[facho grillé]Identitaires: la plongée inédite d’un chercheur infiltré

Le chercheur Samuel Bouron a pu accéder pendant un an aux formations des Jeunesses identitaires. Derrière la stratégie médiatique de ce mouvement, il met à jour son opération de conquête « par le bas », qui consiste à se « mélanger à la masse » et s’intégrer dans les institutions républicaines qu’ils dénoncent. Un travail dont le Front national récolte en partie les fruits.

Porte-parole de la colère des « sans-grades ». C’est ainsi que le Front national et plus généralement l’extrême droite aiment à se présenter. Depuis plusieurs années, ce leitmotiv est repris par médias et sondeurs. Se réclamant de cette légitimité « par en bas », les réactionnaires d’aujourd’hui opèrent un important travail de normalisation qui mélange références de droite et de gauche et s’appuie sur différentes fractions du champ du pouvoir: la haute fonction publique, les fondations culturelles d’utilité publique, la philosophie ou la sociologie académique, le monde des lettres…

Bien au-delà des seuls succès électoraux du FN, la revue Agone explore, dans son numéro 54 à paraître le 13 juin, cette nébuleuse qui constitue le terreau du rôle social que commence à jouer l’extrême droite: reprise des codes de la sociabilité mondaine, diffusion dans les vernissages, les salons académiques, l’édition et la littérature;  développement de réseaux parmi les élites à travers le Club de l’Horloge et le GRECE; formation des Identitaires pour conquérir « par le bas » les institutions républicaines.

À rebours de l’hypothèse du « brouillage idéologique », relayée par nombre de médias, qui soutient que l’extrême droite, et notamment Marine Le Pen, auraient opéré une épuration de leurs membres les plus radicaux pour rendre leur parti « respectable », le chercheur Samuel Bouron démontre dans ce numéro que si l’extrême droite se professionnalise dans le champ médiatico-politique, elle n’a pas rompu pour autant avec le radicalisme politique.

Ce doctorant en sociologie à l’université de Picardie Jules-Verne, membre du centre de recherches CURAPP, a cherché à comprendre comment les militants parvenaient à résoudre cette contradiction. Il a infiltré pendant un an la formation militante des Identitaires, en devenant membre du Projet Apache, la section parisienne des Jeunesses identitaires (lire notre boîte noire). L’objectif: accéder aux « coulisses » de l’organisation, non pas pour « faire un catalogue de déclarations racistes » et « mener une dénonciation morale », mais pour« appréhender la façon dont se structure le mouvement ».

Philippe Vardon, l'un des fondateurs du Bloc identitaire, et leader de Nissa Rebela, leur antenne niçoise.Philippe Vardon, l’un des fondateurs du Bloc identitaire, et leader de Nissa Rebela, leur antenne niçoise. © dr

Samuel Bouron a exploré la stratégie « métapolitique » des Identitaires qui consiste à se « mélanger à la masse », à s’intégrer dans différentes institutions républicaines qu’ils dénoncent pourtant, « non pas pour s’y convertir, mais pour tenter de reconquérir “par le bas” un territoire qu’ils auraient perdu ». Il décrypte les piliers de cette stratégie: un modèle organisationnel inspiré de l’appareil communiste, une professionnalisation médiatique pour apparaître « apolitique », une visibilité limitée aux militants qui ont suivi une formation spécifique, dans des lieux autogérés.

Ainsi, les manifestations de la « radicalité » sont devenues plus discrètes en public, comme en témoigne la mise au placard de la panoplie bonehead – en particulier le crâne rasé. Parallèlement, les Identitaires s’inspirent aussi des références de gauche (SOS Racisme, Greenpeace, Act Up, le mouvement décroissant, le mouvement squat19, le groupe Noir Désir, le mouvement antifasciste radical, etc), estimant que le succès politique de la gauche s’explique par son hégémonie dans le secteur culturel.

Ils ambitionnent ainsi d’investir des domaines restés relativement vierges: un Wikileaks identitaire, une application Novopress 20 pour tablettes et smartphones, la création de France Pétitions, un site de sondages, l’ouverture d’un nouveau réseau social en ligne, d’un site de rencontre ethnique ou encore d’un site de soutien scolaire.

Les Identitaires innovent surtout dans la communication, où ils comptent plusieurs professionnels, et excellent dans l’art du « buzz » médiatique (en témoignent leurs actuelles « tournées anti-racaille » dans le métro, leur occupation de la terrasse du siège du PS en 2013, leur « apéro saucisson-pinard » en 2010). Tous les cadres sont formés aux techniques de communication: rédaction d’un communiqué de presse, élaboration d’un site Internet, réalisation d’un modèle graphique pour la création d’une bannière ou d’un pochoir, prise de parole en public. « L’enjeu est de ne jamais faire amateur. (…) Les actions symboliques sont pensées comme des produits de communication à destination des journalistes », explique Samuel Bouron.

Cette stratégie a montré son efficacité dans les médias, mais pas encore dans les urnes: c’est le Front national qui semble récolter les fruits de leur travail. Si Marine Le Pen a refusé toute alliance avec les Identitaires, elle peut s’offrir les services de leurs meilleurs éléments, tout en les tenant à distance des postes politiques les plus gratifiants. Ainsi, Arnaud Menu-Naudin, le rédacteur en chef de Novopress – site dont est à l’origine le Bloc identitaire–, a été recruté en 2014 comme assistant du groupe frontiste au Conseil général de Lorraine. De même, lors du mouvement anti « mariage pour tous », les Identitaires ont pu apporter leur savoir-faire en matière de communication et participer à la structuration du mouvement. À cette occasion, certains ont noué des relations avec Marion Maréchal-Le Pen.

© Revue Agone

Mediapart publie dans les pages suivantes deux extraits de l’article de Samuel Bouron, « Un militantisme à deux faces. Stratégie de communication et politique de formation des Jeunesses identitaires ».

« Les beaux quartiers de l’extrême droite », numéro coordonné par les doctorants en sociologie Samuel Bouron et Maïa Drouard. Parution le 13 juin. 208 pages. 20 euros.

Les caractéristiques des institutions totalitaires

Les Jeunesses identitaires comptent dans la plupart des grandes villes plus de militants que les autres groupes d’extrême droite, tels que le Front national de la jeunesse. Selon Samuel Bouron, la clé de l’engagement dans cette organisation se trouve dans l’existence de lieux militants autogérés, véritable entre-soi hors de portée des journalistes ou opposants politiques, qui contraignent eux en public à « se tenir ».(Les coupes sont signalées par des crochets, les notes de bas de page figurentsous l’onglet « Prolonger »).

