En foot comme en politique, la vérité vient du terrain

Si en France, tout est mou et flou, il en est autrement au Brésil. Ce pays a connu une dictature militaire durant de longues années. La mémoire des luttes et la pratique militante y sont beaucoup plus dynamiques. La situation économique et sociale est bien plus difficile qu’en France.

L’Atletico Mineiro est un grand club de football brésilien. Il est l’un des deux clubs de la ville de Belo Horizonte, située dans le Minas Gerais.

Il a gagné des titres, et des joueurs célèbres ont porté son maillot. La colonne vertébrale de la Selaçao de 1982 (Luizinho, Toninho Cerezo, Eder) était composée de joueurs de l’Atletico Mineiro. Le joueur le plus connu des jeunes générations à avoir porté son maillot est Ronaldinho Gaucho.

C’est un club populaire surnommé « Galo » (le coq), les gens qui le soutiennent ne font qu’un avec l’équipe.

Ce club a une histoire sportive, mais il a aussi une histoire politique. Le meilleur buteur de l’histoire du Club est l’avant-centre Reinaldo (455 matchs, 255 buts), qui célébrait tous ses buts avec un poing levé qui défiait la dictature :

Reinaldo Lima joueur

Dans un contexte de dictature militaire, la répression était bien plus violente que la suspension d’un compte Facebook ou qu’une amende.

L’ancrage dans une véritable gauche des quartiers populaires, la lutte pour les droits et l’égalité sont des choses qui ne sont pas abstraites ou oubliées au Brésil. Pour eux, pas d’illuminatis.

C’est ce que rappelle une frange des supporters de l’Atletico Mineiro dans un communiqué qui pour des raisons d’actualité (le transfert d’Anelka à l’Atletico correspond à celui de Valls à Matignon) est en partie relayé par la presse française.

 

 » Même si ce geste n’était pas dirigé contre les Juifs, de nombreux négationnistes (et, n’oubliez pas : l’antisémitisme est dirigé non seulement contre les Juifs mais aussi contre les Arabes, les Musulmans et les Palestiniens) ont utilisé ce geste pour répandre la haine xénophobe contre ces personnes, en particulier les Juifs. Par conséquent, un geste qui pouvait ne pas être initialement antisémite l’est alors devenu en termes d’utilisation de la part de l’extrême droite européenne.

 

Comme nous croyons dans l’histoire unique du Club Atletico Mineiro et de ses supporters, la Massa, avec une veine populaire et démocratique marquée par des gestes comme le poing fermé de Reinaldo, nous n’accepterons de gestes comme la quenelle de la part d’aucun joueur qui porte le maillot de notre Galo »

 

Ce communiqué est disponible ICI. Il est bien plus clair et précis que la plupart de ce qui a été écrit en France concernant la « quenelle ».

Il va être très dur pour les soutiens opportunistes de Dieudonné de faire passer le virage de l’Atletico Mineiro pour des « bobos » et autres « petits blancs ».

Anelka est un grand joueur, il va pouvoir s’exprimer sur le terrain et retrouver le sens des réalités dans un club populaire.

En foot, comme en politique: la vérité vient du terrain militant, comme le rappelle les militants brésiliens.

Un seul Héros, le peuple.

lu sur quartierslibres.wordpress.com

Soirée de soutien à Paris-luttes.info le 9 mai !

Grosse, grosse soirée en perspective au Transfo, le collectif Paris luttes info vous invite à le rencontrer et à faire la fête autour d’un bon concert. Il y en aura pour tout le monde !

Une soirée de soutien à Paris-luttes.info pour :

  • Financer du matériel permettant de faire connaître davantage Paris-luttes.info en région parisienne (affiches, stickers, tracts).
  • Se fournir du matériel un peu coûteux pour améliorer les fonctions et le développement de paris-luttes.info. On aimerait par exemple avoir un serveur pour héberger plus de documents audio et photo, toujours en toute sécurité.

Soirée de soutien organisée pour et par le collectif Paris Luttes.info le vendredi 9 mai au Transfo (57 avenue de la République à Bagnolet M°Gallieni ou Robespierre). Ça va guincher !

18 heure : Débat et discussion sur le site, son utilisation, les améliorations qui peuvent être faites.
20 heure : Début des concerts

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Des concerts ? Hé ouais parce qu’il n’y aura pas 1 salle, mais deux salles de concert ce soir là ! La classe !!!

Dans la première salle :

  • Boubou Klezmer Band (Free Klezmer rock)
  • BAL REBETIKO

Dans la deuxième :

Le mépris de la classe prolo.

Ces derniers mois, notamment avec les manifs timides d’octobre et novembre, j’ai parcouru pas mal de tracts, émanant de syndicats essentiellement, mais aussi de partis politiques. Après coup, y’a un truc que j’ai remarqué, c’est la disparition totale du mot prolétaire, ou prolétariat.

À croire que c’est un mot honteux, qui brûle les doigts quand on l’écrit, et la bouche quand on le dit. Un peu comme la lutte de classe, perçue ces dernières années comme un concept simpliste et dépassé. Il faudrait passer à autre chose paraît-il, arrêter de cracher sur les bourgeois et les patrons, genre on serait tous dans le même sac. Argh, j’ai même pas envie de rire…

Donc vas-y que ça se gargarise à coup de peuple, de citoyens, de salariés et de travailleurs. Salariés et travailleurs, c’est pas très sympa je trouve. Un peu égoïste et corporatiste puisqu’en sont exclus tous les non-travailleurs, et dieu sait qu’ils sont, et seront, de plus en plus nombreux. Peuple pourrait sembler plus ouvert, certes, mais un peu trop du coup puisqu’il inclut tous les bourgeois, et même les patrons ; et pour ceux qu’auraient pas encore pigé, les bourgeois et les patrons, j’aime pas ça. Et peuple est devenu depuis mai 2012 synonyme de Mélenchon. Et Mélenchon, j’aime pas ça non plus. Quant au citoyen il n’est lui défini – et donc réduit – qu’à des droits et des devoirs fixés par la « cité », donc par les dirigeants privilégiés. Aucun n’est synonyme de prolétariat.

