« Stuart Hall percevait l’identité comme un processus, non comme une donnée fixe »

Le « père du multiculturalisme » est mort. Entretien avec l’homme qui l’a édité en France.

Couverture du livre "Identités et cultures", par Stuart Hall (Ed. Amsterdam). (c) Editions Amsterdam.

Ce lundi 10 février est mort Stuart Hall, sociologue majeur du monde anglo-saxon. Considéré comme «le père du multiculturalisme», figure centrale des Cultural Studies, à l’origine d’importants débats sur les médias, la race, le genre ou la sexualité, il avait 82 ans.

Pour ce théoricien né en 1932 à Kingston (Jamaïque), mais qui avait fait toute sa carrière en Grande-Bretagne, la culture était un lieu d’affrontement d’idéologies. Stuart Hall décrivait un monde partagé entre dominants et dominés, avec des diasporas multiculturelles et une incessante activité de traduction d’une culture à l’autre. Au sein de ce débat, un concept fondamental: l’hybridité. «Quand je demande à quelqu’un d’où il vient j’espère toujours qu’il va me répondre: « C’est une histoire très compliquée »», disait-il.

Intellectuel très engagé à gauche, il contribua à refaçonner la vision marxiste du monde. C’est à lui qu’on prête l’invention de l’expression«thatchérisme», qu’il considérait comme un «populisme autoritaire».

Ses textes sont longtemps restés méconnus en France. Ils ont cependant fait l’objet, en 2008 et 2013, d’une publication dans une anthologie en deux volumes, «Identités et cultures» (Ed. Amsterdam). Leur édition avait été établie par Maxime Cervulle, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’Université Paris 8. Il répond ici à nos questions

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Lettre sur l’auto-gestion

Lettre sur l’auto-gestion.
Extrait de correspondance sur un vieux débat.

Je te fais une réponse la plus courte possible. Tu vas la trouver très réactive et pas vraiment argumentée d’un point de vue historique mais j’en ai marre des citations pompeuses et érudites, mais aussi de cette rhétorique mielleuse «des gens sympas» qui veulent que les choses viennent «vraiment d’en bas», parce que c’est vraiment trop mieux et «démocratique».

Que tu te pointes à «l’autogestion de la foire» c’est ton problème. Mais ce qui m’embarrasse c’est que les anarchistes et autres libertaires s’y pointent et se prosternent ou dissertent devant ces formes d’organisations, de gestions, et qu’ils en fassent la préfiguration de ce que pourrait-être une société communiste. Cela me gène profondément. Une forme ne dit rien de ce que peut-être une société débarrassée du fétichisme de la marchandise. D’un point de vue épistémologique c’est même un non-sens. Car les paramètres de réflexions ne sont, à mon avis, pas les bons.

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Mais pourquoi la coupe menstruelle n’est pas vendue en supermarché ?

Une coupe menstruelle (Wikimedias commons/CC)

Je m’appelle Hélène, je suis professeure de langues en Ecosse près de Glasgow. Je suis un peu écolo mais surtout très radine.

J’ai découvert la coupe menstruelle il y a sept ans grâce à un copain – oui, un homme.

Il avait bossé avec des féministes et en parlait ouvertement. Il nous parlait d’un produit qui coûtait 15 euros, qui allait nous éviter d’acheter d’autres produits tous les mois et qui durait dix ans.

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Il faut à tout ce monde un grand coup de fouet. Mouvements sociaux et crise politique dans l’Europe médiévale

L’histoire est un champ de bataille, c’est aussi le cas au Moyen Ầge. Grèves de loyers et de taxes, hérésies communistes, libération sexuelle et luttes des femmes pour le contrôle des naissances, telles sont les aventures méconnues des pauvres et des prolétaires en Europe entre le XIIe et le XVe siècle. Dans ce premier chapitre de « Caliban et la sorcière », publié en exclusivité avec l’aimable autorisation des éditions Entremonde, Silvia Federici fait le récit de ces révoltes antiféodales, et de la contre-révolution aux origines du patriarcat moderne. La sortie de cet ouvrage féministe majeur est prévue pour juin 2014.

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Anarchisme

Par Hakim Bey

Qu’est-ce que l’anarchisme ?

Le Prophète Mahomet a dit que tous ceux qui vous saluent par « Salam ! » (paix) doivent être considérés comme musulmans. De la même manière, tous ceux qui s’appellent eux-mêmes « anarchistes » doivent être considérés comme des anarchistes (à moins qu’ils ne soient des espions de la police) – c’est-à-dire, qu’ils désirent l’abolition du gouvernement. Pour les soufis, la question « Qu’est-ce qu’un musulman? » n’a absolument aucun intérêt. Ils demandent, au contraire, « Qui est ce musulman ? Un dogmatique ignorant ? Un coupeur de cheveux en quatre ? Un hypocrite ? Ou bien est-ce celui qui tend à expérimenter la connaissance, l’amour et la volonté comme un tout harmonieux ? »

