Bye-bye Saint-Eloi ! Paris, le 8 juin 2015 À l’attention de Mme Jeanne Duye, Juge d’instruction4 Boulevard du Palais75001 Paris Bye-bye Saint-Eloi ! Observations concernant le réquisitoire définitif du procureur de la République dans l’affaire dite « de Tarnac »
kung-fu & cruauté
Le wing chun est un art martial aux prises avec la cruauté, cette part inconvertible de la violence. Un art qui la réfléchit dans une négociation entre la force et le droit. Art de contrôle non pas seulement de la violence mais bien de la cruauté. Pas de contre-attaque efficace, sans un moment moral, intellectuel et politique d’anti-violence. À programmer dans la pluridisciplinarité des collèges, car nous avons besoin du wing chun comme nous avons besoin de philosophie.
« Pour civiliser l’esprit, il faut d’abord rendre le corps sauvage ».
— Mao Zedong, pour le journal révolutionnaire New Youth, à propos du rôle de l’éducation physique dans la société, 1917
« What’s your style ? »
— Wong Kar-Wai, The Grandmaster
1973. Bruce Lee, artiste martial au début de sa gloire, est fauché à 32 ans par une probable rupture d’anévrisme. Au-delà de son propre style de kung-fu, le jeet kune-do, qu’il invente, joue et enseigne à Hollywood, chacun des arts martiaux pratiqués par l’icône va alors bénéficier de son aura mondiale. À commencer par le wing chun, appris jeune à Hong Kong auprès d’un des grands maîtres de la discipline : Yip Man. Si le kung-fu ne désigne pas un art martial en particulier, mais une « excellence obtenue après un dur travail » — l’expression peut donc être employée dans tous les domaines (poésie, peinture, cuisine, etc.) —, il renvoie d’abord à l’art du combat. Comme tel, le kung-fu entretient immédiatement un rapport à la violence, la sienne propre comme celle de l’autre, force à maîtriser, rationaliser et utiliser, sans ignorer la possibilité du lynchage ou de la mort. Il a donc aussi affaire en même temps à un excès de violence, qui est comme son côté obscur : la cruauté.
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IL Y A 50 ANS, LES PROVOS
« Actuellement le Provo s’en tient, non
sans mérite, à la provocation de la police,
aux affrontements sur le Dam, aux pétards
dans les boites aux lettres. Demain, il devra
traiter la police comme un ennemi conscient,
donner l’assaut contre le palais du Dam, et
poser quelques bombes dans les boites
aux lettres du BVD. Car seules les masses
provocatrices des jeunes glandeurs sont
encore à incorporer dans le mouvement. Ce
sont elles qui constituent une opposition, et
non pas les soit-disant classes laborieuses
qui sont pieds et poings liés dans ce
système social. Les Provos sont la dernière
classe révolutionnaire des Pays-Bas et nous
reconnaissons comme Provos les beatniks,
les pleiners, les magiciens. »
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Et si on parlait de la répression …
Avant-propos :
Le nous de ce texte, c’est celui d’un milieu militant anarchisant, qui se compose et se décompose au jour le jour, entre les luttes sociales et écologistes, d’un collectif, d’une lutte, d’un lieu ou d’un groupe affinitaire à un autre. Un milieu qui, depuis le CPE, a tissé un large réseau de connaissances, d’échanges, au gré ou indépendamment des identités collectives. Le texte ci-dessous s’adresse à celleux qui s’y reconnaissent, partiellement au moins.
La répression comme révélateur
Il faut rendre à l’opération César [1] ce qui lui appartient et à la répression ce qu’elle nous révèle sur nous-mêmes. Depuis la mort de Rémi Fraisse elle est sur toutes nos lèvres, comme si la nommer permettait de cerner l’adversité, celle qui focalise tous nos maux, qui pourrait à elle seule être la cause de notre colère et sa conséquence.
On lui prête tour à tour, dans nos slogans, le visage de la violence policière, de l’état sécuritaire, des politiques austères, de la justice partiale et expéditive de classe. Nous nous offusquons continuellement d’elle, aussi surpris qu’outrés de ce que notre éducation peine encore à accepter : le fait que le vernis démocratique, par lequel nous nous défendons vigoureusement d’être encore illusionnés, continue néanmoins de nous coller à la peau, obturant les pores de notre perception critique.