Dans les coulisses du théâtre identitaire : l’expérience communautaire

[…] L’entrée chez les Identitaires suit un processus standardisé. Le premier contact s’établit en général par mail, excepté lorsque le nouveau militant est introduit par un membre de l’organisation. Un militant est alors désigné parmi les cadres du groupe pour jouer le rôle de « parrain », qui doit vérifier que les motivations du candidat à s’engager sont à la fois plausibles, cohérentes et conformes à la ligne politique des Identitaires. Un discours ouvertement néo-nazi serait par exemple un motif de rejet. Or, si je suis finalement entré dans le groupe, il m’a fallu du temps, lors de la rencontre avec mon « parrain », pour emporter véritablement son adhésion. Malgré mes efforts pour me renseigner sur ce groupe militant, ma façon de me présenter fut certainement, au départ, trop « institutionnelle » et dépendante de l’image que les Jeunesses identitaires renvoient vers l’extérieur.

Ce récit de mon entrée dans le groupe militant montre la difficulté d’appréhender un discours politique lorsqu’il n’est pas rattaché au système symbolique dans lequel il s’inscrit et dont il tire son sens. La participation au contexte d’énonciation donne alors à voir les principes de vision et de division communs au groupe.

L’étape de formation suivante consiste à participer pendant une semaine à un camp identitaire qui regroupe l’ensemble des sections locales. Cette formation a été mise en place en 2003 par Guillaume Luyt et Philippe Vardon, qui en ont été les premiers dirigeants. Leur projet s’élabore en rupture avec l’amateurisme des mouvements nationalistes, pour qui il suffirait d’attendre un sursaut révolutionnaire pour mener l’insurrection et prendre le pouvoir, ce qui rappelle l’argumentaire de Dominique Venner, cinquante ans plus tôt, dans Pour une critique positive. Selon Guillaume Luyt, « une crise de cette envergure, ça ne se prépare pas qu’au fond d’une cave, d’une arrière-salle de bistro ou d’un sous-bois. Le soulèvement spontané et victorieux d’individus isolés, ça n’existe pas. Car avant l’insurrection, il doit y avoir non seulement “la réforme morale, intellectuelle et spirituelle de quelques-uns”, selon le mot de Maurras, mais aussi la constitution d’une communauté combattante, aguerrie, soudée et identifiée par la masse. C’est précisément à la constitution de cette communauté de combat qu’ont travaillé, une semaine durant, les participants au premier camp d’été des Jeunesses identitaires [27]. » […]

Les camps des Identitaires portent les caractéristiques de ce qu’Erving Goffman appelle les institutions totalitaires, c’est-à-dire « un lieu de résidence et de travail où un grand nombre d’individus, placés dans la même situation, coupés du monde extérieur pour une période relativement longue, mènent ensemble une vie recluse dont les modalités sont explicitement et minutieusement réglées [30] ». Nous, les participants, suivons des activités programmées par la hiérarchie militante, comportant chaque journée un footing de quinze minutes suivi d’étirements, des conférences, une séance de boxe, un atelier pratique (réalisation de matériel militant comme, par exemple, la fabrication de pochoirs), et des veillées nocturnes consistant à chanter autour du feu, ceci exclusivement dans un domaine dont nous ne sortons pas et dans un confort rudimentaire. La discipline est militaire, comprenant un uniforme composé d’un short beige et d’un t-shirt bleu estampillé Identitaires que nous portons tout au long de la semaine, et des mises en rang pour débuter les activités collectives. Tout est fait pour que chaque militant se remette totalement à l’institution et qu’il n’existe plus en dehors des limites qu’elle a tracées.

Aussi, dans le camp identitaire, une multitude de rituels se succèdent pendant une semaine. Les militants qui y participent pour la première fois remplissent dès le premier jour un questionnaire biographique qui porte sur leur parcours : la profession des parents, les diplômes obtenus, la situation professionnelle et matrimoniale, mais aussi l’expérience militante et les différentes ressources mobilisables en politique. C’est sur la base de ce questionnaire qu’a lieu un entretien ultérieur avec les chefs des Jeunesses identitaires, qui vise à retracer tout le parcours biographique de l’individu, jusqu’à son engagement militant. Le questionnaire biographique et l’entretien visent à faire prendre conscience des « trésors » que la personne porterait en elle et de l’importance du « combat » qu’elle devrait mener [31].

Cette rencontre avec les représentants de l’institution est le moment par lequel la vie des militants est censée prendre un nouveau sens, parce qu’on leur donnerait à voir le monde sous un nouvel angle. Comme un personnage de roman, le jeune militant est supposé découvrir qu’il est le détenteur des traditions de son pays, et porte sur ses épaules tout son héritage familial, qui risquerait d’être détruit par l’intrusion d’ennemis bien décidés, dans cet imaginaire, à imposer une culture « différente ». Tout ce dispositif est censé produire « une révélation de soi » chez les aspirants identitaires. Suivant une logique bien connue et déjà décrite pour d’autres institutions totalitaires, l’écrasement en un seul lieu et un seul groupe de tous les domaines d’activités habituellement séparés – le parcours familial, scolaire, professionnel, politique, etc. – est censé remodeler les identités sociales des personnes enrôlées. […]

Le camp identitaire apparaît ainsi comme un espace de repolitisation et de recombinaison des dispositions sociales, où se rejoue en permanence l’opposition entre le monde militant et le monde extérieur. Les nouveaux militants subissent par exemple dans les premiers jours un bizutage : de faux ennemis simulent une attaque du camp, de façon à les mettre en situation de stress.

Contrairement à ce que l’on pense souvent à propos des « institutions totales », on ne devient pas identitaire en subissant un « bourrage de crâne ». On apprend peu de choses par exemple sur Dominique Venner, Alain de Benoist ou encore Guillaume Faye, pour citer des figures intellectuelles qui inspirent le mouvement identitaire. La doctrine n’est pas véritablement transmise explicitement. Mais cela ne signifie pas que l’on n’y apprend rien. Les multiples rituels qui parsèment la vie collective transmettent en fait une certaine vision du monde, parce qu’ils instaurent des divisions fondamentales de l’ordre social [33]. On entre dans une sorte de jeu de rôles où les jeunes Identitaires seraient des héros, posséderaient la force, le courage, la loyauté – autant de dispositions viriles – et entreraient en guerre contre les « déracinés » – ceux qui ne seraient pas originaires de « l’Europe blanche » –, mais aussi les « bobos » et les « rouges », toujours placés du côté de la faiblesse physique et morale. Le processus de socialisation des Identitaires vise surtout à intérioriser progressivement les modes de classification nécessaires pour savoir interpréter et s’orienter dans le monde politique.

