ENEDEKA MASKA, NOUVELLES DE SEPTEMBRE,A QUAND LE DOOMSDAY?

Radio Klandestine Permanente # 30 Extrait du Street CD à venir à écouter en bas de page

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SEPTEMBRE 2013

« UN PEUPLE SANS HAINE NE PEUT TRIOMPHER D’UN ENNEMI BRUTAL »

 

« Ce sera une lutte longue sanglante, dont le front se trouvera dans les abris des guerillas,dans les villes, dans les maisons des combattants, – où la répression cherchera des victimes faciles parmis leurs proches – dans la population paysanne massacrée,dans les villes et les villages détruits par les bombardements ennemis »

Netshaiev

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A QUAND LE DOOMSDAY?

« Dans ce pays nous vivons dans une affreuse angoisse en raison de la manière dont la révolte […] a éclaté, carelle a réellement jaillis comme un incendieIl n’y a pas, je pense, de village ou de vile ou la torche ne brûle pas en secret. Ils prêchent la communauté de biens, si bien que tout ceux qui n’ont rien arrivent en foule. »

Ecrit à Erasme par un Erudit au sujet de la révolte des Anabaptistes , 1534 , in. L’Incendie Millénariste ed. Os Cangaceiro

 

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Un nouveau camarade assassiné par les fafs en Grèce … De nouvelles « émeutes urbaines ».

Une France qui s’émeut du sort d’un bijoutier qui tire dans le dot d’un braqueur , arguant la légtime défense, quand le mec abattu était entrain de s’tailler.Mais qui s’interroge sur ce qui peut bien nous amèner à risquer nos vies à braquer un bijoutier dans une société qui te ferme toutes ses portes tout en te répètant pourtant que « quand tu veux tu peux« ?

8 ans plus tard, certains s’accrochent encore à  l’espoir qu’entre les murs d’un Tribunal justice soit faites pour Zyed et Bouna en renvoyant devant les juges ceux qui les ont laissé crevé…Mais même si on ne se fait aucun leurre sur l’issu d’un procés pré-écris pour redorer l’honneur de ses fonctionnaires qui auraient « fait le maximum » si un jour on pouvait réellement juger ces porcs,  bien sûr qu’on ne se contenterait pas de mettre au pilori les derniers pions d’un mécanisme bien plus vaste qui les a  amené inexorablement à pousser des mômes à prendre le risque de crever simplement pour ne pas se faire pécho… et par la suite à les regarder mourir en se permettant en plus d’en rire…

Car derrière cette chronique macabre de ce début de millénaire dans les quartiers occupés en France, c’est tout un mécanisme, toute une logique de terreur ,c’est  une main invisible qui lève le poing qui frappe, qui leur insuffle cette énergie malsaine, celle là même qui les qui les pousse à chasser des gosses , qui en plus n’ont rien fait- mais quand bien même!! – et qui les conforte ensuite dans ce sentiment d’impunité quand ces gamins meurent en tentant de leur échapper, caché dans un transformateur électrique. C’est ce sentiment qui leur est inculqué depuis des années d’avoir à faire à une sous-classe – pour ne pas utiliser un autre terme appartennant soi-disant au passé – , une sous-classe qui ne mérite pas dêtre traité comme leurs « citoyens lambda » ( ceux là même pourqui ils rédigent leur « protocole d’acceuil » dans les commisseriats ; leur soi-disant code de bonne conduite -à lire menotté au raditeur quand on se retrouve en GAV – écrit pour ceux qu’on traitera en « victimes » quand les autres ne peuvent être – avant même tout jugement-  que « coupables »: coupables de ne pas être né du bon cotés du périph, ou tout simplement dans le bon quartier, avec la bonne couleur de peau, la bonne religion, le bon sexe…etc..etc.

Si certains croient encore que l’argent n’a pas d’odeur c’est qu’ils n’ont visiblement pas constater l’évidence. L’évidence de l’odeur putride de la domination qui colle à chaque liasse. L’évidence avec laquelle le système politico-économique a totalement intégré les vieux relans racistes et sexistes pré-exitant à ‘exploitation capitaliste pour justifier d’autant plus cette « différence de traitement » qu’il porte comme sacro saint fondement. Pas de capitalisme sans exploitation de l’homme par l’homme. Pas d’exploitation sans le rapport de dommination qui va immanquablement de paire avec ce rapport d’exploitation – cette supériorité efficiente de l’exploiteur sur l’exploité. Ce système ne peut exister que par ce rapportIl ne peut exister sans engendrer ces rapports  et/ou se réapproprier ,en l’intégrant à sa mentalité, des rapports de dominations pré-existant à l’instauration par la force de son processus économique .

Peu importe si pour s’exporter à travers le monde, l’un de ses arguments massus, son « cheval de bataille », était de soi-disant prétendre  quasi-scientifiquement que la mise en place d’une « démocratie » ne semblait pouvoir avoir lieu qu’en parallèle d’une « libéralisation » de l’économie du pays concernésMais quelle démocratie? Une démocratie « libérale« ? Et que signifie « libéraliser » l’économie? Si ce n’est ne la laisser toujours plus sous le contrôle ceux qui concentrent déjà entre leurs mains la majeur partie des richesse de la planète(richesse monétaire et richesses naturelles privatisées).Quelle ironie aprés tout! Tant de mot semblant dériver du mot « liberté » pour ne nous imposer en tout et pour tout que la dictature du capital et de ses lois.

Ils aiment à se présenter comme les descendants des soi-disantes démocraties de la Grèce antique telle la « Démocratie athénienne ». Or celle-ci ne profitait qu’à une minorité,  qui pouvait d’autant mieux discourir sur la politique de la cité et de grande idées telle que « la liberté »  qu’il existait pour satisfaire ses besoins vitaux une caste d’esclaves privés de tout droit, forcés de travailler « gratuitement » pour nourrir ceux qui pouvaient ainsi se consacrer aux dignes palabres de la politique et à la philosophie.Des esclaves capable de réaliser matériellement tout les grand travaux fixé par la politique – la vie de la cité ; pour caricaturer : des eclaves qui faisaient vivre la cité de manière efficiente quand les discours politiques ne faisait que la théoriser.On peut donc effectivement constater ce qui les relie à leur modèle : il n’en sont finalement pas si éloignésLa démocratie sous un régime capitaliste reste un tout relatif « pouvoir au peuple »: c’est tout d’abord le pouvoir à celui qui en a le moyen.Le pouvoir politique d’un citoyen semble tout bonnement relatif à la part du capital national dont il dispose – ne reste qu’à rappeler le pouvoir et les passe droits dont disposent les Tapis, Bettancourt, Dassault et autre Bolloré . Quand il ne se contente pas de peser sur la politique ou d’être reçu sous les dorures de l’Elysées comme n’importe quel dictateurs qui se respectent, certains s’amusent même à se faire élire tel Dassault cumulant les roles de patron et d’élus. Tendance à la concentration des pouvoirs entre les mains de quelque uns qui ne fait que s’accélérer dans des technocraties ou le pouvoir comme toute chose est affaire de « spécialistes » : on a donc des « spécialistes du pouvoir ». Résultat assez élogné de « ses représentants du peuples » dont rêvaient nombres de ces révolutionnaires qui sont mort l’arme à la main pour établir « la République » ou même de ces résistants franc tireur partisan qui rêvaient d’une France libéré de ses occupants et de ses injustices sociales… Combien d’ouvrier siègent à l’assemblée ou juste?Quels sénateurs peut-on considérer comme étant issu du peuple?

Oh bien sûr…Rien de nouveau ici…

On n’apprendra pas grand chose à quiconque en ne répétant ainsi que ce qui ne s’avèrent plus qu’être que des évidences…Des évidences parmis tant d’autres qui ne cessent pourtant de nous faire hurler tant elles continuent d’exister.Comme on va vite à s’habituer au pire.D’autant plus lorsque les mass-media se font les hauts parleurs d’une classe dominante qui ne cesse de nous chanter le refrain de la fin de la lutte des classes. Alors que leur seule existence est à celle la preuve la plus indiscutable de l’existence concrète d’un sysème de classe. Alors que leur comportement – telle cette lithanie sur la fin de la lutte des classes sous entendant la fin de l’existence des classes même – est à lui seul la plus brillante demonstration de l’antagonisme qui ne peut qu’exister quand cohabitent deux classes aux intérêts divergent; deux classes qui ne se définissent d’ailleurs que par la logique qui les amène à s’opposer. Car l’une ne peut vivre qu’en vampirisant la vie de l’autre. Mais de toute manière pourquoi s’époumoneraient-t-ils donc tant à nous répéter que tout est finis si on en était effectivement là…

Dans ce cas n’aurions nous pas juste à le constater?

Dans ce cas chacun n’aurait-il pas qu’à ce réjouir d’une liberté et d’une égalité entre tous  qui se serait d’aprés eux miraculeuseument réalisé d’elle même avec  la chute du Mur du Berlin – symbole de la chute du Bloc de l’Est qui n’a pourtant jamais représenté autre chose que lui même. On a du mal à voire le lien de cause à effet et effectivement il n’y en a pas. L’écroulement d’une dictature là-bas ne garantie l’efficience d’une démocratie ici ( Les américains ont fait le même coups avec l’Irak, dénoncer la dictature de Saddam Hussein n’était qu’une grossière manoeuvre tendant à faire entendre à chacun qu’il n’existe pas de meilleur système que le leurs – peu importe les millions de travailleurs pauvres qui crèvent à tenter de survivre dans la première puissance mondiale).Nous n’avons aucune réelle nostalgie vis à vis de l’Union qui n’avait de « Soviétique » que le nom ( Les soviets étant – pour ceux qui ne le savent pas – les conseils d’ouvrier et de soldat sensé être à la base d’un Etat communiste).Brandissant la notion de « communisme » pour ne faire survivre pendant des décennies qu’un capitalisme d’Etat qui n’était pas plus la réalisation du travailleur desaliéné que le camps d’en face n’était la réalisation d’un « monde libre« . Une classe defonctionnaires bureaucrates  au service de ce Capitalisme d’Etat jouant là bas le rôle de classe dominante que jouent toujours ici la bourgeoisie – l’ensemble des capitalistes  qui se partagent le pouvoir économique « privé » .La chine illustre parfaitement ce faux paradoxe, en assumant totalement de ne garder son vernis de « folklore communiste » que pour conserver l’autoritarisme politico-économique du parti unique qui lui permet le plus grand contrôle sur cette maxi entreprise nationale qu’est la République Populaire de ChineUne approche quelque part plus franc du collier que le folklore des démocraties libérales, systèmes politiques dont les multiples partis  poursuivent finalement tout autant le même but : la pérennité du système capitaliste. En d’autres termes l’enrichissement continue d’une minorité se partageant les actions du capital mondiale par l’exploitation d’une majorité de travailleurs n’ayant pour vivre que la vente de leur force de travail.L’élection degouvernement de gauche et de droites n’étant que l’alternance de manoeuvre politique visant à ménager suffisament l’opinion soit en camouflant le cannibalisme effectif du système capitaliste par des mesures censé en adoucir les effets, soit par l’augmentation des mesures coercitives poussant chacun à rentrer bien gentiment dans le rang.L’alternance des deux tactic poursuivant toujours cette seule et même stratégie montre finalement qu’ils n’ont toujours rien trouver de mieux que l’alternance du batton et de la carotte pour faire avencer  entre les clous l’âne bâtté que nous sommes pour eux.

Que ceux à qui nous parlons d’insurrections visant le capital et l’Etat qui sont les deux machoires assassines de ce système et/ou de communisation cesse donc de nous parler de l’URSS.Nous n’avons jamais douté qu’ on ne gagnerait jamais rien à troquer une former d’aliénation pour une autre…

Mais toute la pourriture du pseudo communisme qu’on tentait  de nous vendre hier ne nous fera jamais oublier la merde du capitalisme dans lequel nous vivons toujours aujourd’hui.Si on a bien pu constater qu’une parodie de communisme ne faisait en rien disparaitre le noeud de rapports de domination qui constitue les systèmes de classe ( car ce que nous a finalement appris l’URSS c’est bien que le système de classe pouvait avoir plusieurs visages, quite à se calfeutrer outrageusement derrière le masque mortuaire de Karl Marx, qui restera tout de même celui qui l’a le plus scrupuleusement décrit), on ne cesse de constater la réalité que cache mal la soi-disante l’ « amélioration globale du niveau de vie  » que nous aurait apporté un capitalisme à l’ère du libéralisme mondialisé : des pseudos « apports » pour les uns (quelques tours de passe-passe de la société spectaculaire marchande, ou le « paraitre » ne cesse de triompher sur l’ « être »tout cela toujours payé par l’exploitationde travailleurs/euses ,exploitation toujours plus massive mais délocalisé loin des yeux des « consomateurs heureux » de manière à ce que ce système « paraisse » toujours moins lié à cette exploitation sans laquelle il ne peut pourtant exister.Faut-il attendre qu’un immeuble d’effondre au Cashmire ou en Birmanie écrasant les centaines de couturières qui y sont exploitées pour que le consomateur occidentale découvre que dans ce système le pseudo bien être des uns ne se paye que par le sueur des autres?Pfff…Le pseudo sursaut morale que constitue l’idéologie bobo du bio et de l’équitable nous ramène inéxorablement à cette dictature du paraître.Tout le monde le sait bien.Pas besoin d’avoir fait de grande étude pour faire la différence entre être libre et paraitre l’être. Même si on parle de commerce et de capitalisme on préfère tout de même que celui-ci paraisse équitable.Un petit logo suffira.Une photo de quelques paysans paraissant heureux et bien propre sur eux fera doublement l’affaire.Mais toute les paillettes des vies de substitution qu’ils nous offrent à regarder ne nous feront jamais oublier la médiocrité des rapports que pronent ces mêmes programmes d’abrutissement généralisé.On l’oubliera d’autant moins que cette médiocrité du « faux » monde de la télé réalité ne cesse d’imprégné le « vrai » monde de notre réalité sans télé.
Ainsi non seulement on se complait dans le rôle voyeuriste de spectateur de mise en scène de la vie des autres mais chacun peut avoir l’impression de se faire une place sous les spots light du spectacle 2.0 par blog interposé puisque la seule chose qui s’est réellement démocratisé c’est la capacité à mettre sa vie en scène . Une page Facebook, des photos de vacances, des goûts et des amis et ça y est…On peut même devenir son propre spectateur, ou du moins le spectateur de ce à quoi on aurait voulu que notre vie ressemble ( quite à retoucher deux trois détails sur photoshop).Mais seulement voilà… cette cyber life n’a aucune prise directe avec notre réalité…

La vrai vie commence quand les caméras s’éteignent. Quand les « gens » ne sont plus des « rôles » mais des « êtres », des êtres réels pris dans les antagonismes réels de ce système.

Poser devant la voiture de rêve dont on a toujours rêvé ne change rien à l’affaire.

Quoi qu’ils en disent même si les « hommes politiques » leur rendent visite quand les grèves sont si violentes ou si spectaculairement révelatrice de l’arnaque de base du soi-disantpacte républicain qu’ils craignent que cela détaigne sur le résultat de leurs prochaines élections, La vie d’un pauvre ne vaudra jamais celle d’un riche.

Quoi qu’ils en disent même s’il daignent faire semblant de les écouter quand ils s’organisent en lobby capable re représenter un certain pouvoir économique ou du moins un pouvoir politique qui prendra la forme d’un potentiel réservoire de voix quand il faudra rejouer le cirque deu « pouvoir au peule » , pour eux la vie d’un noire ne vaudra jamais celle d’un blanc, celle d’un musulman, celle d’un chrétien ou celle d’une femme celle d’un homme.

Et tout ça s’additonne et se multipie dans la misère de nos existences.Accumulation de « clichés » qui n’en sont pas moins vrai et la femme prolétaire lesbienne noire et musulmane cumule a elle seule toute les raisons d’être mal traité dans ce système.Même dans notre malheur face à la disparition de nos camarades, on ne peut encore que constater la différence de traitement dont bénéficiera un jeune homme blanc faisant ces études à science po comparé à celle de tous les jeunes de quartiers, fils ou petit-fils d’immigrése qui tomberont dans des rixes entre jeunes ou sous les balles de la police mais dont on ne connaitra pas même le nom. Tout au plus connaitra-t-on un chiffre, l’arme du crime et le quartier d’origine.Une indifférence générale qui s’exhibe avec les artifices spectaculaires de l’époque; l’artifice des chaines d’infos-continue – en réalité chaine de pub continue entreocupé d' »infos » à tel point qu’on ne sait plus quand commence l’un et ou s’arrête l’autre ;l’artifice de ces formules chocs et réductrices qu’on pourra répéter au comptoire ou face à la boulangère aprés les avoir lu à la une du Parisien. « Un coup d’kalash de plus dans les quartiers nord de Marseilles »…

Les circonstances sont différentes mais si d’un cotés le caractère politique est brandis dés le début par les protagonistes dans l’autre cas même dénié par l’ensemble des observateurs la violence des quartiers et l’image de ces jeunes sur le carreaux n’illustre pas moins les conséquences de situations économiques, politiques et sociales particulières…Celles des réalités d’un système dans lequel on ne peut survivre que de certaines manières dés lors qu’on déambule dans ses marges…La réalité de sa misère ( sa véritable misère, pas celle mis en scène dans certains lieux où on peut encore se jouer de l’exotisme d’une clochardisation à effet et  durée limité ). La misère dans la désintégration des rapportsdans l’atomisation des individus…jusqu’au chacun pour soi. Brandis même comme une profession foi dans les textes de rap des morceaux les plus écoutés.Ce « chacun pour soi » qui semble même parvenir à s’ériger au de là de la logique de bande,là ou celle-ci a remplacé depuis longtemps la solidarité de classe, au moins dans le vocabulaire – tant tout a été fait pour qu’on en oublit  le sens même lorsqu’on faitencore preuve de « solidarité de classe » .La misère des rapports c’est aussi cela : leur rétrecissement. On se battait pour sa classe, puis pour sa « communauté », pour sa bande ou son coin de rue…à la fin on ne se bat que pour soi. C’est l’atomisation. Rêvé par le système car seule sa généralisation la plus complète est capable d’empêcher une juste, logique et légitime réponse constructive à un problème qui ne cessera jamais d’être « collectif ».

