📚lire pour comprendre, comprendre pour lutter : le berceau des dominations, dans l’enfer des tournantes, le consentement, le sexocides des sorcières, stone butch blues📚👓

5 livres sur le patriarcat pour le combattre: une enquête sur l’inceste et l’accaparement des corps par un ordre social hiérarchisé, deux autobiographies sur la résilience et les facettes de la culture du viol dans la france des années 80/90, un pamphlet dénonçant le masculinisme durant le moyen âge et ses conséquences jusqu’à aujourd’hui, un roman disponible gratuitement suivant les péripéties, les joies et les difficultés d’une personne lgbt aux états-unis durant les 70’s.

Grâce une enquête anthropologique menée auprès de personnes condamnées pour abus sexuel sur des enfants, Dorothée Dussy dévoile et détaille les fondements incestueux de l’ordre patriarcal. Une plongée sous le tapis du sexisme, de sa reproduction sociale à ses « justifications ». On découvre notamment à travers la collecte et l’analyse de la parole des agresseurs que le patriarcat consiste en l’accaparement des corps de catégories qu’il hiérarchise et déconsidère. Sa violence se reproduit à travers l’oppression des enfants au sein de la famille dont le fonctionnement reflète l’ordre social dominant, le tabou de l’inceste ne consistant pas en une interdiction de l’imposer mais d’en parler.

Le berceau des dominations, Dorothée Dussy


 

Derrière un titre et une quatrième de couverture aux relents d’instrumentalisation du féminisme à des fins classistes et racistes (typique des années sos racisme/ni pute ni soumise), on découvre le témoignage poignant et intelligent de Samira Bellil. Elle expose la mécanique patriarcale à l’œuvre dans la société française : les coups et les viols des hommes, la complicité des femmes qui pourtant subissent aussi, la rumeur et la diffamation misogyne, la police et son inquisition masculiniste, l’absence d’aide et de suivie de la justice étatique, l’indifférence sexiste et cupide de ses avocates, l’impact de la masculinité et de sa violence dans la formation de son caractère, les rapports de genre de l’amour hétérosexuel…Si on regrette que la violence  soit parfois présentée comme l’apanage des ghettos pauvres, c’est pourtant bien dans l’ensemble du corps social que l’on voit se reproduire l’ordre patriarcal, raciste et capitaliste au détriment d’une jeune femme. Malgré cela, derrière la noirceur de plusieurs épisodes du récit, c’est la résilience, la sororité, les mains tendues, l’amitié.e, la force de la libération de la parole qui se dessinent. Toujours avec sincérité et humour, Samira livre aussi une plongé inédite sur la zone, les bandes, les débuts du hip hop en France, loin des récits hagiographiques que les mecs de cette période tiennent.

Dans l’enfer des tournantes, Samira Bellil


Retraçant la relation d’abus que l’écrivain Gabriel Matznef fit subir à l’autrice quand elle était adolescente, Vanessa Springora revient sur les stratégies déployées par le prédateur sexuel pour assurer son emprise et les dégâts qu’il a causé dans sa vie. Masqué derrière sa notoriété en manipulant la confiance et l’estime de soi des personnes qu’il tente de mettre sous sa coupe, on découvre aussi comment l’entourage de Matznef, de ses proches amis au monde littéraire où il évolue, s’est fait complice des ignominies qu’il perpétrait. Un récit autobiographique révoltant à l’intersection de la culture du viol et de l’élitisme bourgeois, un témoignage qui donne envie de balancer un pavé dans le patriarcat.

Le consentement, Vanessa Springora


Un texte court retraçant les attaques masculinistes menées par des chrétiens contre le pouvoir féminin du XV éme au XVII éme siècle. Des techniques de répression aux discours les justifiant, Françoise d’Eaubonne dénonce les féminicides organisés en toute conscience par des hommes dont le sexisme servait de boussole existentielle. De saint Paul à Nicolas Rémy en passant par le marteau des sorcière, c’est tout le fantasme mascu d’un monde sans femmes que l’on découvre et qui s’est exercé au détriment de milliers d’entre elles, torturées et tuées par des hommes voulant assurer leur domination sur tout les aspects de la vie en dépouillant les femmes de leur autonomie.