La répression est pour nous l’expérience désagréable de nos imaginaires de révolution ou d’insurrection rejoints par une réalité que soudain nous subissons : c’est une confirmation de notre vulnérabilité dans un système qui nous a habitués à jouir pourtant d’une relative sécurité.
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Le Corbusier plus facho que fada
Cinquante ans après la mort de l’architecte, deux ouvrages évoquent son compagnonnage avec le fascisme.
Les spécialistes le savaient, même s’ils tentaient parfois de le minimiser : la guerre de Le Corbusier n’avait pas été exemplaire. Cinquante ans après sa disparition, voici que les informations sur son parcours politique se multiplient. Les deux livres publiés ces jours-ci, Un Corbusier, de François Chaslin, et Le Corbusier, un fascisme français, de Xavier de Jarcy révèlent l’ampleur de sa part d’ombre.
L’homme de la Cité radieuse avait été l’un des modèles d’Eugen Robick, l’«urbatecte» de la Fièvre d’Urbicande, l’un de mes premiers albums avec François Schuiten. Dès cette époque, j’avais peu de sympathie pour le doctrinaire. Mais je n’imaginais pas l’ampleur de ses engagements et de ses compromissions. La tentation fasciste ne fut pas pour Le Corbusier une simple marque d’opportunisme : ses relations avec les idéologues de la droite nationaliste ont duré des décennies et marqué en profondeur sa pensée urbanistique. On pourrait dire que Le Corbusier fut à l’architecture ce que Martin Heidegger, son contemporain presque exact, fut à la philosophie : un géant fourvoyé.
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[AQNI BROCHURES] Les classes sociales en France
Encore un mort dans un commissariat, à Saint-Denis cette fois
Cette fois, on n’aura pas appris le drame plus d’un mois après comme pour Amadou Koumé. Dans la nuit de samedi à dimanche, un homme est mort dans un commissariat de Saint-Denis apprend-on dans « Le Parisien« .
L’IGPN, l’Inspection générale de la police nationale vient d’ouvrir une enquête après la mort d’un homme dans la nuit de samedi à dimanche après une altercation avec des policiers au commissariat de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).
Le parquet de Bobigny a donné sa version :
« l’homme est reparti puis est revenu dans l’enceinte du commissariat. Il s’est énervé et l’un des policiers en faction l’a repoussé, ce qui a occasionné sa chute. Sa tête a heurté le sol. »
Il est mort quelques heures plus tard à l’hôpital. Faut quand même chuter sacrément durement pour mourir en se cognant la tête. En tombant de sa propre hauteur, ça paraît étrange.
Mais pour 20 Minutes par exemple, rien d’étonnant. D’abord, il l’avait bien cherché : « Il avait tenté d’entrer dans un commissariat », rien que ça !
Quant à l’explication, elle est simple pour nos fins limiers jamais à court d’explications pour excuser les meurtres policiers (y compris avec des grosses fautes). Aujourd’hui donc, cet homme qui avait commis le crime d’après 20 Minutes de vouloir entrer dans un commissariat est mort à cause… de la malchance :
L’homme, qui était « passablement énervé », a voulu s’en prendre à un des policiers en faction « qui l’a repoussé avec la paume de la main », ce qui a provoqué sa chute, a décrit une source policière. « Par malchance, ajouté celle-ci [sic], en tombant, sa tête avait heurté l’arrête du trottoir »
Une mort, qui comme toutes les autres qui impliquent des flics, risque une nouvelle fois de ne pas avoir d’explication. Même Amnesty se disait récemment,dans un rapport international, préoccupée par « l’impartialité et l’exhaustivité des enquêtes menées par les autorités judiciaires » concernant les violences commises par la police française.