D’ailleurs les policiers se frottent les mains, des jeunes de quartiers qui se tirent dessus, c’est selon leurs propres mots « la racaille qui fait  leur boulot à leur place ». Car beaucoups ne s’en cachent même plus, pour la bonne survie du système capitaliste ,et de la classe dominante qui en tire les ficèle, en ramasse les marrons du feux et lache quelques miettes à ses serviteurs zélés, le but est bien l’anéantissement social pure et simple des « irrécupérables »…la taule, l’H.P., le suicide, le cachetonnage et sa mort cérébrale, les élever les un contre les autres qu’ils s’annihilent eux-mêmes...l’éloignement, la réclusion, la  disparition sociale, physique, mentale ou économique. Tout est bon pour oter toute « volonté de puissance » et toute « puissance de la volonté » à ceux qui leur apparaisse comme « les classes dangereuses » – tous ceux qui ,à juste titre, n’ont comme seul intérêt que d’être des dangers immédiats pour ce système qui ne leur promet que l’annihilation.

Les jeunes anarchistes et/ou antifa assassinés  cumulent eux des caractéristiques qui au yeux de la logique dominantes font d’eux des traîtres en puissance. Une cinquième colonne. Le plus souvent blanche, issue des classe moyennes ou élevées, elle a fait le choix de se battre contre ceux qui entendent bien profiter des privilèges que leur offre un système classiste, sexiste et raciste. Le vers dans la pomme.Bref l’ennemi se désolent tout juste de n’avoir pas réussi à les remettre sur le bon chemin, pour ceux qu’ils considèrent parfois comme des brebis égarés ( puisque tout de même né avec les caractéristique de celui « à qui tout doit réussir »). Puis une fois qu’ils se rendent à l’évidence qu’il n’y a plus rien à en tirer, ils aiment à répéter « qu’ils ne valent pas mieux qu’eux« . Eux? Qui? Les unter-menschen de la République…Et ils seront traité comme tel…

Alors qu’avons nous à attendre d’une telle société, D’un tel système, D’un tel monde? Nous ne sommes que le fruit maudis de son incontinence… Des erreurs psycho-pathologiques passé à travers les mailles du filet des eugénismes médico-socio-éducatif…

Des petites bombes à retardemant, qui s’entrechoquent les une contre les autres, jusqu’à l’implosion, quand les responsables de notre déperdition existe bel et bien..Tous à l’école des martyrs…Collé sous surveillance par les flics, les services sociaux ou la DCRI , en attendant la brimade de trop, l’humiliation qui fait déborder le crâne… Ce qui leur fait craindre le fameux « passage à l’acte »…Mais depuis combien de temps  passe-t-on à l’acte envers et contre nous?

Car il existe bien un nous, si chacun vie individuellement les attaques du système, ceci ne résulte pas moins d’une stratégie de grande ampleur visant à tous nous atteindre tout en nous éloignant les uns des autres.L’ennemi commun se désigne de lui même dans sa perséverance à nous condamner à l’impuissance à tous les étages de notre existence.

Combien faudra-t-il de morts, de prisonniers, d’internés, de reclus, d’amis suicidés, camé, auto-médicamenté aux drogues dures ou cachetonné sous benzodiazépine  – avec assistance médicale pour rejoindre les champs de légumes sur patte qui fleurissent dans le métro et les jardins de leurs « maisons de repos« –  combien d’êtres dits « sensibles » poussés à travers les portes de la folie dans les puits sans fond de la démence, réduits à l’éternelle solitude de l’asociabilité programmée, combien faudra-t-il de pétages de plombs…pour que tout ça leur pète définitivement à la gueule?

A encore combien de derniers jugements devront nous faire face pour que eux connaissent notre Jugement Dernier?

Qu’on exhibe enfin  fièrement ces damiers qui nous servent encore de sourire pour leur souhaiter un ultime et assassin « Joyeux Doomsday » avant de pisser nos dernières pluies acides sur les ruines fumantes de ce tas d’immondice qu’ils appellent civilisation…

Crève pourriture crève

S’ils sont la civilisation, soyons la barbarie! Et nique leur civilisation!Ses mensonges, ses rêves insipides et cette fosse commune qu’ils appellent société!

Brûle Pourriture Brûle!

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 « il se fît un violent tremblement de terre,et le soleil devint aussi noir qu’une étoffe de crin, et la lune devint toute entière comme du sang, et les astres du ciel s’abattirent sur la terre comme des figues avortées que projette un figuier tordu par la bourrsque, et le ciel disparut comme un livre qu’on roule, et les monts et les îles s’arrachèrent de leurs places. (…) Car il est arrivé le Grand jour de la Colère, et qui donc peut tenir? »

RADIO KLANDESTINE #30

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DOOMSDAY

 

Instru: ENO KAES 2013 / Lyrics: Enedeka Maska

Enregistrement Avril 2013 Paris XXe Unikogree @ Eno Kaes HomeStudio

Pétage de plomb, y a pas de plan B

Cervelle plombée pour le Doomsday!

ANARCHO CRUNK / KLASS WAR MUSIC

Arnako-punk / Refrain 2pique

Anarchocrunk refrain épique

anarcho punk : Doomsday Graphic

Le train de la vie , moi je l’ai fraudé, toi je t’ai vu j’té ton ticket parterre

C’est vrai que y a de quoi être frustré par l’exploitation hebdomadaire

Sept jours à se faire baiser pour le Week End s’envoyer en l’air

je crois bien qu’un jour je vais me tailler m’arracher vers d’autres atmosphère

les laisser s’entretuer dans un grand Doomsday nucléaires

DOOMSDAY nucléaire

Un jour ça va méchament charcler déjà que le quotidien c’est la guerre

le quotidien c’est la guerre

ça fait longtemps que j’ai choisis mon camps que j’ai dit à ceux d’en face d’allez se faire!

le quotidien c’est la guerre – de classe

le quotidien c’est la guerre- cannibale!

Il bouffe ses propre enfant qui ne demande quà s’en sortir

Parle d’intégration en les excluant, tous, tous, tous à l’école des martyrs

à l’école des martyres!A l’école des martyrs!

Tous à l’école des martyrs

tous tous tous à l’école des Martyrs!

Pas besoin de finir salafistes

pour savoir que ce monde est sale fils

400 000 nouveaux Millénaristes

qui voient ce monde courir sur la piste

du DOOMSDAY planétaire!!

Tous produit de l’enfance atomique

dégénerescence de la course au fric

du Doomsday planétaire (bis)

tu voulais avoir ce dont tu rêves

ils t’ont fait rêvé de ce que t’as

travailler jusqu’à ce que tu crèves

pour faire de toi un zombie de l’achat

zombie de l’achat (bis)

un zombie de l’achat (bis)

il faut bien rentabiliser cette putain de semaine à trimer

ici on rêve tous d’atomiser oui ce système fait pour nous brimer

ce système fait pour nous brimer

système fait pour nous brimer

ta-ta-ta-taliban de l’antifrance

banlieusard des ban de l’anti-monde

on compte plus les siècles de souffrance

on entend plus que la colère qui monte!

plus qu’La colère qui monte! (bis)

Va-z-y ramène tes collègues immondes

écouter la colère qui monte

la colère qui monte (bis)

putain y a plus rien qui t’appartient

ton seul plaisir la marque de tes pompes

tu te demandes bien pourquoi tu tiens

il est temps de sortir le fusil à pompe!

Pétage de plomb, y a pas de plan B

Cervelles plombées pour le DOOMSDAY

ANARCHOCRUNK KLASS MUSIC

ANARKOPUNK REFRAIN EPIK

ANARCHOCRUNK KLASS MUSIC

ANARKOPUNK H-WAR MUSIC

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Chose promis chose due,  aprés quelques 15 000 visiteurs perdus nous voilà à fêter la 30eme Radio Klando Permanente dans un vibrant appel à l’Apocalypse de nouveaux Millénaristes débarassés de Dieux mais tout aussi prés à se réaliser… Morceau exhibé également à l’occasion de l’imminente sortis de I RAP II KLASS, ce maxi qui n’en est peut-être plus un mais qui reste un Street CD  Violemment Antagoniste et Klassiste, du son pure sang Anti-France Anti-porc des entrailles de l’Armée des 400 000 vomis à la gueule de ce monde de merde…

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Tout ça devrait voire définitivement le jour en Octobre 2013, du Enedeka Maska, sur des instru Eno Kaes et de Unik Ogree enregistré par Shai Hulud avec un couteau entre les dents et les moyens du bords, tout çe bien sûr illustré par TWK, avec des feat. de Eretik, Unik Ogree et Shai Hulud en attendant la Radio Klandestine volume 4.On ne change pas la recette d’un cocktail qui pète…

I RAP II KLASS (play list)

1) Intro: I RAP II KLASS

2) II COUPS DE BAGUETTES I PAIN DE PLASTIK

3) DOOMSDAY

4)A L’OUEST RIEN DE NOUVEAU ( This is Class War Part.1)

5)LA VIE DES ENCRIERS

6)CARTE A GRATTER

7)DIRECTE ACTION ( This is Class War Part.2)

8)S.K.P. (Squatteur Kasseur Paris)

9)400 000 EST MON ARMEE

10)RK4 (le teaser) feat. ERETIK, UNIKOGREE ( H.WAR Kollektif)

11) OUTRO: BOULLE NOIRE feat. SHAI HULUD

 

Rendez-Vous le Moi prochain avec Un nouvel indédit digne de ce nom.

PS: Enedeka Maska tient à remercier tous les gens rencontré lors des deux derniers concerts au pays des Breizh Brûlantes à Tremargat avec la Rakaï Anarchist Party (le 07/09/13) et à Bovel (Concert Enedeka Maska le 14/09/13). Ciùer pour l’accueuil et tout c’était chanmé. Dédicace à Sylavin,Armand Insolite et sa Compère, Sticky Snake – Alerte Rouge et toute la bande, Fred Fémure, Malaise…etc et tout ceux qu’on a croisé!!

– Cette page est encore en cours de réalisation si vous lisez ces lignes, des problèmes « techniques » font que le texte n’est sans doute pas encore tapé et corrigé complètement et que le morceau n’est sans doute pas encore mis en ligne n’hésitez pas à revenir checker, l’ensemble devrait être terminer avant le 25 septembbre 2013 –

 

A LIRE: L’incendie Millénariste, Yves DELHOYSIE – Georges LAPIERRE, OS CANGACEIROS 1987

lu sur http://enedeka.e-monsite.com/

Les ouvriers bloquent des rues et mettent le feu

Des dizaines de milliers d’ouvriers du textile ont bloqué des rues, mis le feu à des usines et se sont heurtés à la police lundi, exigeant un salaire mensuel minimum équivalent à 100 dollars.

Jusqu’à 200.000 ouvriers ont manifesté lundi pour le troisième jour consécutif, selon Abdul BAten, chef de la police du district de Gazipur, près de la capitale Dacca, où plusieurs centaines d’usines textiles sont implantées.

Quelque 300 usines ont été fermées pour prévenir toute attaque d’usines de la part de manifestants, a précisé son adjoint, Mustafizur Rahman. «La situation est très volatile. La police a tiré des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes pour disperser les ouvriers incontrôlables», a-t-il ajouté, précisant que plusieurs dizaines d’ouvriers et quelques policiers avaient été blessés.

Les manifestations contre les faibles salaires et les mauvaises conditions de travail ont secoué le secteur de l’habillement du Bangladesh depuis l’effondrement en avril du Rana Plaza, qui a tué plus de 1.100 personnes. Dans le faubourg de Savar, où l’immeuble s’est effondré, des ouvriers en colère ont mis le feu à au moins deux usines, a déclaré Reaz-Bin-Mahmood, vice-president de l’association des fabricants et exportateurs de vêtements du Bangladesh.

Le pays exporte pour Walmart, H&M et Carrefour

Le Bangladesh est le deuxième exportateur de vêtements au monde, fournissant notamment des grands noms tels que l’américain Walmart, le français Carrefour ou encore le suédois H&M. Pilier de l’économie, le secteur avec ses 4.500 usines représente 80% des exportations annuelles s’élevant à 27 milliards de dollars.

Mais la grande majorité des 3 millions de travailleurs ne gagnent qu’un salaire de base mensuel de 3.000 taka (38 dollars) – soit un des plus bas au monde – suite à un accord tripartite entre les syndicats, le gouvernement et les fabricants signé en août 2010.

En juin, le gouvernement avait mis en place un groupe de travail spécial pour examiner les salaires et les syndicats ont demandé un salaire mensuel minium de 8.114 taka (100 dollars). Les propriétaires d’usine ont rejeté la demande, affirmant qu’ils pouvaient augmenter les salaires de seulement 20%, à 3.600 taka, en raison de la conjoncture économique mondiale morose.

tiré surhttp://www.20min.ch/

lettre ouverte d’un anarchiste indigène à un anarcho-colon

Pour en finir avec le communautarisme majoritaire et le suprémacisme européen

par Karim Ramadan
14 août 2005

La loi sur le voile n’a pas seulement dévoilé de force des adolescentes qui n’avaient rien demandé. Elle a aussi dévoilé, au sens figuré, la gauche et l’extrême-gauche française. Elle a notamment montré à quel point des « athées » militants, des « laïcards » et des « anti-cléricaux » farouches pouvaient se révéler pieux et soumis au nouveau Clergé que constitue la Télévision ; à quel point des adversaires proclamés de « l’intégrisme » ont promu l’adoration intégriste d’une « Laïcité » mythifiée, allant jusqu’à forcer des adolescentes à se découvrir ou à se déscolariser. Elle a enfin dévoilé les libertaires [1] : au lieu de défendre le principe inaliénable de la liberté de conscience et le droit à l’éducation pour tou-te-s, la majorité des « anarchistes » ou « libertaires » français a accepté [2] (et parfois même approuvé) une loi répressive qui frappait des femmes, pour la plupart pauvres et victimes du racisme. Ils ont accepté par la même occasion que ce soit l’Appareil d’État qui mène le combat anti-religieux, traditionnellement dévolu, dans la tradition anarchiste, à l’individu et aux collectifs militants. Le texte qui suit, issu d’une liste de discussion anticolonialiste de la mouvance libertaire [3], s’en prend à cet anarchisme franco-français plus anti-religieux qu’anti-étatiste et plus autoritariste que libertaire. Il le qualifie de colonial, en des termes véhéments, mais qui nous paraissent hélas adaptés aux dérives qui se font jour jusque dans la mouvance libertaire française – on est tenté de dire franchouillarde…

Salut,

Ton intervention paternaliste [4] montre l’énormité du
travail a accomplir chez les anars francais et chez
les petits colons de gauche en général.
Ton monologue est basé sur une hystérie politique, sur
un intégrisme et un sectarisme politique abject.
De plus tes accusations ridicules montrent ton
ignorance des groupes et individus que tu calomnies.
Ma compréhension de l’éthique libertaire, c’est de
commencer par savoir de quoi et de qui on parle, de
fonder son commentaire sur une expérience personnelle
ou sur une communauté de vécu d’une situation. (Sans
avoir besoin pour autant d’être un spécialiste)

Visiblement, certains colons de gauche, de la secte FA [5]
à la secte LO, ont une éthique à géométrie variable.
La violence machiste dans certains congres de la FA
devrait pourtant amener une réflexion sur les
pratiques et les discours face au patriarcat puis, qui
sait, rêvons toujours, peut-être un jour sur le
racisme…

Mais je ne perdrais pas une seconde a répondre aux
accusations proférées et aux amalgames [6]. Simplement, je te souhaite de relire quelques mots que
tu as tapé sur ton clavier : « liberté de conscience ».

Des réactions racistes et arrogantes sur cette liste [7],
aucune n’offre de critique argumentée du texte de
Sadri Khiari [8].

Idem, aucune argumentation pour étayer les accusations
dégueulasse et policières envers l’Appel, envers
l’UOIF ou envers Tariq Ramadan – qui sont en plus
amalgamés, ce qui est une autre pratique journalistique
et policière qu’endossent volontiers les colons de
gauche quand il s’agit de fermer sa gueule au
bougnoule qui-n’a-pas-son brevet-d’universalisme.
Pourtant, les élites françaises sont maîtres dans l’art
de la production intellectuelle strictement « négative »
(élaboration d’un discours centré uniquement sur la
déligitimation de toute tentative de modification de
l’ordre social, politique ou culturel).

On voit le résultat dans cette France minée par le
cynisme, l’Apartheid, et secouée épisodiquement par un
activisme citoyenniste et corporatiste des classes
moyennes appauvries de la communauté dominante et des
fonctionnaires de l’état colonial.

D’ailleurs, un colon libertaire français s’est essayé
récemment à cet exercice d’éditorialiste à gages, du genre
Philippe Val, contre l’appel des indigènes.
Son argumentation était prévisible : l’appel serait un
sursaut du tiers-mondisme marxiste (allié au complot
islamiste).
Au moins a-t-il essayé de rationaliser son refus de
confronter ce qui fait de sa posture celle d’un petit
colon et d’un nouvel « antisémite-islamophobe » :
endoctrinement eurocentriste, narcissisme identitaire
de la communauté dominante, culture chrétienne
refoulée et « laïcisée », richesse de la praxis libertaire
figée dans le sectarisme de la pensée-slogan.

La pensée-slogan devrait pourtant être le domaine réservé de
la publicité, de l’État, des rituels religieux et de
leurs messages autoritaires. Mais on le sait, elle
remplace souvent la pensée autonome et critique,
surtout lorsque le militant « de gauche » ou « libertaire »
réveille en lui le colon et l’éducation suprémaciste
dans laquelle il baigne depuis sa naissance – et de
laquelle il pense s’absoudre magiquement par
l’activisme « antifasciste », par le paternalisme
« antiraciste » ou encore par le tiers-mondisme
léniniste-populiste. Chez le libertaire, c’est souvent
pire, puisque le non-autoritarisme formel peut
renforcer la rigidité du discours et le refus de
mettre à l’épreuve son propre regard sur les réalités
sociales.

Par contre, je ferai suivre ta lettre de petit colon à
quelques ami-e-s indigènes, qu’ils-elles n’oublient pas ce
qu’ils savent déjà : les ennemis politiques les plus
hypocrites et fanatiques sont à gauche, des caviards
PS aux prêcheurs laïcistes, léninistes ou
« anarchistes ».
Je met parfois des guillemets parce que je ne me
résouds pas, en tant qu’anar, à limiter l’anarchisme
et ses diverses réalités mondiales au seul discours
sclérosé de quelques militant-e-s français.

Les indigènes ne peuvent compter que sur eux-mêmes et
ne s’attendre à aucune solidarité militante, sauf
celle bourrée d’arrières-pensées électorales de quelques
zombies rescapés du trotskysme électoral ou des
Verts.

p.-s.

Site des indigènes de la République : www.indigenes-republique.org

notes

[1] Par « les libertaires », nous entendons les trois grandes organisations qui se disent libertaires : la Fédération Anarchiste, la CNT et Alternative Libertaire. Cette dernière se distingue par une prise de position contrela loi anti-foulard, mais elle n’a pas plus que les autres pris part à la mobilisation contre cette loi. L’OCL (Organisation communiste Libertaire) a également pris des positions contre cette loi. Seuls quelques militants de l’OCL et de la CNT, minoritaires au sein de leur organisation, se sont engagés contre cette loi et pris part à la dynamique Une école pour tou-te-s. Certain-e-s ont aussi signé l’Appel des indigènes de la République.

