🦎Tendresse, rage et papier : entretien avec la Lézarde, sur les quais de l’hôtel de ville à Paris 📚

On a une boîte plutôt dédiée aux fanzines et aux stickers, deux autres livres politiques souvent de petites maisons d’édition indépendantes mais aussi des trucs anciens ou juste vraiment bien, et la dernière boîte c’est la boîte « Prix libre » où y a un peu toute sorte de livres et plein de brochures et d’affiches. On a fêté nos 1 an en juillet ! Ça s’appelle la Lézarde parce que sur le blason des bouquinistes il y a un lézard, qu’on est féministes et qu’on aime bien cette image de la fissure – déjà celles de nos boîtes rafistolées un peu à l’arrache –  et puis surtout ça correspond bien à ce qu’on essaye de faire : quelque chose entre faire craqueler le vernis du centre ville et trouver la faille là ou la vie peu s’immiscer et fleurir.

 

Pourquoi tenir une librairie/infokiosk ?

Pour faire exister d’autres imaginaires, faire entendre d’autres voix que celles des vieux types qui nous ont bourré le mou assez longtemps. Je me suis beaucoup politisée avec les brochures au début, et j’y trouve souvent des réponses que je cherche, que ça soit à des questions pratiques ou existentielles, donc je me sens utile en faisant ce travail de diffusion. A part ça la Lézarde c’est aussi un endroit de sociabilité, on dispose les chaises pour que les gens puissent se poser, que ce soit pour bouquiner, shlagger, ou discuter avec nous, de politique mais pas que. C’est une façon de créer du lien, de regagner du terrain même si c’est rien qu’un bout de trottoir, et puis aussi de se rendre la vie plus belle.

Quel est l'intérêt principal de cette pratique à vos yeux, et est-ce que vous y cherchez toustes la même chose ?

T : Tu veux dire dans le fait de tenir une bouquinerie sur les quais spécifiquement ? C’est un kiff de pouvoir prendre cette place au milieu du trottoir, y a notamment les affiches et les stickers qu’on met beaucoup en avant et qui permettent de balancer des slogans percutants au milieu de ce flux de gens, et celles et ceux qui veulent peuvent fouiller un peu plus. Après avoir longtemps tenu des stands dans des évènements militants, ça fait du sens pour moi d’avoir trouvé un espace pour faire ça en dehors. 

A : Pour ma part, j’y aurais jamais pensé sans T. C’est elle qui m’a balancé un jour, quelques heures après qu’on se soit connues: « ce serait trop bien de reprendre des boîtes de bouquinistes sur les quais de Seine avec une ekip de gens deter », moi ça m’a parlé direct ! – Puis plus de nouvelles pendant 3 ans, jusqu’au jour où elle m’a dit que c’était bon, elle avait réussi à choper l’emplacement et les boîtes, qu’il lui manquait juste une ekip quoi. J’ai checké mon agenda, on a fixé une date d’ouverture et avec l’aide des potes en 10 jours on a réussi à tenir le truc. Moi l’idée de zoner sur les quais, parfois solo – ça permet des rencontres cools, des discussions intéressantes (pas toujours vous imaginez bien) et aussi finalement de bouquiner tranquille, chose que j’ai du mal a faire dans le lieu où j’habite – et souvent avec les potes qui passent, bah on se ré approprie la zone, on squat le quai, on discute intime et politique – on raconte des conneries aussi bien sur, on boit des coups et on se marre bien ! C’est toujours des bons moments. On a fait aussi des petits événements :  le dernier en date c’était la présentation de livre  » du taudis au airBNB : petite histoire des luttes urbaines à Marseille » avec Victor Collet, avant ça y’a eut l’apéro de ré ouverture estivale en featuring avec « Communes Brochures », une mini expo de la collagiste et photographe Alice de Montparnasse ou encore un apéro dédicace avec Alex Ratcharge qui faisait des punk-portraits des gens ! 

On essaie de mettre en avant des trucs qui nous parlent, des gens qui sortent des trucs qu’on trouve cools et qui ont pas forcément des espaces pour en parler en pleins centre de paname. Je m’égare un peu, mais pour moi c’est ça l’intérêt principale de tenir ces boîtes, tout ça autour de bouquins, de zines, de brochures, d’affiches qui parlent de ce qui animent nos luttes et nos vies de tous les jours.

Comment est-ce que vous approvisionnez les boîtes ?

On crée pas mal d’affiches et de stickers nous même. On imprime, on plie et on agrafe nos brochures avec amour (et l’aide de nos potes!) et pour les livres et fanzines c’est un peu la quête perpétuelle : tantôt on achète directement aux gens qui fabriquent ou éditent, tantôt c’est elleux qui en apporte. On fait des festivals d’édition, on tombe au hasard sur des trucs qu’on trouve super, et la page Instagram nous fait aussi découvrir des choses qu’on aurait pas su trouver autrement. Y’a aussi les potes qui font du tri dans leurs biblis bien sur. Et puis l’industrie du livre est foutue de telle façon qu’énormément de livres qui sont produit finissent directement au pilon, alors on cherche toujours des stratagèmes pour en récupérer: les défraîchis (dès qu’un livre est un tout petit peu abimé ou tâché), les services-presse (les livres qui sont envoyé à la presse dans l’espoir d’y être chroniqués), une caisse de livre qui a pris l’eau chez un éditeur… Y a aussi des personnes qui font partie de l’univers des bouquinistes et qu’on appelle des « courtiers ». C’est des gens qui parcourent les quais, en général avec des cabas ou une valise à roulette et qui vont de bouquiniste en bouquiniste pour vendre des vieux livres. Des fois y’a des trucs biens !

Est ce que c'est un gagne-pain ou vous l'envisagez différemment?

