Homme, blanc, 35 ans, provincial : le portrait-robot du policier type

LE MONDE | 22.01.2014 à 12h20 • Mis à jour le 22.01.2014 à 20h24 |Par Laurent Borredon et Alexandre Léchenet
Le ministre de l'intérieur, Manuel Valls, a participé à la cérémonie de bienvenue aux nouvelles recrues de la police nationale, à la préfecture de police de Paris, le 4 décembre.
Le ministre de l’intérieur, Manuel Valls, a participé à la cérémonie de bienvenue aux nouvelles recrues de la police nationale, à la préfecture de police de Paris, le 4 décembre. | AFP/PIERRE ANDRIEU

 

Il s’appelle Christophe, il a 35 ans, a grandi en province et il est blanc. Voilà le profil type du policier que l’on peut établir à partir des bénéficiaires de la prime de résultats exceptionnels. L’échantillon est important : près de 40 000 adjoints de sécurité (ADS), gardiens de la paix, officiers et commissaires, sur les 123 000 que comptait la police en 2013. Le mode d’attribution de la prime, qui permet à tous les types de services, catégories et directions d’être récompensés, garantit également une certaine représentativité.

Ce policier type est donc un homme, comme quatre policiers sur cinq. La féminisation est en cours, mais c’est un processus long. Pour la distribution de la prime, l’administration se garde de faire de la discrimination positive. La répartition est néanmoins inscrite sur les tableaux de bilan que font remonter les directions, agissant comme une piqûre de rappel et garantissant l’équilibre. Dans chaque direction, un quart de femmes sont ainsi récompensées, sauf chez les CRS, où elles ne sont qu’environ 6 %.

 

 

Parmi les policiers primés, ce sont les deux grades situés aux extrémités de la hiérarchie qui sont les plus féminisés : les ADS, héritiers des emplois jeunes (32,5 %), et les commissaires (25,7 %). Chez les gardiens de la paix et gradés, on plafonne à moins de 17 %. Ces répartitions correspondent aux proportions rencontrées dans l’ensemble de ces corps : 34 % de femmes chez les ADS, 18 % chez les gardiens, 23 % chez les officiers, 25 % chez les commissaires, et seulement 11,3 % à des postes de direction.

 

 

Christophe a grandi en province. C’est le cas de près de 80 % des policiers, et rien ne paraît pouvoir infléchir cette tendance de fond, ni la prime de fidélisation pour les policiers qui choisissent Paris et sa région, ni l’élargissement du recrutement par la voie des ADS. « Ils n’ont qu’une hâte, c’est de retourner en province », se désole-t-on à la direction générale de la police nationale (DGPN).

BEAUCOUP DE CHRISTOPHE ET STÉPHANIE, PEU DE KARIM

Le policier type s’appelle Christophe, mais il pourrait s’appeler Sébastien, Laurent ou Frédéric. Ces quatre prénoms sont en effet portés par 11,26 % des policiers. Et 12 % des femmes policiers s’appellent Stéphanie, Nathalie, Isabelle, Sandrine ou Céline. Ces prénoms, parmi les plus populaires en France, ont été donnés principalement entre 1965 et 1980. Chez les ADS, ce sera Nicolas, Julien ou Kévin.

 

 

La diversité des origines, ou son absence, se lit aussi dans les prénoms. Environ 1 500 policiers primés en portent un à consonance étrangère – à peine 3 % dutotal. Le premier (Karim) arrive en 143e position.

Bien sûr, il ne s’agit pas d’une mesure scientifique du poids des Français issus de l’immigration récente, difficile à établir en raison de l’interdiction des statistiques dites « ethniques » en France. Mais elle permet de se faire une petite idée du visage de la police. « Nous avons des policiers bien formés, mais ils n’ont jamais connu l’ambiance de l’Ile-de-France ou même des quartiers difficiles avant d’arriver », regrette un haut responsable policier.