« Qu’est-ce qu’un anarchiste ? » n’est pas la bonne question. La bonne question c’est : « Qui est cet anarchiste ? Un dogmatique ignorant ? Un coupeur de cheveux en quatre ? Un hypocrite ? Celui-là qui proclame avoir abattu toutes les idoles, mais qui en vérité n’a fait qu’ériger un nouveau temple pour des fantômes et des abstractions ? Est-ce celui qui essaye de vivre dans l’esprit de l’anarchie, de ne pas être dirigé / de ne pas diriger – ou bien est-ce celui qui ne fait qu’utiliser la rébellion théorique comme excuse à son inconscience, à son ressentiment et à sa misère ? »

Les querelles théologiques mesquines des sectes anarchistes sont devenues excessivement ennuyeuses. Au lieu de demander des définitions (des idéologies), posez la question : « Qu’est-ce que tu sais ? », « quels sont tes véritables désirs ? », « que vas-tu faire à présent ? » et, comme Diaghilev le dit au jeune Cocteau : « Étonne-moi ! »

Qu’est-ce que le gouvernement ?

Le gouvernement peut être décrit comme une relation structurée entre les êtres humains par laquelle le pouvoir est réparti inégalement, de telle manière que la vie créatrice de quelques-uns est réduite pour l’accroissement de celle des autres. Ainsi, le gouvernement agit dans toutes les relations dans lesquelles les intervenants ne sont pas considérés comme des partenaires à part entière agissant dans une dynamique de réciprocité. On peut ainsi voir à l’œuvre le gouvernement dans des cellules sociales aussi petites que la famille ou « informelles » comme les réunions de voisinage – là où le gouvernement ne pourra jamais toucher des organisations bien plus grandes comme les foules en émeute ou les rassemblements de passionnés par leur hobby, les réunions de quaker ou de soviets libres, les banqueteurs ou les œuvres de charité.

Les relations humaines qui s’engagent sur un tel partenariat peuvent, au travers d’un processus d’institutionnalisation, sombrer dans le gouvernement – une histoire d’amour peut évoluer en mariage, cette petite tyrannie de l’avarice de l’amour ; ou bien encore une communauté spontanée, fondée librement afin de rendre possible une certaine manière de vivre désirée par tous ses membres, peut se retrouver dans une situation où elle doit gouverner et exercer une coercition à l’encontre de ses propres enfants, au travers de règles morales mesquines et des reliquats d’idéaux autrefois glorieux.

Ainsi, la tâche de l’anarchie n’est jamais destinée à perdurer qu’à court terme. Partout et toujours les relations humaines seront concrétisées par des institutions et dégénéreront en gouvernements. Peut-être que l’on pourrait soutenir que tout cela est « naturel »… Mais quoi ? Son opposé est tout aussi « naturel ». Et s’il ne l’était pas, alors on pourrait toujours choisir le « non-naturel », l’impossible.

Cependant, nous savons que les relations libres (non gouvernées) sont parfaitement possibles, car nous en faisons l’expérience assez souvent – et plus encore lorsque nous luttons pour les créer. L’anarchiste choisit la tâche (l’art, la jouissance) de maximiser les conditions sociales afin de provoquer l’émergence de telles relations. Puisque c’est ce que nous désirons, c’est ce que nous faisons.

Et les criminels ?

Les considérations ci-dessus peuvent être comprises comme impliquant une forme d’« éthique », une définition mutable de la justice dans un contexte existentiel et situationniste. Les anarchistes ne devraient probablement considérer comme « criminels » que ceux qui contrarient délibérément la réalisation des relations libres. Dans une société hypothétique sans prison, seuls ceux que l’on ne peut dissuader de telles actions pourront être livrés à la « justice populaire » ou même à la vengeance.

Aujourd’hui, cependant, nous ferions bien de réaliser que notre propre détermination à créer de telles relations, même de manière imparfaite et utopique, nous placera inévitablement dans une position de « criminalité » vis-à-vis de l’État, du système légal et probablement de la « loi non écrite » du préjugé populaire. Depuis longtemps être un martyr révolutionnaire est passé de mode – le but présent est de créer autant de liberté que possible sans se faire attraper.

Comment fonctionne une société anarchiste ?

Une société anarchiste œuvre, partout où deux ou plusieurs personnes luttent ensemble, dans une organisation de partenariat original, afin de satisfaire des désirs communs (ou complémentaires). Aucun gouvernement n’est nécessaire pour structurer un groupe de potes, un dîner, un marché noir, un tong (ou une société secrète d’aide mutuelle), un réseau de mail ou un forum, une relation amoureuse, un mouvement social spontané (comme l’écosabotage ou l’activisme anti-SIDA), un groupe artistique, une commune, une assemblée païenne, un club, une plage nudiste, une Zone Autonome Temporaire. La clé, comme l’aurait dit Fourier, c’est la Passion – ou, pour utiliser un mot plus moderne, le désir.

Comment pouvons-nous y parvenir ? En d’autres termes, comment maximiser la potentialité que de telles relations spontanées puissent émerger du corps putrescent d’une société asphyxiée par la gouvernance ? Comment pouvons-nous desserrer les rênes de la passion afin de recréer le monde chaque jour dans une liberté originelle du « libre esprit » et d’un partage des désirs ? Une question à deux balles – et qui ne vaut réellement pas beaucoup plus puisque la seule réponse possible ne relève que de la science-fiction.

