« Plus les déséquilibres imposés à une société sont grands, plus il faut de contrôle pour les préserver. »

« Chaque fois que les autorités intensifient les conflits auxquelles elles nous exposent, ainsi que le contrôle auquel elles rêvent de nous soumettre, elles prennent un risque de plus en plus grand. »

DU 11-SEPTEMBRE AU 13-NOVEMBRE ? QUELQUES LEÇONS D’AMÉRIQUE

Un dialogue entre l’équipe de lundimatin et le collectif d’activistes américains CrimethInc, comparant les suites du 11-Septembre aux États-Unis avec la situation présente en France.

Bonjour, France, et bienvenue dans l’équipe de la Guerre contre la Terreur !Cela fait 14 ans que, depuis l’autre coté de l’Atlantique, vous levez un sourcil désapprobateur en observant notre politique étrangère. Maintenant, vous êtes sur le point d’avoir votre propre état d’urgence, votre propre parti d’extrême-droite au pouvoir, vos propres écoutes administratives sans mandat, vos propres scandales de waterboarding, votre propre Ministère de la Sécurité Nationale. Où allez-vous installer votre Guantanamo ? Pour un maximum d’effet, envisagez de déclencher une nouvelle guerre sans rapport avec la cause des attentats, afin de déstabiliser une autre région du globe et d’attirer d’autres peuples dans le conflit.

Nous autres Américains connaissons bien le sujet. Cela fait maintenant des décennies que les États-Unis sont le gendarme du monde, alors que la France sociale-démocrate se cantonnait à en être la bourgeoisie confortable. Mais auXXIe siècle, tout le monde doit prendre sa part en matière de police. Pour se préserver, la France, pourtant alternative libérale aux États-Unis, doit désormais imiter le modèle antiterroriste américain. Permettez nous de vous montrer les ficelles.

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C’est officiel : la France envisage d’enfreindre les Droits de l’Homme

La France a écrit au Conseil de l’Europe pour l’alerter qu’elle risque de déroger à la Convention européenne des Droits de l’Homme.

C’est officiel : la France envisage de déroger aux Droits de l’homme, dans le cadre de l’état d’urgence décidé après les attentats. Le gouvernement a lui-même envoyé un courrier au Conseil de l’Europe pour l’en informer. « Les autorités françaises ont informé le Secrétaire Général du Conseil de l’Europe d’un certain nombre de mesures prises dans le cadre de l’état d’urgence […], mesures qui sont susceptibles de nécessiter une dérogation à certains droits garantis par la Convention européenne des droits de l’homme », peut-on lire sur le site du Conseil. Une procédure nécessaire pour se prémunir d’un éventuel procès auprès de la Cour européenne des Droits de l’homme (CEDH).

L’article 15, où la possibilité d’une dérogation. La Convention européenne des Droits de l’Homme, dont le Conseil de l’Europe est le garant, oblige ses signataires à respecter une liste de droits fondamentaux : droit à la vie, interdiction de la torture, interdiction de l’esclavage et du travail forcé, droit à la liberté et à la sûreté, droit à un procès équitable, pas de peine sans loi, droit au respect de la vie privée et familiale, liberté de pensée, de conscience et de religion, liberté d’expression, liberté de réunion et d’association, droit au mariage, droit à un recours effectif ou encore interdiction de discrimination.

Mais l’article 15 de cette convention prévoit aussi une possibilité de déroger à certains de ces droits. Les pays signataires peuvent ainsi « prendre des mesures dérogeant aux obligations prévues par la présente Convention, dans la stricte mesure où la situation l’exige […] et ce uniquement en cas de guerre ou en cas d’autre danger public menaçant la vie de la nation ».

La France a fait une demande officielle. Pour éviter tout procès devant la CEDH, la France doit, pour déroger à ses obligations, faire une déclaration qui motive ses raisons. En clair, elle doit officiellement se déclarer en guerre ou expliquer quel est le « danger public » qui menace « la vie de la nation ». Ce qu’elle a fait dans un courrier du 24 novembre : « la menace terroriste en France revêt un caractère durable, au vu des indications des services de renseignement et du contexte international (…) De telles mesures (celles de l’état d’urgence ndlr) sont apparues nécessaires pour empêcher la perpétration de nouveaux attentats terroristes. Certaines d’entre elles […] sont susceptibles d’impliquer une dérogation aux obligations » de la CEDH. C’est on ne peut plus clair : la France informe officiellement qu’elle risque d’enfreindre certains Droits de l’Homme avec les mesures récemment votées pour lutter contre le terrorisme. Et même qu’elle l’a déjà fait.

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