Pour avoir les boites il faut être auto-entrepreneur, déclarer des revenus tous les mois etc… mais sous la surface on gère ça sur le modèle d’une asso. On se défraie et on essaye de payer convenablement les auteurices de fanzines et les petites maisons d’éditions à qui on achète parce que ça nous parait important de les soutenir, tout en vendant les trucs le moins cher possible derrière parce que le but c’est quand même de diffuser un max. Ce qui est super c’est qu’on paye pas de loyer pour les boites ! Du coup c’est un petit business  mais ça reste rentable. On utilise les benef pour racheter des livres et réimprimer des stickers et des affiches dont on en distribue une partie gratos à des collectifs. Parfois même on imprime des trucs à leur demande d’autant qu’on a acquis des compétences et un reseau de bon plan dans la matière. On aime bien cette idée qu’on vend des imprimés de lutte pour financer les impressions de la lutte même si on se limite pas forcement qu’à ça. D’ailleurs c’est l’occaz’ de dire que si on est essentiellement 2 à faire tourner la boutique pour l’instant, ça serait pas la même si il y avait pas tout le réseaux squat qui nous permet de crouter et d’avoir un toit en Ile-de-France sans devoir chercher à générer des thunes coute que coute. Ça représente une quantité énorme de ‘travail gratuit’ sans lequel La Lézarde pourrait pas fonctionner pareil.

Est ce que les implications changent selon l'endroit ou tu amènes ton infokiosk ?

Clairement ! Comme la plupart des gens qui passent sur les quais ont jamais vu d’infokiosk, c’est assez rare les gens qui vont vers les brochures plutôt que vers les autres trucs qu’on propose. On essaye de mettre les titres les plus accrocheurs en avant, de suivre l’actu (genre en ce moment on a surtout mis en avant des trucs en soutien à la Palestine et contre le racisme et les JO). Mais j’ai l’impression qu’on pourrait faire mieux, peut être axer notre sélection plus sur les guides pratiques, la santé mentale, et enlever un peu des trucs de niche pour turbo-anar… On aimerait bien aussi trouver la technique pour imprimer les couvertures sur des papiers de couleurs parce qu’un infokiosques ça s’abime hyper vite et des vielles brochures froissées tout en noir et blanc ça donne pas très envie quand on connait pas. Si quelqu’un a une technique pas trop chronophage pour faire ça, écrivez-nous !
Pour ce qui est des livres, au début on avait pas mal de livres neufs mais on a vite compris que sur les quais les gens cherchent surtout des livres pas cher donc même si on a super envie d’avoir les dernière sortie des éditions des Communs ou Hors d’Atteinte, on prend notre mal en patience et on fait ce qu’il faut pour trouver des livres à moins de 10€.
Dans notre boite prix libre y a de tout par contre (enfin… pas des trucs de droite), Victor Hugo, Galimard… ça permet de rencontrer des gens qui sont peut-être intimidéEs par tout ces trucs de maisons d’édition indépendantes.

Est ce que les personnes qui s’arrêtent et montrent de l'intérêt se ressemblent, ou au contraire les profils sont divers ?

C’est divers ! C’est sur que quand des jeunes personnes queer passent par là par hasard, on a souvent des réactions hyper enthousiastes. Mais y a aussi pas mal de gens de la génération de nos parents qui s’enjaillent pour ce qu’iels voient, et y a même des touristes qui sont refaitEs de tomber sur nous.

Vous avez des habitué.e.s ?

Comment se passe la cohabitation avec d'autres bouquinistes, notamment du point de vue de la couleur politique qui se dégage des boites mais aussi de pratiquer le prix libre et donc remettre en cause les rapports marchands ?

Est ce qu'il y a déjà eu des réactions hostiles ou une volonté de vous dissuader de la part de passants en désaccord politique ou de flics ?

Que conseillerez vous à des gens qui veulent lancer des projets similaires ?

un grand merci à l’équipe de la lézarde pour cet échange de questions-réponses réalisé en 2024 !

📚Quatre livres qui parlent de luttes, de vies d’exil, de rapports de domination, et de répression à travers les siècles

Thérèse philosophe, attribué à Boyer d’Argens

Attiser la curiosité intellectuelle en stimulant les sens, c’est la théorie des libertin.e.s du XVIIIème siècle qui peuplent ce bouquin. Alors c’est aussi bien les sens dula lecteur.e.s que ceux de la jeune Thérèse qui sont titillés par ces histoires de cul et de discussions philosophiques, et ça donne un aperçu plutôt fidèle de qui étaient les libertin.e.s, en tant que penseur.e.s subversifves de leur époque. Chose étonnante (mais pas tant que ça), quand le récit s’abîme dans des scènes qu’on pourrait aujourd’hui qualifier de zones grises ou de situations d’agression, ce n’est que pour aborder l’importance du consentement (sans que le mot soit prononcé), pour décrire les processus de manipulation, d’abus de dominant.e.s sur dominé.e.s ; dans un contexte pourtant bien éloigné de ces questions. C’est un roman d’initiation à la critique sociale, à l’autodétermination individuelle, et à une sexualité choisie ; à travers un récit principalement peuplé de curés libidineux et de femmes – elles aussi libidineuses – qui résistent au sort malheureux que la société voudrait leur imposer.

Elise ou la vraie vie, Claire Etcherelli (1967)

Dans les années 60, Élise, empêtrée dans une vie monotone et sans saveur à Bordeaux, choisi de suivre ce frère avec lequel elle ne s’entend pas vraiment, à Paris. Il a des idées de révolution, il a une folie existentielle qui le rend intéressant, mais il est pénible avec son entourage, et a tendance à la déconsidérer. Pourtant, elle le rejoint et se retrouve à partager la vie des ouvriers algériens d’une usine citroen à porte d’Ivry ; elle assiste impuissante au racisme qu’ils subissent de la part de français.e.s qui voudraient la prendre comme complice, et s’implique dans les luttes qu’elle est venue rejoindre. Un film du même nom (qu’on n’a pas vu) a été réalisé en 1972 à partir de ce roman.