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FESTIVAL HIPHOPOTAN
BLACK MIRROR:Saison 2, épisode 9 : Early Reggae, Rude Boys et politricks
Le mot « Reggay » apparaît pour la première fois en 1968 dans un morceau des Maytals, comme une réponse au« Rocksteady » d’Alton Ellis deux ans plus tôt. Le Rocksteady aura été la musique des Rude Boys, ces petites frappes du ghetto dont les différends commencent à transpirer sur les sound-systems. Les partis politiques véreux de la Jamaique les enrôle pour conquérir par la force des fiefs électoraux et terroriser l’adversaire. Chaque nouvelle élection est marquée par des violences de rue meurtrières, la misère gagne du terrain, les armes inondent les « shanty towns ». Peu à peu les chansons d’amour vont laisser place à une critique sociale de plus en plus marquée. Le reggae naissant se fait « conscious », se tourne vers l’Afrique et ses rythmes de révolte qui ont survécu à l’esclavage, vers les racines, les « roots ». Les jamaicains pauvres ont posé les bases de leur musique, affranchie des USA, qui se nourrit de leur condition particulière, et sera bientôt indissociable, et pour longtemps, d’une religion qui leur est propre : Rasta.
L’émission : BCK MIR S.O2 EP.09
La playlist : BCK MIR S.O2 EP.09 PLAYLIST
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POUR LES ESSENTIALISTES DE TOUT POIL
DU PASSÉ, ILS FONT TABLE RASE !
Depuis l’annonce de la loi pour la croissance et l’activité, la loi Macron, une véritable opération de désinformation s’est mise en place. Toutes les professions réglementées affectées par cette loi ont confisqué le débat en l’orientant sur leurs cas particuliers. Les soucis des notaires, des huissiers, des greffiers etc., ne sont pas les nôtres. On se tape de leurs mises en concurrence et de tout ce qui va avec. Ils palpent en moyenne entre 6000 et 10000 balles par mois. C’est avec ça qu’ils ont pu débourser plus de deux millions d’euros en pub dans les journaux et sur le net pour qu’on pleure leur sort.
La loi Macron, ce n’est pas non plus la loi sur le permis de conduire ou le développement des transports pour pauvres, les autocars de région. Certains diront que c’est la loi du travail le dimanche, pour pouvoir bricoler ou acheter des fringues le jour du seigneur. Petit à petit, ces quelques arbres parviennent à cacher la forêt de Macron, un projet bien plus offensif que les détails cités plus haut. Le premier indice de ce projet offensif peut se trouver dans le cadre de ce fameux travail du dimanche.
Le but affiché est de « moderniser » le travail en France. Comme si le repos était un archaïsme, on moque la semaine de travail et on propose pour les « volontaires » la possibilité de travailler le dimanche mais aussi la nuit, sans contrepartie. Le but est de faire du dimanche un jour comme les autres, de la nuit un temps comme un autre, de la vie un temps de travail. Ni payé plus, ni remplacé. Cette réforme va affecter de nombreux travailleurs du tertiaire, ceux qu’on appelle les « volontaires ». Qu’est-ce que le « volontariat » dans le cadre d’une relation entre un patron et un employé, quand celui-là détient tout le pouvoir, à savoir nos salaires ? On connaît déjà la fin.
Le travail du dimanche, ce n’est donc pas un simple amendement exceptionnel au code du travail. C’est une façon symbolique de brouiller les pistes, dé-régulariser les rapports entre salariés et patrons pour finir d’abattre les murs déjà bien effrités de la protection sociale que des années de luttes ouvrières ont réussi à construire face aux misères que nous promet le capitalisme. On pourrait rétorquer qu’en temps de crise, il est nécessaire de redynamiser l’emploi, permettre aux gens de, si ce n’est vivre, au moins survivre, avec des boulots précaires, à toute heure. Mais ça ne marche pas. Flexibiliser le marché du travail, ce n’est pas pour améliorer les conditions de vie des prolos, c’est pour que les patrons, en temps de crise de consommation évidente, puisse offrir plus d’opportunités à leur capital pour grossir, pour réaliser des plus-values malgré la disette, sans qu’aucun salarié ne voit la moindre embellie pour sa situation personnelle.
On pourrait aussi se dire qu’après tout, ce ne sont que les travailleurs du tertiaire qui vont en pâtir. Mais non. Et c’est maintenant qu’on va évoquer le point essentiel de la loi Macron, la fin du droit du travail.Avant, les rapports entre salariés et patrons étaient régis par le droit du travail, un code de loi qui imposait une rigueur législative à l’exploitation capitaliste. Le droit étant un espace malléable, de nombreuses luttes sociales ont su imprimer à ce droit un principe très simple, le rapport entre un patron et un employé est un rapport de subordination, donc inégalitaire. Ainsi, cet encadrement législatif bénéficiait d’un a priori avantageux pour les salariés en cas de conflit avec leur patron, ce qu’on appelait la « contrepartie ».
