BadKids 4 – Mai 2014 est disponible !

Pour vous annoncer, avec un peu de retard, que le numéro 4 de BadKids est disponible!

UNE Badkids N°4

Au sommaire de ce numéro :

– L’internationale de l’austérité avec un article sur le travail gratuit suivis d’une réflexion sur les TIG et le maintient de l’ordre.

– Un article sur l’opération Sangaris.

– Qu’est-ce qu’un drone

– Une analyse du rôle politique des “comité de quartiers”.

– Des class N’ casse.

– Une disquette de l’économie : la plus value absolue et relative.

Pour obtenir le numéro en version papier tu peux :

– Nous écrire et on fera passer.

– Aller l’acheter au Kiosk (lundi et vendredi à partir de 17h, 3, rue Escoussières Arnaud-Bernard ) ou à Terra Nova, Floury frères…

Tu peux aussi le lire sur le net ICI

Hésitez pas à le diffuser et à nous écrire pour toute critique, contribution…

L’équipe BK

vu sur badkids.noblogs.org

Paris 20e : solidarité de quartier, solidarité de classe – manifestation

Nous sommes plusieurs collectifs, associations et personnes qui militent, habitent ou travaillent dans le 20ème arrondissement. Nous développons au quotidien des actions de solidarité et nous nous organisons pour se réapproprier les biens et les espaces publics.
Manifestation samedi 31 mai 14h Belleville.

Nous sommes plusieurs collectifs, associations et personnes qui militent, habitent ou travaillent dans le 20ème arrondissement. Nous développons au quotidien des actions de solidarité et nous nous organisons pour se réapproprier les biens et les espaces publics.

Ce que nous faisons, vous l’avez peut-être déjà vu, ou vous en avez peut être entendu parler : une cantine populaire, un soutien aux mal-logés et aux sans-papiers rue des Pyrénées, une redistribution de nourriture et de vêtements à Ménilmontant, des luttes pour l’accès à l’avortement et aux droits des femmes devant l’hôpital Tenon, des concerts dans la rue pour l’accès à une culture populaire aux amandiers, de l’entraide scolaire sur des bases d’émancipation à Couronnes, de l’antiracisme de quartier, ou de l’autodéfense populaire un peu partout.

Notre objectif n’est pas de se limiter à faire de l’animation de quartier, mais de contribuer au quotidien à lutter contre le système capitaliste qui implique l’exploitation des travailleurs et des chômeurs, dans des conditions encore pire pour les femmes et les immigrés.

Nous organisons ce CONCERT/MANIFESTATION pour se rencontrer. La réappropriation de notre culture populaire au même titre que celle de la rue est un moyen pour parler de nos idées et échanger avec celles et ceux qui vivent et travaillent dans le quartier de tout ce qu’on pourrait faire ensemble. Dans cet esprit la manif ira à la rencontre de différent lieu de luttes passées et présentes

Occupation des logements vides ! Gratuité des soins ! Libre accès à la culture ! Réquisition de nourriture ! Transports gratuits !
Solidarité de quartier, solidarité de classe !

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Samedi 31 mai de 14h00 à 16h00 à Belleville

Premiers signataires : Do The Red ThingsLa Cantine des Pyrénées, Quartier Libre, Comités Syndicalistes Révolutionnaires, Les Mal-LogéEs RévoltéEs, Action Antifasciste Paris-Banlieue (AFA)

Lettre sur l’auto-gestion

Lettre sur l’auto-gestion.
Extrait de correspondance sur un vieux débat.

Je te fais une réponse la plus courte possible. Tu vas la trouver très réactive et pas vraiment argumentée d’un point de vue historique mais j’en ai marre des citations pompeuses et érudites, mais aussi de cette rhétorique mielleuse «des gens sympas» qui veulent que les choses viennent «vraiment d’en bas», parce que c’est vraiment trop mieux et «démocratique».

Que tu te pointes à «l’autogestion de la foire» c’est ton problème. Mais ce qui m’embarrasse c’est que les anarchistes et autres libertaires s’y pointent et se prosternent ou dissertent devant ces formes d’organisations, de gestions, et qu’ils en fassent la préfiguration de ce que pourrait-être une société communiste. Cela me gène profondément. Une forme ne dit rien de ce que peut-être une société débarrassée du fétichisme de la marchandise. D’un point de vue épistémologique c’est même un non-sens. Car les paramètres de réflexions ne sont, à mon avis, pas les bons.

la suite sur VOSSTANIE

Anarchisme

Par Hakim Bey

Qu’est-ce que l’anarchisme ?

Le Prophète Mahomet a dit que tous ceux qui vous saluent par « Salam ! » (paix) doivent être considérés comme musulmans. De la même manière, tous ceux qui s’appellent eux-mêmes « anarchistes » doivent être considérés comme des anarchistes (à moins qu’ils ne soient des espions de la police) – c’est-à-dire, qu’ils désirent l’abolition du gouvernement. Pour les soufis, la question « Qu’est-ce qu’un musulman? » n’a absolument aucun intérêt. Ils demandent, au contraire, « Qui est ce musulman ? Un dogmatique ignorant ? Un coupeur de cheveux en quatre ? Un hypocrite ? Ou bien est-ce celui qui tend à expérimenter la connaissance, l’amour et la volonté comme un tout harmonieux ? »

« Qu’est-ce qu’un anarchiste ? » n’est pas la bonne question. La bonne question c’est : « Qui est cet anarchiste ? Un dogmatique ignorant ? Un coupeur de cheveux en quatre ? Un hypocrite ? Celui-là qui proclame avoir abattu toutes les idoles, mais qui en vérité n’a fait qu’ériger un nouveau temple pour des fantômes et des abstractions ? Est-ce celui qui essaye de vivre dans l’esprit de l’anarchie, de ne pas être dirigé / de ne pas diriger – ou bien est-ce celui qui ne fait qu’utiliser la rébellion théorique comme excuse à son inconscience, à son ressentiment et à sa misère ? »

Les querelles théologiques mesquines des sectes anarchistes sont devenues excessivement ennuyeuses. Au lieu de demander des définitions (des idéologies), posez la question : « Qu’est-ce que tu sais ? », « quels sont tes véritables désirs ? », « que vas-tu faire à présent ? » et, comme Diaghilev le dit au jeune Cocteau : « Étonne-moi ! »

Qu’est-ce que le gouvernement ?

Le gouvernement peut être décrit comme une relation structurée entre les êtres humains par laquelle le pouvoir est réparti inégalement, de telle manière que la vie créatrice de quelques-uns est réduite pour l’accroissement de celle des autres. Ainsi, le gouvernement agit dans toutes les relations dans lesquelles les intervenants ne sont pas considérés comme des partenaires à part entière agissant dans une dynamique de réciprocité. On peut ainsi voir à l’œuvre le gouvernement dans des cellules sociales aussi petites que la famille ou « informelles » comme les réunions de voisinage – là où le gouvernement ne pourra jamais toucher des organisations bien plus grandes comme les foules en émeute ou les rassemblements de passionnés par leur hobby, les réunions de quaker ou de soviets libres, les banqueteurs ou les œuvres de charité.

