👁️‍🗨️détournement, punk et hip hop, une histoire commune, extrait de l’apériodique n°1📰

extrait du numéro 1 de l’apériodique coutoentrelesdents dispo gratuitement ici

Si lecatégories permettent de rendre intelligible la réalité, elles séparent et distinguent bien souvent des formes et processus bien plus liés qu’on ne fini par le croire. Il en est de même pour les catégories musicales, qui émergent au gré des fantaisies humaines et dont bien des expériences sonores floutent systématiquement les contours. C’est le cas du punk et du hip-hop qui paraissent aujourd’hui appartenir à deux univers bien distinct,et qui pourtant partagent de nombreux points communs et connexions depuis leurs origines.

 

Le capitalisme occidental d’après la seconde guerre mondiale devient celui de la société de loisirs et de consommation. Loin de disparaître, les rapports d’exploitation sont difficilement masqués par la mise sur le marché de mille promesses de plaisirs qui remplissent à peine leurs fonction de divertissement. Au contraire elles ouvrent de vastes brèches de frustration dans les existences, tel un supplice de tantale moderne… Des processus entamés bien avant le début du siècle s’accélèrent, et à mesure que la culture bourgeoise s’étend, les phénomènes contre-culturels dérivent lentement des avants-gardes politico-artistiques à des mouvements massifs irrigués par des pratiques et désirs de subversion, de refus des contraintes, de jeu, de partage, d’invention, et notamment de détournement comme l’entendaient les situationnistes. De 1957 à 1972 l’internationale situationniste posa les bases de ses analyses et stratégies révolutionnaires pour changer le monde et bouleverser la vie quotidienne. Son action a irrémédiablement marqué cette organisation de la vie qu’elle avait nommé la sociétéspectaculaire marchande.

 

Les années 70 voient l’émergence du punk et du hip-hop aux confluences d’une multiplicité  de facteurs, notamment l’arrivée dans les foyers de technologies musicales massivement diffusées. Dans le sillage et en opposition avec les mouvements contre-culturels précédents (mods, hippie, rasta, etc), de nouvelles pratiques sonores accompagnent de nouvelles manières de vivre, exprimant un désir de distinction et de réalisation individuelle et collective à contre courant des injonctions et propositions dominantes. A contre-courant certes, mais n’hésitant pas s’approprier les codes et les outils imposés ! Si il est compliqué de dater précisément la naissance de ces mouvements sociaux, ils se caractérisent par des usages particuliers dont le détournement sauce situ s’avère être une pierre angulaire. Dans le n°1 de la revue Internationale situationniste paru en juin 1958, le détournement est défini ainsi : « S’emploie par abréviation de la formule : détournement d’éléments esthétiques préfabriqués. Intégration de productions actuelles ou passées des arts dans une construction supérieure du milieu. Dans ce sens il ne peut y avoir de peinture ou de musique situationniste, mais un usage situationniste de ces moyens.» . Utiliser une production pré-existante dans le but d’exprimer sa subjectivité radicale, de faire la critique en acte d’un monde mortifère pour jouir sans entrave, voilà en quoi le punk et le hip-hop ont pu être situationniste !

 

 

L’arrivée des instruments rock dans les foyers permet de rejouer les chansons des stars, mais aussi d’ouvrir la brèche annonçant leur dépassement. « Apprend 3 accords et forme un groupe » sera l’une des idées punk mise en pratique par des millions de gens jusqu’à aujourd’hui, tordant les classiques du rock’n’roll en poussant la distorsion, frappant rageusement les fûts, beuglant des paroles existentialistes, loin des musiques et attitudes dominantes. Une pléthore de hits célèbres sont passés à la moulinette keupon, et à mesure qu’il se fait intégré au monde de la marchandise le mouvement s’autonomise et se radicalise. Le son est poussé dans ses extrémités, et le détournement des technologies sert de nouvelles interactions tournées vers l’émancipation.