[2] Au sens où ils n’ont opposé aucune résistance, n’ont pris part à aucune des mobilisations organisées contre la loi anti-foulard. Ils n’ont notamment pas rejoint le Collectif Une école pour tou-te-s, pourtant mobilisé sur des bases libertaires. Cf. la Charte de ce collectif, et P. Tévanian, Tentative de cartographie (textes en ligne sur www.lmsi.net)

[3] Nous reproduisons ci-dessous le message auquel répond Karim Ramadan. Il est paru sur la liste de discussion « néocolonialisme_france », une liste d’orientation libertaire consacrée à la dénonciation de la « Françafrique ». Il est signé par un militant de la Fédération anarchiste, dont nous avons choisi de ne pas mentionner le nom, l’important n’étant pas de stigmatiser un individu mais de critiquer un discours. Voici son contenu, entrecoupé de quelques commentaires :

« Ci-dessous, un article du « Monde libertaire » à
propos des « indigènes ».
Analyse que je partage. Je tiens à souligner qu’il
faut en finir avec les
tentatives d’intimidation qui consistent à traiter
de « colonisateur » et de
« raciste » toute personne tenant à défendre le
principe de laïcité et luttant
contre toute forme d’intégrisme religieux, qu’il
soit chrétien, musulman ou
autre. La laïcité est la vrai cible de cet appel
(qui soutient le voile). »

Remarque : cette dernière affirmation est un pur mensonge. La lecture de l’Appel en question montre que la laïcité n’est à aucun moment la « cible », pas plus que le voile n’est « soutenu ». Une phrase dénonce la loi excluant de l’école les élèves qui portent le voile, ce qui est tout à fait différent. Cette dénonciation vient au milieu d’une dizaine d’autres, portant sur des problématiques dans lesquelles le voile est totalement absent.

« Elle est pourtant la seule façon de garantir la
liberté de conscience et
permet de croire ou de ne pas croire et de préserver
tout système collectif
des critères religieux. Songez à l’Irlande du Nord
par exemple qui souffre
toujours du manque de laïcité. Je suis libertaire,
donc « ni dieu ni maître ».
Les luttes pour l’émancipation s’opposent de la même
manière contre les
chrétiens anti-IVG que les islamistes comme Tarik
Ramadan et l’UOIF.
Renseignez-vous sur les discours sur l’homosexualité
des prédicateurs comme
les frères Ramadan et ceux de l’UOIF – c’est aussi
homophobe et écoeurant
que feu-Jean-Paul II et le pape actuel ! ! ! »

Remarque : cette affirmation est elle aussi mensongère. Tariq Ramadan a beau refuser de reconnaître une égale légitimité aux unions homosexuelles et hétérosexuelles, il a beau s’opposer à l’égalité des droits matrimoniaux et parentaux entre homosexuels et hétérosexuels, il n’a pas à notre connaissance tenu des propos haineux comme ceux de Jean-Paul II, reproduits sur ce site dans la rubrique « Etude de cas » (sous-rubrique : « Homophobies »). Quant à Hani Ramadan, peut-être a-t-il des positions plus violentes sur l’homosexualité, mais il n’est pas signataire de l’Appel des indigènes. Disqualifier un texte politique en invoquant les positions du frère de son 1300ème signataire, cela nous paraît très éloigné du rationalisme dont se réclame la mouvance libertaire…

« Le discours identitaire des « indigènes » rejoint
celui du Bloc identitaire.
Nous sommes selon leur logique avant tout des
« indigènes » ou des « français
de souche » et non plus tous des déscendants
d’immigrés. On cherche à creuser
un fossé héréditaire selon des origines que personne
n’a choisi. Où sont les
solidarités de classe là-dedans ? Ces logiques nient
toute problématique de
luttes sociales et anticapitalistes. Elles font donc
le jeu et le bonheur du
Medef. Cette logique, c’est la mort des solidarités
des salariés. »

Remarque : là encore, nous renvoyons à la lecture de l’Appel des indigènes, suffisante pour mesurer l’abjection de l’amalgame « Indigènes = Bloc identitaire ». Cet Appel ne creuse aucun fossé ; il constate l’existence d’un fossé, et l’indifférence générale que suscite son existence. Il appelle donc à une mobilisation pour le supprimer. Quant aux solidarités de classe, loin de les condamner à « mort », il y appelle dans sa conclusion.

« Derrière les « indigènes », il y a Ramadan (voir le
CMF – collectif des
musulmans de France), leur appel a été diffusé par
Oumma.com (site
pro-Ramadan). La lutte anti-coloniale – nécessaire
et légitime – est ici
instrumentalisée au service d’une idéologie des plus
exécrables – celle des
Frères musulmans – où la vision d’un islam
totalitaire cherche à dominer une
population dont ils s’autoproclament les
« propriétaires ». Les premières
victimes sont les femmes et les « indigènes » font du
voile une de leur
revendication. »

Remarque : tout cela est mensonger. Mensonger par omission pour ce qui concerne Tariq Ramadan (simple signataire) et le CMF (l’un des trente individus ou collectifs initiateurs de l’Appel) ; pure fiction pour ce qui concerne le voile : le port du voile n’est pas « revendiqué » par l’Appel des indigènes. C’est la liberté individuelle – un principe on-ne-peut-plus libertaire – qui est défendue : le droit de porter un foulard si on l’a décidé ainsi, sans risquer d’être stigmatisée, insultée, exclue et déscolarisée. Enfin, nous mettons au défi ce camarade de la FA de trouver dans l’Appel des indigènes la moindre trace d’une velleité d’ « Islam totalitaire ». Une lecture attentive montre au contraire que si l’on peut caractériser les sources idéologiques qui sous-tendent cet Appel, c’est l’anticolonialisme bien entendu, mais également l’idéologie libertaire !

« Comment ne pas voir dans ce voile
l’affichage de la
soumission de la femme à l’ordre patriarcal et
religieux ? »

Remarque : La réponse est évidente : on peut suspendre ce jugement (foulard = affichage d’une soumission à l’ordre patriarcal) tout simplement à partir du moment où une femme qui le porte nous dit le contraire : qu’elle a choisi de le porter pour de tout autres raisons, qu’elle refuse toute soumission à quelque homme que ce soit, et qu’elle combat l’ordre patriarcal. Dès lors, quelles que soient les autres dimensions du foulard, y compris les usages et significations patriarcales et sexistes qui s’y rattachent, les choses deviennent forcément plus complexes. À moins bien entendu de refuser toute valeur à la parole d’une femme portant le foulard. Ce qui n’est à notre sens ni très féministe, ni très libertaire.

« On peut aussi souligner à propos de l’histoire de la
colonisation que la
république n’a pas chercher à « laïciser » les
colonies. Le statut « personnel »
permettait très bien au musulman de vivre sous
juridiction musulmane – du
moins dans certaines colonies (Les Comores et,
jusqu’à récemment, Mayotte).
Dire que la laïcité est « néocoloniale » est donc une
manipulation
inadmissible. »

Remarque : nous sommes là encore dans le pur mensonge : l’Appel des indigènes – que, décidément, nous ne pouvons que conseiller de lire ! – ne prétend à aucun moment que la laïcité est néo-coloniale. Il dit tout autre chose : que le néo-colonialisme s’est manifesté dernièrement en se drapant de manière « frauduleuse » derrière la bannière de « la laïcité ».

L’article du Monde Libertaire (n°1396 – 28/4/2005)
:

« L’Appel… ou la voix des amis de Ramadan »

Par Georges Lecardinet – Groupe Sacco et Vanzetti de la
Fédération anarchiste

« Depuis quelques semaines, « l’Appel des indigènes »
circule. Il provoque de
nombreux remous dans les associations et partis
politiques. Les « intellectuels de solidarité », inévitables et
inconditionnels soutiens, ont
rapidement apposé leurs signatures. La lecture
attentive laisse apparaître
pourtant un texte d’instrumentalisation avec une
logique politico-religieuse. Nous avons affaire à une attaque contre la laïcité
et non à une juste
condamnation du colonialisme. »

Remarque : Nous sommes là encore dans le pur mensonge. La laïcité n’est nulle part attaquée dans l’Appel des indigènes. C’est vérifiable en lisant cet appel.

« De nombreux militants
refusent non seulement
de travailler pour l’UOIF, mais organisent la
riposte. »

Remarque : le mensonge implicite concernant la présence de l’UOIF dans la mouvance des indigènes de la République dénote non seulement une profonde malhonnêteté intellectuelle, mais aussi une ignorance crasse du champ associatif musulman. Car l’UOIF est non seulement absente de l’initiative des indigènes, mais plus que cela : antagoniste. Cette organisation adopte en effet de longue date une posture d’allégeance à l’État républicain. Elle est notamment partie-prenante du Conseil Français du Culte Musulman, monté par Nicolas Sarkozy… que critique l’Appel des indigènes !

« Tout le monde s’
accorde pour affirmer que
l’égalité des droits n’est toujours pas une réalité
malgré les belles
envolées républicaines, mais certains découvrent un
texte pour le moins pensé
et politique dès le départ. Partout les laïques font
face aux adeptes “une
laïcité ouverte aux religions”. Le comité national du
MRAP du 15 mars 2005,
après un débat houleux sur « l’Appel des indigènes
», arrive à déclencher
comme réaction, l’apparition publique (et pour la
première depuis sa
création) d’une tendance. Les laïques lassés des
prises de positions
religieuses de la direction se
regroupent et lancent un site
:http://avenirdumrap.over-blog.com/ Les Verts
se divisent sur la décision de leur direction de
rencontrer les initiateurs
de « l’Appel ». Des responsables du parti, A.
Lipietz, A. Boumediene, et S.
Coronado le signent dès le départ. A. Filippetti
estime
ouvertement que ce texte vise à « ethniciser les
problèmes sociaux » et que
« c’est un pas supplémentaire vers le
communautarisme » ; nombre de
militants alertés demandent que les Verts organisent
vite un débat « de
fond » sur le sujet, ce à quoi s’engage Y.
Wehrlingen faisant rapidement
savoir à l’AFP que les Verts « ne signent pas ce
texte et ne le signeront
certainement pas ». La LCR, de son côté, inquiète que
le parti se laisse
entraîner par les adeptes de combat type « une école
pour tous », réagit par
sa Direction Nationale. Le n° 2106 de Rouge publie
la position majoritaire
de la DN, critique envers « l’Appel ». L’Union
Départementale CGT, comprenant
l’enjeu de « l’Appel pour les assises de
l’anticolonialisme postcolonial »,
refuse de prêter les salles pour ces fameuses
assises qui devaient se tenir
à la Bourse du Travail de Paris, le samedi 16 avril. »

Remarque : il est amusant de voir un libertaire préférer des arguments d’autorité aux arguments sur le fond. Il est plus amusant encore de voir à quelle autorité il fait allégeance pour la circonstance : la minorité réactionnaire du MRAP (dont le site, auquel renvoie cet article, est d’une affligeante pauvreté, et n’a rien trouvé d’autre à opposer à l’Appel des indigènes que la publication en ligne d’un pamphlet national-républicain tiré de l’hebdomadaire Marianne !), les dirigeants de la gauche plurielle et de la LCR (la Commission Immigration et l’organisation de jeunesse de la LCR ayant, pour leur part, pris parti publiquement en faveur de l’Appel des indigènes) et la Direction régionale de la CGT (alors que des militants CGT sont aussi signataires – et même initiateurs – de cet Appel).

[4] L’auteur s’adresse à l’auteur du texte reproduit dans la note 1

[5] Fédération Anarchiste

[6] Les principaux amalgames ou accusations sont relevées et commentées par le collectif Les mots sont importants dans la note 1

[7] L’auteur fait allusion à la liste de discussion « anticolonialisme-france ». Il tient à préciser que tous les contributeurs de cette liste n’ont pas versé dans la diabolisation des indigènes de la république.

[8] Il s’agit du texte « L’indigène discordant » (en ligne sur le site www.lmsi.net), que Karim Ramadan avait adressé sur la liste de discussion « anticolonialisme-france »

lu sur http://lmsi.net

[Ile de france] Le “sourire du banquier”…

Ce que cache le “sourire du banquier” …     

Chronique de la chasse aux pauvres en banlieue nord-est

bankerCette expression, « le sourire du banquier » est le doux nom d’une pub plastifiée que les habitant-e-s de Bagnolet et Montreuil ont pu recevoir dans leurs boites aux lettres le mois dernier.

Et ce n’est même  pas une blague…

Une pub avec des fleurs qui sourient et qui proposent des partenariats avec la banque pour  devenir propriétaire…

La logique est imparable : « devenez propriétaire de votre logement » et donc « plus de problème » ! Sauf que l’ultime majorité des gens qui vivent dans les quartiers populaires de la banlieue parisienne n’ont évidemment pas les moyens d’investir dans la propriété (plus de 70% sont locataires rien que pour Bagnolet par exemple).

L’opération consiste donc à « offrir » un crédit. C’est le grand jeu du « tous proprios » (c’est  à dire « particuliers ») : en clair tous et toutes endettéEs…  Ce qu’il faut comprendre, c’est que cette opération vise à doublement endormir les locataires non-propriétaires. D’une part en leur faisant miroiter la fausse solution de propriété à crédit, et d’autre part en faisant croire aux plus pauvres que « tout le monde » peut « devenir proprio ». Ce qui est bien évidemment faux…

Le prix de la vie ne fait qu’augmenter. Les petits commerces locaux sont remplacés par des enseignes plus chères (souvent de type « bobo »), et dans les supermarchés, les prix augmentent aussi. A Bagnolet comme dans pas mal d’autres villes en banlieue, les propriétaires –de concert avec la mairie- font monter les prix de l’immobilier en faisant jouer la spéculation. Mais ce qu’on appelle la spéculation n’est qu’un rouage dans un processus beaucoup plus vaste. Processus qui va consister notamment à laisser les logements ou d’autres bâtiments vides pendant des années (moins de logement disponibles = rareté = augmentation des prix). Ainsi, dans le même temps, la mairie utilise les bâtiments et terrains qu’elle possède en posant des projets d’infrastructures qui correspondent à la nouvelle population qui s’installe progressivement sur le quartier telle que médiathèque, jardins particuliers, théâtres, etc. Infrastructures dont ne bénéficient évidemment jamais ou presque les quartiers les plus pauvres et dont le contenu marchand ou culturel est clairement à destination des riches.

Ou alors la mairie rachète de nouvelles friches qu’elle laisse vide. La nouvelle population est donc composée quasi-exclusivement de bourgeois qui sont les seuls à pouvoir racheter les nouveaux logements construits ou ceux rénovés après avoir été laissés délibérément vides pendant des années, et parfois même plusieurs dizaines d’années. C’est ce que la mairie appelle « la rénovation » -ou- «restructuration urbaine ». C’est ce que d’autres –comme nous- appellent la gentrification (même si ce terme ne résume pas l’ensemble du processus d’urbanisation et ses implications).

Mais ce phénomène n’est évidemment pas le fait du hasard, et repose aussi sur cette escroquerie qui consiste à faire miroiter aux pauvres l’accès à la propriété qu’ils n’auront jamais, ou pas les moyens de rembourser, du moins sans s’endetter sur des années.

Aussi, la carotte du crédit et l’illusion de la “maison à soi” ne font que participer à cette forme pernicieuse de domestication de classe. D’une pierre deux coups : il permet de dégager les plus pauvres d’un quartier en vue d’une espèce ségrégation sociale et spatiale (en les reléguant à des ghettos) tout en enchainant à un mode de vie “au dessus de leurs moyens” ceux et celles qui sont restés et ont cédé au chantage de l’ascension sociale.

Mais le slogan du “tous propriétaires” est bel et bien un mensonge.

Car en effet, si chacun-e “possédait” réellement son logement, il n’y aurait plus de propriété foncière, c’est-à-dire de propriétaires dont le « métier » est de gérer ses locataires (ou plutôt de percevoir leurs loyers…). Et à partir de là : à quoi servirai la propriété privée ?

Comme les prix ne sont évidemment pas les mêmes partout, les nouvelles populations plus aisées qui s’installent dans le quartier « restructuré » ne pourraient pas être là si elles étaient aussi pauvres que les autres. Souvent, une fois le quartier gentrifié, ce qu’on appelait autre fois « l’aristocratie ouvrière » (ourièr-e-s “cadres”, salarié-e-s un peu « parvenu-e-s », etc) constituent en général la population la moins aisée de ces quartiers « rénovés » une fois le processus achevé.

Car en plus des professions intellectuelles, culturelles et de commerces « huppés » (riches et branchés), beaucoup des nouveaux locataires ou propriétaires sont de jeunes rentiers, ou des « petits propriétaires » qui perçoivent des loyers de gens plus pauvres qu’eux, et qui vivent en marges du centre ville restructuré.  En définitive, sous le mensonge de la « mixité sociale » (qui n’est jamais que temporaire et toujours oppressive) le projet de « restructuration urbaine » (lorsqu’il réussit à atteindre ses fins) se traduit systématiquement par une chasse aux pauvres et leur éloignement vers la périphérie, et la constitution de nouveaux ghettos pour riches.

Car en effet, si la plupart des pauvres s’en vont généralement sous la contrainte de la cherté de la vie  vers des quartiers moins chers, beaucoup restent sur place en attendant les expulsions locatives (lorsque plus d’argent pour payer le loyer) ou même à la rue parce qu’ils ou elles n’ont nulle part où aller, sont hébergé-e-s de manière précaire par des ami-e-s, dans les centres dégueulasses du 115, ou à la rue.

Là aussi, à nouveau, la mairie entre en jeu. Dans certaines villes, on supprime les bancs en les remplaçant par d’épaisses barres de fer où il est impossible de s’allonger.

Ailleurs, on va utiliser des ultrasons ou un répulsif odorant pour chasser les sans-abris d’une cour, ou d’un lieu. A Montreuil, une milice (l’A.S.V.P) semi-spécialisée dans les expulsions a même été mise en place par la Mairie, et est devenue célèbre pour ses frasques, sa violence et ses expulsions improvisées.

En attendant, c’est sur, les proprios, promoteurs et banquiers gardent le sourire :

Ils comptent les billets.

Mais la maison est à celles et ceux qui l’habitent : détruisons la propriété privée !

Le Cri Du Dodo

lu sur http://lecridudodo.noblogs.org/

Spectacle et récupération de Guy Debord

http://juralib.noblogs.org/files/2013/03/1211.jpg

 

Avec une exposition à la Bibliothèque nationale de France, Guy Debord se réduit désormais à une pièce de musée. Le situationnisme, grimé en simple produit de luxe, devient inoffensif.

