Une entreprise menace un squat pour « vol de marque commerciale »

Le 9 décembre dernier, nous recevions par courrier, ainsi que par mail l’injonction suivante de la part de l’entreprise Dilengo.com :

Madame, Monsieur,

Notre société est propriétaire de la marque Dilengo qu’elle exploite commercialement.

Vous utilisez cette marque déposée sur votre site : https://squatdilengo.wordpress.com

Nous considérons que votre utilisation du terme Dilengo sur votre site constitue une contrefaçon de notre marque et nous porte préjudice. C’est pourquoi nous vous enjoignons de cesser l’utilisation du terme Dilengo dans les plus brefs délais.

A défaut d’une réponse positive et d’un engagement précis sous 7 jours, nous serons contraints de transférer le dossier à notre avocat, avec pour mission de défendre nos droits par tous les moyens qu’il jugera nécessaires, y compris celui de saisir les tribunaux.

Veuillez agréer, Madame, Monsieur, nos salutations.


L’équipe Dilengo
1047 Route des Dolines

Allée Pierre Ziller / Télécom ParisTech 
06560 Valbonne / Sophia Antipolis – France
Tél : + 33 4 92 91 14 27
E-mail : contact@dilengo.com 
Site internet : www .dilengo. com

Comme de bien entendu, nous avons souhaité répondre à cette menace. Nous publions donc notre réponse, pour qu’en toute transparence, chacun sache quel est notre point de vue :

Madame, Monsieur,

Vous nous évoquez l’exploitation de la marque Dilengo par votre enseigne et usez de menaces pour nous enjoindre à cesser l’utilisation de ce nom pour notre projet collectif.

Sachez que le lieu que nous occupons depuis le mois d’août est justement opposé aux logiques commerciales ineptes qui caractérisent le monde dans lequel nous vivons et qui vous amènent à saisir la justice pour une ridicule histoire de marque.

Sachez également que le terme « Dilengo » a une signification en langue romanès, signification que vous ignorez certainement. Dilengo signifie en effet « les fous » ou « maison des fous », terme que nous avons choisi en solidarité avec les roms. Notre projet de vie collective est en effet porté également par deux familles roms sans logement.

Auriez-vous la prétention de vous arroger des mots de la langue romanès pour le seul profit de votre commerce ?

Par vos procédés mesquins, tout à fait à l’image de l’économie capitaliste dont vous dépendez, c’est vous qui nous portez préjudice et non l’inverse.

Le nom de notre squat n’est pas une marque de fabrique. Et nos activités ne sont pas commerciales.

Dans le monde dans lequel nous aimerions vivre, les logiques qui sont les vôtres n’auraient pas droit de cité, tant elles sont contraires à nos désir d’humanité et de partage.

Sur ce, vous aurez compris que nous vous opposons une fin de non recevoir.

Les occupantEs du Dilengo

Jouissance émeutière et révolte érotique

 

Les nouvelles érotiques de Lilith Jaywalker permettent de s’immerger dans l’autonomie désirante. Mais la révolution sexuelle reste à accomplir. 

 

La littérature érotique d’aujourd’hui se révèle très souvent dépolitisée. Les niaiseries de Cinquantes nuances de Grey donnent le ton de la littérature sado maso la plus ringarde. Pourtant la littérature érotique peut aussi s’opposer aux contraintes sociales pour privilégier le plaisir. Cette démarche s’oppose donc radicalement à l’ordre social. Mais le milieu militant actuel se révèle très souvent puritain et préfère se référer à l’idéologie plutôt qu’à la vie. L’antisexisme et le postmodernisme coincé ne font que renforcer cette séparation entre plaisir et politique.

Mais il existe quelques exceptions. Lilith Jaywalker, dans le bien nommé Emeutia Erotika, associe désir d’insurrection et plaisir sexuel. Son recueil de nouvelles se révèle très original.

 

L’autonomie désirante pour érotiser la vie

Dans « Plat du jour », une lycéenne vit avec un étudiant dans un petit appartement. La jeune femme se révèle être une militante maoïste originale. « Le matelas au sol, recouvert d’un imprimé indien, était surplombé d’un poster de Mao affublé des moustaches de Dali », décrit la narratrice. Les maoïstes luttent surtout pour loger des familles et n’hésitent pas à occuper un bel immeuble. Mais l’autonomie désirantefréquente également le quartier. Cette tendance du mouvement autonome s’attache à politiser la vie quotidienne. Le désir devient le moteur de la révolution, mais aussi de la vie.

La narratrice décrit un homme de trente-cinq ans, amant d’une lycéenne, après avoir été l’amant de sa mère. Les trois personnes déjeunent ensemble, sans la moindre jalousie. La narratrice se joint aux deux amants pour une révision du baccalauréat particulièrement érotique et ludique. « Il déplora que Fourier ne soit pas étudié et continuait à philosopher quand je m’aperçu qu’elle lui peloter les couilles », décrit la narratrice. Elle se réjouit quand le couple l’invite dans son squat, et songe à ses désirs pour chacun d’eux. Mais elle doit abandonner ses fantasmes lorsque le jeune couple préfère alors dormir. « Adieu couilles, bites, chattes et nichons, je me retrouvais seule sur le palier avec toutes mes envies », déplore la narratrice frustrée.

Toujours dans le squat, elle rentre dans une pièce. Un homme pour lequel elle n’a aucun désir la déshabille. Elle se laisse faire. Même si cet homme la répugne elle savoure son baiser. « Long et délicieux », précise la narratrice. Elle s’abandonne alors au plaisir. Son dégoût pour ce corps vieux et rachitique ne l’empêche pas de jouir, bien au contraire.