Pour ce faire, les thématiques retenues par les cadres puisent largement dans la culture populaire et peuvent parfois aussi s’inspirer de films grand public, tels que Braveheart, 300, Fight Club ou encore Le Seigneur des anneaux. Un camp d’Identitaires a par exemple été consacré à la trilogie de Tolkien en 2012, où un travail de réinterprétation de l’œuvre a été réalisé. Les militants y avaient été invités à s’identifier au personnage avec lequel ils se sentaient le plus en affinité [34]. Dans le cas de Fight Club, qui les renvoie aussi bien au roman de Chuck Palahniuk qu’à sa version cinématographique réalisée par David Fincher, les militants parisiens des Jeunesses identitaires s’inspirent du « Projet chaos » du film pour choisir le nom de leur section : le Projet Apache. Peu importe que le roman fasse explicitement référence à l’anarchisme, il ne s’agit pas d’appliquer directement le scénario du film, mais plutôt de s’inspirer de son style ou de son esthétique dans la construction du mouvement politique.

L’une des règles du film consiste ainsi à se battre dès sa première apparition au Fight Club. Chez les Identitaires, chaque militant participant à son premier camp est invité à se battre en fin de semaine contre un des siens, pendant environ une minute, dans une mise en scène qui rappelle à certains égards le film. Les deux combattants sont placés au centre d’un ring fictif, les autres militants se répartissant tout autour et encourageant chacun d’entre eux. Le degré de violence est moins important que dans le film et des protections évitent les risques de blessure, mais ceux qui participent à ce rite ont le sentiment de faire partie d’une communauté extraordinaire – de ne pas seulement vivre leur rêve d’héroïsme à travers le personnage d’un film, mais bien de l’incarner eux-mêmes. » […]

Un instrument de contrôle « par le haut » des militants

La division du travail militant et ses limites

À première vue, cette stratégie de création de lieux autogérés, clos sur eux-mêmes, semble contredire le projet « métapolitique » de pénétrer les mondes culturel et politique établis. Mais le retrait du monde opéré par les Identitaires est tout relatif. Les Maisons de l’identité sont presque toujours situées au cœur des grandes villes ; et les sections militantes les plus importantes en nombre, mais également en influence au sein des Jeunesses identitaires, se trouvent dans l’espace urbain, c’est-à-dire à proximité des lieux de pouvoir, aussi bien économiques que culturels. Autrement dit, dans leur stratégie de prise de pouvoir, les Identitaires créent des bases de repli au cœur du système qu’ils souhaitent détruire.

De fait, en dépit de son discours régionaliste, la mouvance identitaire se développe assez peu dans les zones rurales, de même que les pratiques traditionnellement présentes dans ces territoires, comme la chasse et la pêche, sont presque inexistantes. Nous n’y avons pas rencontré non plus d’agriculteurs. En outre, les Identitaires ne font pas partie de la jeunesse la moins diplômée ou la plus démunie économiquement. La grande majorité de ses membres étudient à l’université ou y ont obtenu un diplôme. Ils sont familiers d’une culture scientifique et ne se tiennent pas à l’écart du monde de l’industrie culturelle (cinéma, sport, musique, etc.). Le rejet des attributs du mouvement skinhead peut se justifier politiquement par l’idéologie des cadres, mais il renvoie également à un certain mépris (de classe) envers ces derniers – surnommés les « gogols88 [37] ».

Le code vestimentaire adopté prétend à l’inverse faire preuve d’une certaine « tenue », davantage héritière de la présentation de soi qu’adoptent les étudiants en droit du Groupe union défense (GUD) ou des hooligans contemporains que des bandes nationalistes habituellement associées à des « voyous ». Leur style « casual [38] » se rapproche d’un certain dandysme associant un style sportswear, paraissant jeune et décontracté – par exemple, chaussures de sport vintage comme les Adidas Stan Smith – avec un vestiaire plus traditionnel et plus proche de celui des catégories supérieures, recherchant un effet plus « habillé ». Individuellement, les Identitaires sont difficilement repérables par un œil non averti et peuvent tout à fait être hors de soupçon d’un engagement à l’extrême droite, dans leur milieu professionnel notamment. Certains s’amusent de voir leurs collègues, qui ne connaissent pas leurs opinions politiques, déplorer devant eux les idéologies ayant trait à l’extrême droite.

À l’image du choix de la tenue vestimentaire, le style de vie des Identitaires ne consiste pas à seulement rejeter le monde culturel dont ils font partie. Pour ne pas être tenus à l’écart du jeu politique et médiatique, ils en acceptent les règles, les maîtrisent, mais dans le but de les réinterpréter à leur profit. À cet égard, les Maisons de l’identité constituent des espaces dans lesquels ils « peuvent apprivoiser et s’approprier les systèmes de valeurs du nouveau monde dans lequel ils vivent désormais [39] ». Par ce travail de réinterprétation, la doctrine politique des Identitaires n’apparaît presque jamais sous sa forme explicite, elle se donne toujours à voir en contexte, appliquée à des événements du quotidien.

Pour les dirigeants du mouvement, le camp et les Maisons de l’identité sont indéniablement un instrument de contrôle « par le haut » des militants. Nous avons surtout insisté sur le processus de socialisation des nouveaux venus par les différents rituels qui les constituent progressivement comme membres à part entière du groupe, mais ces mêmes rituels servent aussi à sélectionner et à hiérarchiser les militants entre eux. La fin du camp marque ainsi un certain nombre de distinctions qui viennent récompenser l’engagement de quelques-uns pendant l’année qui s’est écoulée. Les dirigeants consacrent la meilleure section et le meilleur militant. Certains sont nommés pour rejoindre le « clan », qui correspond à la strate supérieure du mouvement.

En fait, une séparation s’établit entre, d’un côté, ceux qui dirigent les sections locales, qui reçoivent les informations de la part des plus hauts gradés chez les Identitaires et qui prennent les décisions localement ; et d’un autre côté, ceux qui se limitent à n’être que des « bras militants ». Cet antagonisme est même souligné par l’hexis des militants présents selon les types de manifestations collectives observées à la suite du camp des Identitaires. Plus on se rapproche d’activités intellectuelles, comme les conférences, nécessitant de rester assis sur une chaise pendant un temps prolongé, et plus le public se restreint à un noyau de cadres. Au contraire, plus l’activité se rapproche d’actions collectives, par exemple un concert de rock identitaire français, et plus le public s’élargit à des physiques plus virilistes (crânes rasés, look skinhead, etc.), dont une partie constitue le service d’ordre, mais qui restent à distance du monde médiatique.

Cette hiérarchie ne s’impose pas de façon mécanique, dans le sens où elle imposerait directement à la « base » ses desiderata. Elle contrôle surtout les ramifications locales en gardant un droit de regard sur l’occupation des postes qui ont un accès à l’espace public et aux médias. Par ce système, les militants les moins présentables restent dans l’obscurité du mouvement et, inversement, ceux qui prennent de l’importance parviennent souvent à s’illustrer dans un domaine particulier : sports de combat, musique, communication, etc. ; bref, ceux qui ont des ressources à faire valoir dans les champs médiatique et politique.