C’est pourtant un joli mot prolétaire. C’était, chez les romains, celui ou celle qui, en-dehors de ses enfants (proles) et de sa force de travail ne possédait rien. C’était la classe la plus basse, celle des moins-que-rien. La classe la plus belle, la seule à n’exploiter personne. Le gros Marx avait repris le mot à sa sauce, en en excluant tous les « oisifs » et renforçant cette saleté artificielle qu’est la valeur du travail.

prolo1

En n’employant plus ce mot de prolétariat, les syndicats se sont définitivement coupés du projet premier du syndicalisme et du fédéralisme : défendre les travailleurs (et les travailleurs potentiels) face à la machinerie patronale, gouvernementale et capitaliste. Aujourd’hui les syndicats sont dits de « services », réservés à la défense (timide) des seuls salariés. Une fois licencié, à la rue, invalide, tu peux juste crever – si ce n’est déjà fait – ils ne lèveront plus le petit doigt pour toi, occupés à négocier leurs privilèges avec leurs exploiteurs. D’ailleurs, à y regarder de plus près, ils défendent plus le travail que les travailleurs eux-mêmes, parlant d’effectif, de masse salariale, de nombre de licenciés, reprenant ainsi le vocabulaire et la vision qu’a le patronat de ses employés. On leur donne, dans ces fameuses négociations, une impression d’égalité en leur lâchant parfois de pseudo-victoires sociales qui ne sont que quelques miettes comparées à ce que pourrait obtenir une grève générale ou tout autre véritable mouvement social. Car, comme on ne cesse de le répéter, et comme le montre l’histoire, seule la lutte paye.

Si je crache aujourd’hui avec autant d’allégresse sur les syndicats, c’est parce que d’un outil créé par les travailleurs pour s’émanciper (des patrons, des partis politiques) les secrétaires de ces syndicats ont dénaturé ce projet en le calquant sur le fonctionnement hiérarchique et centralisé de ses anciens ennemis. Les syndicats actuels sont des traîtres à la classe des travailleurs prolétaires.

Si je crache aujourd’hui avec autant de vigueur sur le travail et les bourgeois, c’est que j’y ai cru. J’ai gobé cette histoire de réussite sociale, j’ai vraiment cru que le soleil chaufferait plus si je m’élevais dans la pyramide sociale. Ça a si bien marché que je me suis coupé de beaucoup de mes potes d’enfance, celles et ceux qui ramaient et qu’on a vite aiguillés vers les filières courtes ; celles et ceux qui se foutaient gentiment de ma gueule parce que je lisais des livres ; parce qu’on m’a dit « tu n’as plus rien à voir avec eux ». Ça a si bien marché que j’en étais arrivé à avoir honte de mes parents au point de ne jamais parler d’eux, de les cacher, de les nier ; parce que je me suis dit « je n’ai plus rien à voir avec eux ». Le mépris de sa propre classe, c’était pas joli…

pyramide

Mais avec le recul, vu avec quelle persistance j’ai saboté et mes études et mes emplois, je pense que mon partenaire n’a pas été un Jiminy Cricket casse-couilles et moralisateur, mais plutôt un cafard ou un cloporte tapi dans l’ombre, qui n’a jamais lâché l’affaire, jusqu’à ce que je réalise enfin et prenne conscience de qui j’étais, d’où je venais, et de comment on m’avait toujours traité par rapport à ça. Alors ton ascension sociale, tu peux te la fourrer au fond du. Je ne marcherai jamais sur la gueule des copains. Je ne marcherai jamais sur la gueule de personne d’ailleurs. Parce que la loi du plus fort, le darwinisme social, l’individualisme forcené, ça a assez duré. Il est temps de prendre conscience que seul on ne peut rien, ou pas grand chose. Que la division réussie des prolétaires par le patronat, il ne tient qu’à nous de la transformer à nouveau en solidarité. Qu’on aura toujours plus en commun avec le fameux « beauf », simple victime du système qui lui ressasse jusqu’à l’hypnose qu’il n’est rien s’il ne possède rien, qu’avec n’importe quel petit chef, exploiteur volontaire et traître à sa classe.

Alors oui, c’est moins facile d’écouter et de parler aux autres que de les ignorer, mais au final tu gagnes tellement plus ! Tu gagnes la poignée de main « que dieu te gardes et surtout aussi ta petite » de la mamie tsigane ; tu gagnes la bise de Guy toujours rasé de près et embaumant l’after-shave cheap quand il fait la manche ; tu gagnes ce père de famille complètement bourré qui retient ses larmes parce que tu l’as écouté jusqu’au bout, même s’il est lourd, te dire à quel point il n’en peut plus ; tu gagnes ces gamins qui rangent l’artillerie viriliste et provoc’ quand tu leur réponds normalement en leur tendant ton briquet. Tu as toujours ton lot de cons complètement bornés, le populo n’est pas non plus un arc-en-ciel sur lequel on chevauche des licornes roses, mais c’est tellement plus chouette de laisser venir les gens, au moins dans un premier temps, sans jugement, sans prétention, sans mépris. Parce qu’on est tous des prolétaires, hein, mêmes les cons. On est tous dans la même merde, à cause de quelques parvenus ou bien nés qui engraissent sur notre dos, qu’on travaille ou non, et qui nous font crever, quand ça les arrange, quand ils le décident.

Aujourd’hui, je suis fier de ma classe. Ou plutôt fier d’y appartenir. J’y suis né, je l’ai détestée, je suis allé voir ailleurs avant d’y revenir – contraint et forcé – et de voir à quel point elle est belle.

Mon mépris aujourd’hui, il est tout entier pour toi, bourgeois.

lu sur http://coeurnoirteterouge.wordpress.com/

[Flics, Porcs, Assassins] Quand Manuel Valls muselle la critique de la police

Quand Manuel Valls muselle la critique de la police

On l’a vu dernièrement, le ministre de l’Intérieur a la censure facile. Mais s’il parade pour interdire un spectacle de Dieudonné, il reste plus discret sur les poursuites qu’il intente ou dont il menace ceux qui osent s’en prendre aux bavures de la police nationale.

Le 7 avril prochain aura lieu le procès d’Amal Bentounsi, attaquée par le ministre pour « diffamation envers une institution représentant l’autorité publique ». En cause : son site internet Urgence, notre police assassine qui répertorie les violences policières mortelles.

