[Saint-Etienne] Exhibition de boxe populaire le 1er mars

 Le sport en géné­ral et le sport de combat en par­ti­cu­lier sont des moyens d’expres­sion indi­vi­duelle et col­lec­tive qui peu­vent véhi­cu­ler des valeurs et des idées. Dans l’ins­pi­ra­tion des squats de Turin, Berlin, Madrid ou Paris qui orga­ni­sent des exhi­bi­tions de boxe popu­laire anti­fas­ciste pour encou­ra­ger les mili­tant(e)s à faire du sport dans une opti­que d’auto­ges­tion, de res­pect des autres et de rejet des idées hai­neu­ses, nous renou­ve­lons l’expé­rience avec cette soirée de boxe popu­laire.

Nous essayons de pro­po­ser des ate­liers dans des lieux alter­na­tifs pour que tout le monde puisse accé­der à la pra­ti­que d’une acti­vité spor­tive, et que cela ne soit plus le mono­pole des salles de sports clas­si­ques ou des clubs. Dans ceux-ci, nous fai­sons de notre mieux pour éviter de repro­duire des com­por­te­ments et atti­tu­des pré­sents dans la société qui ne nous plai­sent pas, à savoir les rap­ports de domi­na­tion, les idées et propos racis­tes, homo­pho­bes et sexis­tes ainsi que l’esprit de com­pé­ti­tion exa­cerbé.

Dans la pra­ti­que, ceci se tra­duit par la pos­si­bi­lité de par­ta­ger nos savoirs en matière de sport (et d’arts mar­tiaux dans notre cas) dans un cadre où tout le monde peut s’inves­tir d’une façon ou d’une autre en tant qu’acteur et pas seu­le­ment consom­ma­teur. En ce qui concerne cette image virile et machiste qui est asso­ciée trop sou­vent à la pra­ti­que d’un sport de contact, nous essayons de la casser en mon­trant qu’au final, le genre importe très peu quand il s’agit de s’entraî­ner et d’appren­dre à maî­tri­ser son corps et cana­li­ser sa vio­lence.

Nous conce­vons le sport comme un dépas­se­ment de soi même dans le res­pect de l’autre. Dans ce sens, pour nous il ne s’agit pas d’écraser le par­te­naire mais de s’amuser et de par­ta­ger ses connais­san­ces pour pro­gres­ser mutuel­le­ment .

Pour ce qui est du rejet des idées d’extrême droite, nous venons d’hori­zons divers et variés et nous nous posi­tion­nons clai­re­ment contre toute forme de racisme. Face aux poli­ti­ciens, partis et grou­pes qui répan­dent et met­tent en pra­ti­que ces idées, nous orga­ni­sons une riposte métisse et popu­laire : les ate­liers de boxe thaï repré­sen­tent à la fois un outil et une expres­sion de cette déter­mi­na­tion.

L’ini­tia­tive de boxe popu­laire que nous pro­po­sons s’ins­crit dans cette démar­che poli­ti­que. C’est pour­quoi nous orga­ni­sons une exhi­bi­tion de boxe pied-poings à l’espace auto­géré La Gueule Noire à Saint-Étienne le samedi 1er mars 2014.

Pour plus d’infor­ma­tions, merci de nous envoyer un mail à boxe­po­pu­laire[at]riseup.net avant le 31 jan­vier 2014.

Nous vous invi­tons à par­ti­ci­per, relayer l’info et nous aider ainsi à faire passer le mes­sage afin que ce type d’ini­tia­ti­ves se géné­ra­li­sent dans le mou­ve­ment alter­na­tif.

Boxe, auto­ges­tion, res­pect, anti­fas­cisme

www.lagueu­le­noire.org

Manifestation antifa à Paris le 9 février : l’antifascisme, c’est l’affaire de toutes et tous !

affiche_09022014À l’invitation de La Horde, plusieurs collectifs et individus se sont organiséEs, à l’occasion des 80 ans des grandes manifestations antifascistes de 1934, pour défiler dans les rues de Paris le 9 février prochain. Rendez-vous est donné à 14h place Jules Joffrin pour rappeler que l’antifascisme que nous défendons n’est pas né d’hier, et qu’il dépasse largement le cadre étroit de l’opposition frontale avec les groupuscules d’extrême droite.
Si nous ne laisserons jamais les organisations nationalistes réactionnaires tenter d’imposer leurs idées au reste de la société, nous n’oublions pas non plus les responsabilités de l’État français dans le climat raciste délétère qui pourrit les relations sociales.  Aussi nous nous inscrivons dans le prolongement des mobilisations d’hier contre toutes les formes de fascismes : manifestations contre les ligues fascistes en 1934 ; celles des lycéens et étudiants contre les nazis et Vichy en 1940 ; mobilisations contre le colonialisme et l’OAS dans les années 1950 et 1960 ; pour le droit des femmes à disposer de leurs corps dans les années 1970 ; pour l’égalité des droits et contre les crimes racistes et sécuritaires dans les années 1980 ; pour l’ouverture des frontières et le soutien aux sans-papiers dans les années 1990 ; contre la violence de l’extrême droite dans les années 2000, pour la solidarité internationale…

Le texte d’appel à la manif :

l’antifascisme, c’est l’affaire de toutes et tous !

Il y a 80 ans, le 6 février 1934, les ligues fascistes marchaient dans les rues de Paris pour imposer par la force leur modèle de société : en réaction, trois jours plus tard, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées contre ce coup de force fasciste dans les rues parisiennes, suivies par des centaines d’autres les jours suivants dans toutes les régions de France, avec en point d’orgue une manifestation de 250 000 personnes, à nouveau à Paris, le 12 février. La France d’aujourd’hui n’est pas celle des années trente, et l’extrême droite a évolué : au-delà de l’activisme des groupuscules ultranationalistes qui s’en revendiquent, son expression se retrouve aussi bien dans les propos d’un ministre, dans l’esprit d’une loi, dans le programme d’un parti populiste, dans le conservatisme qui met en danger l’IVG, dans le racisme et le sexisme du quotidien. Mais la résistance face à elle est toujours d’actualité.

Le battage médiatique autour de l’interdiction de spectacles antisémites et leur instrumentalisation à des fins politiciennes ne doivent pas nous dédouaner d’une nécessaire réaction face à l’intolérable : l’État est bien mal placé pour prétendre lutter contre l’extrême droite, alors qu’il orchestre expulsions et discriminations au sein même du modèle qu’il défend, mais c’est à nous de ne pas lui laisser occuper l’espace de la résistance antifasciste.

Cette résistance à l’offensive des idées racistes et nationalistes doit être sans concession.

En premier lieu, l’antifascisme que nous défendons est l’affaire de toutes et tous, collectifs ou individuEs, organiséEs ou non : ce n’est sûrement pas l’affaire de la justice ou de la police, ni celles des seules organisations politiques, surtout quand elles en font un enjeu électoral à quelques semaines des élections municipales, pour mieux déserter le terrain le reste du temps.

Ensuite, notre antifascisme ne doit négliger aucune des formes que prend ce que nous combattons : discours et violences islamophobes et sexistes, racisme anti-Roms qui prospère des quartiers populaires jusqu’aux plus hauts sommets de l’Etat, antisémitisme larvé ou assumé, racisme sexiste à l’égard des femmes de l’Est, retour du racisme biologique envers les Noirs, racisme inaudible à l’encontre des Asiatiques, rafles de putes et de sans papiers, homophobie, lesbophobie et transphobie religieuses ou laïques. Notre antifascisme doit les combattre globalement, par tous les moyens nécessaires.

Enfin, il est facile de constater que les inégalités sociales reposent en grande partie sur la discrimination à l’égard des populations pauvres d’origine étrangère, sur la recherche de boucs-émissaires, mettant à nu le racisme structurel de la société. Mais nous savons aussi que l’injustice sociale n’est pas qu’une histoire de discrimination culturelle ou ethnique, et que ses racines plongent au cœur même de la logique d’un capitalisme qu’il nous reste à détruire ; que le nationalisme est à combattre d’où qu’il vienne, et que l’esprit de clocher n’est pas le domaine réservé de l’extrême droite.

Mais notre antifascisme ne se résume pas à une une lutte défensive car c’est avant tout une lutte d’émancipation. Il nous paraît donc logique de nous mobiliser pour la libre circulation des personnes, l’abolition des frontières et la solidarité avec les sans papiers ; pour l’égalité hommes-femmes dans la vie, dans la ville et au travail quelque soit leurs origines ; pour la solidarité internationale antifasciste.

lu sur http://lahorde.samizdat.net/

Aujourd’hui la Grèce, demain en France

Certains nous expliquent qu’en France la révolte se trouve à « droite ». Desmercenaires payés par les mouvements de droite radicale propagent idéologie et mots d’ordres afin d’envoyer notre colère dans le mur ou de la retourner contre nous.

S’il est difficile d’avoir du recul sur la situation présente, il est plus aisé d’avoir en perspective ce que font les droites radicales lorsqu’elles sont en position de force. C’est le cas ailleurs en Europe.

En Grèce, les attaques se multiplient. Voici la dernière en date contre un centre social, c’est à dire un lieu animé par des militants. Cela se traduit concrètement par des familles logées gratuitement sans distinction de nationalité, de couleur de peau.

Nous avons déjà fait écho de la situation économique désastreuse en Grèce, desravages de la drogue, des attaques contre les immigrés et des réponses desmilitants antifascistes à toutes les agressions fascistes et racistes.
Puisque les droites radicales prétendent s’attaquer à la pédophilie, il est grand temps qu’ils balayent devant leur porte.
En Grèce, les nationalistes s’attaquent aux enfants d’immigrés qui dorment dans la rue. Ils font bien pire que les battre, ils font le contraire de ce qu’ils racontent sur le net.
Le viol a toujours été utilisé pour assoir une domination, en Grèce les nationalistes sont en position de force. Ils le seront peut-être aussi en France, grâce à la complicité de certaines personnes qui prétendent agir au nom des quartiers.

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En Grèce, les militants nationalistes sont des auxiliaires de police. En Italie, c’est la même chose. Des mouvements comme Casapound ont attaqué à main armée des centres sociaux lorsque ceux ci étaient seulement occupés de femmes et d’enfants. Ils font le travail de la police.

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soral-gendarmeEn France, Alain Soral  se déclare solidaire d’Aube Dorée et travaille avec Casapound. Il fait toutes ses vidéos avec des maillots de flic ou de maton, parce qu’il est dans le même camps qu’eux. Il fait partie de ceux qui défendent les possédants de manière agressive. Il se donne une allure rebelle mais ne veut pas changer de système économique. Il veut des supplétifs venus de banlieue pour assurer le leadership de la partie la plus conservatrice des dominants français.soral-raid

Tout est sous notre nez, bien plus visible que lesilluminatis. Une personne qui insulte gratuitement ou désigne un coupable sans preuve n’a pas raison parce qu’elle hurle. Une personne qui fait du fric sur le sentiment de colère ne peut avoir notre confiance.

Qui se bat contre la Françafrique? Qui lutte pour la cause palestinienne? Qui lutte contre les discriminations? Qui lutte contre l’islamophobie? Qui lutte contre les expulsions locatives? Qui se bat contre les crimes policiersracistes et sécuritaires? Qui se bat pour la justice sociale et économique?

Certainement pas les nationalistes. Ils ne veulent que le maintient de leur niveau de vie en sacrifiant tout ce qui ne colle pas avec leur vision raciale ou identitaire du monde.

