L’ancienne gendarmerie de Pantin, laissée vide pendant près de deux ans, est squattée depuis quelques temps par quelques habitants. Son propriétaire, le Conseil Général de Seine-Saint-Denis a expédié l’affaire, faisant juger son expulsion au mois de décembre. Le texte qui suit relate l’affaire et donne quelques éléments sur le contexte d’une ville qui fait tout pour éloigner ses habitants au profit d’une faune plus friquée.
des lofts pour les uns, la rue pour les autres
Depuis quelques années, le long du canal et à Hoche, de (très) grandes entreprises, des banques et des industries de luxe et de communication se sont installées. Pour l’instant, leurs cadres ne viennent que pour travailler et passent directement du RER à leur boîte par des navettes privées. Ils restent derrière leurs grilles et craignent l’hostilité du « 9-3 ».
Mais ce n’est que le début : les aménageurs privés et la ville nourrissent de grands projets. Par exemple, « Newport », le prochain projet résidentiel de Nexity sur les bords de l’Ourcq. Les appartements s’y vendront à plus de 5500€ le mètre carré (avec port privé intégré), alors que le prix moyen pantinois était de 3400€.
Le maire PS de Pantin, Bertrand Kern, se vante de transformer Pantin en un « nouveau Brooklyn » : concrètement, cela veut dire passer d’un ancien quartier industriel et populaire à un nouveau lieu à la mode, avec des galeries d’art, des résidences pour cadres et des cafés hors-de-prix. Mais où iront les habitants actuels, dans cette nouvelle ville qui n’est pas faite pour eux ? Déjà, en 5 ans, les loyers ont augmenté de 18 %.
Nous sommes un groupe réunissant des mal-logés, des chômeurs ou des travailleurs précaires, des étudiants, etc.. Étant donné la difficulté de se loger en région parisienne et les loyers exorbitants, nous nous sommes regroupés et avons décidé d’occuper un bâtiment vide, au 2 rue Lakanal, à proximité du futur Newport et de la prochaine méga-agence publicitaire qui s’installera dans le « Paquebot » rénové.
Le lieu où nous vivons est une ancienne gendarmerie, laissée vide depuis plusieurs années par son propriétaire, le Conseil Général de Seine-Saint-Denis. Nous sommes expulsables depuis le 20 décembre. Nous avons été jugés en procédure d’urgence, sans avoir l’occasion de nous défendre, et déclarés expulsables sans délai en plein hiver. On nous a aussi dit que le fond du terrain pourrait soi-disant s’écrouler (comme toute la ville de Pantin) et qu’habiter ce lieu serait dangereux pour notre propre sécurité !
Nous bloquerions aussi le projet de vente à un promoteur immobilier. Il est prévu d’y construire, dans un avenir lointain, des logements destinés à la vente mais comptabilisés comme logements sociaux. En attendant, nous serons mis à la rue sans aucune proposition de relogement. L’État promet depuis longtemps des réquisitions de bâtiments inoccupés, et le Conseil général (PS) en a sous la main et préfère les garder vides ou les détruire.
Nous savons que nous ne sommes pas les seuls à être sur un siège éjectable. Dans toute la proche banlieue parisienne, de grands projets urbains sont en cours. Les prix de l’immobilier flambent, les petits propriétaires se font exproprier, les locataires n’arrivent plus à payer leur loyer et ceux qui n’ont pas les moyens sont totalement indésirables. La seule possibilité bon marché est l’offre HLM, mais elle n’est souvent pas accessible aux plus précaires. Résultat : tous doivent partir toujours plus loin. C’est ça le Grand Paris.
Non à l’expulsion du 2 rue Lakanal !
Pas d’expulsions sans relogement sur la commune !
Un logement, des espaces d’activités gratuits, du temps libre,
de quoi vivre dignement pour tous et toutes !
Les habitant.e.s de l’ancienne gendarmerie de Pantin
contact : electrochoc@riseup.net