Les javanais, Jean Malaquais (1939)

On est plongées dans les préoccupations quotidiennes de javanais.es, de putes et de gratte-papiers, de flics et de notables qui gèrent le coin, de bistrotières locales et de leurs petits intérêts mesquins ; avant même de savoir où ça se passe, ni à quelle époque. On se croit sur une île éloignée de tout ce qu’on connaît ; les gens parlent un français qui mêle des dizaines des langues, et l’auteur aussi. Une jeune femme en pleine crise mystique, accompagnée d’un lapin, se prend pour une princesse russe persécutée par staline, à côté de mineurs qui ont fui la répression policière pendant des grèves et ont des idées de révolte. Un allemand voyage sans but et descend chaque jour dans la mine pour creuser en compagnie des autres, pendant que sa voisine accumule patiemment des économies sous son plancher. Un docteur sans patient.e.s et désavoué par sa famille fini par soigner des blessures de bagarres absurdes, et des mineurs meurent un jour, ensevelis par un éboulis. Mais toustes errant.e.s qu’iels sont, iels ont atterri là, et ont créé Java, cet îlot surréaliste qui malgré sa capacité à déterminer son propre espace-temps, est ballotté par les aléas existentiels et les décisions prises en haut lieu les concernant. Un chouette livre, qui ne tient en aucun cas sur le suspens ou une quelconque intrigue qui serait bien ficelée, mais reflète la mentalité de la norme et des marges, parle des fantasmes plus ou moins odieux qui s’agitent sous les crânes ; le tout dans un style ébouriffant !

Le goût de l’émeute, manifestations et violences de rue dans Paris et sa banlieue à la « belle époque », d’Anne Steiner (2012)

On avait déjà apprécié son livre Les En-dehors, sur les anarchistes individualistes début 20ème. Ici, le récit historique -documenté, fourni et illustré- qu’elle fait des cinq contextes émeutiers qu’elle a choisi d’exhumer, est passionnant. Il permet à la fois de connaître le déroulé et les raisons de révoltes réprimées dramatiquement comme celle des terrassiers de Draveil-Vigneux (1908), mais aussi de relativiser l’ampleur et la forme que prenaient les mouvements sociaux de cette époque, notamment avant le droit de manifester obtenu en 1905. Chaque chapitre pourrait constituer une brochure, et à défaut d’un accès libre à ce texte pour l’instant, on essaiera peut-être de transformer au moins l’un d’entre eux pour l’infokiosque, car la connaissance des luttes qui nous ont précédés nous paraît importante.

👨‍🎓« N’étudiez pas les pauvres et les sans-pouvoir : tout ce que vous direz sera utilisé contre elleux ».👨‍🎓

Ça faisait longtemps que je n’étais pas tombée sur une critique de ce qui est produit dans le cadre de l’université, d’un point de vue subversif. Bien plus vivace il y a quelques années, ce regard sur la production de savoir est tombé en désuétude, rendant plus acceptable l’idée de faire carrière sur les luttes. Souvent au nom de la « survie », ou du fait qu’il « faut bien s’en sortir »… Mais qui produit ce genre de rhétorique, et dans quel but ? Est-ce qu’il s’agit vraiment de survivre (un toit, de la nourriture, la santé ?), et est-ce que les personnes qui produisent des données sur les opprimé.e.s ont réellement intérêt à ce que les différents systèmes de domination s’écroulent ?

Plusieurs personnes ont découvert avec déception, après des années au côté d’une amie, la thèse universitaire que cette dernière avait produite sur elles et leur cercle d’agitation politique en mixité choisie. Sociologue en formation, cette personne s’est introduite dans leur espace d’organisation pour étudier les modes de vie et de luttes de celles qui sont devenues ses proches à l’occasion de ce terrain de recherche, pour l’université et contre un salaire, pour certaines avec leur accord, mais pour d’autres souvent à leurs dépends et parfois même contre leur volonté.

Ayant moi-même porté un grand intérêt aux sciences sociales et humaines, j’ai d’abord été réticente face à cette lecture. La nécessité de comprendre l’organisation de la société, mais aussi ses marges et les mouvements contestataires, m’a toujours paru importante. La notion du point de vue situé issue des sciences sociales, notamment des subaltern studies et de l’anthropologie, est venue s’opposer à la production de recherches complètement biaisées par un regard trop extérieur et dominant, et les chercheur.e.s ont adapté leurs approches à cette nouvelle épistémologie*. Cette évolution de la méthode de recherche a peut-être contribué à mieux comprendre certaines formes sociales, mais elle n’a pas décentré le lieu de la production du savoir. Le savoir, celui qui fait autorité, reste celui produit par l’université, même quand il parle de nos propres vies, même quand celleux qui le produisent n’ont manifestement rien compris à leur sujet d’étude

Le problème, soulevé par les autrices de ce petit guide d’autodéfense face aux chercheur.e.s, est le suivant : connaître, oui, mais dans quel but ? Étudier les pauvres, pour mieux les comprendre ou pour mieux les dominer et contourner leurs résistances ? Pourquoi étudier pour l’université des collectifs de lutte, si ce n’est pour en révéler les mécanismes, les stratégies et les difficultés, et donc les offrir en pâture à la répression et l’infiltration policière et étatique ?

Toutes les formes de récupération des luttes par le capitalisme et des systèmes de domination sont le fruit d’une meilleures connaissance de celles-ci par celleux qui veulent les maintenir. Il ne s’agit pas de vivre dans le secret pour échapper à la surveillance, au greenwashing, au pinkwashing ou autre ; mais il s’agit de ne pas se laisser déposséder de nos vécus et de nos initiatives politiques par des gens qui ne feront jamais rien de plus que nous observer, pour une gloriole personnelle et un peu d’argent.

Ce texte, édité sans code-barre ni prix, par le mystérieux Fond de la casse en février de cette année, est disponible gratuitement sur internet et en physique dans des infokiosques.

Pour le lire, c’est par ici.

*épistémologie : la science qui s’observe elle-même et s’auto-critique, dans le but d’être plus exacte

 

👁️‍🗨️détournement, punk et hip hop, une histoire commune, extrait de l’apériodique n°1📰

extrait du numéro 1 de l’apériodique coutoentrelesdents dispo gratuitement ici

Si lecatégories permettent de rendre intelligible la réalité, elles séparent et distinguent bien souvent des formes et processus bien plus liés qu’on ne fini par le croire. Il en est de même pour les catégories musicales, qui émergent au gré des fantaisies humaines et dont bien des expériences sonores floutent systématiquement les contours. C’est le cas du punk et du hip-hop qui paraissent aujourd’hui appartenir à deux univers bien distinct,et qui pourtant partagent de nombreux points communs et connexions depuis leurs origines.

