Retards dans le versement de la bourse étudiante ARPE : merci la « Loi Travail »…

Des milliers d’étudiant.e.s en fin d’étude dépendent de la bourse ARPE, censée être délivrée juste après le diplôme, pour pouvoir vivre entre la fin des études et un premier emploi. Mais 300 000 personnes n’ont pas touché leur bourse ce mois de janvier. Non content d’avoir fait passer en force la Loi Travail et son lot de réformes anti-pauvres, l’État ne daigne même pas se tenir aux quelques mesures compensatoires auxquelles il s’était engagé.

Pendant que les étudiant-e-s et lycéen-ne-s s’organisent un peu partout contre l’augmentation croissante de la précarisation de leurs conditions d’existence, quelques 100 000 à 200 000 diplômé-e-s de fraîche date, ex-boursie-r-es, peinent à vivre avec la bourse d’Aide à la Recherche du Premier Emploi. Les conditions pour obtenir cette prolongation de 4 mois maximum de leur bourse sur critères sociaux sont strictes : il faut avoir obtenu un diplôme depuis moins de 4 mois, ne pas demander le RSA, ne pas travailler à plus de 78% du SMIC net, et avoir moins de 28 ans. Cette aide, accordée pour la « jeunesse » aux orgas étudiantes dans le cadre de la Loi Travail [1], impossible de l’obtenir directement après l’année scolaire (juin, ou septembre). En effet, il faut d’abord attendre l’obtention du diplôme pour faire la demande, et une fois la demande validée, le versement du CROUS.

Or, il faut généralement plusieurs semaines voire plusieurs mois aux administrations pour délivrer leurs attestation de diplômes aux étudiant-e-s, qui ne touchent pas de bourse en été. Pour celles et ceux qui finalisent un Master ou équivalent, et doivent rendre un mémoire, il est risqué de travailler à temps plein ou partiel, au moment même où toute leur attention doit être focalisée sur la réussite de leur diplôme. Pas qu’on soit spécialement favorable au système scolaire et à son fonctionnement actuel, mais force est de constater que celleux qui peuvent se reposer sur une aide familiale pour se concentrer sur leur diplôme ont plus de chance d’arriver à leurs fins [2].
Il faut donc compter environ cinq mois sans revenus avant de voir la couleur de cette aide subsidiaire de quatre mois seulement ! Elle est pourtant censée aider les jeunes diplômé-e-s à trouver un emploi dans de bonnes conditions : autrement dit, leur permettre de rester dans leur logement, et de survivre le temps de trouver un boulot stable, le temps de « se retourner », en gros.

Le fait est que s’il y a bien un moment où il est encore plus dur de travailler pour les étudiant-e-s c’est pendant les périodes d’examens, de rédactions de mémoires et dossiers. Certain-e-s vont donc risquer de rater leur diplôme en travaillant, en prévision du moment où ils n’auront plus de bourse ; quand d’autres ne prendront pas ce risque mais seront sans ressources aucunes dès le mois de juin (c’est-à-dire plusieurs mois avant la fin de leur année scolaire, pour les étudiant-e-s en Master qui souvent rendent leur mémoire en septembre/octobre !). Notons que si le versement de l’ARPE ne survient pas dans la continuité de la bourse scolaire, les étudiant-e-s ne peuvent logiquement pas continuer de payer leurs loyers.
La logique induite par cette bourse est donc de trouver-un-travail-pendant-ses-études-qui-permettra-de-trouver-un-logement-et-de-survivre-en-attendant-de-trouver-un-vrai-travail… En fait, cette aide sociale ne change rien aux galères qu’elle serait censée éviter : échec au diplôme, perte du logement, retour chez les parents, endettement…

Mais en plus d’infliger tant d’embûches à celles et ceux qui comptent sur cette aide, les bourses de 300 000 étudiant-e-s [3] parisien-ne-s n’ont tout bonnement pas été versées par le CROUS depuis le mois de janvier, faute de fonds disponibles.
Généralement versées les deuxième ou troisième semaines du mois, elles n’ont pas été versées ce mois de janvier 2018, et pour l’instant, aucun virement n’est prévu. Depuis la mi-décembre, c’est donc autant d’étudiant-e-s qui doivent être sans ressources à moins qu’ils ou elles travaillent. Un retard qui a du légèrement compliquer le début de l’année de milliers de personnes ; qui n’a pas été annoncé, et en a inquiété plus d’un-e. Au téléphone, on nous explique que les versements devraient avoir lieu en février, mais qu’il n’est pas possible de savoir quand…

Une mesurette de plus pour calmer les esprits qui peine à correspondre à ses effets d’annonce ! Face à l’évidente précarité de cette situation, réclamons le versement des bourses au plus vite ! Déboursez pour les boursiers !!