 

Combien de fanzines édités en faisant la perruque, la photocopieuse patronale servant à imprimer de séditieuse paroles en catimini, et combien de cassettes copiées et échangées, traversant le monde pour former un vaste réseau basé sur l’entraide et l’échange ? Si l’esthétique musicale puise dans les classiques du rock pour les détourner, on retrouve aussi la technique sur le plan visuel avec les collages qui se répandent et consistent à découper des images et les associer pour en produire d’autres. La société capitaliste idéalisée dans les magazines finit malmenée et critiquée à travers de chimériques assemblages tirés de reportages et de publicités. Des vignettes de comics dont les situationnistes ont changé le texte en passant par les collages punk, jusqu’aux memes qui nous amusent en ligne, le xxème siècle a été le théâtre de plusieurs tentatives de réappropriation de la culture visuelle dominante à des fins subversives… mais c’est une autre histoire!

 

Combien de fanzines édités en faisant la perruque, la photocopieuse patronale servant à imprimer de séditieuse paroles en catimini, et combien de cassettes copiées et échangées, traversant le monde pour former un vaste réseau basé sur l’entraide et l’échange ? Si l’esthétique musicale puise dans les classiques du rock pour les détourner, on retrouve aussi la technique sur le plan visuel avec les collages qui se répandent et consistent à découper des images et les associer pour en produire d’autres. La société capitaliste idéalisée dans les magazines finit malmenée et critiquée à travers de chimériques assemblages tirés de reportages et de publicités. Des vignettes de comics dont les situationnistes ont changé le texte en passant par les collages punk, jusqu’aux memes qui nous amusent en ligne, le xxème siècle a été le théâtre de plusieurs tentatives de réappropriation de la culture visuelle dominante à des fins subversives… mais c’est une autre histoire!

 

 

A travers l’histoire du punk et du hip-hop on a toujours pu voir leurs protagonistes se fréquenter et s’influencer mutuellement. Ce n’est pas exclusif, et les deux styles sont résolument tournés vers d’autres scènes musicales plus ou moins émergentes comme par exemple le reggae ou l’électro. Une attitude d’ouverture partagé et une curiosité inhérente qui jette des ponts entre de multiples styles qu’on essaiera plus tard de nous vendre comme antagonistes. Les clash rencontrent fab five freddy, malcolm mac laren a sorti plusieurs disques de scratch au cours des années 80, les beastie boys ont commencé en jouant du punk hardcore, et que dire du perfecto, des bracelets et du collier à clous de grand master flash dans le clip de the message ? Dès le départ et jusqu’à aujourd’hui il y a eu de nombreuses réalisations hybridant les deux « styles », mais aussi un dialogue constant des esthétiques et des pratiques de productions et de diffusions.

 

L’un et l’autre des mouvements furent confrontés très vite à la question de leur récupération par le même monde contre lequel ils s’étaient construits. Dans cette guerre qui voit s’affronter les aspirations d’autonomies et de joie à la société de contrôle et d’exploitation, le punk et le hip-hop auront été tout autant les derniers gadgets à la mode qu’une menace pour la société, mais ceci, aussi, est une autre histoire !

pour l’œil et l’oreille:

-johnny b. goode/road runner (sex pistols)

-the great rock’n’roll swindle (julien temple)

-lipstick traces (greil marcus)

-hip hop family tree(ed piskor)

-la rappers delight (sugar hill gang) puis

good times (chic), ou inversement

-can’t stop won’t stop (jeff chang)

-dawg (zillakami x sos mula)

-la société du spectacle (guy debord)

-mode d’emploi du détournement (guy ernest debord/ gil j. wolman)

-dialectique peut elle casser des briques (rené viénet)

 

🎶musiques en luttes, émission #18: blog, rap et autonomie, coutoentrelesdents avec shaihulud🎶

l’émission musiques en lutte a reçu shaihulud pour parler de zik et d’autonomie des luttes, c’est dispo à l’écoute et au téléchargement ! un immense merci pour cet entretien, et n’hésitez pas à visiter leur blog pour y découvrir plein d’autres interviews liant musique et luttes sociales !

