BLACK MIRRO RADIO: LE SALE AIR DE LA PEUR

Ce mois-ci dans le Sale air de la peur, on continue d’esquisser les contours de l’idéologie républicaine en essayant de réfléchir à deux de ses « grands » concepts, l’universalisme et l’assimilation. Sous couvert d’humanisme globalisant, l’universalisme a toujours servi à protéger les privilèges d’une seule catégorie de la population, l’homme bourgeois blanc, en excluant d’abord les femmes et les pauvres puis les personnes racisées. L’assimilation quant à elle sert à fabriquer une figure d’altérité négative : c’était l’espion prussien il y a plus d’un siècle, c’est l’homme musulman aujourd’hui. On s’est appuyé.e.s sur un livre d’Abdellali Hajjat, Les frontières de l’identité nationale, l’injonction à l’assimilation en France métropolitaine et coloniale. Il y fait l’histoire idéologique de l’assimilation et l’histoire sociale des colonies et de l’immigration en France en analysant les pratiques administratives d’accès à la naturalisation. On verra donc que l’assimilation n’est rien de plus qu’un outil de légitimation du pouvoir qui varie selon le contexte économique et politique, faisant le tri entre le bon étranger intégrable et le mauvais, non intégrable.

Podcast : Le sale air de la peur 7
Page de l’émission : Sale air

« NOS LUTTES VOUS ÉMANCIPENT » DERNIÈRE AFFICHE DE L’INTER-LGBT

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Quelques mots rapides sur cette affiche (même si je suis sensé être en pause, car en vacances, tchiiip) :

« nos luttes vous émancipent » : en fait non, vos luttes tournées vers la respectabilité et dont l’enjeu central sont le mariage n’émancipent que les plus aisé.e.s d’entre vous. D’ailleurs, avec une telle image, et sachant qui compose majoritairement vos rangs, qui est précisément ce « nous » qui est émancipé et ce « vous » qui émancipe ?

– on voit aussi l’écueil qu’il y a à demander plus « d’inclusion » et de « diversité » dans un monde LGBT blanc (des classes moyennes et sup), car ça donne des petites catastrophes comme celles-là : un visage noir, sorte de buste républicain, véritable hymne à l’intégration. Or on sait les conséquences pourries de l’intégration sur les racisé.e.s, les queers, les trans les plus précaires.

[ajout pour plus de précisions sur ce point : ce que je veux dire c’est qu’il faut arrêter de vouloir s’intégrer et demander plus de reconnaissance, de visibilité, de « diversité, dans ces milieux parce que soit ça ne sert à rien, soit on récolte des catastrophes de ce genre. Il faut construire des luttes pour les trans et minorités sexuelles racisé.e.s et/ou prolétaires, pauvres, précaires, qui soient pertinentes pour nos situations globales qui dépasse la seule question du genre et de la sexualité. Demander à ces milieux LGBT classe moyenne et sup plus de place, alors qu’eux veulent simplement s’intégrer dans la société, c’est une erreur cette société étant très problématique et dans laquelle on ne peut s’intégrer que par la consommation (être à l’aise en terme de thunes pour pouvoir consommer et vivre sans galères) et l’assimilation (pour les communautés non blanches et les communautés musulmanes). Donc construisons des fronts plus pertinents, inscrits dans la dynamique sociale contestataire plus large et ne quémandons rien là où la bataille est perdue d’avance.]

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Réflexions sur la critique culturelle

Réflexions sur la critique culturelle
Le journalisme culturel semble largement désuet. Pourtant, la critique demeure indispensable pour permettre le partage d’une sensibilité artistique.

 

Le journaliste Éric Loret propose une réflexion sur la critique d’art, de cinéma, de littérature dans son Petit manuel critique. L’ancienne critique professionnelle et institutionnelle, avec les revues spécialisées, voit son lectorat s’effondrer sans qu’il se reporte sur l’Internet. « Tout exercice critique dans les « vieux médias », désormais perçus comme institutionnel, se retrouve englobé dans une défiance politique générale et, au même titre que celle-ci, vilipendé », observe Éric Loret. Les renvois d’ascenseur entre critiques et les conflits d’intérêt entre l’industrie des médias, de la production et de l’édition expliquent un légitime dénigrement.

Mais la critique sur les blogs, les forums et les réseaux sociaux reprend les travers de la critique traditionnelle qui distribue les bons et les mauvais points selon des critères basiquement personnels. La prise de parole prime sur l’écoute. Plutôt que cet égotisme culturel, une critique universelle doit être ravivée. « Une critique de tous, avec tous, donc, et ayant en vue une même œuvre : le monde », propose Éric Loret. Le plaisir esthétique doit se tourner vers la conciliation et la communion plutôt que vers la séparation et l’indifférence. Le philosophe John Dewey insiste sur une philosophie esthétique qui renvoie à l’expérience ordinaire. La critique doit permettre aux individus de communiquer leur sentiment, leur perception et leur représentation du monde. La perspective de communiquer son sentiment fait partie du plaisir esthétique. L’expérience esthétique ne peut pas se réduire à une jouissance solitaire.

Le philosophe Jacques Rancière insiste sur le « partage du sensible ». Il propose une démocratie des intelligences égales, une « communauté inédite d’individus cherchant les moyens de se joindre à travers la forêts des signes et des formes, une communauté constituée au risque de trajets et de rencontres multiples sous le signe de l’égalité ». le spectateur artiste n’est pas un simple consommateur mais doit être incité à la discussion et au désaccord.