La colère rend aveugle, et ceux qui savent l’instrumentaliser en profitent pour nous détourner de nos priorités pour nous affaiblir en nous divisant et en nous faisant les soldats d’une cause qui n’est pas la nôtre.

Il faut ouvrir les yeux, et vite.

LU SUR http://quartierslibres.wordpress.com/

 

Samedi 8 février 2014 : Concert de soutien aux pirates somaliens

Concert de soutien aux pirates somaliens incarcérés en France, le samedi 8 février 2014 auTransfo, avec:

>> – Gasmask Terrör, hardcore, Bordeaux
>> – Singe des Rues, rap, Ariège
>> – Julie Colère, punk-musette, Seine-Saint-Denis

À lire notamment: Frères de la côte, Mémoire en défense des pirates somaliens, traqués par toutes les puissances du monde

En Somalie, face à la famine, à la destruction des ressources en poissons par la pêche industrielle occidentale et à l’immersion de déchets toxiques le long des côtes, devenir pirate est à la fois un moyen de survie et un acte d’autodéfense.

En récupérant les richesses de l’un des axes maritimes les plus importants de la planète, les pirates somaliens ont fourni le prétexte à l’intervention des principales marines de guerre et à une législation d’exception permettant aux forces militaires des états occidentaux de débarquer n’importe où en territoire somalien.

Aujourd’hui, cette zone du globe est donc devenue un laboratoire d’expérimentation pour tous les militaires, paramilitaires et conseillers en sécurité de la planète qui peuvent y tuer et capturer sous couvert de la loi tous ceux qu’ils soupçonnent de s’adonner à ce qu’ils ont défini comme étant de la piraterie.

Actuellement, plus de 1 000 Somaliens étiquetés pirates croupissent dans des geôles à travers le monde, capturés par les forces armées et ramenés dans les pays des bateaux qu’ils ont pris en otage . En France, entre 2008 et 2011, 22 Somaliens ont ainsi été enlevés pour être incarcérés et jugés dans l’hexagone. 15 d’entre eux ont été déjà été jugés parmi lesquels 8 sont en train de purger des peines de prison qui vont jusqu’à 10 ans. 7 autres sont toujours en détention préventive et attendent leur procès qui devrait avoir lieu en 2014 ou en 2015. Parce que nous savons qu’en taule, tout a un prix (téléphoner, acheter du pq, manger à peu près correctement…) mais aussi parce que la guerre contre les pirates est l’une des facettes extrêmes de la guerre aux pauvres, nous souhaitons apporter un peu de solidarité aux 15 pirates somaliens encore incarcérés en France. L’argent du concert servira donc à leur envoyer des mandats.

« Ils nous condamnent, ces crapules, alors que la seule différence entre eux et nous, c’est qu’ils volent les pauvres sous couvert de la loi alors que nous pillons les riches armés de notre seul courage. »
Le pirate Bellamy lors de son procès en 1720.

14-01 affiche concert pirate com

A propos de la situation en Ukraine

Au delà des divergences, il nous semble intéressant de publier ce que peuvent écrire des groupes d’extrême-gauche, marxistes ou anarchistes, sur la situation qu’ils vivent dans leurs pays. Aussi, nous publions ici ladéclaration du groupe de Kiev du Syndicat Autonome des Travailleurs, organisation anarcho-syndicaliste, sur les récents événements en Ukraine. De façon plus générale, dans une interview publiée en anglais d’un militant de ce groupe le 4 janvier, il expliquait que la politique des deux fractions dirigeantes qui s’opposent en Ukraine sont exactement les mêmes sauf que l’une, celle qui est au gouvernement, le dit en russe, et l’autre, l’opposition, en ukrainien. Aussi, « La classe ouvrière, en tant que classe, ne participe aucunement à ces évènements. Des travailleurs, bien sûr, prennent position, mais ils ne sont pas organisés dans des organisations de classe, comme des syndicats, qui ne participent pas à ces évènements. Et il y a de bonnes raisons pour cela, puisque que chacun des camps parle de questions culturelles et politiques qui n’ont aucun lien direct avec les besoins d’un travailleur salarié« .

Sur la situation actuelle en Ukraine :

Déclaration du Syndicat Autonome des Travailleurs, 23 janvier 2014 :
Les lois qui sont passées le 16 janvier montrent que la fraction de la classe dirigeante qui contrôle aujourd’hui le gouvernement est prête à installer une dictature réactionnaire bourgeoise sur le modèle des régimes sud-américains des années 1970. Les « lois de dictature » criminalisent toute protestation et limitent la liberté d’expression ; elles établissent en outre un délit « d’extrémisme ». Les portes-paroles parlementaires de la dictature de classe de la bureaucratie corrompue et de la bourgeoisie monopoliste sont le Parti des Régions et le Parti soi-disant « Communiste » d’Ukraine qui est depuis longtemps une force politique au service des intérêts du capital.

 

Le système répressif ukrainien se base sur l’appareil policier et les gangs de rue des troupes de choc pro-gouvernementales. Parfois de telles structures paramilitaires sont commandées par des officiers de police en retraite. Des escadrons de la mort sont aussi en action. Selon des informations confirmées, deux personnes ont été kidnappées depuis un hôpital et torturées. Une de ces personnes est morte dans une forêt. Les forces spéciales tirent aussi sur des manifestants, et pas seulement avec des pistolets à balles en caoutchouc. Un des tués, selon la photo de son corps, a été touché au cœur. Selon toutes les indications, il a été touché au cœur. Dans la matinée du 23 janvier, le nombre des tués allait de 5 à 7 personnes. Et nous ne connaissons pas le véritable bilan des violences.

L’idéologie du régime au pouvoir est un mélange de nationalisme à la Poutine, de théories du complot et de la conviction qu’ils ont le droit, en tant qu’élite, de diriger une populace stupide. Les groupes de soutien au Berkut (la principale force de police anti-émeutes) sur les réseaux sociaux sont pleins d’articles antisémites qui prétendent que les dirigeants de l’opposition seraient des Juifs qui veulent vicier la population en légalisant le mariage homosexuel. Il n’y a guère de différence avec la rhétorique de l’extrême-droite ukrainienne.

Ces derniers jours, ce n’est pas seulement l’extrême-droite qui affronte le gouvernement, mais aussi des gens plus modérés. Et ces derniers constituent la majeure partie des manifestants. Ils sont nombreux parmi les manifestants à être indifférents ou opposés au nationalisme. Beaucoup d’entre eux ne soutiennent pas non plus l’intégration dans l’Union Européenne. Les gens descendent dans la rue pour protester contre la violence policière. Et une grande partie d’entre eux ne sont pas enthousiastes ou même septiques sur les affrontements rue Grushevskogo. On peut souvent entendre que ces groupes d’extrême-droite sont un « cheval de Troie» de Ianoukovitch et des services spéciaux afin de discréditer les manifestations. Il y aurait certainement plus d’habitants de Kiev dans les manifestations si on ne trouvait pas ces idiots utiles au gouvernement dans les rues. Leur principale revendication est d’avoir un emploi au sein des Services de Sécurité d’Ukraine après leur « révolution victorieuse ».

Les anarchistes doivent participer aux manifestations et piquets pour la défense des droits et des libertés remises en cause par les lois du 16 janvier. Il est logique d’agir sur les lieux de travail et dans les quartiers pour aider à saboter les décisions de la dictature. Mais il n’y a pas à participer aux activités de la rue Grushevskogo qui dès le début n’avaient aucun sens. Ces actions ne font que donner au gouvernement de belles images pour la télévision et à lui permettre d’identifier des éléments radicaux en les localisant par leurs portables et les enregistrements vidéos.

Que ce soit dans le cas d’une victoire de l’opposition ou d’une victoire du gouvernement, nous allons devoir mener une longue et difficile guerre contre ces deux régimes. Cela doit être compris. Nous devons rassembler des forces afin de commencer à propager notre propre agenda prolétarien et libertaire sur la scène politique ukrainienne.

Ni dieux, ni maîtres ! Ni nations, ni frontières !

Syndicat Autonome des Travailleurs, groupe local de Kiev, 23 janvier 2014

lu sur http://communismeouvrier.wordpress.com/

Y a pas de couleur pour trahir, pas de couleur pour haïr

Les habitants des quartiers, les immigrés et leurs descendants peuvent avoir n’importe quelle orientation politique, y compris celles qui nuisent objectivement à leurs intérêts.

Ils peuvent donc voter PS, UMP ou encore FN.

Pour beaucoup de gens de ce pays la couleur de peau où l’origine sociale des gens serait une immunité contre la haine ou la trahison. La confusion actuelle qui rend n’importe quel discours équivalent à un autre n’aide pas à faire un tri dans ce qui est proposé par les partis politiques.

Ce flou a pour origine les renoncements de la gauche parlementaire et l’absorption du discours et des thématiques du FN par l’ensemble des partis politiques de gouvernement.

gattaz hollande

François Hollande part en guerre contre la finance lors de sa campagne et fini par donner des milliards en cadeau aux entreprises, et, pour donner le change, de Manuel Valls au FN, tout le monde s’attaque aux Rroms et s’agite sur la proportion de personnes d’origine non européenne sur le sol français.

Au final, cela donne l’impression que toutes les formations politiques se valent. Tout se résume en technique de communication, tout est relativisé. Le fond est évacué, place à la course au buzz.

On peut donc trouver des personnes qui militent dans des organisations qui vont à l’encontre des intérêts du groupe social auxquels ils appartiennent. Cette stratégie du « chacun pour soi » peut se révéler payante pour une promotion personnelle.

triplette

Le fait d’appartenir à une minorité peut servir à grimper les échelons au sein du Parti et parfois d’évincer la concurrence. Ces dernières années, alors que les discriminations racistes n’ont cessé d’augmenter, on a assisté à un défilé de responsables politiques de tous bords issus de la « diversité ». Alibi et caution morale pour Le Parti, ils servent à grapiller quelques votes sur des bases communautaires que leurs partis dénoncent.
Leur ascension dans le Parti est une possibilité de tisser un réseau hors du Parti.
Pire, ils sont devenus des défenseurs d’un France forteresse dont il faudrait non seulement respecter les lois mais embrasser les coutumes et un folklore présentés comme un sésame pour être toléré sur le territoire, (parce qu’il est de notoriété publique les bons français sont plus respectueux des règles que les autres !).

A ce jeu, l’UMP s’est montré plus forte que ses concurrents ces dernières années. Il est vrai que la droite propose une réussite individuelle en accord avec un modèle de compétition sociale et d’individualisme absolu, hégémonique en France.
Le PS a longtemps joué la carte paternaliste avant de commencer à laisser la place à certains militants issus de l’immigration. Le FN, lui, est désormais prêt à soutenir n’importe quel candidat afin d’accéder rapidement à des postes de responsabilités politiques.
Le point commun entre ces deux partis, est de proposer un programme visant à conserver le niveau d’une partie seulement de la population, sans changement du fonctionnement économique de la société mais en y sacrifiant les quartiers populaires et l’immigration :
– étouffement silencieux et navré par le PS, qui lorsqu’il arrive au pouvoir s’empresse de faire des cadeaux économiques à ceux qui ont voté contre lui ;
– agressivité et véhémence pour le FN qui derrière des lignes économiques politiques à géométrie variable et contradictoires, affirme une volonté « re-franciser » l’hexagone.