Le sexocide des sorcières, Françoise d’Eaubonne


Un roman aux accents autobiographique qui suit le parcours de Jess Goldberg dans l’Amérique des années 70. A la recherche de son identité mise à mal par le capitalisme, le sexisme et le racisme, on suit la protagoniste dans les usines et les espaces de sociabilité queer, approfondissant le trouble dans le genre, confronté à la répression policière et patronale, en quête d’une entraide parfois inattendue, toujours en lutte face à des oppressions qui se croisent et s’incarnent à tout les niveaux du récit et de la société. Le lectorat le moins familier des questions abordées par Leslie Feinberg pourra suivre ce parcours initiatique au rythme de son personnage principal, tandis que celles et ceux qui connaissent bien ces thématiques trouveront un brûlot politique jamais séparé de l’affect et du vécu! Une œuvre incontournable du xx éme siècle, disponible gratuitement sur internet, selon le souhait de son auteure, communiste manifestement bien consciente de la nécessité de sortir du rapport bourgeois et marchand au livre et au savoir (un click sur l’image pour aller le lire)

 

Stone butch blues, Leslie Feinberg

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🎙️shaihulud (coutoentrelesdents), entretien pour karton zine🎙️

dispo à l’origine et en version anglaise sur karton zine

Réguliers, bosseurs et particulièrement motivés, les membres du crew coutoentrelesdents (CED) sévissent dans le rap underground et militant depuis plus de 10 ans ! En tant qu’activistes du DIY, leur productivité ne s’arrête pas à la musique et c’est aussi ce qui nous a intéressé.

On a rencontré le dénommé shaihulud : rappeur, beatmaker, clippeur, et bidouilleur de logiciel cracké en tout genre… | Par Polka B.

🏴‍☠ ici et maintenant 🌐 tout est commun 🏴‍☠

Quel est ton premier contact avec le militantisme ? 

Je me suis politisé progressivement durant l’adolescence, vers les années 2000, en découvrant les différentes scènes musicales issues des contre-cultures. D’abord le reggae, puis le punk, sans avoir trop à chercher non plus, dans la mesure où ces musiques et leurs identités sociales étaient vendues et diffusées par l’industrie du divertissement dans des versions plus ou moins dépolitisées. Mais j’étais assez curieux pour découvrir les idées et pratiques issues des luttes sociales qui imprégnaient ces mouvements musicaux.

Est-ce que tu liais tes idées et convictions à la musique que tu écoutais, déjà à l’époque ?

Ça s’est fait progressivement. Je pense que j’ai tout de suite été sensible à des énergies et des discours qui cherchaient à dénoncer les injustices et à transformer l’existant ici et maintenant. Et puis la musique s’arrêtait pas aux ondes sonores mais s’étendait dans les journaux, les clips, les fanzines, donc je la recevais aussi dans sa dimension sociale. Ce que je ne comprenais pas dans la musique, je finissais par le lire dans des chroniques et des interviews. C’est une interview de Marley qui m’a orienté vers le punk par exemple, il disait que punks et rastas se ressemblaient.

Quels sont tes groupes de prédilection ? Qu’est-ce-que tu aimais chez ces artistes  ? 

Les scènes musicales issues des contre-cultures sont intimement liées, et au final l’ensemble forme une histoire sonore et social où tout se répond. Punk, reggae, rap, electro, techno, métal, rock et leurs multitudes de sous genres, synthèses et expérimentations m’intéressent parce qu’ils s’inscrivent dans des formes de contestation, ou de récupération de ces contestations durant le vingtième siècle. Je trouve qu’il y a des choses fascinantes et inspirantes dans tout ces styles et dans leur croisement. Mais au delà des questions esthétiques c’est les questions de productions et de diffusions qui m’intéressent et les scènes/groupes/individu.e.s qui refusent de reproduire le règne de l’exploitation et de la marchandise dans la musique comme dans nos vies en s’organisant de manière émancipatrice. J’ai été assez marqué de ce point de vue par la scène anarchopunk et le screamo, par exemple un groupe comme belle époque qui appliquait la logique DIY.

Quels étaient tes lieux emblématiques pour la culture alternative à l’époque sur Paris ?