« ce mois-ci nous recevons le rappeur shaihulud, pour nous parler de coutoentreledents.

un blog où est partagé de la musique, des événements, un infokiosk et nouvellement un fanzine. »

Téléchargement

❄️shaihulud❄️un jour de décembre❄️

📢son en soutien aux inculpé.e.s du 8/12 (compile à paraître). Il y a 4 ans, le gouvernement d’emmanuel macron mettait en scène un remake de minority report, en inculpant 9 personnes sur la base de « soupçon » et sans « identifier de projet précis de passage à l’acte ». Sous la désignation et le prétexte de l’antiterrorisme, on assiste à un procès d’intentions et d’opinions qui s’affirme en tant que tel. Dans le même temps, ce procès cherche à criminaliser les luttes pour l’émancipation et toutes productions ou pratiques qui en émanent. L’écoute de chansons contestataires, la lecture de textes critiques, des paroles prononcées, des après-midi à jouer entre ami.e.s suffisent à pourrir la vie de gens pendant des années.Les outils policiers, juridiques et politiques développés par l’état permettent désormais l’arrestation et l’incarcération préventive de supposé.e.s opposant.e.s, et leur efficacité a été testée avec ce procès. Ne laissons pas faire ! Relaxe pour les inculpé.e.s du 8/12!

🎤🎹 instru.rap.mix.ppf: shaihulud

💻 clip: visuel d’origine comité 8 décembre rennes

🎙️shaihulud (coutoentrelesdents), entretien pour karton zine🎙️

dispo à l’origine et en version anglaise sur karton zine

Réguliers, bosseurs et particulièrement motivés, les membres du crew coutoentrelesdents (CED) sévissent dans le rap underground et militant depuis plus de 10 ans ! En tant qu’activistes du DIY, leur productivité ne s’arrête pas à la musique et c’est aussi ce qui nous a intéressé.

On a rencontré le dénommé shaihulud : rappeur, beatmaker, clippeur, et bidouilleur de logiciel cracké en tout genre… | Par Polka B.

🏴‍☠ ici et maintenant 🌐 tout est commun 🏴‍☠

Quel est ton premier contact avec le militantisme ? 

Je me suis politisé progressivement durant l’adolescence, vers les années 2000, en découvrant les différentes scènes musicales issues des contre-cultures. D’abord le reggae, puis le punk, sans avoir trop à chercher non plus, dans la mesure où ces musiques et leurs identités sociales étaient vendues et diffusées par l’industrie du divertissement dans des versions plus ou moins dépolitisées. Mais j’étais assez curieux pour découvrir les idées et pratiques issues des luttes sociales qui imprégnaient ces mouvements musicaux.

Est-ce que tu liais tes idées et convictions à la musique que tu écoutais, déjà à l’époque ?

Ça s’est fait progressivement. Je pense que j’ai tout de suite été sensible à des énergies et des discours qui cherchaient à dénoncer les injustices et à transformer l’existant ici et maintenant. Et puis la musique s’arrêtait pas aux ondes sonores mais s’étendait dans les journaux, les clips, les fanzines, donc je la recevais aussi dans sa dimension sociale. Ce que je ne comprenais pas dans la musique, je finissais par le lire dans des chroniques et des interviews. C’est une interview de Marley qui m’a orienté vers le punk par exemple, il disait que punks et rastas se ressemblaient.

Quels sont tes groupes de prédilection ? Qu’est-ce-que tu aimais chez ces artistes  ? 

Les scènes musicales issues des contre-cultures sont intimement liées, et au final l’ensemble forme une histoire sonore et social où tout se répond. Punk, reggae, rap, electro, techno, métal, rock et leurs multitudes de sous genres, synthèses et expérimentations m’intéressent parce qu’ils s’inscrivent dans des formes de contestation, ou de récupération de ces contestations durant le vingtième siècle. Je trouve qu’il y a des choses fascinantes et inspirantes dans tout ces styles et dans leur croisement. Mais au delà des questions esthétiques c’est les questions de productions et de diffusions qui m’intéressent et les scènes/groupes/individu.e.s qui refusent de reproduire le règne de l’exploitation et de la marchandise dans la musique comme dans nos vies en s’organisant de manière émancipatrice. J’ai été assez marqué de ce point de vue par la scène anarchopunk et le screamo, par exemple un groupe comme belle époque qui appliquait la logique DIY.