Valls en relais d’Hortefeux

Amal y dénonce régulièrement l’impunité judiciaire dont bénéficient certains auteurs de bavures, comme celle qui coûta la vie à son frère Amine le 21 avril 2012. Celui-ci fut abattu d’une balle dans le dos par un agent de la BAC à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis) alors qu’il fuyait un contrôle d’identité. Bénéficiaire d’une permission de sortie de prison, Amine Bentounsi n’avait toujours pas regagné la maison d’arrêt de Châteaudun (Eure-et-Loir). Plusieurs propos tenus à l’égard de policiers dans un vidéo-clip titré “Outrage et Rebellion”, valent à l’auteure du site les foudres du premier flic de France. Notamment en cause : « Vous voulez commettre des violences et crimes en toute impunité sans jamais être inquiété par la police ? Vous êtes violent, insultant, ne respectez pas le code de la déontologie ? (…) La police est le meilleur des métiers pour être au-dessus des lois. »

Amal n’est pas la seule à être dans le viseur de l’Intérieur. En novembre prochain, ce sera au tour du blog Le Jura Libertaire de comparaître pour « injure et diffamation publiques contre la police ». En juillet 2010, Brice Hortefeux annonce qu’il porte plainte contre ce site Internet et celui d’Indymédia Grenoble. Il reproche à ces médias alternatifs d’être « hostiles à la police ». Ceux-ci avaient dénoncé les exactions policières perpétrées dans le quartier populaire de Villeneuve lors des révoltes de juillet 2010. Révoltes elles-mêmes survenues à la suite de la mort de Karim Boudouda, abattu par des policiers de la BAC au mitan du mois. Trois ans d’enquête plus tard, le plaignant est toujours le ministre de l’Intérieur, mais il s’appelle Manuel Valls.

Dénoncer les dérives de l’institution policière

Dans un autre registre, le Réseau Résistons Ensemble contre les violences policières et sécuritaires subit lui aussi la pression. En décembre dernier, le collectif distribuait à Gennevilliers son 125e bulletin mensuel intitulé Crimes policiers, crimes racistes, trente ans après rien n’a changé. Quatre agents de la BAC embarquent alors les dangereux militants au poste de police et les placent en cellule sans autorisation de téléphoner. Une arrestation en représailles au contenu édité dans le bulletin, leur signalent les policiers avant de les menacer de poursuites judiciaires pour propos diffamatoires. Des empreintes digitales sont relevées et le matériel n’est pas restitué. Une intervention identique avait déjà eu lieu en avril 2013. Dans les mêmes conditions, pour les mêmes raisons. Deux événements tous deux restés sans suite. « S’agit-il d’une initiative locale du commissariat de Gennevilliers ? Il serait important de recenser, pour commencer, ce genre d’atteintes graves à la liberté de presse, d’opinion et d’expression », s’interroge le collectif dans un échange de mail sur un réseau militant.

Dénoncer les dérives de l’institution policière demeure une activité sensible. Elle n’est pourtant pas vraiment infondée. Contrairement à d’autres pays, aucun recensement officiel des bavures n’existe en France. On compte autour de dix morts par an en moyenne, liées à une action des forces de l’ordre. Et dans les faits, peu de d’agents de celles-ci sont, sinon emprisonnés, au moins jugés pour leurs actes mortels. Non-lieu, relaxe, acquittement, classement sans suite jalonnent cinquante ans de quasi impunité en la matière. Environ 5% des policiers et gendarmes impliqués dans des affaires judiciaires de ce type sont passés derrière les barreaux. Souvent au prix de la grande lenteur des procédures [Lire à ce propos sur le site Basta ! : « Homicides, accidents, « malaises », légitime défense : 50 ans de morts par la police » et « Bavures policières mortelles : trente ans de quasi impunité ? »]. Le policier ayant tué Amine Bentounsi, toujours en fonction, a pour sa part été mis en examen pour homicide volontaire. Ce qui est rare. Mais la tenue de son procès se fait attendre. L’instruction close en septembre dernier vient d’être relancée par une demande de contre-expertise balistique de la part de l’avocat du policier.

Le précédent de La Rumeur

Intimider, affaiblir moralement et financièrement ceux qui luttent auprès des familles de victimes de violences policières plutôt que de concourir à leur quête de vérité et de justice… Manuel Valls semble avoir choisi sa voie. Dans la droite ligne de ses prédécesseurs UMP. Pas sûr que cela serve ses intérêts.

Le rappeur Hamé du groupe La Rumeur nous le rappelle. Nicolas Sarkozy l’attaque en justice en 2002 en tant que ministre de l’Intérieur puis que président pour des propos tenus dans le fanzine qui accompagnait la parution du premier album du groupe. À savoir, « les rapports du ministère de l’Intérieur ne feront jamais état des centaines de nos frères abattus par les forces de police sans qu’aucun des assassins n’ait été inquiété ». Après huit ans d’acharnement judiciaire, la Cour de cassation relaxe finalement Hamé en 2010. Les magistrats ont estimé que si ses écrits « revêtaient un caractère injurieux, [ils] ne constituaient pas le délit de diffamation envers une administration publique ». Au delà de défendre la liberté d’expression, le rappeur s’est servi du passage devant le juge pour démontrer le fondement de ses dires en appelant à la barre historiens, sociologues, policiers, citoyens… L’affaire La Rumeur a-t-elle fait jurisprudence ?

En attendant, Amal Bentounsi invite toutes les familles de victimes de bavures à prendre la parole au palais de justice de Paris. « Nous demanderons à la justice qui sera là pour me juger, de prendre ses responsabilités et de condamner ces policiers qui commettent des meurtres en toute impunité », déclare-t-elle. Et faire de ce tribunal une tribune autour d’une question encore taboue. Serait-ce le but recherché par le ministère de l’Intérieur ?

Ludo Simbille, Regards.fr, 27 mars 2014

Les violences policières au cœur d’un procès

Les violences policières étaient aujourd’hui au cœur du procès de la sœur d’un homme tué par un policier en 2012, jugée par le tribunal correctionnel de Paris pour diffamation après une plainte du ministère de l’Intérieur.

http://juralib.noblogs.org/files/2014/04/06.jpgNoisy-le-Sec le 5 mai 2012. Amal Bentounsi (à droite) dans une manifestation contre les violences policières.