Très bien. Mon sens de la stratégie tend vers un rejet des vestiges des tactiques de l’ancienne « Nouvelle Gauche » comme la démo, la performance médiatique, la protestation, la pétition, la résistance non-violente ou le terrorisme aventurier. Ce complexe stratégique a été depuis longtemps récupéré et marchandisé par le Spectacle (si vous me permettez un excès de jargon situationniste).

Deux autres domaines stratégiques, assez différents, semblent bien plus intéressants et prometteurs. Le premier est le processus résumé par John Zerzan [1] dans Elements of Refusal – c’est-à-dire, le refus de mécanismes de contrôle étendus et largement apolitiques inhérents aux institutions comme le travail, l’éducation, la consommation, la politique électorale, les « valeurs familiales », etc. Les anarchistes pourraient tourner leur attention vers des manières d’intensifier et de diriger ces « éléments ». Une telle action pourrait bien tomber dans la catégorie traditionnelle de l’« agitprop », mais éviterait la tendance « gauchiste » à institutionnaliser ou « fétichiser » les programmes d’une élite ou avant-garde révolutionnaire autoproclamée.

L’action dans le domaine des « éléments du refus » est négative, « nihiliste » même, tandis que le second secteur se concentre sur les émergences positives d’organisations spontanées capables de fournir une réelle alternative aux institutions du Contrôle. Ainsi, les actions insurrectionnelles du « refus » sont complétées et accrues par une prolifération et une concaténation des relations du « partenariat original ». En un sens, c’est là une version mise à jour de la vieille stratégie « Wobbly » [2] d’agitation en vue d’une grève générale tout en bâtissant simultanément une nouvelle société sur les décombres de l’ancienne au travers de l’organisation des syndicats. La différence, selon moi, c’est que la lutte doit être élargie au-delà du « problème du travail » afin d’inclure tout le panorama de la « vie de tous les jours » (dans le sens de Debord).

J’ai essayé de faire des propositions bien plus spécifiques dans mon essai Zone Autonome Temporaire (Autonomedia, NY, 1991) ; donc, je me restreindrai ici à mentionner mon idée que le but d’une telle action ne peut être désigné proprement sous le vocable de « révolution » — tout comme la grève générale, par exemple, n’était pas une tactique « révolutionnaire », mais plutôt une « violence sociale » (ainsi que Sorel l’a expliqué). La révolution s’est trahie elle-même en devenant une marchandise supplémentaire, un cataclysme sanglant, un tour de plus dans la machinerie du Contrôle – ce n’est pas ce que nous désirons, nous préférons laisser une chance à l’anarchie de briller.

L’anarchie est-elle la Fin de l’Histoire ?

Si le devenir de l’anarchie n’est jamais « accompli » alors la réponse est non – sauf dans le cas spécial de l’Histoire définie comme auto-valorisation privilégiée des institutions et gouvernements. Mais, l’histoire dans ce sens est déjà probablement morte, a déjà « disparu » dans le Spectacle, ou dans l’obscénité de la Simulation. Tout comme l’anarchie implique une forme de « paléolithisme psychique », elle tend traditionnellement vers un état post-historique qui refléterait celui de la préhistoire. Si les théoriciens français ont raison, nous sommes déjà entrés dans un tel état. L’histoire comme l’histoire (dans le sens de récit) continuera, car il se pourrait que les humains puissent être définis comme des animaux racontant des histoires. Mais l’Histoire, en tant que récit officiel du Contrôle, a perdu son monopole sur le discours. Cela devrait, sans aucun doute, travailler à notre avantage.

Comment l’anarchie perçoit-elle la technologie ?

Si l’anarchie est une forme de « paléolithisme », cela ne signifie nullement que nous devrions retourner à l’Âge de la pierre. Nous sommes intéressés par un retour au Paléolithique et non en lui. Sur ce point, je crois que je suis en désaccord avec Zerzan et le Fifth Estate [3] ainsi qu’avec les futuro-libertariens de CaliforniaLand. Ou plutôt, je suis d’accord avec eux tous, je suis à la fois un luddite et un cyberpunk, donc inacceptable pour les deux partis.

Ma croyance (et non ma connaissance) est qu’une société qui aurait commencé à approcher une anarchie générale traiterait la technologie sur la base de la passion, c’est-à-dire, du désir et du plaisir. La technologie de l’aliénation échouerait à survivre à de telles conditions, alors que la technologie de l’amélioration survivrait probablement. La sauvagerie, cependant, jouerait aussi nécessairement un rôle majeur dans un tel monde, car la sauvagerie est le plaisir. Une société basée sur le plaisir ne permettra jamais à la techné [4] d’interférer avec les plaisirs de la nature.

S’il est vrai que toute techné est une forme de médiation, il en va de même de toute culture. Nous ne rejetons pas la médiation per se (après tout, tous nos sens sont une médiation entre le « monde » et le « cerveau »), mais plutôt la tragique distorsion de la médiation en aliénation. Si le langage lui-même est une forme de médiation alors nous pouvons « purifier le langage de la tribu » ; ce n’est pas la poésie que nous haïssons, mais le langage en tant que contrôle.

Pourquoi l’anarchie n’a-t-elle pas marché auparavant ?

Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? Elle a marché des milliers, des millions de fois. Elle a fonctionné durant 90 % de l’existence humaine, le vieil Âge de la pierre. Elle marche dans les tribus de chasseurs/cueilleurs encore aujourd’hui. Elle marche dans toutes les « relations libres » dont nous avons parlé auparavant. Elle marche chaque fois que vous invitez quelques amis pour un piquenique. Elle a « marché » même dans les « soulèvements ratés » des soviets de Munich ou de Shanghai, de Baja California en 1911, de Fiume en 1919, de Kronstadt en 1912, de Paris en 1968. Elle a marché pour la Commune, les enclaves de Maroons, les utopies pirates. Elle a marché dans les premiers temps du Rhodes Island et de la Pennsylvanie, à Paris en 1870, en Ukraine, en Catalogne et en Aragon.

Le soi-disant futur de l’anarchie est un jugement porté précisément par cette sorte d’Histoire que nous croyons défunte. Il est vrai que peu de ces expériences (sauf pour la préhistoire et les tribus primitives) ont duré longtemps – mais cela ne veut rien dire quant à la valeur de la nature de l’expérience, des individus et des groupes qui vécurent de telles périodes de liberté. Vous pouvez peut-être vous souvenir d’un bref, mais intense amour, un de ces moments qui aujourd’hui encore donne une certaine signification à toute votre vie, avant et après – un « pic d’expérience ». L’Histoire est aveugle à cette portion du spectre, du monde de la « vie de tous les jours » qui peut aussi devenir à l’occasion la scène de l’« irruption du Merveilleux ». Chaque fois que cela arrive, c’est un triomphe de l’anarchie. Imaginez alors (et c’est la sorte d’histoire que je préfère) l’aventure d’une importante Zone Autonome Temporaire durant six semaines ou même deux ans, le sens commun de l’illumination, la camaraderie, l’euphorie – le sens individuel de puissance, de destinée, de créativité. Aucun de ceux qui ont jamais expérimenté quelque chose de ce genre ne peut admettre, un seul moment, que le danger du risque et de l’échec pourrait contrebalancer la pure gloire de ces brefs moments d’élévation.

Dépassons le mythe de l’échec et nous sentirons, comme la douce brise qui annonce la pluie dans le désert, la certitude intime du succès. Connaître, désirer, agir – en un sens nous ne pouvons désirer ce que nous ne connaissons déjà. Mais nous avons connu le succès de l’anarchie pendant un long moment maintenant – par fragments, peut-être, par flashes, mais réel, aussi réel que la mousson, aussi réel que la passion. Si ce n’était pas le cas, comment pourrions-nous la désirer et agir peu ou prou à sa victoire ?

Hakim Bey. Titre original : « The Willimantic/Rensselaer Questions » tiré de : Anarchy and the End of History, pp. 87-92. Traduction française par Spartakus FreeMann, avril 2009 e.v.

Notes :

[1] John Zerzan est un auteur américain anarchiste, philosophe du primitivisme. Ses travaux critiquent la civilisation comme oppressante dans son essence, et défendent des modes de vie conçus comme plus libres tirant leur inspiration des chasseurs-cueilleurs préhistoriques.

[2] Industrial Workers of the World ou IWW (les adhérents du syndicat sont aussi appelés plus familièrement les Wobblies) est un syndicat international fondé aux États-Unis en 1905 dont le siège actuel se trouve à Cincinnati dans l’Ohio. Aujourd’hui, l’organisation milite activement, et compte environ 2 000 membres à travers le monde. L’adhésion aux IWW ne requiert pas de travailler dans une entreprise où existe une représentation syndicale, ni n’exclut l’adhésion à une autre organisation syndicale.

[3] Revue anarchiste nord-américaine.

[4] La tekhnè ou technè, du grec τέχνη, désigne le savoir-faire des métiers de l’artisanat ou de l’art, l’action efficace chez les grecs de l’antiquité. Elle s’oppose chez Aristote à la praxis, qui est la sphère de l’action proprement dite.

Déposé par  sur KAOSPHORUS

Silence

Le problème n’est pas que l’on a trop révélé, mais que chacune de ces révélations a trouvé son sponsor, son PDG, son chèque mensuel, ses clones de Judas & ses remplaçants.

 Tu ne peux pas tomber malade à cause d’un trop-plein de connaissances – mais tu peux souffrir de la virtualisation de la connaissance, de son aliénation & de son remplacement par un sombre crétin ennuyeux ou un simulacre – la même « donnée », oui, mais désormais crevée – comme des légumes de grande surface – aucune « aura ».

 Notre malaise  (ce 1er janvier 1992) naît de ceci : nous n’entendons pas le langage, mais l’écho, ou plutôt la reproduction ad infinitum du langage, son reflet sans une série de reflets de lui-même, toujours plus auto-référent & corrompu. Les perspectives vertigineuses de ce paysage informatif de réalité virtuelle nous rendent nauséeux, car elles ne contiennent aucun espace caché, aucune opacité de choix.

 Un accès sans limites à la connaissance qui échoue à interagir avec le corps ou avec l’imagination– en fait l’idéal manichéen de la pensée désincarnée & sans âme – la politique/les médias modernes comme pures mises en œuvre gnostiques, les inesthétiques ruminations des Archontes & des Eons, le suicide des Elus…

 L’organique est secretif – il sécrète du secret comme de la sève. L’inorganique est une démocratie démonique – tout est égal, mais également sans valeur. Nul don, mais des marchandises. Les manichéens ont inventé l’usure. La connaissance peut agir comme une forme de poison, ainsi que l’a souligné Nietzsche.