Quels étaient tes lieux emblématiques pour la culture alternative à l’époque sur Paris ?

L’un de mes premiers concerts dans un lieu marquant, c’était Amanda Woodward à Alternation, un squat près de Nation. J’étais minot. Des années après il y a plusieurs autres squats où il y avait plus ou moins régulièrement des soirées de soutien qui m’ont laissé de chouettes souvenirs. Le Bourdon à bastille, le Transfo à Montreuil, le Dilengo à Ivry… des squats autonomes en lutte et en lien avec les luttes sociales.

Comment forges-tu tes idées politiques et militantes ? Comment en arrives-tu au rap ?

Dans les concerts punks, il y avait un gars qui ramenait un infokiosque. Je lisais déjà pas mal mais ça m’a ouvert une porte sur l’autonomie des luttes et les pratiques et pensées libertaires. Je pense que j’ai toujours écouté du rap. C’était dur d’y échapper, même en s’enfermant dans une scène. Au final ça m’a paru être le meilleur moyen de faire de l’anarcho punk, tu peux t’exprimer musicalement avec ta seule voix sans avoir fait le conservatoire, mais c’est aussi technologique. Le home studio jouait un rôle similaire à celui de la guitare électrique dans l’explosion du punk, sauf qu’il permet de pousser jusqu’au bout la logique DIY de la production d’une chanson enregistrée. Les techniques de détournement initié par les situs se retrouvent dans le beat making comme dans le punk, c’est pas un hasard s’il existe un disque de scratch de Malcolm McLaren.

Comment est né le projet « coutoentrelesdents » ? Pourquoi ce nom ? (et pourquoi « Shaihulud » d’ailleurs?) Peux-tu décrire l’identité de votre collectif ? Son état d’esprit et ses objectifs ?

La première pierre à été lancée il y a une dizaine d’années, via une mixtape qu’on a fait à plusieurs dans un appartement squatté rue de l’Odéon à Paris. Que des face b, des enregistrements/mix approximatifs et des textes de totos! L’expression « couteau entre les dents » renvoie à la piraterie mais aussi aux communistes qui se faisaient caricaturer ainsi par la droite.Shaihulud c’est en rapport avec Dune de Herbert, un roman de sf, mais aussi un clin d’œil à un groupe  de hardcore américain. On a jamais été un collectif. Coutoentrelesdents se définissant plus par ce qui a été fait ou mis en ligne, c’est à dire le blog, une revue de presse, un infokiosque, de l’affichage et des stickers, des concerts de soutien qu’on a organisé ou auxquels on participe avec le rap, des événements de partage de savoir, de la musique, des vidéos et des textes. Toujours dans une perspective de luttes contre toutes formes d’oppressions. Un des fils conducteurs a toujours été de partager des savoirs et des pratiques émancipatrices sans dogmatisme ni orthodoxie, mais lié à l’autonomie des luttes.

Comment Coutoentrelesdents est devenu un blog ? Pourquoi avoir voulu parler des autres ?

On a essayé de diffuser auprès de sites déjà existants notre mixtape, et comme personne n’a répondu on s’est dit qu’on allait le faire nous-mêmes. Le blog est apparu comme un espace qui pouvait accueillir beaucoup plus que la musique et permettre de refléter l’autonomie des luttes et ses tendances, en partageant des infos, des textes, des événements, des liens…

Vous n’êtes pas du tout ce délire « l’underground pour l’underground ». Les sons mainstream semblent même vous inspirer énormément. Tu aimes beaucoup un rappeur comme JUL, peux-tu expliquer pourquoi ?