 

La nouvelle « Emeutia Erotica » évoque la manifestation des sidérurgistes à Paris de 1979. La narratrice participe au cortège des autonomes, partisans de l’affrontement avec la police. Certes les sidérurgistes défendent leur travail et ne critiquent pas toujours l’oppression du salariat. Mais ces prolétaires s’affranchissent des bureaucraties syndicales pour privilégier l’action directe.

Cette manifestation du 23 mars 1979 débouche vers une émeute. Des vitres explosent dans l’obscurité des gaz lacrymogènes. Face aux forces de l’ordre, les manifestants doivent s’échapper dans la confusion. « A peine quelques encablures séparait mon crâne nu des premières matraques, dont j’entendais les coups pleuvoir », décrit la narratrice. Mais c’est lorsqu’elle se précipite dans un immeuble bourgeois avec d’autres manifestants que l’action devient la plus intéressante. Lorsqu’un jeune émeutier demande à la narratrice de l’essuyer, un frisson érotique se déclenche. Dans l’obscurité elle ne peut que céder à qon désir, de manière gourmande et sensuelle. «Ivre de foutre et de sang, je sentis monter en moi une folle envie de jouir », décrit l’émeutière. Elle évoque ensuite une scène de plaisir intense.

Les deux amants retrouvent ensuite le cortège de la manifestation. Les ouvriers vivent l’alignement des magasins de luxe comme une provocation et détruisent les vitrines. Cette vision d’émeute ne fait que renforcer le désir érotique.

 

 

Dans « Aux aguets », Sandra rejoint Paris dès ses dix-huit ans. Mais elle est rapidement déçue par l’atomisation et la séparation des individus qui règne dans la capitale. « Espérant trouver la liberté dans cet anonymat, jusqu’ici elle n’y avait rencontré que l’ennui », décrit la narratrice. Mais elle rencontre des squatteurs avec lesquels elle se lie. Elle pratique le vol en compagnie de Minty, une femme longiligne. Lorsque la police semble les surprendre, les deux filles s’embrassent sensuellement. Mais Minty, la femme qui a passionnément étreinte Sandra, se révèle être un homme.

Dans « Paris Vision », la narratrice est une femme de trente ans. Elle pensait pourtant mourir jeune. « Seulement, le jour fatidique vint et avec lui la même furieuse envie de jouir et d’en découdre, s’accommodant mal du néant éternel », exprime la narratrice. Avec Sean, elle entretien un amour fidèle et libre. « L’équation fut simple à résoudre : la fidélité des corps n’ayant rien à voir avec celle du cœur, nous ne nous cacherions rien et nous nous permettrions tout », décrit la narratrice. Cette relation permet de sortir de l’urgence sexuelle et de la séduction permanente pour mieux satisfaire ses désirs. La narratrice peut vivre une relation intense avec Yoann, qui en revanche exige l’exclusivité amoureuse. Cette relation amoureuse repose sur le désir, la sensualité et la spontanéité contre le culte de la performance et des manuels techniques desmagasines féminins. « Yoann était un de ses rares amants à savoir que technique et plaisir ne font pas bon ménage. Oublieux des performances, il avait l’intelligence des situations et se montrait toujours merveilleusement inspiré », se réjouit la narratrice.

 

 

La révolution sexuelle est une guerre en cours

Les nouvelles de Lilith Jaywalker tranchent avec le conformisme du petit milieu militant et autonome. Ses récits peuvent choquer les antisexistes et autres gauchistes puritains qui associent le désir et le plaisir à un simple rapport de domination. Au contraire, cette littérature érotique associe l’amour à la liberté. Toutes les normes et les contraintes sociales volent en éclat. L’ambiance insurrectionnelle attise le désir. Le cadre du couple, avec son enfermement et sa routine, est joyeusement démoli. Contre la sexualité marchande, mécanique et formatée, c’est un érotisme sensuel qui s’exprime librement.

Ses récits semblent d’autant plus jubilatoires que le mouvement autonome d’aujourd’hui, loin de l’autonomie désirante héritière des années 1968, s’attache à unedéfense acharnée de l’ordre moral. Le couple et le patriarcat deviennent des remparts les plus solides contre la domination masculine selon ses gauchistes antisexistes. Les anarcho-citoyennistes refusent d’évoquer la moindre perspective de révolution sexuelle. Ils préfèrent aménager le patriarcat en dénonçant la domination masculine, comme d’autres s’indignent de la gloutonnerie de certains patrons. Ils refusent de remettre en cause le couple, la famille, l’école et toutes les institutions patriarcales qui répriment les désirs. Les autonomes font même de l’amour libre une cible politique à combattre.

Ses idéologues gauchistes adoptent les bonnes vielles manœuvres staliniennes et réactionnaires d’un Clouscard ou d’un Michéa. Ils font semblant de vivre dans un monde d’orgie permanente, alors que la morale sexuelle demeure enracinée, pour proposer un retour au puritanisme. Un petite minorité de traders et de petits bourgeois, et apparemment de petits chefs autonomes, peut vivre effectivement une libération amoureuse. Mais pour le prolétariat, c’est la misère affective et sexuelle qui prédomine.

La révolution sexuelle reste donc à réaliser. Une sexualité conformiste diffuse les normes de compétition et de performance. Ses nouvelles formes d’inhibitions s’ajoutent à celles de la société patriarcale et de l’ordre moral qui reste bien ancrées malgré l’étalage du spectacle pornographique. C’est sans doute la limite des récits de Lilith Jaywalker. La frustration n’est jamais durable et ne fait qu’attiser le désir. Ses nouvelles ne parlent pas de la répression sexuelle toujours présente. En revanche, Lilith Jaywalker ravive le souvenir d’une autonomie désirante qui place le plaisir au centre de la lutte et de la vie.

