Hier. 18h30. Université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis. Le bâtiment A est occupé depuis 15h par des étudiant.e.s dans le but d’y accueillir des réfugié.e.s et exilé.e.s, en plein hiver. Le bâtiment de deux étages est barricadé, et séparé en plusieurs ailes. Au 1er étage, une grande salle sert de cantine, de salle commune dans laquelle 200 personnes tiennent une Assemblée Générale. A l’étage supérieur, 6 salles servent de dortoir aux exilé.e.s, dont une salle exclusivement réservée aux femmes.
Création du 1er syndicat de prisonnier-es (PRP) et grève des matons
Voilà 2 semaines que les gardiens de prison ont abandonné leurs postes pour fanfaronner à la télé et pleurnicher sur leur situation (à se demander à quoi ils s’attendaient en passant le concours). Ça réclame plus d’armes, plus de personnel, plus d’encadrement, bref plus de sécuritaire. Et pendant ce temps, la machine carcérale continue de tourner et de broyer des vies au quotidien. A l’extérieur, les familles n’ont pas de nouvelles de leurs proches, se retrouvent bloquées devant les parloirs avec comme accueil ligne de matons et pneus en feu. Et la pression monte, les journées se ressemblent et sont toujours plus sombres.
Alors avant que tout explose et que le débat s’oriente sur « la violence des prisonnier.e.s », des proches d’incarcéré.e.s, qui viennent de créer le 1er syndicat de prisonniers (le PRP), prennent la parole pour dénoncer les violences de l’AP et de l’État, et faire le point sur la situation qu’ils vivent actuellement : Fermeture des parloirs et de l’accueil aux familles, remises de peines bloquées, jugements reportés pour les prévenu.e.s comme les condamné.e.s, pas d’accès aux cabines téléphoniques, à la promenade et à la plupart des activités, fermeture des cantines et rationnement des gamelles, coupures d’eau/ d’électricité, pneus cramés devant les portes…
Revue de presse et émission à ce propos consultables sur le site de L’Envolée et présentation du syndicat >>ici<<
Documentaire : Protestas propuestas procesos, solidarité et résistance contre-culturelle au Pérou (Lima)
Le documentaire Protestas, Propuestas y Procesos est désormais disponible en ligne pour être librement diffusé. Pirate et diffuse !
Projet documentaire qui retrace 10 ans de luttes sociales et de mouvements contre-culturels dans la capitale péruvienne. Au sein de ce monstre urbain de 10 millions d’habitants qu’est Lima, la solidarité et l’organisation dans les quartiers populaires au travers d’initiatives indépendantes signent le renouveau d’une activité politique contestataire. Ce condensé audiovisuel retrace et croise le parcours de divers collectifs qui utilisent la musique, la peinture murale, le cirque, la sérigraphie ou la photographie pour former un réseau de contre-pouvoirs en marge des grands médias et des structures institutionnelles. Face aux violences policières, aux trahisons des différents gouvernements et en réponse à une réalité sociale très dure, la jeunesse a su trouver sa voix au travers de la contre-culture et de l’autonomie.
Vu sur BBoykonsian
Idée lecture : Chambre 2, de Julie Bonnie. La condition féminine à travers le corps et le travail des femmes…
Un bouquin qui pourrait s’appeler L’usine à faire accoucher les femmes, mais pour lequel l’auteure a choisi un titre plus soft, Chambre 2.
C’est l’histoire d’une femme qui a vécu de manière plutôt libre et nomade, avec quelqu’un qu’elle aimait, au sein d’une troupe hétéroclite de musiciens et de danseurs. Avec le déclin des cabarets, elle doit changer de mode de vie et se retrouve du jour au lendemain à devoir travailler dans une maternité en tant qu’auxiliaire de puériculture, dans des conditions qu’elle ne supporte pas, qui sont une véritable torture pour celles dont c’est le job comme pour celles qui accouchent. Tout le mérite de ce livre, c’est qu’il conjugue la vision d’une femme sur sa propre condition d’exploitée au sein de l’institution hospitalière, avec un discours sur la violence faite aux femmes et à leurs corps. Dominée hiérarchiquement, physiquement fatiguée, stressée et rejetée au travail, le double regard qu’elle porte sur les choses permet d’aborder des problématiques qui ne sont pas si courantes que ça, alors qu’elles concernent tout le monde.