Dans cette configuration, il est facile pour n’importe qui ayant l’envie de réussir de passer du PS au FN : même intérêts économiques, parfois même haine etmépris de classe. Et vu les circonstances, une ascension des plus rapide. Le racisme honteux et inconscient du PS est brandit comme un phénomène naturel de manière agressive par le FN. Plus besoin d’en débattre, il suffit de l’assumer. C’est d’ailleurs sur ces bases que certains ont basculé.

tshombe

Les plus naïfs pourront s’étonner qu’un candidat comme celui que le FN présente en Isère défende un programme qui ferme la porte aux réfugiés politiques et met à l’index ceux qui ont un parcours identique au sien.
Pourquoi une personne appartenant aux « classes moyennes » serait-elle différente des autres vivant la même situation dans ce pays ? Parce que née au Congo, réfugiée politique et noire ? Le choix de cette personne confirme que ce qui détermine les choix politiques, en dernière instance, sont les conditions économiques et matérielles plus que les discours sur la « race » ou la « culture ».

On pense ce que l’on mange : certaines personnes mangent bien et ne veulent pas partager ou changer de régime alimentaire pour que tout le monde puisse manger convenablement.
Même si les questions culturelles, de genre, ethniques, religieuses ont une grande importance et ne peuvent être évacuées, la classe sociale déterminée par la condition économique est fondamentale.

Le Front National n’est pas antisystème, il est juste un moyen de conservation des privilèges sociaux en sacrifiant les classes populaires, en maintenant un rayonnement de manière agressive autour de ses frontières et en tentant de ranimer ce qui reste de son imaginaire colonial.

Celui qui a connu l’exil et le déclassement suite à des persécutions politiques a la possibilité de continuer la lutte ou de refaire sa vie et de chercher la réussite personnelle. Le Congo est le pays de LumumbaMulele mais aussi de Tshombéhomme de paille des européens qui a financé les militants d’extrême droite dont Duprat (l’homme qui a inventé le Front National) dans les années soixante.

Il n’y a pas de couleur pour se ranger du côté des dominants, pas de couleur pour trahir, pas de couleur pour haïr.

LU SUR http://quartierslibres.wordpress.com/

Appel à une journée (inter-)nationale de mobilisation et de lutte par la coordination des comités No TAV

NOTAV_ATTACKSamedi 22 février – Journée Nationale de Lutte

LA COORDINATION DE COMITÉ NO TAV

réunie le Mercredi 8 Janvier 2014 à Villar Focchiardo

a évalué attentivement la situation juridique gravissime créée suite aux dernières arrestations de Chiara, Claudio, Mattia et Niccolò, pour lesquels s’est construit un château de chefs d’accusation étudié justement pour intimider toutes les sacro-saintes luttes qui, aussi grâce au mouvement NoTav, sont en train de grandir dans tout le pays.

a effectivement remarqué dans le dossier d’instruction, les enquêteurs, en insistant sur le plan strictement juridique, soutiennent une thèse clairement politique. En s’appuyant sur un bref historique des actes légaux et des sommets internationaux qui ont permis l’installation du chantier de Chiomonte en Val de Susa, les magistrats soutiennent qu’il s’agit d’une élaboration démocratique. L’action contre le chantier – en lien avec l’énumération de pratiques d’opposition dont l’épais dossier fournit une longue liste – est définie « terroriste » pas tellement pour ses caractéristiques spécifiques, mais par le fait qu’elle s’oppose au démocratisme d’une décision intergouvernementale. Toutes les décisions imposées par l’État ont un emballage légal, ce qui veut dire qu’elles sont formellement basées sur le Droit. Tout ce qui met réellement en discussion un projet étatique est donc passible de « terrorisme ». Il reste seulement le désaccord platonique et être réduit à un mouvement d’opinions. Donner un caractère concret à son propre NON, qui au fond est la caractéristique essentielle du mouvement No Tav, devient donc antidémocratique. Le totalitarisme parle aujourd’hui un langage différent  : « Nos décisions démocratiques ne te plaisent pas ? Tu es un terroriste, je t’enferme en prison et je jette la clé ».

Rappelant que d’une époque à l’autre, l’État et « les pouvoirs forts » attaquent frontalement l’ennemi sur ses points forts, non sur les plus faibles. Il devient évident que l’emploi de la catégorie de terrorisme contre le mouvement No Tav – pour ce qu’elle exprime et symbolise – est dans ce sens un avertissement pour tous, pour n’importe que mouvement de lutte. Devient donc terroriste n’importe qui conteste les décisions de l’état, et vient démantelé le pacte social pensé par la Constituante.

A suivre jusqu’au bout la logique des procureurs Rinaudo et Padalino, la nature « terroriste » de la lutte contre le Tav ne caractérise pas un soi-disant « saut qualitatif », mais bien ses fondements même : ce NON de vingt ans d’expériences, de savoirs, de confrontations et d’actions qui ne sont que son développement cohérent. Ne pas s’être résigné face aux matraques, aux gaz, aux pelles mécaniques, aux Lince (expertise économique et commerciale en Italie, ndt), aux incarcérations, au terrorisme médiatique, voilà le crime qui contient tous les autres.

Pour ces raisons le Mouvement NoTav

ANNONCE ET PROPOSE POUR LE 22 FEVRIER UNE JOURNÉE NATIONALE DE MOBILISATION ET DE LUTTE CHACUN DANS SON PROPRE TERRITOIRE

à toutes les composantes de lutte qui résistent et se battent contre le gaspillage des ressources publiques, contre la dévastation du territoire, pour le droit au logement, pour un travail digne, sûr et rémunéré justement. Une journée nationale de lutte, territoire par territoire en défense du droit naturel et constitutionnel de s’opposer aux décisions du gouvernement qui ne tiennent compte que des intérêts des puissants, des lobby, des banques et des mafias au détriment des populations. Une mobilisation commune contre l’utilisation délirante des lois de la part des procureurs et de la magistrature turinoise et en solidarité aux compagnons de lutte incarcérés, aux compagnons de lutte déjà condamnés, et aux innombrables résistants qui doivent encore affronter le jugement pour avoir défendu les biens communs, une journée de lutte à laquelle suivra à la mi-mars un rendez-vous à Rome pour la défense et la légitimité des luttes sociales.

En préparation de la journée de lutte, une invitation à effectuer des assemblées sur les territoires pour sensibiliser la population autant sur ces thèmes autant sur les projets qui s’y opposent. En Vallée de Susa sur les projets de déplacement du parking autoroutier de Susa à San Didero, de déplacement de la route de Guida Sicura de Susa à Avigliana et de la ligne ferroviaire dans le territoire de Borgone.

Proposition approuvée par la coordination des comités du Mouvement NoTav.

traduit de l’italien,  NoTAV.info

http://notavfrance.noblogs.org/

Homme, blanc, 35 ans, provincial : le portrait-robot du policier type

LE MONDE | 22.01.2014 à 12h20 • Mis à jour le 22.01.2014 à 20h24 |Par Laurent Borredon et Alexandre Léchenet
Le ministre de l'intérieur, Manuel Valls, a participé à la cérémonie de bienvenue aux nouvelles recrues de la police nationale, à la préfecture de police de Paris, le 4 décembre.
Le ministre de l’intérieur, Manuel Valls, a participé à la cérémonie de bienvenue aux nouvelles recrues de la police nationale, à la préfecture de police de Paris, le 4 décembre. | AFP/PIERRE ANDRIEU

 

Il s’appelle Christophe, il a 35 ans, a grandi en province et il est blanc. Voilà le profil type du policier que l’on peut établir à partir des bénéficiaires de la prime de résultats exceptionnels. L’échantillon est important : près de 40 000 adjoints de sécurité (ADS), gardiens de la paix, officiers et commissaires, sur les 123 000 que comptait la police en 2013. Le mode d’attribution de la prime, qui permet à tous les types de services, catégories et directions d’être récompensés, garantit également une certaine représentativité.

Ce policier type est donc un homme, comme quatre policiers sur cinq. La féminisation est en cours, mais c’est un processus long. Pour la distribution de la prime, l’administration se garde de faire de la discrimination positive. La répartition est néanmoins inscrite sur les tableaux de bilan que font remonter les directions, agissant comme une piqûre de rappel et garantissant l’équilibre. Dans chaque direction, un quart de femmes sont ainsi récompensées, sauf chez les CRS, où elles ne sont qu’environ 6 %.

 

 

Parmi les policiers primés, ce sont les deux grades situés aux extrémités de la hiérarchie qui sont les plus féminisés : les ADS, héritiers des emplois jeunes (32,5 %), et les commissaires (25,7 %). Chez les gardiens de la paix et gradés, on plafonne à moins de 17 %. Ces répartitions correspondent aux proportions rencontrées dans l’ensemble de ces corps : 34 % de femmes chez les ADS, 18 % chez les gardiens, 23 % chez les officiers, 25 % chez les commissaires, et seulement 11,3 % à des postes de direction.

 

 

Christophe a grandi en province. C’est le cas de près de 80 % des policiers, et rien ne paraît pouvoir infléchir cette tendance de fond, ni la prime de fidélisation pour les policiers qui choisissent Paris et sa région, ni l’élargissement du recrutement par la voie des ADS. « Ils n’ont qu’une hâte, c’est de retourner en province », se désole-t-on à la direction générale de la police nationale (DGPN).

BEAUCOUP DE CHRISTOPHE ET STÉPHANIE, PEU DE KARIM

Le policier type s’appelle Christophe, mais il pourrait s’appeler Sébastien, Laurent ou Frédéric. Ces quatre prénoms sont en effet portés par 11,26 % des policiers. Et 12 % des femmes policiers s’appellent Stéphanie, Nathalie, Isabelle, Sandrine ou Céline. Ces prénoms, parmi les plus populaires en France, ont été donnés principalement entre 1965 et 1980. Chez les ADS, ce sera Nicolas, Julien ou Kévin.

 

 

La diversité des origines, ou son absence, se lit aussi dans les prénoms. Environ 1 500 policiers primés en portent un à consonance étrangère – à peine 3 % dutotal. Le premier (Karim) arrive en 143e position.

Bien sûr, il ne s’agit pas d’une mesure scientifique du poids des Français issus de l’immigration récente, difficile à établir en raison de l’interdiction des statistiques dites « ethniques » en France. Mais elle permet de se faire une petite idée du visage de la police. « Nous avons des policiers bien formés, mais ils n’ont jamais connu l’ambiance de l’Ile-de-France ou même des quartiers difficiles avant d’arriver », regrette un haut responsable policier.

Fusillade : Clermont-Ferrand passe tout près d’une affaire Méric

Par Christophe Goby| 22 janvier 2014

Fusillade : Clermont-Ferrand passe tout près d'une affaire (...)

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Un marginal proche de groupes néonazis locaux fait feu en pleine rue sur des militants de la cause des sans-papiers : cela s’est passé vendredi à Clermont. L’enquête a été expédiée et l’affaire jugée hier… pour l’enterrer plus vite, à quelques semaines des municipales ?

« J’étais en train de boire une bière dehors, quand un type est arrivé en hurlant. » Quelques secondes plus tard, Marion reçoit des plombs dans le cuir chevelu alors qu’elle tente, avec une vingtaine de personnes, de se replier dans le squat associatif l’Hôtel des vils, à Clermont-Ferrand. L’assaillant tire à huit reprises.

