Le 31 juillet 1977, parmi 60.000 citoyens antinucléaires qui manifestent contre la construction du surgénérateur Superphénix à Creys-Malville (Isère), Vital Michalon est tué par l’explosion d’une grenade offensive tirée par les forces de police.
En 1977, pour accueillir cette manifestation d’ampleur, préparée depuis plusieurs mois, le préfet René Jannin a déployé des moyens importants : 5000 CRS, gendarmes et gardes mobiles, hélicoptères, véhicules amphibies, ponts mobiles, un régiment de gendarmes parachutistes et des membres des brigades anti-émeutes. 5500 hectares autour du périmètre de la centrale sont interdits à toute circulation.
Vital Michalon, 31 ans, est abattu par un tir tendu de grenade lacrymogène. L’autopsie conclura à une mort causée par des « lésions pulmonaires du type de celles que l’on retrouve lors d’une explosion ». Plusieurs dizaines de manifestants sont blessés, dont deux mutilés, Michel Grandjean et Manfred Schultz : l’un perd un pied et l’autre une main. Le CRS Tousot perd aussi une main avec la grenade qu’il voulait lancer.
Il faut rappeler qu’à l’époque, tous les moyens ont été utilisés pour imposer la construction du Superphénix :
aucune procédure de consultation de la population,
de puissantes campagnes de désinformation de la part d’EDF et du CEA,
de graves violences policières dont celles aboutissant à la mort de Vital Michalon, et à l’amputation de Michel Grandjean et de Manfred Schultz.
Un document récupéré par des antinucléaires a montré que le PDG d’EDF d’alors, M. Boiteux, avait demandé que soit accélérée l’autorisation administrative de construction pour empêcher toute expression démocratique : « La meilleure façon de contrecarrer la contestation (…) est d’engager au plus vite, de manière irréversible, l’opération ».
La suite des évènements a donné raison à Vital et à l’ensemble des manifestants puisque Superphénix a été définitivement arrêté en 1998 après une suite invraisemblable d’avaries. En décembre 2006, EDF a annoncé n’avoir démantelé que 38% du réacteur, mais le plus difficile reste à venir avec les 5500 tonnes de sodium liquide (matière qui s’enflamme au contact de l’air et explose au contact de l’eau…). Depuis son arrêt, 200 personnes sont obligés de travailler en permanence sur le site pour éviter que ça ne s’emballe… alors qu’il n’y a aucune production. Le bilan économique et industriel de ce surgénérateur est catastrophique : 10 milliards d’euros pour 178 jours de fonctionnement effectif. Sans compter ce que cela va coûter en plus pendant des années ; en effet chaque jour on est obligé de fournir à cette centrale à l’arrêt l’énergie comparable à ce que consomme une ville de 15.000 habitants.
Or, malgré l’échec total de Superphénix, l’État français entend renouveler l’expérience : le projet appelé « réacteur de quatrième génération » n’est autre qu’une nouvelle tentative de faire fonctionner un réacteur de type Superphénix.
Voir (de PMO) De Superphénix à ITER : 30 ans de défaite
« Etat Nucléaire = Etat Totalitaire ! »
C’est ce que criaient les manifestants en 1977. Nous en sommes toujours au même point. En souvenir de Vital Michalon, et pour préserver les générations futures, nous devons continuer à exiger un débat démocratique sur ce projet dont la dangerosité planétaire est établie.
Lu sur Rebellyon