Pour celleux qui sont phobiques de l’hôpital, pas d’inquiétude : nous sont passés les détails les plus cliniques, et la trame de fond du bouquin, c’est la vie de la nana quand elle se mettait bien.
En complément de ce livre, il peut être intéressant de lire la brochure Accouchement et patriarcat médical : Épisiotomie. (en libre téléchargement ici, ou à lire sur Infokiosques.net) ; ou encore Sororité, la solidarité politique entre les femmes, de Bell Hooks (téléchargeable ici ou à lire directement sur Infokiosques.net).
Enjoy !
Rennes : Invitation à construire un réseau de ravitaillement des luttes du pays rennais
Le réseau de ravitaillement des luttes rennais a effectué sa première livraison de soutien en compagnie du cartel des cantines qui a nourri les facteurs et factrices en grève et leurs soutiens ce mardi 9 janvier 2018 au bureau de poste Crimée.
Voici une présentation de ce réseau de ravitaillement :
Que se soit lors des luttes sociales ou écologiques, d’occupations en mouvements de blocages, la nécessité se fait sentir de trouver les moyens de nous nourrir pour faire vivre les grèves et leur permettre de durer.
Nous souhaitons donc mettre en place un réseau de ravitaillement, afin de renforcer les liens entre luttes urbaines et rurales.
Des dynamiques existent déjà dans ce sens, qui permettent d’approvisionner les luttes avec ce que nous produisons et/ou transformons collectivement : champ collectif, glânage, récup, cantines régulières (Maison de la Grève du mardi au jeudi midi) ou ponctuelles (manifestations, piquets de grève, lieux occupés…).
Nous voulons à la fois penser la construction d’un réseau sur le long terme et tenter d’être opérationnel au plus tôt.
Nos droits sociaux et politiques sont sans cesse attaqués par nos dirigeants (ordonnances macron, baisse des APL…). Nos conditions de vie sociale et environnementale se dégradent du fait de politiques urbaines et industrielles désastreuses (étalement urbain, artificialisation de terres agricoles pour accueillir centres commerciaux et parcs d’attraction, aéroport de Notre-Dame-des-Landes…).
Les raisons de lutter ne manquent pas.
L’ambition est donc de relier et d’étoffer les gestes de ravitaillement. Parce qu’ils sont précieux et aident à tenir ; parce que nous voulons renforcer la circulation et les liens entre les mondes en lutte ; parce qu’il est urgent de s’essayer à d’autres formes de distribution des denrées alimentaires que celles dictées par l’économie capitaliste ; nous vous adressons cette invitation à constituer ensemble un réseau de ravitaillement des luttes dans le pays rennais.
Lire la suite sur Expansive.info
Pour participer au projet
Ivry-sur-Seine (94) : Jargan, nouvelle bibliothèque autogérée
À toutes les amoureuses et amoureux de la lecture, nous avons le plaisir de vous annoncer la création d’une bibliothèque autogérée au CSA Vaydom à Ivry-sur-Seine : Jargan !
Le Centre Social Autogéré Vaydom permet à des personnes et à des familles précarisées d’avoir un toit et de vivre décemment. C’est aussi un espace politique et anti-autoritaire de rencontres, d’activités et d’événements : projections de films, débats, cours de sport et de langues, infokiosque, ateliers théâtre, cantine populaire…
À l’image du CSA, Jargan est ouverte à tou·tes. Tou·tes les membres sont sur un pied d’égalité, et vous êtes tou·tes les bienvenu·es pour faire vivre ce lieu, participer aux événements, lire sur place ou emprunter des ouvrages gratuitement, dans le cadre des horaires d’ouverture au public du Vaydom.