 

Source : Lilith Jaywalker, Emeutia Erotika. Six nouvelles, Sao Maï, 2013

 

Articles liés :

Lutter et vivre dans l’autonomie italienne

Insurrection des désirs dans l’Italie des années 1970

Contre l’ennui militant

La littérature érotique de Pierre Loüys

Guillaume Apollinaire et le plaisir érotique

Contrôle des corps et misère sexuelle

 

Pour aller plus loin :

Blog de Lilith Jaywalker

Sébastien Schiffres, « L’Autonomie désirante« , issu d’un mémoire sur La Mouvance autonome en France de 1976 à 1984

Vanina, Réflexions autour de la « libération sexuelle », publié dans le journal Courant alternatif le 20 janvier 2011

 

LU SUR http://zones-subversives.over-blog.com

Le CRIF et l’extrême-droite

Le CRIF est une structure communautaire qui se veut l’unique interlocuteur des juifs de France auprès des pouvoirs publics et de la société. Créé à la Libération, il a peu à peu dérivé à droite, en se faisant notamment le défenseur inconditionnel d’Israël. Le CRIF prétend représenter les juifs français sans que sa représentativité et son influence réelles au sein des juifs de France ne soient ni questionnées ni prouvées. Son influence vient du fait qu’il regroupe des personnalités introduites dans différents cercles de pouvoir (économiques, politiques ou médiatiques) et non du fait qu’il est une organisation de masse. Il est le regroupement d’une partie des élites juives vivant en France.

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Excluant tout autre voix juive ne se soumettant pas à sa ligne politique, le CRIF se transforme en tribunal communautaire et condamne les opposants en les affligeant du stigmate de la « haine de soi » – c’est-à-dire en les accusant de trahir l’identité juive.

Les discours des dirigeants du CRIF reflètent les évolutions de leur vision politique et les stratégies qui en résultent. Ainsi, lors de l’accession de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle en 2002, Roger Cukierman, alors président du CRIF, déclare à un journal israélien que cette victoire politique de l’extrême-droite servirait à réduire l’antisémitisme musulman et le comportement anti-israélien en France. Le score du FN est alors analysé comme un message adressé aux musulmans de France leur indiquant de se tenir tranquille.
Cette simple phrase condense l’analyse politique dominante au sein du CRIF : l’extrême-droite ne représente plus un danger pour les juifs de France mais uniquement pour les musulmans de France.
Jean-Marie Le Pen n’est pourtant pas connu pour sa sympathie envers les juifs, c’est même sa patine anti-juive qui lui a fait perdre le soutien d’associations juives américaines lors des présidentielles de 1988.
Pour le CRIF, le Front National apparaît cependant comme une digue de défense face à un supposé danger islamique. Dans cette perspective, le CRIF et le FN deviennent des alliés objectifs, malgré l’antisémitisme déclaré de Jean-Marie Le Pen et la présence au sein du FN de cadres dont le négationnisme n’est un secret pour personne.

Gilles-William Godnadel, figure médiatique et politique du CRIF, constitue un trait d’union entre l’extrême-droite et certaines structures juives. Sa proximité avec Anne Kling, membre de la mouvance identitaire et auteur de la France Licratisé, est de notoriété publique. Par choix stratégique et compatibilité idéologique, des figures majeures du CRIF et une partie des droites radicales partagent ainsi la conviction que les populations arabo-afro-musulmanes issues notamment des quartiers populaires constituent désormais le principal danger pour la France.

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Pour d’autres fractions de l’extrême-droite, dont Alain Soral et Dieudonné sont les porte-voix, le danger prioritaire demeure juif. Leur objectif est d’utiliser les populations des quartiers populaires comme troupes de choc contre une communauté juive présentée comme omnipotente et cause de tous les problèmes. Enrôler des supplétifs : vieille technique qui rappelle l’armée d’indigènes du temps de l’empire colonial et dont le FN vante encore les mérites dans son nouveau programme.

Rien d’étonnant si Gilles-William Goldnadel rend service gratuitement à des personnes comme Anne Kling ou discute avec Marine Le Pen par l’intermédiaire d’Alain Soral. Tous travaillent dans le même objectif : renforcer un pouvoir basé sur des logiques culturelles et religieuses en France et en Palestine occupée.

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Le FN et les nationalistes n’aiment pas les juifs. Ils font toutefois parfois alliance face à des ennemis qu’ils estiment plus importants, comme le communisme ou l’islam. C’est pour combattre le premier que des personnes comme William Abitbol ont adhéré à l’organisation d’extrême-droite Occident.

peninque_natafC’est principalement pour combattre le second que des militants comme Jean Claude Nataf, le leader âgé de la « LDJ »,côtoient des gens comme Philippe Péninque, l’un des instigateurs d’Egalité et Réconciliation. Les identitaires et la LDJ ont participé ensemble aux assises contre l’islamisation de la France, aux côtés de Riposte Laïque qui estsolidaire de Troisième Voie.
Serge de Beketch, figure des nationalistes, compte parmi lesvolontaires pour défendre Israël lors de la guerre des 6 jours.
Plus récemment, maître Dassa Le Deist, premier avocat d’Esteban Morillo, lemeurtrier de Clément Méric, est l’avocat de l’association « vigilance halal ». Ses déclarations sont alors relayées par les réseaux russes, ceux-là mêmes qui constituent une tribune pour Alain Soral.

De nombreux nationalistes considèrent Israël comme un avant-poste occidental en Orient et une digue face aux masses arabes et musulmanes dans une perspective de guerre de civilisations.
Ce positionnement permet une double évacuation du racisme : on pousse les juifs à s’installer en Palestine occupée et on peut ensuite dire que les tensions en France entre les musulmans et le reste de la communauté nationale ne sont que le résultat de l’importation de la lutte palestinienne en France.
Cette ligne politique est commode pour les droites radicales et toutes les élites françaises car elle permet d’évacuer totalement du débat les dimensions économiques et sociales, tant sur la question palestinienne que sur les tensions sociales en France.

