Repas de soutien à l’Assemblée des précaires de l’éducation
PENSER L’ÉMANCIPATION 2017
Résistons Ensemble No 160
Voici en pdf, le No 160, février 2017, du petit journal mobile recto-verso A4 « RESISTONS ENSEMBLE » du réseau contre les violences policières et sécuritaires. Il est destiné à être photocopié et à être diffusé localement, si le journal vous plaît. Vous êtes invitEes à participer à son élaboration, à sa rédaction à se joindre à l’équipe de rédaction. Nous attendons vos contributions, propositions, critiques …
à bientôt.
L’équipe de rédaction
Pour télécharger ce bulletin mis en page au format pdf :
http://resistons.lautre.net/spip.php?article570
« Nos quartiers ne sont pas des déserts politiques »
Entretien avec Samir du Mouvement de l’Immigration et des Banlieues
Depuis que les exactions des policiers d’Aulnay-sous-bois ont été rendues publiques, les émeutes nocturnes en banlieue parisienne ne semblent pas vouloir s’arrêter et ce malgré les appels au calme et les menaces de l’exécutif. Un lecteur de lundimatin a donc jugé pertinent de nous faire parvenir l’entretien qu’il a mené avec Samir, militant issu du Mouvement de l’immigration et des banlieues. Ce dernier revient sur sa politisation en banlieue dans les années 90, sur les émeutes de novembre 2005, sur le rôle des associations de quartier et nous donne son point de vue sur le mouvement actuel #justicepourtheo. Il livre ici une analyse particulière sur le prolongement de l’émeute dans l’action militante, voire politique et dans la jonction avec d’autres formes de luttes.
- Bonjour Samir, peux-tu nous parler de ton parcours politique ? Tu as notamment fait partie du Mouvement de l’immigration et des banlieues (Mib) dans les années 90. Quelle était la particularité de votre démarche politique dans les quartiers populaires ?
- Le conflit avec la police a commencé très tôt, dans les année 88-89. Mais ce qui m’a construit en tant que militant s’est produit le 17 décembre 97. Abdelkader Bouziane a été tué par la brigade anti-criminalité. On n’était pas encore politisés, mais on a organisé des émeutes sur plusieurs jours, suite à son meurtre d’une balle derrière la tête. On connaissait la police, c’est-à-dire qu’on savait qu’ils étaient là pour nous faire mal et pas pour nous aider. On s’est organisés de la manière qui nous semblait la meilleure et celle que l’on connaissait : l’émeute.
Par la suite, on a rencontré des gens extérieurs au quartier : ils étaient du Mib. Ils nous ont expliqué que l’émeute c’était bien – une forme d’acte politique, efficace sur un court terme – mais que la meilleure manière de nous défendre dans un quartier, c’était de nous organiser entre nous, les habitants. Ils nous parlaient de l’autonomie et de l’auto-organisation : les meilleurs moyens selon eux pour parvenir à rétablir la vérité sur des crimes policiers sans laisser les « arabes et les noirs de service » (qui à l’époque étaient de S.O.S racisme) faire leur sale travail. Pour les contrecarrer et éviter la récupération, il fallait raconter notre propre histoire sur ces violences. Ils nous ont expliqué qu’ils ne le feraient pas à notre place, mais qu’ils allaient nous former et nous apporter une aide pour nous auto-organiser et parler de nos problèmes (rénovation urbaine, violences policières et racisme ambiant) de ces trente dernières années. C’est ce qui nous a amené à devenir amis avec eux. Et puis ils n’ont jamais condamné les émeutes. Au contraire, ils nous ont soutenus en affirmant que c’était des actes politiques. Mais pour eux insuffisants : il fallait leur donner une suite en faisant de la politique dans nos quartiers par l’éducation populaire. Nos quartiers ne sont pas des déserts politiques, il y a toujours eu des luttes et des mouvements autonomes, mais toujours étouffés par les supplétifs du parti socialiste et de la droite.
a lire intégralement sur LUNDI MATIN
Repas de soutien aux grévistes de la Fnac des Champs Elysées à la Cantine des Pyrénées
Alejandro Finisterre, le poète libertaire qui inventa le baby-foot
Tout le monde connaît le baby-foot. Même s’il commence à tomber un peu en désuétude, il y a encore quelques années de ça, pas un bistrot n’en était pas équipé. Et les parties frénétiques moyennant une pièce de deux francs faisaient partie du rituel des cafés, dans les villages comme en ville. Ce qu’on sait moins, c’est que son histoire commença durant la Guerre d’Espagne et qu’on doit, même si sa paternité a été revendiquée par d’autres, son invention à un jeune poète libertaire âgé alors de 18 ans.