Si vous avez des livres à donner, ou si vous souhaitez apporter votre aide de manière ponctuelle ou régulière (par exemple pour l’accueil des lecteurs et lectrices, l’organisation d’événements, le classement des livres ou la fabrication d’étagères), n’hésitez pas à contacter Jargan ou à lui rendre visite directement.
La curiosité de Jargan est infinie. Elle s’intéresse à tous les types d’ouvrages (tant qu’ils sont compatibles avec les valeurs du Vaydom), dans toutes les langues : bandes dessinées, romans, essais politiques et sociologiques, revues militantes, livres d’histoire, d’art, d’anthropologie, de philosophie, de sciences…
Parce qu’elle pense que la lecture est une invitation à sortir de soi pour aller vers l’autre, Jargan souhaite devenir un lieu de rencontres et de partage, et recherche tout particulièrement des livres qui éveillent les consciences, qui développent l’esprit de résistance à la domination et qui donnent les outils pour construire un monde plus juste, égalitaire, solidaire, antiraciste, féministe, écologique et respectueux des droits de toutes les minorités.
Une permanence aura lieu chaque dimanche entre 16 h et 20 h, avec un espace informel de discussions improvisées et un espace dédié aux événements littéraires et politiques organisés par Jargan : présentation d’ouvrages ou de revues, lectures publiques suivies de débats, ateliers contes pour les enfants… Jargan est ouverte à toutes vos suggestions pour étoffer son programme. On pourra ensuite prolonger la soirée avec un délicieux repas à la cantine populaire (autogérée et à prix libre).
Le lancement de Jargan est prévu le dimanche 17 décembre entre 16 h et 20 h, avec la présentation de Panthère Première. C’est une revue de critique sociale animée par un collectif non-mixte, dans un esprit féministe. Nous découvrirons dimanche son premier numéro, autour du dossier « Quiproclash ! Mordre et se faire mordre la langue » Au programme, la lecture de textes de cette revue ainsi que d’autres que nous pourrons choisir ensemble.
Vous pouvez contacter Jargan à l’adresse suivante : jargan@@@riseup.net
Si vous souhaitez en savoir plus sur le Vaydom, nous vous invitons à lire les articles du site Paris-luttes-info : « Le Vaydom, nouveau centre social autogéré à Ivry », « Portes ouvertes et cantine populaire au Centre social autogéré d’Ivry ».
Centre Social Autogéré Vaydom
37 rue Marceau
Ivry-sur-Seine (94)
Métro 7 Pierre et Marie Curie, Tram 3 Maryse Bastié
Info lue sur Infokiosques.net
Soirée de soutien aux Migrant-es à Bauer
Face aux identitaires et au racisme d’état #DefendPaname le 25 Novembre
Samedi 25 novembre 2017 : Stand de femmes en lutte 93 à Saint-Denis contre les violences faites aux femmes
Programme de la Cantine des Pyrénées à Paris – Novembre 2017
Pour info, la Cantine des Pyrénées est un lieu d’entraide et de solidarité dans le 20ème arrondissement à Paris, au 77 rue de la mare métro Jourdain
ZAD de NDDL, 21-22 octobre 2017 : Invitation aux comités, organisations, collectifs, individus qui luttent de près ou de loin contre l’aéroport et son monde
Manifestation, Chantiers, Balades, Discussions, Fête
Samedi 21 octobre – RDV fourche en main à 10h sur la ZAD
Le 21 octobre, nous vous invitons à une mobilisation pour continuer à poser les bases d’un avenir sans aéroport, à travers une nouvelle étape dans la mise en partage de terres sur la ZAD.