Pour les stratèges du CRIF, il est préférable d’avoir des antisémites sionistes que des antisionistes antiracistes : c’est dans ce cadre que se concrétise politiquement une même vision du monde partagée par le CRIF et l’extrême droite.
Ainsi, il n’est pas contradictoire de voire des leaders de partis européens dedroite radicale partir en voyage en Israël, bien qu’ils aient affichés des positions clairement antijuives par le passé.
Après tout, le sionisme est un nationalisme basé sur des mythes culturels et religieux qui se concrétisent par une colonisation : un pur produit de la pensée européenne en somme.

Cette vision exclut totalement la dimension économique et sociale. La violence qui s’est abattue sur les juifs en France sous Vichy et l’occupation a été possible en grande partie parce que beaucoup parmi celles et ceux qui l’ont subie étaient pauvres et immigrés. Leur arrivée récente en France depuis l’Europe de l’Est et leur précarité économique ne leur permettaient pas d’échapper à la violence par des réseaux de solidarité ou en s’assurant une protection par leur pouvoir économique.
Aujourd’hui, ce sont les immigrés des anciennes colonies et les Rroms, éternels pauvres, qui sont dans cette situation.
Comme l’explique Frantz Fanon, les crimes perpétrés en France ont marqué les mémoires parce qu’ils se sont déroulés sous les yeux des métropolitains. En revanche, les crimes coloniaux ont toujours été passés sous silence. A ce sujet, les défenseurs de l’empire colonial français et les sionistes peuvent tenir une position commune : affirmation du rôle positif d’une colonisation et reconnaissance des massacres de la Seconde Guerre mondiale. Cette posture permet de transformer les anciens bourreaux en résistants (on voit actuellement le FN récupérer le champ lexical de la Résistance en comparant la présence de musulmans en France à l’occupation nazie) et les actuelles victimes de discriminations en barbares (les immigrés musulmans sont décrites comme des hordes par le FN ou Soral, et assimilés à des terroristes tant par l’extrême droiteque les sionistes).

sticker FN

eurabiaDans ce cadre, les sionistes tentent d’imposer une adhésion à leurs positions politiques comme condition sine qua nond’appartenance au monde « civilisé ».
Les discours et la stratégie du CRIF aboutissent à la construction d’une spécificité juive, parce qu’il serait naturel que la République d’après 1944 soit un pouvoir politique qui ne puisse faire autrement qu’être leur protecteur face à une double barbarie : celle du nazi non républicain ou du musulman non compatible avec la démocratie.

Le CRIF néglige cependant totalement la possibilité que les pouvoirs publics puissent très bien passer d’une vision « positive » d’une minorité à une vision négative, et ce en très peu de temps. Considérer la République comme seule garante de la sécurité des juifs et autres minorités, c’est oublier rapidement que c’est dans le personnel politique, policier, économique et administratif de la Troisième République, que s’est forgée la colonne vertébrale du régime de Vichy – Maurice Papon, haut fonctionnaire, ayant continué ses œuvres après l’épuration. Aujourd’hui, une partie des élites françaises, pour se dégager de toute responsabilité concernant la crise économique, cherche des boucs émissaires. Le CRIF semble considérer que les juifs ne seront pas visés et qu’Israël constitue leur salut. Pour combien de temps encore ces deux options seront-elles valides ?

 

lu sur http://quartierslibres.wordpress.com

Pantin : contre l’expulsion du 2 rue Lakanal

L’ancienne gendarmerie de Pantin, laissée vide pendant près de deux ans, est squattée depuis quelques temps par quelques habitants. Son propriétaire, le Conseil Général de Seine-Saint-Denis a expédié l’affaire, faisant juger son expulsion au mois de décembre. Le texte qui suit relate l’affaire et donne quelques éléments sur le contexte d’une ville qui fait tout pour éloigner ses habitants au profit d’une faune plus friquée.

des lofts pour les uns, la rue pour les autres

Depuis quelques années, le long du canal et à Hoche, de (très) grandes entreprises, des banques et des industries de luxe et de communication se sont installées. Pour l’instant, leurs cadres ne viennent que pour travailler et passent directement du RER à leur boîte par des navettes privées. Ils restent derrière leurs grilles et craignent l’hostilité du « 9-3 ».

Mais ce n’est que le début : les aménageurs privés et la ville nourrissent de grands projets. Par exemple, « Newport », le prochain projet résidentiel de Nexity sur les bords de l’Ourcq. Les appartements s’y vendront à plus de 5500€ le mètre carré (avec port privé intégré), alors que le prix moyen pantinois était de 3400€.

Le maire PS de Pantin, Bertrand Kern, se vante de transformer Pantin en un « nouveau Brooklyn » : concrètement, cela veut dire passer d’un ancien quartier industriel et populaire à un nouveau lieu à la mode, avec des galeries d’art, des résidences pour cadres et des cafés hors-de-prix. Mais où iront les habitants actuels, dans cette nouvelle ville qui n’est pas faite pour eux ? Déjà, en 5 ans, les loyers ont augmenté de 18 %.

Nous sommes un groupe réunissant des mal-logés, des chômeurs ou des travailleurs précaires, des étudiants, etc.. Étant donné la difficulté de se loger en région parisienne et les loyers exorbitants, nous nous sommes regroupés et avons décidé d’occuper un bâtiment vide, au 2 rue Lakanal, à proximité du futur Newport et de la prochaine méga-agence publicitaire qui s’installera dans le « Paquebot » rénové.