Avec la loi Macron, le gouvernement ne fait pas que s’attaquer à la justice prud’homale, il permet, par la suppression du deuxième alinéa de l’article 2064 du code civil (« Toutefois, aucune convention ne peut être conclue à l’effet de résoudre les différends qui s’élèvent à l’occasion de tout contrat de travail soumis aux dispositions du code du travail entre les employeurs, ou leurs représentants, et les salariés qu’ils emploient. »), de ne plus faire référence au code du travail et de placer les conflits entre patrons et employés dans le cadre d’une procédure civile, à égalité. Sous le prétexte de désengorger les prud’hommes, le gouvernement parvient à faire fi de toute existence des travailleurs comme classe aux intérêts communs, dont les luttes des uns renforcent la sécurité des autres, pour isoler le salarié et laisser les mains libres au patron, flexibilité oblige. La loi Macron, c’est l’institutionnalisation de la précarité, à l’instar de la réforme de l’assurance chômage.
Les conflits avec le patron s’appelleront des conventions participatives qui, une fois engagées, interdiront aux salariés d’amener leur patron devant les prud’hommes. En fait, tout « accord » employeur-employé primera sur le droit du travail et à chaque contrat, va falloir négocier sévère pour les paniers, les tickets resto ou le maintien du taux horaire SMIC. C’est une défaite sans commune mesure.
Pourtant, ça fait un bout de temps qu’on va dans ce sens, l’ANI ou les accords de compétitivité n’étaient que des préparatifs au grand nettoyage de printemps de la loi Macron. Le gouvernement donne carte blanche aux patrons et les exonère de charges, profite du remue-ménage pour couper dans les budgets, pour affaiblir le service public payé par nos salaires, et investit dans le maintien de l’ordre pour nous empêcher d’aller trop loin.
Face à l’une des plus violentes défaites des salariés en France, les directions syndicales optent pour des journées de mobilisations fades et sans perspectives. En attendant la prochaine négociation. Pourtant, ces mêmes directions syndicales feraient mieux de s’inquiéter de leur sort, parce qu’après le droit du travail, c’est eux qui y passeront. A Toulouse, Moudenc n’en doute pas et c’est le vent dans le dos qu’il a annoncé à tous les représentants syndicaux son souhait de récupérer leurs locaux, y compris la Bourse du travail.
Rien ne semble pouvoir stopper l’irrésistible vague réactionnaire et libérale qui déferle sur le paysage capitaliste en France. Il faut donc se réapproprier les moyens de lutter. L’attaque de nos conditions de vie est multilatérale. Elle vient du travail, des services publics ou encore de l’Etat. Face à la crise de représentativité et d’effectivité qui touche le phénomène syndical et politique en France, il faut prendre l’initiative, réapprendre à lutter à la base, dans nos boîtes, dans nos Pôles Emploi mais aussi dans nos Sécu et dans nos CAF. Agir sans représentation, mettre la pression à tous nos patrons, bloquer, occuper, saboter, tout ce qu’on aura décidé ensemble, dans nos assemblées. Et le faire avec sérieux. Les collectifs de précaires qui pullulent ici et là sont un exemple à suivre pour les luttes que l’on va devoir mener. Et vu qu’on a les nerfs, ça ne fait que commencer.