 Au sein de l’organique (la « Nature », la « vie de tous les jours ») est enchâssée une forme de silence qui n’est pas simplement du mutisme, une opacité qui n’est pas de la pure ignorance – un secret qui est aussi une affirmation – un tact qui sait comment agir, comment changer les choses, comment respirer au milieu d’elles.

 Pas une « nuée d’ignorance » – pas un « mysticisme » – nous n’avons nul désir de nous resservir à nouveau cette triste excuse obscurantiste du fascisme – néanmoins, nous pourrions invoquer une forme de sens taoïste de l’« ainsité des choses » – « une fleur ne parle pas », & ce ne sont certes pas les organes génitaux qui nous confère le logos (en y repensant, peut-être que ce n’est pas tout à fait vrai ; après tout, le mythe nous offre l’archétype de Priape, un pénis parlant). Un occultiste demanderait comment « travailler » ce silence – nous demanderions plutôt comment jouer avec, comme un musicien, ou comme l’enfant enjoué d’Héraclite (*).

 Une mauvaise humeur où chaque jour est identique. Quand est-ce que ça péter ? Dur de croire au retour du Carnaval, des Saturnales. Le temps s’est peut-être arrêté en ce Plérôme, dans ce pays de rêve gnostique où nos corps pourrissent, mais où nos « esprits » sont téléchargés dans l’éternité ? Nous savons tant – comment se pourrait-il que nous ne connaissions pas la réponse à cette question vexante au plus haut point ?

 Parce que la réponse (comme dans le « Harpocrate » d’Odilon Redon) ne peut être donnée par le langage de la reproduction, mais dans celui du geste, du toucher, de l’odorat, de la chasse. En fin de compte la virtu (**) est infranchissable – manger & boire c’est manger & boire – l’inculte paresseux laboure un sillon tortueux. Le Monde Merveilleux de la Connaissance s’est transformé en une forme de Communiqué Spécial de l’Enfer. Je veux de la vraie boue dans mon ruisseau, du véritable cresson. Mais, les indigènes ne sont pas seulement maussades, ils sont taciturnes – éhontément non communicatifs. Très bien gringo, nous en avons marre de tes sondages, tests & questionnaires puants. Il y a certaines choses que les bureaucrates ne sont pas censés connaître – & donc il y a des choses que même les artistes doivent garder secrètes. Ce n’est pas de l’auto-censure ni de l’auto-ignorance. C’est du tact cosmique. C’est notre hommage à l’organique, à son cours irrégulier, à ses contre-courants & à ses tourbillons, à ses marécages & ses cachettes. Si l’art est un « travail » alors il deviendra connaissance & finira par perdre, en fin de compte, son pouvoir rédempteur & même son goût. Mais si l’art est un « jeu », alors tout à la fois il préservera & racontera des secrets qui resteront des secrets. Les secrets doivent se partager, comme des sécrétions de la Nature.

 La Connaissance est-elle mauvaise ? Nous ne sommes pas des reflets de manichéens – nous comptons sur la dialectique afin de péter quelques briques. Certains savoirs sont dadata, d’autrescommodata (***). Certains savoirs sont sagesse – d’autres de simples excuses pour ne rien faire, ne rien désirer. Le pur savoir universitaire, par exemple, ou la connaissabilité des nihilistes postmodernistes, sombre dans le royaume du Non-Mort – & du Non-Né. Certains savoirs respirent – d’autres étouffent. Ce que nous savons & comment nous le savons doit prendre racines dans la chair – toute la chair, pas uniquement un cerveau dans un bocal de formaldéhyde. Le savoir que nous désirons n’est ni utilitaire ni « pur », mais festif. Le reste n’est qu’une totentanz (****) d’informations-fantômes, un appel aux goules des médias, un Culte Cargo de l’épistémologie du Capitalisme en-Retard (*****).

 Si je pouvais fuir cette mauvaise humeur, je le ferais & vous emmènerais avec moi. Ce dont nous avons besoin c’est d’un plan. Une évasion ? Un tunnel ? Un flingue de savon, une cuillère aiguisée, une lime dans un gâteau ? Une nouvelle religion ?

 Laissez-moi être votre évêque itinérant. Nous jouerons avec le silence & nous le ferons nôtre. Dès que le printemps sera là. Une pierre dans le courant, contournant ses turbulences. Visualisez-le : moussu, humide, verdâtre comme un morceau de cuivre oxydé frappé par la foudre. Un gros crapaud telle une émeraude vivante, comme une nuit de Walpurgis. La force du bios (******), comme celle de l’arc ou de la lyre, réside dans la réflexion.

 Hakim Bey, extrait d’Immédiatisme. Traduction française et notes par Spartakus FreeMann au nadir de Libertalia, août 2011 e.v.

 Notes :

 (*) « Héraclite appelait jeux d’enfant les pensées des hommes » Fragments 70.

 (**) Virtu est un mot tiré de l’italien – lui-même dérivé du latin virtus, excellence, vertu – et qui sert à désigner « l’amour des beaux arts », mais au sens premier la qualité intrinsèque de la chose.