L’un de mes premiers concerts dans un lieu marquant, c’était Amanda Woodward à Alternation, un squat près de Nation. J’étais minot. Des années après il y a plusieurs autres squats où il y avait plus ou moins régulièrement des soirées de soutien qui m’ont laissé de chouettes souvenirs. Le Bourdon à bastille, le Transfo à Montreuil, le Dilengo à Ivry… des squats autonomes en lutte et en lien avec les luttes sociales.

Comment forges-tu tes idées politiques et militantes ? Comment en arrives-tu au rap ?

Dans les concerts punks, il y avait un gars qui ramenait un infokiosque. Je lisais déjà pas mal mais ça m’a ouvert une porte sur l’autonomie des luttes et les pratiques et pensées libertaires. Je pense que j’ai toujours écouté du rap. C’était dur d’y échapper, même en s’enfermant dans une scène. Au final ça m’a paru être le meilleur moyen de faire de l’anarcho punk, tu peux t’exprimer musicalement avec ta seule voix sans avoir fait le conservatoire, mais c’est aussi technologique. Le home studio jouait un rôle similaire à celui de la guitare électrique dans l’explosion du punk, sauf qu’il permet de pousser jusqu’au bout la logique DIY de la production d’une chanson enregistrée. Les techniques de détournement initié par les situs se retrouvent dans le beat making comme dans le punk, c’est pas un hasard s’il existe un disque de scratch de Malcolm McLaren.

Comment est né le projet « coutoentrelesdents » ? Pourquoi ce nom ? (et pourquoi « Shaihulud » d’ailleurs?) Peux-tu décrire l’identité de votre collectif ? Son état d’esprit et ses objectifs ?

La première pierre à été lancée il y a une dizaine d’années, via une mixtape qu’on a fait à plusieurs dans un appartement squatté rue de l’Odéon à Paris. Que des face b, des enregistrements/mix approximatifs et des textes de totos! L’expression « couteau entre les dents » renvoie à la piraterie mais aussi aux communistes qui se faisaient caricaturer ainsi par la droite.Shaihulud c’est en rapport avec Dune de Herbert, un roman de sf, mais aussi un clin d’œil à un groupe  de hardcore américain. On a jamais été un collectif. Coutoentrelesdents se définissant plus par ce qui a été fait ou mis en ligne, c’est à dire le blog, une revue de presse, un infokiosque, de l’affichage et des stickers, des concerts de soutien qu’on a organisé ou auxquels on participe avec le rap, des événements de partage de savoir, de la musique, des vidéos et des textes. Toujours dans une perspective de luttes contre toutes formes d’oppressions. Un des fils conducteurs a toujours été de partager des savoirs et des pratiques émancipatrices sans dogmatisme ni orthodoxie, mais lié à l’autonomie des luttes.

Comment Coutoentrelesdents est devenu un blog ? Pourquoi avoir voulu parler des autres ?

On a essayé de diffuser auprès de sites déjà existants notre mixtape, et comme personne n’a répondu on s’est dit qu’on allait le faire nous-mêmes. Le blog est apparu comme un espace qui pouvait accueillir beaucoup plus que la musique et permettre de refléter l’autonomie des luttes et ses tendances, en partageant des infos, des textes, des événements, des liens…

Vous n’êtes pas du tout ce délire « l’underground pour l’underground ». Les sons mainstream semblent même vous inspirer énormément. Tu aimes beaucoup un rappeur comme JUL, peux-tu expliquer pourquoi ?

Pour moi, l’underground ne ramène pas des sonorités spécifiques.  Je le vois plutôt comme une manière de faire à contre courant des normes.  Figer des musiques expérimentales dans des formes codifiées, c’est une dérive réactionnaire qui caractérise le passage de l’expérimentation sonore et sociale à la « scène » et ses injonctions, ses normes. On peut observer le phénomène dans à peu près toutes les contre-cultures musicales du 20ème siècle. Et puis le son « mainstream » se renouvelle en permanence en intégrant les expérimentations reléguées dans l »underground ». Regarde la trap. L’utilisation des Charley et des 808 s’est répandue partout jusque dans les autres styles, alors qu’à la base c’est une musique avec des thèmes et paroles difficilement commercialisables. Au 20ème, l’art a constamment fait des va-et-vient entre des espaces de productions contestataires et une industrie en mal de contenu novateur. Le son des « puristes » de rap n’a rien d’ »underground ». C’est même le son d’une époque où il était commercialisé à tout va, même « industrialisé ». J’aime bien Jul à cause de son approche du rap avec un certain côté DIY, expérimental, et sincère. Typiquement, sa démarche est plus proche  de celle que les « puristes » affectionnent alors que beaucoup le dénigrent. Regarde comme les gens de cette scène critiquent le vocoder, alors même qu’il était utilisé dès les débuts du hip-hop, notamment parce que c’était une musique qui bidouillait avec la technologie contemporaine en allant puiser dans la musique qui l’avait précédée. L’album 13 Organisé se situe dans cette dynamique.

