Tribune collective : « Quand nous disons « je », c’est à nous tou-te-s que nous pensons »

Laurence Rossignol, Manuel Valls, Gilles Clavreul, Laurent Joffrin…ces dernières semaines ont été marquées par les déclarations outrancières de plusieurs responsables politiques et éditorialistes. Qu’elles insultent la mémoire des déportés de l’esclavage, le libre-arbitre des femmes voilées ou les pratiques militantes des antiracistes politiques, ces déclarations n’ont qu’un seul effet : renforcer les stigmates visant une partie de la population. Plusieurs acteurs associatifs ont ouhaité réagir à cette sombre actualité ; nous publions ici leur tribune.

Nous assistons avec un triste amusement à la déchéance de rationalité d’un État en roue libre. Et avec lui, les hérauts d’une élite désuète qui, face à la remise en cause de ses privilèges, est prête à faire brûler la maison France qu’elle dit tant aimer.
Comme chaque jour apporte son lot de nouvelles polémiques autour de l’islam et des musulmans, des Noirs et des Arabes, des migrants et des Roms, hier pas plus que demain ne déroge à la règle.

Douce France, cher pays en pleine souffrance, que nous réserves-tu aujourd’hui ? Quel foulard, quelle barbe, quelle couleur, quelle culture te posera problème ? Quel sujet naitra, sinon de ton ennui, du moins de tes errances ou stratégies racialistes ?

Sur nos écrans s’affichent les tensions du jour qui, dans nos rues comme dans nos institutions, dans nos écoles comme dans nos entreprises, portent leurs fruits amers, construisant et légitimant le rejet de l’autre, son exclusion. La violence des mots, souvent. La violence des gestes, aussi.

Et face à cela, un État coupable de lui-même, non plus uniquement de ses renoncements face aux racismes, mais également de ses discours et de ses actions ; une puissance publique qui, plutôt que d’apporter la rationalité de l’analyse, l’humanisme de l’écoute et la fraternité dans l’action, est incapable d’offrir un autre visage que celui du mépris.

L’antiracisme d’État n’est et ne sera pas la grande force issue de tous les secteurs et de tous les paysages de la société française, permettant à chacun-e de ne plus faire face à l’exclusion de part sa couleur de peau, son origine ou sa religion supposée. Au contraire, il aura été l’obstruction des institutions, empêchant les premiers intéressés d’accéder aux moyens politiques et institutionnels de changer positivement leur condition. Il aura été la domination d’une élite, produisant un discours vertical descendant, à l’attention des populations cibles du racisme que l’on aura voulu « civiliser » et « pacifier », sans jamais dépasser ses réflexes post-coloniaux. Il aura été 30 ans de retard, en donnant à voir l’illusion d’une France fraternelle, signalant sur le plan du marketing ce que nous avons été incapables de faire vivre dans le réel de l’action institutionnelle. Une France pourtant rescapée, sauvée au quotidien par l’expérience humaine de gens qui veulent tout simplement vivre ensemble, bien loin des outrances politiques de ceux qui nous gouvernent. 

Au Président de la République comme au Premier Ministre, au Délégué interministériel prétendument contre le racisme et l’antisémitisme comme aux polémistes qui les soutiennent, aux videurs de l’antiracisme patenté comme aux racistes de tout poil qui se sentent soudainement pousser les ailes d’un républicanisme jacobin, à cette infime minorité qui truste l’espace médiatique névrosé tout en poussant des cris d’orfraie à chaque fois qu’on contredit leurs certitudes, nous disons simplement :

Votre antiracisme est un racisme, puisqu’il revient à nous imposer la manière dont nous devrions vivre et les mots que nous devrions choisir pour nous exprimer, juste par notre différence.
Votre féminisme est un sexisme, puisqu’il aboutit à dicter aux femmes ce qu’elles devraient ou non porter, tout en confisquant la parole des premières intéressées.
Votre progressisme est une régression, puisqu’il valide le passage de nouvelles lois qui, en son nom, viennent restreindre toujours plus les droits et les libertés de chacun-e.
Votre liberté d’expression est une censure, puisque asymétrique, elle vous permet d’insulter les autres tout en leur interdisant de vous répondre.

Fuyez donc les miroirs, vous risqueriez de vous y voir.

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FREE GEORGES ABDALLAH

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Aujourd’hui, 2 avril 2016, Georges Abdallah fête ses 65 ans… en prison.
Sa famille, ses amis, ses camarades et ses soutiens ne l’oublient pas ! Continuons à populariser la campagne pour sa libération !

Pour la liberté : tous et toutes dans la rue le 30 Janvier !

Le 30 janvier a lieu une grande mobilisation unitaire pour la levée de l’état d’urgence. Dès le début de cette mesure nous craignions tous que la liberté soit mise à mal. Nous avons été servi. Perquisitions à la pelle,assignations à résidence, mesures policières sans précédent contre des militants écologistes ou des musulmans, répression des manifestations contre la COP21, répression contre les manifestants qui osaient braver l’état d’urgence… Toutes ces pratiques sont le lot d’un régime autoritaire. Un régime qui veut conserver son pouvoir coûte que coûte, qui ouvre la voie à une démocratie à la Poutine…
Contre cet état de fait, ne nous résignons pas : manifestons le samedi 30 janvier à 14h30 à République !.
Manifestez dans le Pink Bloc, dans le cortège de soutien à la Zad, dans le bloc anarchiste, avec la CGA ou ailleurs, mais ne restez pas chez vous !

A lire aussi : le guide juridique spécial « état d’urgence. »

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Appel pour un grand banquet contre l’Etat d’urgence le 16 janvier

L’idée d’un grand rassemblement festif contre l’Etat d’urgence est née de l’envie de poursuivre un élan commun, visible et offensif et de lier deux temporalités : à court terme, créer les conditions d’un mouvement large contre l’Etat d’urgence, notamment dans l’éventualité d’une expulsion de la ZAD ; et sur le long terme, continuer à construire nos luttes, densifier nos relations, faire des ponts avec d’autres populations touchées par l’Etat d’urgence.

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