Amal Bentounsi, sœur d’Amine Bentounsi, tué d’une balle dans le dos le 21 avril 2012 à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), est poursuivie pour “diffamation publique envers une administration publique”. Elle avait déclaré dans une vidéo publiée sur son site : “Vous voulez commettre des violences, crimes, en toute impunité sans être inquiété ? La police recrute”. Fondatrice du collectif “Urgence notre police assassine”, elle avait été visée par une plainte signée par Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, en janvier 2013.

Très émue, cette mère de famille a raconté que pour elle, “tout a basculé” à la mort de son petit frère. Cette commerçante s’est retrouvée alors au “bord de la route”, “victime collatérale” du drame. “Pour moi, ça a été trop fort, trop lourd. (…) Il fallait que je crie, il fallait que ça sorte. C’est pour ça que j’ai créé ce site et que par un soir dramatique, j’ai monté ce clip”, s’est-elle expliquée. Dans la salle d’audience, de nombreux amis et militants associatifs étaient venus la soutenir.

Tout en reconnaissant du “courage” au magistrat qui a mis en examen pour homicide volontaire le policier en cause, qui a argué de la légitime défense, Amal Bentounsi a regretté que ce dernier “continue à percevoir son salaire en attendant son procès et pour l’instant, il n’est pas en détention provisoire”. “Est-ce qu’un justiciable policier a plus de droits qu’un justiciable ouvrier ?” s’est-elle interrogée.

Quatre témoins ont décrit les violences policières qu’ils combattent et exprimé le sentiment d’impunité des policiers ressenti dans certains quartiers. “Amal est une victime. Nous sommes des victimes et nous sommes traités comme des agresseurs”, a déploré Farid El-Yamni, frère de Wissam El-Yamni, décédé à 30 ans, après avoir été interpellé dans des conditions controversées la nuit de la Saint-Sylvestre 2011 à Clermont-Ferrand. Deux policiers ont été mis en examen dans cette affaire.

“Il y a des gens qui ont le droit de critiquer la police. Amnesty international dit dans un rapport que la police est au-dessus des lois. J’ai moi-même écrit ces choses-là”, a témoigné Mathieu Rigouste, chercheur en sciences sociales.”Par contre, ce sont souvent le même genre de personnes qui sont attaquées”, a-t-il opposé, “il semblerait que le pouvoir n’ait pas intérêt à laisser ceux qui subissent la violence policière la dénoncer”.

“Je ne suis pas certaine” que le blog soit le “bon vecteur” pour la “thérapie personnelle” de la prévenue, ni pour faire “avancer son dossier” ou faire “avancer le débat citoyen”, a commenté la procureure Aurore Chauvelot. “Est-ce que pour autant les propos de Mme Bentounsi dépassent les limites admissibles de la liberté d’expression dans une société démocratique ? Je ne le crois pas”, a-t-elle poursuivi. L’avocat de Amal Bentounsi, Me Michel Konitz, a également demandé la relaxe, expliquant que les propos de sa cliente étaient un “cri de douleur”.

Le ministère de l’Intérieur n’était pas représenté. La décision sera rendue le 28 mai.

Leur presse (LeFigaro.fr avec l’Agence Faut Payer, 7 avril 2014)

Sexisme hipster ou le privilège de la distance

VICE_CoverL’autre jour, ma mère me demandait ce qu’est un hipster. Les définitions peuvent certainement varier, mais je lui ai répondu à peu près ceci : un hipster est une personne qui s’approprie certains éléments (souvent rétros) associés à la culture prolétaire, à des fins esthétiques, mais toujours avec une pointe d’ironie.

Certaines personnes mal avisées pourraient croire que les femmes hipsters n’ont pas de goût avec leurs leggings taille haute, leurs tricots des années 80 et leurs grosses lunettes. Leurs contreparties masculines pourraient passer pour des pas de classe avec leur pilosité faciale abondante, leurs chemises à carreaux et… leurs grosses lunettes. Qu’on les trouve mal habillés, les hipsters s’en tapent, car ils ne cherchent pas l’assentiment du commun des mortels : entre eux, ils savent qu’il y a un second degré et ça leur suffit amplement. Les hipsters ont horreur du mainstream, de là leur fascination pour la scène musicale indépendante et celle du café «troisième vague». Je ne jurerais de rien, mais je soupçonne les vrais hipsters de souffrir en secret quand ils passent devant unStarbucks et qu’ils apperçoivent un pseudo-hipster qui s’expose dans la vitrine derrière son macbook air.

N’est pas hipster qui veut : pour être capable d’une telle ironie face à la culture de la classe ouvrière, il faut avoir une bonne distance par rapport à celle-ci. C’est pourquoi les hipsters sont très souvent des gens issus de milieux privilégiés et instruits. En affectionnant entre guillemets certains objets aimés sincèrement par les vrais prolétaires, ils réaffirment leur position de pouvoir par rapport aux classes sociales inférieures.

Quand on a vécu dans le prolétariat, le vrai, on peut difficilement se payer le luxe d’apprécier au second degré un objet venant de cette culture. C’est pourquoi ma mère déteste mon sofa turquoise des années 60 en vinyle : durant son adolescence, elle l’a vu trop souvent dans les maisons de ses copines. À cette époque-là, les ouvriers commençaient à avoir un plus grand pouvoir d’achat et étaient attirés par le neuf, le chromé, la cuirette et le coloré. Pour ma mère, ce sofa évoque la petitesse des espoirs consuméristes du milieu modeste dont elle est issue. Elle n’a donc pas le privilège de la distance dont je bénéficie et qui me permet aujourd’hui d’apprécier les meubles cliquants de sa jeunesse.