 

 

É. Loret, Petit manuel critique

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On fait tou-te-s des erreurs.

Projet Crocodiles, Polémique…

Ce matin j’ai vu tourner CET ARTICLE.
Je n’ai pas lue toute la polémique, mais en voyant le dessin j’ai compris de suite et je me suis dit (avant même de lire l’article) « OUPS il a déconné… »
Puis j’ai lu l’article, ça m’a suffit.
Il est écrit par une personne concernée.
Je connais un peu Thomas Mathieu, je connais un peu le milieu de la bd, je connais un peu le milieu féministe et j’aimerai donner mon avis sur tout ça.

Je suis féministe.
Plutôt à tendance intersectionnelle (tiens marrant, google ne connait pas ce mot, y’a vraiment du boulot.)
Je considère que la parole des concerné-e-s est essentielle.
Je considère que les alliés c’est super, qu’ils ne doivent pas prendre la place des concerné-e-s, mais que c’est pas forcément évident de se déconstruire.

Je voudrais rétablir quelques vérités.

J’ai lu « il se fait du fric sur le dos des victimes du sexisme, c’est intolérable! »
Non. Il se fait du fric sur le dos de personne, déjà parce que l’illustration, la bd, ça paye très peu voir pas du tout (c’est pour ça que je ne me lance pas, entre autre).
Il a effectivement sortie une bd du Projet Crocodile.
MAIS il a demandé à toutes les personnes lui ayant envoyées des histoires si on était d’accord.
Il nous a aussi envoyé le bouquin pour nous remercier.
Il me semble que notre parole est importante du coup.

la suite sur le site de Garance lobotomie

[Montreal, Canada] Voitures de police et banques défoncées durant une manif nocturne sauvage des étudiants – 24 mars 2015

Quelques milliers de manifestants ont défilé au centre-ville de Montréal mardi soir, dans le cadre de la grève étudiante. Des affrontements se sont produits entre manifestants et policiers. Quatre arrestations ont été effectuées et trois personnes ont été blessées : deux manifestants et un policier.

La marche a rapidement été déclarée illégale, parce que les manifestants n’ont pas fourni leur itinéraire à la police, conformément au règlement P-6.

Des escarmouches se sont produites coin René-Lévesque et Saint-Laurent, après que des manifestants aient lancé des pièces pyrotechniques.

Des manifestants ont ensuite porté des coups de bâtons et lancé des objets aux policiers, qui ont répliqué à l’aide de matraques et de gaz lacrymogènes. Les manifestants se sont divisés en plusieurs groupes.

Certains protestataires prenaient des matériaux urbains comme des cônes pour bloquer le boulevard René-Lévesque aux automobilistes. Les vitres de voitures de police ont par la suite été fracassées. De la peinture a aussi été lancée sur d’autres voitures de police.

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Les vitrines de deux banques ont également été fracassées.

LA SUITE SUR LE CHAT NOIR ÉMEUTIER 

Cinq féministes chinoises emprisonnées pour avoir lutté contre le harcèlement sexuel

Parce qu’elles voulaient faire un happening et sensibiliser au harcèlement sexuel dans les transports en commun, cinq féministes Chinoises ont été interpellées jeudi dernier. Depuis, on ignore où elles se trouvent.

Toutes membres de l’organisation féministe Women’s Rights Action Group, leur crime est d’avoir voulu poser des autocollants dans les transports publics de Chine pour réclamer la fin du harcèlement sexuel. Leurs messages : « Halte au harcèlement sexuel, laissez-nous vivre en sécurité » ou encore « policiers, faites votre travail : arrêtez les harceleurs ! »

Des messages visiblement trop irrévérencieux pour le pouvoir chinois. Les militantes ont ainsi été arrêtées puis placées en détention pour avoir « cherché à provoquer des conflits et troublé l’ordre public. » Elles risquent 5 ans d’emprisonnement.

Photo de la page Facebook de Free Chinese Feminists

globalvoicesonline.org, 16 Mars 2015

Les 5 jeunes femmes arrêtées par la police chinoise à la veille de la Journée Internationale de la Femme sont portées disparues depuis plus d’une semaine. Le 12 mars la police a déclaré qu’elles étaient soupçonnées d’ “incitation à la violence et de trouble de l’ordre public” mais a refusé d’en dire plus.

La société civile de Hong Kong va manifester dans la ville auprès des représentants du gouvernement de la Chine continentale le 21 mars pour demander leur libération.

Les 5 femmes, activistes pour la défense des droits humains, sont Wu Rongrong, Wei Tingting , Wang Man, Zheng Churan et Li Tingting, connue aussi sous le nom de Li Maizi. Leurs familles et leurs avocats n’ont pas pu entrer en contact avec elles depuis qu’elles ont été arrêtées et la police refuse de fournir des informations sur leur arrestation.

Les Etats Unis comme l’Union Européenne ont exprimé leurs préoccupations sur le sort des 5 jeunes femmes. L’ambassadeur des Etats Unis auprès des Nations Unies, Samantha Power, a critiqué les autorités chinoises pour avoir arrêté les 5 femmes au motif qu’elles auraient pu créer des troubles.

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Un porte-parole des Affaires Etrangères des Etats Unis a aussi fait une déclaration pour demander avec insistance à la Chine de relâcher immédiatement les jeunes féministes et de leur donner accès à une assistance juridique.

Une ouvrière de Chine continentale porte une pancarte pour demander la libération des 5 jeunes féministes. Photo de Free Chinese Feminists.