Le lieu où nous vivons est une ancienne gendarmerie, laissée vide depuis plusieurs années par son propriétaire, le Conseil Général de Seine-Saint-Denis. Nous sommes expulsables depuis le 20 décembre. Nous avons été jugés en procédure d’urgence, sans avoir l’occasion de nous défendre, et déclarés expulsables sans délai en plein hiver. On nous a aussi dit que le fond du terrain pourrait soi-disant s’écrouler (comme toute la ville de Pantin) et qu’habiter ce lieu serait dangereux pour notre propre sécurité !

Nous bloquerions aussi le projet de vente à un promoteur immobilier. Il est prévu d’y construire, dans un avenir lointain, des logements destinés à la vente mais comptabilisés comme logements sociaux. En attendant, nous serons mis à la rue sans aucune proposition de relogement. L’État promet depuis longtemps des réquisitions de bâtiments inoccupés, et le Conseil général (PS) en a sous la main et préfère les garder vides ou les détruire.

Nous savons que nous ne sommes pas les seuls à être sur un siège éjectable. Dans toute la proche banlieue parisienne, de grands projets urbains sont en cours. Les prix de l’immobilier flambent, les petits propriétaires se font exproprier, les locataires n’arrivent plus à payer leur loyer et ceux qui n’ont pas les moyens sont totalement indésirables. La seule possibilité bon marché est l’offre HLM, mais elle n’est souvent pas accessible aux plus précaires. Résultat : tous doivent partir toujours plus loin. C’est ça le Grand Paris.

Non à l’expulsion du 2 rue Lakanal !
Pas d’expulsions sans relogement sur la commune !
Un logement, des espaces d’activités gratuits, du temps libre,
de quoi vivre dignement pour tous et toutes !

Les habitant.e.s de l’ancienne gendarmerie de Pantin
contact : electrochoc@riseup.net

[Bagnolet] Programme de janvier 2014 au Rémouleur

http://juralib.noblogs.org/files/2014/01/023.jpgTÉLÉCHARGER LE FLYER

Appel à soutien financier

Le Rémouleur est un lieu ouvert depuis trois ans pour se rencontrer, échanger et s’organiser. On peut s’y réunir, boire un café et discuter, lire, écrire des tracts, trouver des infos… S’organiser collectivement, hors des syndicats, des partis et des structures hiérarchiques. Pouvoir se donner des armes pour le futur par la diffusion d’idées et de pratiques, en discutant et en confrontant nos positions politiques. Apporter force et consistance aux luttes présentes et à venir. Parce que nous voulons transformer radicalement cette société, ni plus ni moins ! Tendre vers un monde sans exploitation ni domination, sans État ni frontière, sans argent ni propriété privée…

Dans un monde où l’argent règne encore en maître, nous avons encore besoin de payer un loyer. Nous avons choisi de louer un local avec pignon sur rue pour pouvoir y développer des activités pérennes, gratuites et accessibles.

Parmi ces activités, des projections, présentations de thèmes et d’ouvrages et des discussions sont organisées chaque mois. Des collectifs de lutte se réunissent régulièrement au Rémouleur et y organisent des permanences : Sans remède, autour de la résistance à la psychiatrie ; Cadecol, Caisse de défense collective ; Prenons la ville, concernant la restructuration urbaine ; Les Cafards, quant aux différentes institutions comme la CAF et Pôle Emploi ; et une permanence Sans papiers, s’organiser contre l’expulsion.

Le local contient une bibliothèque dont la plupart des livres peuvent être empruntés. Des films sont également accessibles. Des tracts, brochures et affiches ainsi qu’un fond d’archives sont à disposition. Les brochures et les livres d’éditeurs indépendants diffusés au Rémouleur sont à prix libre, et l’argent récolté est réinvesti dans l’achat de livres et brochures payés à leur prix de revient et dans quelques dépenses courantes du local.

Reste le problème du loyer. Les moyens que nous nous sommes collectivement donnés pour trouver de l’argent (concerts, apéros, etc.) ne suffisent pas. Nous lançons donc un appel à soutien financier sous forme de dons uniques ou répétés.

• Par chèque à l’ordre de “Plumes” à déposer aux permanences ou à envoyer à l’adresse suivante : Le Rémouleur, 106 rue Victor Hugo, 93170 Bagnolet ;

• En liquide, aux permanences ;

• Par virement, en venant aux permanences ou en envoyant un mail.

Le Rémouleur

Bas les pattes sur Résistons Ensemble ! (3)

Cités interdites ?

Le 16 décembre dernier, Natacha membre du syndicat Sud Éducation 92, Ivan et Janos, membres du Réseau Résistons ensemble contre les violences policières et sécuritaires, diffusaient le dernier numéro de notre bulletin mensuel intitulé “Crimes policiers, crimes racistes, 30 ans après rien n’a changé”. Ils s’étaient placés à la sortie du métro Les Courtilles (ligne 13) faisant face à la Cité du Luth à Gennevilliers (92).

Très rapidement, 4 agents de la BAC sont venus les arrêter, direction le commissariat de Gennevilliers. Le 15 avril dernier Ivan et Janos avait déjà subi cette même agression, interpellés pour les mêmes raisons à l’intérieur de la cité du Luth (à ce jour toujours sans suite). Pour cette première les flics étaient plus nombreux. À chaque fois les copains ont été menés sous la contrainte au commissariat de Gennevilliers et placés en cellule avec l’interdiction de téléphoner puis conduits devant un OPJ pour ce qu’il leur a été présenté comme des « auditions libres ». C’est alors que leur a été signifiée l’accusation d’avoir diffusé le bulletin du réseau dont le contenu serait considéré par la police comme diffamatoire. Cette fois les empreintes et photos de Natacha ont été relevées alors que celles de Ivan et Janos l’avaient déjà été lors de leur arrestation précédente.