S’ils essaient de donner une image contestataire du mouvement, on s’aperçoit que les Identitaires sont en réalité ajustés à la structure sociale du champ politique, séparant eux-mêmes ceux qui ont des ressources professionnalisables de ceux qui n’en ont pas. Ce mode de contrôle instaure toutefois une relative souplesse, qui offre a priori la possibilité de tirer le meilleur des ressources des cadres militants et autorise une certaine division du travail au sein du réseau. Les Lyonnais sont plutôt reconnus pour la qualité de leur communication, les Parisiens plutôt pour leur esthétique d’avant-garde et leurs productions musicales, les Alsaciens et les Niçois, pour la mise en avant de leurs particularismes régionaux.

Beaucoup de militants qui gravitent autour de plusieurs groupes d’extrême droite ne sont que de passage dans les Maisons de l’identité. Ils peuvent par exemple venir au bar ou participer occasionnellement à un cours de boxe. Éventuellement, ils viennent grossir les rangs des manifestations ou de certaines actions, sans pour autant participer au camp des Identitaires et être perçus comme membres de la section. Cet espace flou qui concentre une nébuleuse d’individus mal identifiés politiquement a plusieurs avantages pour les promoteurs du mouvement. Il donne par exemple l’illusion du nombre aux journalistes, ce qui est l’une des conditions pour que certaines actions soient relayées dans les médias. Pour autant, lorsque survient un problème judiciaire, comme une plainte à la suite d’une agression à proximité d’une Maison de l’identité par des individus manifestement d’extrême droite, les cadres du mouvement peuvent se protéger en déclarant que les agresseurs ne font pas partie des Identitaires. De ce fait, comme la structure militante ne tient pas en un seul bloc, son édifice tombe plus difficilement et, au pire, seule la section locale se trouve ébranlée lors d’une accusation judiciaire.

Pour autant, ce type d’organisation présente aussi des limites. Le schéma classique de la carrière politique des Identitaires consisterait à « faire ses armes » au sein des sections jeunes, puis à s’inscrire après avoir atteint l’âge de 30 ans au Bloc identitaire, pour mener un combat plus directement politique. En réalité, les passages de l’un à l’autre sont relativement rares. À l’exception des dirigeants, beaucoup ne prendront pas leur carte dans un parti et une grande partie des militants se désintéresseront même des activités qui les font sortir de l’entre-soi et rencontrer un public à convaincre. Par exemple, quand Arnaud Gouillon nous annonce, lors du camp, que le Bloc identitaire présentera un candidat pour l’élection présidentielle de 2012 (nous ne savons pas encore qu’il est le candidat désigné), ce qui ouvre l’opportunité d’une plus grande notoriété auprès du public, décision prise sans aucune concertation avec les Jeunesses identitaires, l’accueil se montre le plus souvent plus indifférent ou hostile qu’enjoué. Déjà au sein du camp, Philippe Vardon, cofondateur du Bloc identitaire, n’a pas caché sa déception de ne voir que quelques militants se présenter aux cantonales.

En effet, les militants trouvent généralement peu d’intérêt à faire campagne. Rencontrer les citoyens de son quartier pour défendre ses idées, inventer des slogans, organiser des actions de sensibilisation, tracter au marché, trouver un mandataire financier pour gérer les finances, sont autant de démarches qui font paradoxalement figure de « sale boulot ». Participer au jeu politique implique une forme de soumission qui conduit à perdre le sentiment de radicalité conquis au sein d’un espace anonyme, enchanté et obéissant à ses propres règles. C’est aussi le moyen pour quelques militantes d’exister à distance de la sociabilité viriliste. Mais la plupart restent anonymes et prolongent l’autonomie du camp des Identitaires en reproduisant cet entre-soi dans les Maisons de l’identité, les collages nocturnes, les concerts, les soirées privées ou encore les cours de boxe. Le plaisir de l’appartenance à une communauté d’action et de croyance semble se suffire à lui-même.

L’efficacité politique de la stratégie des Identitaires s’avère ainsi, pour le moment, très limitée. La volonté de s’implanter localement pour se présenter aux élections cantonales et prendre la main sur les territoires qui leur sont les plus favorables n’a pas fonctionné d’un point de vue électoral. Par exemple, l’ambition de Nissa Rebela de devenir la troisième force politique niçoise a été un échec, et les candidats des Identitaires font rarement des scores à deux chiffres quand ils se présentent sous cette étiquette. De manière générale, les Identitaires n’ont pas véritablement enregistré d’autres succès que quelques agitations médiatiques et quand il s’agit d’affaire politique, c’est surtout le Front national qui semble récolter les fruits de leur travail. Celui qui voudrait faire une carrière en politique entrevoit en effet peu de perspectives au Bloc identitaire, alors que dans le même temps, la création du Rassemblement bleu Marine autorise l’intégration de ceux que le parti considère comme les meilleurs éléments des Identitaires. […]

Pour réaliser cette « observation incognito » des Jeunesses identitaires, le chercheur Samuel Bouron a récolté en amont un maximum d’informations pour se « mettre à leur place », non pas en passant « par des canaux scientifiques ou érudits » mais par Internet (sur « les sites communautaires à l’intérieur desquels s’expriment les militants, les sites des différentes sections, les profils Facebook ou encore les vidéos présentant les Identitaires et celles rendant compte des camps de formation précédents, donnant des renseignements sur l’idéologie mais aussi sur leur musique, leurs références cinématographiques et leur esthétique »).

Il explique être « entré dans le mouvement en donnant (ses) véritables nom et statut, informations qui présentaient par ailleurs l’avantage d’être vérifiables sur Internet ».« Je n’ai donc pas fabriqué de toutes pièces une identité virtuelle, qui aurait couru le risque d’un déficit d’authenticité », précise-t-il. Mais « pour être plus crédible », il a mis en avant certains aspects de son parcours biographique ou de ses connaissances: grands-parents paysans et « enracinés » dans une région, pratique de sports de combat, etc.

lu sur MEDIA PART

MANIF POUR CLEMENT

Le 5 juin 2013, Clément était tué par des militants d’extrême droite. Un an après sa mort, des manifestations et rassemblements auront lieu en France et ailleurs. N’hésitez pas à nous communiquer vos informations locales pour que nous mettions cette liste à jour et qu’elle soit la plus complète possible !