Les relations humaines qui s’engagent sur un tel partenariat peuvent, au travers d’un processus d’institutionnalisation, sombrer dans le gouvernement – une histoire d’amour peut évoluer en mariage, cette petite tyrannie de l’avarice de l’amour ; ou bien encore une communauté spontanée, fondée librement afin de rendre possible une certaine manière de vivre désirée par tous ses membres, peut se retrouver dans une situation où elle doit gouverner et exercer une coercition à l’encontre de ses propres enfants, au travers de règles morales mesquines et des reliquats d’idéaux autrefois glorieux.

Ainsi, la tâche de l’anarchie n’est jamais destinée à perdurer qu’à court terme. Partout et toujours les relations humaines seront concrétisées par des institutions et dégénéreront en gouvernements. Peut-être que l’on pourrait soutenir que tout cela est « naturel »… Mais quoi ? Son opposé est tout aussi « naturel ». Et s’il ne l’était pas, alors on pourrait toujours choisir le « non-naturel », l’impossible.

Cependant, nous savons que les relations libres (non gouvernées) sont parfaitement possibles, car nous en faisons l’expérience assez souvent – et plus encore lorsque nous luttons pour les créer. L’anarchiste choisit la tâche (l’art, la jouissance) de maximiser les conditions sociales afin de provoquer l’émergence de telles relations. Puisque c’est ce que nous désirons, c’est ce que nous faisons.

Et les criminels ?

Les considérations ci-dessus peuvent être comprises comme impliquant une forme d’« éthique », une définition mutable de la justice dans un contexte existentiel et situationniste. Les anarchistes ne devraient probablement considérer comme « criminels » que ceux qui contrarient délibérément la réalisation des relations libres. Dans une société hypothétique sans prison, seuls ceux que l’on ne peut dissuader de telles actions pourront être livrés à la « justice populaire » ou même à la vengeance.

Aujourd’hui, cependant, nous ferions bien de réaliser que notre propre détermination à créer de telles relations, même de manière imparfaite et utopique, nous placera inévitablement dans une position de « criminalité » vis-à-vis de l’État, du système légal et probablement de la « loi non écrite » du préjugé populaire. Depuis longtemps être un martyr révolutionnaire est passé de mode – le but présent est de créer autant de liberté que possible sans se faire attraper.

Comment fonctionne une société anarchiste ?

Une société anarchiste œuvre, partout où deux ou plusieurs personnes luttent ensemble, dans une organisation de partenariat original, afin de satisfaire des désirs communs (ou complémentaires). Aucun gouvernement n’est nécessaire pour structurer un groupe de potes, un dîner, un marché noir, un tong (ou une société secrète d’aide mutuelle), un réseau de mail ou un forum, une relation amoureuse, un mouvement social spontané (comme l’écosabotage ou l’activisme anti-SIDA), un groupe artistique, une commune, une assemblée païenne, un club, une plage nudiste, une Zone Autonome Temporaire. La clé, comme l’aurait dit Fourier, c’est la Passion – ou, pour utiliser un mot plus moderne, le désir.

Comment pouvons-nous y parvenir ? En d’autres termes, comment maximiser la potentialité que de telles relations spontanées puissent émerger du corps putrescent d’une société asphyxiée par la gouvernance ? Comment pouvons-nous desserrer les rênes de la passion afin de recréer le monde chaque jour dans une liberté originelle du « libre esprit » et d’un partage des désirs ? Une question à deux balles – et qui ne vaut réellement pas beaucoup plus puisque la seule réponse possible ne relève que de la science-fiction.

Très bien. Mon sens de la stratégie tend vers un rejet des vestiges des tactiques de l’ancienne « Nouvelle Gauche » comme la démo, la performance médiatique, la protestation, la pétition, la résistance non-violente ou le terrorisme aventurier. Ce complexe stratégique a été depuis longtemps récupéré et marchandisé par le Spectacle (si vous me permettez un excès de jargon situationniste).

Deux autres domaines stratégiques, assez différents, semblent bien plus intéressants et prometteurs. Le premier est le processus résumé par John Zerzan [1] dans Elements of Refusal – c’est-à-dire, le refus de mécanismes de contrôle étendus et largement apolitiques inhérents aux institutions comme le travail, l’éducation, la consommation, la politique électorale, les « valeurs familiales », etc. Les anarchistes pourraient tourner leur attention vers des manières d’intensifier et de diriger ces « éléments ». Une telle action pourrait bien tomber dans la catégorie traditionnelle de l’« agitprop », mais éviterait la tendance « gauchiste » à institutionnaliser ou « fétichiser » les programmes d’une élite ou avant-garde révolutionnaire autoproclamée.

L’action dans le domaine des « éléments du refus » est négative, « nihiliste » même, tandis que le second secteur se concentre sur les émergences positives d’organisations spontanées capables de fournir une réelle alternative aux institutions du Contrôle. Ainsi, les actions insurrectionnelles du « refus » sont complétées et accrues par une prolifération et une concaténation des relations du « partenariat original ». En un sens, c’est là une version mise à jour de la vieille stratégie « Wobbly » [2] d’agitation en vue d’une grève générale tout en bâtissant simultanément une nouvelle société sur les décombres de l’ancienne au travers de l’organisation des syndicats. La différence, selon moi, c’est que la lutte doit être élargie au-delà du « problème du travail » afin d’inclure tout le panorama de la « vie de tous les jours » (dans le sens de Debord).

J’ai essayé de faire des propositions bien plus spécifiques dans mon essai Zone Autonome Temporaire (Autonomedia, NY, 1991) ; donc, je me restreindrai ici à mentionner mon idée que le but d’une telle action ne peut être désigné proprement sous le vocable de « révolution » — tout comme la grève générale, par exemple, n’était pas une tactique « révolutionnaire », mais plutôt une « violence sociale » (ainsi que Sorel l’a expliqué). La révolution s’est trahie elle-même en devenant une marchandise supplémentaire, un cataclysme sanglant, un tour de plus dans la machinerie du Contrôle – ce n’est pas ce que nous désirons, nous préférons laisser une chance à l’anarchie de briller.

L’anarchie est-elle la Fin de l’Histoire ?

Si le devenir de l’anarchie n’est jamais « accompli » alors la réponse est non – sauf dans le cas spécial de l’Histoire définie comme auto-valorisation privilégiée des institutions et gouvernements. Mais, l’histoire dans ce sens est déjà probablement morte, a déjà « disparu » dans le Spectacle, ou dans l’obscénité de la Simulation. Tout comme l’anarchie implique une forme de « paléolithisme psychique », elle tend traditionnellement vers un état post-historique qui refléterait celui de la préhistoire. Si les théoriciens français ont raison, nous sommes déjà entrés dans un tel état. L’histoire comme l’histoire (dans le sens de récit) continuera, car il se pourrait que les humains puissent être définis comme des animaux racontant des histoires. Mais l’Histoire, en tant que récit officiel du Contrôle, a perdu son monopole sur le discours. Cela devrait, sans aucun doute, travailler à notre avantage.