Le commissaire très virulent leur a expliqué qu’il voulait les voir disparaître du quartier, leur promettant des poursuites. Certains policiers n’ont pas hésité à affirmer que leur action était en représailles des critiques formulées dans le bulletin.

Deux arrestations en 8 mois alors que le petit journal du réseau Résistons ensemble est diffusé régulièrement, et ce depuis ses débuts (en 2002 !) dans ce même quartier du Luth SANS jamais avoir été saisi. Décidément on fait mieux sous la gôche que sous la droite.

À l’occasion de chacune de ces deux arrestations, les flics refusent de restituer les 700 exemplaires du bulletin qu’ils ont saisis, et interdisent ainsi matériellement sa diffusion, avec la promesse d’un harcèlement. Ces agissements de la police conduisent donc à empêcher la distribution du bulletin tout particulièrement dans une de ces cités mises au ban. Ainsi cette attaque vise plus largement le réseau, dans sa nature, son expression nécessaire dans les quartiers populaires.

Quartiers de relégation, destinés par les gouvernements successifs au chômage, à la précarité, au racisme, à la répression … ces arrestations sont-elles le signe qu’un nouveau pas serait franchi, cherchant aussi à exclure de ces zones, notamment des ZSP, l’expression de toute critique radicale ?

Appel à témoins
Peut-être avez-vous eu connaissance d’une action policière du même type cette année ? Dans les zones de sécurité prioritaires (ZSP) ? Ou en dehors ? Ou bien s’agit-il d’une initiative locale du commissariat de Gennevilliers ? Envoyez-nous votre témoignage.

Communiqué après la 1re arrestation
et suite au 16 décembre.

Résistons Ensemble n° 126, janvier 2014

La Sulfateuse : le BestOf, version remasterisé avec bonus et inédits

 

 

click une image pour télécharger le best of de la sulfat’

 

La Sulfateuse n’est pas un de ces torchons de droite crapuleusement planqué derrière des prétentions apolitiques.

La Sulfateuse n’est pas un torchon d’extrême droite insidieusement masqué derrière un apparent refus d’étiquette.

La Sulfateuse n’est pas un torchecul de gauche essayant de brader les derniers souvenirs d’ex- URSS sous des couleurs un peu plus bariolées.

La Sulfateuse n’est pas une merde progressiste sociale- démocrate qui va vous enfoncer sa grosse bite de building La- Défense dans votre petit gazon touffu de jardin écolo.

 

La Sulfateuse n’est ni de la droite réac’ ni de la droite libérale décomplexée, elle n’est pas davantage de la gauche social- démocrate complexée ou de l’extrême gauche marxiste- léniniste- qui- pue- la- charogne, elle ne se réclame pas non plus de l’anarchisme aux drapeaux noirs et A cerclés de festivals, ni du punk- totoïsme- qui pue la bière.

 

La Sulfateuse n’est rien d’autre que ce qu’elle écrit ou fait.

Elle ne donnera aucun mot tiroir ou fourre tout qui réussirait à la mettre sous une étiquette.

Ceux qui ne comprennent pas n’auront aucune explication.

La Sulfateuse est simplement venue chercher la merde et elle va la trouver.

 

Dans son entreprise radicale de critique, de sabotage et de destruction de ce qui l’empêche de vivre, à commencer par ce monde moisie, la Sulfateuse reconnaîtra elle- même ses complices, comme eux la reconnaîtront sans peine, comme elle saura reconnaître ses ennemis.

 

A tous ceux qui veulent la faire travailler, obéir, voter, consommer, se syndiquer, se soumettre ou soumettre son prochain ; aux politiciens, syndicalistes, profs, flics, juges, chercheurs, religieux, travailleurs, artiste, pacifistes ; au Travail, à l’Etat, à la Démocratie, à la République, à la France, à la Patrie, à la Droite, à la Gauche  … la Sulfateuse réponds « Nique ton père et nique ta mère, bâtard, grosse pute, ta bite, ta chatte, ta chatte, TA CHATTE ! »

 

La Sulfateuse reconnaît fréquemment ses complices dans les petites bourgeoises, les scatophiles de mauvais goût, les connasses de son espèce, les casseurs, les démolisseuses,  les haineux, ceux et celles qui « niquent tout » ou veulent « tout niquer », les branleurs, les feignasses, ceux qui auraient préférés rester dormir ce matin, les bâtardes, les saoûlards, les vicieuses, les pervers, les gros dégueulasses, les vieux garçons rabougris qui éjaculent leur petit sperme frustré derrière leurs écrans de P.C, les vieilles crasseuses poilues qui se tripotent en regardant David Hasselhoff dans « Alerte à Malibu », les lâches, les crapules, les menteurs, les voleurs, les ringards, les sodomites pauvres, les sales beaufs, les gens biens, ceux qui boivent pas, fument pas et font du sport, les propres- sur- eux, … et à tous les gens sympas et aux autres enfants de salauds :

 

Spéciale dédicace la famille !