Comment votre public a réagi quand vous êtes arrivés avec ce style ? Selon toi, certains blocages musicaux propres au milieu politisé tendent à s’estomper ? 

Au départ c’est sur qu’on se sentait un peu seul.e.s. D’abord les milieux politiques anarchistes avaient une dominante punk. Ensuite, les rappeurs étaient en mode puristes et tout ce petit monde s’accordait très bien pour ne pas faire bouger les lignes et tenir sous assistance respiratoire des cadavres de scène bien dépassés par les événements. Tout ça nous emmerdait, et dès le départ on utilisait des beats trap ou electro. On essayait aussi de prendre de la distance avec une écriture qu’on jugeait trop « tract en musique ». On voulait plutôt exprimer et refléter nos vies quotidiennes marquées par le refus et le combat des dominations, parfois par le sarcasme et l’humour.

Quelles sont vos références musicales ? Personnellement, je les trouve très pointues, et très « américaines ». Cela me fait penser à toute cette période expérimentale du « rap soundcloud » de 2013 à 2015 qui a donné naissance au cloud-rap, ou au mumble-rap (comme ton morceau « Ohdieu »). 

Le rap soundcloud pour moi, c’est un peu la synthèse d’une génération d’ado qui écoutait du punk, du métal, du hardcore et de l’indie plus ou moins emo en même temps que la Three Six Mafia, Lil Wayne… et qui a décidé de sampler les mélos des premiers en y collant les batteries des seconds. Ça a fait plein de sonorités nouvelles et personnellement ça m’a bien parlé vu que j’avais été influencé par tout ces styles ! D’un point de vue du rap c’est clair que « ohdieu » a été inspiré par le mumble! !

Et je pourrais dire pareil pour les productions. Qui produit chez vous ? Qu’est ce qui vous à motivé à vous mettre à la page en terme de sonorités ?

Moi je produis, aidé et poussé à l’époque par Unikogree et n2k, qui ont aussi sorti de la musique sur CED. Perso j’ai toujours aimé l’aspect expérimental et futuriste du hip-hop, donc je cherche toujours à voir comment ça évolue, quelles surprises et nouveautés sortent.

Pour moi, couto/cafar (en téléchargement libre sur coutoentrelesdents.noblogs.org) est votre meilleur projet. C’est un bel aboutissement en terme de production, de maîtrise de l’autotune, et surtout de mix ! Avez-vous été davantage ambitieux sur ce projet ? 

Couto/cafar, c’est le fruit d’une rencontre entre moi, Puzzmama, Dudu, Seppuku et a2r. Les compos et mix ont été faits par Dudu et moi. Et c’est sur qu’on voulait que ça shine ! Perso je suis autodidacte et j’essaie toujours d’améliorer ma compréhension de la musique et de la MAO. Cet album a bénéficié du home studio qu’on a fabriqué, traité acoustiquement, et de deux cerveaux et paires d’oreilles, ce qui a permis de pousser les mix et les compos là où on ne serait pas forcément allés seuls !

Quels sont vos objectifs pour le futur ? Avez-vous d’autres projets en route ?

Musicalement je dirais que ça ne peut qu’évoluer, ça a toujours été le cas depuis une dizaine d’années ! On a toujours les mêmes perspectives : vivre libre et donc par conséquent lutter pour l’abolition de toutes les oppressions par les moyens les moins contradictoires possibles! coutoentrelesdents n’est que le reflet de cette dynamique, et des multiples rencontres qu’elle occasionne. En tout cas merci beaucoup de m’avoir interviewé, et pour ce que vous réalisez avec Karton Zine ! Je pense que des initiatives comme KZ ou CED devraient se multiplier au maximum !