  • Aix-en-Provence : jeudi 5 juin – 18h30 – IEP
  • Albi : jeudi 5 juin – 17h – place du Vigan
  • Angers : samedi 7 juin – 15h – place Imbach/devant la Bourse du travail
  • Athènes : jeudi 5 juin – 17h
  • Auch : samedi 7 juin – 10h30 – place de la Libération
  • Avignon/Le Pontet : samedi 7 juin – 14h30 – devant la mairie du Pontet
  • Berlin : dimanche 8 juin – 15h – Schönhauser Allee 26A
  • Besançon : jeudi 5 juin – 18h – place du 8 septembre
  • Bollène : jeudi 5 juin – 18h – devant la maison des Communistes
  • Bordeaux : jeudi 5 juin – 18h30 – place Jean Moulin
  • Brest : jeudi 5 juin – 18h – place de la Liberté
  • Châteauroux : jeudi 5 juin – 18h30 – place de la République
  • Clermont-Ferrand : samedi 7 juin – 14h – place de la Victoire
  • Dijon : samedi 7 juin – 14h – place de la Libération
  • Digne-les-Bains : samedi 7 juin – 11h – place du marché
  • Freiburg : jeudi 5 juin – 18h – Bertoldsbrunnen
  • Glasgow : jeudi 5 juin – 19h – George Square
  • La Roche-sur-Yon : vendredi 6 juin – 18h30 – place de la Vendée
  • Lannion : samedi 7 juin – devant la mairie
  • Lille : jeudi 5 juin – 18h – place du marché de Wazemmes
  • Lisieux : samedi 7 juin – 14h30 – jardin public
  • Lyon : jeudi 5 juin – 19h – devant l’opéra
  • Marseille : jeudi 5 juin – 18h30 – Vieux Port
  • Milan : samedi 7 juin – Rap party – Dalle 22 Rozzano via Maggi 118
  • Montpellier : samedi 7 Juin – 20h30 – place de la préfecture
  • Morlaix : samedi 7 juin – 11h – devant la mairie
  • Mulhouse : samedi 7 juin – 14h – porte Jeune
  • Nantes : jeudi 5 juin – 14h30 – place Royal
  • Niort : jeudi 5 juin – 18h – sur les marches des Halles
  • Orléans : vendredi 6 juin – 18h – place d’Arc
  • Paris : samedi 7 juin – 14h – place de la Bastille
  • Pau : samedi 14 juin – 14h – devant la préfecture
  • Perpignan : jeudi 5 juin – 14h – square Bir Hakeim
  • Perpignan : samedi 7 juin – 17h – place de la République
  • Rouen : jeudi 5 juin – 17h30 – devant le théâtre des Arts
  • Saint-Etienne : samedi 7 juin – 14h30 – place Jean Jaurès.
  • Strasbourg : samedi 7 juin – 15h – place Kléber
  • Taranto : vendredi 6 juin – 20h – Biblioteca popolare – Casa occupata via Garibaldi 210
  • Toulouse : jeudi 5 juin – 18h30 – place du Capitole
  • Tours : samedi 7 juin – 14h30 – place Jean Jaurès

PLUS D’INFOS SUR pourclement.org

Paris 20e : solidarité de quartier, solidarité de classe – manifestation

Nous sommes plusieurs collectifs, associations et personnes qui militent, habitent ou travaillent dans le 20ème arrondissement. Nous développons au quotidien des actions de solidarité et nous nous organisons pour se réapproprier les biens et les espaces publics.
Manifestation samedi 31 mai 14h Belleville.

Nous sommes plusieurs collectifs, associations et personnes qui militent, habitent ou travaillent dans le 20ème arrondissement. Nous développons au quotidien des actions de solidarité et nous nous organisons pour se réapproprier les biens et les espaces publics.

Ce que nous faisons, vous l’avez peut-être déjà vu, ou vous en avez peut être entendu parler : une cantine populaire, un soutien aux mal-logés et aux sans-papiers rue des Pyrénées, une redistribution de nourriture et de vêtements à Ménilmontant, des luttes pour l’accès à l’avortement et aux droits des femmes devant l’hôpital Tenon, des concerts dans la rue pour l’accès à une culture populaire aux amandiers, de l’entraide scolaire sur des bases d’émancipation à Couronnes, de l’antiracisme de quartier, ou de l’autodéfense populaire un peu partout.

Notre objectif n’est pas de se limiter à faire de l’animation de quartier, mais de contribuer au quotidien à lutter contre le système capitaliste qui implique l’exploitation des travailleurs et des chômeurs, dans des conditions encore pire pour les femmes et les immigrés.

Nous organisons ce CONCERT/MANIFESTATION pour se rencontrer. La réappropriation de notre culture populaire au même titre que celle de la rue est un moyen pour parler de nos idées et échanger avec celles et ceux qui vivent et travaillent dans le quartier de tout ce qu’on pourrait faire ensemble. Dans cet esprit la manif ira à la rencontre de différent lieu de luttes passées et présentes

Occupation des logements vides ! Gratuité des soins ! Libre accès à la culture ! Réquisition de nourriture ! Transports gratuits !
Solidarité de quartier, solidarité de classe !

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Samedi 31 mai de 14h00 à 16h00 à Belleville

Premiers signataires : Do The Red ThingsLa Cantine des Pyrénées, Quartier Libre, Comités Syndicalistes Révolutionnaires, Les Mal-LogéEs RévoltéEs, Action Antifasciste Paris-Banlieue (AFA)

Action Antifa vol 1 – « NI OUBLI, NI PARDON »

Action Antifa vol. 1

 

Première mixtape de l‘Action Antifasciste Paris-Banlieue enfin disponible et en libre téléchargement!

avec : Marouf, Sang Mêlé, Eone, Tonio, Kash Leone, Kev O, Killah P(RIP), NZO, Stratégie de paix, Mydjack,Spit, VII, Skalpel …

« Its bigger than Hip-hop! »

AutoDéfensePopulaire

En foot comme en politique, la vérité vient du terrain

Si en France, tout est mou et flou, il en est autrement au Brésil. Ce pays a connu une dictature militaire durant de longues années. La mémoire des luttes et la pratique militante y sont beaucoup plus dynamiques. La situation économique et sociale est bien plus difficile qu’en France.

L’Atletico Mineiro est un grand club de football brésilien. Il est l’un des deux clubs de la ville de Belo Horizonte, située dans le Minas Gerais.

Il a gagné des titres, et des joueurs célèbres ont porté son maillot. La colonne vertébrale de la Selaçao de 1982 (Luizinho, Toninho Cerezo, Eder) était composée de joueurs de l’Atletico Mineiro. Le joueur le plus connu des jeunes générations à avoir porté son maillot est Ronaldinho Gaucho.

C’est un club populaire surnommé « Galo » (le coq), les gens qui le soutiennent ne font qu’un avec l’équipe.

Ce club a une histoire sportive, mais il a aussi une histoire politique. Le meilleur buteur de l’histoire du Club est l’avant-centre Reinaldo (455 matchs, 255 buts), qui célébrait tous ses buts avec un poing levé qui défiait la dictature :

Reinaldo Lima joueur

Dans un contexte de dictature militaire, la répression était bien plus violente que la suspension d’un compte Facebook ou qu’une amende.