Depuis la victoire face à l’opération César en 2013, le mouvement a mis en culture plus de 200ha de terres sur la ZAD. Il s’agissait à chaque fois de terres reprises à celles gérées par AGO-VINCI et destinées par cette multinationale à être englouties sous le béton. S’y sont développées une grande diversité d’activités paysannes (céréales, légumineuses, maraîchages, plantes médicinales, verger, jardins, apiculture, élevage de moutons, vaches, poules), avec leurs espaces de transformation (boulangeries, meunerie, conserverie…) et de redistribution (marché à prix libre pour les habitant.e.s de la ZAD et des voisin.e.s des alentours, soutien à des projets de cantines, migrant.e.s, piquets de grève et autres luttes).
Sur la ZAD, ces expériences paysannes sont étroitement entremêlées avec les pratiques d’autonomie sur des questions de construction, d’habitat, de soin, de fête… Elles sont prises dans la résistance contre le projet d’aéroport et plus généralement dans les solidarités qui se tissent ici face à la marchandisation de nos vies et à la destruction du vivant. Elles se pensent en lien avec le soin du bocage – de sa faune et de sa flore – que nous avons réussi à défendre victorieusement jusqu’ici.
A l’occasion du 21 octobre, nous vous appelons à soutenir l’installation de plusieurs nouveaux projets sur les terres de la ZAD – officiels ou hors-cadre : vergers pour des groupements d’achat nantais et pour la ZAD, pâturages à moutons, champs de patate, céréales, jardins vivriers… Ce sera aussi l’occasion de marquer la prise en charge par le mouvement des espaces boisés – forêts et haies de la ZAD.
Dimanche 22 octobre – 9h30 à 17h et plus … – La Wardine
D’ici la fin de l’année, le gouvernement devrait annoncer une décision concernant le projet d’aéroport à NDDL sur la base du rapport que lui remettront les médiateurs. Si le projet devait se maintenir, plus que jamais nous aurons besoin de nous retrouver et nous organiser face à un éventuel démarrage des travaux. Et, si celui-ci devait être abandonné, au-delà de la formidable victoire que cela signifierait pour le mouvement, beaucoup resterait à faire pour défendre l’avenir de la ZAD ! Depuis le début de la médiation la possibilité de l’abandon du projet d’aéroport est évoquée comme une hypothèse plausible. Certes, rien n’est gagné et nous restons vigilant-e-s, mais il s’avère essentiel pour le mouvement « contre l’aéroport et son monde » de réfléchir ensemble de façon plus approfondie à la période à venir et à la suite de la lutte.
Mi-décembre, Macron prévoit d’organiser un événement pour les deux ans de l’accord de Paris sur le réchauffement climatique (COP21), il pourrait annoncer durant cette période l’abandon du projet et s’ériger en défenseur du climat. En cas d’abandon, le gouvernement fera tout pour tirer la couverture à lui tout en essayant de se débarrasser de la ZAD. Ce sera alors au mouvement dans son ensemble de rappeler que cette victoire est le fruit d’une lutte de longue haleine, qui s’est d’ores et déjà étendue au-delà de la question de l’aéroport. Mais le rapport de force avec le gouvernement ne s’arrêtera pas là. Une nouvelle étape de la lutte s’ouvrira autour de l’avenir de la ZAD et de ses possibles.
Tract à télécharger concernant ce weekend du 21-22 octobre –> ici <–
Plus d’infos sur Zone à défendre
Le Diable Au Corps, un nouveau lieu politique sur Rouen
Rouen s’apprête à accueillir un nouveau lieu politique, alors le site d’infos A l’ouest est allé à la rencontre des nouveaux locataires du 100 rue Saint-Hilaire pour découvrir ce qui se cache derrière l’énigmatique nom du “Diable au Corps”.
Bibliothèque, studio d’enregistrement radio, lieu de montage vidéo et d’impression papier, permanences LGBT, etc…
L’inauguration aura lieu le 13 octobre à partir de 18h avec une présentation du lieu, un buffet et plein d’autres choses!
