La manif du 14 juin m’a laissé un goût amer, pas seulement en raison des violences policières et de la manipulation médiatique qui s’en est suivie, mais également parce qu’elle a constitué pour moi une piqûre de rappel de la vivacité de la culture du viol dans nos milieux militants.
Mardi 14 juin, je suis allée manifester contre la loi travail, comme des centaines de milliers d’autres personnes. Arrivée un peu tardivement place d’Italie, en route pour rejoindre deux camarades déjà parti.e.s avec le cortège de tête, je me sens galvanisée par les drapeaux s’agitant à perte de vue dans tous les boulevards confluant sur la place, elle-même noire de monde et rouge d’éclats de rire, le cortège dense, interminable. Au bout de quelques minutes, un slogan vint me cingler les tympans et entamer mon enthousiasme :
C’est Julie qu’il faut baiser, pas les salariés ! [1]
Non contents d’avoir, dans un élan viriliste nauséabond, traité en chœur la ministre du travail de « salope », ou encore d’avoir appelé au viol punitif à son encontre lors de précédentes manifestations [2], ils appellent désormais à s’en prendre également aux femmes « qui couchent avec l’ennemi ». Fantastique. Eh dites, on leur rasera le crâne à la « Libération » aussi ?
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