Alejandro Campos Ramírez est un jeune galicien originaire de La Corgne, né en 1919 dans un village appelé Finisterre – du latin finis terrae, la « fin de la terre ». Il avait fait le rêve de devenir un jour un grand architecte, mais il n’avait réussi jusque-là à ne se faire embaucher que comme aide-maçon. Il vivait de ça et de quelques corrections de travaux scolaires d’élèves plus jeunes, ce qui lui permettait de payer ses études dans un lycée de la capitale. Mais sa véritable vocation était la poésie, domaine dans lequel il commence à se faire peu à peu connaître sous le nom d’Alejandro Finisterre. Il se fait par la suite embaucher comme apprenti dans une imprimerie. Il se rapproche par la même occasion de cet univers de bohème des artistes qu’il admire, dont le poète républicain León Felipe, de qui il devient proche. Alejandro a 17 ans et se définit comme un anarchiste pacifiste qui aspire à vivre un jour dans un monde où l’être humain n’éprouvera plus le besoin d’être gouverné par quelque autorité que ce soit. Il baignait dans cet idéal, quand éclata en Espagne la Guerre Civile.
En novembre 1936, la maison dans laquelle il vivait fut touchée par les bombardements. Resté coincé sous les décombres., il en sort salement blessé à la jambe et avec des problèmes respiratoires. Il fut transporté en zone républicaine, d’abord à Valence, puis à l’hôpital de Montserrat. Il resta en convalescence un certain temps dans cet ancien hôtel de luxe réquisitionné pour soigner les blessés de guerre du camp républicain. Il y croisa un nombre important d’enfants blessés ou mutilés. Ce qui le toucha au plus profond de sa chair de libertaire. Bien des années plus tard, en 2004, il le raconta à un journaliste de La Vanguardía de Barcelone :
« Nous étions en 1937. J’adorais le football, mais j’étais devenu boiteux et ne pouvais pas jouer… Et, par dessus tout, je souffrais de voir ces petits garçons, blessés ou amputés, qui ne pouvaient pas jouer au ballon avec les autres enfants… Je me suis dit : s’il existe du tennis de table, il doit bien pouvoir aussi exister du football de table ! Je me suis procuré quelques barres en fer et un charpentier basque réfugié là, Javier Altuna, façonna les petites figurines de bois. Il fit le coffrage de la table en bois de pin je crois, et la balle avec un bon morceau de liège aggloméré catalan. Cela permettait un meilleur contrôle de la balle, de pouvoir la bloquer et lui donner de l’effet… »
LU ET A FINIR DE LIRE SUR ONCLEFREDO
Ni pardon, ni oubli
Appel à la Solidarité avec Güneş Erzurumluoğlu
Une vie non fasciste, nouvelle introduction
par Vincent Casanova, Joseph Confavreux, Laurence Duchêne, Dominique Dupart, Carine Fouteau, Stany Grelet, Paul Guillibert, Thibault Henneton, Xavier de La Porte, Aude Lalande, Philippe Mangeot, Petra Neuenhaus, Carole Peclers, Lise Wajeman & Pierre Zaoui
Illustrations d’Antoine Perrot
On vit tous, depuis plus d’un siècle, sur une ligne de crête : un pas de plus, un pas trop loin en trépignant dans son bon droit et on tombe dans le fascisme ou on le voit surgir subitement en soi, ou encore on le sent nous traverser comme un flux irrésistible et anonyme. C’est avant tout pour cela que nous tenons encore à employer le mot « fasciste ». On ne peut pas renoncer à employer un tel terme au nom de sa confusion avec d’autres formes peu sympathiques de politique (populisme, racisme ordinaire, autoritarisme classique…), puisque le propre du fascisme est justement de tout confondre, de tout mélanger, de tout ensorceler. Les affects fascistes ne sont pas solubles dans une logique de camps ou de classes. On les retrouve partout, de l’extrême-droite à l’extrême-gauche, en passant par de policés ministres de l’Intérieur ou du Budget prétendus de centre-gauche. Bref, parce que le premier danger est de découvrir le fascisme non pas en l’autre mais en soi : dans une pulsion raciste insoupçonnée, dans une