Pour moi, l’underground ne ramène pas des sonorités spécifiques.  Je le vois plutôt comme une manière de faire à contre courant des normes.  Figer des musiques expérimentales dans des formes codifiées, c’est une dérive réactionnaire qui caractérise le passage de l’expérimentation sonore et sociale à la « scène » et ses injonctions, ses normes. On peut observer le phénomène dans à peu près toutes les contre-cultures musicales du 20ème siècle. Et puis le son « mainstream » se renouvelle en permanence en intégrant les expérimentations reléguées dans l »underground ». Regarde la trap. L’utilisation des Charley et des 808 s’est répandue partout jusque dans les autres styles, alors qu’à la base c’est une musique avec des thèmes et paroles difficilement commercialisables. Au 20ème, l’art a constamment fait des va-et-vient entre des espaces de productions contestataires et une industrie en mal de contenu novateur. Le son des « puristes » de rap n’a rien d’ »underground ». C’est même le son d’une époque où il était commercialisé à tout va, même « industrialisé ». J’aime bien Jul à cause de son approche du rap avec un certain côté DIY, expérimental, et sincère. Typiquement, sa démarche est plus proche  de celle que les « puristes » affectionnent alors que beaucoup le dénigrent. Regarde comme les gens de cette scène critiquent le vocoder, alors même qu’il était utilisé dès les débuts du hip-hop, notamment parce que c’était une musique qui bidouillait avec la technologie contemporaine en allant puiser dans la musique qui l’avait précédée. L’album 13 Organisé se situe dans cette dynamique.

Comment votre public a réagi quand vous êtes arrivés avec ce style ? Selon toi, certains blocages musicaux propres au milieu politisé tendent à s’estomper ? 

Au départ c’est sur qu’on se sentait un peu seul.e.s. D’abord les milieux politiques anarchistes avaient une dominante punk. Ensuite, les rappeurs étaient en mode puristes et tout ce petit monde s’accordait très bien pour ne pas faire bouger les lignes et tenir sous assistance respiratoire des cadavres de scène bien dépassés par les événements. Tout ça nous emmerdait, et dès le départ on utilisait des beats trap ou electro. On essayait aussi de prendre de la distance avec une écriture qu’on jugeait trop « tract en musique ». On voulait plutôt exprimer et refléter nos vies quotidiennes marquées par le refus et le combat des dominations, parfois par le sarcasme et l’humour.

Quelles sont vos références musicales ? Personnellement, je les trouve très pointues, et très « américaines ». Cela me fait penser à toute cette période expérimentale du « rap soundcloud » de 2013 à 2015 qui a donné naissance au cloud-rap, ou au mumble-rap (comme ton morceau « Ohdieu »). 

Le rap soundcloud pour moi, c’est un peu la synthèse d’une génération d’ado qui écoutait du punk, du métal, du hardcore et de l’indie plus ou moins emo en même temps que la Three Six Mafia, Lil Wayne… et qui a décidé de sampler les mélos des premiers en y collant les batteries des seconds. Ça a fait plein de sonorités nouvelles et personnellement ça m’a bien parlé vu que j’avais été influencé par tout ces styles ! D’un point de vue du rap c’est clair que « ohdieu » a été inspiré par le mumble! !

Et je pourrais dire pareil pour les productions. Qui produit chez vous ? Qu’est ce qui vous à motivé à vous mettre à la page en terme de sonorités ?

Moi je produis, aidé et poussé à l’époque par Unikogree et n2k, qui ont aussi sorti de la musique sur CED. Perso j’ai toujours aimé l’aspect expérimental et futuriste du hip-hop, donc je cherche toujours à voir comment ça évolue, quelles surprises et nouveautés sortent.

Pour moi, couto/cafar (en téléchargement libre sur coutoentrelesdents.noblogs.org) est votre meilleur projet. C’est un bel aboutissement en terme de production, de maîtrise de l’autotune, et surtout de mix ! Avez-vous été davantage ambitieux sur ce projet ? 

Couto/cafar, c’est le fruit d’une rencontre entre moi, Puzzmama, Dudu, Seppuku et a2r. Les compos et mix ont été faits par Dudu et moi. Et c’est sur qu’on voulait que ça shine ! Perso je suis autodidacte et j’essaie toujours d’améliorer ma compréhension de la musique et de la MAO. Cet album a bénéficié du home studio qu’on a fabriqué, traité acoustiquement, et de deux cerveaux et paires d’oreilles, ce qui a permis de pousser les mix et les compos là où on ne serait pas forcément allés seuls !

Quels sont vos objectifs pour le futur ? Avez-vous d’autres projets en route ?