Comment l’anarchie perçoit-elle la technologie ?

Si l’anarchie est une forme de « paléolithisme », cela ne signifie nullement que nous devrions retourner à l’Âge de la pierre. Nous sommes intéressés par un retour au Paléolithique et non en lui. Sur ce point, je crois que je suis en désaccord avec Zerzan et le Fifth Estate [3] ainsi qu’avec les futuro-libertariens de CaliforniaLand. Ou plutôt, je suis d’accord avec eux tous, je suis à la fois un luddite et un cyberpunk, donc inacceptable pour les deux partis.

Ma croyance (et non ma connaissance) est qu’une société qui aurait commencé à approcher une anarchie générale traiterait la technologie sur la base de la passion, c’est-à-dire, du désir et du plaisir. La technologie de l’aliénation échouerait à survivre à de telles conditions, alors que la technologie de l’amélioration survivrait probablement. La sauvagerie, cependant, jouerait aussi nécessairement un rôle majeur dans un tel monde, car la sauvagerie est le plaisir. Une société basée sur le plaisir ne permettra jamais à la techné [4] d’interférer avec les plaisirs de la nature.

S’il est vrai que toute techné est une forme de médiation, il en va de même de toute culture. Nous ne rejetons pas la médiation per se (après tout, tous nos sens sont une médiation entre le « monde » et le « cerveau »), mais plutôt la tragique distorsion de la médiation en aliénation. Si le langage lui-même est une forme de médiation alors nous pouvons « purifier le langage de la tribu » ; ce n’est pas la poésie que nous haïssons, mais le langage en tant que contrôle.

Pourquoi l’anarchie n’a-t-elle pas marché auparavant ?

Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? Elle a marché des milliers, des millions de fois. Elle a fonctionné durant 90 % de l’existence humaine, le vieil Âge de la pierre. Elle marche dans les tribus de chasseurs/cueilleurs encore aujourd’hui. Elle marche dans toutes les « relations libres » dont nous avons parlé auparavant. Elle marche chaque fois que vous invitez quelques amis pour un piquenique. Elle a « marché » même dans les « soulèvements ratés » des soviets de Munich ou de Shanghai, de Baja California en 1911, de Fiume en 1919, de Kronstadt en 1912, de Paris en 1968. Elle a marché pour la Commune, les enclaves de Maroons, les utopies pirates. Elle a marché dans les premiers temps du Rhodes Island et de la Pennsylvanie, à Paris en 1870, en Ukraine, en Catalogne et en Aragon.

Le soi-disant futur de l’anarchie est un jugement porté précisément par cette sorte d’Histoire que nous croyons défunte. Il est vrai que peu de ces expériences (sauf pour la préhistoire et les tribus primitives) ont duré longtemps – mais cela ne veut rien dire quant à la valeur de la nature de l’expérience, des individus et des groupes qui vécurent de telles périodes de liberté. Vous pouvez peut-être vous souvenir d’un bref, mais intense amour, un de ces moments qui aujourd’hui encore donne une certaine signification à toute votre vie, avant et après – un « pic d’expérience ». L’Histoire est aveugle à cette portion du spectre, du monde de la « vie de tous les jours » qui peut aussi devenir à l’occasion la scène de l’« irruption du Merveilleux ». Chaque fois que cela arrive, c’est un triomphe de l’anarchie. Imaginez alors (et c’est la sorte d’histoire que je préfère) l’aventure d’une importante Zone Autonome Temporaire durant six semaines ou même deux ans, le sens commun de l’illumination, la camaraderie, l’euphorie – le sens individuel de puissance, de destinée, de créativité. Aucun de ceux qui ont jamais expérimenté quelque chose de ce genre ne peut admettre, un seul moment, que le danger du risque et de l’échec pourrait contrebalancer la pure gloire de ces brefs moments d’élévation.

Dépassons le mythe de l’échec et nous sentirons, comme la douce brise qui annonce la pluie dans le désert, la certitude intime du succès. Connaître, désirer, agir – en un sens nous ne pouvons désirer ce que nous ne connaissons déjà. Mais nous avons connu le succès de l’anarchie pendant un long moment maintenant – par fragments, peut-être, par flashes, mais réel, aussi réel que la mousson, aussi réel que la passion. Si ce n’était pas le cas, comment pourrions-nous la désirer et agir peu ou prou à sa victoire ?

Hakim Bey. Titre original : « The Willimantic/Rensselaer Questions » tiré de : Anarchy and the End of History, pp. 87-92. Traduction française par Spartakus FreeMann, avril 2009 e.v.

Notes :

[1] John Zerzan est un auteur américain anarchiste, philosophe du primitivisme. Ses travaux critiquent la civilisation comme oppressante dans son essence, et défendent des modes de vie conçus comme plus libres tirant leur inspiration des chasseurs-cueilleurs préhistoriques.

[2] Industrial Workers of the World ou IWW (les adhérents du syndicat sont aussi appelés plus familièrement les Wobblies) est un syndicat international fondé aux États-Unis en 1905 dont le siège actuel se trouve à Cincinnati dans l’Ohio. Aujourd’hui, l’organisation milite activement, et compte environ 2 000 membres à travers le monde. L’adhésion aux IWW ne requiert pas de travailler dans une entreprise où existe une représentation syndicale, ni n’exclut l’adhésion à une autre organisation syndicale.

[3] Revue anarchiste nord-américaine.

[4] La tekhnè ou technè, du grec τέχνη, désigne le savoir-faire des métiers de l’artisanat ou de l’art, l’action efficace chez les grecs de l’antiquité. Elle s’oppose chez Aristote à la praxis, qui est la sphère de l’action proprement dite.

Déposé par  sur KAOSPHORUS

La dialectique peut-elle casser des vitres ?

À l’automne 2010, en plein dans le mouvement des retraites qui secouait alors l’économie et la vie sociale en France, une polémique enflait sur la présence de « casseurs » au sein des manifestations, cristalisée autour de l’affaire du « ninja ». Polémique qui n’est que la redite d’un éternel débat ; en réalité une approche dogmatique (et gestionnaire) du prolétariat. L’AG Turbin, une assemblée parisienne de plusieurs centaines de personnes, tentait alors d’en expliquer le fond. Il nous a paru intéressant de relire ce texte avant de sombrer, à nouveau, dans des dénonciations malvenues.

Dans le mouvement en cours, la grève se heurte à certaines limites. L’encadrement législatif du « droit de grève » avec les réquisitions qui forcent les grévistes à travailler sous la menace de la prison, le service minimum et l’interdiction des occupations cherchent à limiter les effets de la grève. La légalisation de la part la moins efficace des luttes et la pénalisation de leur part la plus offensive est une des méthodes pour les contrôler – même si le mouvement, quand il est en recherche de puissance et de commun, ne se focalise pas sur ces distinctions et que pour lui la légalité n’est pas une frontière infranchissable ni l’illégalité un but en soi.