L’ancrage dans une véritable gauche des quartiers populaires, la lutte pour les droits et l’égalité sont des choses qui ne sont pas abstraites ou oubliées au Brésil. Pour eux, pas d’illuminatis.

C’est ce que rappelle une frange des supporters de l’Atletico Mineiro dans un communiqué qui pour des raisons d’actualité (le transfert d’Anelka à l’Atletico correspond à celui de Valls à Matignon) est en partie relayé par la presse française.

 

 » Même si ce geste n’était pas dirigé contre les Juifs, de nombreux négationnistes (et, n’oubliez pas : l’antisémitisme est dirigé non seulement contre les Juifs mais aussi contre les Arabes, les Musulmans et les Palestiniens) ont utilisé ce geste pour répandre la haine xénophobe contre ces personnes, en particulier les Juifs. Par conséquent, un geste qui pouvait ne pas être initialement antisémite l’est alors devenu en termes d’utilisation de la part de l’extrême droite européenne.

 

Comme nous croyons dans l’histoire unique du Club Atletico Mineiro et de ses supporters, la Massa, avec une veine populaire et démocratique marquée par des gestes comme le poing fermé de Reinaldo, nous n’accepterons de gestes comme la quenelle de la part d’aucun joueur qui porte le maillot de notre Galo »

 

Ce communiqué est disponible ICI. Il est bien plus clair et précis que la plupart de ce qui a été écrit en France concernant la « quenelle ».

Il va être très dur pour les soutiens opportunistes de Dieudonné de faire passer le virage de l’Atletico Mineiro pour des « bobos » et autres « petits blancs ».

Anelka est un grand joueur, il va pouvoir s’exprimer sur le terrain et retrouver le sens des réalités dans un club populaire.

En foot, comme en politique: la vérité vient du terrain militant, comme le rappelle les militants brésiliens.

Un seul Héros, le peuple.

lu sur quartierslibres.wordpress.com

Vendredi 18 avril 2014: Mouvement anarchiste et antirépression en Biélorussie

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Vendredi 18 avril 2014, à 19h30 au Transfo :

Cette année, l’Anarchist Black Cross Belarus fait une tournée d’information en Europe. Nous avons plusieurs objectifs. Nous voulons présenter la semaine de solidarité avec les prisonnierEs anarchistes qui aura lieu fin août 2014. C’est le projet de plusieurs groupes ABC européens qui veulent unir leur efforts pour soutenir nos camarades en prison.

Nous voulons aussi partager des informations à propos du mouvement anarchiste en Biélorussie. Nous espérons que les histoires des luttes d’autres endroits vous aideront dans vos propres luttes. Il est impossible de parler de mouvement anarchiste en Biélorussie sans mentionner les répressions auxquelles le mouvement fait face et comment on y réagit.

Nous souhaiterions discuter de votre expérience de la répression et de ce qui vous aide à y faire face.
Le fonctionnement de l’ABC nécessite constamment de l’argent aussi nous souhaiterions collecter des fonds pour aider les prisonniers, en payant leurs avocats, des livres et de la cantine. Nous avons aussi besoin d’argent pour imprimer de la propagande.

Le programme de la soirée :

-La situation actuelle du mouvement anarchiste en Biélorussie
-La situation actuelle de la répression en Biélorussie
-La semaine de solidarité avec les prisonniers anarchistes
-Discussion sur “L’antirépression et le travail de solidarité au sein du mouvement anarchiste”
-Écriture de lettres et de cartes postales

Quelques dates de la tournée européenne :

14/04 Nancy – CCAN 69, rue Mon Desert, 54000 Nancy
15/04 Bruxelles – Acrata, 32 Rue de la Grande Île
16/04 Day off
17/04 Lille – CCL, 4, rue de Colmar
18/04 Paris – Transfo 57 avenue de la République, à Bagnolet
19/04 Paris – Librairie Publico – 145 Rue Amelot
20/04 Day off
21/04 Brest
22/04 Notre-Dame-des-Landes – ZAD
23/04 Angers – L’Etincelle 26 rue Maillé
24/04 Bordeaux – L’Oukaze, 38 rue du Marechal Lyautey à Bègles
25/04 Pau – La Tor deu Borreu, 2 rue de la fontaine
27/04 Santurze ou Bilbao
28/04 Burgos
29/04 Salamanca / Madrid
05/05 Granada
07/05 Valencia
08/05 Teruel
09/05 Zaragoza
10/05 Badalona
11/05 Barcelona
12/05 Toulouse
13/05 Alès – la Rétive 42 rue du Faubourg d’Auvergne
14/05 Montpellier – La Mauvaise Réputation 20 rue Terral
15/05 Valence – Le Laboratoire
16/05 Grenoble – BAF 2 chemin des Alpins + concert !
17/05 Saint-Étienne – Avatarium, Musée de la Mine
18/05 Day off
19/05 Clermont Hôtel des Vil-e-s, 55 avenue de l’Union Soviétique
20/05 Day off
21/05 Lyon
22/05 Dijon – Snack Friche (quartier Lentillères) rue Philippe Guignard

ABC-Belarus-Solidarity-Infotour-2014

Charles Martel, imposture historique et mythe fasciste

732, Poitiers, Charles-Martel : une date, un lieu et le nom d’un chef de guerre au cœur du récit nationaliste de l’histoire en France. Utilisée pour la propagande colonialiste et mobilisée régulièrement dans l’imaginaire pour signifier la défense du territoire, cette bataille est devenue une référence incontournable du nationalisme et du fascisme français. Pour certains groupes des droites radicales, cet évènement historique est encore aujourd’hui le symbole d’une lutte contre « l’invasion » arabe et l’immigration musulmane. Le Cercle Charles-Martel, auteur de nombreux attentats et meurtres entre 1973 et 1983 se réclamait de cette histoire. Plus récemment, en octobre 2012, Génération Identitaire a occupé une mosquée en construction à Poitiers en mobilisant la même symbolique. Il y a quelques jours, le 24 février 2014, le site historique de Moussais-la-Bataille a de nouveau été la cible de dégradations, avec des inscriptions xénophobes et des croix celtiques taguées :

 Poitiers

On notera d’ailleurs à quel point ces militants de la culture nationale et nationaliste connaissent et respectent la langue française….

LA SUITE SUR quartierslibres.wordpress.com

Solidarité avec les camarades antifascistes inculpés !

Pour soutenir nos compagnons inculpés, nous vous invitons à un repas de soutien de 12h à 14h Dimanche 2 mars à la cantine des Pyrénées, 331 rue des Pyrénées Paris 20eme. Prix : 4 euros

Solidarité avec les camarades Antifascistes inculpés !