Ce vendredi 18 janvier 2014, RUSF organise une soirée pour deux étudiantes arméniennes expulsées. Il est 23 heures quand Kevin Pioche, un jeune skinhead, tire avec un fusil à canon scié sur un groupe de personnes situé sur l’avenue de l’Union soviétique devant le lieu du concert. Outre Marion, Boris qui vit dans le lieu, reçoit huit impacts de plombs. Il sera opéré de la main le lendemain. Cassandre, étudiante, était présente dans ce groupe : « Il tirait en avançant. Tout le monde s’est barricadé dans le squat. » Les intentions étaient meurtrières. « Je l’ai vu, j’ai tilté et j’ai dit « on rentre ». Et là, j’ai entendu des coups de feu », continue Marion. Les voisins alertent la BAC et les pompiers. L’assaillant fuit, récupéré par une voiture postée plus loin.

Attirail crypto-nazi

Le lendemain, le tireur se rend au commissariat. Il est jugé lundi 21 et condamné à deux ans de prison ferme. Pour l’avocat des victimes, Me Borie, « C’est le procès de la misère des désinsérés ». Kevin Pioche, ancien tatoueur, est en effet SDF depuis deux ans, et il a eu une vie difficile. C’est ce qu’il a expliqué à la barre. Son quotidien : chasser les antifas, monter sur les toits de la ville – on le voit en photo au dessus de la place de Jaude.

Sa page Facebook – disparue depuis hier – affiche un attirail crypto-nazi hétéroclite. Des photos le montrent entouré de jeunes rasés à croix celtique et blouson noir. Se surnommant « Krakow », qui signifie Cracovie (près d’Auschwitz), ou « El muerte », il arbore un drapeau fleur de lys et, clairement, ses convictions « anti-antifas ». Le 11 janvier, il modifie sa page en affichant l’image d’un cagoulé. « Wir sind die skins », peut-on lire en allemand (« Nous sommes les skins »). Elle mentionne ailleurs « Exécuteur à Waffen SS volontaire ». Des signes avant-coureurs de son passage à l’acte ?

Selon les victimes, qui ont porté plainte, Kevin était un individu connu en ville et plusieurs incidents avaient eu lieu ces derniers mois. Présence bruyante de groupes identitaires perturbant des Cercles de silence, ces rassemblements de protestation contre l’enfermement des immigrés. Pour Sébastien Dufour, membre de la CNT : « C’est depuis la projection de Welcome (ndlr : le film sur un migrant qui tente de passer en Angleterre), à l’occasion de laquelle les fachos avaient affiché des bandeaux « Goodbye », que la tension est montée à Clermont-Ferrand ». À la Ligue des droits de l’homme, on évoque des manifestations de soutien aux étrangers « encadrées » par des fascistes. Une technique très usitée à Lyon, place forte des Identitaires…

Les tensions tragiquement illustrées par le meurtre de Clément Méric à Paris, en juin 2013, n’épargnent plus l’Auvergne. Un drame dont on n’est pas passé loin à Clermont, résume Me Borie.

Une opération préméditée ?

Du côté des plaignants, on s’étonne que la police et la Justice aient banalisé l’affaire, alors qu’aux yeux de tous, elle résulte d’un contexte qui se dégrade de façon alarmante. Marion parle« d’une agression politique », mais lorsqu’elle a déposé plainte, le policier l’a détournée de cette qualification, imité plus tard par l’avocate du prévenu.

Me Borie subodore pourtant que l’opération avait des complices, car le soir du forfait, Kevin a été récupéré par une Twingo blanche. Pour lui, il ne s’agit pas d’un coup de colère, mais« d’une opération plus organisée. » À en croire un militant antifa qui a souhaité conserver l’anonymat, « Pioche a été lâché en amont du boulevard et repris par la Twingo blanche. À l’intérieur, j’ai reconnu des membres de Génération identitaire. C’est clairement une attaque politique contre le concert RUSF. Pioche est le Lumpen de la bande. Les autres sont des fils de bourgeois. » D’après Didier, un autre témoin, « Pioche squattait à Chamalières, dans sa famille skinhead. » Boris renchérit : « Il y avait des menaces sur les réunions RUSF. Je reste persuadé que la stratégie de la comparution immédiate sert à éviter de montrer que c’était une véritable attaque concertée. »

Devant les questions du procureur sur ses opinions politiques, Kevin s’est renfrogné, lâchant : « J’ai pas envie de le dire. » Le procureur a demandé quatre ans ferme. Au vu des peines prononcées habituellement pour des faits de ce genre, Cassandre et Marion ont trouvé celle-ci bien légère.

Évacuer l’affaire, vite

La presse, dans un premier temps, est restée prudente. Le journal La Montagne a estimé qu’il n’y avait aucune certitude sur l’appartenance du prévenu à un groupe d’extrême droite, RTL affirmant le lendemain qu’un skinhead avait tiré sur deux passants… Pourtant, ce jeune chômeur auquel on peut trouver des circonstances atténuantes, est bel et un bien un militant d’extrême droite qui faisait le coup de poing dans une ville où se déroulent de nombreuses actions ciblant les immigrés : chant de faux muezzin le matin, distribution de tracts pro-chrétiens dans les rues entourant la cathédrale…

Reste que le parquet a bouclé le dossier très rapidement et que la police n’a pas recherché la voiture, ni entendu les plaintes des autres participants. Comme si cette affaire devait être enterrée rapidement. Il est vrai qu’au pays des bougnats, et de Brice Hortefeux, les frontières entre FN et UMP ne sont plus étanches – comme en témoigne le passage de François Barrière, ex-FN et ex-MNR, sur la liste de Jean-Pierre Brenas, candidat UMP qui a attiré avec lui Gilles-Jean Portejoie, ex-socialiste, à la mairie.

À deux mois des municipales, il était peut-être délicat de trop exposer une telle affaire à Clermont-Ferrand.

lu sur http://www.regards.fr/

Rendre infâme les autres pour masquer sa médiocrité

Chaque époque a ses contestataires et ses méthodes de luttes. Aujourd’hui, tout est vague, flou et mou, et surtout tout s’agite sur internet où les déclarations intempestives et les invectives font passer leurs auteurs pour des militants engagés dans l’action concrète et radicale. Le spectacle et le divertissement se substituent à la lutte sociale. Les diatribes des activistes d’internet résonnent comme une réunion de catcheurs : un show dont les confrontations physiques et politiques sont absentes.

La meilleure façon de se travestir en chevalier blanc sans proposer aucune réponse politique est de s’attaquer à un groupe imaginaire aux pratiques présentées comme déviantes. Bien sûr, il s’agit d’insinuer que ce groupe ultra puissant règne en maître sur la société, qu’il décide de tout et détruit des vies pour se protéger. L’ennemi devient une secte secrète entièrement dévouée au diable.

SKS_crew1

Prenons un groupe qui connait un petit succès sur le net : le SKS Crew. Leur dernier titre la loi du silence « balance du lourd », ils « dénoncent grave ».
Que dénoncent-ils ? Que le pouvoir est aux mains des francs-maçons satanistes qui enlèvent et violent des enfants dans le plus grand silence et avec la complaisance des institutions.
Du lourd. Du trash même. Il suffit de regarder la forme pour s’en rendre compte.

Comment le SKS Crew s’y prend pour illustrer ses accusations gratuites et infondées ? En reprenant des images racoleuses d’émissions de télévision.
La médiatisation d’un certain nombre de condamnations permet de faire un clip dans lequel des corps d’enfants abusés sont exposés. Les accusations de secret n’ont cependant pas lieu d’être puisque ces condamnations sont intervenues après des enquêtes de police. En réalité, les images (bien réelles) ne servent qu’à choquer pour faire passer des théories fantasmés et ne reposant sur aucun élément concret. Une fois happé par des images d’une violence inouïe, le spectateur est prêt à tout entendre. Grâce à cette technique de manipulation classique où la forme dilue le fond, le message passe et n’est pas remis en question. L’instrumentalisation des images permet de construire un discours accusateur et de désigner la menace de son choix, en l’occurrence une élite masquée, omnipotente et maléfique.

On note au passage que le SKS Crew a une bien étrange conception de la défense des personnes martyrisées. Pas certain que les victimes et leurs proches se sentent réconfortés, éclairés ou restaurés dans leur dignité en découvrant des images d’eux dans un clip diffusé sur internet.

Les images que le SKS Crew instrumentalise sont en réalité issues d’affaires ne concernant pas les élites mais des gens des classes populaires, comme celle d’Angers. Dans cette affaire, comme dans la majorité des affaires de pédophilie, les prédateurs s’avèrent être des proches de leurs victimes. L’enfer est banal, parce qu’il est le lot quotidien de trop de gens, en particulier dans les quartiers. C’est la conséquence de la misère et non l’œuvre d’une secte.

En appliquant la grille de lecture du SKS Crew, on pourrait conclure que les cités HLM sont le plus grand repère de francs-maçons juifs communistes et écologistes, puisqu’on y trouve une grande partie des gens condamnés pour viol y compris sur mineurs.

Certes, les pauvres sont plus souvent condamnés que les riches pour les mêmes types de crime. Néanmoins, cette constante n’est pas la preuve d’un complot satanique mais résulte du fait que la justice appliquée en France continue d’être une justice de classe. Le diable n’a rien à voir là-dedans.

Lorsque des réseaux de pédophiles sont démantelés, il apparaît généralement que ceux-ci ne reposaient pas sur une allégeance à Satan, mais bien sur des rapports de soumission et de subordination de nature économique entre les organisateurs, les participants et les victimes du trafic. Globalement, le notable reste en position de force, tout comme l’occidental qui pratique le tourisme sexuel est en position économique dominante (il n’y a pas que des riches francs-maçons qui vont à Pattaya).

Le viol d’enfant ne toucherait que les pauvres, on en ferait une fatalité, un peu comme la drépanocytose ou le paludisme. Mais comme le viol d’enfant touche toutes les classes sociales, il devient un sujet dont on parle, parfois de manière sensationnelle ou spectaculaire.
Très souvent, ce sont les Rroms et les juifs qui se sont vus attribuer le rôle de violeurs ou de mangeurs d’enfants. Puis, dans les années 80, sont apparues les blagues racistes qui disaient qu’une petite fille maghrébine ou turque vierge était une môme qui courrait plus vite que son père. En somme, quand on veut salir un groupe, l’accusation d’inceste et/ou de pédophilie se révèle très commode et particulièrement redoutable. On peut aussi comparer cette démarche à celle de l’accusation de viol infondée qui a servit systématiquement de prétexte aux lynchages.

Aujourd’hui, dans l’ambiance de la France de la « manif pour tous », il est de bon ton de dire du mal des homosexuel.le.s et de regretter que la morale s’écroule en raison de lobbys francs-maçons.
Alain Soral, source d’inspiration de Rockin Squat (maitre étalon du rap qui parle d’élites satanistes et mentor de SKS Crew), compare explicitementl’homosexualité à la pédophile.
Dire qu’un homosexuel qui élève un enfant le fait pour avoir des relations sexuelles avec lui est ignoble et infondé, mais avec des images choc cela devient audible. C’est du même tonneau que lorsque certains réactionnaires expliquent qu’une éducation faite par un homosexuel influe sur l’orientation sexuelle de l’enfant. Jusqu’à preuve du contraire, l’écrasante majorité des homosexuels sont le fruit d’une éducation dispensée par des hétéros. En réalité, ces attaques ne contiennent ni explication rationnelle, ni démonstration scientifique ou sociologique. Elles servent simplement à forger un discours provocateur pour faire passer une idéologie.