Musicalement je dirais que ça ne peut qu’évoluer, ça a toujours été le cas depuis une dizaine d’années ! On a toujours les mêmes perspectives : vivre libre et donc par conséquent lutter pour l’abolition de toutes les oppressions par les moyens les moins contradictoires possibles! coutoentrelesdents n’est que le reflet de cette dynamique, et des multiples rencontres qu’elle occasionne. En tout cas merci beaucoup de m’avoir interviewé, et pour ce que vous réalisez avec Karton Zine ! Je pense que des initiatives comme KZ ou CED devraient se multiplier au maximum !

Petite dédicace à toute celleux qui font ou ont fait exister CED, celleux avec qui j’ai fait un bout de chemin, tototune, momac, uniko, n2k, nad, tanchelijn, hulz, opikanoba, kris, samir, toska, choco, lascie, matia, ratur, sami, victor, clandomc, seppuku, alchemist vertigo, matieu, praxis, myscier blodya, griotte, nellio, MDP, les gentes du malandrin, 400 000, karter, les gentes qui depuis 10 ans nous invitent un peu partout !

🌪️ ratur 🌪️disparate 2 | album complet |

🎶nouvelle série de chansons et deuxième volet de disparate, ratur nous envoie 10 titres de rap sur des type beat et deux prods de kindredbeats

🎹ça parle des galères des opprimé.e.s, d’amitié.e.s, de prison, d’amour, de liberté et de contraintes, de résistance et de résilience, de rapport de forces et de tendresse et de beaucoup d’autre choses qui apparaissent au détour des rimes, tout ça sur des sonorités drill, boom bap, trap ou cloud

🎚️🐵 les  mixes et la post-production finale par kindredbeats sont aux petits oignons, un grand big up !

💻à télécharger ici, écouter , et à visionner sur ça

🦶shaihulud x ottonom🦶les pieds dans le plat🦶

🦶à l’origine paru sur émeutes 2 chambre, revoilà « les pieds dans le plat » et son clip tourné au squat du bourdon près de bastille à paris, en 2011.
🦶un squat important pour certaines des personnes de coutoentrelesdents où l’on a vécu.e.s, enregistré.e.s et participé.e.s à la vie du lieu: cantine et récup, sport, projection, concert et tout un tas d’initiative autonome, libertaire, et en luttes.
🏴‍☠️ http://weshbastille.kif.fr/ 🕯️
🎤rap: shaihulud x ottonom
🎹 instru.mix.ppf: coutoentrelesdents 💻 clip: plein d’amour pour bintou qui nous avait filmé et monté ce clip carré comme jaja à une époque ou les téléphones filmaient pas encore 🏴‍☠️

📚de la lecture contre l’ennui, des armes pour agir : le dernier des hippies, l’art de lancer des choses, trajectoires : témoignages de la scène punk diy, raccourci vers nulle part, du fric ou on vous tue📚👓

5 livres pour tirer des leçons du passé et construire le présent : un témoignage et un hommage aux festivals libres des années 70, des bons conseils pour jeter des trucs qui sont autant de bons conseils pour vivre sa vie, une série d’entretiens avec des punks qui ont refusé le profit et adopté la logique du fais-le-toi-même, un roman pas si fictionnel que ça qui nous fait plonger dans la vie d’un keupon banlieusard du début du millénaire, et une petite autobiographie revenant sur les années d’existence d’os cangaceiros, ces hors la loi révolutionnaires des années 80.

Cofondateur du groupe anarcho punk crass, Penny Rimbaud revient sur le parcours de Wally Hope, un hippie anglais organisateur de festival libre comme celui de Stonehenge. A travers ce récit au dénouement tragique, l’auteur montre les efforts déployés par une génération pour exister hors des sentiers tracés par les normes, l’argent, la docilité, la tristesse…Malheureusement l’histoire de cette vague joyeuse est aussi celle de sa répression, et Rimbaud revient sur tout les aspects de cette période charnière entre la « fin » de la contre culture hippie et les premiers accords nihiliste punk.