 

Le capitalisme occidental d’après la seconde guerre mondiale devient celui de la société de loisirs et de consommation. Loin de disparaître, les rapports d’exploitation sont difficilement masqués par la mise sur le marché de mille promesses de plaisirs qui remplissent à peine leurs fonction de divertissement. Au contraire elles ouvrent de vastes brèches de frustration dans les existences, tel un supplice de tantale moderne… Des processus entamés bien avant le début du siècle s’accélèrent, et à mesure que la culture bourgeoise s’étend, les phénomènes contre-culturels dérivent lentement des avants-gardes politico-artistiques à des mouvements massifs irrigués par des pratiques et désirs de subversion, de refus des contraintes, de jeu, de partage, d’invention, et notamment de détournement comme l’entendaient les situationnistes. De 1957 à 1972 l’internationale situationniste posa les bases de ses analyses et stratégies révolutionnaires pour changer le monde et bouleverser la vie quotidienne. Son action a irrémédiablement marqué cette organisation de la vie qu’elle avait nommé la sociétéspectaculaire marchande.

 

Les années 70 voient l’émergence du punk et du hip-hop aux confluences d’une multiplicité  de facteurs, notamment l’arrivée dans les foyers de technologies musicales massivement diffusées. Dans le sillage et en opposition avec les mouvements contre-culturels précédents (mods, hippie, rasta, etc), de nouvelles pratiques sonores accompagnent de nouvelles manières de vivre, exprimant un désir de distinction et de réalisation individuelle et collective à contre courant des injonctions et propositions dominantes. A contre-courant certes, mais n’hésitant pas s’approprier les codes et les outils imposés ! Si il est compliqué de dater précisément la naissance de ces mouvements sociaux, ils se caractérisent par des usages particuliers dont le détournement sauce situ s’avère être une pierre angulaire. Dans le n°1 de la revue Internationale situationniste paru en juin 1958, le détournement est défini ainsi : « S’emploie par abréviation de la formule : détournement d’éléments esthétiques préfabriqués. Intégration de productions actuelles ou passées des arts dans une construction supérieure du milieu. Dans ce sens il ne peut y avoir de peinture ou de musique situationniste, mais un usage situationniste de ces moyens.» . Utiliser une production pré-existante dans le but d’exprimer sa subjectivité radicale, de faire la critique en acte d’un monde mortifère pour jouir sans entrave, voilà en quoi le punk et le hip-hop ont pu être situationniste !

 

 

L’arrivée des instruments rock dans les foyers permet de rejouer les chansons des stars, mais aussi d’ouvrir la brèche annonçant leur dépassement. « Apprend 3 accords et forme un groupe » sera l’une des idées punk mise en pratique par des millions de gens jusqu’à aujourd’hui, tordant les classiques du rock’n’roll en poussant la distorsion, frappant rageusement les fûts, beuglant des paroles existentialistes, loin des musiques et attitudes dominantes. Une pléthore de hits célèbres sont passés à la moulinette keupon, et à mesure qu’il se fait intégré au monde de la marchandise le mouvement s’autonomise et se radicalise. Le son est poussé dans ses extrémités, et le détournement des technologies sert de nouvelles interactions tournées vers l’émancipation.

 

Combien de fanzines édités en faisant la perruque, la photocopieuse patronale servant à imprimer de séditieuse paroles en catimini, et combien de cassettes copiées et échangées, traversant le monde pour former un vaste réseau basé sur l’entraide et l’échange ? Si l’esthétique musicale puise dans les classiques du rock pour les détourner, on retrouve aussi la technique sur le plan visuel avec les collages qui se répandent et consistent à découper des images et les associer pour en produire d’autres. La société capitaliste idéalisée dans les magazines finit malmenée et critiquée à travers de chimériques assemblages tirés de reportages et de publicités. Des vignettes de comics dont les situationnistes ont changé le texte en passant par les collages punk, jusqu’aux memes qui nous amusent en ligne, le xxème siècle a été le théâtre de plusieurs tentatives de réappropriation de la culture visuelle dominante à des fins subversives… mais c’est une autre histoire!

 

Combien de fanzines édités en faisant la perruque, la photocopieuse patronale servant à imprimer de séditieuse paroles en catimini, et combien de cassettes copiées et échangées, traversant le monde pour former un vaste réseau basé sur l’entraide et l’échange ? Si l’esthétique musicale puise dans les classiques du rock pour les détourner, on retrouve aussi la technique sur le plan visuel avec les collages qui se répandent et consistent à découper des images et les associer pour en produire d’autres. La société capitaliste idéalisée dans les magazines finit malmenée et critiquée à travers de chimériques assemblages tirés de reportages et de publicités. Des vignettes de comics dont les situationnistes ont changé le texte en passant par les collages punk, jusqu’aux memes qui nous amusent en ligne, le xxème siècle a été le théâtre de plusieurs tentatives de réappropriation de la culture visuelle dominante à des fins subversives… mais c’est une autre histoire!

 

 

A travers l’histoire du punk et du hip-hop on a toujours pu voir leurs protagonistes se fréquenter et s’influencer mutuellement. Ce n’est pas exclusif, et les deux styles sont résolument tournés vers d’autres scènes musicales plus ou moins émergentes comme par exemple le reggae ou l’électro. Une attitude d’ouverture partagé et une curiosité inhérente qui jette des ponts entre de multiples styles qu’on essaiera plus tard de nous vendre comme antagonistes. Les clash rencontrent fab five freddy, malcolm mac laren a sorti plusieurs disques de scratch au cours des années 80, les beastie boys ont commencé en jouant du punk hardcore, et que dire du perfecto, des bracelets et du collier à clous de grand master flash dans le clip de the message ? Dès le départ et jusqu’à aujourd’hui il y a eu de nombreuses réalisations hybridant les deux « styles », mais aussi un dialogue constant des esthétiques et des pratiques de productions et de diffusions.