S’agissant de savoir quelle idéologie promeut le discours du SKS Crew, pas besoin de chercher très loin. Les illustrations mises en avant par le SKS Crew témoignent de leur parti pris (on y voit Serge de Beketch et Roger Holleindre en héros de la cause).

Les grands héros du clip du SKS Crew sont des militants d’extrême droite issus de la sphère catholique traditionnelle combattant le droit à l’avortement. Là encore, on est dans le fantasme. Si l’Église et les valeurs chrétiennes protégeaient de la pédophilie, ça se saurait.

Le scoutisme traditionnel, dont Serge de Beketch (comme l’ensemble de sa famille politique) était un fervent défenseur, connait des affaires de pédophilie . Au passage, l’univers visuel de ce mouvement proche du nationalisme est façonné par les dessins de Pierre Joubert.

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Les images, bien que non violentes, parlent d’elles-mêmes.

Comme par la bouche de Mathias Cardet, on assiste à une tentative de réhabilitation de Roger Holleindre, ancien des troupes coloniales. Il est établi que les troupes coloniales se sont illustrées en Asie et en Afrique en pratiquant viols et mutilations sur l’ensemble des populations y compris les enfants. Ces crimes sont restés tabous, la honte des populations qui n’ont pas voulu dénoncer les viols subits ont permis aux militaires de cacher leurs méfaits. Le viol systématique, est une arme coloniale, la France pays impérialiste et colonisateur tente de faire oublier ses actes.
SKS Crew détourne les yeux de ces crimes commis par des défenseurs de la France, au nom de Dieu et de la Patrie. L’oubli et le pardon sont de mises pour les militaires français. Deux poids, deux mesures, surtout quand cela va dans le sens du riche, blanc et catholique.

Le SKS Crew utilise une méthode qui sidère et choque son public pour faire passer un message implicitement politique. Une secte sataniste ne ferait pas mieux, TF1 non plus d’ailleurs. Ce n’est pas du militantisme, ni de l’engagement. C’est faire du buzz avec l’ignoble et l’invérifiable pour tenter de glisser une disquette.
Cette technique est généralement utilisée par le groupe social majoritaire pour stigmatiser une minorité ou par des activistes politiques pour salir un opposant en le calomniant régulièrement dans les médias. De plus, la calomnie gratuite sur la supposée pédophilie confère une aura de bravoure à celui qui accuse. On en oublie alors les abjections qu’il commet lui-même.

Au final, les gens qui dénoncent « les élites pédophiles » ne combattent rien, et surtout pas la pédophilie. Ils lancent des accusations de pédophilie pour détruire publiquement leurs ennemis politiques ou leurs concurrents, et cela pour des raisons pécuniaires. Alain Soral déclare publiquement qu’il a des preuves d’activités pédophiles de responsables politiques mais qu’il ne les divulguera que si on lui fait des tracasseries judiciaires susceptibles de perturber ses activités commerciales. SKS Crew fait dans l’obscène pour attirer les regards et faire mousser sa petite entreprise.

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Christine Boutin est mariée à son cousin, Alain Soral a pratiqué le coït avec un chien (misères du désir, page 56), l’Eglise catholique et le mouvement scout ont nié les viols commis dans leurs rangs sur des enfants, les défenseurs de l’honneur de l’armée coloniale occultent volontairement les viols commis sur l’ensemble des populations colonisées. En appliquant le même raisonnement que le SKS Crew à ces éléments factuels, on arrive à la conclusion que le Jour de Colère et leurs soutiens sont un rassemblement de pédophiles. Exit la politique, tout dans le drame, pourvu que l’autre soit traîné publiquement dans la boue.

Les militants savent que de telles démarches ne sont pas soutenables, parce que dire n’importe quoi sur des sujets sérieux et graves demeure contre-productif.
Accuser un ennemi de ce qu’il n’est pas, c’est le salir et occulter du débat les choses que l’on n’assume pas soi-même.
Ce que les Soral, Holleindre, Boutin et autres icônes des droites n’assument pas c’est la médiocrité de leurs actions, parce qu’elles sont à l’opposé des valeurs qu’ils prétendent défendre.

Histoire de terminer sur des images choc, on repasse un classique du rap qui reflète les contradictions des classes populaires et dont la punchline la plus juste est « hardcore comme reconnaitre ses torts ».

Notre camp est celui de celles et ceux qui assument leurs actes et qui n’ont pas besoin de baver sur les autres pour lutter contre toutes les injustices.

LU SUR http://quartierslibres.wordpress.com/

La fortune des 85 personnes les plus riches est égale à celle de la moitié de l’humanité, selon une ONG

ECONOMIE – Si vous avez regardé le classement Forbes de ces dernières années, il n’est pas rare que vous soyez restés bouche bée devant le montant colossal des fortunes des Bill Gates et autres Carlos Slim.

Cependant, l’ONG Oxfam vient de publier un autre chiffre qui devrait lui aussi vous laisser coi. D’après un rapport sorti le 20 janvier dernier, la richesse combinée des 85 personnes les plus riches du monde est égale à celle de la moitié la moins riche de l’humanité.

« C’est sidérant qu’au 21ème siècle, la moitié de la population mondiale – soit 3,5 milliards de personnes – ne possède pas plus qu’une minuscule élite » a déclaré Winnie Byanyima, la directrice générale d’Oxfam international.

Une inégalité entre les plus riches et les plus pauvres qui se creuse, d’autant plus que cette minuscule élite (représentant 1% de la population mondiale) a vu sa part de revenus augmenter dans 24 des 26 pays pour lesquels des données sont disponibles entre 1980 et 2012, d’après Les Echos.

Les plus riches finalement peu affectés par la crise

« Même si la crise a momentanément entamé la part des richesses mondiales détenues par les plus riches, ces derniers se sont depuis largement rattrapés, » remarque l’Oxfam dans son rapport.

Les 1% les plus riches en Chine, au Portugal et aux États-Unis ont plus que doublé leur part de revenus national depuis 1980. Même dans les pays réputés plus égalitaires comme la Suède et la Norvège, la part de revenus allant aux 1% les plus riches a augmenté de plus de 50%.

Selon le quotidien économique français, les causes de ce creusement d’écart sont nombreuses: la déréglementation financière, les règles et les systèmes facilitant l’évasion fiscale, mais aussi les mesures d’austérité.

« Sans une véritable action pour réduire ces inégalités, les privilèges et les désavantages se transmettront de génération en génération, comme sous l’Ancien régime. Nous vivrons alors dans un monde où l’égalité des chances ne sera plus qu’un mirage » conclut l’Oxfam.

Wendy Bracat sur http://www.huffingtonpost.fr/

L’histoire cachée des FEMEN

Olivier Pechter

Cette enquête, qui aurait pu s’appeler « le poids des mots, le choc des photos » raconte l’histoire des FEMEN à la lumière de leurs alliances politiques et de leurs nombreux dérapages, souvent passés sous silence. Une gageure.

Communistes et rouge-bruns, les premiers alliés.

Cette première partie est consacrée à FEMEN…avant FEMEN.

Les politologues ukrainiens considèrent unanimement FEMEN comme un projet politico-commerciale et ne se sont jamais véritablement penchées sur le sujet. A force d’incohérences, le mouvement « caméléon » a lassé leur pays, avant d’être fatalement discrédité.

En France, il a su rebondir, bénéficiant de soutiens jusqu’au Parti de gauche.

De leur côté, les médias nous ont inondé du story-telling « Féméniste ». Jusqu’à ce qu’éclate le scandale de la Biennale de Venise, qui révéla la personnalité machiste de Viktor Sviatski, qui a longtemps dirigé FEMEN au côté d’Anna Hutsol. L’image du mouvement s’est brouillé. Son étoile pâli. Un contre-récit s’imposait.

Les photos exclusives que je révèle rendent le propos difficilement contestable :

Né dans le creuset communiste et antifasciste ukrainien, FEMEN ne s’en est pas moins associé, de façon répétée, à des mouvements réactionnaires, voire ultranationalistes. Avant de se réfugier en France, grâce à la bienveillance d’une certaine mouvance néoconservatrice. Démonstration.

En Ukraine s’opposent depuis longtemps, sans besoin d’être caricatural, deux camps. L’Est du pays, russophile et « antifasciste », incarné par l’alliance d’une partie de la droite avec le Parti communiste. Et l’Ouest du pays : nationaliste et occidentaliste. Les figures de cette dernière tendance nous sont bien connues : Viktor Ioutchenko,Ioulia Timochenko… Or, il y a quelques années de cela, on a vu les fondateurs des FEMEN passer brusquement d’un camp à un autre. Un revirement qui signe l’imposture. Ce qui a valu aux FEMEN d’être qualifié de « political technology » par les spécialistes ukrainiens. Dans cette première partie, je m’attèlerai donc à une histoire des alliances politiques des FEMEN et par la même occasion à une généalogie de leur positionnement xénophobe.

FEMEN, une « Political technology » ?

Political technology, kezako ? Il s’agit de la manipulation politique poussée à son extrême. Les outils pour ce faire nous sont familiers : storytelling, désinformation, « triangulation »… Mais l’usage étendu et intensif qui en est fait dans les pays d’ex-URSS, où il s’agit d’une véritable petite industrie, nous est inconnu. Dans la plupart des cas, il s’agit de manoeuvres d’un pouvoir autoritaire pour se maintenir en place, via la tromperie. FEMEN est depuis longtemps considéré comme prestataire de ce type de service. Mais dans leur cas, elles auraient fait évoluer leurs positions au gré des médias et de leurs soutiens financiers/politiques du moment. Il serait donc faux d’affirmer que FEMEN aurait été créé par un marionnettiste dont elles auraient défendues les intérêts tout le long. Elles ont avant tout défendues les leurs. Néanmoins, nous révélerons quelques accointances politiques/financières jamais mentionnées jusque là, à même d’éclairer d’un jour nouveau certaines de leurs prises de positions.

[Un exemple de political technology présumé : la mise sur orbite, il y a quelques années, par des médias proches du président Ianoukovitch d’un de ses opposants politiques, Vitali Klitschko. Une ex-vedette sportive que rien ne prédestinait à la politique. Diviser pour régner…]

FEMEN avant FEMEN : dans le giron du parti communiste et du camp russophile

La figure FEMEN la plus connue du public français est Inna Shevchenko. Mais la véritable chef des FEMEN estAnna Hutsol, en duo avec son vieux camarade Viktor Sviatski. Présenté comme un « publicitaire », ce dernier est surtout un professionnel de la politique.

Originaires de la ville de Khmelnytsky (300 000 habitants), le livre autobiographique FEMEN (qui sera mentionnée dans la suite de cette article par « cf. FEMEN« ), rapporte la rencontre d’Hutsol avec Sviatski au début des années 2000, au sein d’un « cercle de rue marxiste » dont il est le « mentor ». Romantique. L’ouvrage passe sous silence leur engagement commun au sein du « komsomol« , le mouvement de jeunesse du Parti Communiste.