Tout cela m’amène à parler du sexisme hipster, car ceci est un blogue féministe, après tout. Alissa Quart a été la première à utiliser cette appellation (inspirée du terme «racisme hipster») dans le New York magazine. Elle décrit le sexisme hipster comme «l’objectification de la femme en ayant recours à la moquerie, aux guillemets et au paradoxe». Contrairement au sexisme classique, le sexisme hipster est teinté d’ironie et s’adresse à un public averti. Le sexisme hipster est un shampoing nommé Dumb blonde[1], ou encore, le slogan d’un bar de danseuses végétalien (oui, ça existe!) de la ville de Portland qui dit : «Meat on the poles, not on the plates»[2].

Comme les hipsters se flattent entre eux de pouvoir reconnaître un second degré dans leurs choix esthétiques, les publicitaires qui font dans le sexisme hipster flattent leur public cible en établissant un lien de connivence avec lui. Comme le souligne Anita Sarkeesian dans une vidéo de Feminist Frequency, ces derniers savent que nous savons qu’ils savent que c’est du sexisme… (Cliquer sur ”CC” pour sélectionner les sous-titres en français)

http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=PD0Faha2gow

L’été dernier, la chanson Blurred lines a fait beaucoup jaser. Dans le vidéoclip, trois jeunes femmes ne portant qu’un string couleur peau défilent et se dandinent autour du chanteur Robin Thicke et de ses deux accolytes, T.I et Pharell. Les trois hommes qui, inutile de le préciser, ont gardé leurs vêtements, se la jouent cool et ne se privent pas pour tâter et reluquer les dames. Selon Diane Martel, la réalisatrice, le sexisme du clip est ironique, car ce sont les personnages féminins qui sont réellement en contrôle. Pour sa part, Thicke admet que les femmes sont rabaissées, tout en suggérant que le clip est une parodie : «Nous avons essayé de faire tout ce qui est tabou (…) Tout ce qui est complètement dégradant pour les femmes. Comme nous sommes tous les trois d’heureux époux et pères de famille, nous nous sommes dit que nous étions les gars parfaits pour nous moquer de ça». En d’autres mots, comme ils ne sont plus de jeunes célibataires libidineux, ils auraient la distance nécessaire pour que leur sexisme passe dans la catégorie acceptable du second degré.

Tout comme le hipster, le sexisme hipster est conscient de lui-même. On osera moins le dénoncer, puisqu’on suppose qu’il a déjà fait son autocritique. Pour cela, certaines personnes lui pardonneront d’aller plus loin dans son exagération. American Apparel pourrait être considérée comme une compagnie “éthique” à bien des égards. Elle ne sous-traite pas sa production à l’étranger, ses employés gagnent des salaires décents, elle utilise du coton biologique pour plusieurs de ses vêtements et son propriétaire milite pour les droits des travailleurs nés à l’étranger. Pourtant, dans ses publicités, la compagnie atteint des degrés inégalés de sexisme en présentant les femmes comme des objets sexuels disponibles à la consommation. Le tout, dans une esthétique un peu rétro qui pourrait rappeler la porno des années 70. Du sexisme avec un clin d’oeil, quoi.

PETA, un organisme qui milite pour les droits des animaux, utilise depuis longtemps le corps féminin pour faire passer son message. L’an dernier, l’association a créé cette publicité très controversée dans laquelle on voit une jeune femme qui, au petit matin, retourne péniblement à la maison après être allée chercher des légumes pour son copain nouvellement végétalien et, par le fait même, nouvellement bête de sexe. Elle porte un collet cervical. Tandis que, de dos au spectateur, elle monte les marches de l’escalier avec difficulté, la caméra capte un rayon de soleil entre ses cuisses. On remarque alors qu’elle n’a que ses sous-vêtements sous son manteau. Quand elle rentre chez elle, le mec qui lui a infligé ses blessures est en train de plâtrer un trou dans le mur créé par la «vigueur» de leurs ébats. «Est-ce que ça va mieux?» lui demande-t-il gentiment.

http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=m0vQOnHW0Kc

Lisa Lange, la vice-présidente de PETA a défendu la misogynie de cette campagne publicitaire qui joue avec la violence faite aux femmes en évoquant l’ironie. «C’est du second degré» dit-elle. «Les gens qui regardent la publicité jusqu’à la fin voient que la femme a un sourire malicieux. Elle est heureuse de retourner avec lui. C’est ludique.» Comment les dirigeants de compagnies ou d’organismes qui se disent socialement responsables peuvent-ils célébrer le sexisme avec autant de candeur? S’imaginent-ils que nous vivons dans une société post-sexiste? Dans un monde où la violence envers les femmes n’est plus sexualisée? Éthique à géométrie variable…

Le sexisme hipster nous rebat les oreilles avec la même chanson que le sexisme classique. Que ses paroles soient plus sophistiquées, qu’il s’adresse à un public plus averti, ou qu’on le drape d’ironie pour le protéger de la critique n’y change rien. Contrairement au hipster qui, de sa position privilégiée, se place au dessus de la culture prolétaire, notre société n’est pas au dessus du sexisme. Au contraire, elle est en plein dedans. Tant que les femmes seront représentées comme des objets pour attirer les consommateurs ; tant qu’elles auront besoin de se dénuder pour obtenir une fraction de l’attention dont les hommes bénéficient en gardant leurs vêtements, il n’y aura pas de sexisme au deuxième degré, mais du sexisme, point. Face au sexisme, nous n’avons malheureusement pas le privilège de la distance.


  1. Blonde idiote
  2. La viande sur les pôles, pas sur les assiettes

lu sur http://feminada.wordpress.com/

[Le changement c’est maintenant] Des boulots de merde payés des miettes

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Pascal Lamy prône des “petits boulots” payés en dessous du Smic

L’ancien patron de l’OMC, proche de François Hollande, a estimé ce mercredi qu’il fallait “accepter de franchir les espaces symboliques” pour réduire le chômage.

Pascal Lamy, ex-directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et proche du président François Hollande, a plaidé mercredi pour plus de “flexibilité” sur le marché du travail, avec notamment des “petits boulots” payés en dessous du Smic. “Je sais que je ne suis pas en harmonie avec une bonne partie de mes camarades socialistes, mais je pense qu’il faut, à ce niveau de chômage, aller davantage vers de la flexibilité et vers des boulots qui ne sont pas forcément payés au Smic”, a-t-il déclaré lors de Questions d’infoLCP/France Info/le Monde/AFP.