Marinaleda : Mythe et réalité du coopérativisme en Andalousie
Ces dernières décennies, l’une des principales victoires des gestionnaires de la domination en Europe, ce n’est pas seulement d’avoir embastillé, parfois même tué, des individus qui avaient osé remettre en cause leur pouvoir dans la période précédente, marquée à des degrés divers par des poussées subversives. C’est aussi d’avoir joué, en partie du moins pour les plus modernisateurs d’entre eux, le rôle d’exécuteurs testamentaires des illusions de la période révolue, en les adaptant aux exigences actuelles de la société capitaliste. Et, en même temps, d’avoir neutralisé, vidé de leur sens, voire occulté, les idées, les conceptions, etc., subversives qui étaient partie intégrante de telles poussées. L’Espagne n’y fait pas exception. L’amnésie entretenue par le pouvoir d’Etat issu du franquisme et, de façon générale, par l’ensemble des Etats européens, ainsi que la faiblesse concomitante de la critique actuelle du capital contribuent à faire passer des vessies réformistes, en particulier celles qui relèvent de l’idéologie alternative, déjà combattue à maintes reprises, pour des lanternes révolutionnaires inédites. Deux facteurs qui expliquent pourquoi des opérations promotionnelles, en Andalousie, de syndicalistes et de politiciens d’opposition, en quête de reconnaissance et de notoriété, puissent être assimilées, à travers l’Europe, à des tentatives de reprise révolutionnaire des terres, renouant avec l’esprit de celles qu’elles existèrent à l’époque de la révolution espagnole, en Aragon. L’objet de la lettre que je diffuse aujourd’hui, datée de l’automne 2013 et que j’avais envoyée à des connaissances séjournant en Espagne, est de contribuer à dévoiler la véritable nature de pareilles impostures.
André Dréan,
Printemps 2015.
Cher Z, je comprends ta déception après ton séjour dans la plaine du Guadalquivir, en particulier au village coopérativiste de Marinaleda, la prétendue « utopie locale » mise en place il y a des décennies sous la houlette du cacique historique du SOC (Sindicato de Obreros del Campo), Gordillo, maire du bled et député de Izquierda Unida, l’équivalent du Front de gauche en version régionaliste et nationaliste andalouse. Gordillo participe d’ailleurs au gouvernement de la région autonome d’Andalousie aux côtés du PSOE (Partido Socialista Obrero Español). Sa notoriété découle de son double langage et de sa double attitude : membre de l’institution, il n’hésite pourtant pas à lancer des opérations coups de poing avec ses groupies du SOC, rebaptisé le SAT (Sindicato Andaluz de Trabajadores), par exemple des « reprises » dans des supermarchés de la région de Séville et de Cadix avec convocations des journalistes à la clé. Ce n’est pas pour rien que ce malin démagogue est parfois surnommé le Chavez andalou. Avec lequel il entretenait, jusqu’au décès de ce dernier, les relations les plus étroites.
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Réflexions sur la critique culturelle
Le journaliste Éric Loret propose une réflexion sur la critique d’art, de cinéma, de littérature dans son Petit manuel critique. L’ancienne critique professionnelle et institutionnelle, avec les revues spécialisées, voit son lectorat s’effondrer sans qu’il se reporte sur l’Internet. « Tout exercice critique dans les « vieux médias », désormais perçus comme institutionnel, se retrouve englobé dans une défiance politique générale et, au même titre que celle-ci, vilipendé », observe Éric Loret. Les renvois d’ascenseur entre critiques et les conflits d’intérêt entre l’industrie des médias, de la production et de l’édition expliquent un légitime dénigrement.
Mais la critique sur les blogs, les forums et les réseaux sociaux reprend les travers de la critique traditionnelle qui distribue les bons et les mauvais points selon des critères basiquement personnels. La prise de parole prime sur l’écoute. Plutôt que cet égotisme culturel, une critique universelle doit être ravivée. « Une critique de tous, avec tous, donc, et ayant en vue une même œuvre : le monde », propose Éric Loret. Le plaisir esthétique doit se tourner vers la conciliation et la communion plutôt que vers la séparation et l’indifférence. Le philosophe John Dewey insiste sur une philosophie esthétique qui renvoie à l’expérience ordinaire. La critique doit permettre aux individus de communiquer leur sentiment, leur perception et leur représentation du monde. La perspective de communiquer son sentiment fait partie du plaisir esthétique. L’expérience esthétique ne peut pas se réduire à une jouissance solitaire.
Le philosophe Jacques Rancière insiste sur le « partage du sensible ». Il propose une démocratie des intelligences égales, une « communauté inédite d’individus cherchant les moyens de se joindre à travers la forêts des signes et des formes, une communauté constituée au risque de trajets et de rencontres multiples sous le signe de l’égalité ». le spectateur artiste n’est pas un simple consommateur mais doit être incité à la discussion et au désaccord.
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