 

L’exposition Guy Debord à la Bibliothèque nationale de France (BnF) incarne la récupération de Guy Debord et du situationnisme réduit à une idéologie inoffensive. Certes, cet événement peut contribuer à rendre visible ce mouvement minoritaire et marginal qui semble oublié. Mais ce carnaval à grand spectacle permet surtout de fabriquer un produit de luxe pour bobos en mal de sensations fortes.

Ce journal a publié différents articles pour insister sur la dimension révolutionnaire de la démarche de Guy Debord. Mais c’est alors la critique radicale de la vie quotidienne qui est alors mise en évidence. Les situationnistes demeurent indispensables pour critiquer les bureaucraties, mais aussi pour relier la politique à la vie.

 

Dans ce contexte d’embaumement, le témoignage de Patrick Vieilledent permet de rompre le consensus imposé par le situationnisme d’État. « Je suis un philosophe politique, mais sauvage, hors cadre. Je suis aussi un poète : j’ai distribué des poésies dadaïstes à l’anti-G8 de 2011 au Havre », se présente Patrick. Il est également marginalisé des milieux autonomes et libertaires car il perturbe les débats de propagande qui bercent le ronronnement militant. Il porte donc un regard critique sur ce situationnisme officiel.

Alice Debord et Patrick Marcolini collaborent à l’exposition de la BnF. Leur démarche permet d’illustrer ce situationnisme devenu idéologie célébrée par l’État. Cet article ne vise pas à lancer des attaques individuelles ou à participer à un quelconque règlement de compte. Mais ses deux personnes illustrent le phénomène bien plus vaste de la récupération marchande et institutionnelle.

 

Logo Champagne Louis Roederer

Alice Debord représentante de commerce 

« C’est une rencontre qui est catastrophique », lance Patrick pour évoquer une conférence avec Alice Debord. La veuve du situationniste est alors parrainée par des ministères pour présenter des œuvres de son mari. Cette rencontre se déroule à Cracovie, en Pologne, en 2007 dans un centre culturel bobo. Un colloque de deux jours est organisé avec des universitaires. Dans ce cadre étaient projetés des films de Guy Debord avec des sous-titres en polonais, notamment La société du spectacle et Critique de la séparation. Alice Debord présente alors les films de son défunt mari. Au cours de la présentation du colloque, une hôtesse distribue gratuitement des brochures luxueuses, en papier glacé, sur le situationnisme. Patrick refuse de prendre le prospectus.

« J’ai compris que c’était la présentation d’un produit de luxe, sans la moindre critique du capitalisme et de la société. Tout de suite, on le comprend. Je suis intervenu rapidement, au bout de dix minutes. J’ai compris qu’elle était conformiste et représentante de commerce », décrit Patrick. Son intervention perturbe le bon déroulement de la cérémonie. Il présente son point de vue, très critique à l’égard de cette démarche académique et institutionnelle qui vise à désamorcer la charge subversive des films de Guy Debord.

 

« J’ai dit que le situationnisme est alors une espèce de pièce de musée, sans vitalité ni  dynamisme, sans emprise sur la vie quotidienne. J’ai trouvé ça très artificiel, très France Culture, très académique », poursuit Patrick. En colère, Alice Debord quitte la salle. Pendant 5 à 10 minutes, des insultes fusent de part et d’autre. « Un gars, un organisateur, m’a traité de sale con », précise Patrick. De l’héritage situationniste, la pratique du scandale ne semble pas la plus acceptée. Au contraire, une simple intervention critique suffit pour perturber le bon déroulement de l’événement. Les organisateurs réduisent Guy Debord à la routine et l’ennui : pourvu qu’il ne se passe rien. Pourtant, les situationnistes s’opposaient de manière virulente, et bien plus violente, à ce type de cérémonie officielle.

 « Je connaissais un anarcho-syndicaliste polonais, rencontré à la librairie Empic, qui ne m’a pas soutenu », poursuit Patrick. Pourtant, ce militant libertaire a participé aux luttes lycéennes contre la dictature communiste en Pologne. Il a également écrit plusieurs ouvrages.

Peu de personnes semblent goûter à l’intervention impromptue de Patrick. Le situationnisme devient désormais un spectacle qu’il ne faut surtout pas égratigner. D’ailleurs, la démarche de Guy Debord, qui vise à perturber la routine du quotidien, devient une nouvelle routine inoffensive. « Dans La société du spectacle, il y a un écran noir pendant deux minutes. Cela doit permettre de se défouler, mais en fait il ne s’est rien passé », précise Patrick. La critique du spectacle devient elle-même un spectacle.

 

Patrick Marcolini et le situationnisme académique  

Patrick Marcolini, philosophe universitaire, contribue à présenter et à populariser la pensée situationniste. Certes, ses écrits permettent de synthétiser et de raviver la démarche des situationnistes. Ses travaux permettent également de rendre visible ce mouvement tombé en désuétude. Patrick Marcolini semble également proche du milieu libertaire. La mouvance autour de la librairie Quilombo et de l’Offensive libertaire et sociale, un groupuscule libertaire orthodoxe, le sollicite pour des interventions. Bien vu par l’ensemble du milieu militant, ce chercheur n’en participe pas moins à l’embaumement du situationnisme.

En juin 2012, Patrick Marcolini présente son livre à Paris, dans une petite librairie altermondialiste : le Flâneur des deux rives. « Je ne suis pas intervenu parce que j’étais écœuré, fatigué », précise Patrick Vieilledent. Il assiste pourtant à une présentation surprenante qui semble faire l’apologie de l’intégration dans le système universitaire. « Patrick Marcolini dit qu’il reprenait la démarche situationniste pendant ses études. Mais, au cours de ses recherches, il a adopté une posture universitaire, et il insiste sur cet aspect », souligne Patrick Vieilledent.

De fait l’approche de l’auteur devient très conformiste et largement déconnectée de la démarche initiale des situationnistes. Finalement Patrick Marcolini a présenté son livre comme un historien classique, ni plus ni moins. « La discussion était très intellectualiste, très France Culture. Seule la partie historique du mouvement situationniste était évoquée, sans le moindre lien avec les luttes actuelles et la réactualisation de la démarche situationniste », décrit Patrick Vieilledent.

 

La discussion a perduré 45 minutes après le départ de l’auteur au sujet du positionnement de Guy Debord. Le fondateur du mouvement situationniste semble avoir permis sa récupération. Une personne estime que Guy Debord se protège par l’ironie et ne semble pas dupe de cette récupération. Une autre personne considère que Guy Debord s’est enfermé dans son propre piège, pour finalement se donner en spectacle.

La présentation de Patrick Marcolini semble peu convaincante et s’assimile facilement à la grand-messe organisée à la BnF et à la muséification du situationnisme. Ce chercheur incarne d’ailleurs la séparation entre la politique et la vie. Il se veut libertaire mais inscrit pourtant sa réflexion dans le cadre du carcan universitaire et académique. « De nouveau, nous avons une dépolitisation extrême du contexte. La démarche de Guy Debord est déconnectée de la vie quotidienne. Guy Debord n’est plus rattaché à un contexte historique mais appartient à un musée », analyse Patrick Vieilledent.

 

La récupération du situationnisme

« Ses deux expériences là m’ont dégoûté et ont renforcé un sentiment d’extrême misérabilisme. Il y a une coupure entre les idées et la vie intime, la vie personnelle et la vie en général. Il y a un enfermement académique et théorique », déplore Patrick Vieilledent. Ainsi, loin de faire découvrir les idées et les pratiques situationnistes, la célébration de Guy Debord peut déboucher vers une forme de lassitude et de résignation. Même la critique la plus radicale de l’ordre social peut être récupérée par le capitalisme. « Pour Alice Debord, c’est même un produit d’exportation, un produit de luxe à la française. C’est un peu décourageant tout ça et ne donne pas envie d’approfondir, d’être avec les autres, de débattre, de lutter », souligne Patrick.

Mais il tente également de comprendre ce phénomène. Dans la société marchande, toute forme de mouvement devient un simple produit interchangeable. « Le capitalisme récupère tous les  phénomènes de mode importants. Le libéralisme peut relativiser, très artificiellement, la vie. Ce peut être une espèce de postmodernisme », estime Patrick. Ensuite, la pensée situationniste peut ne plus correspondre à la période actuelle. Leur critique de la société des Trente glorieuses, durant les années 1960, semble presque acceptée.

« Les situationnistes désirent se libérer de l’emprise de la hiérarchie et du conformisme industriel. A cette époque, la vie était axée sur le travail et la réussite. Aujourd’hui, le travail est remis en question par son inutilité et par le chômage. A l’époque tout le monde était inséré et avait une foi dans le productivisme ». La critique situationniste ne doit pas être célébrée et muséifié. Au contraire, il semble indispensable de reprendre la démarche de ce mouvement pour l’appliquer à la société actuelle.

 

Il semble important de revenir sur le traitement médiatique de l’exposition Guy Debord à la BnF, qui révèle le ton médiocre de la modernité marchande. De nombreux articles ont raillé l’exposition Guy Debord à la BnF. Ils s’attachent à souligner la ruse de l’histoire sur un ton moqueur et ridicule. Pire, dans la veine d’unMichel Clouscard, des journalistes estiment que l’esprit des situationnistes a préparé la barbarie libérale actuelle. Ce genre de délire reprend la thèse de la CGT et des bolcheviques en Mai 68. Ce gentil chahut étudiant ne serait qu’une rébellion d’enfants gâtés. La critique de la répression des désirs préparerait l’avènement de la société de consommation. Mais ses élucubrations rejettent surtout l’esprit libertaire de Mai 68, autant le désir de révolution sexuelle que l’insubordination des ouvriers qui rejettent les bureaucraties syndicales. Les Clouscard, Michéa et autres de Benoist véhiculent, de manière plus ou moins subtile, l’idéologie petite bourgeoise du retour à l’ordre.

Contre ses débris staliniens et nationalistes, il faut faire revivre la démarche des situationnistes. Il faut attaquer l’aliénation marchande qui colonise tous les aspects de la vie. Il faut lutter contre la répression, mais aussi contre le contrôle et l’orientation des désirs par le conformisme marchand. Il faut détruire l’État et le capitalisme pour enfin vivre pleinement.

 

Source :

Patrick Vieilledent dit Finfin : finfin@gmail.com

N’hésitez pas à réagir et à lui écrire, il sera ravi de répondre

 

Articles liés :

Les situationnistes dans la lutte des classes

Critiquer l’art pour passionner la vie

Michèle Bernstein et la vie des situationnistes

Le marxisme critique de Karl Korsch

 

Pour aller plus loin :

Entretien avec Patrick Marcolini le 12/07/2012 à Canal Sud autour de son livre sur l’histoire du mouvement situationniste, publié sur le site Sons en lutte

Vidéo de la conférence de Patrick Marcolini sur La société du spectacle, organisée le 13 avril 2013 à la Bibliothèque nationale de France

Entretien avec Patrick Marcolini dans l’émission Libertés sur paroles du 11 juin 2012, publié sur le blog de Kraken-art

Rubrique « Récupération spectaculaire marchande », sur le site Couto entre les dents

« Guy Debord est vivant et nous sommes morts », tract publié par Critique sociale le 29 mars 2009

« La révolution n’a pas eu lieu ! Pour une critique du concept de « libéralisme libertaire » chez Michel Clouscard », publié par Vosstanie le 3 octobre 2011

Patrick Vieilledent, « Les Processions antifascistes« , publié sur le site de la revueTemps Critiques en février 2003

vu sur http://zones-subversives.over-blog.com/

A propos du meurtre d’un jeune antifasciste parisien

Considérations sur l’assassinat de Clément Méric

“La lutte contre le fascisme ne peut être menée de façon efficace qu’en frappant les institutions politiques et économiques, dont il émane et dont il tire sa source. Les révolutionnaires, du reste, qui visent à la chute du capitalisme et de l’Etat, s’ils se laissaient attirer par le fascisme, comme un éclair par le paratonnerre, s’ils consacraient leurs forces et s’ils s’épuisaient à le combattre seul, rendraient un service aux institutions; institutions qu’ils souhaiteraient pourtant démolir”.

Luigi Fabbri, anarchiste italien,

in “La contre-révolution préventive”, 1922

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1370811384.jpgL’assassinat de Clément Meric, jeune antifasciste parisien, par ailleurs décrit comme anarchiste et vegan, n’est pas -comme on a pu le lire un peu partout- uniquement le fait de la “violence” des “groupes d’extrême-droite” ou le résultat d’une “rixe”, et moins encore un “fait divers”. C’est un meurtre avec une motivation politique, fruit d’un climat et d’une dynamique amorcée il y a déjà un moment. Climat qui est conforté par l’actuel gouvernement (et les précédents) qui premièrement laisse la part belle à des mouvements réactionnaires, hétéro-patriarcaux et fascisants du type “printemps français” ou de la “manif pour tous”, mais d’autre part cultive depuis des années une répression féroce contre toute initiative révolutionnaire, et un violence oppressive simplement “trop commune” contre les pauvres en général ou encore contre les immigré-e-s.

Mais qu’on ne s’y trompe pas : les mouvements du type “Manif pour tous”, “Printemps français”, et autres agitations réacs, catholiques intégristes et néo-fascistes ne sont pas le terreau sur lequel prospère la violence politique de type fasciste, mais bien un autre symptôme de ses symptômes. Symptôme de la nouvelle contre-insurrection préventive (puisque c’est bien en ces termes là que parlent les Etats et leurs institutions) amorcée en France au moins depuis les émeutes de 2005 et le mouvement du printemps 2006 (dit “Anti-CPE”), et un peu partout dans le monde ces dernières années, contre les efforts révolutionnaires et contre toute révolte contre les conditions de vie qui nous sont faites.

La mort tragique de ce camarade non seulement en appel malheureusement d’autres (puisqu’il n’y aucune raison – sinon temporaire – pour que les fascistes continuent d’agir comme ils l’ont toujours fait, et pire encore), mais doit emporter avec elles quelques illusions sur l’antifascisme : il ne peut pas, et ne pourra jamais se concevoir comme une lutte spécifique et séparée, ou menée par des spécialistes. Il doit s’inscrire dans la lutte contre toutes les formes de domination, contre le capitaliste, et contre l’Etat. Luttes et révoltes diverses auxquel-le-s certain-e-s antifascistes, comme Clément, ont pris part jusqu’à maintenant.

Sans quoi on se condamne à laisser intactes les racines de ce qu’on prétend combattre.

En effet, ce qu’on appelle le fascisme, ou toute autre forme de “contre-révolution préventive” (pour reprendre le nom de l’ouvrage de Luigi Fabri), ne s’incarne pas seulement, ni essentiellement dans les groupuscules nationalistes, nazis ou fascistes qui n’en sont que la queue de pan, ou le sommet de l’Iceberg (au choix).

Il s’incarne bien plutôt dans la violence du système étatico-capitaliste au quotidien, et la nécessité pour ce dernier de renforcer en permanence ses fondations, tout en produisant et laissant croître toutes formes de “violences illégales” et autres “initiatives citoyennes” qui le protègent et assurent sa pérennité, en particulier dans les moments de troubles.

Il s’agit, en dernier lieu et à tout prix, de préserver un certain type de rapport social.

Qu’on ne s’illusionne donc pas à ce sujet : la dissolution des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (si elle a bien lieu…) ou d’autres groupes nationalistes et fascistes non seulement ne changera rien au problème, mais n’est certainement pas une “victoire”. Car au delà de l’absurdité qui consiste à se reposer sur les décisions du ministère de l’intérieur, le terreau sur lequel prospère la violence autoritaire, oppressive et réactionnaire de ces groupes trouve ses fondements dans la réalité quotidienne de l’exploitation, de la domination, et de la violence du capitalisme et de l’Etat.

Autant les rafles de sans-papiers que les “veillées citoyennes” dans les halls d’immeuble, et l’intégration parfaite du Front National dans le jeu de la politique. Autant les cordons de CRS que les organisations “révolutionnaires” qui appellent au clame pendant les émeutes, autant les agressions et le bashing hétéro-sexistes revendiqués (ou pas) que l’assimilationnisme social-démocrate et ses mensonges, autant les “travailleurs sociaux” qui poucavent que les lois racistes, autant la psychiatrisation des soit-disant “déviants” qu’une population toute entière sous antidépresseurs, autant les milices privées utilisées dans les expulsions locatives que les vigiles d’entreprise, autant les briseurs de grève bénévoles que la police et les syndicats jaunes, autant le mépris de la vie animale que la cruauté envers les humains, autant les groupes catholiques intégristes que les journalistes aux ordres, etc.

Concernant, justement, le traitement médiatique et politique de cette “affaire” : elle s’est faite en plusieurs phases. D’abord, la première récupération social-démocrate du Parti de Gauche et du Front de Gauche qui se sont empressés de venir faire les charognards sur le cadavre encore chaud du camarade (et ce n’est malheureusement pas une image puisque le communiqué du P.d.G a été pondu dans l’heure suivant son décès) qui sera ensuite décrit par les médias comme “proche du front de gauche” (direct matin du 7 Juin), alors que rien n’est moins faux. Un parti qui ose venir nous parler de “république” et de “non-violence”, et se demandent pourquoi ils se font huer et insulter. Ensuite, la seconde récupération sociale-démocrate, celle du Parti Socialiste au gouvernement qui en même temps que ses ouailles se pavanent au rassemblement à Paris (même si ils s’en sont heureusement faits chassés), envoie sa police faire une rafle massive de sans-papiers dans le quartier de Barbès (voir communiqué ci-dessous).

Le traitement médiatique enfin, qui offre une tribune inespérée au dirigeant des J.N.R, le désormais tristement célèbre Serge Ayoub, qui en profite lui aussi pour “condamner la violence de l’extrême gauche” en jouant les victimes sur toutes les chaines qui lui tendent un micro et une caméra. On retiendra quand même (pour la rigolade) sa tirade sur “la grève générale et la non-violence” quand les journaleux lui demandent quelles sont ses armes.

Certains médias, type TF1BFM Tv, l’Express, le Figaro ou le Parisien (pour ne citer que les plus fameux), n’hésitent pas quant à eux à mettre sur le même plan les fascistes et leurs adversaires, renvoyant dos à dos les deux parties : qu’ils ne s’étonnent pas ensuite de faire des cibles remarquables.

Car, en effet, médias, gouvernement, sociaux-démocrates de toute engeance, et Serge Ayoub (et donc les J.N.R), tous sans exception -avec plus ou moins de nuances- se retrouvent dans la condamnation morale de la violence révolutionnaire (ou même défensive d’ailleurs) lors même qu’il ne s’agit pas de ça à priori. Même et surtout quand les fascistes tuent, on s’empresse de rappeler dans une urgence paniquée qu’il faut s’en remettre “à la République et à la Démocratie” et ne surtout pas céder aux passions révolutionnaires…

Nous savons donc désormais mieux que jamais ce qu’il nous faudra, entre autres, assumer.