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Oksana Chatchko (co-fondatrice FEMEN) avec les jeunesses communistes (Khmelnytsky)

Partis du Komsomol, Hutsol et Sviatski partent fonder de leur côté deux mouvements étudiants, fin 2005 : le Centre de perspectives de la jeunesse (un syndicat) et Nouvelle Ethique (organisme de femmes préfigurant FEMEN). Ils sont lancés de façon opportune sous les auspices d’Olga Ivanovna Ugrak, qui est alors la candidate du Parti communisteaux élections municipales. C’est elle qui héberge le Centre de perspectives. Quant à Nouvelle éthique, c’est chez Sviatski qu’elle trouve refuge (cf. autobiographie FEMEN) La création de ces organismes permettent vraisemblablement à la communiste de rajeunir l’image du Parti et d’élargir le soutien groupusculaire qu’aurait constitué les jeunesses communistes. Anna Hutsol sera directement partie prenante de la campagne de la communiste (cf. FEMEN).

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Au centre et côte à côté, la communiste Olga Ivanovna et Viktor Sviatski . A gauche Anna Hutsol. Soirée de nouvel an du Centre de perspectives de la jeunesse

Cette campagne municipale marque un tournant : Sviatski et Hutsol arrêtent la politique « sérieuse », illustrée par leur passage au sein des jeunesses communistes, pour faire de la politique un commerce (médiatique).

Au service d’un parti « rouge-brun »

Après l’issue désastreuse de la campagne du Parti Communiste (3% des voix), il faut se trouver un nouvel allié pour Hutsol et ses amis. Ce sera le tout nouveau mais bien pourvu « Grande Ukraine« . Les dirigeants du Centre de perspectives (http://translate.googleusercontent.com/translate_c?depth=1&rurl=tr…Sviatski, Golenshin,Alexandrovich) deviennent des cadres du parti et Nouvelle éthique un satellite. Grande Ukraine est dirigé par l’énigmatique Igor Berkut. Ex-espion autoproclamé, ce millionnaire est un ancien propriétaire de banques au Kazakhstan et en Russie. Il passe lui aussi pour un « mercenaire » de la politique et son parti se voit accuser de relever de la « political technology ». Il a signé un livre relayant les thèses de son « frère » Poutine.

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De gauche à droite : Drapeaux Grande Ukraine, Viktor Sviatski (Centre de perspectives/Grande Ukraine), Sasha Shevchenko (qui dirige alors Nouvelle éthique, future co-fondatrice des FEMEN), Igor Berkut (Grande Ukraine) 10/2007
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Viktor Sviatski à des manifestation de Grande Ukraine, dont il est alors un cadre (2008)

Grande Ukraine, parti « social-patriotique » vaguement de gauche appartient donc à l’instar du parti communiste au camp pro-russe. Son soutien extensif à la peine de mort lui vaut d’être médiatisé et ses préconisations anti-immigrés (qui comprend le positionnement à la frontière de « clubs militaro-patriotiques ») un certain intérêt sur les forumsd’extrême-droite. En 2010, il se déclarera (très sérieusement) en faveur d’une « bonne dictature démocratique »…

C’est vraisemblablement à son contact qu’Hutsol et Sviatski découvrent le business des « political technology ». On verra ainsi Sviatski et Grande Ukraine organiser, de façon étrange pour des syndicalistes étudiants, une action en défense des intérêts…viticulteurs.

Durant ces années, de 2006 à 2008, le mouvement de femmes Nouvelle éthique expérimente de son côté les coups d’éclats médiatiques à base de flashmobs.

Exemple en avril 2008, avec un lâcher de ballons. Sasha Shevchenko témoigne alors :

« Nous étions sur Internet, à la recherche de quelque chose d’intéressant et sommes accidentellement tombés sur la Journée de la femme »

Les prémisses des FEMEN sont posées.

Avant de passer à la naissance en tant que tel de FEMEN (ici), il est intéressant de révéler une dernière photo, tant elle illustre d’où le mouvement est issu et combien la présentation qui est généralement faite des FEMEN comme de l’enfant naturel de la Révolution Orange (présentée comme pro-occidentale et donc faisant partie du « camp du bien ») est erronée. Elle montre Anna Hutsol en juin 2008, posant fièrement à une rassemblement anti-OTAN organisé par leParti socialiste progressiste , organisation orthodoxe « panslave » (pour une intégration Russie/Biélorussie/Ukraine).

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Banderole anti-OTAN et anti-Bandera (figure historique « controversée » du nationalisme ukrainien)

Immigration, peine de mort, alliés néofascistes…

Cette deuxième partie est consacrée à la naissance et au développement de FEMEN. Leurs alliances, leurs soutiens, leur positionnement…

Dans un contexte politique ukrainien aussi tendu que confus, les FEMEN se livreront à toutes les alliances et amitiés. Jusqu’à faire héberger leur site internet par un ancien leader skinhead (ci-dessus) ou manifester avec le parti d’extrême-droite Svoboda.

Débuts FEMEN : xénophobie et néo-atlantisme

Quand FEMEN est lancé sur Kiev, au printemps 2008, André Kolomiets (« Andrew Kolomyjec »), un des cadres deGrande Ukraine (mouvement rouge-brun sont issues les FEMEN, cf. première partie) rentre rapidement à son Conseil d’Administration. Il sera l’un des « soutiens financiers les plus constants » des activistes. « Pour s’assurer de leur indépendance », dit-il très sérieusement… ajoutant que le mouvement « n’était jamais tombé dans le racisme ». A voire…Mickael Orlyuk, autre cadre du parti, est lui de toutes les manifestations FEMEN.

Un certain nombre de thèses défendus par Grande Ukraine sont repris à leur compte par les FEMEN. Surl’immigration : la dispense de visas pour les Européens visitant l’Ukraine étant une catastrophe, il faut fermer les frontières. Grande Ukraine dénonce les « centaines de milliers d’immigrants clandestins [qui] nous menacent », FEMENs’opposant de son côté, grippe aviaire aidant , « à l’entrée des étrangers dans notre pays. ». De la xénophobie ? « Peut-être » répond Anna Hutsol. A l’instar de Grande Ukraine, FEMEN est favorable à la peine de mortpour les « sadiques ».

Enfin, il y a les Turcs, avec lesquels Igor Berkut (dirigeant de Grande Ukraine) considère qu’une guerre est inévitable . Les FEMEN de leur côté en ont longtemps fait un ennemi prioritaire, au nom de la lutte contre le tourisme sexuel.

Une des toutes premières actions FEMEN s’est d’ailleurs déroulé devant l’ambassade de Turquie.

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Drapeau ukrainien au vent…
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…et feintant le lynchage d’un touriste turc. (En arrière-plan Anna Hutsol)

En 2010, à l’occasion d’un match de foot opposant le Karpaty (Lviv) au Galatasaray (Istanbul) les FEMEN feront une campagne remarquée pour que l’on interdise d’entrée la « horde » des « machos » turcs.

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Photo blog FEMEN

Ce qu’il convient d’appeler de la xénophobie prit même un accent anti-juif. En 2009, les FEMEN avaient accusé(avant de se rétracter ), les juifs orthodoxes faisant un pèlerinage annuel de représenter une menace pour la sécurité des filles ukrainiennes et de mépriser l’Ukraine :

« L’Ukraine est célèbre pour son hospitalité…Mais toute tentative de saper notre culture devrait être combattue…. [Il faut] éviter que les Ukrainiens deviennent otages dans leur propre pays »

Issues de la mouvance communiste, les FEMEN multiplieront bientôt les clins d’œil au camp occidentaliste.

Le manifeste dont elles se dotent évoque ainsi parmi ses objectifs : « construire une image nationale de la féminité, de la maternité et de la beauté basée sur l’expérience du mouvement des femmes euro-atlantique ». L’expression « euro-atlantique » est loin d’être neutre dans le contexte ukrainien et appartient aux partisans de l’OTAN et de l’UE. Brouillage de pistes. Et façon de ménager certains sponsors. En 2007, Anna Hutsol fut en effet invitée aux Etats-Unis par un organisme dépendant du Congrès américain, l’Open World Leadership Institute , dont elle est qualifiéed’alumna (« élève »).

Par ailleurs, les FEMEN n’ont jamais caché le soutien reçu (jusqu’en 2011) de Jed Sunden , magnat des médias ukrainiens d’origine américaine.

Néofascistes, intégristes, activistes violents…des alliés encombrants

En 2010, FEMEN élargit son champ d’action. Et après le Parti Communiste et Grande Ukraine fait place à de nouveaux alliés. Nationalistes et franchement ancrés à droite, ils sont solidaires des FEMEN. Au nom de la lutte contre la « dictature » des Ianoukovitch, Poutine et autres Loukachenko (Biélorusse)…Le groupe se coupe définitivement de ses racines idéologiques, renvoyant dos à dos fascisme et communisme et diffusant une propagande antirusse caricaturale.

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De gauche à droite : Poutine (Président russe), Ianoukovitch et Azarov (Président et 1er ministre), Cyrille (Patriarche orthodoxe de Russie)

Voilà les organisations et quelques unes des personnalités radicales dont se rapprochent alors les FEMEN.

    • La « Coalitions des partis des la révolution orange ». Organisation nationaliste, mais surtout « projet commercial imitant la société civile, menant des actions de rue rémunérées », selon le chercheur Pavel Klymenko, contacté.
    • La Confraternité de Saint Luc. Un groupuscule actionniste d’extrême-droite, qui s’est fait connaître pour avoir profané un monument en mémoire des combattants soviétiques ayant lutté contre le nazisme.
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Yaroslava Pougacheva, une des responsables de la Confraternité, tête de fil d’une manifestation FEMEN (03/2012)
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Inna et Sasha Shevchenko tenant par la main Darya Stepanenko, autre figure médiatisée de la Confraternité (05/2012)

La Confraternité de Saint-Luc est un mouvement identitaire se battant pour une « révolution orthodoxe mondiale » (cf entretien accordé au média néofasciste molotoff.info). Tout comme le parti dont elle est une émanation, Bratstvo (« Fraternité »), qui diffuse ce genre de propagande sur Facebook.

Une amitié surprenante pour celles qui ont drapé leur islamophobie derrière le féminisme et l’athéisme militant.

  • Les FEMEN se sont également affichées au côté du « Comité Noir », petit mouvement d’extrême-droite présent dans toute l’Ukraine. Certains de ses militants les plus exaltés ont été condamnés pour avoir mis le feu à une résidence d’étudiants africains et attaqué un centre social juif.
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    De gauche à droite : L’ultra-droitière Anna Sinkova (chef de la Confraternité de Saint-Luc), Sasha Shevchenko, Anna Hutsol, une militante FEMEN et Bogdan Titsky (chef du Comité Noir) – A la sortie d’un interrogatoire de police (08/2013)

    FEMEN cache à peine sa proximité avec ces différents groupuscules. Dans un billet de blog, elles remercient ainsi « les membres de la Coalition orange et du Comité noir pour leur campagne de solidarité ».

  • Enfin, sachant que le mouvement FEMEN a officiellement dit son soutien à une alliance politique comprenant le parti d’extrême-droite Svoboda, on sera peu étonné de retrouver, à l’occasion, les « féministes » au coté du dit parti. A un rassemblement contre le régime biélorusse en janvier 2011, par exemple, où une militante ira jusqu’à tenir une affiche de Svoboda :
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    « Vive la Biélorussie indépendante . Vive l’Ukraine libre », « Non à la terreur rouge »
  • Egalement présent ce jour là Viktor Sviatski, et l’organisation ultra-nationaliste et antisémite UNA-UNSO
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    Le drapeau rouge et noir de l’ UNA-UNSO flottant au dessus d’Inna et Sasha Shevchenko. Viktor Sviatski veillant au grain, en arrière-plan.