 

L’un et l’autre des mouvements furent confrontés très vite à la question de leur récupération par le même monde contre lequel ils s’étaient construits. Dans cette guerre qui voit s’affronter les aspirations d’autonomies et de joie à la société de contrôle et d’exploitation, le punk et le hip-hop auront été tout autant les derniers gadgets à la mode qu’une menace pour la société, mais ceci, aussi, est une autre histoire !

pour l’œil et l’oreille:

-johnny b. goode/road runner (sex pistols)

-the great rock’n’roll swindle (julien temple)

-lipstick traces (greil marcus)

-hip hop family tree(ed piskor)

-la rappers delight (sugar hill gang) puis

good times (chic), ou inversement

-can’t stop won’t stop (jeff chang)

-dawg (zillakami x sos mula)

-la société du spectacle (guy debord)

-mode d’emploi du détournement (guy ernest debord/ gil j. wolman)

-dialectique peut elle casser des briques (rené viénet)

 

🎶musiques en luttes, émission #18: blog, rap et autonomie, coutoentrelesdents avec shaihulud🎶

l’émission musiques en lutte a reçu shaihulud pour parler de zik et d’autonomie des luttes, c’est dispo à l’écoute et au téléchargement ! un immense merci pour cet entretien, et n’hésitez pas à visiter leur blog pour y découvrir plein d’autres interviews liant musique et luttes sociales !

« ce mois-ci nous recevons le rappeur shaihulud, pour nous parler de coutoentreledents.

un blog où est partagé de la musique, des événements, un infokiosk et nouvellement un fanzine. »

Téléchargement

🌐pour en finir avec les frontières🌐journée de lutte, de commémoraction et de fête🌐

🏴‍☠️Le samedi 8 février on sera a rennes pour soutenir la boulange aux frontière et @alarmphonerennes
🔥Une journée intense en perspective : commémoration, discussions, tatouage, sérigraphie, repas vegan, tombola, et concerts en soutien a des collectifs en lutte contre les frontières.
🎙️On jouera avec gamma GTI, @kick_et_flute, vrisme de mer et dj n1n1n1, hésite pas à venir suer avec nous 🙂
✍️Tatouage par @chaos.coolos et @soni.lino.ttt
🎲Il y aura aussi une tombola avec des lots de @keussdtr @ferreropierre @haze.musazi @solvnr_ttt @fumsek.impression @mathilda.coiffure @kravboca @feir.bart @harriet_de_g
🥁On espère vous y voir en nombre pour en finir avec les frontières et soutenir les luttes
🧭Rendez vous a @bam.asso, 2 rue André Trasbot à rennes
🎨Affiche par @glittoris_1312

❄️shaihulud❄️un jour de décembre❄️

📢son en soutien aux inculpé.e.s du 8/12 (compile à paraître). Il y a 4 ans, le gouvernement d’emmanuel macron mettait en scène un remake de minority report, en inculpant 9 personnes sur la base de « soupçon » et sans « identifier de projet précis de passage à l’acte ». Sous la désignation et le prétexte de l’antiterrorisme, on assiste à un procès d’intentions et d’opinions qui s’affirme en tant que tel. Dans le même temps, ce procès cherche à criminaliser les luttes pour l’émancipation et toutes productions ou pratiques qui en émanent. L’écoute de chansons contestataires, la lecture de textes critiques, des paroles prononcées, des après-midi à jouer entre ami.e.s suffisent à pourrir la vie de gens pendant des années.Les outils policiers, juridiques et politiques développés par l’état permettent désormais l’arrestation et l’incarcération préventive de supposé.e.s opposant.e.s, et leur efficacité a été testée avec ce procès. Ne laissons pas faire ! Relaxe pour les inculpé.e.s du 8/12!

🎤🎹 instru.rap.mix.ppf: shaihulud

💻 clip: visuel d’origine comité 8 décembre rennes

7 idées de lectures sur l’urbanisme, l’avortement, la sexualité, l’exploitation, et la xénophobie

Dans cet article tu retrouveras une sélection de 7 textes dont on a réédité les couvertures à notre sauce. Ils font partie de ceux qu’on propose régulièrement en version papier quand on bouge avec l’infokiosque coutoentrelesdents. Ces brochures sont toutes dispo en téléchargement gratuit et sont faites pour être partagées et diffusées largement! Bonne lecture, et si tu as une brochure à nous proposer tu peux nous l’envoyer pour qu’on la diffuse.

Peau, de Dorothy Allison. Ce court extrait de peau (skin, 1999), un recueil de 24 textes, aborde tout en nuances les questions des identités de genre butch et fem, la sexualité en général, l’inceste. L’auteure américaine, décédée en 2024, laisse un témoignage vivant de sa condition de femme lesbienne, pauvre, qui pratiquait le bdsm et luttait pour les droits des minorités sexuelles.

 

 

A bas les restaurants, du collectif prole info

« un restaurant est un endroit misérable. Tous les restaurants qui font des annonces dans le journal en jouant du violon, qui servent uniquement de la nourriture biologique, sans gras ou végétalienne, qui cultivent une ambiance cool avec des beaux dessins sur les murs ; tous ces restaurants ont des cuisiniers, des serveuses et des laveuses de vaisselle qui croulent sous le stress, la déprime et l’ennui et qui veulent autre chose. »

 

Avorter : histoires des luttes et des condition d’avortement, du collectif IVP Avortement : la loi Veil ? D’accord, cette loi a légalisé le fait d’avorter. Mais cette brochure revient avec précision sur ce qui l’a précédée, et permise. Elle détaille les décennies de gens qui s’organisent pour favoriser l’accès à la contraception et à un avortement qui respecte l’intégrité physique de chacun.e, des manifestations pour que la contraception et l’avortement soient autorisés, des centres de santé autonomes, des affiches et brûlots en faveur du droit à disposer de son propre corps… Très documenté et complet, ce texte renvoie vers des films, des ouvrages et des points de vue que le discours dominant ne visibilise pas. Le collectif qui en est à l’origine a fait ce travail documentaire pour souligner l’importance de ne pas se laisser déposséder de ces pratiques par le corps médical, qui, déterminé par le patriarcat, peut toujours revenir sur ce qui semble être un acquis.