C’est-à-dire moins que le Smic ? “Oui absolument”, a-t-il ajouté. “Un petit boulot, c’est mieux que pas de boulot. Je ne réponds pas ça dans l’absolu, je n’aurais pas dit ça il y a dix ans ou il y a vingt ans, mais à ce niveau de chômage…” Pour l’ancien commissaire européen socialiste, “il faut accepter de temps en temps de franchir les espaces symboliques de ce type pour rentrer dans la réalité et la transformer”.

http://juralib.noblogs.org/files/2014/04/012.jpgIN MEMORIAM PASCAL LAMY
OMC : Pascal Lamy se voit refuser une augmentation de 32 %
Les principaux pays membres de l’OMC ont refusé d’accorder à son directeur général, Pascal Lamy, la hausse de 32 % de ses rémunérations qu’il réclamait, rapportent des diplomates jeudi 16 juillet.
M. Lamy faisait valoir à l’appui de sa requête qu’il ne bénéficie pas du plan de retraite accordé aux autres employés de l’OMC, une demande qualifiée de “politiquement naïve” par un diplomate. “En tout, cela faisait une hausse de 32 %. Il n’y a pas eu – comment dire cela d’une manière diplomatique ? – d’enthousiasme pour revoir le paquet de ses émoluments, étant donné la crise financière et économique et en particulier dans la proportion demandée”, a déclaré ce diplomate. “La position était absolument unanime”, a-t-il ajouté.
Pascal Lamy perçoit un salaire annuel de 480’000 francs suisses (316’000 euros) auquel s’ajoute une cotisation de 15 % du montant de son salaire pour sa retraite.
Leur presse (LeMonde.fr avec Reuters, 16 juillet 2009)

Au risque que cela rappelle le “Smic jeunes” d’Edouard Balladur ou le CPE de Dominique de Villepin, tous deux abandonnés après des semaines de contestation sociale ? “Ce n’est parce qu’une réforme n’a pas marché ou parce qu’on a reculé devant la pression de l’opinion que c’est une mauvaise idée. Si on prenait tous les réformes qu’on a essayées à un moment, qui n’ont pas marché et si on ne les avait pas reprises, on serait encore au Moyen Âge”, a lâché Pascal Lamy. (…)

Leur presse (Agence Faut Payer via Liberation.fr, 2 avril 2014)

Rencontre avec quelques personnes du Transfo

Le Transfo, lieu occupé depuis novembre 2012 est menacé d’expulsion. Mais c’est surtout un lieu de vie, d’activités et de rencontres. Entretien avec quelques personnes qui participent au lieu.


Le Transfo, espace occupé

« Le Transfo est un espace occupé depuis le 14 novembre 2012.

Ce lieu de près d’un hectare qui appartient à EDF est vide depuis plusieurs années. EDF est une sale entreprise qui rackette chaque foyer en vendant de l’énergie nucléaire qui nous empoisonne la vie. Elle spécule aussi sur l’immobilier.

Face à cette logique du fric, nous investissons collectivement ce lieu sur des bases non-marchandes.

Nous invitons les collectifs et toutes personnes à découvrir, à participer aux différentes activités déjà vivantes, à venir proposer leurs envies, à faire vivre ces lieux dans la gratuité, le partage des pratiques et des connaissances.

Ces mots ne prennent sens que dans des pratiques ancrées dans une lutte contre l’État, le système capitaliste, le sexisme, le racisme et toutes les formes de domination.

Ce lieu est grand. Il y a de la place pour les initiatives, projets et envies. C’est ouvert et plein de potentiel, alors venez ! »


Comment s’est mis en place le collectif du Transfo ?

Nous étions une vingtaine à habiter ensemble, dans un ancien immeuble de la DDE (Direction Départementale de l’Équipement) à Montreuil et on s’en est fait expulser mi-septembre 2012. On cherchait une habitation. On a trouvé le Transfo. En visitant, on a vu que c’était très grand : il y avait un immeuble d’habitation, et qu’il y avait aussi moyen de faire un immense espace d’activités collectives.

Mi-octobre, on était prêt à investir les lieux. On a fait une réunion pour mobiliser du monde à l’ouverture du lieu.

Nous n’avions pas vraiment réfléchi à un projet politique clair, ni au fonctionnement du lieu. Même s’il y avait des grandes lignes, c’était à définir, à clarifier. Plein de gens sont venus à la réunion préparatoire. Puis, il y a eu une Assemblée Générale où les grandes lignes ont été posées.

Un texte a été écrit suite à cette réunion, “Le Transfo, comment ça marche ?” car il y a eu une demande de beaucoup pour clarifier ce qu’était le Transfo.

Une des bases est que c’était un espace de gratuité. Il y a un lieu pour les concerts mais ce n’est pas un espace récréatif.

Au-delà de la gratuité, il y avait une volonté de mettre en place des choses, dans une perspective anti-autoritaire, anti-raciste et anti-sexiste, même si dans le concret, ce n’est pas toujours simple à mettre en place. On ne voulait pas se lancer dans l’événementiel : on s’en fout de faire des concerts. Si concert il y a, ce sont des concerts de soutien pour des collectifs qui ont besoin de tunes.

Une idée fondamentale est aussi celle de prendre les décisions au consensus et de faire les choses par nous-mêmes. L’espace-temps d’organisation est l’assemblée générale qui se tient tous les dimanches à 14h. S’y réunissent des individus ou des collectifs qui font vivre le lieu ou viennent avec leurs propositions…

Il y a un aussi un collectif d’habitants dans un seul immeuble. Certains des habitants participent aux lieux collectifs du Transfo, d’autres n’y participent pas. La première volonté du collectif ouvreur était d’habiter le lieu. Dans ce lieu, il y avait la possibilité de séparer l’habitation du lieu collectif.

Dans la réalité, c’est plus compliqué. Les gens qui habitent au Transfo ne sont pas obligés de faire partie de l’assemblé des lieux collectifs. Évidemment habiter au Transfo implique forcément une forme de participation. Par exemple, s’il y a un concert avec 1000 personnes, il vaut mieux que les habitants soient là.

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A l’entrée, une fresque peinte l’été dernier.