    Non loin d’Inna et Sasha Shevchenko, une figure skinhead, Edouard Iholnikov

    Pas un inconnu. Un mois plus tôt (mai 2011), il fut impliqué dans l’attaque d’une cérémonie en mémoire de la victoire sur le nazisme …Une agression dont il sera question jusqu’en France.

    En outre, Iholnikov est un des chefs de fil jeunesse de Svoboda à Kiev

    Un an plutôt (juin 2010), Iholnikov et Sasha Shevchenko s’étaient déjà retrouver à l’occasion d’une manifestation. Au nom de la lutte contre la « censure ».

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    Iholnikov effectuant le signe de ralliement de Svoboda. Shevchenko celui de FEMEN.

    Les liens sont parfois plus personnels entre l’extrême-droite et FEMEN. En 2012 le site FEMEN fut ainsi hébergé sur le site de leur « ami bloggeur voland14 ». Voland14, pseudonyme de Sergey Didkovsky. Côté pileDidkovsky est un « spindoctor » et éditorialiste dans Playboy (!). Côté face, blogger néonazi (14, une référence hitlérienne transparente ) ; païen ; et chroniqueur médiatique évoquant les « Européens de souche que l’on mène à l’abatage ». Celui qui diffuse aujourd’hui des vidéos sur « Eurabia » fut un animateur de la scène néonazie ukrainienne dans les années 2000 (sous les pseudonymes, justement de voland14 ou voland ratybor)…Sur la photo suivante, il s’illustre parmi les supporters de foot du club de Lviv, avec son « Parti national-travailliste d’Ukraine »…Foot et racisme : on se souvient de la campagne menée par les FEMEN contre l’entrée des supporters turcs à l’occasion d’un match…contre Lviv, précisément.

    Les FEMEN diffusent à l’occasion la prose de Didkovsky/Voland14. Comme le texte raciste « FEMEN et les envieux », qui évoque la « dégradation du patrimoine génétique ukrainien ». Un texte dont nous avons fait une sauvegarde.

    Didkovsky est donc un « ami blogger », hébergeur et certainement, selon nos informations, un partenaire « commercial » des FEMEN…mais son rôle exacte reste à préciser. Il est en tout cas un soutien de la première heure, et fait parti du « premier cercle » de l’organisation. Sur le réseau social le plus populaire en Ukraine et très prisé par les FEMEN, vk.com, Didkovsky ne cache pas ses accointances avec l’ultra-droite (cf une capture parmi d’autres). De même que son blog, vers lequel les FEMEN renvoient.


    Cliquer sur la photo pour l’afficher en grand
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    De gauche à droite : « Voland14 », « Sergey Didkovsky » et « Voland Ratybor » parmi les hooligans
    Didkovsky a bien hébergé l’accueil du site FEMEN…et sur son propre espaceLe site WaybackMachine permet de consulter l’archive d’un site.
    Lorsque l’on veut consulter l’archive de la page d’accueil du site des FEMEN, on est renvoyé vers le site de Didkovsky (pour la période du 1/02/ au 16/06/2012)

    Enfin, au sein même de l’équipe FEMEN, on note la présence de proches de la mouvance nationaliste radicale :

  • Yaroslav Yatsenko, leur avocat historique, s’affiche sur son blog comme un supporter de Roman Choukhevytch et affiche sur Facebook un intérêt exclusif pour le parti d’extrême-droite Svoboda
  • Courant 2012, Maria Popova, directementa href=sl=uk issuea href= d’une organisation ultra, devenait l’attachée de presse du mouvement

« Rien ne peut justifier la coopération avec la droite radicale »

Les alliances sulfureuses des FEMEN témoignent de la confusion à l’oeuvre dans la société et la politique ukrainienne. La lutte contre l’influence russe, qui étouffe depuis des décennies l’émergence d’une nation ukrainienne souveraine, légitime de toute part l’alliance avec un parti d’extrême-droite directement issu du néonazisme (Svoboda fut longtemps appelé « Parti social national d’Ukraine ») et la réhabilitation de mouvements nationalistes ayant collaboré avec le nazisme.

Néanmoins, cette stratégie d’alliance ne fait pas l’unanimité. Que ce soit au sein de la communauté juive, de la mouvance antifasciste et libertaire ou encore parmi les intellectuels (politologues, historiens…). Interrogé par nos soins, le chercheur Anton Shekhovtsov déclare ainsi :

I don’t think that anything legitimises cooperation with the radical right, and I signed a letter urging the mainstream politicians to stop cooperating with the radical right-wing Svoboda party –

http://www.day.kiev.ua/uk/article/den-ukrayini/tyagnibok-za-i-proti

Unfortunately, many mainstream politicians and activists in Ukraine do not understand the danger of alliances with the radical right. Sometimes, it does seem like a necessary evil, but – in the long-term perspective – all these alliances are really harmful to Ukraine’s democratic development.

=> FEMEN déclarait dès 2009 vouloir devenir un phénomène européen. La France sera la base arrière de ce développement. Pour se faire, quelles furent leurs alliances ? leurs relais politiques ? leur inspiration « idéologique » ? C’est ce que nous tenterons d’établir dans une dernière partie.

[Merci aux chercheurs qui m’ont éclairé sur la question. Ils ne peuvent bien sûr être tenus pour responsable du contenu de cet article. Thank you : Pavel Klymenko, Anton Shekhovtsov, Ann-Sofie Dekeyser, Alexander Wolodarsky…]

Islamophobie et réseaux néoconservateurs.

Cette dernière partie est consacrée à l’internationalisation des FEMEN

Dès 2009, les FEMEN entendent devenir le premier mouvement féministe européen. Elles en sont loin. Néanmoins, elles ont réussi à faire parler d’elles au niveau mondial (à la Biennale de Venise par exemple). En France elles ont été reçues avec les honneurs (2012) et inspireront même le nouveau timbre Marianne (2013).

Leur libertarisme de façade associé à des positions géopolitiques (objectivement) atlantistes et islamophobes leur ont néanmoins permis de s’attirer de solides soutiens au sein d’une partie de nos élites, à défaut de faire l’unanimité dans le reste de la population. Signe de l’opportunisme de l’organisme, en s’implantant en France, il abandonnera ses positions les plus réactionnaires (restriction de l’immigration, rétablissement de la peine de mort), au profit d’un combat facile contre l’Islam et l’Église, ou encore en faveur du mariage gay. Une thématique qu’elle n’avaient jamais traitées dans leur pays d’origine, allant jusqu’à pactiser avec des ultraconservateurs, comme démontré dans une première partie.

Caroline (Fourest) ange-gardien

Au sein de la gauche française, FEMEN a su s’attirer des soutiens auprès des Verts, du Parti de Gauche mais aussi du PS. Il faut dire qu’en s’installant à Paris, elles ont fait de l’extrême-droite catholique un adversaire médiatique.

Pourtant, c’est sur fond d’islamophobie qu’elles ont en commun avec ces intégristes qu’elles susciteront leurs plus solides soutiens. En particulier dans la mouvance pro-américaine. Figure de ce courant, Caroline Fourest, véritable ange-gardien. Au carrefour des milieux associatifs, journalistiques et politiques, c’est un allié de poids. L’avocat des FEMEN ? c’est le même que celui de la journaliste (Patrick Klugman, figure du Parti Socialiste parisien tendance pro-Israël). Quand Inna Shevchenko obtenait en 2012 le statut de réfugié politique c’est notamment grâce à la journaliste et un de ses soutiens dans la mouvance diplomatique : Pascal Brice. Pour cet atlantiste en diable qui dirige l’organisme en charge du droit d’asile (OFPRA), celui (d’asile) offert en un temps record à l’Ukrainienne constitue « un grand de motif de fierté ». C’est ce qu’il déclarait dans une émission de radio de…Caroline Fourest qui lui était consacré (France Inter, « Ils changent le monde »).

Un an plus tôt, c’est un autre membre du « réseau Fourest », le très néoconservateur François Zimeray, ex-Ambassadeur des droits de l’homme, qui se montrait particulièrement bienveillant envers Shevchenko. Ce n’est pas tout, la parution d’un ouvrage d’entretien entre la militante et la journaliste est imminente. Il ne s’agit pas d’un coup d’essai. Dès 2012 France 2 diffusait un documentaire de Fourest à la gloire du mouvement. L’experte reconnue de l’extrême-droite française s’y montrait complaisante vis-à-vis de son alter ego ukrainienne…

Dans le documentaire, il est en effet question, avec empathie, d’une « réunion de l’opposition » contre les résultats d’une « élection législative jouée d’avance ». On aperçoit alors distinctivement dans la foule les drapeaux bleu et jaune du parti d’extrême-droite Svoboda. Il s’avère qu’à la tribune ce jour là se trouvait aussi le leader de l’extrême-droite ukrainienne Oleh Tyahnybok, celui-là même qui dénonçait dans les années 2000 la « racaille juive »….

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Contre-champ : Oleh Tyahnybok à la tribune de la réunion de « l’opposition »

Le journal politique/commercial Charlie Hebdo dont est issu Caroline Fourest est un des grands relais militants des FEMEN au sein de la gauche.

L’occasion de rappeler que Charlie Hebdo est depuis plus de dix ans un allié plus ou moins constant des intérêts néoconservateurs. De Philippe Val à Charb.

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A gauche : Mohamed Sifaoui, Philippe Val, Caroline Fourest et un Danois, le très néoconservateur Flemming Rose (2006)
A droite : Elisabeth Lévy, fondatrice du mensuel pro-israélien (et propriété d’un « magnat » d’extrême-droite) Causeur avec Charb (Photo Causeur, 2012)

La revue La Règle du Jeu, dirigée par Bernard-Henri Lévy (administrateur de la maison Grasset et par là même éditeur de Caroline Fourest, il incarne, à l’instar de la journaliste, une « gauche » anti-totalitaire et pro-israélienne), a été à la pointe dans la défense du mouvement.

Enfin, l’association « FEMEN France » a elle-même a été fondée par une proche de Caroline Fourest, Safia Lebdi. Elle est issue de Ni Putes Ni Soumises, à qui l’on doit l’introduction dans le débat français de l’expression « fascisme vert ». Elle finira par claquer la porte . Trop indépendante pour subir le diktat de la direction ukrainienne. D’autres militantes rejoignent le mouvement. Moins formées politiquement, aux idées parfois troubles.

« Nous ne sommes pas dans un Etat islamique »

Qu’on en juge ce texte, au sujet de violences sur fond de religion et de racisme à Trappes. Il est signé par « Andromak », la tatoueuse attitrée du groupe :

« C’est bien qu’ils brûlent leur ville, ça nous évite d’avoir à le faire. Nous ne sommes pas dans un état islamique […]Ces personnes n’aiment pas leur pays, ces personnes ne sont pas patriotes, ces personnes ne respectent pas la république. Ils usent de certaines de nos lois libertaires pour nous entrainer vers des conceptions liberticides qui demain leur permettrons de créer des lois répressive a l’égard de la république […]N’oublions pas que les extrêmes ne sont JAMAIS bénéfiques, et que même si un ras le bol générale laisse à penser pour certains que la solution serait de voter l’extrême aux prochaines élections, sachez que se ne serait prendre le même chemin que ceux que nous critiquons […]si chaque citoyen arrête de tourner la tête, de baiser les yeux au nom du syndrome colonial, nous avons une chance d’arriver à vivre ensemble« .