Petite dédicace à toute celleux qui font ou ont fait exister CED, celleux avec qui j’ai fait un bout de chemin, tototune, momac, uniko, n2k, nad, tanchelijn, hulz, opikanoba, kris, samir, toska, choco, lascie, matia, ratur, sami, victor, clandomc, seppuku, alchemist vertigo, matieu, praxis, myscier blodya, griotte, nellio, MDP, les gentes du malandrin, 400 000, karter, les gentes qui depuis 10 ans nous invitent un peu partout !

🌪️ ratur 🌪️disparate 2 | album complet |

🎶nouvelle série de chansons et deuxième volet de disparate, ratur nous envoie 10 titres de rap sur des type beat et deux prods de kindredbeats

🎹ça parle des galères des opprimé.e.s, d’amitié.e.s, de prison, d’amour, de liberté et de contraintes, de résistance et de résilience, de rapport de forces et de tendresse et de beaucoup d’autre choses qui apparaissent au détour des rimes, tout ça sur des sonorités drill, boom bap, trap ou cloud

🎚️🐵 les  mixes et la post-production finale par kindredbeats sont aux petits oignons, un grand big up !

💻à télécharger ici, écouter , et à visionner sur ça

🦶shaihulud x ottonom🦶les pieds dans le plat🦶

🦶à l’origine paru sur émeutes 2 chambre, revoilà « les pieds dans le plat » et son clip tourné au squat du bourdon près de bastille à paris, en 2011.
🦶un squat important pour certaines des personnes de coutoentrelesdents où l’on a vécu.e.s, enregistré.e.s et participé.e.s à la vie du lieu: cantine et récup, sport, projection, concert et tout un tas d’initiative autonome, libertaire, et en luttes.
🏴‍☠️ http://weshbastille.kif.fr/ 🕯️
🎤rap: shaihulud x ottonom
🎹 instru.mix.ppf: coutoentrelesdents 💻 clip: plein d’amour pour bintou qui nous avait filmé et monté ce clip carré comme jaja à une époque ou les téléphones filmaient pas encore 🏴‍☠️

📚de la lecture contre l’ennui, des armes pour agir : le dernier des hippies, l’art de lancer des choses, trajectoires : témoignages de la scène punk diy, raccourci vers nulle part, du fric ou on vous tue📚👓

5 livres pour tirer des leçons du passé et construire le présent : un témoignage et un hommage aux festivals libres des années 70, des bons conseils pour jeter des trucs qui sont autant de bons conseils pour vivre sa vie, une série d’entretiens avec des punks qui ont refusé le profit et adopté la logique du fais-le-toi-même, un roman pas si fictionnel que ça qui nous fait plonger dans la vie d’un keupon banlieusard du début du millénaire, et une petite autobiographie revenant sur les années d’existence d’os cangaceiros, ces hors la loi révolutionnaires des années 80.

Cofondateur du groupe anarcho punk crass, Penny Rimbaud revient sur le parcours de Wally Hope, un hippie anglais organisateur de festival libre comme celui de Stonehenge. A travers ce récit au dénouement tragique, l’auteur montre les efforts déployés par une génération pour exister hors des sentiers tracés par les normes, l’argent, la docilité, la tristesse…Malheureusement l’histoire de cette vague joyeuse est aussi celle de sa répression, et Rimbaud revient sur tout les aspects de cette période charnière entre la « fin » de la contre culture hippie et les premiers accords nihiliste punk.

Le dernier des hippies, Penny Rimbaud


 

Sous la forme d’un précis consacré au lancer d’objet, le comité des bons conseils recense toute les manières de jeter efficacement diverses choses loin de soi. Sous des dehors pratiques se dévoilent un petit traité philosophique prenant pour point de départ un geste caractéristique que l’être humain a exercé depuis le fond des âges, beaucoup moins anodin qu’on ne l’envisage. Léger mais profond, c’est une lecture revigorante qui donne envie de se saisir des choses pour les voir s’envoler.

