L’homme est un loup pour le loup…

Ségolène Royal, la ministre de l’Écologie, a déposé un arrêté permettant d’abattre 36 loups contre 24 auparavant. Une bonne nouvelle pour les éleveurs, un mauvais signal pour les défenseurs de la nature. Quels sont les conséquences de cette décision ? La ministre remplit-elle sa fonction ? L’opinion de Pierre Athanaze, naturaliste et forestier.

Il y aurait 301 loups en France. Leur population est en constante augmentation depuis 1992. (Dawn Villella/AP/SIPA)

C’est à Valouise, le 5 juillet, à l’occasion de l’inauguration de la nouvelle Maison du Parc national des Écrins, que Ségolène Royal a franchi la ligne blanche qu’aucun autre ministre de l’écologie n’avait osé franchir avant elle, et s’est désengagée de la protection des parcs nationaux.

Ségolène Royal ne remplit pas sa mission

Dans ce lieu symbolique, elle a reçu les représentants des organisations agricoles, et s’est enorgueillie des arrêtés qu’elle avait précédemment signés, portant à 36 le nombre de loups pouvant être abattus dans 20 départements.

Allant plus avant, elle s’est vantée de celui à venir, qui autorisera les chasseurs, lors de leurs parties de chasse au grand gibier (battue, affût ou approche) à abattre des loups sans aucune déclaration préalable ni contrôle, et cela, sur l’ensemble des 20 départements de présence du loup. Même dans les départements qui ne comptent qu’un seul individu.

Autre première de la ministre de l’Écologie, Ségolène Royal a fait modifier ce projet d’arrêté alors qu’il était en cours de consultation. Bel exemple du peu de cas qu’elle fait de la démocratie participative dont, il n’y a pas si longtemps, elle vantait encore les mérites et s’en faisait la passionaria…

Dans sa forme première, l’arrêté qui prévoyait cette mesure sur quatre départements, avait été rejeté par le Conseil National de Protection de la Nature (CNPN). Et ce dernier a seulement été informé de la modification de l’arrêté, sans qu’il ait été à nouveau présenté au CNPN. Ce qui est, encore, une entorse à la réglementation.

Qu’y a-t-il de surprenant, alors que les deux premiers arrêtés anti-loup de Mme Royal avaient fait l’objet d’un rejet massif de près de 80% des citoyens, qui avait voulu faire entendre leurs choix, et qui étaient restés inaudibles à l’oreille de la Ministre.

Une posture politicienne

Mais rien n’arrête l’objectif d’en découdre avec le loup, bien que la ministre de l’Écologie reconnaissait le 28 juin dernier que « pour la première fois les dommages n’ont pas augmenté entre 2012 et 2013. ».

On est bien là dans une posture politicienne voulant coûte que coûte contenter les organisations agricoles, quitte à renoncer à la préservation de la biodiversité, qui était jusqu’alors, la mission principale d’un ministre de l’Écologie.

Qui est dupe ? Tuer un loup, et même cinq ou six dans un département, n’a jamais protégé les troupeaux. Le ou les loups qui viendront après, feront les mêmes dégâts, aux mêmes troupeaux tant que ceux-ci ne seront pas mieux protégés.

C’est ce qu’ont compris les éleveurs italiens, espagnols qui cohabitent avec 1.500 loups en Italie, et 2.500 en Espagne. La protection des troupeaux est la seule solution pérenne. Ces deux pays qui ressemblent beaucoup à la France, mais qui ont beaucoup plus de loups ne les exterminent pas comme on le fait en France, et ils ne connaissent pas non plus la crise ovine que la France traverse depuis des décennies.

Quel beau bouc émissaire que le loup, pour l’État français, qui n’a pas de solutions concrètes à apporter à la situation de la filière ovine.

Des battues d’effarouchement aux conséquences graves

Fort des déclarations de la ministre, le préfet des Hautes-Alpes a aussitôt pris des arrêtés pour organiser des battues d’effarouchement en zone cœur du Parc National des Écrins ! Alors que ces espaces sont, en théorie, les mieux protégés par l’arsenal législatif français (interdiction de perturbation sonore entre autres).

Des chasseurs, des lieutenants de louveterie, des agents ONCFS et de parcs nationaux ont fait leur battue d’effarouchement le 11 juillet, faisant fuir l’ensemble de la faune sauvage de cette partie du Parc National des Écrins, pour tenter d’en faire sortir des loups, qui étaient attendus de pied ferme, en limite extérieure au parc, par des chasseurs postés armés.

Cette entorse à la réglementation sur les parcs nationaux est très grave, d’autant qu’elle a eu lieu à une période où la plupart des jeunes animaux sauvages sont totalement dépendants de leurs parents. Ces effarouchements à l’aide de pétards et autres moyens sonores perturbent gravement le milieu, avec des conséquences lourdes, voire irréparables pour une partie importante de la faune sauvage.

La protection de la nature n’est pas une option

L’ASPAS et la LPO PACA ont donc déposé le jour même un recours contre l’arrêté du Préfet des Hautes-Alpes, tout aussi illégal que dangereux. Le préfet le lendemain, retirait de lui-même son propre arrêté sachant très bien le sort que le Tribunal Administratif allait en faire.

Par ailleurs, ce même préfet a annoncé mettre en place une mesure « expérimentale » consistant à ne plus faire de constats et d’expertises lors « d’attaques » sur des troupeaux concernant moins de cinq animaux. Les éleveurs seraient donc remboursés sans constat, et les dégâts directement imputés au loup ! Quelle que soit la cause de la mort …

Pendant ce temps, le 9 juillet, les députés adoptaient un amendement à la loi agricole, autorisant les éleveurs et leurs ayants droit à tirer le loup dans tous les départements où il est présent.