Action directe contre l’Etat et le capitalisme, contre la récupération et les discours moralisateurs. Contre la république, la social-démocratie et le fascisme.

Le Cri Du Dodo

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[Quelques communiqués et tracts avec lesquels nous sommes à peu près d’accord]

Les assassins de Clément Méric

Source : Panthères Enragées

Le gang fasciste qui a assassiné Clément Méric,  un camarade antifasciste, vegan et anarchiste, est composé d’Esteban Morillo et de sa copine Katia Veloso. Ces ordures avaient voulu créer un groupe de “Section défense animale” et étaient présents lors d’une marche anti-fourrure.

Nous avions dénoncé cette présence fasciste. Les organisateurs,  soutenus par la fondation brigitte bardot, n’avaient pas trouvé opportun d’exclure ces individus de cette marche. Pour nous, ces organisations ont du sang sur les mains et ils ont permis à ces assassins de venir faire du repérage des militants veganEs antifascistes. Une proche de ces assassins étaient venus provoquer les veganEs antifascistes à la marche d’Emagny contre la fourrure et les prendre en photo Info ici.

Nous publions les informations sur ces personnes que nous avons trouvé sur le net ;

Katia Veloso :

Membre de troisième voie et à l’initiative de la section défense animale.

Les membres de troisième voie à la marche contre la fourrure :

Le tueur Esteban sur la droite à coté de la militante Nath Animaliste (pseudo facebook) :

Katia Veloso à la même marche :

Serge Ayoub dénonçant les veganEs antifascites :

veganantifa

Nous, veganEs antifascistes demandons à chaque personne de la protection animale ou de la libération animale de prendre ses responsabilités face à ces individus. Ils doivent être chassés de tout nos rassemblements.

Nous avons dénoncé dans les rassemblements la présence de ces fascistes, nous savions que des personnalités de la protection animale connaissaient les opinions politiques de ces individus et qu’ils ont fermé les yeux.

NI OUBLI, NI PARDON !

Nous, veganEs Antifascistes, sommes opposéEs à ces individus et la libération animale comme lutte révolutionnaire antispéciste d’émancipation n’a rien à voir avec le fascisme !

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L’état et la démocratie ne seront jamais des remparts face au fascisme

vendredi 7 juin 2013

Source : Indymedia Paris

Jeudi soir, Clément Méric, militant syndicaliste et antifasciste a été assassiné par des néo-nazis à Paris. Nombreux sont celles et ceux qui, se reconnaissant dans son engagement, ont été saisi d’effroi par cette tragédie d’une vie brisée en quelques secondes. L’expression de la colère et de la douleur suscitée par sa mort ont du mal à se frayer un chemin au milieu du vacarme médiatique et des commentaires autorisés de toutes les crapules politiciennes. Les charognards sont de sortie qui se ruent sur le cadavre pour promouvoir la défense de leur sainte trinité : l’Etat, la République, la Démocratie.

Pour autant, la gauche de pouvoir est dans son rôle quand elle s’appuie sur une vision purement morale de l’antifascisme. Pour donner en exemple les temps bénis du présent, rien de mieux que d’agiter la menace du retour à un passé obscur et barbare. En désignant le fascisme comme ennemi principal, on aboutit logiquement à une conséquence : regrouper contre lui toutes les bonnes volontés à partir du plus petit dénominateur commun, sa contradiction fantasmée, la démocratie. On peut donc, comme Jean-Luc Mélenchon, faire de l’antifascisme tout en soutenant un programme social-patriote. On peut aussi, par exemple, vouloir comme Manuel Valls « éradiquer la violence d’extrême droite » le matin et faire rafler 150 sans-papiers à Barbès l’après-midi…

Alors bien sûr la mort de Clément Méric s’inscrit dans un contexte marqué par la résurgence de l’agitation des groupuscules nationalistes, par la campagne homophobe conduite ces derniers mois par les catholiques intégristes, par la stabilisation électorale du FN à un niveau élevé. Faits d’actualité face auxquels le « mouvement social » (feu la lutte des classes) s’est montré impuissant. Pour autant, le fascisme demeure en France une idéologie ultra minoritaire sans véritable impact. Il lui manque pour devenir une véritable force politique deux choses essentielles : une capacité à mobiliser autour de son projet par la violence et l’encadrement social et une fragilisation du consensus telle qu’il apparaisse à l’état et au capital comme le dernier recours pour leur sauvegarde. Le fascisme n’a jamais vaincu la démocratie dans une lutte à mort, il a toujours prospéré sur son épuisement.

La réaction unanime de la classe politique pour condamner le meurtre illustre d’ailleurs la marginalité de leurs auteurs. Arrêtés très vite, il y a fort à parier qu’ils seront condamnés de manière « exemplaire » et que quelques organisations de l’ultra droite seront dissoutes dans la foulée. Du point de vue de la riposte, nous n’avons rien à attendre de la justice et du ministère de l’intérieur. La demande pathologique formulée par les partis et syndicats d’une réponse ferme du pouvoir témoigne de leur faillite sur le terrain social à l’heure où partout en Europe l’état et le capitalisme approfondissent la guerre aux prolétaires.

Il y a en France des fascistes qui tuent au nom de leur idéologie fanatique. Face à eux, nous devons rendre coup pour coup et les empêcher de parader dans les rues afin de ne plus avoir à pleurer la mort d’un camarade de 19 ans. Mais n’oublions pas que ce que redoutent les immigrés, d’avantage que quelques crânes rasés, c’est la police républicaine. Que les roms ces derniers temps ont plus à craindre de leurs voisins citoyens à peine moins pauvres qu’eux et gagnés à l’idéologie sécuritaire et raciste que des partisans d’Adolf Hitler. Que même sans néo-nazis cette société révèle quotidiennement son visage de domination et d’exploitation.

L’état et la démocratie ne seront jamais des remparts face au fascisme

Pas de quartiers pour les nazis, pas de quartiers pour l’état, pas de quartiers pour le capitalisme

Contre la barbarie de ce monde-ci, et pour que le meurtre de Clément Méric ne trouve pas son ultime dénouement dans un tribunal, ranimons dans les luttes et dans la rue la lueur vacillante d’un futur révolutionnaire.

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Contre tous les fachos

vendredi 7 juin 2013

Source : Indymedia Paris

Contre les nazillons de service, les identitaires, les France aux français, les Soral, Ayoub, Gabriac, Dieudonné, et tous les adeptes du bras levé. Contre les racistes patentés, contre ceux qui ont la haine des reubeus, des renois, et contre l’antisémitisme bien installé, contre l’« islamophobie » galopante. Contre les patriotes et les apologistes de la Nation, contre toutes celles et ceux qui sont à la recherche de bonnes vieilles valeurs en ce temps de crise, du genre : le travail et la méritocratie, la famille et le mariage, la patrie et la France des terroirs. Contre le poujadiste « produire français » (qu’est-ce qu’on en a à foutre ?!). Contre la franchouillardise crasseuse et les populistes de gauche comme de droite. Contre tout ceux qui flattent ces bas instincts pour leur petit pouvoir…

Contre les chantres de l’ordre moral, qui voudraient nous dire avec qui, quand et comment on baise. Contre ceux qui nous disent qu’il faut pas être pédé car « c’est sale », car « la nature c’est papa dans maman », car « les homos au bûcher ». Contre tous ceux qui nous sermonnent, à coups de religion, de prières, de « y a écrit dans le bouquin », de « bidule l’a dit il y a X siècles », de « c’est péché, c’est mal »… et qui nous disent plus généralement d’accepter notre pauvre sort sans broncher.

Contre les fâcheux qui s’ignorent car ils sont de « gauche » : tout comme leurs voisins de « droite », ils n’aiment pas les rroms, ni trop les pauvres d’ailleurs, ni trop les gens ivres le soir dans la rue d’ailleurs, ni trop les racailles d’ailleurs, ni trop les prolos d’ailleurs… par contre ils aiment, sans trop l’avouer quand même, l’ordre et la sécurité, et bénissent ceux qui installent de la vidéosurveillance de partout, des flics à chaque coin de rue et de la sécurité aseptisante dans les moindres recoins. Contre tous les petits fachos à cheveux longs, contre tous les petits fachos bobos bien intégrés bien nourris bien démocrates bien branchés.

Contre la police. Contre la police sarkoziste. Contre la police socialiste. Contre les flics, les vigiles, les militaires.

Contre le réflexe fasciste et réac, malheureusement si facile à activer en temps de « crise », car on sait que ça toujours été l’instrument favori de ceux qui sont au pouvoir pour nous diviser (et pour mieux régner), nous autres les exploités, les galériens, les pauvres.

(A)

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Violences d’extrême droite, violences d’état [relayé pour info]

vendredi 7 juin 2013

Source : Indymedia Paris

Mercredi 5 juin 2013, un jeune camarade de notre union syndicale a été battu à mort par un fasciste. Le lendemain, à l’heure même où nous étions réuni-e-s en silence à l’endroit où Clément avait été tué, nous recevions des sms nous informant que le ministre de l’intérieur organisait une rafle massive de sans-papiers à quelques stations de métro de là, à Barbès.

Ceci n’est pas possible, nous vivons cela comme une insulte à la mémoire de Clément, de ses engagements. Le fascisme c’est un ensemble. Un gouvernement PS ne peut appeler à participer à un rassemblement contre la violence fasciste et dans le même temps organiser une rafle. Une époque ne se définit pas comme fasciste uniquement lorsque quelques individus extrémistes se sentant tout puissants tuent en plein cœur de la ville.

Quand un gouvernement rafle des personnes par centaines dans un quartier bouclé, cela participe d’un ensemble. La chasse aux rroms qui ont des papiers européens et aux africain-e-s qui n’en ont pas participe du même contexte politique que les manifs et discours homophobes et que les violences de rue des skinheads et groupes nationalistes fascistes. Le fascisme c’est un ensemble.

Face à la montée du fascisme, chacun-e se retrouve placé-e face à sa responsabilité. Appeler à des manifs ne suffira pas à dédouaner ceux qui ont fait le choix de la discrimination vis-à-vis des étrangers. Clément Méric (nous citons son prénom et son nom, car c’est ainsi qu’on parle d’un militant adulte et responsable) ne restreignait certainement pas son combat antifasciste aux seuls extrémistes au crâne rasé. Ce soir nous sommes en colère, nous sommes écœuré-e-s, et nous pensons devoir à sa mémoire de ne rien concéder ni sur les violences d’extrême droite, ni sur les violences d’état : les rafles organisées doivent cesser ! Liberté de circulation pour tou-te-s ! Le fascisme est une gangrène, soit on l’élimine soit on en crève !

Isabelle et Olivier, instits et syndicalistes

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Communiqué suite à la manifestation en hommage à Clément à Poitiers

Source : L’Epine Noire.

Le jeudi 6 juin à 18 h 30 a eu lieu à Poitiers comme dans de nombreuses autres villes une manifestation organisée à l’appel du groupe unitaire contre l’extrême droite de la Vienne à la suite de la mort de Clément Méric à Paris. Nous avons été agréablement surpris de l’ampleur de la manifestation organisée dans la journée même (entre 250 et 300 personnes), mais nous avons cependant quelques critiques à émettre et besoin de rappeler certains faits.

Nous nous étonnons que des cadres du Parti socialiste de la mairie de Poitiers soient venus sans honte se montrer en mémoire de quelqu’un qui les combattait politiquement. En effet, rappelons que Clément était certes un militant antifasciste mais qu’on ne saurait le réduire à cela. Il était révolutionnaire, et impliqué dans les luttes contre le capital et fatalement contre le gouvernement socialo-écologiste actuel. Antifasciste convaincu, il militait aussi contre toutes les formes d’exploitation et de domination : le sexisme, le racisme et l’homophobie…

Revenons à la manifestation poitevine, non déclarée comme le veut la tradition ici, et regroupant des individus (libertaires ou proches), encartés de gauche et d’extrême gauche et autres membres d’associations. Voilà bien longtemps que tout ce beau monde n’avait pas été réuni. En effet, le bras de fer entre la mairie socialiste et les associations, les anarchistes et surtout dernièrement le DAL 86 dure depuis plusieurs années, et la gouvernance de M. Claeys nous montre le véritable visage de la social-démocratie depuis.

Nous avons donc pu voir nos braves cadres locaux se retirer du cortège au niveau de la mairie alors que ce dernier évoluait vers la préfecture. Très bien, nous dirons-nous, mais cette manœuvre semble aussi avoir été tactique. Car, plus d’une heure après la fin de la manifestation, deux personnes ont été arrêtées et emmenées au poste pour « manifestation illégale » et « outrage aux forces de l’ordre » (des « Flics porcs assassins » s’étant glissés dans les slogans scandés). Ces deux personnes seront relâchées le lendemain et passeront en Comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC). Devant le procureur, donc. Mais le fait intéressant à noter ici est cette phrase lâchée par un conseiller municipal et conseiller de Grand Poitiers bien connu comme bureaucrate de la lutte (notamment au sein des MJS lors du mouvement anti-CPE) : « Ce n’est pas une manifestation, mais un rassemblement silencieux contre les violences de l’extrême droite ». Voilà, tout est dit. Vous vous êtes fait attraper ? Vous ne pouvez que vous en prendre à vous-mêmes. Il ne fallait pas faire de manif (ou du moins pas jusqu’au bout)… puisqu’il existe une pression de la préfecture vis-à-vis des manifestations non déclarées depuis environ un an, et relayée par son chien de garde édenté : la mairie.

Ici donc, les socialistes poitevins suivent la ligne dictée par l’Elysée et le taulier de la place Beauvau : s’émouvoir de manière hypocrite sur la violence et la dangerosité idéologiques des groupes fascistes bien connus. Alors que ce sont ces mêmes socialistes qui, de par leur politique, ne contribuent point à faire reculer les pratiques et idées de l’extrême droite ; bien au contraire, celle-ci s’en est servie à plusieurs reprises afin de gagner des élections, de promouvoir des politiques sécuritaires de la République (n’oublions pas que les centres de rétention, ces prisons démocratiques pour étrangers, datent de l’ère mitterrandienne). Par ailleurs, le jour même où Clément a été agressé, la police de Manuel Valls procédait à une grande rafle de sans-papiers dans le quartier populaire de Barbès à Paris. République, sacro-sainte République! Tel un chant incantatoire, ce terme sonnait creux pour Clément et ses camarades ! Alors, fichez-nous la paix avec cet appel à un front républicain chimérique.

La République n’est qu’un champ de bataille symbolique pour les aspirants au pouvoir, ça fait bien longtemps que son caractère attractif et magique n’opère plus ! Bref, nous nous opposons fermement à cette tentative de récupération étatique de la mort de Clément.

De plus, nous pensons que la dissolution de groupes fascistes ne changera pas la donne. Hormis leur caractère symbolique orchestré par le pouvoir et une partie de la gauche, l’Histoire nous a montré à plusieurs reprises que la dissolution de ces groupes est un leurre (des Ligues des années 1930 à Unité radicale des années 2000, en passant par Ordre nouveau des années 1970) : ils se sont toujours reformés, ils ont juste eu besoin de changer de nom. Mais nous n’appelons pas non plus à une « justice pour Clément ». Cette justice qui nous condamne aussi bien et que nous combattons tous les jours.

Soulignons que depuis plusieurs années les fascistes et autres nazillons ressortent dans la rue et souhaitent la reprendre, galvanisés par les scores de leurs homologues dans de nombreux pays en Europe (Grèce, Hongrie…) sur fond de crise économique. Nous ne découvrons rien, dans plusieurs villes les fascistes sont très actifs, et s’adonnent à des actions violentes et/ou symboliques : Lyon, Toulouse, Tours, Besançon, etc. Mais les dernières manifs contre le mariage homosexuel leur ont permis de se rencontrer, de recruter, bref d’avoir un nouveau souffle, avec la complicité des médias ayant offert leurs micros sur des plateaux d’argent à des mouvements réactionnaires de toutes sortes disséminant leurs discours haineux.

Par exemple, nous avons remarqué qu’ils sont de plus en plus présents sur Poitiers, du moins par leurs affiches et autocollants. Qu’ils soient à Méridien Zéro, au Mouvement Action Sociale, au Parti de France, à l’Œuvre Française ou au plus traditionnel Front National, les militants fascistes tentent de s’implanter localement et durablement. Ils se sentent même pousser des ailes. Pour preuve, début mai ont été découvertes des affiches, collées dans les rues de Poitiers, comprenant les photos de deux militants du NPA avec comme surtitre « Wanted » et cette légende : « Tags dégueulasses, gribouillis partout, panneaux sales, portes tatouées ? Assez ! La police s’en occupe pas on va s’en occuper ! ».

En mémoire de notre camarade Clément, nous souhaiterions que les bureaucrates politiques, membres du gouvernement et autres charognards de la presse fassent profil bas sur le sujet. Pour vous, fascistes, belek : une attaque contre un est une attaque contre tous.

 Dieu pardonne, pas le prolétariat !

 L’Épine noire

tiré du http://lecridudodo.noblogs.org/

Critique d’E&R et Farida Belghoul par Houria Bouteldja

belghoul

« Notre génération donc, de même que la génération précédente, a voulu donner à ses enfants tout ce qu’elle n’avait pas pu avoir. Ce faisant, nous avons parfois oublié que – je cite de nouveau Andy – « la bataille que nos aînés ont menée avec les ‘limites’ leur a insufflé la force de nous élever comme des hommes et des femmes ». Cette force est notre véritable héritage. Elle ne doit pas être trahie pour le plat de lentilles yankee-occidental. » James Baldwin[1]

Des sentiers de l’autonomie aux chemins de la perdition : une responsabilité collective

De foi d’immigrés, nous n’aurions jamais imaginé que Farida Belghoul, figure majeure du « mouvement beur » des années 1980 et de Convergence 84, allait se constituer en butin de guerre et se livrer au peu ragoûtant Alain Soral, transfuge du Front National. Quelques petites attentions auront suffi à un Soral au mieux de sa forme, semble t-il, pour approcher et ferrer  la belle endormie, et la ramener dans le giron national du Peuple de France. Le retour sur scène de l’égérie de Convergence 84 ne pouvait se faire que de manière fracassante mais aucun d’entre nous n’aurait songé un jour, assister au pitoyable naufrage d’une leadeuse du Mouvement beur, échouée sur les rives peu recommandables d’Egalité & Réconciliation (E&R).[2]Ironie du sort, cette rencontre a lieu quelques jours avant une série d’agressions islamophobes par des militants d’extrême droite proches de Serge Ayoub[3], célèbre pour ses chasses à l’Arabe dans les années 1980 et accessoirement, ami d’A. Soral avec qui il monte la « Société des Égaux » ainsi que « Le Local »  en 2007. L’expérience est grisante semble-t-il et va même provoquer la tenue d’une conférence publique qui aura lieu quelques semaines plus tard avec F.Belghoul, A. Soral et M. Cardet.[4]

Nous nous inclinons humblement et saluons la prise du chantre de la réconciliation nationale-chauvine.