Le dernier des hippies, Penny Rimbaud


 

Sous la forme d’un précis consacré au lancer d’objet, le comité des bons conseils recense toute les manières de jeter efficacement diverses choses loin de soi. Sous des dehors pratiques se dévoilent un petit traité philosophique prenant pour point de départ un geste caractéristique que l’être humain a exercé depuis le fond des âges, beaucoup moins anodin qu’on ne l’envisage. Léger mais profond, c’est une lecture revigorante qui donne envie de se saisir des choses pour les voir s’envoler.

L’art de lancer des choses, le comité des bons conseils


Une série d’entretien avec des acteurs clés du punk diy contemporain, cherchant à faire état des évolutions et modifications des pratiques. Les interviewés ont tous passé plusieurs décennies à s’investir dans la scène punk hexagonale, et les questions leur permettent de raconter ce mouvement et leurs rapports à celui-ci avec recul et passion. On les voit revenir notamment sur l’arrivée d’internet et ses conséquences sur une sociabilité qui cherche l’autonomie et le refus des contraintes. Témoignages d’un monde encore vivace, interrogeant toujours ses perspectives et ses pratiques, le recueil superbement auto-édité vient poser une pierre essentielle et salutaire d’une histoire qui s’écrit encore au jour le jour.

Trajectoires, témoignages de la scène punk diy des années 90 à nos jours


Roman aux accents autobiographiques écrit par alex, l’auteur du fanzine punk ratcharge. Sur les traces d’un jeune punk de banlieue parisienne au début des années 2000, de squat en amour compliqué, de concerts transcendants en descente aux enfers, à travers la paranoïa, l’affirmation de soi, l’exploitation et la liberté, les amitié.e.s et les déceptions. Une histoire qui sent le vécu, décrivant d’une manière réaliste l’environnement punk diy de l’époque et son impact dans la vie quotidienne et affective. A travers les péripéties et transformations du narrateur c’est tout un (anti)monde qui se dévoile avec ses aspirations, ses remèdes et ses poisons, ses fantasmes et ses réalités, ses impasses et ses possibles, ses naïvetés et ses lucidités, un récit porté par un style clair, concis, et percutant. Un quasi roman d’apprentissage en territoire punk et témoin d’une époque pas si lointaine.

Raccourci vers nulle part, Alex Ratcharge


Alèssi Dell’Umbria revient sur les années passées en compagnie des os cangaceiros à lutter contre le vieux monde. Le refus du travail, la participation active aux luttes qui les entourent dans les banlieues, les usines et les prisons, les arnaques et les débrouilles, l’ouvrage permet de plonger un peu plus profondément dans le quotidien des ces hors la loi révolutionnaires inspirés par les situationnistes ou bien de les découvrir à travers leurs péripéties durant les années 80. Une bonne introduction ou un bon complément aux publications produites par le groupe (disponible dans notre infokiosk) !

Du fric ou on vous tue, Alèssi Dell’Umbria

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🧭shaihulud🧭à la dérive🧭

🎤🎹 instru.rap.mix.ppf: shaihulud

💻 clip: shaihulud x bb

🖤 plein d’amour pour les personnes avec qui on avait fait cette vidéo, initialement le clip de dosette.

🏚️ big up au 4, maison squattée du coté de la capsulerie il y a quelques années

📚de la lecture pour étancher sa curiosité et comprendre le monde: mods, la punition, une affaire de viol, révolutionnaires sans révolution, jo attia📚👓

5 livres pour apprendre sans se prendre la tête, au menu : une enquête sur une contre-culture et son impact dans nos vies, le récit autobiographique de jeunes au prise avec une répression féroce, un polar intersectionnel des années 80, la vie d’un communiste surréaliste par lui-même, et celle d’un caïd du milieu narré par sa fille!