Les 13 et 14 septembre 2013 avait lieu un week-end de mobilisation antifasciste sur Paris.
En fin d’après-midi, le samedi 14, huit camarades ce sont fait interpeller (dont des membres de l’Action antifasciste Paris-Banlieue, AL, CNT Toulouse, des antifascistes du stade). Quatre d’entre eux ont été relâchés au bout de 48h de garde à vue. Les quatre autres camarades ont vu leur détention prolongée. Ils ont été retenus 20h de plus au dépôt du Palais de Justice de l’île de la Cité. Ces derniers ont été appelés à comparaître devant le tribunal correctionnel de Paris.
Ils sont inculpés de dégradation et violence commise en réunion sans incapacité, et risquent entre dix mois de sursis et dix mois ferme, sans compter les possibles amendes.

Le 17 février le verdict de premier instance a été rendu, et les poursuites annulées pour vices de procédure. Cependant le parquet peut faire appel, et il est à craindre qu’il veuille s’acharner sur ces militants politiques.
D’autre part de nombreux frais d’honoraires d’avocats sont encore à payer.

Nous devons faire face à une recrudescence des agressions racistes et des mobilisations de l’extrême-droite (printemps français, soutien à Dieudonné, mobilisation contre le droit à l’IVG, manif pour tous et autres jour de colère), et à une violence fasciste qui se déchaîne (une mobilisation en soutien aux sans-papiers s’est fait tirer dessus à Clermont-Ferrand et le vendredi 14 février deux adolescents se sont faits poignardés par des militants d’extrême-droite à Lyon. L’une des deux victimes est tombée dans le coma après avoir chuté suite à l’agression).
Alors que des personnalités publiques expriment leur haine et racisme librement dans les médias, que le gouvernement PS mène une politique de discrimination contre les Rroms, il est plus que nécessaire que de rester mobilisé-e-s.

Nous luttons contre l’extrême-droite, le racisme, le sexisme, l’antisémitisme, l’islamophobie, l’homophobie et contre tous les discours de haine et d’intolérance, mais aussi contre la répression de nos actions.
Trop de personnes sont arrêtées et inculpées par un État qui traite comme des criminels ceux et celles qui n’acceptent pas l’injustice et la haine qu’il porte en lui et qui institue un état d’exception permanente.
Les moyens que cet État déploie pour intimider (prison, pressions financières des amendes, violences policières, toujours plus sévères envers les libertaires et les antifascistes qu’envers nos adversaires) n’entamera pas notre détermination à nous élever contre toutes les autorités.

Face à la haine et aux violences racistes des groupes d’extrême-droite, la solidarité avec les antifascistes inculpés doit être unitaire et massive.

Pour soutenir nos compagnons inculpés, nous vous invitons à un

Repas de soutien

Dimanche 2 mars de 12h à 14h
à la cantine des Pyrénées
331 rue des Pyrénées Paris 20eme.

Prix : 4 euros

P.-S.

Interview de l’Action Antifasciste Ukraine

Sascha, Andrei et Mira sont membres de l’Union Antifasciste Ukrainienne, un groupe qui surveille et combat le fascisme en Ukraine.
Nous nous sommes assis pour parler de l’influence du fascisme sur EuroMaidan, voilà ce qu’ils m’ont dit :

Sascha : Il y a beaucoup de Nationalistes ici, dont des Nazis. Ils viennent de toute l’Ukraine, et ils représentent environ 30% des manifestants.

Mira : Les deux plus gros groupes sont Svoboda et Pravy Sektor (Secteur Droite). Les forces de défense ne sont pas à 100% du Pravy mais beaucoup le sont.

S : Svoboda est un groupe légal, mais ils ont aussi une faction illégale. Pravy Sektor est plus illégal, mais ils veulent prendre la place de Svoboda.

M : Il y a beaucoup de querelles entre Pravy et Svoboda. Ils ont travaillé ensemble pendant les violences, mais maintenant que tout est calme ils ont le temps de se focaliser les uns sur les autres. Pravy et Svoboda reçoivent tous les deux des dons et ils ont beaucoup d’argent.
Pravy a récemment eu de tout nouveaux uniformes, des treillis militaires. L’une des pires choses est que Pravy a sa structure officielle. Ils sont coordonnés. Tu as besoin de laissez-passer pour aller sur certaines places. Ils ont le pouvoir de donner ou de ne pas donner la permission aux gens d’être actifs. Nous essayons d’être actifs mais nous devons éviter les nazis, et je ne vais pas demander la permission à des Nazis !

S : Un groupe de 100 anarchistes a essayé d’organiser leur propre groupe d’autodéfense, différents groupes anarchistes sont venu ensemble pour un meeting sur le Maidan. Pendant qu’ils faisaient leur meeting, un groupe de Nazis est arrivé en plus grand nombre, ils avaient des haches, des battes de baseball, des bâtons et des casques, ils ont dit que c’était leur territoire. Ils ont appelé les anarchistes « juifs », « noirs », « communistes ». Ils n’étaient même pas communistes, c’était juste une insulte. Les anarchistes ne s’attendaient pas à ça et ils sont parti. Les gens qui ont des visions politiques différentes ne peuvent pas rester sur certaines places, ils ne sont pas tolérés.

M : Plus tôt, une tente Stalinienne a été attaqué par des Nazis. Une personne a été envoyée à l’hôpital. Un autre étudiant a dénoncé le fascisme et il a été attaqué. Pravy Sektor a beaucoup attiré l’attention après les premières violences, les médias leur ont donné de la popularité et ils ont commencé à croire qu’ils étaient des gars cool. Pravy existait déjà avant, mais maintenant ils grandissent et ils attirent beaucoup de nouvelles personnes.

S : Après ça Pravy a recruté beaucoup de jeunes gens. Ils ont de l’argent pour faire de la propagande, des uniformes, ils attirent l’attention et ils ont l’aire cool.

Un groupe de jeunes hommes qui ont récemment rejoint la Milice de Défense.

Un groupe de jeunes hommes qui ont récemment rejoint la Milice de Défense.

M : L’Ukraine est un pays patriarcal alors être un homme fort qui combat est une bonne chose.

S : Les groupes nazis essayent également d’imiter les gauchistes, d’essayer de les intégrer. Ils utilisent un vocabulaire anarchiste, des mots comme « autonomes ». C’est ce qu’est en train de faire l’un des plus affreux groupe Nazi en s’appelant « Résistance Autonome ». Ils ont beaucoup de succès avec cette tactique. Ils attirent quelques anarchistes qui pensent qu’ils font changer les nazis, alors qu’en vérité c’est les nazis qui sont en train de les changer. Ils deviennent plus nationalistes, ils ont des visions plus antiféministes, etc. C’est maintenant que les anarchistes doivent s’exprimer et se faire entendre.