 

Cancer, l’art de ne pas regarder une épidémie, de Celia Izoard ; suivi de Si vous allez mourir, tapez étoile – Lutter pour faire reconnaître les
cancers professionnels, par Anne Marchand.
Le cancer est dans nos vie. On se fait tester, on essaie d’éviter les comportements « à risques », mais le nombre de cas ne fait qu’augmenter. Les individus sont souvent rendus responsables de leur maladie, et il leur est souvent difficile de prouver que c’est leur environnement qui peut en être à l’origine. Voilà deux textes, sortis initialement dans la revue Z, qui parlent de la situation en france mais répondent à une problématique mondiale.

 

Belle époque et xénophobie : paru dans Traits noirs, un fanzine anarcho-punk des années 2000, ce texte est une piqûre de rappel de l’accueil tragique et indigne qui a été réservé aux immigré.e.s italien.ne.s au 20ème siècle en france. Dédicace spéciale aux petits enfants d’italien.ne.s qui défendent aujourd’hui un système raciste au mépris de leur propre histoire…

 

 

Urbaniser pour dépolitiser, de Jean-Pierre Garnier : Ce texte, un cours de fac datant de 2001, amène une critique des politiques publiques de gestion de l’habitat urbain, notamment celui des classes pauvres, par les autorités. Il y est question de comment au nom de la lutte contre « les incivilités » ou « les violences urbaines » des gouvernements ou des mairies détruisent, reconstruisent et modèlent en permanence les espaces de vie des gens sans jamais prendre en compte les besoins réels des habitant.e.s.

 

Vider paris de ses pauvres : les jeux olympiques et paralympiques, avec leur apparence d’inclusivité et de diversité, sont l’occasion rêvée pour les villes qui les accueillent de procéder à toute une restructuration de l’espace et de la sociologie. Elles nettoient les rues, restaurent les monuments, ravalent les façades, et en profitent pour expulser des locataires indésirables, des migrant.e.s qui campent entre deux boulevards, etc. Après l’extase généralisée autour des cérémonies d’ouverture et de clôture de ces jeux, ce type de brochure permet de ne pas se laisser abuser par tout ce spectacle et de ne pas en oublier l’enjeu principal : l’argent.

📚lire pour comprendre, comprendre pour lutter : le berceau des dominations, dans l’enfer des tournantes, le consentement, le sexocides des sorcières, stone butch blues📚👓

5 livres sur le patriarcat pour le combattre: une enquête sur l’inceste et l’accaparement des corps par un ordre social hiérarchisé, deux autobiographies sur la résilience et les facettes de la culture du viol dans la france des années 80/90, un pamphlet dénonçant le masculinisme durant le moyen âge et ses conséquences jusqu’à aujourd’hui, un roman disponible gratuitement suivant les péripéties, les joies et les difficultés d’une personne lgbt aux états-unis durant les 70’s.

Grâce une enquête anthropologique menée auprès de personnes condamnées pour abus sexuel sur des enfants, Dorothée Dussy dévoile et détaille les fondements incestueux de l’ordre patriarcal. Une plongée sous le tapis du sexisme, de sa reproduction sociale à ses « justifications ». On découvre notamment à travers la collecte et l’analyse de la parole des agresseurs que le patriarcat consiste en l’accaparement des corps de catégories qu’il hiérarchise et déconsidère. Sa violence se reproduit à travers l’oppression des enfants au sein de la famille dont le fonctionnement reflète l’ordre social dominant, le tabou de l’inceste ne consistant pas en une interdiction de l’imposer mais d’en parler.

Le berceau des dominations, Dorothée Dussy


 

Derrière un titre et une quatrième de couverture aux relents d’instrumentalisation du féminisme à des fins classistes et racistes (typique des années sos racisme/ni pute ni soumise), on découvre le témoignage poignant et intelligent de Samira Bellil. Elle expose la mécanique patriarcale à l’œuvre dans la société française : les coups et les viols des hommes, la complicité des femmes qui pourtant subissent aussi, la rumeur et la diffamation misogyne, la police et son inquisition masculiniste, l’absence d’aide et de suivie de la justice étatique, l’indifférence sexiste et cupide de ses avocates, l’impact de la masculinité et de sa violence dans la formation de son caractère, les rapports de genre de l’amour hétérosexuel…Si on regrette que la violence  soit parfois présentée comme l’apanage des ghettos pauvres, c’est pourtant bien dans l’ensemble du corps social que l’on voit se reproduire l’ordre patriarcal, raciste et capitaliste au détriment d’une jeune femme. Malgré cela, derrière la noirceur de plusieurs épisodes du récit, c’est la résilience, la sororité, les mains tendues, l’amitié.e, la force de la libération de la parole qui se dessinent. Toujours avec sincérité et humour, Samira livre aussi une plongé inédite sur la zone, les bandes, les débuts du hip hop en France, loin des récits hagiographiques que les mecs de cette période tiennent.

Dans l’enfer des tournantes, Samira Bellil


Retraçant la relation d’abus que l’écrivain Gabriel Matznef fit subir à l’autrice quand elle était adolescente, Vanessa Springora revient sur les stratégies déployées par le prédateur sexuel pour assurer son emprise et les dégâts qu’il a causé dans sa vie. Masqué derrière sa notoriété en manipulant la confiance et l’estime de soi des personnes qu’il tente de mettre sous sa coupe, on découvre aussi comment l’entourage de Matznef, de ses proches amis au monde littéraire où il évolue, s’est fait complice des ignominies qu’il perpétrait. Un récit autobiographique révoltant à l’intersection de la culture du viol et de l’élitisme bourgeois, un témoignage qui donne envie de balancer un pavé dans le patriarcat.

Le consentement, Vanessa Springora


Un texte court retraçant les attaques masculinistes menées par des chrétiens contre le pouvoir féminin du XV éme au XVII éme siècle. Des techniques de répression aux discours les justifiant, Françoise d’Eaubonne dénonce les féminicides organisés en toute conscience par des hommes dont le sexisme servait de boussole existentielle. De saint Paul à Nicolas Rémy en passant par le marteau des sorcière, c’est tout le fantasme mascu d’un monde sans femmes que l’on découvre et qui s’est exercé au détriment de milliers d’entre elles, torturées et tuées par des hommes voulant assurer leur domination sur tout les aspects de la vie en dépouillant les femmes de leur autonomie.