Décidément, la protection de la nature et de l’environnement n’est dans la culture politique française qu’un motifs à discours. Notre pays attend toujours des actes, de la lucidité. Et du courage !

Édité par Mathilde Fenestraz  Auteur parrainé par Muriel Fusi

LU SUR LE NOUVELOBS

LES ARCHIVES DU FUTUR : DEBOUT LES MORTS !

Notre passion est la mémoire, elle est fondamentale dans notre vie, elle est partie intégrante de nos luttes. Que
serions-nous sans repère, sans ancien qui nous communique savoir et expériences ? Nous sommes, parce que
nous nous inscrivons dans un continuum : nous construisons le présent, esquissons le futur tout en étant héritier
de ce passé qui nous enrichit.
En particulier, et ce qui nous importe en premier chef, le savoir de la résistance, de la lutte contre l’exploitation
et ses corollaires : la dépossession – le fait d’être privé de notre capacité à assurer nous-mêmes notre existence –
et la domination (par exemple le pouvoir de l’homme sur la femme). Toutes ces luttes passées laissent des
traces : orales (bouche à oreille, discussions…), écrites (journaux, brochures, tracts…), vidéos (films et clips
militants) ou audios (émission de radios, journaux radiophoniques….
C’est pourquoi nous sommes à la recherche de ces fragments du passé, vaste mosaïque éparpillée dont chaque
élément a son importance, sa place. Dans cette démarche, nous ne privilégions pas en particulier telle ou telle
revue, journal, groupe ou tendance singulière. Nous collectons et diffusons aussi bien des documents issus de
groupes se revendiquant de l’anarchie (dans ses différentes expressions), de(s) l’autonomie(s), de la gauche
communiste, du situationnisme, des composantes des mouvements libertaire et communiste-libertaire, etc. que
de divers comités centrés sur des luttes particulières : ouvriers, salariés, chômeurs, prisonniers, patients en butte
à la médecine, femmes, etc.
Même si chaque membre du collectif a ses sensibilités propres, nous partageons une passion commune : la
recherche de l’introuvable et la volonté de rendre accessible, au plus grand nombre, ces traces écrites des
expériences révolutionnaires qui nous précède, bien que nombres d’entre elles nous échappent encore.
Introuvable pour différentes raisons : journaux tirés à peu d’exemplaires, brochures confidentielles, papier de
mauvaise qualité… le tout finissant au fond d’une cave, livré à l’humidité, à la moisissure… quand ce n’est pas
la triste fin au fond d’une poubelle.

Introuvable parce qu’enfermé au fin fond d’un institut, universitaire ou non, dont les conditions d’accès
n’autorisent que peu de personnes à les consulter.
Introuvable aussi pour une raison terrible : cette mémoire n’étant pas saisie dans son importance, la coupure
d’avec le passé s’en trouve amplifiée. Celui-ci est vidé de sa substance, vu au mieux comme une pièce de
musée. Comme si le présent triomphait dans une immédiateté permanente, liquidant du coup tout ce qui nous
relie aux générations antérieures. C’est le propre de cette société de créer des générations hors-sol, hors temps
où tout ce qui a trait au passé devient ringard, désuet. Nous refusons la négation de nos racines, du continuum
traversant les générations.
S’il est vrai que la lutte contre l’exploitation et la domination à une époque donnée engendre des formes
particulières, déterminées par les différentes composantes en mouvement, ne pouvant être reproductibles dans
leurs expressions formelles à notre époque, il est pourtant essentiel de comprendre que l’essence de la lutte
reste la même. C’est la raison pour laquelle la redécouverte de ce passé, parfois très proche, peut nous enrichir
et nous armer plus efficacement dans nos combats présents et futurs.
De la diffusion et de la réappropriation effective du passé
Dès l’origine, avant même la naissance de notre collectif, la collecte de documents s’est inscrite dans la volonté
de diffuser et permettre leur réappropriation. Plusieurs pistes ont été explorées qui ont amenées à la naissance
du site Archives Autonomies et de fait, du groupe qui en assure aujourd’hui le fonctionnement.
Nous n’excluons pas, à l’avenir, de diffuser certains textes et documents par d’autres moyens que notre site
internet. Cependant, l’état de nos capacités matérielles étant limité, l’essentiel de notre démarche prend une
dimension « virtuelle » qui ne facilite ni les contacts, ni les discussions. C’est la limite imposée par la forme
que nous avons choisie pour rendre accessibles ces archives et par le petit nombre de personne qui compose
notre groupe.
À ce titre, nous lançons ici un appel afin de rassembler ceux qui seraient éventuellement intéressés par notre
projet. Nous vous invitons à consulter notre site pour vous en faire une idée plus précise. Celui-ci est en
constante évolution, il s’agrandit de semaine de semaine. Il s’étoffe au gré des découvertes de vieux papiers et
de nos contacts. Néanmoins, si la numérisation de documents implique du temps, beaucoup de temps, ce qui
nous ralentit le plus est la relecture, processus éminemment laborieux et parfois très pesant. Plus nous serons
nombreux, plus de documents pourront être mis en ligne, plus de lecteurs pourront ainsi se réapproprier la
mémoire de nos luttes, qui ne sont la propriété de personne, pas même de notre collectif. Cet appel s’adresse à
tous ceux qui gardent dans leur grenier ou leur cave des piles de journaux ou de brochures, ne sachant qu’en
faire. Ils s’adressent à tous qui souhaitent consacrer du temps à retranscrire et mettre en forme les écrits de ceux
qui nous ont précédés sur le chemin sinueux de la destruction du vieux monde dans lequel nous vivons. Qu’ils
s’adressent à nous !
Pour en savoir plus, n’hésitez pas à consulter notre site : www.archivesautonomies.org ou à nous écrire
collectifaut@archivesautonomies.org

DL LE TRACT

C’est à vous de voir ce que vous faites maintenant!