Les faits : le 19 mai 2013, F. Belghoul accorde un entretien au site internet E&R. À la veille de la commémoration des trente ans de la « Marche pour l’égalité et contre le racisme », dite « Marche des Beurs », la question du bilan de cette Marche est au cœur de son intervention.

Cet entretien est présenté comme un rempart contre la censure par F. Belghoul qui présente E&R comme le seul groupe à lui donner la parole depuis 28 ans. Elle a la mémoire ingrate.[5] Figure centrale de la période ayant marqué l’émergence des descendants d’immigrés sur la scène politique, il nous a semblé primordial de nous attarder sur l’analyse de la principale actrice de Convergence 84.

F. Belghoul est une personne qui a compté. Elle a marqué la mémoire de nombre de militants des années 80 par son charisme, et sa volonté radicale de servir les intérêts de l’immigration. Il y a un peu d’elle en nous. C’est ce peu qui nous pousse aujourd’hui à réagir. Notre histoire et nos luttes sont notre bien commun. À ce titre, elles ne peuvent servir de caution à quelque officine d’extrême droite que ce soit et ce quelle que soit notre profonde aversion pour le parti socialiste que nous partageons avec elle dans les grandes largeurs. Légitimer A. Soral et son site E&R aux yeux de l’immigration et de ses héritiers constitue à la fois une faute morale et politique. F. Belghoul est inexcusable.

Cependant, une interrogation s’impose : Comment une enfant de la guerre d’Algérie et militante de l’immigration peut-elle converger trente ans plus tard dans le camp des héritiers de l’OAS ? Elle n’est pas la première. On retrouve également ces effets chez d’autres soutiens indigènes à E&R, comme par exemple Kemi Seba ou encore Dieudonné. Au PIR, il nous semble assez clair que ces dérives sont à la fois une conséquence des effets du champ politique blanc et de l’incapacité des mouvements de l’immigration à formuler un projet politique au service des quartiers et des immigrations (nous y reviendrons dans nos prochaines publications). Devant ces errements, il est urgent de revenir sur trente ans de lutte de l’immigration et d’en tirer les leçons politiques. L’interprétation que F. Belghoul livre à E&R est à la fois une invitation au décryptage et une opportunité pour tenter une analyse du bilan de trois décennies de luttes. Alors que l’anniversaire de la Marche s’annonce comme une superposition de célébrations pieuses, il est important de poser la question de ses survivances auprès des héritiers de l’immigration et leur interprétation qui souvent se réduisent au traumatisme de la récupération par le PS, SOS Racisme et l’UEJF et qui, de fait, freinent l’élaboration d’une analyse politique au service des luttes actuelles.

Dépolitisation de la Marche et négation de la question raciale

Dès le début de la vidéo, F. Belghoul entend dire la « vérité » sur la Marche avec cette irrésistible tendance à se placer au centre de son récit et d’occuper la totalité de la scène au prix d’une mystification éhontée de l’histoire des luttes de l’immigration et ce, dans un déchaînement où la divagation le dispute au pathétique (Farida à Lyon,  Farida à Paris, Farida à Dijon, Farida au Caire…). Dans une logique à laquelle est habitué E&R, elle entend arracher le voile d’ignorance qui masque la vision qu’auraient les naïfs qui analysent cette marche comme un combat anti-raciste. Son analyse prône une pseudo-vérité qui arrache la Marche à son historicité et à ses conditions d’existence. F. Belghoul nous apprend ainsi que la Marche serait le fruit d’une machination socialiste. La « légende de la Marche » explique la genèse du mouvement par le contexte des crimes racistes et des rodéos des Minguettes.  Faux ! rétorque Belghoul. Le véritable contexte, c’est le tournant de la rigueur impulsé par Mitterrand qui trahi ses promesses, impose l’Europe à la France et sacrifie les acquis du « peuple de France ». La marche des beurs n’aurait pas eu pour motifs les discriminations « prétendues ou réelles » et la violence policière mais aurait joué le même rôle que le mariage gay aujourd’hui, à savoir « endormir le peuple de France » sur les réalités économiques et sociales pour « l’entraîner sur les questions œcuméniques, sur les questions sociétales posées par l’identité de la deuxième génération ». Bigre !

La Marche de 83 devient quasiment un appareil d’État, dont le pouvoir socialiste avait besoin, au lieu d’être analysée comme la naissance d’un nouveau champ politique immigré, autonome des combats classiques de la gauche blanche. Tous les observateurs et acteurs attentifs de l’époque s’accordent à dire que si, indéniablement, il y a eu instrumentalisation et manipulation par le PS, celles-ci sontpostérieures à la Marche. De nombreux écrits ont été publiés à ce sujet dont ceux de Said Bouamama[6]. Une lecture attentive des faits montre en effet que la main de SOS Racisme n’apparaît qu’à l’arrivée de Convergence, en 84. Quant à la présence opportuniste de Jack Lang à une étape de la Marche, le discours de Georgina Dufoix à l’arrivée et l’accueil des marcheurs à l’Elysée n’expriment qu’une seule et unique chose : le manque d’autonomie de l’initiative et l’inexpérience des marcheurs. Mais cela ne peut en aucun cas remettre en cause l’authenticité de la marche et ses  véritables conditions d’émergence.

Ainsi, la dépolitisation de la Marche entraîne logiquement une négation de la question raciale. Si la Marche est uniquement une diversion pour masquer la cure d’austérité du gouvernement socialiste alors il devient nécessaire d’occulter les discriminations et les crimes racistes qui pourtant ont bien déclenché la Marche et qui ont marqué la réalité des immigrés pendant les trente glorieuses indépendamment des crises économiques.  Comme il convient d’oublier opportunément que c’est l’assassinat raciste d’Habib Grimzi par trois légionnaires (qui n’étaient à notre connaissance ni socialistes, ni sionistes) qui a donné un écho national à la Marche et participé à son succès. Ainsi, il ne faut pas s’étonner si jamais au cours de l’entretien F. Belghoul n’utilise l’appellation « Marche pour l’égalité et contre le racisme ».

Réhabiliter les « manipulateurs » et les « pigeons »

La thèse du complot ne serait pas crédible si manquaient à l’appel les affreux machiavels et les simples d’esprit. Feu sur la diablerie antiraciste et autres conjurés qui ont œuvré dans l’ombre pour, nous citons « m’enterrer vivante, moi la porte-parole, moi la dirigeante, moi la responsable ». Toumi Djaïdja – à l’origine de la Marche – aurait été totalement manipulé par Christian Delorme, curé machiavélique, de mèche avec le pouvoir socialiste de l’époque. Toute sincérité est retirée aux intentions de C. Delorme et Jean Costil. Cette thèse est hautement problématique puisqu’elle nie l’engagement et l’apport de certaines consciences antiracistes, non dénuées d’ambivalences, à qui il convient pourtant de rendre hommage[7].

Ainsi, les reproches que l’on peut légitimement faire à C. Delorme perdent de leur substance dans la bouche de F. Belghoul, puisque celui-ci est figé dans un rôle strict de marionnettiste. Curé blanc, admirateur de Gandhi, de Luther King et des luttes de libération pacifiques, humaniste dans la plus pure tradition chrétienne, ses intentions étaient sûrement sincères mais sa démarche qui a donné ses couleurs à la mobilisation a effectivement péché par excès d’irénisme. Si son humanisme l’a poussé à réagir face à une situation intenable, celui-ci n’a pas été jusqu’à laisser le contrôle aux indigènes. Il sera celui qui donnera le ton de la marche et qui en définira le contenu. Ce qui était primordial pour C. Delorme c’était de proposer une alternative à la violence qu’il sentait inévitable et peut-être empêcher toute forme de radicalisation perçue comme dommageable au mouvement social. Ainsi afin de s’émanciper dans la paix, l’émancipation passe par un contrôle (à différencier de la manipulation) blanc sur le mouvement « beur ». C’est ainsi le manque d’autonomie du mouvement qu’il est important de pointer ici. D’ailleurs quelques années plus tard, après de nouvelles victimes de la police, les banlieusards s’émanciperont de la figure du gentil beur (à travers notamment les émeutes de Vaulx-en-Velin).

Devant le mépris affiché par F. Belghoul face aux marcheurs de 1983, il importe aussi de réhabiliter les « pigeons ». Comme l’écrit justement Sadri Khiari – à propos de la marche de 1983 – « Nombreux, souvent acteurs ou témoins directs des mobilisations des années 1980, en font la critique au regard de ses prolongements ultérieurs qu’ils appréhendent, du reste, avec une sévérité imméritée. Plutôt que de saisir cet événement du point de vue de la dynamique historique – nécessairement longue et contradictoire – dans laquelle il s’est inscrit, ils l’interprètent  de biais, à travers leurs propres espoirs déçus, les défaites subies, l’échec – relatif à mon avis – des projets  politiques et organisationnels qu’ils ont eux-mêmes portés ou dans lesquels ils ont cru. »[8]. Au delà des divergences idéologiques que l’on peut avoir rétrospectivement avec la Marche des « beurs » et ses suites, il importe d’appréhender la Marche comme une sorte d’acte de naissance de l’existence indigène à travers la création d’un champ politique non-blanc. Même si la Marche se voulait multiculturelle et non communautaire, il importe de saisir ce qu’elle représente du point de vue des immigrés. Ces derniers deviennent, par la Marche, des sujets politiques. Cependant dans le discours de F. Belghoul, les marcheurs restent de simples objets réduits à une manipulation du pouvoir PS.  Ainsi, elle affiche un dédain explicite pour Mogniss Abdallah, autre figure majeure de cette période, décrit  comme faisant partie « du secteur police/justice », Egypto-danois de la petite bourgeoisie qui n’avait pas grand-chose à voir avec les quartiers populaires sauf que lui comme tout le secteur police/justice ne s’intéressait qu’à nous montrer comme des délinquants ».

Pourtant, Mogniss H. Abdallah [9], étudiant à Nanterre, organise fin des années 1970  avec son  frère Samir, des concerts « Rock against police », ce qui leur vaudra  une mesure ministérielle d’expulsion en 1979 par Christian Bonnet,  ministre de l’Intérieur. Journaliste indépendant, il collabore à la première radio « immigrée » Radio Soleil Goutte d’or et au premier hebdomadaire « immigré » Sans frontière, puis a cofondé en 1983 l’agence IM’média avec son frère Samir avec pour but de «  documenter les luttes de l’immigration ». L’œuvre des frères Abdallah est estimée de tous et les critiques de F. Belghoul incompréhensibles et malhonnêtes.

Convergence 84 sur les rails de l’autonomie

Les sentiers de l’autonomie sont sinueux. Dans l’espace borné de la banlieue émergent des formes de contestation originales portées par la deuxième génération  et porteuses de problématiques novatrices. Rock against police en est. Mogniss Abdallah la définit comme « expérience de coordination nationale intercités des jeunes immigrés et prolétaires » et se fait sans aucune aide extérieure. Après la Marche, l’impératif de l’autonomie deviendra une question centrale. Si F. Belghoul a laissé des traces dans la mémoire de l’immigration, c’est aussi et surtout parce que, dans la foulée des expériences précédentes, elle a franchi une étape vers le renforcement de cette autonomie. Convergence 84 est l’expression de cette tentative qui s’envisageait comme l’autonomie d’un mouvement social des banlieues. « Il s’agit, écrit S. Bouamama d’engager simultanément et complémentairement deux axes stratégiques : le premier s’adressant à la société civile afin d’éviter l’isolement et de mettre en évidence les intérêts sociaux communs ; le second s’adressant aux populations de l’immigration et agissant avec le premier afin d’éviter l’oubli des revendications spécifiques concrètes »[10]. F. Belghoul comprend très vite, même si elle ne le dit pas dans ces termes, qu’il faut se débarrasser des antiracistes blancs. Elle pressent leur mainmise et redoute leur capacité à contrôler le mouvement beur. L’appel de Convergence 84 se fait sans la présence des partis, syndicats, structure de l’État. La direction de convergence est clairement séparée du collectif de soutien à la deuxième marche. C’est ainsi toute la gauche qui est exclue et on ne peut que la féliciter pour ce formidable pas en avant vers l’autonomie. Hélas, l’expérience est stoppée court à cause de la faiblesse organisationnelle et politique du mouvement et par la formidable capacité de récupération du PS et de sa fameuse main jaune. Il n’est pas exagéré d’affirmer que le traumatisme de cette instrumentalisation va laisser des traces indélébiles dans les milieux militants de l’immigration et que F. Belghoul en porte encore les stigmates.

Et si le « rien » n’était pas vide ?

A E&R elle dit en parlant du présent : « le mouvement beur est inexistant. On a sur le terrain quelques associations qui donnent plutôt dans le rien qui sont toutes moribondes qui essaient dans les quartiers populaires de faire des actions culturelles ou sociales mais l’expression politique de la 2ème génération que nous avions été, la formidable énergie qui est sortie de nous et à partir de laquelle si nous  l’avions transformée en collaboration avec la France aurait pu donner quelque chose d’incroyable et notamment cette remise en cause du PS, n’a pas eu lieu. Vingt huit ans plus tard, on en est au même point ». Tout n’est pas faux dans ce constat amer mais c’est un sacré gloubiboulga assaisonné d’une bonne dose de mépris pour deux générations qui ont, pendant la longue retraite de la militante, transformé la France de manière irrémédiable. Les polémiques obsessionnelles et autres offensives politiques contre les quartiers qui défraient la chronique depuis trente ans attestent à la fois d’un ancrage solide des populations issues de l’empire colonial et du traumatisme identitaire que cela engendre tant chez les élites qu’au sein du peuple de France tant chéri par F. Belghoul. Sa haine de soi l’empêche de voir l’œuvre des siens. Pendant que la belle endormie attendait le baiser salvateur de son Prince Soral, l’immigration a lutté et résisté. En très bref et non exhaustif, rappelons la création en 1985 des JALB (Jeunes Arabes de Lyon et Banlieues principalement animé par des… kabyles), réaction à la beuritude qui dessinait déjà les contours d’une résistance culturelle dont le prolongement sera l’émergence de l’islam comme marqueur identitaire, la mise en place en 1989 des premières listes électorales autonomes dans quatre villes de France (Bron, Aulnay sous-bois, St Chamont et Lille), en 1991, du comité national contre la double peine, les nombreux procès des crimes sécuritaires, qui ont réussi à décomplexer les familles devant l’intimidation de l’institution policière, du MIB en 95 dont les membres n’ont jamais quitté la scène de la militance des quartiers jusqu’à nos jours, la lutte héroïque des sans-papiers de St Bernard de 1996 dirigée par la charismatique Madjiguène Cissé[11], la marche historique de mai 1998 fêtant le 150ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage, les formidables mobilisations pour la Palestine qui ont jalonné la vie militante des immigrés maghrébins et de leurs enfants et en particulier celles de 1988 (la Nakba a 40 ans), de 1998 (la Nakba a 50 ans), de 2001 (2ème intifada) et de 2008/2009 (bombardements de Gaza), le formidable mouvement de grève lancé par le LKP en 2009, les multiples associations et collectifs luttant contre l’islamophobie et en particulier le CCIF en 2003 et, plus rares, les organisations explicitement politiques comme le Parti des Indigènes de la république… Nous ne parlerons pas ici de la matérialisation de la présence des post-coloniaux à travers les institutions de l’État comme le CFCM ou la construction de centaines de mosquées et autres lieux de culte sur l’ensemble du territoire national ou encore la création de carrés musulmans dans les cimetières. Nous ne parlerons pas non plus de ces conquêtes juridiques parfois arrachées par le sang : la loi Sapin qui instaure le droit d’être assisté par un avocat pendant la garde à vue, les lois qui instaurent la vidéosurveillance dans les commissariats de police… Autant d’avancées redevables au « secteur Police/Justice » qui fait tant honte à la passionaria…

Une indigène en mal d’intégration

Dans son roman Georgette, le personnage du père met en garde sa petite fille contre le mirage de l’intégration : « ‘arbi, ‘arbi wa hatta louken el colonel Bendaoued »[12]. Par cette réplique prémonitoire, F. Belghoul était ainsi prévenue. Pourtant, trois décennies plus tard, et défiant la sagesse paternelle, elle ira se jeter dans les bras d’E&R, cette officine du national-chauvinisme, prêter allégeance au peuple de France, ce brave peuple innocent coupable de s’être laissé  envoûter par la bête socialiste. Une belle perversité indigène que voilà !

La triste réalité, c’est que F. Belghoul est tétanisée par le racisme. Mieux que cela : sans lui, elle n’existerait pas. Mais la violence du phénomène est telle, qu’elle cède comme beaucoup à la facilité de brûler les étapes, se réconcilier abstraitement par les mots avec ce peuple de France dont le statut tout entier repose sur l’oppression de la « race » de F. Belghoul. De manière tout à fait stupéfiante, elle poursuit sa démonstration : « La Marche disait en gros : nous sommes des délinquants ». En porte-à-faux avec ce sous-texte prétendument véhiculé par les marcheurs, elle oppose sa démarche : « La différence avec l’idéologie « police/justice » et le contenu de mes films est fondamentale dans la mesure où dans mes films, on est des êtres humains qui ressemblons aux familles qui existaient en France et dans la problématique police/justice on est en rupture avec la France, on est en conflit avec la France, on est en guerre avec la France et on est des délinquants ». On devine aisément la supplique muette et pathétique qui se cache en filigrane : « France aime moi comme moi je t’aime ». À aucun moment ne l’effleure l’idée que c’est peut-être la France qui est en guerre contre nous…

S’opposant avec une fierté naïve non dissimulée au mot d’ordre de la Marche « Vivons ensemble avec nos différences », F. Belghoul prétend révolutionner cette logique en mettant le mot d’ordre suivant en avant : « vivons ensemble avec nos ressemblances quelles que soient nos différences », ce qui revient exactement au même que la phrase à laquelle elle semblait s’opposer. Elle trouve ainsi le terme « différences » problématique. Selon, elle, celui-ci signifie « faisons-nous la guerre ». En réalité, ce n’est pas le fait de reconnaître quelqu’un comme différent qui l’infériorise, mais plutôt le fait de reconnaître cette différence comme inférieure. Ainsi, le slogan que propose F. Belghoul est totalement calqué sur la logique de l’antiracisme moral et abstrait, qui donnera plus tard naissance à la petite main jaune de « Touche pas à mon pote » et à l’association S.O.S Racisme. Harlem Désir ne se serait sûrement pas opposé à une telle formule. Quant à Malcolm X qu’elle découvre à cette époque, il doit se retourner dans sa tombe.