Le sexocide des sorcières, Françoise d’Eaubonne


Un roman aux accents autobiographique qui suit le parcours de Jess Goldberg dans l’Amérique des années 70. A la recherche de son identité mise à mal par le capitalisme, le sexisme et le racisme, on suit la protagoniste dans les usines et les espaces de sociabilité queer, approfondissant le trouble dans le genre, confronté à la répression policière et patronale, en quête d’une entraide parfois inattendue, toujours en lutte face à des oppressions qui se croisent et s’incarnent à tout les niveaux du récit et de la société. Le lectorat le moins familier des questions abordées par Leslie Feinberg pourra suivre ce parcours initiatique au rythme de son personnage principal, tandis que celles et ceux qui connaissent bien ces thématiques trouveront un brûlot politique jamais séparé de l’affect et du vécu! Une œuvre incontournable du xx éme siècle, disponible gratuitement sur internet, selon le souhait de son auteure, communiste manifestement bien consciente de la nécessité de sortir du rapport bourgeois et marchand au livre et au savoir (un click sur l’image pour aller le lire)

 

Stone butch blues, Leslie Feinberg

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🦶shaihulud x ottonom🦶les pieds dans le plat🦶

🦶à l’origine paru sur émeutes 2 chambre, revoilà « les pieds dans le plat » et son clip tourné au squat du bourdon près de bastille à paris, en 2011.
🦶un squat important pour certaines des personnes de coutoentrelesdents où l’on a vécu.e.s, enregistré.e.s et participé.e.s à la vie du lieu: cantine et récup, sport, projection, concert et tout un tas d’initiative autonome, libertaire, et en luttes.
🏴‍☠️ http://weshbastille.kif.fr/ 🕯️
🎤rap: shaihulud x ottonom
🎹 instru.mix.ppf: coutoentrelesdents 💻 clip: plein d’amour pour bintou qui nous avait filmé et monté ce clip carré comme jaja à une époque ou les téléphones filmaient pas encore 🏴‍☠️

📚de la lecture contre l’ennui, des armes pour agir : le dernier des hippies, l’art de lancer des choses, trajectoires : témoignages de la scène punk diy, raccourci vers nulle part, du fric ou on vous tue📚👓

5 livres pour tirer des leçons du passé et construire le présent : un témoignage et un hommage aux festivals libres des années 70, des bons conseils pour jeter des trucs qui sont autant de bons conseils pour vivre sa vie, une série d’entretiens avec des punks qui ont refusé le profit et adopté la logique du fais-le-toi-même, un roman pas si fictionnel que ça qui nous fait plonger dans la vie d’un keupon banlieusard du début du millénaire, et une petite autobiographie revenant sur les années d’existence d’os cangaceiros, ces hors la loi révolutionnaires des années 80.

Cofondateur du groupe anarcho punk crass, Penny Rimbaud revient sur le parcours de Wally Hope, un hippie anglais organisateur de festival libre comme celui de Stonehenge. A travers ce récit au dénouement tragique, l’auteur montre les efforts déployés par une génération pour exister hors des sentiers tracés par les normes, l’argent, la docilité, la tristesse…Malheureusement l’histoire de cette vague joyeuse est aussi celle de sa répression, et Rimbaud revient sur tout les aspects de cette période charnière entre la « fin » de la contre culture hippie et les premiers accords nihiliste punk.

Le dernier des hippies, Penny Rimbaud


 

Sous la forme d’un précis consacré au lancer d’objet, le comité des bons conseils recense toute les manières de jeter efficacement diverses choses loin de soi. Sous des dehors pratiques se dévoilent un petit traité philosophique prenant pour point de départ un geste caractéristique que l’être humain a exercé depuis le fond des âges, beaucoup moins anodin qu’on ne l’envisage. Léger mais profond, c’est une lecture revigorante qui donne envie de se saisir des choses pour les voir s’envoler.

L’art de lancer des choses, le comité des bons conseils


Une série d’entretien avec des acteurs clés du punk diy contemporain, cherchant à faire état des évolutions et modifications des pratiques. Les interviewés ont tous passé plusieurs décennies à s’investir dans la scène punk hexagonale, et les questions leur permettent de raconter ce mouvement et leurs rapports à celui-ci avec recul et passion. On les voit revenir notamment sur l’arrivée d’internet et ses conséquences sur une sociabilité qui cherche l’autonomie et le refus des contraintes. Témoignages d’un monde encore vivace, interrogeant toujours ses perspectives et ses pratiques, le recueil superbement auto-édité vient poser une pierre essentielle et salutaire d’une histoire qui s’écrit encore au jour le jour.

Trajectoires, témoignages de la scène punk diy des années 90 à nos jours


Roman aux accents autobiographiques écrit par alex, l’auteur du fanzine punk ratcharge. Sur les traces d’un jeune punk de banlieue parisienne au début des années 2000, de squat en amour compliqué, de concerts transcendants en descente aux enfers, à travers la paranoïa, l’affirmation de soi, l’exploitation et la liberté, les amitié.e.s et les déceptions. Une histoire qui sent le vécu, décrivant d’une manière réaliste l’environnement punk diy de l’époque et son impact dans la vie quotidienne et affective. A travers les péripéties et transformations du narrateur c’est tout un (anti)monde qui se dévoile avec ses aspirations, ses remèdes et ses poisons, ses fantasmes et ses réalités, ses impasses et ses possibles, ses naïvetés et ses lucidités, un récit porté par un style clair, concis, et percutant. Un quasi roman d’apprentissage en territoire punk et témoin d’une époque pas si lointaine.

Raccourci vers nulle part, Alex Ratcharge


Alèssi Dell’Umbria revient sur les années passées en compagnie des os cangaceiros à lutter contre le vieux monde. Le refus du travail, la participation active aux luttes qui les entourent dans les banlieues, les usines et les prisons, les arnaques et les débrouilles, l’ouvrage permet de plonger un peu plus profondément dans le quotidien des ces hors la loi révolutionnaires inspirés par les situationnistes ou bien de les découvrir à travers leurs péripéties durant les années 80. Une bonne introduction ou un bon complément aux publications produites par le groupe (disponible dans notre infokiosk) !