subite fureur de destruction, dans le sentiment irrépressible d’un « tous pourris », dans une haine impuissante ressassant ses échecs répétés. De ce point de vue, le plus important, face au fascisme, est de se demander comment s’en protéger avant d’en accuser les autres depuis le bunker de sa bonne conscience, ou de pointer du doigt les nouveaux ventres féconds de la bête immonde. Même si Dieu sait — et il n’est pas le seul — combien les fascismes menacent aujourd’hui, partout : en France, en Hongrie, en Europe, aux États-Unis, de la Pologne aux îles Kouriles, en Syrie, en Égypte, en Israël, dans la péninsule amérindienne, en Norvège, au Pérou, chez les Tchèques, au sud des Abruzzes, au printemps, l’été même, parfois la nuit, en Turquie, en Chine, à Djibouti et au Kenya, partout. Mais commençons par tester nos propres capacités de défense véritablement non-fascistes. Michel Foucault a écrit en 1975 une flamboyante préface à L’Anti-Œdipe de Deleuze et Guattari qui s’intitulait « Introduction à la vie non-fasciste ». Tentons de lui redonner une forme actuelle. Une sorte de vade mecum par gros temps.
LIRE EN INTÉGRALITÉ SUR VACARMES
2017, Communisme et Fumigènes
Mais qui va faire la vaisselle?
Les détricoteuses étaient donc des menteuses… [Histoire, jacobinisme et langues régionales] Par Alèssi Dell’Umbria
« Pourtant à la fin du XIX siècle, personne n’empêchait l’enseignement des langues régionales » . Mathilde Larrère. Historienne.
« Les langues des minorités ont eu toujours leur place à l’école ». Laurence De Cock. Historienne.
On trouve ces perles sur Mediapart où, sous la rubrique « Les détricoteuses » les deux enseignantes se donnent la réplique dans de petits montages qui épinglent les énormités les plus flagrantes émises par diverses personnalités de droite. « L’école c’était mieux avant », c’est le titre, qui se veut ironique, de la séquence en question, en réponse au sinistre Eric Zemmour. Après une brève apologie de « l’État éducateur », Larrère et De Cock évoquent ce maire qui, dans le Var, a envoyé les flics s’opposer à un cours d’arabe dans une école. C’est alors, à 4’20″, que sortent ces affirmations :
« Pourtant, à la fin du XIXº siècle personne n’empêchait l’enseignement des langues régionales »affirme l’une, l’autre enchérissant : « les langues des minorités ont eu toujours leur place à l’école »
Ignorance ou falsification, une contre-vérité aussi flagrante assénée avec autant d’assurance par des historiennes qui prétendent par ailleurs « déconstruire le roman national » ? En tous cas, les réactionnaires déclarés ne sont à l’évidence pas les seuls à défendre bec et ongles le socle de mensonges sur lequel repose l’édifice bétonné de l’Histoire de France…
« Le roman national, c’est une invention du XIXº siècle destinée à fabriquer des petits Français patriotes » dit par ailleurs Mathilde Larrère. « Et pour ça, on enjolivait les faits en supprimant les pages honteuses » lui répond Laurence de Cock. Exactement ce qu’elles viennent de faire en débitant une énormité qui exonère l’école de la République de l’ethnocide commis à l’intérieur de l’hexagone durant près d’un siècle, et qui n’est sans doute pas l’une des pages les moins honteuses de l’histoire de cet État-nation.
Quand on s’autorise comme elles de Suzanne Citron, qui avait quand même reconnu le rôle de l’institution scolaire dans la destruction des langues non officielles parlées (et même écrites) dans l’espace hexagonal, il devrait être tout simplement impensable de proférer une telle contre-vérité. Nous voici donc obligés de répéter une évidence : les langues des minorités n’ont jamais eu leur place à l’école de la IIIº République, qui a été précisément chargée de les éradiquer pour transformer les petits pacoulins en bons Français -voilà cet « État éducateur » dont De Cock et Larrère cultivent par ailleurs la nostalgie.
ARTICLE A LIRE EN INTÉGRALITÉ SUR lundi.am