Nageant dans la pure abstraction, F. Belghoul n’explicite jamais ce qu’elle entend par « peuple de France ». Le mystère est savamment entretenu. S’agit-il des Blancs, des pauvres (indigènes compris), des électeurs du Front National ? On ne le saura pas vraiment tant le flou sur les mots règne. « Contre qui se constitue le peuple ? ». Sadri Khiari pose ici une question essentielle, y compris pour appréhender des mobilisations comme la Marche des « beurs » ou Convergence 84. Il écrit ainsi qu’un peuple n’est jamais donné et ne tombe pas du ciel sur la terre : « si les éléments qui constituent en quelque sorte l’infrastructure du peuple ne sont ni contingents ni arbitraires, ils ne suffisent pas en eux-mêmes à constituer le peuple. Ces éléments constituent seulement la condition de possibilité de l’émergence de l’entité peuple. Pour que celle-ci se cristallise effectivement, il faut qu’existe cet extérieur hostile, qu’il s’agisse de l’aristocratie féodale, du peuple d’à côté, du peuple qui opprime ou d’une fraction du peuple considérée comme nocive. Le peuple, ce sont des rapports de forces, c’est une histoire, c’est une histoire de rapports de force »[13]. A la question de S. Khiari, on pourrait postuler l’hypothèse suivante compte tenu de l’ampleur de la fracture raciale : le peuple de France se constitue contre les indigènes. Les rapports de force dont parle S. Khiari sont totalement absents des propos de F. Belghoul et l’on peut ainsi se demander comment il est possible de s’intéresser à des mobilisations comme la Marche ou Convergence en niant l’existence de tels rapports de force, qui servent pourtant de colonne vertébrale au racisme. Cette dépolitisation de la Marche et de Convergence 84 par F. Belghoul, donc la négation d’un « tiers peuple », est à la base de la négation du racisme qui ne peut que faire le bonheur d’E&R.

Et puisque tout est complot et que « le peuple de France », masse inerte et innocente, n’a pas d’intérêt propre à défendre, pourquoi s’arrêter en si bon chemin et ne pas poursuivre l’opération de blanchiment de cette partie du peuple qui vote FN ? En effet, elle explique qu’à l’époque, « elle croyait à mort » que le FN « était un ennemi ». Le racisme du Front National aurait ainsi simplement été la conséquence d’une manipulation, alors que les mouvements « beurs » auraient – toujours selon F. Belghoul – pu « discuter avec ce parti ».

30 ans plus tard, c’est chose faite ! Elle « discute »…

…d’égal à égal ? Rien n’est moins sûr. Si E&R célèbre aujourd’hui une indigène en lui déroulant le tapis rouge, l’association d’A. Soral ne fait pas dans l’originalité. Nicolas Sarkozy avait rendu ces mêmes honneurs à Fadela Amara, Rachida Dati et Rama Yade quelques années plus tôt. Quant au Parti socialiste, il avait été précurseur lorsqu’il a propulsé Harlem Désir au devant de la scène. Les adorateurs d’E&R répondront que le FN est « anti-système », qu’il n’a jamais eu le pouvoir et qu’à ce titre il ne peut pas être tenu pour responsable de nos impasses politiques, conséquences d’un bipartisme trentenaire. Certes, il n’est pas responsable car il n’a pas gouverné mais, ce système, il en est la pointe la plus avancée et la plus explicitement contre nous. Il existe de nombreuses et profondes contradictions entre l’extrême droite, la droite et le PS mais tous font parti du champ politique blanc et tous agissent de manière plus ou moins frontale contre l’intérêt des descendants d’immigrés et des habitants des quartiers. Lorsque nous collaborons avec eux, au mieux nous sommes des cautions, au pire des goumiers. Mais ceci n’est pas une fatalité. Nous pouvons y échapper en poursuivant nos efforts pour une autonomie plus substantielle, en d’autres termes en poursuivant l’œuvre inachevée et abandonnée depuis longtemps par F. Belghoul.

Houria Bouteldja


[1] James Baldwin, Meurtres à Alabama, Stock, 1985, p.38

[3] Très actif durant les années 1980 avec sa bande de skinheads appelée « le Klan », il se distingue particulièrement dans les ratonnades. Il fonde ainsi en 1987 les JNR, mouvement nationaliste révolutionnaire français composé principalement de skinheads. Les JNR furent médiatisées dans les années 1980-1990, notamment du fait de la violence de leur engagement, et Serge Ayoub fit plusieurs apparitions télévisées lors de débats ou de reportages. La même année, le 19 janvier, il est condamné avec Joël Giraud et Éric Rossi à 8 mois de prison avec sursis après l’attaque d’un groupe de jeunes arabes le 22 avril 1990, ainsi que pour l’agression de Karim Diallo à Paris en 1990 sous l’œil des caméras de la Cinq. Il participe les 8 et 9 septembre 2007 à l’université d’été du mouvement Égalité et Réconciliation, présidé par Alain Soral

[5] Rappelons pour l’anecdote que F. Belghoul a été invitée, avec le rappeur Médine, par les Indigènes de la république à célébrer les 25 ans de la Marche au Cabaret Sauvage, en décembre 2008.

[6] Dix ans de marche des beurs, chronique d’un mouvement avorté, Paris, Desclée de Brouwer, 1994. Said Bouamama

[7] Rappelons que de 1979 à 81, Jean Costil (Cimade Lyon) et Christian Delorme  obtiennent la suspension des expulsions de jeunes à Vénissieux Les Minguettes, ciblés par des mesures d’éloignement du territoire. Initiateur de la Marche pour l’égalité des droits et contre le racisme (Marche des beurs – 1983),  Delorme quant à lui interpellera publiquement les autorités sur la multiplication des meurtres de jeunes dans tout le pays. À ses côtés, Jean Costil aura la lucidité et l’intelligence pratique d’intégrer dans les doléances des Marcheurs, la création d’un titre de séjour de 10 ans renouvelable de plein droit,  inexistant jusqu’alors et d’inspirer Toumi Djaija, celui-ci évoquant la dite carte sur les marches du perron de l’Élysée à l’issue de l’entrevue avec François Mitterrand. À ce propos pour répondre au dédain de F.Belghoul, ce titre a définitivement inscrit dans la durée la présence des immigrés en France, ces derniers n’étant perçus jusqu’alors que comme une simple force provisoire de travail et non comme une force de peuplement appelée à rester. Le titre de 10 ans est un véritable progrès qui a permis une stabilité à l’immigration et la sécurisation du  séjour. Il a permis de ne plus se rendre chaque année dans des conditions d’accueil et d’attentes humiliantes parfois épouvantables auprès de fonctionnaires de police recrutés sur la base de pseudo connaissances des mœurs indigènes acquises pendant leur service en Algérie avant et pendant la guerre d’indépendance (cf ;  à savoir, les préfectures ne disposaient pas encore de bureaux des étrangers dignes de ce nom, aussi le renouvellement des titres se faisait auprès des guichets de la Police des étrangers  mis en place dans les commissariats désignés à cet effet). Des millions de ressortissants étrangers ont bénéficié du titre de 10 ans. Nous ne ferons pas mention ici de l’ensemble de l’œuvre militante de Costil en faveur de l’immigration mais citons au moins le Collectif d’avocats, les manuels et formations juridiques pour les militants, les permanences juridiques d’accueil, l’assistance dans les centres de rétention, l’accompagnement judiciaire et administratif,…)

[9] Il a également travaillé sur les questions de discrimination, de violences policières et la situation des sans-papiers. Depuis plus de 30 années, il aura le souci de collecter et d’archiver des informations et des données liées à l’Histoire des Luttes de l’immigration ces 40 dernières années et qui ont toujours fait défaut jusqu’ici ; en outre, il sera un des premiers à établir des échanges entre des mouvements de luttes d’autres pays , confrontés notamment aux violences policières et dont les luttes sont des viviers d’expériences comme celles des mouvements black ou indiens en  Angleterre (cf les émeutes de Brixton 1985 – Race today organisation) ; Leur slogan sera repris en France dans les concerts « Rock against police », Pas de Justice Pas de Paix

[10] Dix ans de marche des beurs, chronique d’un mouvement avorté, Paris, Desclée de Brouwer, 1994. Said Bouamama, p97

[11] Le 19 novembre 1996, au journal Libération, elle déclarera : « Une autre originalité de notre mouvement, c’est d’avoir réussi à arracher notre autonomie et à nous dégager de l’emprise des associations qui, dans un vieux réflexe paternaliste, avaient l’habitude de tout faire à notre place. Notre situation pose le problème des rapports Nord-Sud, et de cette relation multiséculaire qui unit dominé à dominant. D’autant que nos pays d’Afrique ne sont toujours pas indépendants et que la France tire toujours les ficelles. Le gouvernement ne comprenait pas que des petits nègres lui tiennent tête, quand des chefs d’État africains n’osent même pas leur résister. »

[12] « Arabe tu es, Arabe tu resteras même si tu étais le colonel Bendaoued »

[13] Ouvrage collectif, Qu’est-ce qu’un peuple ?Paris, la Fabrique, 2013, p. 116, 117, Badiou, Bourdieu, Butler, Didi-Huberman, Khiari, Rancière

tiré de http://indigenes-republique.fr

SEPTEMBRE 2013 AU RÉMOULEUR (BAGNOLET)

LOCAL AUTO-ORGANISÉ DE LUTTE ET DE CRITIQUE SOCIALE

Le Rémouleur
106 rue Victor Hugo
93170 Bagnolet
(M° Robespierre ou M° Gallieni)

Horaires d’ouverture du local (avec bibliothèque et infokiosque) :
le lundi de 16h30 à 19h30
le mercredi de 16h30 à 19h30
le samedi de 14h à 18h

Entré libre et gratuite.

Le Rémouleur est un lieu ouvert pour se rencontrer, échanger et s’organiser. On peut s’y réunir, boire un café et discuter, lire, écrire des tracts, trouver des infos… S’organiser collectivement, hors des syndicats, des partis et des structures hiérarchiques. Pouvoir se donner des armes pour le futur par la diffusion d’idées et de pratiques, en discutant et en confrontant nos positions politiques. Apporter force et consistance aux luttes présentes et à venir. Parce que nous voulons transformer radicalement cette société, ni plus ni moins ! Tendre vers un monde sans exploitation ni domination, sans État ni frontière, sans argent ni propriété privée…

https://infokiosques.net/le_remouleur
leremouleur@@@riseup.net
S’inscrire à la lettre d’info du local

Tant qu’il y aura de l’argent, il en faudra pour le local !
Nous avons besoin d’argent pour les frais de fonctionnement : loyer, charges, photocopies… N’hésitez pas à venir nous rencontrer au local ou à nous envoyer un chèque à l’ordre de “Plumes” à l’adresse du Rémouleur.

Samedi 7 septembre de 14h à 18h
Permanence “Sans papiers : s’organiser contre les expulsions

Jeudi 12 septembre à 19h30
Projection du documentaire “Somos viento”, 0h35 et discussion sur les luttes au Mexique / luttes sociales et défense des terres en Amérique centrale
Après plus de 500 ans de pillage de ses richesses, l’Amérique latine est une fois de plus le centre d’intérêt de nombreuses multinationales et de notables locaux. Implantation de mines, de parcs éoliens, d’écotourisme, de barrages… Gouvernements et entreprises ne cessent de voler, expulser, séquestrer, assassiner afin de s’enrichir encore et encore.
Face à cette situation, de nombreuses communautés indigènes et paysannes ainsi que d’autres groupes et individus s’organisent, se mobilisent et se soutiennent. Certains collectifs de Oaxaca et du Chiapas mettent en place une caravane itinérante afin de faire connaître et participer aux résistances de ces communautés contre les multiples « megaproyectos » (méga-projets), de contribuer aux solidarités qui se construisent dans ce contexte de luttes à travers l’Amérique centrale. Le documentaire « Somos Viento » montre un exemple de méga-projet et de lutte réalisée par le peuple de l’isthme de Tehuantepec dans l’État de Oaxaca, au Mexique, face à l’implantation d’un parc éolien sur leurs terres.

Lundi 16 septembre à 16h30 puis 19h30
Rendez-vous du collectif “Prenons la ville”

Mercredi 18 septembre à 19h30
Assemblée de la “Caisse d’autodéfense juridique collective”

Jeudi 26 septembre à 19h
Permanence “Résister à la psychiatrie” et projection du documentaire “Histoires autour de la folie”(première partie – extraits) de Paule Muxel et Bertrand de Solliers, 1993, suivie d’une discussion libre !
Paroles de psychiatrisés et paroles de psychiatres sur la psychiatrie des années 1920 aux années 1970. Ou comment faire référence à l’ancien système asilaire pour affirmer comme Lucien Bonnafé que la “révolution psychiatrique” a eu lieu !

Dimanche 29 septembre à 18h
Discussion “i-Esclaves” en Chine et exploitation “made in Europe”
Débat organisé par Échanges et Mouvement et animé par un camarade vivant à la fois en Europe et en Chine qui apportera des éclairages “de l’intérieur” sur les luttes ouvrières en Chine et sur la pénétration du capital chinois dans l’Union européenne.

Mardi 1er octobre à 19h30
Présentation et discussion autour du livre « Frères de la côte – Mémoire en défense des pirates somaliens, traqués par toutes les puissances du monde« , abordant la question des phénomènes de piraterie maritime aujourd’hui, et plus particulièrement ceux qui sont appelés/qu’on appelle « les pirates somaliens ». Ces pirates sont devenus les ennemis communs à tous les prédateurs du monde.
Un point sera fait sur les procès en cours en France et nous constaterons une fois encore que le discours du célèbre pirate Charles Bellamy à son procès en 1720 garde tout son sens : « Maudit sois-tu, tu n’es qu’un lâche, comme le sont tous ceux qui acceptent d’être gouvernés par les lois que des hommes riches ont rédigées afin d’assurer leur propre sécurité. Ils nous font passer pour des bandits, ces scélérats, alors qu’il n’y a qu’une différence entre eux et nous, ils volent les pauvres sous couvert de la loi tandis que nous pillons les riches sous la protection de notre seul courage. »


Et puis le Transfo, espace occupé du 57 avenue de la République, à Bagnolet, est menacé d’expulsion depuis peu. Pour soutenir ce lieu, RDV sur https://transfo.squat.net/, et envoyez un SMS au 06 72 53 02 40 pour être tenu-e au courant de l’expulsion et des rencards qui suivront !


LES COLLECTIFS QUI S’ORGANISENT AU RÉMOULEUR :

Les rendez-vous du collectif « Prenons la ville »
Des projets de transformation du Bas-Montreuil et du quartier des Coutures à Bagnolet sont en cours. Des centaines de personnes seront obligées de quitter leur logement. Le collectif « Prenons la ville » propose des moments de rencontres, d’échanges et d’organisation les 1er et 3e lundis de chaque mois au Rémouleur. 
L’après-midi, de 16h30 à 19h30 : c’est l’occasion de partager des informations sur le devenir de son logement et du quartier. De trouver des réponses collectives. 
Le soir, à partir de 19h30 : une réunion permettra de faire ensemble le point sur l’avancée du projet et des problèmes qu’il entraîne ; de lutter contre la hausse du coût de la vie, des loyers, contre le départ forcé des quartiers où nous habitons…
Contact : degage-onamenage@@@riseup.net

Permanence « Sans papiers : s’organiser contre l’expulsion »
Chaque 1er samedi du mois, lors des permanences vous pourrez discuter et rencontrer des personnes ayant participé à la brochure « Sans papiers : S’organiser contre l’expulsion. Que faire en cas d’arrestation ? ». Il s’agit d’un guide pratique et juridique, écrit à partir d’expériences de luttes de ces dernières années, pour s’organiser contre les expulsions.

Permanence « Résister à la psychiatrie »
Chaque dernier jeudi du mois, à 19h, il s’agit, à l’initiative du collectif Sans Remède, de créer un moment, un espace ouvert régulièrement où toute personne intéressée par la question de la psychiatrie pourrait venir, soit pour en écouter d’autres, soit pour poser des questions, soit pour s’exprimer elle-même… Ce serait un lieu de rencontre, le lieu où une parole collective sur la psychiatrie pourrait s’élaborer, où un début de réappropriation sociale, et donc politique, de cette question pourrait exister. Dans la médicalisation du monde qui se propage, le pouvoir psychiatrique est en première ligne. Comment résister – aussi – à la psychiatrie ? A chaque permanence, un minimum de support au débat sera proposé : du son, de l’image ou un exposé relativement court (ou une autre forme d’animation). Même si nous essayerons d’apporter des réponses aux questions concrètes, ou d’adresser à des interlocuteurs capables de le faire, cette permanence ne sera pas un lieu alternatif d’aide sociale. Pas plus qu’elle ne sera un lieu alternatif d’accueil ou de soins.
Contact : sans.remede@@@laposte.net

Café des CAFards
Rendez-vous le 1er vendredi de chaque mois, de 16h30 à 19h30. 
Nous sommes des centaines de milliers, rien qu’en Ile-de-France, à dépendre des institutions sociales, pour nos revenus, pour le logement, bref pour vivre. Et nous sommes des centaines de milliers à être considérés par la CAF, Pôle-Emploi, ou la Sécu, comme des fraudeurs en puissance, des mauvais pauvres à rééduquer, et à ce titre, contraints de nous soumettre à des contrôles, des humiliations, à l’arbitraire, pour conserver nos maigres allocations. 
Au chômage comme dans l’emploi, la culpabilisation, la peur de se faire radier ou virer tend à neutraliser par avance toute forme de défense collective. C’est pour s’opposer à cette politique que les CAFards, collectif de chômeuses et précaires, proposent un rendez-vous ouvert à tous une fois par mois pour échanger nos expériences, débrouiller ensemble des dossiers litigieux, s’organiser pour partager les moyens de se défendre sur les lieux de gestion de la précarité. Pour affirmer d’autres valeurs que celles du travail et du mérite, d’autres désirs que ceux que cette société voudrait nous faire intérioriser.
Là où ils voudraient nous enfermer dans la peur et l’isolement, il nous faut inventer de nouvelles formes de lutte et de solidarité !

