photographes irresponsables. Face à cette problématique et suite à des situations où des militantes et des militants ont dû payer le prix de ces photos à la place des photographes, le Secours Rouge lance une campagne et une plateforme pour que les photos en manifestations -et ailleurs dans la scène- soient prises de façon responsable et réfléchie.

Suite de l’article et explications concernant la plateforme No Photo ; matériel à télécharger aidant à la réflexion à ce sujet à lire sur Secours rouge

 

Chaque année, 500 morts au travail : la justice se décidera-t-elle à punir les responsables ?

Chute d’une nacelle, écrasement entre deux wagons, défaut de sécurité sur une coulée d’acier en fusion… Chaque année en France, 500 personnes succombent d’un accident sur leur lieu de travail. Face aux questions des familles des victimes, les directions évoquent la malchance, voire même l’inattention du salarié lui-même, alors que l’organisation du travail ou l’insuffisance de la formation sont en cause. Devant la Justice, les dirigeants d’entreprises s’en tirent souvent à bon compte, dissimulés derrière une système de sous-traitance qui leur permet d’échapper à leurs responsabilités. Les magistrats peinent aussi à considérer ces faits comme une forme de délinquance. Quand cette quasi impunité prendra-t-elle fin ?

« Ce n’est pas la guerre. On ne va pas au travail pour mourir. » Dans leur pavillon de Loon-Plage (Nord), Franck et Valérie Ryckebusch pleurent leur fils aîné, décédé il y a un an. Le 12 avril 2015, l’usine classée Seveso d’Arcelor-Mittal, située dans la commune voisine de Grande-Synthe, en périphérie de Dunkerque, a emporté leur fils Daniel. Embauché par l’agence d’intérim Temis pour le compte de l’entreprise Lamblin, filiale de Colas Rail et sous-traitante d’Arcelor, cet intérimaire manœuvrait les wagons transportant la castine, une pierre calcaire utile au mélange de minerai. Daniel termine son huitième jour de mission quand, à 18h20, il meurt écrasé par deux wagons. Il allait avoir 21 ans. « Dans la ville, ça a foutu un choc, confie sa mère, animatrice pour enfants. À son enterrement, le curé n’avait jamais vu autant de monde. » Titulaire d’un bac-pro chauffagiste avec mention, celui que son père voyait faire de longues études s’était orienté provisoirement dans l’intérim, faute de travail dans sa filière.

Lire la suite sur Basta!

Mémoire d’une hydre

hydreLes naïfs croient que les créatures magiques n’existent pas, mais je sais quelles puissances ont présidé à ma naissance et toutes sont réelles : crue, étoiles, force, colère, amitié, terre, mer et feu, et détermination. Je suis fille de la victoire qui engendre d’autres victoires. Je suis une hydre à mille têtes et mille fois plus de jambes, de bras, d’yeux.
J’ai mille têtes qui viennent de partout, dans toutes sortes de véhicules, que mon ennemi tente de bloquer. Mais il n’y parvient jamais, tant l’attraction est forte.
Les yeux de mon ennemi sont gros, uniques, noirs et globuleux, disséminés dans la ville. Je les lui crève à coups de manche ou de pavé, pour me rendre invisible. Les milliers de corps et de visages qui me composent se ressemblent tous, innombrables jumeaux, sosies démultipliés. Il sont jeunes et vieux, marchent et s’arrêtent et courent, portent des K-way, des chasubles, des vestes, des talons hauts et des baskets, des masques blancs, des sacs à dos, des sacs de pierre, des trousses de soin et des banderoles.
J’ai mille têtes que je ne surveille pas, mais qui prennent soin les unes des autres. Qu’on touche à un seul de mes corps, je prends la forme d’un groupe de dockers ou d’une horde d’amis et j’attaque à mains nues, à coups de casques, de barres de fer, je frappe, j’insulte, je repousse.

Lire la suite sur la page de Rouen dans la rue

Combattre pour des idées – Au sujet du romantisme révolutionnaire

contreculture « Combien de ces choix sont en réalité surtout motivés par un sentiment d’appartenance à un groupe, un plaisir de participer à des moments rares, de partager des références communes, des haines et des bonheurs avec ses camarades ? Et combien d’autres choix sont explicables par le malaise et la frustration que l’on ressent lorsque l’on ne maitrise pas les codes militants, que l’on n’ose pas prendre la parole en réunion, que l’on lit des textes pour faire plaisir à ses camarades sans vraiment en comprendre le fond – bref, que l’on simule son engagement plus qu’on ne le vit ?

Assumons ce besoin de ré-enchanter la vie politique. Pour prendre en compte notre engagement de manière lucide, il est nécessaire de réfléchir à ses raisons, à ses moteurs, de les mettre à nue sans folklore ni mauvaise foi. Ensuite nous pourrons travailler plus efficacement à le partager, c’est-à-dire à convaincre des personnes de la justesse de nos idées, et plus encore, nous parviendrons à les intégrer dans notre mouvement collectif. »

à lire sur FEU DE PRAIRIE