Le premier des dispositifs répressifs, c’est le parcours négocié et encadré par les flics, la collaboration des services d’ordre syndicaux et l’attention à ce que tout demeure sous contrôle.

Il en va de même pour la manifestation. Le premier des dispositifs répressifs, c’est le parcours négocié et encadré par les flics, la collaboration des services d’ordre syndicaux et l’attention à ce que tout demeure sous contrôle. Chercher à sortir de ce dispositif, c’est tenter de constituer une force collective, se réapproprier la rue et sortir du simple comptage des forces en présence. C’est ce qui s’est passé le soir du samedi 16 octobre, lorsqu’un groupe de plusieurs centaines de personnes a quitté le rassemblement officiel pour tenter d’occuper l’opéra Bastille dans l’idée d’y tenir une assemblée générale et perturber la retransmission en direct du spectacle. Ce type d’action a eu lieu un peu partout et participait d’une dynamique générale. Ailleurs aussi, on cherchait à sortir du cadre institué des manifestations.

À l’issue de cette tentative, on compte une quarantaine de personnes interpellées et placées en garde à vue. La garde à vue (reconduite automatiquement à 48 heures) est utilisée par les flics comme une punition en tant que telle. Sur ces quarante personnes, huit sont poursuivies, certaines pour participation « à un groupement, même formé de façon temporaire, en vue de la préparation, caractérisée par un ou plusieurs faits matériels, de violences volontaires contre les personnes ou de destructions ou dégradations de biens » et violences sur agents. Parmi les arrêtés se sont aussi trouvés des gens qui étaient déjà sous contrôle judiciaire pour des poursuites liées à des actions antérieures. Leur contrôle leur interdisait de se rencontrer : interpellés tous deux ce soir-là, ils auraient selon la justice violé cette obligation. L’argument ne tient pas : ils ont été arrêtés en compagnie de dizaines de personnes et l’action, appelée publiquement, rassemblait des centaines de personnes. Convoqués par un juge d’instruction, ils ont reçu un avertissement avec menace de réincarcération « la prochaine fois ». Cinq des huit qui vont passer en jugement sont aussi placés sous contrôle judiciaire.

Au final, ce qu’on leur reproche, c’est d’avoir participé à une manifestation au lieu de faire profil bas et de rester chez eux. Le contrôle judiciaire est une méthode d’intimidation et d’isolement. Il s’agit d’interdire à certains de fréquenter certains lieux, de voir certaines personnes, d’avoir certaines attitudes : bref il revient à empêcher ceux qui sont dans le collimateur du pouvoir de participer à la contestation sociale sous peine d’emprisonnement. Au total, la répression, comme toujours, se décline en plusieurs versions, s’individualise de manière à briser les solidarités collectives.

Ce qui est juridiquement réprimé dans la participation à cette manifestation, c’est d’avoir été partie prenante d’une action au cours de laquelle quelques vitrines de banque ont été brisées. L’idée, assez bien illustrée par l’usage de cette fameuse « loi sur les bandes » récemment votée, c’est que la simple participation à un rassemblement, un « attroupement » ou une action nous rend pénalement coresponsable de tout ce qui s’y passe. Pour autant, on le voit bien, c’est le fait même de sortir des cadres institués et des formes d’organisation habituelles qui est visé.

Soyons clairs : s’en prendre à un symbole du capitalisme en brisant une vitrine de banque n’a rien d’exceptionnel ni d’incompréhensible. Des pratiques offensives comme des sabotages ou des affrontements avec les flics font partie intégrante de la lutte d’hier comme de celle d’aujourd’hui. Mais on voit actuellement que la répression touche non seulement ceux qui sont directement accusés de mener ces attaques, mais aussi tous ceux qui les entourent. Ces lois ont pour objectif de ne rendre possible que les actions encadrées par des services d’ordre, où les participants doivent se fliquer eux-mêmes, et où rien ne peut jamais se passer. Tout vise à policer nos pratiques et nos esprits.

Dans le discours policier et médiatique, l’attaque d’une vitrine de banque devient l’œuvre des « casseurs ».

Dans le discours policier et médiatique, l’attaque d’une vitrine de banque devient l’œuvre des « casseurs ». Ce terme, utilisé exclusivement dans le but de disqualifier les pratiques d’action directe est une catégorie abstraite construite de part en part. Celle-ci gomme une réalité sociale complexe et la dessaisit de tout contenu politique. Ces pratiques deviennent de la destruction purement asociale, sans perspective ni sens.

Qu’on dise que les casseurs « ne sont que des voyous » ou qu’on imagine, comme c’est si souvent le cas aujourd’hui, qu’il s’agisse de flics déguisés et infiltrés dans les manifestations relève, au fond, d’un même raisonnement : le « casseur » est étranger à la lutte, extérieur au mouvement.

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18 octobre 2010, à Nanterre
Médias et organisations de gauche ont été prompt à condamner les lycéens de Nanterre. Le mouvement lycéen débordé par les casseurs titrait le Figaro. Trop jeunes, trop pauvres, tropcolorés, pour faire partie du mouvement ? Les affrontements sont trop souvent renvoyés à la marge et à l’extériorité.
Surfant sur le complotisme ambiant, des politiciens ou des syndicalistes comme Mélenchon et Thibault ressortent un discours vieux comme le stalinisme : tout ce qui leur échappe et qu’ils ne peuvent contrôler est accusé d’être manipulé par les flics.

Il est vrai que, depuis quelques années, des flics en civils ont de moins en moins peur de venir au cœur des manifestations pour procéder à des interpellations. Il est important de ne pas les tolérer et, lorsqu’ils sont clairement identifiés, de les chasser dans la mesure du possible . Cependant, cela a fait monter la paranoïa au point que certains voient des flics partout. Surfant sur le complotisme ambiant, des politiciens ou des syndicalistes comme Mélenchon et Thibault ressortent un discours vieux comme le stalinisme : tout ce qui leur échappe et qu’ils ne peuvent contrôler est accusé d’être manipulé par les flics.

L’hystérie politicienne et médiatique a crû autour de l’épisode du « casseur ninja », comme l’a appelé la presse. A partir d’images confuses diffusées sur Internet, les théories les plus délirantes ont proliféré : l’action de l’opéra était organisée par des flics, ou en tout cas voulue par la préfecture, des journalistes étaient déjà positionnés pour diffuser des images de violence au 20 heures, etc. Sous couvert de complotisme ressort l’idée que tout ce qui offensif et illégal ne peut avoir lieu que si le pouvoir en est à l’origine ou du moins laisse faire. On se persuade si bien de la toute-puissance de l’État que le moindre acte de révolte devient suspect. Le contrôle social est tel qu’il s’insinue dans les cervelles qu’il est impossible d’y échapper. On en arrive à une identification entre la barrière du légal et le champ du possible.