Quels sont les collectifs qui sont venus au Transfo ?

Beaucoup de monde est passé au Transfo. Beaucoup de gens s’y sont rencontrés. C’est un espace d’organisation et de travail. Des gens de milieux différents se rencontrent aux concerts, aux cafésou aux ateliers même s’ils ne sont pas venus par les mêmes collectifs.

Le collectif de soutien à Notre-Dame-des-Landes en Ile-de-France est venu assez vite. Il y a des antipubs, des antifas, des musiciens, peintres, bricoleurs… Certains venaient pour le café du jeudi soir et se retrouvent à intégrer les collectifs. Beaucoup de choses viennent de la rencontre des gens ici.

Quelles sont les activités du Transfo ?

Il y a des activités fixes et des activités ponctuelles. La liste est longue et évolue au fil du temps. Pour se tenir au jus, rendez-vous sur l’agenda du Transfo.

On peut dire ici ce qui se déroule régulièrement :

– l’assemblée générale des lieux collectifs tous les dimanches à 14h.
– une assemblée de soutien à Notre-Dame-des-Landes une semaine sur deux, les mardi à 20h.
– l’atelier qui propose par exemple de se retrouver tous les mercredis après-midi pour fabriquer ou réparer son vélo.
– les réunions hebdomadaires de Paris-Luttes.Info, non ?
– la récup’ de légumes à Rungis qui s’organise tous les vendredis matins avec le camion collectif. Quand le camion rentre au Transfo, un tri est organisé. Puis d’autres collectifs viennent se servir pour alimenter leurs maisons, des cantines ou des distributions gratuites. Au Transfo, on essaye de se tenir à une distribution par semaine. On a commencé devant les grilles du squat, maintenant, on préfère faire les choses de manière plus spontanée en distribuant dans des endroits différents et sans prévenir à l’avance. On a été un peu débordé par le nombre de personnes qui venaient et ça perdait l’aspect rencontre et discussion avec les gens.
– il y a rapidement eu des cantines et des projections régulières le samedi. Ça s’est arrêté un temps. Là, il y a une nouvelle motiv’ en cours pour les cantines. L’idée des projections a été reprise et c’est deux vendredis par mois avec des discussions.
– Et bien sûr, y’a des concerts. Comme le prochain en soutien à la lutte NO TAV.

L’atelier cabane est un bon exemple de réappropriation du lieu…

On est parti de rien et on a tout installé.

À l’époque des débuts de la cabane, il y avait des personnes qui avaient la maîtrise des outils, puis certains sont partis pour des raisons diverses et on a voulu continuer l’atelier, réaménager le bâtiment : il a fallu repartir de zéro. Entre nous, les gens du noyau dur de l’atelier, personne ne faisait un métier manuel. Il a fallu prendre du temps et vérifier tout ce qu’on faisait ! Il a fallu demander pas mal de conseils pour l’électricité. On a appris la soudure par un copain artisan en métal. Ça se fait petit à petit.

On ne produit pas aussi vite que du temps de la cabane mais on se met en confiance avec les outils avec l’idée de se réapproprier les choses qu’on consomme et qu’on utilise. Il y a la volonté de savoir gérer son électricité, son moyen de transport (le vélo) de manière libre et non marchande. On peut apprendre à réparer son vélo et à le faire.

En ce moment, une éolienne se fabrique, c’est pas une mince affaire. Elle va aller sur la ZAD !

Avez-vous cherché à créer des liens dans le quartier ?

On a été amené à s’immiscer dans la vie du quartier, avec le tournoi de boxe, les Transfolies, les cantines et les cinémas dont on a déjà parlé, ou ne serait-ce que par la distribution de légumes de Rungis. Après, on est bien conscient-e que c’est le temps qui permet de rencontrer et d’avoir la confiance des habitant-e-s d’un quartier.

Dans le collectif d’habitation, certains viennent de Montreuil, et connaissent des gens et ça fait des liens dans le quartier. Ici il y a des gens qu’on croise et qu’on connaît. On est proche de personnes sur le quartier des Coutures à Bagnolet, Robespierre, les puces, le Rémouleur, le foyer Bara. Et pas mal d’amis squatteurs dans le voisinage.

On a mis pas mal de tracts sur le Transfo dans toutes les boîtes aux lettres. Deux fois. C’est quand même beaucoup de boulot et beaucoup de photocopies ! Ça a touché des gens pour un concert et pour un café mais c’était très limité. On a aussi recouvert Montreuil et Bagnolet d’un chouette sticker qui a marqué quelques esprits… Il y a eu pas mal d’affiches aussi.

Pour décider, on peut prendre du temps mais on se décide au consensus. Parfois, c’est rapide. Souvent, cela demande de prendre le temps de discuter et de se mettre d’accord.

Sticker pour la défense du Transfo

 

Les critères c’est quoi ?

Les concerts c’est pour les collectifs autonomes qui ne sont pas des partis ou des syndicats. C’est un moyen comme un autre de se financer, et ça fait partie de l’entraide inhérente aux mouvements autonomes. Un moyen comme un autre d’avoir des tunes !

On discute de la pertinence de soutenir ces collectifs dans leur demande. On voit leur contenu, leurs objectifs politiques. On se donne un peu de temps pour voir qui sont les collectifs qui viennent nous demander un concert. On peut se donner une semaine de réflexion, par exemple.

On a dit non à des personnes qui viennent tourner des clips ou à des propositions plus politiques qui ne convenaient pas.

On a pu refuser des demandes de collectifs type citoyenniste ou celles qui ne correspondait pas vraiment avec la volonté d’autonomie qu’on défend au Transfo. Pour nous, il faut que ça ait du sens et que ça colle avec le Transfo. Mais on essaye de ne pas être trop binaire non plus. Parfois les choses se goupillent bien et des projets se sont enrichis grâce aux rencontres faites aux AG.

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Une vue urbaine depuis le 4e étage du bâtiment C.

Quels sont vos liens avec les autres squats ?

Y’a des outils collectifs, certains squats viennent avec nous pour la récup. Le camion par exemple est collectif. Plusieurs maisons ont mis des sous pour l’acheter.

Beaucoup de gens qui se sont rencontrés ici ont lancé d’autres initiatives ailleurs.