Surveille ton langage !

Une société de dominations

Nous vivons dans une société (ou un agglomérat de sociétés connectées) qui baigne dans les oppressions diverses et variées : racisme, sexisme, homophobie, biphobie, lesbophobie, transphobie, classisme, validisme… Depuis notre naissance, selon notre milieu et notre parcours, de nombreux facteurs influencent notre façon de penser, parler, agir : éducation familiale et scolaire, culture (livres, cinéma, chansons, télé-poubelle ou télé-qualité, patrimoine…), publicités, rencontres, administrations publiques et privées, compositions et ambiances de nos lieux de travail et de loisirs, hasards de la vie. Hors tous ces facteurs sont eux-mêmes inscrits dans le contexte des dominations évoquées plus haut. La publicité (pour prendre un exemple classique) est pleine de clichés sexistes et souvent aussi racistes, hétéro-centrés et classistes. De même la façon dont les administrations fonctionnent (façon dont les formulaires sont rédigés par exemple) sont à l’image de ces dominations. D’une façon générale, le langage courant, et encore plus le langage familier regorgent d’expressions sexistes, racistes, homophobes, etc… Les « Fils de Pute », « Enculé », « grognasse », « vierge effarouchée », « couilles-molles/sans-couilles/petites bites », « petites pisseuses », « salope », fleurissent quotidiennement autours de nous, dans des contextes très différent (véritable insulte, « plaisanteries de comptoirs », intervention ennervée du patron sur nos lieux de travails et parfois « slogans politiques »). Certaines de ces expressions sont largement ancrées dans le langage courant, et ne font presque pas (ou trop peu) tiquer quand elles déboulent : « Il est devenu la vraie tête de Turc de ses camarades » (rappelons nous juste l’origine de cette expression qui sent bon la France des colonies). Ce langage, ces propos, ces images, on les a tous-tes intégré à différents niveaux. C’est comme ça. Maintenant voyons ce qu’on en fait.

LA SUITE SUR BRASIERS ET CERISIERS

Entretien de Wu Ming 5 et Wu Ming 2

Avant d’être Wu Ming, vous faisiez partie d’un collectif appelé Luther Blissett (créé en 1994 et dissous en 2000). Pouvez-vous expliquer un peu ce que c’était ?WM2  : Luther Blissett était un projet de création d’une identité ouverte, un nom collectif que n’importe qui pouvait utiliser pour revendiquer ce qui avait besoin d’être signé. Artistes, acteurs de théâtre, écrivains, collectifs politiques, etc. N’importe qui pouvait utiliser cette signature pour signer ses œuvres. Il n’y avait aucune règle concernant l’usage du nom Luther Blissett, simplement, ceux qui l’utilisaient ne pouvaient pas revendiquer la propriété privée de l’œuvre qui avait été signée de ce nom. D’une certaine manière, le projet créait de lui-même ses contenus. Très souvent, on nous a demandé comment on aurait réagi si quelqu’un avait utilisé Luther Blissett pour signer des textes, des œuvres d’art, racistes ou sexistes. Et la réponse a toujours été celle-là : le projet lui-même, en tant que projet de nom collectif qui dissolvait les identités individuelles dans une identité multiple, n’était pas adapté à une formulation de droite, et de fait, ça n’a jamais été utilisé comme ça. Nous n’avons pas exercé un contrôle des contenus et de toute façon personne n’aurait pu imposer ce contrôle. Le projet n’avait pas de comité central. Il y avait seulement un groupe de personnes qui suivait de plus près ce qui se passait, tenait le fil, et gardait la mémoire de ce qui avait été signé Luther Blissett.L’idée c’était de créer ensemble un personnage inexistant, imaginaire, et de contribuer à sa réputation, à sa notoriété, comme si c’était une sorte de héros populaire, une légende créée par plusieurs têtes sans coordination explicite. Voilà ce qu’était le projet qui, pour ce qui nous concerne, a duré cinq ans, comme un plan quinquennal. Puis nous avons changé de nom, de parcours, et nous nous sommes transformés en un laboratoire, Wu Ming.Vous parlez d’un héros populaire, qu’est-ce que cela signifie pour vous ?WM5  : Une sorte de Robin Hood contemporain qui le plus souvent agit entre la culture et la politique active. Voilà la tension idéale de ce projet. Ni plus ni moins.WM2  : L’idée c’était de créer un personnage qui, grâce à la participation de tous, symbolisait un idéal alternatif de société, de partage, etc.WM5 : C’était une proposition qui avait une portée directement politique et qui paradoxalement a eu du succès sur le terrain plus restreint de la politique culturelle. À l’origine, l’intention était différente. Vraiment tout le monde pouvait se servir du nom Luther Blissett.WM2 : Le fait que plusieurs individus, de manière incontrôlée, sans statut, sans règles, sans avoir adhéré à une association, signent des œuvres avec le même nom, était pour nous une idée qui pouvait effrayer le pouvoir dans ses instruments de contrôle et de surveillance des individus singuliers. Entre nous, on se donnait du « je », on se « jejoyait », plutôt que de se tutoyer. Par exemple, dans notre émission de radio (qui s’appelait Luther Blissett), quand l’un de nous finissait son propos et qu’un d’autre commençait, il disait : « comme je viens de le dire à l’instant », ou « je ne suis pas d’accord avec ce que je viens de dire ». Se dire « je », se jejoyer entre nous était déjà quelque chose qui constituait une critique d’un certain régime de biopouvoir.