Lire tout l’interview de A l’ouest.info à ce propos
Entretien avec un jeune Français engagé dans la reprise de Rakka
En novembre dernier, les Forces démocratiques syriennes (FDS) lançaient tout juste l’offensive sur Rakka, la capitale de facto de l’organisation État islamique (EI) en Syrie. Un mois plus tard, Arnaud (son prénom a été changé), la petite vingtaine, montait dans l’avion. Direction l’Irak. Plus précisément Souleymanieh au Kurdistan irakien, où il avait rendez-vous avec un contact kurde des Unités de protection du peuple (YPG), une composante indispensable des FDS.
Cela fait désormais près de huit mois qu’Arnaud se bat contre l’EI. Après avoir passé plusieurs mois sur le front, Arnaud reprend des forces à l’arrière – à cause d’une vilaine blessure au pouce survenue à l’entraînement. Ce mercredi, il repart au front pour participer à la reprise totale de la ville de Rakka, dont l’EI ne contrôle plus que la moitié.
VICE News : Pourquoi as-tu eu envie de partir au Rojava [Kurdistan syrien] ?
Arnaud* : Je pensais à cette idée depuis fin 2012. Mais à l’époque je passais mon bac et mes parents voulaient que je continue mes études, parce que j’étais plutôt bon. Ils me me disaient que ça serait dommage que j’arrête l’école. Donc, j’ai fait une année de prépa, un an à la fac, puis je suis parti en Erasmus. Après ça, je me suis dit « Allez c’est bon. Si je pars pas maintenant, je ne partirai jamais. »
J’ai choisi le Rojava, parce que depuis que je suis gamin je suis intéressé par le Moyen-Orient et la géopolitique. Ensuite, au niveau de la réflexion politique pure, ça me paraissait évident de venir ici parce que c’est rare de pouvoir participer à un processus révolutionnaire progressiste et plutôt radical pour la région. Même si ce n’est pas la révolution sociale pure, il y a quand même des choses qui sont faites pour lutter contre la pauvreté, pour la promotion des luttes féministes et pour la mutltiethnicité. Enfin, la cause kurde m’a beaucoup touchée, elle m’a « enveloppée » on pourrait dire.
Tu étais déjà engagé politiquement en France ?
Ça faisait un moment oui – depuis le lycée, en gros. À l’époque, je m’intéressais déjà beaucoup à la politique radicale, mais je vivais dans la campagne profonde. Du coup, je disais à mes parents que j’allais à des anniversaires ou en soirées, pour en fait, participer à des manifs ou à des réunions politiques. Après le lycée, j’ai commencé à vivre en ville et à m’impliquer vraiment dans la politique radicale. Au début, j’étais avec les groupes antifascistes, puis je me suis intéressé aux groupes antispécistes et vegan. Du coup, je suis devenu végétarien, puis vegan. Mais ici, c’est fini. J’ai rencontré trois autres vegan sur place, mais on a tous arrêté. C’est impossible – à moins de crever.
a lire ICI
Hambourg été 2017 : j’y suis, j’y reste !
Lettre d’un prisonnier du G20 du 14.08.17, depuis la prison de Billwerder à Hambourg.
Voilà près d’un mois et demi que j’ai été incarcéré, pendant le douzième sommet du G20, à Hambourg, dans une ville qui a été assiégée et prise en otage par les forces de l’ordre mais qui a aussi vu naître pour l’occasion une contestation locale et populaire assez importante.
Des dizaines de milliers de personnes, si ce n’est plus, affluant de toute l’Europe, voire de plus loin, se sont rencontrées, organisées et ont convergé, discuté, défilé ensemble pendant plusieurs jours dans un grand élan de solidarité tout en ayant conscience de pouvoir subir à tout moment la violence et la répression de la police. Un immense tribunal de police en algeco avait même été construit pour l’occasion, afin de sanctionner dans les plus brefs délais toute contestation contre ce sommet international.
Mon interpellation, comme celle de beaucoup de compagnon(ne)s, ne reposant uniquement sur la seule base de la sacro-sainte parole policière, celle d’une brigade habilitée à s’infiltrer, observer et prendre en filature « ses proies » (quarante-cinq minutes dans mon cas, pour un supposé jet de projectile…), jusqu’à ce qu’une fois isolées, il y ait la possibilité de les interpeller en leur envoyant des collègues qui interviennent rapidement, violemment, ne nous laissant aucun échappatoire.