Une ex-boursière dans la misère

Notes

[1Comme on peut le lire sur le site étudiant.lefigaro : « La Loi Travail devrait aider ceux qui en ont le plus besoin. L’Aide à la recherche du premier emploi (Arpe) fait partie des mesures en faveur de la jeunesse obtenues par les organisations étudiantes après leur mobilisation contre la Loi travail au cours du mois de mars dernier. Annoncé dès le 11 avril dernier, le dispositif a donc été intégré à la loi travail, qui a finalement été adoptée le mercredi 20 juillet dernier à l’Assemblée nationale. Les diplômés pourront ainsi en bénéficier à partir de la rentrée 2016. »

[2On sait par ailleurs que bon nombre d’étudiant-e-s n’ont ni aide familiale, ni droit à une bourse…

[3Chiffre délivré au téléphone à une étudiante bénéficiaire de l’ARPE par deux personnes travaillant au service des bourses du CROUS de Paris.

« Sauve un salarié, crame le MEDEF » : les étudiants de Tours investissent les locaux du patronat d’Indre-et-Loire

Ce que nous exigeons :

- Retrait sans condition de la loi Travail.

- 32h/semaine.

- SMIC à 1700 euros net/mois.

- Régularisation de tous les précaires et contractuels dans la fonction publique.

- Embauche massive d’inspecteurs du Travail.

- Séparation du MEDEF et de l’Etat.

- Réunification syndicale : fusion du MEDEF et de la CFDT.

- Condamnation de Pierre Gattaz à se réincarner en travailleur précaire. »

Après tout, il ne s’agit là que d’exigences bien raisonnables.

l’article en intégralité sur LA ROTATIVE

[Montreal, Canada] Voitures de police et banques défoncées durant une manif nocturne sauvage des étudiants – 24 mars 2015

Quelques milliers de manifestants ont défilé au centre-ville de Montréal mardi soir, dans le cadre de la grève étudiante. Des affrontements se sont produits entre manifestants et policiers. Quatre arrestations ont été effectuées et trois personnes ont été blessées : deux manifestants et un policier.

La marche a rapidement été déclarée illégale, parce que les manifestants n’ont pas fourni leur itinéraire à la police, conformément au règlement P-6.

Des escarmouches se sont produites coin René-Lévesque et Saint-Laurent, après que des manifestants aient lancé des pièces pyrotechniques.

Des manifestants ont ensuite porté des coups de bâtons et lancé des objets aux policiers, qui ont répliqué à l’aide de matraques et de gaz lacrymogènes. Les manifestants se sont divisés en plusieurs groupes.

Certains protestataires prenaient des matériaux urbains comme des cônes pour bloquer le boulevard René-Lévesque aux automobilistes. Les vitres de voitures de police ont par la suite été fracassées. De la peinture a aussi été lancée sur d’autres voitures de police.

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Les vitrines de deux banques ont également été fracassées.

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UNE ANALYSE DU MOUVEMENT ETUDIANT AU QUEBEC

Une analyse du mouvement étudiant au Québec
Le collectif de débrayage propose ses analyses et réflexions critiques sur le mouvement étudiant qui agite le Québec en 2012.

 

Un mouvement de révolte éclate au Québec en 2012 avec une grève étudiante et des manifestations populaires. « Du 13 février au 4 septembre 2012, le Québec est transfiguré : sept mois de grève étudiante, culminant avec la résistance aux mesures d’exception, la marée anonyme des casseroles et les émeutes quotidiennes », décrit le collectif de débrayage. Le livre collectif sur ce mouvement, intitulé On s’en câlisse, insiste sur la grève elle-même comme moyen et comme fin. Le mouvement dépasse le cadre de la question étudiante, même si le conflit est provoqué par une hausse des frais d‘inscription à l’université. La morgue du pouvoir et la créativité de ceux qui luttent déclenchent alors un mouvement d’ampleur. Ce mouvement de révolte demeure imprévisible et spontané.

Depuis 2011 et le « Printemps arabe », le vent de la révolte balaye les gouvernements. Dans ce contexte l’analyse du Collectif de débrayage assume sa subjectivité. « C’est de là que ce livre porte le regard, de cet œil résolument amoureux de la grève, résolument fasciné par ses effets et irrémédiablement partisan de ses faits d’armes », indique le collectif de débrayage. La grève précipite les choix individuels et construit un sentiment de puissance collective. La grève bloque la machine sociale et permet une démobilisation générale. La grève attaque les dispositifs de contrôle et brise les séparations entre les êtres humains.

Le mouvement au Québec dispose déjà de ses livres d’histoire et de ses commémorations qui visent à désamorcer la charge créatrice du mouvement, alors réduit à un simple exercice de citoyenneté. Le caractère destructeur de la grève et ses coups portés contre l’ordre social demeurent éludés. Mais il semble indispensable d’écrire une histoire de la grève de 2012 pour penser les mouvements à venir et ne pas avoir chaque fois à recommencer à zéro. « Pour que même des années plus tard, les désirs révolutionnaires puissent recueillir des étincelles dans la cendre des défaites », précise le collectif de débrayage. Contre la personnalisation politique, les auteurs du livre assument une démarche anonyme et collective. Étudiants, travailleurs et chômeurs, ils se définissent avant tout comme grévistes.

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