L’art de lancer des choses, le comité des bons conseils


Une série d’entretien avec des acteurs clés du punk diy contemporain, cherchant à faire état des évolutions et modifications des pratiques. Les interviewés ont tous passé plusieurs décennies à s’investir dans la scène punk hexagonale, et les questions leur permettent de raconter ce mouvement et leurs rapports à celui-ci avec recul et passion. On les voit revenir notamment sur l’arrivée d’internet et ses conséquences sur une sociabilité qui cherche l’autonomie et le refus des contraintes. Témoignages d’un monde encore vivace, interrogeant toujours ses perspectives et ses pratiques, le recueil superbement auto-édité vient poser une pierre essentielle et salutaire d’une histoire qui s’écrit encore au jour le jour.

Trajectoires, témoignages de la scène punk diy des années 90 à nos jours


Roman aux accents autobiographiques écrit par alex, l’auteur du fanzine punk ratcharge. Sur les traces d’un jeune punk de banlieue parisienne au début des années 2000, de squat en amour compliqué, de concerts transcendants en descente aux enfers, à travers la paranoïa, l’affirmation de soi, l’exploitation et la liberté, les amitié.e.s et les déceptions. Une histoire qui sent le vécu, décrivant d’une manière réaliste l’environnement punk diy de l’époque et son impact dans la vie quotidienne et affective. A travers les péripéties et transformations du narrateur c’est tout un (anti)monde qui se dévoile avec ses aspirations, ses remèdes et ses poisons, ses fantasmes et ses réalités, ses impasses et ses possibles, ses naïvetés et ses lucidités, un récit porté par un style clair, concis, et percutant. Un quasi roman d’apprentissage en territoire punk et témoin d’une époque pas si lointaine.

Raccourci vers nulle part, Alex Ratcharge


Alèssi Dell’Umbria revient sur les années passées en compagnie des os cangaceiros à lutter contre le vieux monde. Le refus du travail, la participation active aux luttes qui les entourent dans les banlieues, les usines et les prisons, les arnaques et les débrouilles, l’ouvrage permet de plonger un peu plus profondément dans le quotidien des ces hors la loi révolutionnaires inspirés par les situationnistes ou bien de les découvrir à travers leurs péripéties durant les années 80. Une bonne introduction ou un bon complément aux publications produites par le groupe (disponible dans notre infokiosk) !

Du fric ou on vous tue, Alèssi Dell’Umbria

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🧭shaihulud🧭à la dérive🧭

🎤🎹 instru.rap.mix.ppf: shaihulud

💻 clip: shaihulud x bb

🖤 plein d’amour pour les personnes avec qui on avait fait cette vidéo, initialement le clip de dosette.

🏚️ big up au 4, maison squattée du coté de la capsulerie il y a quelques années

📚de la lecture pour étancher sa curiosité et comprendre le monde: mods, la punition, une affaire de viol, révolutionnaires sans révolution, jo attia📚👓

5 livres pour apprendre sans se prendre la tête, au menu : une enquête sur une contre-culture et son impact dans nos vies, le récit autobiographique de jeunes au prise avec une répression féroce, un polar intersectionnel des années 80, la vie d’un communiste surréaliste par lui-même, et celle d’un caïd du milieu narré par sa fille!

Les mods, abréviation de modernist, ont fait exister l’un des premiers mouvements contre-culturel de la jeunesse d’après-guerre dont l’influence a été considérable jusqu’à aujourd’hui. On y suit l’histoire de ces jeunes aux allures et attitudes de dandy, qui se forgent un style vestimentaire unique et s’intéressent de près aux scènes musicales caribéenne ou afro-américaine. Un ouvrage qui permet de saisir le lien entre la société industrielle et de loisirs et les désirs de distinction et d’émancipation qu’elle suscite. A la convergence des lignes de fuites du capitalisme et de leur récupération par la marchandise, le mouvement mods influence jusqu’à aujourd’hui les dynamiques contre-culturelles mais a aussi laissé une trace indélébile sur le monde marchand et sa façon de s’adresser aux consommateur.e.s.

Mods, la révolte par l’élégance, François Thomazeau


 

Le témoignage d’un jeune homme arrêté et enfermé en camp de redressement militaire pour avoir manifesté pour la démocratie au maroc en 1965. Au plus proche des évènements qu’il a vécu, Tahar Ben Jelloun décortique la mécanique de la répression à l’aide de descriptions acérées et en livrant ses impressions avec sincérité. On ne peut qu’être glacé.e.s à la lecture de toutes ces aspirations à une vie meilleure malmenées par la violence militaire et nationaliste, à l’évocation d’une jeunesse brutalisée pour avoir osé s’exprimer en faveur de plus de liberté d’expression et de participation à la vie politique. Cette violence n’a pas disparu, elle s’exprime toujours sans masque dans bien des endroits, et elle se tapit à l’ombre de rapports sociaux policés. Un excellent livre pour ne pas oublier et combattre les rapports de domination dans nos vies.