 (***) Bey forge un barbarisme, dadata, formé à partir de deux mots : dada et data. Il signifie par là le côté ludique, artistique, hors normes des données, de la connaissance. Un autre barbarismecommodata forgé à partir de : commodity, marchandise, et data, donnée. Ce terme dépeint la donnée marchandise, la donnée travail.

 (****) Totentanz mot d’origine allemande signifiant une danse macabre.

 (*****) « Late Capitalism » est un terme forgé par les marxistes afin de définir le capitalisme post-seconde guerre mondiale. Bey fait un jeu de mot « too-Late Capitalism » qu’il est impossible de rendre justement en français.

(******) De l’organique.

LU SUR KAOSPHORUS

[Le premier mai à travers le monde] Journée de sabotage et d’actions directes contre ce monde de merde

Cet après-midi du jour du 1er mai à Seattle, une banderole « Raise the minimum rage (A) » a été suspendue dans la quartier très fréquenté du Capitol Hill. Des tracts détaillant l’histoire et la signification du 1er mai ainsi qu’une brève analyse de la gentrification ont été distribués et jetés. Le slogan de la banderole est en référence au débat sur le potentiel réhaussement du salaire minimum à 15 dollars par heure. Un fumigène orange a aussi été allumé. 

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Paris: Des anarchistes s’invitent au cortège anarchiste du 1er mai

Le premier mai est une journée particulière pour les anarchistes puisqu’elle commémore l’exécution des martyrs de Chicago par la justice étasunienne, condamnés à tord pour l’explosion d’une bombe faisant 7 morts dans le camp de la police lors d’une manifestation de masse pour la journée de travail de 8h.

Cette journée est donc dédiée à la mémoire de ces martyrs et est supposée se passer le plus paisiblement du monde en paradant dans de nombreuses villes, drapeaux à la main et camion sono en fin de cortège, afin d’exprimer clairement un puissant sentiment d’indifférence et de passivité face aux exactions de l’État.

Cependant, lors du défilé de Paris, la fête aura été troublée par des éléments indésirables. Le cortège libertaire hétéronome organisé par la FA, AL, la CNT et la CNT-AIT (tendance Gap) aurait été infiltré par des anarchistes. Ces derniers ont fait preuve d’une violence inouïe en attaquant les vitrines d’une banque. Du jamais vu pour les libertaires présents.

La violence, c'est bien quand c'est chez les autres.

« Non seulement ils portent atteinte à la propriété privée, ce qui est inadmissible, mais ils troublent la paix publique, ce qui est encore plus grave ! » confie une manifestante et militante synthésiste encore sous le choc. « C’est totalement contre-productif comme attitude. Nous nous efforçons de faire connaitre l’anarchisme à travers le vente de livres et l’organisation de foires à l’autogestion avec la participations des autorités locales. Ce n’est pas pour voir nos efforts réduits à néant par des squatteurs crasseux et des individus violents qui ne payent aucune cotisation à personne ! C’est à se demander si ce n’est pas la CIA qui les finance. »

Peu après l’attaque de la vitrine bancaire, un évènement plus dramatique se produit. Un agent de la DCRI déguisé en civil pris l’initiative d’aller stopper les fauteurs de trouble. C’est alors que les « hitléro-totos » s’en prirent à lui et le passèrent à tabac. Heureusement le Service d’Ordre de la CNT veille et parvient à extirper le policier des pattes de ses agresseurs. Un membre dudit Service d’Ordre explique que « c’était très dur à voir. Autant de haine chez des individus… J’ai presque cru qu’ils allaient sortir un flash-ball pour lui tirer au visage. C’est un coup à perdre un œil ça. D’autant plus qu’on le connait très bien le Lafon [NdlR – il s’agit du policier en question], il est toujours aux manif’ avec nous. On pourrait presque dire que c’est un intime. »

Le Service d'Ordre syndical défendant les institutions garantes de la paix sociale face aux anarchistes très très méchants.

Après avoir vaillamment sauvé leur camarade des griffes autonomes, la CNT appelle au calme par le biais de leur camion sono: « Les policiers sont des travailleurs comme les autres, arrêtez d’être méchants ou sinon on arrête la manif’ ! »
Aussi surprenant que cela puisse paraître cette déclaration ne fit pas l’unanimité au sein du cortège. Les anarchistes infiltrés étaient peut-être plus nombreux que prévu.

On nous expliquera plus tard que les auteurs de ces violences sont des anarchistes « très très sectaires et très très méchants qui passent leur temps à foutre le bordel un peu partout. Ils invitent même les gens à ne pas participer aux élections que certains d’entre nous utilisent pour promouvoir l’anarcho-légalisme-électoraliste dans le respect des institutions et dans une démarche citoyenne. »

Ailleurs dans le monde il semblerait que de nombreux incidents de ce genre aient aussi eu lieu. Mais faute de cortège rassemblant des organisations libertaires, aucune critique constructive de cette violence aveugle n’aura été faite sur place et personne n’aura pu venir au secours de la police.

Anarcho-Figaro

Article humoristique et volontairement provocateur réalisé à partir des informations données par Paris-Luttes.info sur un sujet grave: La gangrène légaliste et pacifiste en milieu anarchiste.
Solidarité totale avec celles et ceux qui attaquent !