LIRE LA SUITE SUR CONSTELLATIONS

Qui sème la hoggra, récolte l’intifada.

par Mathieu Rigouste, Docteur en Sciences Sociales

Nuit du 22 juin 2013, Toulouse, France.

Au pays qui forgea l’Etat-nation à partir de la monarchie absolue, en le fondant sur l’esclavage et le génocide des femmes, à travers la colonisation, toutes les exploitations et une suite presque ininterrompue de guerres impérialistes. Dans une région qui fabrique des gaz et des poudres pour des polices et des armées engagées dans le monde entier contre les peuples qui gênent le règne du capitalisme.

Avec quelques ami.e.s, nous tentons de calmer une bagarre à Arnaud Bernard, un des derniers quartiers populaires du centre ville. Pour accélérer sa transformation en quartier chic, les autorités y déploient la police en permanence. Des CRS en journée et la BAC la nuit. Ces bandes de virils franchouillards sont payées pour assurer un «nettoyage socio-ethnique» du quartier en pourrissant la vie des damnés de la terre qui y galèrent. Ils sont formés et payés pour maintenir le socio-apartheid. Pour cela, ils exécutent des démonstrations de guerre et mènent des chasses aux pauvres durant lesquelles ils jouissent ensemble de maltraiter leurs proies.

Une bande de types colériques et mal sapés, tout à fait dans leur style, surgit hors de la pénombre d’où ils devaient comploter. L’un de ces ratonneurs compulsifs attrape le plus « Nord-Africain » d’entre nous comme ils continuent à dire, et le colle dans un mur par la gorge. Nous comprenons qu’ils sont en fait de valeureux fonctionnaires de police en civil lorsque trois d’entre eux m’attrapent et m’écrasent au sol. Le premier me comprime la cage thoracique en m’enfonçant la colonne vertébrale avec son genou. Pendant ce temps un second me serre les menottes jusqu’à l’os. Tandis qu’un troisième me maintient les pieds. Je ne peux pas me débattre, je suffoque en suppliant qu’on me laisse respirer. Le catcheur-fou resserre alors l’étreinte, je suis au bord de m’évanouir. Une trentaine de personnes assistent à la scène, certaines demandent qu’on me laisse respirer et reçoivent des coups et des insultes.

Elles ont témoigné par écrit qu’à ce moment-là, juste avant mon arrestation, j’avais bien la tête et le corps d’un mec qu’on n’a pas encore tabassé dans le couloir principal d’un commissariat central. L’un de ces beaufs suant la testostérone et régulièrement humiliés par des enfants dans nos quartiers, se reprend pour l’inspecteur Harry et mentraîne par la chaîne des menottes, passées dans le dos, sur plusieurs mètres jusque dans un véhicule de la Police Nationale.
Cette vénérable institution qui, trop humble pour s’en vanter, s’illustrait dans l’histoire de l’humanité en déportant systématiquement et sans broncher juifs et communistes avant de torturer et de faire industriellement disparaître tous les colonisés et les révolutionnaires qui gênaient l’Etat et le nationalisme français, il y a quelques dizaines d’années.

Menotté dans le dos et face contre terre, cette technique fait peser tout le poids du corps sur les poignets. J’ai hurlé et mon poignet gauche s’est cassé à ce moment-là. Un an plus tard, j’ai encore les marques des menottes autour des poignets et une grande cicatrice pas trop swag en travers.

On m’a ensuite enfoncé dans la voiture en me cognant la tête contre le bord de la carrosserie ; une convention dans le milieu. Un policier pas vraiment créatif m’a extrait de la même manière en tirant encore sur la chaîne des bracelets. Arrivés dans le couloir principal du commissariat central de l’Embouchure, l’une de ces « personnes dépositaires de l’autorité publique dans l’exercice ou du fait de ses fonctions » a placé sa main derrière ma nuque et a envoyé de toutes ses forces ma tête contre un mur. Puis un autre ou le même – je ne sais pas, on m’a toujours frappé par derrière et menotté – a écrasé ma tête avec sa main contre de lourdes portes battantes qui ne lui avaient rien fait non plus. Il a utilisé ma tête pour ouvrir des portes. Je l’écris en souriant car je sais que Dieu
pardonne peut-être, mais pas le prolétariat.

Qui sème la hoggra, récolte l’intifada.

La répétition de ces gestes et l’absence de réaction de tous les policiers présents dans le commissariat indiquent leur banalisation et leurs caractères habituels, normalisés dans cette enceinte dirigée alors par le commissaire divisionnaire Laurent Syndic. J’ai enfin été jeté à terre, en avant, menotté dans le dos, sur le carrelage de ce couloir de garde-à-vue où l’on m’a laissé jusqu’à l’aube étalé, toujours menotté et hurlant de douleur. Quelques-uns de ces justiciers errants m’ont aussi placé de petits coups de pieds mesquins dans les côtes, en passant. J’aurais pu être en train de mourir, aucun policier n’est jamais venu s’inquiéter de mon état, pas plus qu’ils n’ont protesté lorsque leurs collègues brutalisaient des briques avec mon crâne. Il sont tous responsables.

C’est bien la police qui m’a fait ça.

All Cops Are Brutal.

Photos prises le 22 juin 2013 à l’hôpital Purpan

10408048_10152471653355256_1327133374174136403_n

J’ai été largué à l’hôpital Purpan par des agents en uniforme à 6h du matin. J’avais la tête violette par endroits, la lèvre ouverte, une main explosée, une cheville défoncée, des bleus sur tout le corps. Ils sont partis vers 9h en m’indiquant que « la garde-à-vue » était levée.