Me voilà donc enfermé dans ces lieux primordiaux au bon fonctionnement d’un ordre social global, ces lieux servant d’outil de contrôle et de gestion de la misère, essentiels au maintien de leur « paix sociale ». La prison agissant comme une épée de Damoclès au dessus de chaque individu afin qu’il soit pétrifié à l’idée de déroger aux codes et diktat d’un ordre établi : « métro, boulot, conso, dodo », auquel aucun dominé ne devrait échapper pour ainsi s’aliéner au travail et à la vie qui va avec, être à l’heure, sans jamais broncher, et pas seulement au second tour des présidentielles, où on a exigé de nous d’être « En Marche » ou de crever, mais de préférence lentement et silencieusement.
Le droit n’ayant aucune vocation à assurer l’intérêt général, ni d’être neutre, il est l’expression d’une domination toujours plus accrue et instituée par les plus puissants afin de leur garantir propriété et sécurité et ainsi tétaniser, sanctionner, marginaliser toute personne ne voyant pas les choses ainsi ou ne s’y pliant pas.
Au-delà des cas des militant(e)s enfermé(e)s, assez soutenu(e)s et mis en avant dans ces cas-là, perdurent aussi mais surtout ceux d’hommes et de femmes livrés à la brutalité et à la cruauté de l’enfermement carcéral. Par ici le travail est gratifié un euro de l’heure, dont la moitié de cet euro n’etant touchable qu’une fois libéré. Dans mon aile, des détenus en détention provisoire ou pour de courtes peines (de six mois à quatre ans) ne le sont principalement que pour une seule raison : leur condition et origine sociale. A part le personnel, très peu sont du pays hôte, tous sont étrangers, réfugiés et/ou précaires, pauvres, fragilisés par la vie. Leur crime : ne pas s’être soumis à « leurs » règles du jeu pour la majorité en se livrant à la vente de stups’ ou en commettant vols, escroqueries, seuls ou en bandes organisées à diverses échelles.
L’enfermement est un pilier primordial de ce système mais on ne peut le critiquer sans s’attaquer à la société qui le produit. La prison, ne fonctionnant pas en autarcie, est le parfait maillon d’une société basée sur l’exploitation, la domination et la séparation sous ses formes variées.
« Le travail et la prison sont deux piliers essentiels au contrôle social, le travail étant la meilleure des polices et la réinsertion un chantage permanent. »
Pensées pour les camarades italiens faisant face à une énième vague de répression, en particulier ceux inculpés dans l’enquête sur « l’engin explosif » déposé devant une librairie liée à Casapound. L’extrême droite se doit de faire face à une riposte organisée, populaire et offensive. Elle qui est si utile et complémentaire à ces États qui se nourrissent de ses aspirations et délires sécuritaires et de sa stigmatisation incessante de « l’étranger ».
Pensées également aux camarades qui affronteront en septembre prochain le procès de la voiture de flics brûlée le dix-huit mai de l’année dernière, à Paris, pendant le mouvement « loi travail ». Beaucoup de personnes sont passées par la prison et deux sont encore incarcérées. Force à eux !
Remerciements aux militants locaux organisant des rassemblements parfois devant notre prison, initiative appréciée par ici et cassant la routine et l’état de léthargie ambiant auquel on nous formate. Remerciements à tous ceux/celles qui nous soutiennent de près ou de loin ici et ailleurs.
Aux Bro’, 161, MFC, OVBT, jeunes sauvages, ceux qui BLF et autres ami(e)s…
Camarades, force !
Libérons les prisonnier(e)s du G20 et tou(te)s les autres ! On n’est pas tout seul !
Un enfermé parmi d’autres
Prison de Billwerder,
Hambourg
14.08.2017