Deux symboles que l’on peut retrouver à EuroMaidan. La croix celtique (en haut) est un symbole commun qui représente la suprématie blanche. La Wolfsangel (en bas) était un symbole utilisé par différentes divisions SS pendant la seconde guerre mondiale et représente maintenant le Néonazisme:

stormfrontwolfsangel

S : Tout l’éventail nationaliste est représenté. Ils se divisent entre groupes qui ont leurs propres symboles. Ils veulent du soutient alors ils n’utilisent pas tant de symboles Nazis ou fascistes que ça. Ils utilisent des symboles reconnaissables par d’autres fascistes, mais qui sont inconnus pour les autres gens. Par exemple il y a le symbole d’un aigle spéciale. Il est dessiné de telle manière qu’il ne ressemble à rien à moins que tu connaisses la signification.
Personnes n’a idée de comment les choses vont tourner, quelle forme va prendre le nouveau gouvernement. Les groupes fascistes n’ont pas de but communs, ils savent à quoi ils sont opposés, et qu’ils sont opposés les uns aux autres, mais ils ne veulent pas tous la même chose. Si Pravy a une place dans un nouveau gouvernement, ce serait vraiment dangereux, mais c’est impossible, ils ne sont pas assez puissants pour ça.

M : Les gens chantent ces slogans : « Gloire à l’Ukraine », « Gloire aux Héros », « Mort aux ennemis ». Mais qui sont ces héros, qui sont ces ennemis ? Je pense qu’ils n’en ont pas idée. « L’Ukraine avant tout » en est un autre, comme ils chantent en Allemagne.

Andrei : Je viens d’Allemagne et je pense que le nationalisme en Ukraine date de la chute de l’URSS. Le sentiment nationaliste à Maidan est là pour diviser les gens. L’Est de l’Ukraine est pro Russe, l’Ouest est nationaliste.
Les gens sont plutôt divisés, mais si tu regardes le pays tout entier, tout le monde a les mêmes problèmes sociaux et économiques. Si les gens s’en rendaient compte et venaient ensemble, ce serait le plus gros danger pour Svoboda, ou Yanukovich, ou n’importe quel parti politique. Svoboda et Yanukovich défendent la même politique néolibérale qui empire la vie des ukrainiens.

M : Ces nationalistes sont là non pas pour défendre leurs droits mais pour défendre la nation, et c’est pratique pour les leaders d’encourager ça, parce que pendant que les gens se concentrent sur des questions nationalistes, ils peuvent faire ce qu’ils veulent. Il y a surtout des ouvriers et des pauvres à EuroMaidan, et il faut détourner leur attention des problèmes réels. Beaucoup de gens veulent manipuler les gens ici…”

Un symbole accroché à une tente à EuroMaidan : « Ultra-Radical Pacifist »

Un symbole accroché à une tente à EuroMaidan : « Ultra-Radical Pacifist »

Traduit par des camarades depuis ce site.

Un membre du GADI inculpé

La nouvelle est tombée aujourd’hui, nous la découvrons à travers un article de la presse bourgeoise[1]. Un membre du GADI a été arrêté et condamné à 2 ans de prison ferme pour les attaques de Tarbes[2] et de Pau[3]. Il s’agit de Damien Camelio, 31 ans. Le camarade anarchiste espagnol également mis en examen n’a pas été poursuivi.

Notre camarade.

Notre camarade.

« Je revendique ces attaques en soutien aux compagnons anarchistes emprisonnés et contre les conséquences des politiques libérales appliquées en Europe. L’ascenseur social ne fonctionne pas. Le capitalisme, ce système féodal dans lequel la vie entière d’un individu est déterminée à la naissance, il est là le vrai terrorisme, quand des familles sont jetées à la rue, quand des parents ne peuvent plus nourrir leurs enfants, quand la dignité humaine est piétinée. Regardez votre terrorisme dans les yeux avant de juger le mien.[…]

J’attaque des symboles et vous répondez de façon violente en ordonnant mon incarcération. Je ne suis pas innocent, au propre comme au figuré. Ni coupable tant que vous ne reconnaîtrez pas la culpabilité des vrais oppresseurs terroristes. je ne suis pas non plus une victime. Je suis juste un militant anarchiste entré en résistance. »

Solidarité totale et inconditionnelle avec ceux qui attaquent ce monde de merde !
Vive le feu !

[1] http://www.ladepeche.fr/article/2014/02/18/1820564-tarbes-deux-ans-de-prison-pour-le-terroriste-du-gadi.html

[2] http://aaa12.noblogs.org/post/2014/02/04/476/

[3] http://aaa12.noblogs.org/post/2014/02/08/pau-attaques-incendiaires/

lu sur http://aaa12.noblogs.org/

Deux mineurs agressés au couteau dans le Vieux Lyon : la marque de l’extrême droite ?

Vendredi soir, un petit groupe de jeunes personnes s’est fait agresser dans le Vieux Lyon (5e). Deux d’entre eux, mineurs, ont pris un coup de couteau. Blessés, ils sont actuellement en observation à l’hôpital. Une nouvelle agression qui porterait la marque de l’extrême droite radicale.

Les faits restent encore flous. Vers 20 heures, selon un proche des deux victimes, un « petit groupe d’amis d’environ cinq personnes », se rendaient dans un bar de Saint-Jean :

« Ils se trouvaient sur les quais de Saône, au niveau de Saint-Paul, quand ils ont été repérés à leur marque de fringue par un groupe d’une dizaine de personnes. Ils ont été insultés de « sales gauches » et ont pris des coups. Ils ont réussi à s’échapper mais au niveau de la Cour d’appel, ils ont de nouveau été chargés par un groupe, peut-être les mêmes personnes. Il y a eu encore des échanges de coups et c’est là qu’un type a frappé avec un couteau ».
Deux personnes sur les cinq ont été touchées mais ont quand même marché jusque dans le 1er arrondissement. C’est sur les pentes de la Croix-Rousse, impasse Fernand-Rey, que les pompiers ont été appelés, peu avant 21 heures.

Selon un porte-parole du SDIS du Rhône, deux mineurs de 16 et 17 ans ont été pris en charge pour des « blessures par arme blanche suite à une rixe ». Ils ont été conduits à l’hôpital.

Contrairement à ce qu’indique le Progrès, deux personnes ont été touchées au dos. L’un au niveau du poumon et l’autre au bas du dos.
Le pronostic vital n’a jamais été engagé. Les deux lycéens restent en observation à l’hôpital.

LA SUITE SUR http://www.rue89lyon.fr/2014/02/16/deux-mineurs-agresses-au-couteau-dans-le-vieux-lyon-la-marque-de-lextreme-droite/