J’étais rassuré. Vu qu’on avait omis de m’en parler, j’avais cru qu’une milice de nationalistes armés m’avait défoncé, enlevé, cogné dans des murs, laissé KO par terre puis refilé à une autre bande pour me déposer aux urgences. J’ai passé trois jours à l’hôpital, on m’a opéré le poignet (fracture et luxation). On y a posé une vis que je garderai toute ma vie et qui m’handicape. On a soigné les multiples ecchymoses et plaies sur toute la
tête et les côtes. Les super-Dupont m’avaient aussi percé le tympan comme l’a relevé le médecin légiste qui m’a ausculté à la sortie de l’hôpital.

On m’a reconnu 60 jours d’ITT à l’hôpital, transformés en 3 jours « au sens pénal du terme » par la médecine « légale ».

Avec mes proches, nous avons d’abord hésité à porter plainte car nous savions trop bien que la Justice couvrirait la police puisqu’elle le fait toujours, même chaque fois que la police tue. Et la justice n’a pas besoin d’être corrompue. Elle applique normalement les lois faites par les dominants pour protéger les dominants. Il ne sert à rien de s’indigner face à la violence d’Etat. Il est tout à fait normal qu’un Etat opprime le peuple ainsi que celles et ceux qui lui résistent. C’est son boulot. Et c’est la lutte des classes. Nous pensons qu’il vaut mieux s’organiser collectivement pour arracher les racines de ce carnage. Mais le tribunal du maître est tout de même un champ de bataille.

Alors nous avons décidé de porter plainte en juillet 2013, pour tenter de fissurer un peu ce sentiment d’impunité des milices d’Etat au pays des droits de l’homme blanc et riche. Pour contre-attaquer, en accusant non pas quelques policiers mais l’Etat. Car la violence des shtars c’est bien lui qui la fabrique. Et c’est aux classes dominantes qu’elle profite.

Nous l’accusons de gérer un système d’exploitation, d’humiliation, de contrôle et d’oppression, de brutalisation, d’incarcération et de meurtre dans les quartiers et contre les classes populaires pour maintenir l’ordre capitaliste et la ségrégation socio-raciste. Car cette férocité est érigée en industrie rationalisée et quotidienne dans les cités de France comme dans tous les ghettos et les favelas du monde. L’Etat harcèle, brutalise et mutile aussi de plus en plus férocement celles et ceux qui prennent part aux luttes, aux mouvements sociaux et aux mouvements révolutionnaires.
Bien conscient de tout ça, le procureur Michel Valet a tabassé aussi notre plainte en février 2014, jugeant que ” l’examen de cette procédure ne justifie pas de poursuite pénale au motif que les plaintes ou les circonstances des faits dont vous vous êtes plaint n’ont pu être clairement établis par l’enquête. Les preuves ne sont donc pas suffisantes pour que l’affaire soit jugée par un tribunal“.

Malgré les pages de blessures fournies par le médecin légiste – assermenté par l’Etat luimême – les photos, les récits des témoins, malgré le fait que la police ne nie pas m’avoir déposé elle-même à l’hôpital à l’aube, la Justice ne veut pas avoir à vérifier publiquement si des policiers font réellement à Toulouse ce dont nous les accusons. C’est que le proc la connaît la vérité lui, et comme eux, il sait que la férocité fait partie intégrante du boulot des condés. Ce n’est pas un enlèvement avec séquestration et actes de barbarie, c’est le travail de la police, parce que c’est fait par des policiers. L’institution judiciaire valide ainsi elle-même ce dont nous l’accusons : elle est chargée par l’Etat de couvrir la police et ses violences, elle n’a rien à voir avec aucune notion de justice, elle a pour fonction de maintenir l’ordre capitaliste-raciste-patriarcal en punissant les opprimé.es, en réprimant les révolté.e.s et en remplissant les prisons d’un nouveau genre d’esclaves.

Pour ne rien lâcher, nous portons maintenant plainte avec constitution de
partie civile auprès du doyen des juges d’instruction. C’est tout aussi systématique, lorsque la police brutalise quelqu’un, c’est elle qui s’empresse de porter plainte pour outrage, rébellion et parfois violences, ce qui permet de couvrir les agents et qu’ils s’octroient par la même occasion des vacances en jours d’ITT et parfois des primes à la sortie des tribunaux qui les cajolent. En plus du refus d’ouvrir une affaire concernant ma plainte, j’ai eu l’honneur de recevoir une convocation à comparaître pour “violence aggravée et outrage” à mon encontre, lors d’une quarantaine d’heures de garde-àvue « cadeau », fin avril 2014, presque un an après les faits. La GAV, c’est l’abolition de l’espace et du temps, dans un cachot puant la merde, où il faut essayer de dormir sous un projecteur et une caméra, sur un lit en pierre avec une couverture dégueulasse, où l’on vous jette une mixture déjà vomie et des brimades régulières comme seuls contacts humains.

La police a failli me tuer en me tabassant, la justice a classé ma plainte sans même ouvrir de procédure et les deux m’accusent ensemble de « violences ». Selon le Brigadier Anthony Capdecomme de la BAC, qui a joué un rôle de premier plan dans cette affaire, je serais apparu, j’aurais crié “La BAC fils de pute, bande de facho, allez niquer vos mères, allez vous faire enculer” puis j’aurais sauté “les deux pieds en avant ” sur le brigadier de la BAC
Stephane Lecoq, je me serais ensuite relevé et l’aurait frappé au visage, tout ça sans motif et sans John Wu.
De mon côté, je tiens à affirmer que je ne traite jamais les mères, les putes et les homosexuels, c’est une vieille conviction. Toutes leurs dépositions sont pleines de contradictions. D’ailleurs le policier Lecoq, prix spécial au festival du rire de Montréal, indique que Capdecomme s’est fait un lumbago et une hernie dans le dos en me passant les menottes.
Stéphane Normand, le troisième policier qui témoigne contre moi, m’aurait arrêté en « me posant la main sur l’épaule ». Ces trois-là doivent avoir une idée sur l’identité de ceux qui m’ont défoncé contre les portes et les murs du commissariat.