La punition, Tahar Ben Jelloun


A travers le récit fictif d’un fait divers, le viol et le meurtre d’une femme blanche par cinq afro-américains dans le cinquième arrondissement de paris en 1956, Chester Himes dresse un portrait subtil des rapports d’oppressions de genre, de race, et de classe et de la manière dont ils animent la société occidentale et ses acteurs/actrices. Il montre comment divers processus d’oppressions déterminent et biaisent les rapports de tout un chacun aux autres et aux faits, et tient en haleine avec une galerie de personnages fouillés et une intrigue riche en rebondissements.

Une affaire de viol, Chester Himes


André Thirion livre une autobiographie dense suivant conjointement son parcours au sein du parti communiste et du groupe des surréaliste, et toutes les tentatives qu’il fit pour les rapprocher durant l’entre deux guerres. Une plongée vertigineuse entre évènements historique et vie quotidienne, sur les traces des avant-gardes politiques et artistiques du début du vingtième siècle en france. Galerie de personnages aujourd’hui illustre ramené à leur humanité, voyage à travers l’histoire et les motivations de ces figures, état des lieux des rapports de force, des illusions et des désillusions vécues, un point de vue inédit sur une période et des individu.e.s dont les actes et les prises de positions pour un monde meilleur furent récupéré après guerre et intégrés à une nouvelle mythologie nationaliste et « républicaine ».

Révolutionnaires sans révolution, André Thirion


La vie du célèbre bandit, narré avec habileté par sa fille. De sa jeunesse mouvementé à sa place de caïd dans le milieu parisien, en passant par les bataillons disciplinaire d’afrique, le camp de concentration de mauthausen, jusqu’à son rôle de barbouze, Nicole Attia évoque la vie de son père, le présentant comme un homme refusant les contraintes pour lui et pour les autres, solidaire face à l’injustice, réussissant à dépasser ses origines sociales par la seule voie qu’il connait pour ne pas subir sa vie, le banditisme. Ami du célèbre Pierrot le Fou, membre du gang des tractions avants, la célébrité de Jo Attia s’estompe devant le portrait détaillé qui en est fait, et ses aventures ne laissent pas de répit à la lecture!

Jo Attia, Nicole Attia

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🔖 Infokiosque : ☢️ Les animaux détestent le nucléaire (et vice et versa) ☢️

🐊Les animaux détestent le nucléaire (et vice et versa) 🦌

Quelles sont les conséquences immédiate de l’activité nucléaire sur les animaux non-humains? Les réacteurs sont refroidis avec l’eau des courts-d’eau et des mers, or c’est l’espace dans lequel vivent des milliers d’espèces, que ce soit des poissons, crustacés, et mammifères marins. L’industrie nucléaire est bien obligée de les prendre en compte – on ne peut pas dire qu’elle les prend en « considération » – pour éviter que ces animaux ne finissent en bouillie dans les circuits de refroidissement.

En cas de catastrophe, que fait-on des chats, chiens, chevaux et autres animaux domestiques, dont on veut limiter les déplacement et la reproduction une fois qu’ils sont contaminés par la radioactivité ? On les extermine…

Et pourtant, un peu partout, cette industrie se targue de préserver la faune et la flore, en plus de limiter les émissions de CO2 et compagnie.

« Imaginer un monde sans exploitation animale, c’est souhaiter la fin de l’ordre nucléaire, capitaliste et colonial. Les luttes antispécistes et écologistes ne peuvent pas défendre le nucléaire sans incohérences, et les luttes antinucléaires doivent prendre en considération les autres espèces dans leurs argumentations et dans l’organisation de la lutte. »

Une brochure réalisée par un collectif d’anonymes en prévision des Bestiales : 3 jours de rencontres autour de l’émancipation animale à Bure en février 2023. Retrouvable comme bien d’autres sur infokiosques.net

 

📚des livres pour comprendre et affronter le monde: flash, piaf, morgue pleine, la révolution de 1917, juifs et musulmans en Palestine et Israël📚👓

Quelques idées de lecture pour attendre le printemps sous la couette: des histoires de hippie qui se défonce, une biographie de piaf pour faire comprendre aux réacs à quel point Aya Nakamura peut la reprendre sans arrière pensée, un petit divertissement qui fait rimer fait-divers avec libertaire, quelques billes pour comprendre ce qui s’est passé en 1917 du coté de la Russie, et enfin une histoire des juifs et musulmans en Palestine/Israël qui permet de saisir les différents évènements qui menèrent au désastre en cours.