LU SUR AAA

[La Coupe du monde n’aura pas lieu] Affrontements entre des sans-abri et la police à Sao Paulo

Brésil : affrontements entre des sans-abri et la police à Sao Paulo

Un millier de sans-abri ont affronté mardi 29 avril à Sao Paulo des forces de police avec des jets de pierres et des barricades. Les manifestants protestaient contre le retard dans la discussion du plan d’urbanisme censé réguler l’expansion de la ville. Un millier de manifestants, selon la police, se sont rassemblés devant la mairie, où les conseillers municipaux devaient discuter du plan régissant notamment les zones réservées au logement.

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Quand les conseillers ont décidé que le plan serait examiné plus tard, alors que les débats étaient retransmis à l’extérieur du bâtiment sur de grands écrans, les membres du Mouvement des travailleurs sans abri (MTST) ont commencé à jeter des pierres et à brûler des pneus et des ordures en signe de protestation.

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LE DÉFICIT DE LOGEMENTS LE PLUS ÉLEVÉ DU PAYS

La police est alors intervenue avec du gaz lacrymogène et des bombes assourdissantes pour disperser les manifestants, et empêcher qu’ils n’entrent dans la mairie. Les manifestants ont répliqué en bloquant la circulation dans les rues autour du bâtiment, située dans un quartier très central de Sao Paulo et à un moment de pic du trafic extrêmement chargé de la ville.

Sao Paulo, qui compte 11 millions d’habitants, a le déficit de logements le plus élevé du pays, soit 700’000 unités, selon les chiffres de la mairie. La ville est l’un des 12 sites de la Coupe du monde de football qui commence dans quarante-trois jours, et doit notamment accueillir le match d’ouverture le 12 juin. Les membres du MTST négocient avec le maire Fernando Haddad la construction de logements pour les plus pauvres, et le plan urbanistique actuellement en discussion doit déterminer quelles seront les zones destinées à leur construction.

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Publié par le savoir-faire français (LeMonde.fr avec l’Agence Faut Payer, 30 avril 2014)

ASSATA SHAKUR Citations et Extraits

assata

Les citations traduites ci-dessous sont extraites de divers textes, entretiens, discours et lettres d’Assata Shakur. On peut retrouver ces citations et d’autres, en anglais, à l’adresse suivante :

http://www.assatashakur.org/axioms.htm.

Collectif Angles Morts, avec Lukas Podzhog

anglesmorts@gmail.com

grande panther

« Trop de mes soeurs ignorent qui sont les vrais criminels et les vrais chiens. Elles se reprochent d’avoir faim, elles se détestent parce qu’elles survivent du mieux qu’elles peuvent. Voir tant de peur, de doute, de souffrance et de haine de soi, est l’aspect le plus douloureux de la vie dans ce camp de concentration. Malgré tout cela, je ressens comme une brise sur ma nuque, qui se transforme en ouragan, et quand je prends une profonde inspiration, je peux sentir la liberté. »

petite panther

« La place d’une femme est dans la lutte. »

petite panther

« Nous avons dû apprendre que

nous étions beaux. Nous avons dû réapprendre quelque chose qui nous avait été arraché. Nous avons dû apprendre ce qu’était le Black Power. Les gens ont du pouvoir quand ils s’unissent. Nous avons appris l’importance de nous rassembler et d’agir. »

petite panther

« J’ai plaidé et je plaide toujours pour un changement révolutionnaire »

petite panther

« J’ai réalisé que j’étais liée à l’Afrique. Je n’étais pas seulement une fille de couleur. Je faisais partie d’un monde à part entière qui aspirait à une vie meilleure. Je fais partie d’une majorité et non d’une minorité. J’ai passé ma vie à grandir. Si vous ne grandissez pas, vous ne comprendrez jamais ce qu’est l’amour véritable. Si vous ne tendez pas la main vers les autres pour les aider, alors vous rétrécissez. Ma vie a été une vie d’action. Je ne suis pas spectatrice. »

petite panther

« Notre situation aujourd’hui est critique. Nous ne pouvons ni fuir ni Nous cacher. Nous allons devoir passer aux choses sérieuses. Déterminer qui Nous sommes. Sommes-Nous des Nègres de maison ? Allons-Nous marcher pacifiquement vers les chambres à gaz ? Ou sommes-Nous des Nègres des champs qui vont se battre jusqu’à être libres ? Nous ne sommes pas venus ici comme des Nègres de maison. Nous ne sommes pas venus ici d’Afrike comme des minables. Nous ne sommes pas venus ici d’Afrike comme des imbéciles. Nous ne sommes pas venus ici comme des Oncle Tom pour hésiter, tergiverser, traîner des pieds stupidement, nous gratter la tête et embrasser les pieds de nos maîtres. Nous ne sommes pas venus ici comme ça. Nous sommes venus ici comme de fiers, forts et beaux Afrikains. Nous sommes venus ici avec une culture, avec fierté. Nous sommes venus ici en sachant qui Nous étions. Nous sommes venus ici comme un peuple intelligent et sensible, qui a lutté et combattu à tous les niveaux dès le moment où nous avons été amenés ici enchaînés. Nous devons prendre conscience de qui Nous sommes et devons réaliser que Nous avons une tradition à perpétuer. »