[Méfiez-vous des contrefaçons] Qu’est-ce que la démocratie directe ?

http://juralib.noblogs.org/files/2013/12/054.jpgTÉLÉCHARGER L’OUVRAGE

Dès sa parution à Paris aux premiers jours d’avril 2010, ce bref « manifeste » libertaire pour la démocratie directe (qui s’appuie sur la plus moderne historiographie de la Grèce antique, et parti­culièrement d’Athènes au temps de Périclès et de Démosthène, pour tracer pour la première fois un plan synthétique des institutions fondatrices d’une authentique démocratie sociale : assemblées populaires souveraines fédérées, rotation et contrôle permanents de délégués révocables, « justice des plus démunis ») a eu une influence déterminante, par l’ampleur des discussions et la cascade de réactions qu’il a suscitées chez ses premiers lecteurs, sur l’ensemble du spectacle « politique » en France (où dans une délirante surenchère populiste, la « démocratie directe » s’est vue soudain inscrite aux listes de fausses promesses d’une myriade de petits partis, depuis le NPA néo-trotskiste jusqu’au Bloc Identitaire néonazi, en passant par le Parti pour la décroissance, écologiste-puritain, l’ex-Modem, catholique-libéral, la Droite populaire, crypto-fasciste, et même une croquignolesque Alliance royale, monarchiste ; les partis dits « de gouvernement » étant restés les seuls à ne pas s’y risquer, quoique le sujet ait été âprement débattu au plus haut sommet du Front National, l’ambitieux parti des nostalgiques de l’ordre colonial et des délateurs anonymes), et sur le mouvement social en Europe et au-delà (où la démocratie directe est cette fois expérimentée dans la pratique quand elle n’est pas déjà explicitement revendiquée par la rue, comme en Grèce ou au Québec). Il n’y a pas lieu de s’étonner de ce double phénomène : là en effet où la base prolétarisée (et la jeunesse en particulier) ne peut que s’enthousiasmer à la perspective clarifiée d’une véritable « souveraineté populaire », fondée notamment sur le rejet du « système des partis » compris comme système d’illusions idéologiques et de mensonges démagogiques, tous ces partis ou fragments de parti ne pouvaient au contraire que s’en alarmer, et se convaincre de l’urgente nécessité de se porter sur le terrain même de la menace – qu’ils croyaient définitivement ensevelie dans la fosse commune des « idéaux de Mai 68 » – pour la combattre avec l’arme dont ils sont les experts incontestés : la « récupération », ce mélange de plagiat, de falsification et de dissimulation, cocktail détonant de provocation politique et de petit commerce, dont le chef-d’œuvre le plus abouti reste l’ignoble faux antisémite Les Protocoles des Sages de Sion, devenu modèle littéraire pour plusieurs générations d’écrivains ratés, universitaires, journalistes, petits profs, qui vivent en parasites des idées nouvelles qu’ils ont pour mission d’asservir et d’exploiter, comme on fait du prolétariat dont elles émanent nécessairement. On sait cependant que si l’enseignement moderne a multiplié la quantité de ces contremaîtres de la pensée, il est très loin d’en avoir amélioré la qualité ; de sorte que là où quelques truqueurs habiles suffisaient à enchaîner des millions d’esprits révoltés, mille récupérateurs diplômés ne suffisent plus aujourd’hui à détourner de son cours le nouveau mouvement révolutionnaire mondial, dont ce livre annonçait l’irruption imminente, en définissant aussi bien sa cause la plus immédiatement fédératrice (l’exigence d’une « démocratie réelle » et non plus illusoire et mensongère) que les conditions de sa victoire (« il faudra, pour vaincre, un mouvement international ou qui, commencé à un endroit, s’internationalise rapidement. Il faudra des armes, il faudra la complicité ou la passivité d’une partie des armées »). Rien n’est gagné, bien sûr ; mais déjà la réalité s’insurge partout contre la dictature de la représentation, avec pour seules premières armes les nouvelles technologies de communication, initialement forgées comme chaînes et comme mouchards. Divers fragments de ce livre avaient été très vite publiés sur Internet par quelques-uns de ses premiers lecteurs, sans qu’ils parviennent évidemment à enrayer les grandes manœuvres de tous ceux qui au contraire ont trouvé leur intérêt à en falsifier et/ou dissimuler le contenu ; et le fait que le texte intégral soit désormais offert gratuitement en ligne, dans une version rigoureusement conforme à l’original imprimé, ne saurait pas davantage y suffire : mais participe assurément de cette insurrection.

(Éditions Antisociales – Décembre 2013)

Manuel Valls est un homme dangereux

Faute de changement après la défaite de l’UMP aux élections présidentielles de 2012, on assiste à une réussite du clonage : Nicolas Sarkozy reprend vie au Ministère de l’Intérieur sous les traits de Manuel Valls. Les ritournelles et les cibles des forces répressives de l’Etat restent les mêmes. Les opérations de communication demeurent une constante.
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Manuel Valls n’a pas de solution à apporter aux problèmes sociaux et n’a pas vocation à le faire. Il se retrouve au poste de premier flic de France parce qu’il sait menacer et faire du chiffre. Son boulot, c’est de faire rentrer les gens dans le rang ou de les mettre au ban de la société.
Il gère le territoire et les populations. Il ne règle pas les problèmes, il soumet et sanctionne. Manuel Valls reste le garde barrière agressif d’une république dont les contours sont flous et la définition abstraite. Il dessine lui-même les frontières de ce qui est convenable ou non, légitime ou pas. A défaut de combattre les injustices, il désigne les ennemis qu’il prétend combattre au nom des valeurs républicaines.

Pour gagner un combat, il est avantageux de désigner un adversaire à sa portée. C’est ce que fait Manuel Valls. Il nomme ses adversaires :
Les sans-papiers, plus simples à combattre que les patrons qui les exploitent, dans la droite ligne du renoncement du Parti Socialiste des années 80.
Les Rroms, parce qu’il est toujours plus facile de s’en prendre aux plus démunis et de créer un consensus autour de la haine d’autrui que de combattre le racisme.
L’islam, en tant qu’ennemi intérieur et danger pour la fameuse laïcité républicaine…
Aujourd’hui, il désigne Dieudonné comme le nouvel ennemi public N°1.