Cette frénésie, cette confusion, alimentent directement la répression : les flics se sont lancés, brigade criminelle en tête, à la recherche des protagonistes masqués de la vidéo et ont déjà incarcéré quelqu’un sous cette accusation. (Il est à Fleury-Mérogis jusqu’à son procès le 6 décembre prochain.) Dans d’autres villes aussi, par exemple à Nanterre et à Lyon, l’obsession des casseurs pousse la police à utiliser des moyens d’enquête sophistiqués, le plus souvent dédiés au grand banditisme, pour retrouver ceux qui se sont affrontés avec les CRS : photos haute résolution depuis un hélicoptère, recherche d’ADN sur des cailloux, etc.

Ainsi, tout concourt à ce qu’on devienne notre propre flic : la peur et la paranoïa, le soucis de la légitimité du mouvement, la répression ciblée sur tous ceux qui veulent sortir des sentiers battus.

Il nous faut rompre cette paranoïa et l’individualisation causée par la répression en s’organisant collectivement.

16 novembre 2010

Texte tiré du recueil : Soap opéra & lutte de classes

P.-S.

Cette phase répressive marquait également la fin du mouvement des retraites. Les derniers sites en grève étaient lâchés un par un par les confédérations syndicales. 
Suite à la tentative râtée d’occuper l’Opéra Bastille, 8 personnes avaient été mises sous contrôle judiciaire, qui dura près de 2 ans. Ils ont été relaxés.
Le « ninja » a été condamné à 1 an de prison dont 6 mois fermes, malgré le fait que la personnes « agressée » ait plaidé en sa faveur au tribunal, après avoir compris la portée du geste, et affirmé avoir porté plainte sous pression des flics.

LU SUR PARIS LUTTES INFO

Un premier mai libertaire très agité

Le premier mai libertaire c’est d’habitude l’occasion d’une balade dans l’Est parisien… Cette année, ça a été beaucoup plus tendu. Compte-rendu partiel qui sera complété au fur et à mesure avec les différentes informations rassemblées. Pour tout complément d’information, notamment sur les interpellé-e-s, écrire à paris-luttes-infos (arobase) riseup.net.

Mise à jour 9 h samedi : cinq personnes étaient en garde à vue, trois d'entre elles hier soir sont sorties à 20 h. Trois personnes sont accusées à tort de dégradations, et deux de violence sur agent dépositaire de l'autorité publique.

Acte I : la balade mouillée

Arrivée à place des Fêtes, comme d’habitude, il y a un peu de monde, sans être très massif. Entre 500 et 1 000 personnes. Comme d’habitude, somme toute. 
L’ambiance est assez sympa, bien qu’un peu folklorique comme souvent. Beaucoup de drapeaux noir et rouge et noir. Les orgas sont présentes. La FA a un beau bloc en tête de manif, la CNT, groupée autour du camion a un peu moins de monde que d’habitude. Alternative libertaire est présent plus en queue. Des groupes collent des affiches autour de la manif. Les slogans sont comme d’habitude tournés vers nos ennemis les bourgeois et les flics. « A bas l’état, les flics et les patrons », « Pierre par pierre, mur par mur, nous détruirons toutes les prisons« …

En haut de la rue de Belleville, il pleut beaucoup trop, les tracts commencent à fondre dans la main et les afficheurs arrêtent d’afficher. On se dirige tranquillement vers une manif K-Way…

Acte II : Hein quoi ? Qu’est-ce qui se passe ?

Jusqu’ici c’était tranquille. Arrivée au niveau du métro Belleville, ça se speede d’un coup sans qu’on comprenne vraiment pourquoi [1]
Certains camarades s’appliquent à défoncer une agence du Crédit Lyonnais. 
Lafon, le super flic de la DCRI chargé de l’extrême gauche à Paris, cherche à s’interposer pour arrêter les vilains casseurs. L’imprudent trébuche. Non sans quelques dissensions dans le cortège, il se carapate en courant grâce à une exfiltration par le SO de la CNT.

Passé ce léger incident, on continue à descendre la rue du Faubourg du Temple. Une autre banque est éclatée. Puis c’est au tour de Monoprix de se faire complètement exploser la vitrine. A noter que celle-ci n’a résisté que 6 secondes. Pas très solide. Décidément malchanceuse, c’est encore une banque LCL qui se fait casser sa devanture. Métro Goncourt on voit pour la première fois des robocops, en l’occurrence des gardes mobiles, qui essuient quelques rares jets de bouteilles.

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Le monoprix après le passage de la manif

Acte III : 2e round, retour au calme forcé

Une personne de la CNT prend la parole pour expliquer que la manif ne « pourra pas continuer dans ce climat de violence extrême« . Elle est huée par une partie conséquente de la foule, et pas seulement ceux qui cassaient des trucs.

Pendant ce temps, les flics se positionnent en latéral, avec des tenues anti-émeutes. On sent qu’il y aura plus grand chose de possible.

On se ramène ensuite sur le boulevard Ferry où on s’aperçoit qu’il y a de plus en plus de flics, et notamment des civils qui sont massifs. On avance assez vite et on se retrouve sur le boulevard Richard Lenoir à 200 m de la place de la Bastille. On sent que les flics cherchent des gens pour pouvoir les serrer (sans doute les gens qui ont tapé leur collègue précédemment).

On tourne dans la rue du Chemin vert (trajet déposé à la préfecture) où on stationne pendant 20 minutes sous une pluie battante. On n’aurait jamais dû s’engager dans cette rue, idéale pour une nasse policière. Les flics en ligne forment une prison à ciel ouvert et commencent à faire sortir les gens au compte-goutte. Sauf qu’ils avaient repéré du monde à arrêter et les BACeux plongent sur eux et s’en saisissent.

S’en suit une grande mêlée ponctuée par un gazage. Le groupe est séparé en plusieurs morceaux et une grosse partie se retrouve sur le boulevard Beaumarchais tandis que le reste est encore dans la nasse. La même scène se reproduit plusieurs fois, jusqu’à ce qu’au final il n’y ait plus personne dans la nasse. Au passage les flics ont fait des arrestations. 4 à priori.

Nous sommes ensuite repoussés par les flics et leurs boucliers jusqu’à la place de la Bastille, désespérément vide pour un Premier Mai…


Notes

[1Apparemment selon d’autres sources, le Franprix avant l’arrivée à Belleville avait déjà fait les frais d’une autoréduction puis d’une descente en règle de la vitrine.

LU SUR PARIS LUTTES INFO

L’anarchisme révolutionnaire de Flores Magon

L'anarchisme révolutionnaire de Flores Magon
Ricardo Flores Magon participe au cycle révolutionnaire du Mexique des années 1910. Il propose un anarchisme de classe fondé sur l’action directe. 