Capture écran Twitter FEMEN / Photo Profile Facebook Andromak

Quand Inna Shevchenko plagie un auteur ultrasioniste

Un dérapage logique. Le discours officiel lui-même se « décomplexe ». Anna Hutsol utilisant l’expression « mentalité arabe » comme synonyme de « mentalité patriarcale ». Sasha Shevchenko comparant le voile…à un camp de concentration. Et Inna Shevchenko donnant dans un néoconservatisme digne du bushisme triomphant. Face aux accusations d’islamophobie, elle écrit dans le Huffington Post :

« Nous sommes en guerre. Une guerre entre deux époques . Une guerre entre une mentalité rétrograde qui appartient au Moyen-Âge et une mentalité progressiste bien ancrée dans le 21ème siècle . Une guerre entre la liberté et l’oppression . Une guerre entre la démocratie et la dictature. Une guerre entre ceux qui traitent les femmes comme des chiens et celles qui crient ‘nous sommes des femmes, nous sommes des êtres humains !’. Une guerre entre ceux qui croient aux superstitions et ceux qui ont l’esprit clair .’

Une rhétorique calquée sur celle de Wafa Sultan, enfant chérie de l’extrême-droite pro-israélienne, depuis un fameux « dérapage » relayé par MEMRI :

« Le conflit auquel nous assistons n’est pas un conflit de religions ou de civilisations. C’est un conflit entre deux opposés, entre deux époques . C’est un conflit entre une mentalité qui appartient au Moyen-Âge et une autre qui appartient au 21ème siècle . C’est un conflit qui oppose la civilisation au retard, ce qui est civilisé à ce qui est primitif, la barbarie à la raison . C’est un conflit entre la liberté et l’oppression, entre la démocratie et la dictature . C’est un conflit entre les droits de l’Homme d’une part, la violation de ces droits de l’autre. C’est un conflit qui oppose ceux qui traitent les femmes comme des animaux à ceux qui les traitent comme des êtres humains..[…] Ce sont les musulmans qui ont déclenché le conflit des civilisations. »

A l’époque, le premier média français à avoir relayer la « VF » des propos de Sultan n’est autre que le site de la revue de…Caroline Fourest. Le plagiat d’Inna Shevchenko a quant à lui été publié par le Huffington Post, plateforme qu’elle partage avec une certaine …Fourest Caroline.

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Wafa Sultan et la bloggueuse pro-israélienne d’extrême-droite Pamela Geller / Sultan et deux collaborateurs de C.Fourest : Irshad Manji et Mohamed Sifaoui / Sultan et Geert Wilders

Au sujet d’Israël, justement , la position des FEMEN ? Une forme de complaisance paradoxale. Les FEMEN ont fait de l’ouverture d’une branche à Tel-Aviv, qu’elles qualifient de « capitale démocratique européenne », un « rêve » . Ils’agirait pour elles d’une sorte de plateforme avancée pour atteindre le monde arabe. Pas de quoi calmer les accusations de « deux poids deux mesures ».

Relents colonialistes

Il y a les dérapages verbaux mais aussi les actes. FEMEN a multiplié les mises en scène ridiculisant les croyants musulmans. Il y eut la très médiatisée « Topless jihad day », organisée en solidarité avec la FEMEN tunisienne Amina Sboui. Et une protestation aux JO de Londres, contre l’autorisation faite à des athlètes voilées de concourir. La vidéo de cette dernière opération – orchestrée depuis Kiev, cf FEMEN – que nous avons retrouvée dans le « deep web », fut peu relayée, on comprendra pourquoi.

D’aucuns répondront que FEMEN s’attaque également à des symboles chrétiens. Certes. Mais quand par exemple elles attaquent le Vatican, c’est pour le dénoncer comme un « caillot » au sein de la « civilisation du progrès ». A savoir l’Occident. Autre preuve de la hiérarchisation des cultures et des religions à laquelle elles se livrent, leur volonté affichée de « pousser le monde civilisé à boycotter les pays qui pratiquent des traditions islamiques barbares » (cf.FEMEN). Une rhétorique empreinte de colonialisme.

Enfin, il faut noter qu’à la rentrée 2013, le double langage (qui consistait par exemple à proclamer « mort à la sharia »en russe… rien qu’en russe) craquait définitivement, l’islam en tant que tel étant désigné comme adversaire : « L’islam n’est pas source de vertu. L’islam est source de violence et d’oppression » (statut Facebook).

FEMEN de demain ?

A l’été 2013, Anna Hutsol et Viktor Sviatski demandaient l’asile politique…à la Suisse. La rentrée du groupe fut marquée par trois axes de lutte : la dénonciation de l’islam en tant que telle, de la prostitution et enfin, comme sortie de nulle part…une défense de l’immigration (sur fond d’anti-frontisme). Il n’est pas sûr que celle-ci en demandait autant. FEMEN a d’ailleurs été catalyseur de nouveaux groupuscules d’extrême-droite tels Hommen et Antigone.

Le manque de transparence du mouvement couplé à l’autoritarisme de ses dirigeants est un véritable frein à son expansion. Les branches Brésil et Belgique ont ainsi été dissoutes. Les membres historiques de FEMEN France ont quitté le mouvement.

Leurs positions islamophobes et occidentalistes leur ont assuré des soutiens. Mais celles-ci semblent aller à l’encontre des nouveaux rapports de force internationaux et d’un certain changement d’ambiance, avec par exemple une certaine banalisation des Frères Musulmans. En outre, l’année passée aura été marquée par un début de reconnaissance du phénomène islamophobe en tant que tel, jusque dans la mouvance antifasciste. En décembre 2012, les FEMEN étaient tout bonnement « évacuées » d’une manif pour le mariage pour tous !

Un article paru en Belgique l’été dernier soulève la question d’une dérive sectaire. A titre d’exemple : la journaliste Ann-Sofie Dekeyser, infiltrée dans le mouvement, souligne la pression qu’elle a ressentie pour se faire tatouer le corps, et la peur. Il s’agissait de se faire inscrire le mot liberté en ukrainien…soit « Svoboda » (ce qui provoqua quelques remous, il s’agit du nom du parti d’extrême-droite ukrainien).

Enfin, un repliement sur l’Ukraine semble exclu. Le tronçonnage d’une croix en aout 2012 y a achevé leur isolement.

En France, leurs provocations contre l’Eglise, à la veille d’élections municipales dont on sait combien elles sont empreintes d’électoralisme, a fragilisé leur position au sein du PS ; mais dans le même temps redonné du grain à moudre à leurs meilleurs ennemis : l’extrême-droite catholique. La susceptibilité de cette mouvance constitue peut-être un de leurs derniers espoirs pour ne pas retomber dans un certain oubli. La victimisation est en effet un des ressorts essentiels de leur développement.

Olivier Pechter

LU SUR http://www.legrandsoir.info/

Jour de colère, la grande messe de l’extrême droite

Le Huffington Post a réalisé un Pearltrees autour de la nébuleuse "Jour de Colère" (cliquez pour y accéder)

Le Huffington Post a réalisé un Pearltrees autour de la nébuleuse « Jour de Colère » (cliquez pour y accéder)

Ras l’Front Isère a publié un article(sur lequel nous nous sommes permis de faire quelques petits ajouts et modifications pour apporter les quelques précisions qui pouvaient manquer) autour de la manifestation du 26 janvier prochain à Paris, qui brasse large et devrait réunir la fine fleur de la réaction et du nationalisme français, dans un œcuménisme révélateur d’une volonté forte de former un front commun : islamophobes et antisémites main dans la main, solidaristes et ultralibéraux bras dessus bras dessous, « anti-système » et partis électoralistes, tous dans la rue contre l’égalité des droits ! Pas question en ce qui nous concerne de soutenir le gouvernement socialiste : mais notre colère est dirigée contre la violence et le racisme de l’État, contre l’arrogance et l’iniquité du système capitaliste, quand celle des nationalistes de tous poils rêve d’établir un ordre fondé sur la discrimination et l’exploitation.

Qui se cache derrière la manifestation baptisée « Jour de colère », qui est annoncée pour le  26 janvier à Paris ?  Des groupes réacs et groupes fachos réunis, qui s’affublent de diverses étiquettes et déguisements. Ainsi que le Front national, le parti-vitrine de l’ extrême droite.

Parmi ces mouvements, le « Printemps français », la nébuleuse des opposants les plus radicaux au mariage homosexuel qui réunit militants d’extrême droite, catholiques traditionalistes et identitaires.  Forte présence des obsédés islamophobes de « Résistance Républicaine », plus connu sous le nom de « Riposte (prétendument) Laïque » et de leurs grands amis identitaires. À la manœuvre aussi, les catholiques intégristes de « Civitas, » divers groupes anti-islam (comme le « Comité Lépante »). On aura également les anti-avortements comme ceux de « SOS Tout-Petits », regonflés par la régression mise en œuvre par le gouvernement très à droite en Espagne et les lobbies catho-franquistes.

Et on ajoute à tout ça une  forte tonalité et démagogie « antifiscaliste » . Ainsi de prétendus  « Bonnets rouges » de plusieurs départements (et vrais faux-nez des identitaires), alors que le mouvement officiel des Bonnets rouges annonce ne pas participer à la manif. Et encore d’autres « collectifs »,  opposés au “matraquage fiscal des patrons », opposés en réalité à toute redistribution des richesses et à toute solidarité sociale.

Soutien aussi de Dieudonné, s’alliant donc aux islamophobes, dans une apparente contradiction : mais la haine et le racisme, les idées les plus réactionnaires, partagés en commun, sont un ciment suffisant à l’ensemble des mouvances de l’extrême droite. Il a en effet appelé ses fans à participer au rassemblement en partageant l’évènement sur sa page Facebook. On peut parier sans risque que son compère en démagogie antisémite et complotiste, Alain Soral,  de la bien mal nommée et bien trompeuse « Egalité et Réconciliation », va entrer dans la danse. Les fascistes revendiqués de L’Oeuvre Française / Jeunesses Nationalistes ( Yvan Benedetti et Alexandre Gabriac),  pourtant en principe « interdits » depuis  juillet, seront également de la partie. Eux ne craignent pas de s’afficher tout autant anti-juifs qu’anti-arabes, sans oublier d’autres détestations comme l’homophobie par exemple.

FN_Vaucluse_JourdeColère

Le FN appelle à la manif…

On verra  sans doute aussi la participation de  divers  lepénistes et umpistes, plus ou moins déguisés eux aussi. Ainsi, le FN du 84 (Vaucluse), la fédé de Marion Le Pen,  appelle ouvertement à cette manif  de toutes les extrêmes-droites. De plus, il se charge de la coordination des troupes FN : dans un billet datant du 18 décembre, on apprend que des responsables chargés de la comm’ pour cette manif  ont déjà été nommés dans les sections départementales du FN en Saône-et-Loire, dans les Hauts-de-Seine, dans le Doubs, dans l’Allier, dans l’Oise, dans le Calvados, en Moselle, dans la Marne, en Seine-Maritime et même en Belgique. Depuis, la liste s’est certainement étoffée…

Sources :

Un article sur Slate.fr : Jour de colère: l’alliance des poussettes, des bonnets rouges et de la quenelle

Un article du Huffington Post :  Jour de Colère : qui se cache derrière la manifestation du 26 janvier contre le gouvernement

lu sur http://lahorde.samizdat.net/