Mais c’est bien moi qui serait jugé en février 2015. Et nous disons que tout est dans l’ordre des choses. Le système a fonctionné normalement, nous ne voulons pas le réformer, ni le réparer, ni l’améliorer, nous disons qu’il faut en changer complètement et définitivement. Pendant que l’armée massacre à l’extérieur au profit des capitalistes, la police mène la guerre sociale à l’intérieur contre le peuple. Il existe une continuité de pouvoirs et de profits entre les guerres de la bourgeoisie française en Afghanistan, au Mali, ou en Centrafrique et celles qu’elle mène contre les classes dominées en métropole, dans le cadre de la restructuration urbaine notamment. Il n’y a pas de « bavures », l’Etat opprime et assassine les pauvres méthodiquement, et en particulier les non-blancs. Il écrase de manière encore plus insidieuse et invisible les femmes pauvres et encore plus intensément les non-blanches. Il n’est pas une solution mais une partie du problème. L’Etat est à l’émancipation des peuples, comme un SS à Treblinka, un Para au Rwanda, Tzahal à Gaza.

Nous disons que cette pyramide où les riches et les puissants sont assis sur le peuple en chaînes et lui font élire ses maîtres parmi des bourreaux, devrait être remplacée par quelque chose d’autre. Il est possible d’abolir tous types de relations sociales basées sur la
hiérarchie. On peut imaginer des formes de communes libres, autonomes et solidaires où les peuples s’auto-organisent horizontalement, c’est-à-dire sans chefs et sans rapports de domination, où ils partagent ensemble les activités créatrices, les richesses et les décisions sur leurs propres vies, où chacun.e peut s’émanciper dans l’entraide, la liberté et l’égalité réelles et concrètes. On peut imaginer des assemblées de maison, de quartier et de communes associées où toutes celles et ceux qui sont concerné.e.s s’organisent et coopèrent ensemble. Il n’est pas difficile de faire mieux que le désastre actuel mais pour cela il faut rompre collectivement les structures qui le produisent.
Nous pouvons forcer les tribunaux à cesser de nous humilier en rendant des non-lieux ou des sursis pour les policiers assassins.

Non-lieu en octobre 2012 pour les policiers qui ont tué Ali Ziri, ce retraité décédé à la suite d’une suffocation provoquée lors de son interpellation par la police à Argenteuil.

Non-lieu en décembre 2012 pour les policiers qui ont tué
Mohamed Boukrourou dans un fourgon à Valentigney en 2009.

Non-lieu encore, en octobre 2012, pour les meurtriers de Mahamadou Marega, décédé après avoir été gazé et tazé 17 fois à Colombes en 2010.

Enfin, non-lieu en septembre 2012, dans le cas d’Abou Bakari Tandia, tombé dans le coma pendant sa garde à vue, fin 2004, à Courbevoie.

La cour d’appel de Versailles a confirmé trois de ces ordonnances de non-lieu ces derniers
mois.

Un non-lieu vient aussi d’être rendu dans l’affaire Lamine Dieng tué dans un fourgon de police à Paris en juin 2007.

Soutenons sans faille les révoltes populaires et soyons présent.e.s massivement, déterminé.e.s et offensi.ve.s dans et devant les tribunaux, pendant les marches et les
rassemblements contre la violence d’Etat et l’impunité judiciaire de la police. Ce sont des bases pour nous rassembler et nous renforcer, nous coordonner, mettre en commun nos stratégies, nos analyses et nos pratiques. Car ce n’est pas un Tribunal mais bien la force et la volonté collective de celles et ceux d’en bas qui peut changer nos conditions de vie.

En mémoire de tou.te.s les victimes de la police, de la justice et de l’Etat, en soutien à leurs familles, à leurs proches, et à tou.te.s les réprimé.e.s, prisonnier.e.s et martyr.e.s de la guerre sociale, continuons à nous auto-organiser sans rémission face toutes les formes de domination.

Coordonnons nos forces et formons des alliances dans l’intérêt des plus dominé.e.s. De la solidarité entre les luttes contre toutes les formes d’oppression, découlent les conditions de nos libérations respectives. La révolution a déjà commencé en Afrique et se répand en criant « Ash-shaab yurid isqat an-niddam ». « Le peuple veut la chute du système ».

Préparons-nous pour ne plus jamais revenir en arrière.

Une société d’émancipation est en train de naître aux croisements de nos luttes.

Et nous sommes capables de lui donner vie.

Avec tendresse et rage.

Mathieu Rigouste
Toulouse, le 22 juin 2014

Le docteur Michel Rongieres qui m’a opéré au service de traumatologie
certifie et décrit les lésions suivantes :

1-une fracture trans-scapho-peri-lunaire
au niveau de son poignet gauche.
2- Une contusion cheville droite.
3-Un traumatisme facial avec hématome de l’hemi-face droite.
4- Oedème peri-orbitaire.
5- Une plaie quasi-transfixiante de la lèvre inférieure.

Il a certifié que ces lésions entrainaient
-une incapacité temporaire totale de 60 jours
– une incapacité provisoire partielle de 8 jours,
« sous réserve de complications ».