 

L’anarchisme révolutionnaire n’est pas un courant politique qui existe uniquement dans l’Europe occidentale. Certains gauchistes postmodernes considèrent la perspective d’une révolution mondiale comme un projet colonial pour imposer l’universalisme occidental. Ils justifient ainsi l’acceptation des traditions communautaires avec ses hiérarchies et sa morale patriarcale. Les communautés indigènes au Mexique, duChiapas ou de Oaxaca, sont alors présentées comme émancipatrices.

Mais le Mexique abrite également une véritable culture libertaire. Ricardo Flores Magon incarne ce mouvement anarchiste et révolutionnaire. Il participe à de nombreuses révoltes dans le Mexique des années 1910. Il se place du côté des illégaux, des brigands, des rebelles. Ses textes incitent à l’action et à l’insurrection, loin de la résignation postmoderne et du fatalisme marchand. Le mouvement magoniste existe toujours, même si les anarchistes préfèrent médiatiser les pitreries du sous commandant Marcos.

 

 

Ricardo et Enrique Flores Magon pendant la Révolution de  1910 (auteur et date inconnus)

 

Appel à l’insurrection

 

« Dans la pâleur du paysage se dessine la silhouette d’un géant : l’insurrection », écrit Ricardo Flores Magon. Il évoque, avec lyrisme et passion, les diverses révoltes ouvrières. Malgré leur échec, elles permettent de raviver la perspective d’une rupture avec la barbarie capitaliste. « Ainsi vivent les classes dirigeantes, de la souffrance et de la mort des classes dirigées. Pauvres et riches, opprimés et despotes, égarés par l’habitude et les usages ancestraux, considèrent cette situation absurde comme naturelle », souligne Ricardo Flores Magon. Il propose une véritable analyse de classe de la société. Il attaque également les valeurs traditionnelles qui imposent l’acceptation de l’ordre social.

Mais la réflexion critique peut transformer l’esclave en rebelle. Même si la théorie ne remplace pas l’action, indispensable pour véritablement transformer la société. « Le droit à la révolte pénètre les consciences. Le mécontentement grandit, le malaise devient insupportable. La contestation éclate et tout s’embrase », poursuit Ricardo Flores Magon. La conscience de classe permet l’émergence d’une colère spontanée qui ne provient d’aucune avant-garde. La révolte apparaît comme une respiration, indispensable pour vivre.

 

L’anarchiste illégaliste préfère le voleur au mendiant qui quémande une aumône à genoux devant le bourgeois. La dignité du voleur devient préférable à la soumission de l’honnête citoyen qui se prosterne devant la légalité bourgeoise. « En violant les lois promulguées par la bourgeoisie, je ne fais que rétablir la justice bafouée par les riches, qui volent les pauvres au nom de la loi », écrit Ricardo Flores Magon.

la suite sur zones-subversives.over-blog.com

Paris : « Indymedia s’attaque aux Vélib », ou la misère de l’information

 

Le collectif du site d’info alternatif Indymedia Nantes serait soudainement devenu activiste anti-Vélib à Paris et Montreuil apprend-on sur le site de RTL.

Des activistes d’extrême gauche ont mené une opération anti-Vélib’ à Paris, entre mardi 15 et mercredi 16 avril. Le groupe Indymedia s’en est pris à 456 vélos situés dans l’est de la capitale et Montreuil en leur crevant les pneus. Anti-fasciste et anti-capitaliste, Indymedia a revendiqué l’opération, accusant le fabriquant JC Decaux d’esclavagisme.

Une info foireuse (il s’agit évidemment d’un communiqué anonyme) qui témoigne d’une bien grande méconnaissance des sites alternatifs. La responsabilité d’Indymedia est reprise en coeur par Le Figaro, Direct Matin, 20 Minutes (« le mouvement anti-fasciste et anti-capitaliste Indymedia) », etc. Combien d’infos merdiques ou de mensonges relayés à tour de bras par les pisse-copies dans leur chasse aux clics, c’est la question que l’affaire soulève.

Soutien aux camarades d’Indymedia Nantes dont on espère que la bêtise des journalistes en question ne va pas les obliger à devoir répondre, devant les flics, de toutes les actions revendiquées sur le site participatif. Le communiqué de revendication :

[Paris-Montreuil] Vélib’ pris pour cible

Depuis quelques temps déjà, JC Decaux et la justice collaborent : en effet dorénavant lorsque la police interpelle un mineur accusé de vol ou de dégradation sur des Vélib’, JC Decaux peut les faire travailler gratuitement à titre de sanction dans ses ateliers de réparation, avec la bénédiction d’un juge pour enfant.

L’esclavage ne s’arrête pas là : le 2 avril dernier, un détenu s’évadait de la prison de Villepinte (93), en se cachant dans un carton contenant des pièces détachées entrant dans la fabrication de ces jouets pour bobos. Leurs chers Vélib’ sont donc en partie fabriqués en taule…Non content d’être une des premières fortunes de France, JC Decaux s’engraisse également sur l’exploitation de prisonniers, en partenariat avec l’Administration Pénitentiaire, les juges et juges pour enfant.

Pour ces quelques raisons, nous avons voulu faire payer ces esclavagistes.

Dans la nuit du 14 au 15 avril, sous une magnifique pleine lune, dans les 10ème, 11ème et 12ème arrondissements ainsi qu’à Montreuil, les pneus de 453 Vélib’ ont été crevés.

Ainsi nous envoyons un clin d’oeil à l’évadé de Villepinte, malheureusement rattrapé.

Vive la belle,

Crève les pneus.

Face à la justice et au travail, on se dégonfle pas.

lu sur http://paris-luttes.info/

Rencontre avec quelques personnes du Transfo

Le Transfo, lieu occupé depuis novembre 2012 est menacé d’expulsion. Mais c’est surtout un lieu de vie, d’activités et de rencontres. Entretien avec quelques personnes qui participent au lieu.


Le Transfo, espace occupé

« Le Transfo est un espace occupé depuis le 14 novembre 2012.

Ce lieu de près d’un hectare qui appartient à EDF est vide depuis plusieurs années. EDF est une sale entreprise qui rackette chaque foyer en vendant de l’énergie nucléaire qui nous empoisonne la vie. Elle spécule aussi sur l’immobilier.

Face à cette logique du fric, nous investissons collectivement ce lieu sur des bases non-marchandes.

Nous invitons les collectifs et toutes personnes à découvrir, à participer aux différentes activités déjà vivantes, à venir proposer leurs envies, à faire vivre ces lieux dans la gratuité, le partage des pratiques et des connaissances.

Ces mots ne prennent sens que dans des pratiques ancrées dans une lutte contre l’État, le système capitaliste, le sexisme, le racisme et toutes les formes de domination.

Ce lieu est grand. Il y a de la place pour les initiatives, projets et envies. C’est ouvert et plein de potentiel, alors venez ! »


Comment s’est mis en place le collectif du Transfo ?