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Quelle est la situation actuelle du Transfo ?

La situation juridique est complexe et mériterait peut être un article à part entière. Pour faire court : il y a trois propriétaires EDF, Sofilo et RTE, nés de la scission d’EDF. Du coup, il y a trois procédures juridiques différentes.

Nous sommes expulsables de l’habitation qui appartient à EDF depuis mars 2013 mais on ne devrait a priori pas être expulsés avant l’appel qui aura lieu le 15 mai et qu’on espère bien “gagner”.

L’atelier du Transfo qui appartient à RTE est expulsable depuis peu de temps. On a fait appel bien sûr…

Les deux bâtiments du milieu qui sont à Sofilo ne le sont pas pour le moment. L’affaire vient d’être renvoyée en cour d’appel (sans passer par la case première instance !). On a donc a priori encore au moins 6 mois devant nous…

Tout cet aspect juridique n’est vraiment pas une fin en soi. On essaye juste de gagner un maximum de temps. On n’est pas dupe. On sait que la justice statuera en fin de compte contre nous, comme toujours.

On ne cherche pas non plus à durer à tout prix. On ne négociera pas avec le proprio, la mairie ou autre. On est légitime dans ce lieu du simple fait de son occupation. On n’a pas à négocier quoi que ce soit.

On fonctionne avec un numéro d’urgence : 06 72 53 02 40.

Le jour de l’expulsion, un SMS groupé sera envoyé. L’année dernière, il y avait des réunions de défense. Quand on verra que la situation le nécessite, on les remettra en marche. Des rendez-vous avaient été donnés à tel endroit en cas d’expulsion. En cas d’expulsion, évidemment il y aurait une réaction.

Ça brasse suffisamment de monde et d’envies pour que ce ne soit pas une expulsion “blanche”.
Pour être “inscrit-e” et tenu-e au courant, il suffit d’envoyer un SMS du téléphone que l’on souhaite inscrire à la liste d’urgence.

lu sur transfo.squat.net

Vendredi 18 avril 2014: Mouvement anarchiste et antirépression en Biélorussie

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Vendredi 18 avril 2014, à 19h30 au Transfo :

Cette année, l’Anarchist Black Cross Belarus fait une tournée d’information en Europe. Nous avons plusieurs objectifs. Nous voulons présenter la semaine de solidarité avec les prisonnierEs anarchistes qui aura lieu fin août 2014. C’est le projet de plusieurs groupes ABC européens qui veulent unir leur efforts pour soutenir nos camarades en prison.

Nous voulons aussi partager des informations à propos du mouvement anarchiste en Biélorussie. Nous espérons que les histoires des luttes d’autres endroits vous aideront dans vos propres luttes. Il est impossible de parler de mouvement anarchiste en Biélorussie sans mentionner les répressions auxquelles le mouvement fait face et comment on y réagit.

Nous souhaiterions discuter de votre expérience de la répression et de ce qui vous aide à y faire face.
Le fonctionnement de l’ABC nécessite constamment de l’argent aussi nous souhaiterions collecter des fonds pour aider les prisonniers, en payant leurs avocats, des livres et de la cantine. Nous avons aussi besoin d’argent pour imprimer de la propagande.

Le programme de la soirée :

-La situation actuelle du mouvement anarchiste en Biélorussie
-La situation actuelle de la répression en Biélorussie
-La semaine de solidarité avec les prisonniers anarchistes
-Discussion sur “L’antirépression et le travail de solidarité au sein du mouvement anarchiste”
-Écriture de lettres et de cartes postales

Quelques dates de la tournée européenne :

14/04 Nancy – CCAN 69, rue Mon Desert, 54000 Nancy
15/04 Bruxelles – Acrata, 32 Rue de la Grande Île
16/04 Day off
17/04 Lille – CCL, 4, rue de Colmar
18/04 Paris – Transfo 57 avenue de la République, à Bagnolet
19/04 Paris – Librairie Publico – 145 Rue Amelot
20/04 Day off
21/04 Brest
22/04 Notre-Dame-des-Landes – ZAD
23/04 Angers – L’Etincelle 26 rue Maillé
24/04 Bordeaux – L’Oukaze, 38 rue du Marechal Lyautey à Bègles
25/04 Pau – La Tor deu Borreu, 2 rue de la fontaine
27/04 Santurze ou Bilbao
28/04 Burgos
29/04 Salamanca / Madrid
05/05 Granada
07/05 Valencia
08/05 Teruel
09/05 Zaragoza
10/05 Badalona
11/05 Barcelona
12/05 Toulouse
13/05 Alès – la Rétive 42 rue du Faubourg d’Auvergne
14/05 Montpellier – La Mauvaise Réputation 20 rue Terral
15/05 Valence – Le Laboratoire
16/05 Grenoble – BAF 2 chemin des Alpins + concert !
17/05 Saint-Étienne – Avatarium, Musée de la Mine
18/05 Day off
19/05 Clermont Hôtel des Vil-e-s, 55 avenue de l’Union Soviétique
20/05 Day off
21/05 Lyon
22/05 Dijon – Snack Friche (quartier Lentillères) rue Philippe Guignard

ABC-Belarus-Solidarity-Infotour-2014

6 AVRIL DE 12H À 21H FESTIVAL DU FILM PICO Y PALA « SUR LES RUINES DE LA GAUCHE, LES DISCOURS FASCISANTS PROSPÈRENT : TACLONS-LES !»

Dimanche 6 avril 2014 le Dilengo accueille le festival du film du collectif « Pico y Pala »

«Sur les ruines de la gauche, les discours fascisants prospèrent : taclons-les !»

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12h : Cantine du Dilengo

Tout l’après-midi :

Tournoi de foot : Le mondial improbable (constitution des équipes sur place à 12h)

Projection de films sur les conséquences sociales du Mondial au Brésil

Initiation à la boxe

Atelier pochoirs

Jeux

18h : Atelier de décryptage de vidéos de l’extrême-droite

19h30 : Asado (barbecue) argentin

21h : Projection «La deuxième droite» Les mutins de Pangée / France / 2013 / 63’ + Discussion

Pour en savoir plus: http://picoypala.org/#/portfolio|festival/2014