petite panther

« Je pense que pour lutter, il faut être créatif. Dans ma vie, la créativité m’a soutenue, elle a éveillé ma lutte spirituelle. »

petite panther

« J’ai été condamnée à la perpétuité plus 30 ans par un jury entièrement blanc. Ce que j’ai vu en prison, c’était partout de la chair noire enchaînée. Des femmes enfermées dans des cages. Et nous serions les terroristes ? Ça n’a simplement aucun sens. »

petite panther

« Durant mon enfance, le nom « Freeman » [« homme libre »] ne signifiait rien de particulier. C’était un nom comme un autre. Ce n’est qu’à partir du moment ou j’ai grandi et commencé à lire l’histoire noire que j’ai découvert la signification de ce nom. À la fin de l’esclavage, de nombreux Noirs ont refusé d’utiliser le nom de famille de leurs maîtres. À la place, ils se sont donné le nom de « Freeman ». Le nom était aussi utilisé par des Africains qui avaient été libérés avant que l’esclavage ne soit « officiellement » aboli, mais c’est surtout après l’abolition de l’esclavage que beaucoup de Noirs ont pris le nom de « Freeman ». Le jour où j’ai appris ça, j’ai commencé à voir mes ancêtres sous un nouveau jour. »

petite panther

« Chères soeurs, le peuple noir ne sera jamais libre tant que les femmes noires ne participeront pas à tous les aspects de la lutte. »

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300, LA NAISSANCE D’UN EMPIRE : L’USINE A FANTASMES

Le premier film 300 était le récit d’un événement historique dont les scénaristes avaient choisi de ne raconter qu’un des aspects pour en faire une légende raciste et virilisteun récit par omissionLe deuxième film, intitulé La naissance d’un empire, qui n’est cette fois pas tiré d’une bande dessinée de Franck Miller, pour sa part, transforme et manipule complètement les faits historiques. Ainsi, 300, la naissance d’un empire,n’est pas un simple film de divertissement, c’est un outil servant à faire passer des convictions idéologiques et politiques.

300 usine fantasmes

 

LA SUITE SUR QUARTIERS LIBRES

 

L’anarchisme révolutionnaire de Flores Magon

L'anarchisme révolutionnaire de Flores Magon
Ricardo Flores Magon participe au cycle révolutionnaire du Mexique des années 1910. Il propose un anarchisme de classe fondé sur l’action directe. 

 

L’anarchisme révolutionnaire n’est pas un courant politique qui existe uniquement dans l’Europe occidentale. Certains gauchistes postmodernes considèrent la perspective d’une révolution mondiale comme un projet colonial pour imposer l’universalisme occidental. Ils justifient ainsi l’acceptation des traditions communautaires avec ses hiérarchies et sa morale patriarcale. Les communautés indigènes au Mexique, duChiapas ou de Oaxaca, sont alors présentées comme émancipatrices.

Mais le Mexique abrite également une véritable culture libertaire. Ricardo Flores Magon incarne ce mouvement anarchiste et révolutionnaire. Il participe à de nombreuses révoltes dans le Mexique des années 1910. Il se place du côté des illégaux, des brigands, des rebelles. Ses textes incitent à l’action et à l’insurrection, loin de la résignation postmoderne et du fatalisme marchand. Le mouvement magoniste existe toujours, même si les anarchistes préfèrent médiatiser les pitreries du sous commandant Marcos.

 

 

Ricardo et Enrique Flores Magon pendant la Révolution de  1910 (auteur et date inconnus)

 

Appel à l’insurrection

 

« Dans la pâleur du paysage se dessine la silhouette d’un géant : l’insurrection », écrit Ricardo Flores Magon. Il évoque, avec lyrisme et passion, les diverses révoltes ouvrières. Malgré leur échec, elles permettent de raviver la perspective d’une rupture avec la barbarie capitaliste. « Ainsi vivent les classes dirigeantes, de la souffrance et de la mort des classes dirigées. Pauvres et riches, opprimés et despotes, égarés par l’habitude et les usages ancestraux, considèrent cette situation absurde comme naturelle », souligne Ricardo Flores Magon. Il propose une véritable analyse de classe de la société. Il attaque également les valeurs traditionnelles qui imposent l’acceptation de l’ordre social.

Mais la réflexion critique peut transformer l’esclave en rebelle. Même si la théorie ne remplace pas l’action, indispensable pour véritablement transformer la société. « Le droit à la révolte pénètre les consciences. Le mécontentement grandit, le malaise devient insupportable. La contestation éclate et tout s’embrase », poursuit Ricardo Flores Magon. La conscience de classe permet l’émergence d’une colère spontanée qui ne provient d’aucune avant-garde. La révolte apparaît comme une respiration, indispensable pour vivre.

 

L’anarchiste illégaliste préfère le voleur au mendiant qui quémande une aumône à genoux devant le bourgeois. La dignité du voleur devient préférable à la soumission de l’honnête citoyen qui se prosterne devant la légalité bourgeoise. « En violant les lois promulguées par la bourgeoisie, je ne fais que rétablir la justice bafouée par les riches, qui volent les pauvres au nom de la loi », écrit Ricardo Flores Magon.

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