Nous étions une vingtaine à habiter ensemble, dans un ancien immeuble de la DDE (Direction Départementale de l’Équipement) à Montreuil et on s’en est fait expulser mi-septembre 2012. On cherchait une habitation. On a trouvé le Transfo. En visitant, on a vu que c’était très grand : il y avait un immeuble d’habitation, et qu’il y avait aussi moyen de faire un immense espace d’activités collectives.

Mi-octobre, on était prêt à investir les lieux. On a fait une réunion pour mobiliser du monde à l’ouverture du lieu.

Nous n’avions pas vraiment réfléchi à un projet politique clair, ni au fonctionnement du lieu. Même s’il y avait des grandes lignes, c’était à définir, à clarifier. Plein de gens sont venus à la réunion préparatoire. Puis, il y a eu une Assemblée Générale où les grandes lignes ont été posées.

Un texte a été écrit suite à cette réunion, “Le Transfo, comment ça marche ?” car il y a eu une demande de beaucoup pour clarifier ce qu’était le Transfo.

Une des bases est que c’était un espace de gratuité. Il y a un lieu pour les concerts mais ce n’est pas un espace récréatif.

Au-delà de la gratuité, il y avait une volonté de mettre en place des choses, dans une perspective anti-autoritaire, anti-raciste et anti-sexiste, même si dans le concret, ce n’est pas toujours simple à mettre en place. On ne voulait pas se lancer dans l’événementiel : on s’en fout de faire des concerts. Si concert il y a, ce sont des concerts de soutien pour des collectifs qui ont besoin de tunes.

Une idée fondamentale est aussi celle de prendre les décisions au consensus et de faire les choses par nous-mêmes. L’espace-temps d’organisation est l’assemblée générale qui se tient tous les dimanches à 14h. S’y réunissent des individus ou des collectifs qui font vivre le lieu ou viennent avec leurs propositions…

Il y a un aussi un collectif d’habitants dans un seul immeuble. Certains des habitants participent aux lieux collectifs du Transfo, d’autres n’y participent pas. La première volonté du collectif ouvreur était d’habiter le lieu. Dans ce lieu, il y avait la possibilité de séparer l’habitation du lieu collectif.

Dans la réalité, c’est plus compliqué. Les gens qui habitent au Transfo ne sont pas obligés de faire partie de l’assemblé des lieux collectifs. Évidemment habiter au Transfo implique forcément une forme de participation. Par exemple, s’il y a un concert avec 1000 personnes, il vaut mieux que les habitants soient là.

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A l’entrée, une fresque peinte l’été dernier.

Quels sont les collectifs qui sont venus au Transfo ?

Beaucoup de monde est passé au Transfo. Beaucoup de gens s’y sont rencontrés. C’est un espace d’organisation et de travail. Des gens de milieux différents se rencontrent aux concerts, aux cafésou aux ateliers même s’ils ne sont pas venus par les mêmes collectifs.

Le collectif de soutien à Notre-Dame-des-Landes en Ile-de-France est venu assez vite. Il y a des antipubs, des antifas, des musiciens, peintres, bricoleurs… Certains venaient pour le café du jeudi soir et se retrouvent à intégrer les collectifs. Beaucoup de choses viennent de la rencontre des gens ici.

Quelles sont les activités du Transfo ?

Il y a des activités fixes et des activités ponctuelles. La liste est longue et évolue au fil du temps. Pour se tenir au jus, rendez-vous sur l’agenda du Transfo.

On peut dire ici ce qui se déroule régulièrement :

– l’assemblée générale des lieux collectifs tous les dimanches à 14h.
– une assemblée de soutien à Notre-Dame-des-Landes une semaine sur deux, les mardi à 20h.
– l’atelier qui propose par exemple de se retrouver tous les mercredis après-midi pour fabriquer ou réparer son vélo.
– les réunions hebdomadaires de Paris-Luttes.Info, non ?
– la récup’ de légumes à Rungis qui s’organise tous les vendredis matins avec le camion collectif. Quand le camion rentre au Transfo, un tri est organisé. Puis d’autres collectifs viennent se servir pour alimenter leurs maisons, des cantines ou des distributions gratuites. Au Transfo, on essaye de se tenir à une distribution par semaine. On a commencé devant les grilles du squat, maintenant, on préfère faire les choses de manière plus spontanée en distribuant dans des endroits différents et sans prévenir à l’avance. On a été un peu débordé par le nombre de personnes qui venaient et ça perdait l’aspect rencontre et discussion avec les gens.
– il y a rapidement eu des cantines et des projections régulières le samedi. Ça s’est arrêté un temps. Là, il y a une nouvelle motiv’ en cours pour les cantines. L’idée des projections a été reprise et c’est deux vendredis par mois avec des discussions.
– Et bien sûr, y’a des concerts. Comme le prochain en soutien à la lutte NO TAV.

L’atelier cabane est un bon exemple de réappropriation du lieu…

On est parti de rien et on a tout installé.

À l’époque des débuts de la cabane, il y avait des personnes qui avaient la maîtrise des outils, puis certains sont partis pour des raisons diverses et on a voulu continuer l’atelier, réaménager le bâtiment : il a fallu repartir de zéro. Entre nous, les gens du noyau dur de l’atelier, personne ne faisait un métier manuel. Il a fallu prendre du temps et vérifier tout ce qu’on faisait ! Il a fallu demander pas mal de conseils pour l’électricité. On a appris la soudure par un copain artisan en métal. Ça se fait petit à petit.

On ne produit pas aussi vite que du temps de la cabane mais on se met en confiance avec les outils avec l’idée de se réapproprier les choses qu’on consomme et qu’on utilise. Il y a la volonté de savoir gérer son électricité, son moyen de transport (le vélo) de manière libre et non marchande. On peut apprendre à réparer son vélo et à le faire.

En ce moment, une éolienne se fabrique, c’est pas une mince affaire. Elle va aller sur la ZAD !

Avez-vous cherché à créer des liens dans le quartier ?

On a été amené à s’immiscer dans la vie du quartier, avec le tournoi de boxe, les Transfolies, les cantines et les cinémas dont on a déjà parlé, ou ne serait-ce que par la distribution de légumes de Rungis. Après, on est bien conscient-e que c’est le temps qui permet de rencontrer et d’avoir la confiance des habitant-e-s d’un quartier.

Dans le collectif d’habitation, certains viennent de Montreuil, et connaissent des gens et ça fait des liens dans le quartier. Ici il y a des gens qu’on croise et qu’on connaît. On est proche de personnes sur le quartier des Coutures à Bagnolet, Robespierre, les puces, le Rémouleur, le foyer Bara. Et pas mal d’amis squatteurs dans le voisinage.

On a mis pas mal de tracts sur le Transfo dans toutes les boîtes aux lettres. Deux fois. C’est quand même beaucoup de boulot et beaucoup de photocopies ! Ça a touché des gens pour un concert et pour un café mais c’était très limité. On a aussi recouvert Montreuil et Bagnolet d’un chouette sticker qui a marqué quelques esprits… Il y a eu pas mal d’affiches aussi.