De la France au Népal au rythme des shiloms, des opiacés et diverses drogues, flash nous fait voyager sur les routes empruntées par les hippies dans les années 70. L’auteur est un petit voyou qui narre sa rencontre avec les drogué.e.s chevelu.e.s dans leurs péripéties pour se défoncer pas cher et sans arrêt, jusque dans les montagnes himalayenne et jusqu’à la folie. Écris suite à son rapatriement sanitaire par l’état français, Charles défraya la chronique avec ces souvenirs de crapule au milieu des freaks.

Flash, Charles Duchaussois

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Une biographie d’Édith Piaf qui est en même temps une autobiographie de Simone Berteaut, demi sœur de la célèbre chanteuse. Des caniveaux de Ménilmontant à un succès planétaire, on voit comment la môme piaf a développé son style musical unique, porté à travers le monde la poésie des faubourgs  (aujourd’hui on dirait banlieusarde), et formé certains des grands noms de la chanson française qui lui succédèrent. Destin tragique, plongé dans les rouages d’une industrie musical encore balbutiante mais au mécanisme annonciateur, évocation de la vie quotidienne du début  xxiéme siècle, le livre est riche de péripétie, d’émotion, d’humour, Simone Berteaut maniant très agréablement sa plume et sa narration.
Piaf, Simone Berteaut
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Dans Morgue pleine on suit les déboires d’un détective privé, ex gendarme ayant tué un manifestant d’une grenade, au prise avec le meurtre d’une actrice pornographique. Comme tout les « néo-polar » de JP Manchette on traverse la France des années 70 avec force description réaliste émaillé d’allusion plus ou moins direct à la critique sociale. Auteur d’extrême gauche appréciant le corpus situ, il fut l’un des écrivains de polar post-68 le plus marquant.
Morgue pleine, Jean-Patrick Manchette
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Synthèse chronologique des évènements et rapports de pouvoir qui bouleversèrent la Russie et le monde en 1917. Marc Ferro était un historien spécialiste de l’histoire soviétique qui montre à travers ses pages comment la révolution ne se réduit pas au coup d’état bolchevique, mais résulte d’un mouvement populaire large visant à la fin du tsarisme et rempli d’espérance sociale.
La révolution russe de 1917, Marc Ferro
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Ce livre retrace chronologiquement la place respective des juif.ves et mulsulman.ne.s sur les territoires de Palestine et d’Israël. L’auteur, historien et prof de fac à l’université de Jérusalem, à ne pas confondre avec l’homme politique israélien faisant parti du Shas (extrême-droite religieuse), nous donne un aperçu des lois appliquées depuis l’empire ottoman ; des politiques souvent discriminatoires et destinées aux arabes, aux juif.ve.s et aux chrétien.ne.s de manière différenciée ; et des mouvements de révolte ou d’accaparement de l’espace favorisés par un empire ou un autre (ottoman, britannique, puissances étrangères qui font de l’ingérence…).
Un bouquin qui paraît plutôt impartial pour comprendre les origines du conflit, même si on regrette le regard de l’auteur en  « deux poids deux mesures » quand des évènements tragiques sont décrits.
Juifs et musulmans en Palestine et Israël, des origines à nos jours, Amnon Cohen
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🎶la chair étrange, version physique et diy🎶

💿 la chair étrange, version physique et diy, 8 chansons à propos de la vie sur terre à la croisée du rap et du punk/hardcore

🎨47 cd-r imitation vinyle numéroté à la main et livret impression laser glissés dans une enveloppe kraft décorée d’un sticker diy illustrant l’album, l’ensemble est protégé par une pochette plastique et cherche à évoquer les galettes des groupes de screamo 90’s
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