Notre garde barrière ne fait pas cela au hasard. Il remet les clés de la protestation médiatique à une personne dont il ne craint rien. Le PS ne craint pas plus le FN diabolisé que Manuel Valls ne tremble devant Soral, Dieudonné & Cie. On peut même dire le FN et le PS ont un point commun : la volonté de s’adresser au peuple dans sa globalité en excluant les classes populaires de leur programme économique. Il y a aussi les liens d’affaires qui rapprochent parfois les deux partis : un trait d’union financier apparait entre Jérôme Cahuzac et les cadres ou conseillers du FN ; le PS et le FN ont trempé aussi  dans la françafrique après le déclin des réseaux Foccart.
valls jeune
Manuel Valls utilise la même technique que François Mitterand lorsqu’il a cherché à détruire toute contestation à gauche afin de cacher ses renoncements : transformer la colère sociale en racisme.
Ce jeu est dangereux. Parce qu’il ne fait pas disparaître la colère, ni les raisons de la colère. Bien au contraire. En faisant des discours fondés sur les tensions raciales et culturelles, Manuel Valls divise et permet le passage à l’acte àl’encontre des plus faibles. Il faut rappeler qu’avant d’être ministre, il était maire d’Evry. C’est lors d’un de ses mandats qu’il regrettait de ne pas voir assez de « blancs » dans un quartier de sa ville.

Pas assez de blancs pour dire trop de noirs. On peut aussi remarquer que lorsque Christiane Taubira a été attaquée par des racistes, Manuel Valls n’a pas mis trop de zèle à retrouver et sanctionner les fautifs. On constate également que les paroles islamophobes ou racistes des policiers se libèrent sur le net et se concrétisent sur le terrain, sans réaction franche de leur ministre.
En revanche, lorsqu’il s’agit de jouer avec l’Histoire et l’antisémitisme des années 40, sans qu’il y ait aujourd’hui de menace mortelle évidente pesant sur les juifs français, Manuel Valls assure le show. A cet endroit, il convient de rappeler que l’antisémitisme des années 40 était une doctrine promue par l’Etat Français. S’il n’est pas une doctrine officielle de l’Etat français actuel, le racisme à l’encontre des populations immigrées, musulmanes ou Rroms est aujourd’hui toléré, voire légitimé par les pouvoirs publics. Il reste aussi l’expression politique et publique de larges fractions de votants acquises au FN et à l’UMP.

Manuel Valls se positionne comme le défenseur de la communauté juive en danger. La défense d’une égalité à géométrie variable devient alors le privilège accordé par l’Etat à une communauté spécifique. Cette posture du ministre vise de toute évidence à provoquer un retour de flamme en sa faveur, et des associations comme la LICRA ou le CRIF, dupes ou complices, jouent le jeu. Peut-être pensent-elles ne pas être, in fine, les grandes perdantes des tensions sociales transformées par les renoncements de la gauche en tensions raciales et religieuses ?

En pratique, la méthode de Manuel Valls entérine le fait qu’il y a bel et bien une hiérarchie dans les discriminations. Cette vision n’est pas seulement celle de l’UMP et du FN, mais devient potentiellement recevable pour tout le champ politique, y compris à « gauche ».
Certaines discriminations sont tolérables parce que folkloriques, ancrées dans les mentalités ou résultant de lointains carnages coloniaux ; d’autres sont intolérables pour la « République » parce que plus récentes et perpétrées devant témoins. Il est plus difficile d’occulter à la population hexagonale la déportation par voie ferroviaire sur le territoire français que la déportation à fond de cale de l’Afrique vers le nouveau monde. En jouant avec le racisme et en exacerbant les distinctions, Manuel Valls rend crédible l’idée selon laquelle certains sont plus égaux que d’autres, non pas sur des bases économiques mais sur des bases raciales ou religieuses.

Toute la classe politique, du PS à l’UMP, s’est appuyée sur le FN pour détourner la colère sociale sur les immigrés et l’ennemi intérieur « musulman ».
Manuel Valls a passé un cap supplémentaire en faisant de l’antisémitisme, racisme reconnu et combattu par l’État, un miroir déformant pour la révolte des quartiers populaires.

Si on conteste, on devient antisémite. Ainsi, la lutte pour l’égalité devient un combat pour des intérêts particuliers, dans une hiérarchie bien établie. En haut, il y a les classes dominantes qui vivent tranquilles ; en bas et au milieu, la guerre fait rage, sur des critères raciaux et culturels qui évacuent les questions économiques et sociales.

L’action de Valls a pour objectif de préserver le déséquilibre économique qui existe en France en tapant sur les classes populaires et en les criminalisant au besoin. En faisant de Dieudonné (qui sert objectivement les mêmes intérêts économiques que le PS) l’incarnation de la révolte, il tente de tuer dans l’œuf toute perspective de révolte. La contestation sociale et la lutte ne peuvent dès lors être menées qu’avec une marque déposée à l’INPI.
valls vice président
Manuel Valls est dangereux. Il a décidé sciemment de mettre en scène un combat fictif avec un ennemi qu’il a désigné pour des raisons stratégiques. Lorsque l’Etat veut détruire un ennemi, il a les moyens de le faire discrètement. Mais Manuel Valls a préféré opter pour la médiatisation d’un combat truqué. Ce faisant, il nous étrangle en nous proposant deux alternatives lui laissant chacune toutes les cartes en main : se rallier sans conditions à sa vision de la société ou être désignés comme des racistes en puissance.
Le PS d’avant nous proposait la résignation du vote par défaut ; Manuel Valls nous propose la capitulation totale ou l’assimilation à l’une des rares formes de racisme combattue par l’Etat. Valls se sert du repoussoir Dieudonné pour tendre le nouveau piège de la « République ».

lu sur:quartierslibres.wordpress.com