Caisse d’autodéfense juridique collective
Tous les 3e mercredis de chaque mois à 19h30
Quand on participe à des luttes ou à des mouvements sociaux (sans-papiers, mal logés, chômeurs, travailleurs…) on est souvent confronté à la répression. Face à elle, on ne se retrouve pas tous dans la même situation. La justice fonctionne comme le reste de la société : dans un rapport de classe. La caisse d’autodéfense juridique collective est un outil pour élaborer ensemble un discours public permettant de continuer à défendre les raisons de la lutte, se réapproprier les stratégies de défense et ne pas les laisser exclusivement aux spécialistes du droit, mutualiser les moyens de défense (contacts avocats, argent pour les premières dépenses), partager nos expériences et débattre sur la justice, le droit et la manière de réagir face à la répression.
Contact : cadecol@@@riseup.net

Le local est aussi ouvert les lundis et mercredis de 16h30 à 19h30 et le samedi de 14h à 18h.
Il y a une bibliothèque dont la plupart des livres peuvent être empruntés. Des films sont également accessibles. Des tracts, brochures et affiches ainsi qu’un fond d’archives sont à disposition.

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Programme de septembre 2013 – Flyer (quatre pages A5)
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Programme de 

Guy Debord, poète et révolutionnaire

Guy Debord et les situationnistes articulent un marxisme critique, qui actualise le communisme de conseils, avec une critique de la vie quotidienne inspirée des avant-gardes artistiques.

 

La pensée de Guy Debord semble particulièrement originale. Le fondateur dumouvement situationiste articule critique sociale et critique de la vie quotidienne. Unouvrage collectif présente l’exposition sur Guy Debord à la Bibliothèque nationale de France (BnF). Des universitaires présentent la pensée du révolutionnaire. Certes le ton impertinent, humoristique et ludique des situationnistes laisse place à un propos beaucoup plus sérieux et compassé. Mais l’originalité de la pensée situationniste semble bien restituée dans ce catalogue de présentation.

 

Le parcours d’un révolutionnaire

 

Guy Debord est devenu une figure incontournable. Son influence s’impose dans le monde intellectuel comme dans les milieux artistiques. Emmanuel Guy et Laurence Le Bras donnent le ton de l’ouvrage. La dimension révolutionnaire et la révolte de Guy Debord sont occultés. « Guy Debord, c’est comme une révolution jamais véritablement advenue, et qui ne pourra jamais advenir, et que personne ne pourra jamais poursuivre », osent écrire les deux larbins de la BnF. Certes, singer la posture situationniste semble ridicule. Mais poursuivre la démarche d’un désir de transformer le monde pour changer la vie demeure indispensable.

En 1951 Guy Debord rencontre le mouvement lettriste, une avant-garde artistique qui résiste au conformisme. « Il ne faut pas admettre les choses. Il faut faire des révolutions », écrit Guy Debord. Le mouvement lettriste exprime son désir de « repassionner la vie ». En 1952, le film Hurlements en faveur de Sade alterne écrans blancs sur bande son et écrans noirs sur silences. Il critique le cinéma et le spectacle comme loisir qui impose la passivité.

Mais seule l’action collective peut permettre d’expérimenter une vie passionnante. Guy Debord fonde l’Internationale lettriste en 1952 et l’Internationale situationniste en 1957. La réflexion, à travers des revues, s’accompagne de la provocation et de l’appel à la révolte. Cette démarche s’inscrit dans le sillage du mouvement dada mais aussi des surréalistes. « Guy Debord et ses compagnons reprennent à leur compte les perspectives de modifications d’un rapport au monde que ses mouvements avaient initié », soulignent Emmanuel Guy et Laurence Le Bras.

 

Cette contestation artistique s’accompagne alors d’une réflexion politique. Les situationnistes observent une vie dénuée de sens, à travers l’aliénation dans le travail mais aussi la consommation et les loisirs. Ils développent une critique radicale de la vie quotidienne et de la société industrielle. « Potlach est la publication la plus engagée du monde : nous travaillons à l’établissement conscient et collectif d’une nouvelle civilisation », proclame la revue de l’Internationale lettriste. Ce mouvement refuse la séparation entre l’art, la philosophie et la vie. Le spectacle et la marchandise colonisent tous les aspects du quotidien. Guy Debord aspire donc à détruire ce monde qui impose une artificialisation et une dépossession de l’existence. La révolte situationniste s’exprime pleinement en Mai 68.

L’art et la créativité irrigue les pratiques politiques des situationnistes. Après Mai 68, la vie de Guy Debord sombre dans l’échec le plus ridicule. Il s’attache à construire son propre mythe pour devenir une icône institutionnelle désormais exposé comme Trésor national. Il devient alors le principal artisan de sa propre récupération. Pourtant, l’insurrection situationniste alimente aussi la contre-culture des années 1970.

 

 

 

 

 

Une pensée politique originale

 

Patrick Marcolini évoque la réflexion politique de Guy Debord. Pour le penseur situationniste la théorie demeure « d’abord un jeu, un conflit, un voyage ». Il critique l’idéologie et l’Université qui imposent une théorie séparée de la pratique. Le détournement introduit un rapport ludique au savoir et aux œuvres classiques. Cette pratique consiste à se réapproprier une citation en modifiant quelques mots. Guy Debord lit divers auteurs consciencieusement, écrit des fiches de lectures et note les phrases qui peuvent faire l’objet d’un détournement.

Guy Debord se réfère à un Marx libertaire. Il puise sa réflexion dans le communisme de conseils et son marxisme critique. Il dénonce tous les régimes politiques et s’oppose au marxisme d’État. Il s’intéresse surtout au jeune Marx qui analyse l’aliénation. Guy Debord s’inscrit dans le sillage de la pensée du sociologue Henri Lefebvre, fin connaisseur de Marx. La revue Arguments redécouvre un marxisme hétérodoxe avec l’école de Francfort et le freudo-marxisme. Mais Guy Debord semble surtout proche de Socialisme ou barbarie. Cette revue et groupe politique critique le capitalisme bureaucratique de l’URSS et s’appuie sur les conseils ouvriers qui permettent l’auto-organisation des luttes et de la société. Mais Guy Debord propose une lecture critique de ses revues pour construire sa propre pensée révolutionnaire.

Les situationnistes critiquent également la société industrielle qui impose une standardisation et une artificialisation de la vie. La science et la technique participent à l’aliénation moderne.

 

Vanessa Théodoropoulos se penche sur la réflexion des jeunes lettristes. Ce mouvement privilégie la construction de situations, des expérimentations éphémères, pour rendre la vie passionnante.

« L’aventurier est celui qui fait arriver des aventures, plus que celui à qui les aventures arrivent », estime Guy Debord. La pratique de la dérive consiste à déambuler dans la ville pour découvrir des ambiances nouvelles et faire des rencontres inattendues. Les jeunes lettristes arpentent les bars parisiens à la recherche de l’ivresse et du jeu.

Les évènements de la vie quotidienne doivent être transformés, tout comme son décor. Ivan Chtcheglov rédige un « Formulaire pour un urbanisme nouveau ». L’art et l’architecture doivent réinventer le milieu urbain. L’espace, mais aussi les ambiances sensorielles, doivent être transformés par cet « urbanisme unitaire ». Ivan Chtcheglov évoque même une architecture modifiable selon les désirs des individus. L’expérimentation des situationnistes vise à satisfaire tous les désirs et à en inventer de nouveaux.

La grande fête orgiaque devient le symbole de la révolte situationniste. En 1966, la brochure De la misère en milieu étudiant résume cette démarche. « Les révolutions prolétariennes seront des fêtes ou ne seront pas, car la vie qu’elles annoncent sera elle-même créée sous le signe de la fête. Le jeu est la rationalité ultime de cette fête, vivre sans temps mort et jouir sans entraves seront les seules règles qu’il pourra reconnaître », indique la brochure.

 

 

 

 

 

Pratiques artistiques et révolution du quotidien

 

Zvonimir Novak évoque la dimension artistique de la démarche situationniste. Dans le sillage des avant-gardes, comme le mouvement dada, Guy Debord, s’attache au dépassement de l’art.

Certes, la pratique artistique doit alors s’inscrire dans une perspective révolutionnaire. Pourtant, loin de parvenir à détruire l’art, les situationnistes semblent créer une nouvelle esthétique. Les différents groupes gauchistes singent le réalisme socialiste et ne proposent qu’une même sinistre imagerie à base de drapeaux au vent et de poings levés.

Au contraire, Guy Debord glane des images qui reflètent l’air du temps dans la publicité, le photojournalisme, les bandes dessinées ou les revues érotiques. Même l’Internationale situationniste, la revue théorique, propose des couvertures dorées ou métallisées qui évoquent davantage un objet d’art qu’un journal révolutionnaire.

Même les simples tracts font l’objet d’une recherche esthétique. Le militantisme devient alors le moment d’une intense créativité. Les textes d’un mouvement pour la destruction de l’art se transforment alors en œuvres d’art.

 

Emmanuel Guy et Laurence Le Bras décrivent les diverses pratiques, artistiques et politiques, des jeunes situationnistes.

Le jeu permanent s’apparente à une manière de vivre, en rupture avec les conformismes et les conventions sociales. Contre l’aliénation marchande et les loisirs, le jeu et le plaisir doivent subvertir le quotidien. « Il s’agit de reprendre au spectacle ce qu’il a lui-même figé sur les écrans de cinéma, le papier glacé des magazines, ou dans les lunaires : le jeu, l’aventure, la joie », résument Emmanuel Guy et Laurence Le Bras.

Le détournement consiste à reprendre librement et à se réapproprier des éléments de la culture comme les images, les films, les publicités ou les bandes dessinées. Cette pratique s’oppose à la propriété intellectuelle et à la marchandisation. Elle dessine donc un communisme littéraire.

La dérive permet de se réapproprier l’espace urbain. Guy Debord définit cette pratique comme « le passage hâtif à travers des ambiances variées ». La flânerie et la déambulation urbaine doivent permettre de découvrir des ambiances nouvelles. La dérive s’oppose à l’urbanisme qui vise à contrôler et orienter les flux humains.

L’urbanisme unitaire refuse la séparation entre l’art et la ville. Mais toutes les formes de séparation doivent être abolies : entre les différentes disciplines artistiques ou entre travail et loisir. Ce projet doit construire un mode de vie ludique libéré des contraintes du travail.

 

Fanny Schulmann évoque le paradoxe d’une exposition sur Guy Debord dans une institution d’État comme la BnF. Les actions de l’IS attaquent l’art et la culture comme institutions séparées. Le dépassement de l’art demeure un des mots d’ordre centraux des situationnistes. Mais aujourd’hui, Guy Debord fait l’objet d’une exposition artistique, avec des mécènes capitalistes et bureaucratiques.

Mais Guy Debord s’est également attaché à construire son propre mythe. Il a sélectionné et conservé des documents pour construire sa propre histoire des mouvements lettristes et situationnistes, à laquelle il se réserve évidemment la place centrale.

 

 

Critique radicale et pratiques de lutte

 

Éric Brun, sociologue, évoque les analyses des situationnistes sur la société. Il qualifie même Guy Debord de sociologue, malgré son rapport conflictuel avec le milieu universitaire. Pourtant les situationnistes rejettent le cloisonnement des différentes branches académiques. « Debord insiste sur un refus – d’inspiration marxienne – des disciplines, considérées comme autant de formes de pensées parcellaires, séparées de la vie », précise Éric Brun. Les situationnistes critiquent surtout les sociologues, assimilés aux experts et aux technocrates qui gèrent l’ordre social. Guy Debord raille la « magie fondamentale de la pensée planificatrice du capitalisme moderne, sa pseudo-rationalité et sa fonction d’exorcisme ». Durant cette période, la sociologie et les sciences sociales deviennent plus légitimes et s’institutionnalisent. Guy Debord semble également influencé par le groupe Socialisme ou barbarie qui critique les analysent des sociologues sur la classe ouvrière.

Les situationnistes reprennent également les réflexions de Marx qui critique les critères de scientificité et d’objectivité. Guy Debord estime que c’est par l’action, et l’expérimentation de nouveaux styles de vie, qu’il est possible d’accéder à la connaissance. Les sociologues semblent mal connaître la vie quotidienne concrète des ouvriers. Pour les situationnistes, ce n’est pas la quantité d’informations qui fournit la vérité. La conscience révolutionnaire et la dimension qualitative de la pensée  prédominent.

 

Les situationnistes ne se contentent pas d’être un simple groupe de théoriciens. La critique sociale doit s’articuler avec une pratique politique. Les situationnistes participent activement à la révolte de Mai 68. A Strasbourg, en 1967, des étudiants libertaires diffusent une brochure qui synthétise la critique situationniste appliquée au milieu étudiant. Cette pensée originale devient particulièrement influente, notamment auprès des jeunes libertaires. Guy Debord publie également La société du spectacle en 1967. Raoul Vaneigem publie son Traité de savoir vivre à l’usage des jeunes générations qui insiste sur la subjectivité radicale et la créativité.

 

Les Enragés, proches des idées situationnistes, participent à l’agitation qui déclenche la révolte à Nanterre. Les situationnistes participent à l’occupation de la Sorbonne avant de créer le Comité pour le maintien des occupations (CMDO). Cette organisation conseilliste vise à coordonner et à radicaliser les luttes ouvrières dans la perspective d’une démocratie directe. Les situationnistes critiquent les appareils bureaucratiques et diffusent leurs affiches détournées. « Ce soir tout change. Des camarades du Comité pour le maintien des occupations vont venir me baiser violemment. Vu leur pratique, leurs théories doivent être vachement radicales », lance une pin-up de publicité.

 

Guy Debord ne se réduit pas à une pièce de musée. La démarche des situationnistes doit demeurer vivante. Ce mouvement se distingue des groupuscules gauchistes voire anarchistes qui se contentent d’asséner une idéologie poussiéreuse.

Les situationnistes ne se contentent pas de dénoncer les dérives économiques du capitalisme. Ils critiquent l’emprise du capital sur tous les aspects de la vie. La révolution sociale doit alors déboucher vers un changement qualitatif de l’existence.

Ensuite, les situationnistes refusent de se conformer à la routine militante, avec son esprit de sacrifice et son esthétique formatée. Guy Debord propose un rapport ludique à la politique révolutionnaire. Le détournement, la dérive, la créativité demeurent des armes révolutionnaires. Cette démarche permet d’expérimenter une vie passionante pour construire un monde qui repose sur le jeu et le plaisir. 

 

Source : Emmanuel Guy et Laurence Le Bras (dir.), Guy Debord. Un art de la guerre, Bibliothèque nationale de France / Gallimard, 2013

 

 

Articles liés :

Les situationnistes dans la lutte des classes

Critiquer l’art pour passionner la vie

Michèle Bernstein et la vie des situationnistes

Henri Lefebvre et le romantisme révolutionnaire

Les situationnistes aux États-Unis

L’après Mai 68 du jeune Olivier Assayas

Contre l’ennui militant

 

Pour aller plus loin :

Éric Brun, « L’avant-garde totale. La forme d’engagement de l’Internationale situationiste », Actes de la recherche en sciences sociales, 2009

Eric Brun, « L’internationalisation des avant-gardes littéraires et artistiques. Le cas de « l’Internationale situationniste » », Regards Sociologiques, n°37-38, 2009

Patrick Marcolini, « Héritiers situationnistes », Le Tigre, mars-avril 2009

Patrick Marcolini, « Le groupe Spur et le nouage esthético-politique aux origines de la révolte des étudiants allemands », Groupe de recherches matérialistes (GRM), 2009

Jean-Christophe Angaut, « Les situationnistes entre avant-garde artistique et avant-garde politique : art, politique et stratégie », Colloque international « Imaginer l’avant-garde », UQAM, laboratoire Figura, Montréal, Québec : Canada (2010)

tiré de http://zones-subversives.over-blog.com

« Ils croient que nous sommes faibles parce que nous sommes des femmes (…) Je suis un instrument de vengeance »

À Ciudad Juarez, « Diana », vengeresse anonyme, tue des chauffeurs d’autocar pour faire justice aux femmes violées

HuffPost Maghreb/AFP  |  Publication: 04/09/2013 10h36 CEST

ciudad juarez diana

MEXIQUE – Elle a signé « Diana, chasseuse de chauffeurs », et toute la police de la ville de Ciudad Juarez au Mexique est à ses trousses. « Diana » a revendiqué le meurtre de deux conducteurs d’autocar dans une note envoyée aux médias.

Les deux conducteurs ont été abattus d’une balle dans la tête la semaine dernière à Ciudad Juarez, ville connue pour avoir été le théâtre d’une vague de crimes sans précédent contre des femmes ces dernières décennies. Dans les deux cas, des témoins ont identifié le tueur comme étant une femme.

Les autorités judiciaires du Chihuahua avaient dans un premier temps suivi la piste d’une « vengeance ou d’un crime passionnel », a indiqué à l’AFP son porte-parole Arturo Sandoval.

Un message anonyme signé Diana

Mais samedi, plusieurs organes de presse de l’Etat ont reçu un message anonyme revendiquant ces deux assassinats signé par « Diana, chasseuse de chauffeurs ». Les conducteurs d’autocar ont souvent été visés par des accusations d’agressions sexuelles, notamment de femmes faisant des horaires de nuit dans les « maquiladoras », les manufactures américaines installées le long de la frontière.

« Mes camarades et moi avons souffert en silence, mais nous ne pouvons plus nous taire, nous avons été victimes des violences sexuelles de conducteurs qui assuraient les liaisons nocturnes des « maquilas » ici à Juarez, mais même si les gens connaissent notre souffrance, personne ne nous défend ni ne fait rien pour nous protéger », explique cette lettre.

« Ils croient que nous sommes faibles parce que nous sommes des femmes (…) Je suis un instrument de vengeance », ajoute le texte, prévenant de nouveaux assassinats à venir.

« Capitale mondiale du meurtre »

Selon Arturo Sandoval, les autorités ont dressé un portrait-robot de cette femme, qui selon des témoins serait une brune d’une cinquantaine d’années, mesurant environ 1,65 m et utilisant une perruque blonde. Des policiers en civil ont également été déployés sur les lignes d’autocar concernées et 12 cas de viols perpétrés par des conducteurs d’autobus sont actuellement étudiés par la police pour tenter d’établir si la suspecte fait partie des victimes.

A Ciudad Juarez, ville qui se trouve à la frontière avec les Etats-Unis, quelque 200.000 ouvrières travaillent jour et nuit, par roulement, dans les usines d’assemblage de produits manufacturés ensuite exportés vers les Etats-Unis ou le Canada.

Dans les années 1990 et au début des années 2000, cette municipalité voisine d’El Paso (Texas) avait été le théâtre d’une vague sans précédent de meurtres de femmes accompagnés de violences sexuelles. Cette situation, mêlée à la violence liée au trafic de drogue, avait valu à la ville le titre peu envié de capitale mondiale du meurtre. Entre 1993 et 2013 il y a eu plus de 700 meurtres de femmes, souvent précédés d’agressions sexuelles.

Depuis peu, dans la foulée du déploiement de l’armée dans la région, Cuidad Juarez a vu son taux d’homicide diminuer après un pic de plus de 3.000 meurtres en 2010.