Les mods, abréviation de modernist, ont fait exister l’un des premiers mouvements contre-culturel de la jeunesse d’après-guerre dont l’influence a été considérable jusqu’à aujourd’hui. On y suit l’histoire de ces jeunes aux allures et attitudes de dandy, qui se forgent un style vestimentaire unique et s’intéressent de près aux scènes musicales caribéenne ou afro-américaine. Un ouvrage qui permet de saisir le lien entre la société industrielle et de loisirs et les désirs de distinction et d’émancipation qu’elle suscite. A la convergence des lignes de fuites du capitalisme et de leur récupération par la marchandise, le mouvement mods influence jusqu’à aujourd’hui les dynamiques contre-culturelles mais a aussi laissé une trace indélébile sur le monde marchand et sa façon de s’adresser aux consommateur.e.s.

Mods, la révolte par l’élégance, François Thomazeau


 

Le témoignage d’un jeune homme arrêté et enfermé en camp de redressement militaire pour avoir manifesté pour la démocratie au maroc en 1965. Au plus proche des évènements qu’il a vécu, Tahar Ben Jelloun décortique la mécanique de la répression à l’aide de descriptions acérées et en livrant ses impressions avec sincérité. On ne peut qu’être glacé.e.s à la lecture de toutes ces aspirations à une vie meilleure malmenées par la violence militaire et nationaliste, à l’évocation d’une jeunesse brutalisée pour avoir osé s’exprimer en faveur de plus de liberté d’expression et de participation à la vie politique. Cette violence n’a pas disparu, elle s’exprime toujours sans masque dans bien des endroits, et elle se tapit à l’ombre de rapports sociaux policés. Un excellent livre pour ne pas oublier et combattre les rapports de domination dans nos vies.

La punition, Tahar Ben Jelloun


A travers le récit fictif d’un fait divers, le viol et le meurtre d’une femme blanche par cinq afro-américains dans le cinquième arrondissement de paris en 1956, Chester Himes dresse un portrait subtil des rapports d’oppressions de genre, de race, et de classe et de la manière dont ils animent la société occidentale et ses acteurs/actrices. Il montre comment divers processus d’oppressions déterminent et biaisent les rapports de tout un chacun aux autres et aux faits, et tient en haleine avec une galerie de personnages fouillés et une intrigue riche en rebondissements.

Une affaire de viol, Chester Himes


André Thirion livre une autobiographie dense suivant conjointement son parcours au sein du parti communiste et du groupe des surréaliste, et toutes les tentatives qu’il fit pour les rapprocher durant l’entre deux guerres. Une plongée vertigineuse entre évènements historique et vie quotidienne, sur les traces des avant-gardes politiques et artistiques du début du vingtième siècle en france. Galerie de personnages aujourd’hui illustre ramené à leur humanité, voyage à travers l’histoire et les motivations de ces figures, état des lieux des rapports de force, des illusions et des désillusions vécues, un point de vue inédit sur une période et des individu.e.s dont les actes et les prises de positions pour un monde meilleur furent récupéré après guerre et intégrés à une nouvelle mythologie nationaliste et « républicaine ».

Révolutionnaires sans révolution, André Thirion


La vie du célèbre bandit, narré avec habileté par sa fille. De sa jeunesse mouvementé à sa place de caïd dans le milieu parisien, en passant par les bataillons disciplinaire d’afrique, le camp de concentration de mauthausen, jusqu’à son rôle de barbouze, Nicole Attia évoque la vie de son père, le présentant comme un homme refusant les contraintes pour lui et pour les autres, solidaire face à l’injustice, réussissant à dépasser ses origines sociales par la seule voie qu’il connait pour ne pas subir sa vie, le banditisme. Ami du célèbre Pierrot le Fou, membre du gang des tractions avants, la célébrité de Jo Attia s’estompe devant le portrait détaillé qui en est fait, et ses aventures ne laissent pas de répit à la lecture!

Jo Attia, Nicole Attia

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🎶la chair étrange, version physique et diy🎶

💿 la chair étrange, version physique et diy, 8 chansons à propos de la vie sur terre à la croisée du rap et du punk/hardcore

🎨47 cd-r imitation vinyle numéroté à la main et livret impression laser glissés dans une enveloppe kraft décorée d’un sticker diy illustrant l’album, l’ensemble est protégé par une pochette plastique et cherche à évoquer les galettes des groupes de screamo 90’s
🏴‍☠️dispo gratuit ou à l’échange, envoie un mp sur les réseaux, ou un mail !