Du fric ou on vous tue, Alèssi Dell’Umbria

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📚de la lecture pour étancher sa curiosité et comprendre le monde: mods, la punition, une affaire de viol, révolutionnaires sans révolution, jo attia📚👓

5 livres pour apprendre sans se prendre la tête, au menu : une enquête sur une contre-culture et son impact dans nos vies, le récit autobiographique de jeunes au prise avec une répression féroce, un polar intersectionnel des années 80, la vie d’un communiste surréaliste par lui-même, et celle d’un caïd du milieu narré par sa fille!

Les mods, abréviation de modernist, ont fait exister l’un des premiers mouvements contre-culturel de la jeunesse d’après-guerre dont l’influence a été considérable jusqu’à aujourd’hui. On y suit l’histoire de ces jeunes aux allures et attitudes de dandy, qui se forgent un style vestimentaire unique et s’intéressent de près aux scènes musicales caribéenne ou afro-américaine. Un ouvrage qui permet de saisir le lien entre la société industrielle et de loisirs et les désirs de distinction et d’émancipation qu’elle suscite. A la convergence des lignes de fuites du capitalisme et de leur récupération par la marchandise, le mouvement mods influence jusqu’à aujourd’hui les dynamiques contre-culturelles mais a aussi laissé une trace indélébile sur le monde marchand et sa façon de s’adresser aux consommateur.e.s.

Mods, la révolte par l’élégance, François Thomazeau


 

Le témoignage d’un jeune homme arrêté et enfermé en camp de redressement militaire pour avoir manifesté pour la démocratie au maroc en 1965. Au plus proche des évènements qu’il a vécu, Tahar Ben Jelloun décortique la mécanique de la répression à l’aide de descriptions acérées et en livrant ses impressions avec sincérité. On ne peut qu’être glacé.e.s à la lecture de toutes ces aspirations à une vie meilleure malmenées par la violence militaire et nationaliste, à l’évocation d’une jeunesse brutalisée pour avoir osé s’exprimer en faveur de plus de liberté d’expression et de participation à la vie politique. Cette violence n’a pas disparu, elle s’exprime toujours sans masque dans bien des endroits, et elle se tapit à l’ombre de rapports sociaux policés. Un excellent livre pour ne pas oublier et combattre les rapports de domination dans nos vies.

La punition, Tahar Ben Jelloun


A travers le récit fictif d’un fait divers, le viol et le meurtre d’une femme blanche par cinq afro-américains dans le cinquième arrondissement de paris en 1956, Chester Himes dresse un portrait subtil des rapports d’oppressions de genre, de race, et de classe et de la manière dont ils animent la société occidentale et ses acteurs/actrices. Il montre comment divers processus d’oppressions déterminent et biaisent les rapports de tout un chacun aux autres et aux faits, et tient en haleine avec une galerie de personnages fouillés et une intrigue riche en rebondissements.

Une affaire de viol, Chester Himes


André Thirion livre une autobiographie dense suivant conjointement son parcours au sein du parti communiste et du groupe des surréaliste, et toutes les tentatives qu’il fit pour les rapprocher durant l’entre deux guerres. Une plongée vertigineuse entre évènements historique et vie quotidienne, sur les traces des avant-gardes politiques et artistiques du début du vingtième siècle en france. Galerie de personnages aujourd’hui illustre ramené à leur humanité, voyage à travers l’histoire et les motivations de ces figures, état des lieux des rapports de force, des illusions et des désillusions vécues, un point de vue inédit sur une période et des individu.e.s dont les actes et les prises de positions pour un monde meilleur furent récupéré après guerre et intégrés à une nouvelle mythologie nationaliste et « républicaine ».

Révolutionnaires sans révolution, André Thirion


La vie du célèbre bandit, narré avec habileté par sa fille. De sa jeunesse mouvementé à sa place de caïd dans le milieu parisien, en passant par les bataillons disciplinaire d’afrique, le camp de concentration de mauthausen, jusqu’à son rôle de barbouze, Nicole Attia évoque la vie de son père, le présentant comme un homme refusant les contraintes pour lui et pour les autres, solidaire face à l’injustice, réussissant à dépasser ses origines sociales par la seule voie qu’il connait pour ne pas subir sa vie, le banditisme. Ami du célèbre Pierrot le Fou, membre du gang des tractions avants, la célébrité de Jo Attia s’estompe devant le portrait détaillé qui en est fait, et ses aventures ne laissent pas de répit à la lecture!

Jo Attia, Nicole Attia

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🔖 Infokiosque : ☢️ Les animaux détestent le nucléaire (et vice et versa) ☢️

🐊Les animaux détestent le nucléaire (et vice et versa) 🦌

Quelles sont les conséquences immédiate de l’activité nucléaire sur les animaux non-humains? Les réacteurs sont refroidis avec l’eau des courts-d’eau et des mers, or c’est l’espace dans lequel vivent des milliers d’espèces, que ce soit des poissons, crustacés, et mammifères marins. L’industrie nucléaire est bien obligée de les prendre en compte – on ne peut pas dire qu’elle les prend en « considération » – pour éviter que ces animaux ne finissent en bouillie dans les circuits de refroidissement.

En cas de catastrophe, que fait-on des chats, chiens, chevaux et autres animaux domestiques, dont on veut limiter les déplacement et la reproduction une fois qu’ils sont contaminés par la radioactivité ? On les extermine…

Et pourtant, un peu partout, cette industrie se targue de préserver la faune et la flore, en plus de limiter les émissions de CO2 et compagnie.

« Imaginer un monde sans exploitation animale, c’est souhaiter la fin de l’ordre nucléaire, capitaliste et colonial. Les luttes antispécistes et écologistes ne peuvent pas défendre le nucléaire sans incohérences, et les luttes antinucléaires doivent prendre en considération les autres espèces dans leurs argumentations et dans l’organisation de la lutte. »

Une brochure réalisée par un collectif d’anonymes en prévision des Bestiales : 3 jours de rencontres autour de l’émancipation animale à Bure en février 2023. Retrouvable comme bien d’autres sur infokiosques.net