Pour décider, on peut prendre du temps mais on se décide au consensus. Parfois, c’est rapide. Souvent, cela demande de prendre le temps de discuter et de se mettre d’accord.

Sticker pour la défense du Transfo

 

Les critères c’est quoi ?

Les concerts c’est pour les collectifs autonomes qui ne sont pas des partis ou des syndicats. C’est un moyen comme un autre de se financer, et ça fait partie de l’entraide inhérente aux mouvements autonomes. Un moyen comme un autre d’avoir des tunes !

On discute de la pertinence de soutenir ces collectifs dans leur demande. On voit leur contenu, leurs objectifs politiques. On se donne un peu de temps pour voir qui sont les collectifs qui viennent nous demander un concert. On peut se donner une semaine de réflexion, par exemple.

On a dit non à des personnes qui viennent tourner des clips ou à des propositions plus politiques qui ne convenaient pas.

On a pu refuser des demandes de collectifs type citoyenniste ou celles qui ne correspondait pas vraiment avec la volonté d’autonomie qu’on défend au Transfo. Pour nous, il faut que ça ait du sens et que ça colle avec le Transfo. Mais on essaye de ne pas être trop binaire non plus. Parfois les choses se goupillent bien et des projets se sont enrichis grâce aux rencontres faites aux AG.

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Une vue urbaine depuis le 4e étage du bâtiment C.

Quels sont vos liens avec les autres squats ?

Y’a des outils collectifs, certains squats viennent avec nous pour la récup. Le camion par exemple est collectif. Plusieurs maisons ont mis des sous pour l’acheter.

Beaucoup de gens qui se sont rencontrés ici ont lancé d’autres initiatives ailleurs.

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Quelle est la situation actuelle du Transfo ?

La situation juridique est complexe et mériterait peut être un article à part entière. Pour faire court : il y a trois propriétaires EDF, Sofilo et RTE, nés de la scission d’EDF. Du coup, il y a trois procédures juridiques différentes.

Nous sommes expulsables de l’habitation qui appartient à EDF depuis mars 2013 mais on ne devrait a priori pas être expulsés avant l’appel qui aura lieu le 15 mai et qu’on espère bien “gagner”.

L’atelier du Transfo qui appartient à RTE est expulsable depuis peu de temps. On a fait appel bien sûr…

Les deux bâtiments du milieu qui sont à Sofilo ne le sont pas pour le moment. L’affaire vient d’être renvoyée en cour d’appel (sans passer par la case première instance !). On a donc a priori encore au moins 6 mois devant nous…

Tout cet aspect juridique n’est vraiment pas une fin en soi. On essaye juste de gagner un maximum de temps. On n’est pas dupe. On sait que la justice statuera en fin de compte contre nous, comme toujours.

On ne cherche pas non plus à durer à tout prix. On ne négociera pas avec le proprio, la mairie ou autre. On est légitime dans ce lieu du simple fait de son occupation. On n’a pas à négocier quoi que ce soit.

On fonctionne avec un numéro d’urgence : 06 72 53 02 40.

Le jour de l’expulsion, un SMS groupé sera envoyé. L’année dernière, il y avait des réunions de défense. Quand on verra que la situation le nécessite, on les remettra en marche. Des rendez-vous avaient été donnés à tel endroit en cas d’expulsion. En cas d’expulsion, évidemment il y aurait une réaction.

Ça brasse suffisamment de monde et d’envies pour que ce ne soit pas une expulsion “blanche”.
Pour être “inscrit-e” et tenu-e au courant, il suffit d’envoyer un SMS du téléphone que l’on souhaite inscrire à la liste d’urgence.

lu sur transfo.squat.net

Vendredi 18 avril 2014: Mouvement anarchiste et antirépression en Biélorussie

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Vendredi 18 avril 2014, à 19h30 au Transfo :

Cette année, l’Anarchist Black Cross Belarus fait une tournée d’information en Europe. Nous avons plusieurs objectifs. Nous voulons présenter la semaine de solidarité avec les prisonnierEs anarchistes qui aura lieu fin août 2014. C’est le projet de plusieurs groupes ABC européens qui veulent unir leur efforts pour soutenir nos camarades en prison.

Nous voulons aussi partager des informations à propos du mouvement anarchiste en Biélorussie. Nous espérons que les histoires des luttes d’autres endroits vous aideront dans vos propres luttes. Il est impossible de parler de mouvement anarchiste en Biélorussie sans mentionner les répressions auxquelles le mouvement fait face et comment on y réagit.

Nous souhaiterions discuter de votre expérience de la répression et de ce qui vous aide à y faire face.
Le fonctionnement de l’ABC nécessite constamment de l’argent aussi nous souhaiterions collecter des fonds pour aider les prisonniers, en payant leurs avocats, des livres et de la cantine. Nous avons aussi besoin d’argent pour imprimer de la propagande.

Le programme de la soirée :

-La situation actuelle du mouvement anarchiste en Biélorussie
-La situation actuelle de la répression en Biélorussie
-La semaine de solidarité avec les prisonniers anarchistes
-Discussion sur “L’antirépression et le travail de solidarité au sein du mouvement anarchiste”
-Écriture de lettres et de cartes postales

Quelques dates de la tournée européenne :

14/04 Nancy – CCAN 69, rue Mon Desert, 54000 Nancy
15/04 Bruxelles – Acrata, 32 Rue de la Grande Île
16/04 Day off
17/04 Lille – CCL, 4, rue de Colmar
18/04 Paris – Transfo 57 avenue de la République, à Bagnolet
19/04 Paris – Librairie Publico – 145 Rue Amelot
20/04 Day off
21/04 Brest
22/04 Notre-Dame-des-Landes – ZAD
23/04 Angers – L’Etincelle 26 rue Maillé
24/04 Bordeaux – L’Oukaze, 38 rue du Marechal Lyautey à Bègles
25/04 Pau – La Tor deu Borreu, 2 rue de la fontaine
27/04 Santurze ou Bilbao
28/04 Burgos
29/04 Salamanca / Madrid
05/05 Granada
07/05 Valencia
08/05 Teruel
09/05 Zaragoza
10/05 Badalona
11/05 Barcelona
12/05 Toulouse
13/05 Alès – la Rétive 42 rue du Faubourg d’Auvergne
14/05 Montpellier – La Mauvaise Réputation 20 rue Terral
15/05 Valence – Le Laboratoire
16/05 Grenoble – BAF 2 chemin des Alpins + concert !
17/05 Saint-Étienne – Avatarium, Musée de la Mine
18/05 Day off
19/05 Clermont Hôtel des Vil-e-s, 55 avenue de l’Union Soviétique
20/05 Day off
21/05 Lyon
22/05 Dijon – Snack Friche (quartier Lentillères) rue Philippe Guignard

ABC-Belarus-Solidarity-Infotour-2014