Le médecin du service de Médecine légale (médecin légiste) à l’hôpital
Rangueil, Dr M. Minier, consulté à ma sortie de Purpan, le 24 juin 2013,
atteste : « aucun antécédent médical ne pouvant interférer avec les faits».

A l’examen clinique, elle note :

*extrémité céphalique :
-région temporale droite : lésion ecchymotique érythémateuse
ovalaire de 3 cm de diamètre,
– sur la paupière inférieure et supérieure de l’oeil droit :
visualisation d’hématome violacé, débutant à l’angle interne et se
terminant à l’angle externe avec présence d’une hémorragie
sous-conjonctivale dans le quadrant externe de l’oeil droit,
– pommette gauche : plaque parcheminée horizontale, rectangulaire,
mesurant 5 cm de long x 1,5 cm de haut,
– oreille gauche, sur l’ensemble du cartillage de l’oreille et sur
la face postérieure de celle‐ci : visualisation de multiples lésions
à type d’hématomes violacés,
– une perforation du tympan gauche,
– au cuir chevelu, en région occipitale gauche : lésion
ecchymotique érythémateuse de 5 cm de diamètre,
– lèvre branche supérieure droite de l’extrémité distale :
visualisation d’une plaie oblique vers le bas et la gauche sur laquelle
sont positionnés des points de suture. A noter une contusion de l’ensemble
de cette lèvre.

*membre supérieur gauche :
– le patient présente le bras en immobilisation par une attelle
thermoformée antérieure,
-visualisation d’un pansement sur la face dorsale du poignet et
de l’extrémité inférieure de l’avant-bras que nous ne retirons pas pour
les besoins de l’examen,
-présence d’un oedème diffus sur l’ensemble de la main.

*membre supérieur droit :
– en regard de la face dorsale du poignet : un liseré érosif,
croûteux, linéaire de 8 cm de long,
-sur la face dorsale de la main, en regard des têtes des
articulations des IVème, IIème et IIIème rayons de la main : visualisation
de lésions croûteuses infracentimétriques. Ces mêmes lésions sont
présentes en regard des articulations interphalangiennes proximales des
IIème, IIIème, IVème et Vème rayons.

*région dorsale :
– en région lombaire gauche, à 15 cm de la ligne médiane :
importante plaque érythémateuse avec des érosions croûteuses punctiformes
s’étendant sur une zone de 10 cm de diamètre, compatibles avec un
mécanisme de production par griffure.

*membre inférieur droit :
-présence d’un volumineux hématome en regard de la maléole interne
et externe, visualisation d’un hématomeérythémateux débutant
audessus du talon et s’étendant jusqu’au tiers moyen de la face
latérale latero externe du pied.
– sur le sur le tiers distal de la face externe de la jambe droite
: volumineux empattement avec présence d’un hématome verdâtre oblique vers
le bas et la gauche, mesurant 15 cm de long X 5 cm de haut,
— la marche est réalisée avec des douleurs à l’appui. Le pied peut être
posé en totalité.

JUILLET-AOÛT 2014 AU RÉMOULEUR (BAGNOLET)

LOCAL AUTO-ORGANISÉ DE LUTTE ET DE CRITIQUE SOCIALE

Le Rémouleur
106, rue Victor Hugo
93170 Bagnolet
(M° Robespierre ou M° Gallieni)

https://infokiosques.net/le_remouleur
Mail : leremouleur@@@riseup.net
S’inscrire à la lettre d’info du local

Horaires des permanences cet été (avec accès à l’infokiosque, à la bibliothèque et aux archives) :
chaque samedi de 14h à 18h.

Entrée libre et gratuite.

**************************************************************************************************************************************************

Vendredi 4 juillet de 16h30 à 19h30
Permanence-CAFé des CAFards

Samedi 5 juillet de 14h à 18h
Permanence « Sans-papiers, s’organiser contre les expulsions » avec le collectif des Baras (à partir de 16h).

Samedi 5 juillet à 18h
Projection du documentaire « Lucio, anarchiste, braqueur, faussaire, et aussi… maçon », d’Aitor Arregi et José Maria Goenaga (2007, 1h33, VOST).
« Des révolutionnaires il y en a eu et il continue d’y en avoir de par le monde. Ceux qui ont dû commettre des actions illégales ou se lancer dans la contrebande pour la cause sont nombreux. Il n’y en a qu’un qui, avec d’autres, a réussi à escroquer la banque la plus puissante de la planète en falsifiant des traveller-chèques pour un montant de 20 millions de dollars … tout en continuant son travail de maçon ». Histoire de Lucio Urtubia et de son engagement anarchiste et de solidarité internationale aux côtés ou pour de nombreux groupes activistes ou de prisonniers.

Samedi 12 juillet 2014 à 18h
Projection / rencontre sur les occupations de terre urbaines à Buenos Aires : « Manzana 30 » du collectif Ojo Obrero (documentaire, 2008, 0h45, VOST).
Loida Diosnel et Rosario vivent à la Villa 20, l’une des plus grandes « villas miserias » (quartier informel équivalent aux bidonvilles) de Buenos Aires, où ils sont confrontés au quotidien aux loyers indécents, au travail précaire, à la pollution, à l’absence d’infrastructures et de services minimaux, de logements salubres et d’un hôpital. Devant l’absence de solution malgré un plan d’urbanisation promis par la mairie, ils décident d’occuper un terrain adjacent utilisé comme cimetière de voitures par la Police Fédérale. C’est là qu’ils ont construit leurs maisons en 2007, dans la nouvelle Manzana 30 (c’est-à-dire « bloc 30 »).
Discussion avec Alejandro, qui participe depuis 2001 au MTD Norberto Salto (Movimiento de Trabajadores Desocupados) sur les occupations de terre dans l’agglomération de Buenos Aires. Aujourd’hui, à la villa 20 et ailleurs, de nouvelles occupations sont en cours… Dans les bidonvilles et les quartiers auto-construits, les habitants s’organisent sur une base territoriale pour le logement et la lutte quotidienne. Le FOL (Frente de Organizaciones en Lucha) dont fait partie le MTD NS, après avoir été l’un des quartiers du MTD de Solano, participe à des occupations qui créent de nouveaux quartiers où l’on s’organise en assemblée, autour de cantines, d’ateliers et de coopératives. La revue Tierra Para Vivir parle de ces occupations et des problématiques liées à l’habitat. Ce sera aussi l’occasion de revenir sur l’expérience des mouvements piqueteros autonomes (MTD) ou non, et plus largement sur les luttes en Argentine.

Samedi 19 juillet à 18h
Projection de « Cocorico ! Monsieur Poulet » de Dalarou (pseudonyme pour Damouré Zika), Lam Ibrahim Dia et Jean Rouch (1974, 1h33, VOFR).
Dans une 2 CV bringuebalante, Lam, surnommé M. Poulet, s’en va en brousse chercher les poulets qu’il vendra à Niamey. Assisté de Tallou, son apprenti, et de Damouré, embarqué en chemin, il espère faire des affaires juteuses. Mais les imprévus s’accumulent, les poulets sont introuvables et le fleuve Niger difficile à traverser sans passer par le pont surveillé par la police. Et une diablesse ne cesse de jeter des sorts !

Samedi 26 juillet à 18h
Projection de « Petit à Petit » de Jean Rouch (1971, 1h36, VOFR).
C’est l’un des films les plus cocasses de Jean Rouch et de ses partenaires africains. Damouré Zika, venu à Paris pour voir « comment on peut vivre dans des maisons à étages » s’y livre à une étude ethnologique inversant colonisé et colonisateur, découvrant ainsi des habitudes et des mœurs qui lui semblent bien curieuses, prenant les mensurations et inspectant les dentitions des Parisiens, enquêtant sur les marchés et bien d’autres choses encore ; dont il rend compte dans des lettres envoyées au village, à la manière des Lettres persanes. Évidemment, au village, on le croit fou et on envoie un autre observateur…

Samedi 9 août à 18h
Présentation-projection-discussion « 15 ans de SHAC, 10 ans de répression ».
Présentation par un camarade de l’Anarchist Black Cross du Royaume-Uni, de l’histoire de la campagne globale pour la fermeture du plus grand laboratoire européen de tests sur les animaux (Huntingdon Life Sciences). Agrémentée de petites vidéos, la présentation se focalisera sur les tactiques de lutte utilisées pour attaquer cette multinationale, la menant jusqu’à 120 millions de dollars de déficit, ainsi que sur la répression, au Royaume-uni et aux USA, totalisant 96 années de prison pour les 19 militant-e-s impliqué-e-s dans « Stop Huntingdon Animal Cruelty » (SHAC). La soirée est organisée en soutien aux prisonnier-e-s de Blackmail 3 et SOCPA 7.

Samedi 16 août à 18h
Projection de « À l’origine », de Xavier Giannoli (2009, 2h10, VOFR).
Paul est un escroc, ex-taulard, qui vit d’abus de confiance et de petites combines sous la fausse identité de Philippe Miller. Il se fait passer pour un patron de BTP et est accueilli comme le messie susceptible de relancer le chantier local d’un tronçon d’autoroute arrêté depuis deux ans. Le tout se déroule dans le nord de la France, région frappée durement par le chômage. L’engouement collectif pour ce projet questionne les rôles sociaux de chacun, la place du travail. Le film s’inspire d’un fait divers qui a eu lieu dans la Sarthe en 1997.

Samedi 23 août à 18h
Projection de « Paradis pour tous » d’Alain Jessua (1982, 1h50, VOFR).
Le docteur Valois, inventeur d’un procédé de « flashage » révolutionnaire, rend la joie de vivre à un dépressif suicidaire et à sa famille. La nouvelle mode du bonheur flashé se répand dans la ville et le pays à la vitesse grand V…

Samedi 30 août à 18h
Projection de « On achève bien les chevaux » de Sydney Pollack (1969, 2h, VOST).
En pleine crise des années 1930 en Californie, un marathon où les candidats dansent jusqu’à épuisement pendant des jours pour gagner de quoi manger et une prime pour les vainqueurs est organisé pour divertir les puissants. On achève bien les chevaux quand ils sont blessés… Ici ce sont les pauvres, accablés par le chômage, qu’on écrase une dernière fois en faisant de leur misère un spectacle terrifiant que les plus riches aiment regarder pour se rappeler qu’ils ne sont pas de la même classe… Ce film est inspiré du roman homonyme de Horace McCoy.

**************************************************************************************************************************************************

Permanences des collectifs cet été

La permanence « Sans-papiers » aura lieu les samedis 5 juillet et 6 septembre. Celle des « CAFards » aura lieu le vendredi 4 juillet.
Les collectifs « Cadecol » et « Prenons La Ville » reprendront leurs réunions en septembre.

Permanence « Résister à la psychiatrie »

Le collectif parisien de « Sans Remède » n’existe plus. De ce fait, il n’y a plus de permanence « Résister à la psychiatrie » au Rémouleur. Cependant, la revue « Sans remède » continue son bonhomme de chemin. Le prochain numéro sera bientôt dispo dans l’infokiosque du Rémouleur.